Vous êtes ici:
REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1863 > Décembre > Instruction des Esprits
Instruction des Esprits
La guerre sourde
Paris, 14 août 1863
« La lutte vous attend, mes chers fils ; c'est pourquoi je vous invite tous à imiter les lutteurs antiques, c'est-à-dire à vous ceindre les reins. Les années qui vont suivre sont pleines de promesses, mais aussi pleines d'anxiétés. Je ne viens point vous dire : Demain sera le jour de la bataille ! non, car l'heure du combat n'est pas encore fixée, mais je viens vous avertir, afin que vous soyez prêts à toutes les éventualités. Le Spiritisme, jusqu'à présent, n'a trouvé qu'une route facile et presque fleurie, car les injures et les railleries qu'on vous a adressées n'ont aucune portée sérieuse et sont restées sans effet, tandis que dorénavant les attaques qu'on dirigera contre vous auront un tout autre caractère : voici venir l'heure où Dieu va faire appel à tous les dévouements, où il va juger ses serviteurs fidèles pour faire à chacun la part qu'il aura méritée. On ne vous martyrisera point corporellement comme aux premiers temps de l'Église, on ne dressera point de bûchers homicides comme au moyen âge, mais on vous torturera moralement ; on dressera des embûches ; on tendra des pièges d'autant plus dangereux qu'on y emploiera des mains amies ; on agira dans l'ombre, et vous recevrez des coups sans savoir par qui ces coups seront portés, et vous serez frappés en pleine poitrine par les flèches empoisonnées de la calomnie. Rien ne manquera à vos douleurs ; on suscitera des défaillances dans vos rangs, et de soi-disant Spirites, perdus par l'orgueil et la vanité, se poseront dans leur indépendance en s'écriant : « C'est nous qui sommes dans le droit chemin ! » afin que vos adversaires-nés puissent dire : « Voyez, comme ils sont unis ! » On essayera de semer l'ivraie entre les groupes, en provoquant la formation de groupes dissidents ; on captera vos médiums pour les faire entrer dans une mauvaise voie ou pour les détourner d'aller dans les groupes sérieux ; on emploiera l'intimidation pour les uns, la captation pour les autres ; on exploitera toutes les faiblesses. Puis, n'oubliez pas que quelques-uns ont vu dans le Spiritisme un rôle à jouer, et un premier rôle, qui éprouvent aujourd'hui plus d'une déconvenue dans leur ambition. On leur promettra d'un côté ce qu'ils ne peuvent trouver de l'autre. Puis enfin, avec l'argent, si puissant dans votre siècle arriéré, ne peut-on trouver des comparses pour jouer d'indignes comédies afin de jeter le discrédit et le ridicule sur la doctrine ?
Voilà les épreuves qui vous attendent, mes fils, mais dont vous sortirez victorieux, si vous implorez du fond du cœur le secours du Tout-Puissant ; c'est pourquoi, je vous le répète de toute mon âme : mes fils, serrez vos rangs, soyez sur le qui-vive, car c'est votre Golgotha qu'on élève ; et si vous n'y êtes pas crucifiés en chair et en os, vous le serez dans vos intérêts, dans vos affections, dans votre honneur ! L'heure est grave et solennelle ; arrière donc toutes les mesquines discussions, toutes les préoccupations puériles, toutes les questions oiseuses, et toutes les vaines prétentions de prééminence et d'amour propre ; occupez-vous des grands intérêts qui sont en vos mains et dont le Seigneur vous demandera compte. Unissez-vous pour que l'ennemi trouve vos rangs compacts et serrés ; vous avez un mot de ralliement sans équivoque, pierre de touche à l'aide de laquelle vous pouvez reconnaître vos véritables frères, car ce mot implique l'abnégation et le dévouement, et résume tous les devoirs du vrai Spirite.
Courage donc et persévérance, mes enfants ! songez que Dieu vous regarde et vous juge ; souvenez-vous aussi que vos guides spirituels ne vous abandonneront pas tant qu'ils vous trouveront dans le droit chemin. D'ailleurs, toute cette guerre n'aura qu'un temps et tournera contre ceux qui croyaient créer des armes contre la doctrine ; le triomphe, et non plus le sanglant holocauste, rayonnera du Golgotha spirite.
A bientôt, mes fils, salut à tous.
Eraste, disciple de saint Paul, apôtre. »
Une des manœuvres prévues dans la communication ci-dessus vient, à ce qu'on nous apprend, de se réaliser. On nous écrit qu'une jeune femme, qui avait été conduite une seule fois dans une réunion, a quitté sa famille, sans motif, et s'est retirée chez une personne étrangère, d'où elle fut conduite dans un hospice d'aliénés, comme atteinte de folie spirite, à l'insu de ses parents, qui n'en furent informés qu'après la chose faite. Au bout de vingt jours, ceux-ci ayant obtenu l'autorisation d'aller la voir, ils lui reprochèrent de les avoir quittés ; alors elle avoua qu'on lui avait promis de l'argent pour simuler la folie. Jusqu'à ce moment, les démarches pour la faire sortir ont été infructueuses.
Si c'est ainsi qu'on recrute les fous spirites, le moyen est plus dangereux pour ceux qui l'emploient que pour le Spiritisme. Quand on en est réduit à de pareils expédients pour défendre sa propre cause, c'est la preuve la plus évidente qu'on est à bout de bonnes raisons. Nous dirons donc aux Spirites : Quand vous verrez de pareilles choses, réjouissez-vous au lieu de vous en inquiéter, parce qu'elles sont le signal d'un triomphe prochain. Une autre circonstance, d'ailleurs, doit être pour vous un motif d'encouragement, c'est que nos rangs augmentent, non seulement en nombre, mais aussi en puissance morale ; déjà vous voyez plus d'un homme de talent prendre résolument la défense du Spiritisme, et relever d'une main vigoureuse le gant jeté par nos adversaires. Des écrits d'une irrésistible logique leur montrent chaque jour que tous les Spirites ne sont pas des fous. Nos lecteurs connaissent l'excellente réfutation des sermons du R. P. Letierce par un Spirite de Metz. Voici maintenant celle non moins intéressante des Spirites de Villenave de Rions (Gironde) sur les sermons du P. Nicomède. La Vérité de Lyon est connue par ses profonds articles ; le numéro du 22 novembre mérite surtout une sérieuse attention. La Ruche de Bordeaux s'enrichit de nouveaux collaborateurs aussi capables que zélés. Enfin, si les agresseurs sont nombreux, les défenseurs ne le sont pas moins. Ainsi donc, Spirites, courage, confiance et persévérance, car tout va bien selon ce qui a été prévu.
