Vous êtes ici:
REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1863 > Juillet > Dissertations spirites
Dissertations spirites
Société spirite de paris, 19 juin 1863. – Médium, M. Vézy
Nota. Cette communication a été donnée à propos d'une dame aveugle qui assistait à la séance.
Mes bons amis, je ne viens pas souvent parmi vous, mais aujourd'hui me voici ; j'en remercie Dieu et les bons Esprits qui viennent vous aider à marcher dans le nouveau chemin. Vous m'avez appelé, pourquoi ? Est-ce pour me faire imposer les mains sur la pauvre souffrante qui est ici et la guérir ? Et quelle souffrance, bon Dieu ! Elle a perdu la vue, et les ténèbres se font pour elle !… Pauvre enfant ! qu'elle prie et qu'elle espère ! je ne sais point faire de miracle, moi, sans la volonté du bon Dieu ; toutes les guérisons que j'ai pu obtenir et qui vous ont été signalées, ne les attribuez qu'à Celui qui est notre père à tous. Dans vos afflictions, regardez donc toujours le ciel, et dites du fond de votre cœur : « Mon père, guérissez-moi, mais faites que mon âme malade soit guérie avant les infirmités de mon corps ; que ma chair soit châtiée, s'il le faut, pour que mon âme s'élève vers vous avec la blancheur qu'elle avait quand vous l'avez créée ! » Après cette prière, mes bien bons amis, que le bon Dieu entendra toujours, la force et le courage vous seront donnés, et peut-être aussi cette guérison, que vous n'aurez demandée que craintivement, en récompense de votre abnégation charnelle.
Mais puisque je suis ici, dans une assemblée où il s'agit avant tout d'étudier, je vous dirai que ceux qui sont privés de la vue devraient se considérer comme les bienheureux de l'expiation. Rappelez-vous que Christ a dit qu'il fallait arracher votre œil s'il était mauvais, et qu'il valait mieux qu'il fût jeté au feu que d'être la cause de votre damnation. Hélas ! combien en est-il sur votre terre qui maudiront un jour, dans les ténèbres, d'avoir vu la lumière ! Oh ! oui, qu'ils sont heureux ceux-là, qui sont frappés dans l'expiation par la vue ! Leur œil ne leur sera point un sujet de scandale et de chute ; ils peuvent vivre tout entiers de la vie des âmes ; ils peuvent voir plus que vous qui voyez clair… Quand Dieu me permet d'aller ouvrir la paupière à quelques-uns de ces pauvres souffrants et de leur rendre votre lumière, je me dis : « Chère âme, pourquoi ne connaît-elle point toutes les délices de l'Esprit qui vit de contemplation et d'amour ? elle ne demanderait point à voir des images moins pures et moins suaves que celles qu'il lui est donné de voir dans la cécité. »
Oh ! oui, bienheureux l'aveugle qui veut vivre avec Dieu ! plus heureux que vous qui êtes ici, il sent le bonheur, il le touche, il voit les âmes et peut s'élancer avec elles dans les sphères spirites que les prédestinés de votre terre même ne voient point.
L'œil ouvert est toujours prêt à faire faillir l'âme ; l'œil fermé, au contraire, est toujours prêt à la faire monter à Dieu. Croyez-moi bien, mes bons et chers amis, l'aveuglement des yeux est souvent la véritable lumière du cœur, tandis que la vue c'est souvent l'