La communication ci-après développe une des phases de la grave question que nous venons de traiter, et ne peut manquer de prémunir les Spirites sur les difficultés qui vont s'accumuler dans cette période.
Paris, 14 août 1863
« La lutte vous attend, mes chers fils ; c'est pourquoi je vous invite tous à imiter les lutteurs antiques, c'est-à-dire à vous ceindre les reins. Les années qui vont suivre sont pleines de promesses, mais aussi pleines d'anxiétés. Je ne viens point vous dire : Demain sera le jour de la bataille ! non, car l'heure du combat n'est pas encore fixée, mais je viens vous avertir, afin que vous soyez prêts à toutes les éventualités. Le Spiritisme, jusqu'à présent, n'a trouvé qu'une route facile et presque fleurie, car les injures et les railleries qu'on vous a adressées n'ont aucune portée sérieuse et sont restées sans effet, tandis que dorénavant les attaques qu'on dirigera contre vous auront un tout autre caractère : voici venir l'heure où Dieu va faire appel à tous les dévouements, où il va juger ses serviteurs fidèles pour faire à chacun la part qu'il aura méritée. On ne vous martyrisera point corporellement comme aux premiers temps de l'Église, on ne dressera point de bûchers homicides comme au moyen âge, mais on vous torturera moralement ; on dressera des embûches ; on tendra des pièges d'autant plus dangereux qu'on y emploiera des mains amies ; on agira dans l'ombre, et vous recevrez des coups sans savoir par qui ces coups seront portés, et vous serez frappés en pleine poitrine par les flèches empoisonnées de la calomnie. Rien ne manquera à vos douleurs ; on suscitera des défaillances dans vos rangs, et de soi-disant Spirites, perdus par l'orgueil et la vanité, se poseront dans leur indépendance en s'écriant : « C'est nous qui sommes dans le droit chemin ! » afin que vos adversaires-nés puissent dire : « Voyez, comme ils sont unis ! » On essayera de semer l'ivraie entre les groupes, en provoquant la formation de groupes dissidents ; on captera vos médiums pour les faire entrer dans une mauvaise voie ou pour les détourner d'aller dans les groupes sérieux ; on emploiera l'intimidation pour les uns, la captation pour les autres ; on exploitera toutes les faiblesses. Puis, n'oubliez pas que quelques-uns ont vu dans le Spiritisme un rôle à jouer, et un premier rôle, qui éprouvent aujourd'hui plus d'une déconvenue dans leur ambition. On leur promettra d'un côté ce qu'ils ne peuvent trouver de l'autre. Puis enfin, avec l'argent, si puissant dans votre siècle arriéré, ne peut-on trouver des comparses pour jouer d'indignes comédies afin de jeter le discrédit et le ridicule sur la doctrine ?
Voilà les épreuves qui vous attendent, mes fils, mais dont vous sortirez victorieux, si vous implorez du fond du cœur le secours du Tout-Puissant ; c'est pourquoi, je vous le répète de toute mon âme : mes fils, serrez vos rangs, soyez sur le qui-vive, car c'est votre Golgotha qu'on élève ; et si vous n'y êtes pas crucifiés en chair et en os, vous le serez dans vos intérêts, dans vos affections, dans votre honneur ! L'heure est grave et solennelle ; arrière donc toutes les mesquines discussions, toutes les préoccupations puériles, toutes les questions oiseuses, et toutes les vaines prétentions de prééminence et d'amour propre ; occupez-vous des grands intérêts qui sont en vos mains et dont le Seigneur vous demandera compte. Unissez-vous pour que l'ennemi trouve vos rangs compacts et serrés ; vous avez un mot de ralliement sans équivoque, pierre de touche à l'aide de laquelle vous pouvez reconnaître vos véritables frères, car ce mot implique l'abnégation et le dévouement, et résume tous les devoirs du vrai Spirite.
Courage donc et persévérance, mes enfants ! songez que Dieu vous regarde et vous juge ; souvenez-vous aussi que vos guides spirituels ne vous abandonneront pas tant qu'ils vous trouveront dans le droit chemin. D'ailleurs, toute cette guerre n'aura qu'un temps et tournera contre ceux qui croyaient créer des armes contre la doctrine ; le triomphe, et non plus le sanglant holocauste, rayonnera du Golgotha spirite.
A bientôt, mes fils, salut à tous.
Eraste, disciple de saint Paul, apôtre. »
Une des manœuvres prévues dans la communication ci-dessus vient, à ce qu'on nous apprend, de se réaliser. On nous écrit qu'une jeune femme, qui avait été conduite une seule fois dans une réunion, a quitté sa famille, sans motif, et s'est retirée chez une personne étrangère, d'où elle fut conduite dans un hospice d'aliénés, comme atteinte de folie spirite, à l'insu de ses parents, qui n'en furent informés qu'après la chose faite. Au bout de vingt jours, ceux-ci ayant obtenu l'autorisation d'aller la voir, ils lui reprochèrent de les avoir quittés ; alors elle avoua qu'on lui avait promis de l'argent pour simuler la folie. Jusqu'à ce moment, les démarches pour la faire sortir ont été infructueuses.
Si c'est ainsi qu'on recrute les fous spirites, le moyen est plus dangereux pour ceux qui l'emploient que pour le Spiritisme. Quand on en est réduit à de pareils expédients pour défendre sa propre cause, c'est la preuve la plus évidente qu'on est à bout de bonnes raisons. Nous dirons donc aux Spirites : Quand vous verrez de pareilles choses, réjouissez-vous au lieu de vous en inquiéter, parce qu'elles sont le signal d'un triomphe prochain. Une autre circonstance, d'ailleurs, doit être pour vous un motif d'encouragement, c'est que nos rangs augmentent, non seulement en nombre, mais aussi en puissance morale ; déjà vous voyez plus d'un homme de talent prendre résolument la défense du Spiritisme, et relever d'une main vigoureuse le gant jeté par nos adversaires. Des écrits d'une irrésistible logique leur montrent chaque jour que tous les Spirites ne sont pas des fous. Nos lecteurs connaissent l'excellente réfutation des sermons du R. P. Letierce par un Spirite de Metz. Voici maintenant celle non moins intéressante des Spirites de Villenave de Rions (Gironde) sur les sermons du P. Nicomède. La Vérité de Lyon est connue par ses profonds articles ; le numéro du 22 novembre mérite surtout une sérieuse attention. La Ruche de Bordeaux s'enrichit de nouveaux collaborateurs aussi capables que zélés. Enfin, si les agresseurs sont nombreux, les défenseurs ne le sont pas moins. Ainsi donc, Spirites, courage, confiance et persévérance, car tout va bien selon ce qui a été prévu.
La communication ci-après développe une des phases de la grave question que nous venons de traiter, et ne peut manquer de prémunir les Spirites sur les difficultés qui vont s'accumuler dans cette période.
Réunion particulière. 25 février 1863. – Médium, M. d'Ambel
Il y a dans le moment actuel une recrudescence d'obsession, résultat de la lutte que doivent inévitablement soutenir les idées nouvelles contre leurs adversaires incarnés et désincarnés. L'obsession, habilement exploitée par les ennemis du Spiritisme, est une des épreuves les plus périlleuses qu'il aura à subir avant de s'asseoir d'une manière stable dans l'esprit des populations, aussi doit-elle être combattue par tous les moyens possibles, et surtout par la prudence et l'énergie de vos guides spirituels et terrestres.
De toutes parts il surgit des médiums à prétendues missions, appelés, disent-ils, à prendre en mains la bannière du Spiritisme et à la planter sur les ruines du vieux monde, comme si nous venions détruire, nous qui ne venons que pour édifier. il n'est pas d'individualité, si médiocre soit-elle, qui n'ait trouvé, comme Macbeth, un Esprit pour lui dire : « Toi aussi, tu seras roi, » et qui ne se croie désignée à un apostolat tout particulier ; il est peu de réunions intimes, et même de groupes de famille qui n'aient compté parmi leurs médiums ou leurs simples croyants une âme assez infatuée d'elle-même pour se croire indispensable au succès de la grande cause, trop présomptueuse pour se contenter du modeste rôle d'ouvrier apportant sa pierre à l'édifice. Hélas ! mes amis, que de mouches du coche !
Presque tous les nouveaux médiums sont soumis, pour leur début, à cette tentation dangereuse ; quelques-uns y résistent, mais beaucoup y succombent, au moins pour un temps, jusqu'à ce que des échecs successifs viennent les désabuser. Pourquoi Dieu permet-il une épreuve aussi difficile, sinon pour prouver que le bien et le progrès ne s'établissent jamais chez vous sans peine et sans combat, pour rendre le triomphe de la vérité plus éclatant par les difficultés de la lutte ? Et que veulent certains Esprits de l'erraticité en fomentant parmi les médiocrités de l'incarnation cette exaltation de l'amour-propre et de l'orgueil, sinon entraver le progrès ? Sans le vouloir, ils sont les instruments de l'épreuve qui mettra en évidence les bons et les mauvais serviteurs de Dieu. A celui-ci, tel Esprit promet le secret de la transmutation des métaux, comme à un médium de R… ; à celui-là, comme à M…, un Esprit révèle de prétendus événements qui vont s'accomplir, il fixe les époques, précise les dates, nomme les acteurs qui doivent concourir au drame annoncé ; à tel autre, un Esprit mystificateur enseigne l'incubation des diamants ; à d'autres on indique des trésors cachés, on promet une fortune facile, des découvertes merveilleuses, la gloire, les honneurs, etc. ; en un mot, toutes les ambitions et toutes les convoitises des hommes sont exploitées adroitement par les Esprits pervers. C'est pourquoi de tous côtés vous voyez ces pauvres obsédés s'apprêter à monter au Capitole avec une gravité et une importance qui attristent l'observateur impartial. Quel est le résultat de toutes ces promesses fallacieuses ? Les déceptions, les déboires, le ridicule, parfois la ruine, juste punition de l'orgueil présomptueux qui se croit appelé à faire mieux que tout le monde, dédaigne les conseils et méconnaît les véritables principes du Spiritisme.
Autant la modestie est l'apanage des médiums choisis par les bons Esprits, autant l'orgueil, l'amour-propre et, disons-le, la médiocrité sont les côtés distinctifs des médiums inspirés par les Esprits inférieurs ; autant les premiers font bon marché des communications qu'ils reçoivent quand celles-ci s'écartent de la vérité, autant les seconds maintiennent contre tous la supériorité de ce qui leur est dicté, fût-ce même absurde. Il en résulte que, selon les paroles prononcées à la Société de Paris par son président spirituel, saint Louis, une véritable tour de Babel est en train de s'édifier parmi vous. Du reste, il faudrait être aveugle ou abusé pour ne pas reconnaître qu'à la croisade dirigée contre le Spiritisme par les adversaires-nés de toute doctrine progressive et émancipatrice, se joint une croisade spirituelle, dirigée par tous les Esprits faux savants, faux grands hommes, faux religieux et faux frères de l'erraticité, faisant cause commune avec les ennemis terrestres au moyen de cette multitude de médiums fanatisés par eux, et auxquels ils dictent tant d'élucubrations mensongères. Mais voyez ce qui reste de tous ces échafaudages élevés par l'ambition, l'amour-propre ou la jalousie ; combien n'en avez-vous pas vu crouler, et combien vous en verrez crouler encore ! Je vous le dis, tout édifice qui n'est pas assis sur la seule base solide : la vérité, tombera, parce que la vérité seule peut défier le temps et triompher de toutes les utopies. Spirites sincères, ne vous effrayez donc pas de ce chaos momentané ; le temps n'est pas éloigné où la vérité, débarrassée des voiles dont on veut la couvrir, en sortira plus radieuse que jamais, et où sa clarté, inondant le monde, fera rentrer dans l'ombre ses obscurs détracteurs un instant mis en évidence pour leur propre confusion.
Ainsi donc, mes amis, vous avez à vous défendre non seulement contre les attaques et les calomnies de vos adversaires vivants, mais aussi contre les manœuvres plus dangereuses encore de vos adversaires de l'erraticité. Fortifiez-vous donc par de saines études et surtout par la pratique de l'amour et de la charité, et retrempez-vous dans la prière. Dieu éclaire toujours ceux qui se consacrent à la propagation de la vérité quand ils sont de bonne foi et dépourvus de toute ambition personnelle.
Au surplus, Spirites, que vous importent les médiums qui ne sont, après tout, que des instruments ! Ce qu'il vous faut considérer, c'est la valeur et la portée des enseignements qui vous sont donnés ; c'est la pureté de la morale qui vous est enseignée ; c'est la netteté et la précision des vérités qui vous sont révélées ; c'est, enfin, de voir si les instructions qu'on vous donne répondent aux légitimes aspirations des âmes d'élite et si elles sont conformes aux lois générales et immuables de la logique et de l'harmonie universelles.
Les Esprits imparfaits qui jouent un rôle d'apôtre près de leurs obsédés ne se font, vous le savez, aucun scrupule de se parer des noms les plus vénérés ; aussi aurais-je mauvaise grâce, moi qui ne suis qu'un des derniers et des plus obscurs disciples de l'Esprit de vérité, si je me plaignais de l'abus que quelques-uns ont fait de mon modeste nom ; aussi, vous répéterai-je sans cesse ce que je disais à mon médium il y a deux ans : « Ne jugez jamais une communication médianimique en raison du nom dont elle est signée, mais seulement sur sa valeur intrinsèque. »
Il est urgent de vous tenir en garde contre toutes les publications d'origine suspecte qui paraissent ou qui vont paraître, contre toutes celles qui n'auraient pas une allure franche et nette, et tenez pour certain que plus d'une est élaborée dans les camps ennemis du monde visible ou du monde invisible en vue de jeter parmi vous des brandons de discorde. C'est à vous de ne pas vous y laisser prendre ; vous avez tous les éléments nécessaires pour les apprécier. Mais tenez également pour certain que tout Esprit qui s'annonce lui-même comme un être supérieur, et surtout comme d'une infaillibilité à toute épreuve n'est, au contraire, que l'opposé de ce qu'il annonce si pompeusement. Depuis que le pieux Esprit de François-Nicolas Madeleine a bien voulu me débarrasser d'une partie de mon fardeau spirituel, j'ai pu considérer l'ensemble de l'œuvre spirite, et faire la statistique morale des ouvriers qui travaillent à la vigne du Seigneur. Hélas ! si beaucoup d'Esprits imparfaits s'immiscent à l'œuvre que nous poursuivons, j'ai un bien plus grand regret de constater que parmi nos meilleurs aides de la terre, beaucoup ont fléchi sous le poids de leur tâche, et ont repris petit à petit le sentier de leurs anciennes faiblesses, de telle sorte qu'aux grandes âmes éthérées qui les conseillaient se sont dès lors substitués des Esprits moins purs et moins parfaits. Ah ! je sais que la vertu est difficile ; mais nous ne voulons ni ne demandons l'impossible. La bonne volonté nous suffit quand elle est accompagnée du désir de mieux faire. En tout, mes amis, le relâchement est pernicieux ; car il sera beaucoup demandé à ceux qui, après s'être élevés par un renoncement généreux à leur propre individualité, seront retombés dans le culte de la matière, et se seront encore laissé envahir par l'égoïsme et l'amour deux-mêmes. Néanmoins, prions pour eux et ne condamnons personne : car nous devons toujours avoir présent à la mémoire ce magnifique enseignement du Christ : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ! »
Aujourd'hui, vos phalanges grossissent à vue d'œil, et vos partisans se comptent par millions. Or, en raison du nombre des adeptes, se glissent sous de faux masques les faux frères dont votre président temporel vous a entretenus dernièrement. Ce n'est pas que je vienne vous recommander de n'ouvrir vos rangs qu'aux agneaux sans tache et aux génisses blanches ; non, parce que, plus que tous autres, les pécheurs ont droit de trouver parmi vous un refuge contre leurs propres imperfections. Mais ceux dont je vous engage à vous méfier sont ces hypocrites dangereux auxquels, à première vue, on est tenté d'accorder toute confiance. A l'aide d'une tenue rigide, sous l'œil observateur des foules, ils conservent cet air grave et digne qui fait dire d'eux : « Quelles gens respectables ! » tandis que sous cette respectabilité apparente se dissimulent parfois la perfidie et l'immoralité. Ils sont liants, obséquieux, pleins d'aménité ; ils se faufilent dans les intérieurs ; fouillent volontiers dans la vie privée ; ils écoutent derrière les portes et font les sourds pour mieux entendre ; ils pressentent les inimitiés, les attisent et les entretiennent ; ils vont dans les camps opposés questionnant et interrogeant sur chacun. Que fait celui-ci ? De quoi vit celui-là ? Quelle est cette personne ? Connaissez-vous sa famille ? Vous les voyez ensuite aller sourdement distiller dans l'ombre les petites médisances qu'ils ont pu recueillir, en ayant soin de les envenimer par d'onctueuses calomnies. « Ce sont des bruits, disent-ils, auxquels on ne croit pas ; » mais cependant, ils ajoutent : « Il n'y a pas de fumée sans feu, etc., etc. »
A ces tartufes de l'incarnation réunissez les tartufes de l'erraticité, et vous verrez, mes chers amis, combien j'ai raison de vous conseiller d'agir désormais avec une réserve extrême, et de vous garder de toute imprudence et de tout enthousiasme irréfléchi. Je vous l'ai dit, vous êtes dans un moment de crise, rendu plus difficile par la malveillance, mais dont vous sortirez plus forts avec la fermeté et la persévérance.
Le nombre des médiums est aujourd'hui incalculable, et il est fâcheux de voir que quelques-uns se croient seuls appelés à distribuer la vérité au monde et s'extasier devant des banalités qu'ils considèrent comme des monuments. Pauvres abusés qui se baissent en passant sous les arcs de triomphe ! Comme si la vérité avait attendu leur venue pour être annoncée. Ni le fort, ni le faible, ni l'instruit, ni l'ignorant, n'ont eu ce privilège exclusif ; c'est par mille voix inconnues que la vérité s'est répandue, et c'est justement par cette unanimité qu'elle a su se faire reconnaître. Comptez ces voix, comptez ceux qui les écoutent, comptez surtout ceux qu'elles frappent au cœur, si vous voulez savoir de quel côté est la vérité. Ah ! si tous les médiums avaient la foi, je serais le premier à m'incliner devant eux ; mais ils n'ont, la plupart du temps, que foi en eux-mêmes, tant l'orgueil est grand sur la terre ! Non, leur foi n'est pas celle qui transporte les montagnes et qui fait marcher sur les eaux ! C'est le cas de répéter ici cette maxime évangélique qui me servit de thème lorsque je me fis entendre à mon début parmi vous : beaucoup d'appelés et peu d'élus.
En somme, publications à droite, publications à gauche, publications partout, pour ou contre, dans tous les sens, sous toutes les formes ; critiques outrées de la part de gens qui n'en savent pas le premier mot ; sermons fougueux de gens qui le redoutent ; en somme, dis-je, le Spiritisme est à l'ordre du jour ; il remue tous les cerveaux, agite toutes les consciences, privilège exclusif des grandes choses ; chacun pressent qu'il porte en lui le principe d'une rénovation que les uns appellent de leurs vœux, et les autres redoutent. Mais, de tout cela, que restera-t-il ? De cette tour de Babel que jaillira-t-il ? Une chose immense : la vulgarisation de l'idée spirite, et comme doctrine, ce qui sera véritablement doctrinal ! Ce conflit est inévitable, parce que l'homme est entaché de trop d'orgueil et d'égoïsme pour accepter sans opposition une vérité nouvelle quelconque ; je dis même que ce conflit est nécessaire, parce que c'est le frottement qui use les idées fausses et fait ressortir la puissance de celles qui résistent. Au milieu de cette avalanche de médiocrités, d'impossibilités et d'utopies irréalisables, la vérité splendide s'épanouira dans sa grandeur et sa majesté.
Eraste.
Il y a dans le moment actuel une recrudescence d'obsession, résultat de la lutte que doivent inévitablement soutenir les idées nouvelles contre leurs adversaires incarnés et désincarnés. L'obsession, habilement exploitée par les ennemis du Spiritisme, est une des épreuves les plus périlleuses qu'il aura à subir avant de s'asseoir d'une manière stable dans l'esprit des populations, aussi doit-elle être combattue par tous les moyens possibles, et surtout par la prudence et l'énergie de vos guides spirituels et terrestres.
De toutes parts il surgit des médiums à prétendues missions, appelés, disent-ils, à prendre en mains la bannière du Spiritisme et à la planter sur les ruines du vieux monde, comme si nous venions détruire, nous qui ne venons que pour édifier. il n'est pas d'individualité, si médiocre soit-elle, qui n'ait trouvé, comme Macbeth, un Esprit pour lui dire : « Toi aussi, tu seras roi, » et qui ne se croie désignée à un apostolat tout particulier ; il est peu de réunions intimes, et même de groupes de famille qui n'aient compté parmi leurs médiums ou leurs simples croyants une âme assez infatuée d'elle-même pour se croire indispensable au succès de la grande cause, trop présomptueuse pour se contenter du modeste rôle d'ouvrier apportant sa pierre à l'édifice. Hélas ! mes amis, que de mouches du coche !
Presque tous les nouveaux médiums sont soumis, pour leur début, à cette tentation dangereuse ; quelques-uns y résistent, mais beaucoup y succombent, au moins pour un temps, jusqu'à ce que des échecs successifs viennent les désabuser. Pourquoi Dieu permet-il une épreuve aussi difficile, sinon pour prouver que le bien et le progrès ne s'établissent jamais chez vous sans peine et sans combat, pour rendre le triomphe de la vérité plus éclatant par les difficultés de la lutte ? Et que veulent certains Esprits de l'erraticité en fomentant parmi les médiocrités de l'incarnation cette exaltation de l'amour-propre et de l'orgueil, sinon entraver le progrès ? Sans le vouloir, ils sont les instruments de l'épreuve qui mettra en évidence les bons et les mauvais serviteurs de Dieu. A celui-ci, tel Esprit promet le secret de la transmutation des métaux, comme à un médium de R… ; à celui-là, comme à M…, un Esprit révèle de prétendus événements qui vont s'accomplir, il fixe les époques, précise les dates, nomme les acteurs qui doivent concourir au drame annoncé ; à tel autre, un Esprit mystificateur enseigne l'incubation des diamants ; à d'autres on indique des trésors cachés, on promet une fortune facile, des découvertes merveilleuses, la gloire, les honneurs, etc. ; en un mot, toutes les ambitions et toutes les convoitises des hommes sont exploitées adroitement par les Esprits pervers. C'est pourquoi de tous côtés vous voyez ces pauvres obsédés s'apprêter à monter au Capitole avec une gravité et une importance qui attristent l'observateur impartial. Quel est le résultat de toutes ces promesses fallacieuses ? Les déceptions, les déboires, le ridicule, parfois la ruine, juste punition de l'orgueil présomptueux qui se croit appelé à faire mieux que tout le monde, dédaigne les conseils et méconnaît les véritables principes du Spiritisme.
Autant la modestie est l'apanage des médiums choisis par les bons Esprits, autant l'orgueil, l'amour-propre et, disons-le, la médiocrité sont les côtés distinctifs des médiums inspirés par les Esprits inférieurs ; autant les premiers font bon marché des communications qu'ils reçoivent quand celles-ci s'écartent de la vérité, autant les seconds maintiennent contre tous la supériorité de ce qui leur est dicté, fût-ce même absurde. Il en résulte que, selon les paroles prononcées à la Société de Paris par son président spirituel, saint Louis, une véritable tour de Babel est en train de s'édifier parmi vous. Du reste, il faudrait être aveugle ou abusé pour ne pas reconnaître qu'à la croisade dirigée contre le Spiritisme par les adversaires-nés de toute doctrine progressive et émancipatrice, se joint une croisade spirituelle, dirigée par tous les Esprits faux savants, faux grands hommes, faux religieux et faux frères de l'erraticité, faisant cause commune avec les ennemis terrestres au moyen de cette multitude de médiums fanatisés par eux, et auxquels ils dictent tant d'élucubrations mensongères. Mais voyez ce qui reste de tous ces échafaudages élevés par l'ambition, l'amour-propre ou la jalousie ; combien n'en avez-vous pas vu crouler, et combien vous en verrez crouler encore ! Je vous le dis, tout édifice qui n'est pas assis sur la seule base solide : la vérité, tombera, parce que la vérité seule peut défier le temps et triompher de toutes les utopies. Spirites sincères, ne vous effrayez donc pas de ce chaos momentané ; le temps n'est pas éloigné où la vérité, débarrassée des voiles dont on veut la couvrir, en sortira plus radieuse que jamais, et où sa clarté, inondant le monde, fera rentrer dans l'ombre ses obscurs détracteurs un instant mis en évidence pour leur propre confusion.
Ainsi donc, mes amis, vous avez à vous défendre non seulement contre les attaques et les calomnies de vos adversaires vivants, mais aussi contre les manœuvres plus dangereuses encore de vos adversaires de l'erraticité. Fortifiez-vous donc par de saines études et surtout par la pratique de l'amour et de la charité, et retrempez-vous dans la prière. Dieu éclaire toujours ceux qui se consacrent à la propagation de la vérité quand ils sont de bonne foi et dépourvus de toute ambition personnelle.
Au surplus, Spirites, que vous importent les médiums qui ne sont, après tout, que des instruments ! Ce qu'il vous faut considérer, c'est la valeur et la portée des enseignements qui vous sont donnés ; c'est la pureté de la morale qui vous est enseignée ; c'est la netteté et la précision des vérités qui vous sont révélées ; c'est, enfin, de voir si les instructions qu'on vous donne répondent aux légitimes aspirations des âmes d'élite et si elles sont conformes aux lois générales et immuables de la logique et de l'harmonie universelles.
Les Esprits imparfaits qui jouent un rôle d'apôtre près de leurs obsédés ne se font, vous le savez, aucun scrupule de se parer des noms les plus vénérés ; aussi aurais-je mauvaise grâce, moi qui ne suis qu'un des derniers et des plus obscurs disciples de l'Esprit de vérité, si je me plaignais de l'abus que quelques-uns ont fait de mon modeste nom ; aussi, vous répéterai-je sans cesse ce que je disais à mon médium il y a deux ans : « Ne jugez jamais une communication médianimique en raison du nom dont elle est signée, mais seulement sur sa valeur intrinsèque. »
Il est urgent de vous tenir en garde contre toutes les publications d'origine suspecte qui paraissent ou qui vont paraître, contre toutes celles qui n'auraient pas une allure franche et nette, et tenez pour certain que plus d'une est élaborée dans les camps ennemis du monde visible ou du monde invisible en vue de jeter parmi vous des brandons de discorde. C'est à vous de ne pas vous y laisser prendre ; vous avez tous les éléments nécessaires pour les apprécier. Mais tenez également pour certain que tout Esprit qui s'annonce lui-même comme un être supérieur, et surtout comme d'une infaillibilité à toute épreuve n'est, au contraire, que l'opposé de ce qu'il annonce si pompeusement. Depuis que le pieux Esprit de François-Nicolas Madeleine a bien voulu me débarrasser d'une partie de mon fardeau spirituel, j'ai pu considérer l'ensemble de l'œuvre spirite, et faire la statistique morale des ouvriers qui travaillent à la vigne du Seigneur. Hélas ! si beaucoup d'Esprits imparfaits s'immiscent à l'œuvre que nous poursuivons, j'ai un bien plus grand regret de constater que parmi nos meilleurs aides de la terre, beaucoup ont fléchi sous le poids de leur tâche, et ont repris petit à petit le sentier de leurs anciennes faiblesses, de telle sorte qu'aux grandes âmes éthérées qui les conseillaient se sont dès lors substitués des Esprits moins purs et moins parfaits. Ah ! je sais que la vertu est difficile ; mais nous ne voulons ni ne demandons l'impossible. La bonne volonté nous suffit quand elle est accompagnée du désir de mieux faire. En tout, mes amis, le relâchement est pernicieux ; car il sera beaucoup demandé à ceux qui, après s'être élevés par un renoncement généreux à leur propre individualité, seront retombés dans le culte de la matière, et se seront encore laissé envahir par l'égoïsme et l'amour deux-mêmes. Néanmoins, prions pour eux et ne condamnons personne : car nous devons toujours avoir présent à la mémoire ce magnifique enseignement du Christ : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ! »
Aujourd'hui, vos phalanges grossissent à vue d'œil, et vos partisans se comptent par millions. Or, en raison du nombre des adeptes, se glissent sous de faux masques les faux frères dont votre président temporel vous a entretenus dernièrement. Ce n'est pas que je vienne vous recommander de n'ouvrir vos rangs qu'aux agneaux sans tache et aux génisses blanches ; non, parce que, plus que tous autres, les pécheurs ont droit de trouver parmi vous un refuge contre leurs propres imperfections. Mais ceux dont je vous engage à vous méfier sont ces hypocrites dangereux auxquels, à première vue, on est tenté d'accorder toute confiance. A l'aide d'une tenue rigide, sous l'œil observateur des foules, ils conservent cet air grave et digne qui fait dire d'eux : « Quelles gens respectables ! » tandis que sous cette respectabilité apparente se dissimulent parfois la perfidie et l'immoralité. Ils sont liants, obséquieux, pleins d'aménité ; ils se faufilent dans les intérieurs ; fouillent volontiers dans la vie privée ; ils écoutent derrière les portes et font les sourds pour mieux entendre ; ils pressentent les inimitiés, les attisent et les entretiennent ; ils vont dans les camps opposés questionnant et interrogeant sur chacun. Que fait celui-ci ? De quoi vit celui-là ? Quelle est cette personne ? Connaissez-vous sa famille ? Vous les voyez ensuite aller sourdement distiller dans l'ombre les petites médisances qu'ils ont pu recueillir, en ayant soin de les envenimer par d'onctueuses calomnies. « Ce sont des bruits, disent-ils, auxquels on ne croit pas ; » mais cependant, ils ajoutent : « Il n'y a pas de fumée sans feu, etc., etc. »
A ces tartufes de l'incarnation réunissez les tartufes de l'erraticité, et vous verrez, mes chers amis, combien j'ai raison de vous conseiller d'agir désormais avec une réserve extrême, et de vous garder de toute imprudence et de tout enthousiasme irréfléchi. Je vous l'ai dit, vous êtes dans un moment de crise, rendu plus difficile par la malveillance, mais dont vous sortirez plus forts avec la fermeté et la persévérance.
Le nombre des médiums est aujourd'hui incalculable, et il est fâcheux de voir que quelques-uns se croient seuls appelés à distribuer la vérité au monde et s'extasier devant des banalités qu'ils considèrent comme des monuments. Pauvres abusés qui se baissent en passant sous les arcs de triomphe ! Comme si la vérité avait attendu leur venue pour être annoncée. Ni le fort, ni le faible, ni l'instruit, ni l'ignorant, n'ont eu ce privilège exclusif ; c'est par mille voix inconnues que la vérité s'est répandue, et c'est justement par cette unanimité qu'elle a su se faire reconnaître. Comptez ces voix, comptez ceux qui les écoutent, comptez surtout ceux qu'elles frappent au cœur, si vous voulez savoir de quel côté est la vérité. Ah ! si tous les médiums avaient la foi, je serais le premier à m'incliner devant eux ; mais ils n'ont, la plupart du temps, que foi en eux-mêmes, tant l'orgueil est grand sur la terre ! Non, leur foi n'est pas celle qui transporte les montagnes et qui fait marcher sur les eaux ! C'est le cas de répéter ici cette maxime évangélique qui me servit de thème lorsque je me fis entendre à mon début parmi vous : beaucoup d'appelés et peu d'élus.
En somme, publications à droite, publications à gauche, publications partout, pour ou contre, dans tous les sens, sous toutes les formes ; critiques outrées de la part de gens qui n'en savent pas le premier mot ; sermons fougueux de gens qui le redoutent ; en somme, dis-je, le Spiritisme est à l'ordre du jour ; il remue tous les cerveaux, agite toutes les consciences, privilège exclusif des grandes choses ; chacun pressent qu'il porte en lui le principe d'une rénovation que les uns appellent de leurs vœux, et les autres redoutent. Mais, de tout cela, que restera-t-il ? De cette tour de Babel que jaillira-t-il ? Une chose immense : la vulgarisation de l'idée spirite, et comme doctrine, ce qui sera véritablement doctrinal ! Ce conflit est inévitable, parce que l'homme est entaché de trop d'orgueil et d'égoïsme pour accepter sans opposition une vérité nouvelle quelconque ; je dis même que ce conflit est nécessaire, parce que c'est le frottement qui use les idées fausses et fait ressortir la puissance de celles qui résistent. Au milieu de cette avalanche de médiocrités, d'impossibilités et d'utopies irréalisables, la vérité splendide s'épanouira dans sa grandeur et sa majesté.
Eraste.
Société spirite de Paris, 20 novembre 1863. – Médium, M. Costel
Le devoir est l'obligation morale, vis-à-vis de soi d'abord, et des autres ensuite ; le devoir est la loi de la vie, il se trouve dans les plus infimes détails, aussi bien que dans les actes élevés. Je ne vais parler ici que du devoir moral, et non de celui qu'imposent les professions.
Dans l'ordre des sentiments, le devoir est très difficile à remplir, parce qu'il se trouve en antagonisme avec les séductions de l'instinct et du cœur ; ses victoires n'ont pas de témoins, et ses défaites n'ont pas de répression. Le devoir intime de l'homme est abandonné à son libre arbitre ; l'aiguillon de la conscience, cette gardienne de la probité intérieure, l'avertit et le soutient ; mais elle demeure souvent impuissante devant les sophismes de la passion. Le devoir du cœur, fidèlement observé, élève l'homme ; mais ce devoir, comment le préciser ? Où commence-t-il ? où s'arrête-t-il ? Il commence expressément au point où vous menacez le bonheur ou le repos de votre prochain ; il se termine à la limite que vous ne voudriez pas voir franchir pour vous-même.
Dieu a créé tous les hommes égaux pour la douleur ; petits ou grands, ignorants ou éclairés, souffrent par les mêmes causes, afin que chacun juge sainement le mal qu'il peut faire. Le même critérium n'existe pas pour le bien, infiniment plus varié dans ses expressions. L'égalité devant la douleur est une sublime prévoyance de Dieu, qui veut que ses enfants, instruits par l'expérience commune, ne commettent pas le mal en arguant de l'ignorance de ses effets.
Le devoir est le résumé pratique de toutes les spéculations morales ; c'est une bravoure de l'âme qui affronte les angoisses de la lutte ; il est austère et simple ; prompt à se plier aux complications diverses, il demeure inflexible devant leurs tentations. L'homme qui remplit son devoir aime Dieu plus que les créatures, et les créatures plus que lui-même ; il est à la fois juge et esclave dans sa propre cause. Le devoir est le plus beau fleuron de la raison ; il relève d'elle, comme le fils relève de sa mère. L'homme doit aimer le devoir, non parce qu'il préserve des maux de la vie auxquels l'humanité ne peut être soustraite, mais parce qu'il donne à l'âme la vigueur nécessaire à son développement. L'homme ne peut détourner le calice de ses épreuves ; le devoir est pénible dans ses sacrifices ; le mal est amer dans ses résultats ; mais ces douleurs, presque égales, ont des conclusions très différentes : l'une est salutaire comme les poisons qui rendent la santé, l'autre est nuisible comme les festins qui ruinent le corps.
Le devoir grandit et rayonne sous une forme plus élevée dans chacune des étapes supérieures de l'humanité. L'obligation morale ne cesse jamais de la créature à Dieu ; elle doit refléter les vertus de l'Éternel, qui n'accepte pas une ébauche imparfaite, parce qu'il veut que la beauté de son œuvre resplendisse devant lui.
Lazare.
Le devoir est l'obligation morale, vis-à-vis de soi d'abord, et des autres ensuite ; le devoir est la loi de la vie, il se trouve dans les plus infimes détails, aussi bien que dans les actes élevés. Je ne vais parler ici que du devoir moral, et non de celui qu'imposent les professions.
Dans l'ordre des sentiments, le devoir est très difficile à remplir, parce qu'il se trouve en antagonisme avec les séductions de l'instinct et du cœur ; ses victoires n'ont pas de témoins, et ses défaites n'ont pas de répression. Le devoir intime de l'homme est abandonné à son libre arbitre ; l'aiguillon de la conscience, cette gardienne de la probité intérieure, l'avertit et le soutient ; mais elle demeure souvent impuissante devant les sophismes de la passion. Le devoir du cœur, fidèlement observé, élève l'homme ; mais ce devoir, comment le préciser ? Où commence-t-il ? où s'arrête-t-il ? Il commence expressément au point où vous menacez le bonheur ou le repos de votre prochain ; il se termine à la limite que vous ne voudriez pas voir franchir pour vous-même.
Dieu a créé tous les hommes égaux pour la douleur ; petits ou grands, ignorants ou éclairés, souffrent par les mêmes causes, afin que chacun juge sainement le mal qu'il peut faire. Le même critérium n'existe pas pour le bien, infiniment plus varié dans ses expressions. L'égalité devant la douleur est une sublime prévoyance de Dieu, qui veut que ses enfants, instruits par l'expérience commune, ne commettent pas le mal en arguant de l'ignorance de ses effets.
Le devoir est le résumé pratique de toutes les spéculations morales ; c'est une bravoure de l'âme qui affronte les angoisses de la lutte ; il est austère et simple ; prompt à se plier aux complications diverses, il demeure inflexible devant leurs tentations. L'homme qui remplit son devoir aime Dieu plus que les créatures, et les créatures plus que lui-même ; il est à la fois juge et esclave dans sa propre cause. Le devoir est le plus beau fleuron de la raison ; il relève d'elle, comme le fils relève de sa mère. L'homme doit aimer le devoir, non parce qu'il préserve des maux de la vie auxquels l'humanité ne peut être soustraite, mais parce qu'il donne à l'âme la vigueur nécessaire à son développement. L'homme ne peut détourner le calice de ses épreuves ; le devoir est pénible dans ses sacrifices ; le mal est amer dans ses résultats ; mais ces douleurs, presque égales, ont des conclusions très différentes : l'une est salutaire comme les poisons qui rendent la santé, l'autre est nuisible comme les festins qui ruinent le corps.
Le devoir grandit et rayonne sous une forme plus élevée dans chacune des étapes supérieures de l'humanité. L'obligation morale ne cesse jamais de la créature à Dieu ; elle doit refléter les vertus de l'Éternel, qui n'accepte pas une ébauche imparfaite, parce qu'il veut que la beauté de son œuvre resplendisse devant lui.
Lazare.
Société de Paris, 4 juillet 1862. – Médium, M. A Didier
Le sacrifice de la chair fait sévèrement condamné par les grands philosophes de l'antiquité. L'Esprit élevé se révolte à l'idée du sang, et surtout à l'idée que le sang est agréable à la Divinité. Et notez bien qu'il n'est ici nullement question des sacrifices humains, mais uniquement des animaux offerts en holocauste. Quand Christ vint annoncer la Bonne Nouvelle, il n'ordonna pas le sacrifice du sang : il s'occupa uniquement de l'Esprit. Les grands sages de l'antiquité avaient également horreur de ces sortes de sacrifices, et ne se nourrissaient eux-mêmes que de fruits et de racines. Sur la terre, les incarnés ont une mission à remplir ; ils ont l'Esprit qu'il faut nourrir avec l'Esprit, le corps avec la matière ; mais la nature de la matière influe, on le conçoit facilement, sur l'épaisseur du corps, et par suite sur les manifestations de l'Esprit. Les tempéraments naturellement assez forts pour vivre comme les anachorètes font bien, parce que l'oubli de la chair amène plus facilement à la méditation et à la prière. Mais pour vivre ainsi, il faudrait généralement une nature plus spiritualisée que la vôtre, ce qui est impossible avec les conditions terrestres ; et comme, avant tout, la nature ne fait jamais de non-sens, il est impossible, pour l'homme, de se soumettre impunément à ces privations. On peut être bon chrétien et bon Spirite, et manger à sa guise, pourvu que ce soit en homme raisonnable. C'est une question un peu légère pour nos études, mais qui n'en est pas moins utile et profitable.
Lamennais.
Le sacrifice de la chair fait sévèrement condamné par les grands philosophes de l'antiquité. L'Esprit élevé se révolte à l'idée du sang, et surtout à l'idée que le sang est agréable à la Divinité. Et notez bien qu'il n'est ici nullement question des sacrifices humains, mais uniquement des animaux offerts en holocauste. Quand Christ vint annoncer la Bonne Nouvelle, il n'ordonna pas le sacrifice du sang : il s'occupa uniquement de l'Esprit. Les grands sages de l'antiquité avaient également horreur de ces sortes de sacrifices, et ne se nourrissaient eux-mêmes que de fruits et de racines. Sur la terre, les incarnés ont une mission à remplir ; ils ont l'Esprit qu'il faut nourrir avec l'Esprit, le corps avec la matière ; mais la nature de la matière influe, on le conçoit facilement, sur l'épaisseur du corps, et par suite sur les manifestations de l'Esprit. Les tempéraments naturellement assez forts pour vivre comme les anachorètes font bien, parce que l'oubli de la chair amène plus facilement à la méditation et à la prière. Mais pour vivre ainsi, il faudrait généralement une nature plus spiritualisée que la vôtre, ce qui est impossible avec les conditions terrestres ; et comme, avant tout, la nature ne fait jamais de non-sens, il est impossible, pour l'homme, de se soumettre impunément à ces privations. On peut être bon chrétien et bon Spirite, et manger à sa guise, pourvu que ce soit en homme raisonnable. C'est une question un peu légère pour nos études, mais qui n'en est pas moins utile et profitable.
Lamennais.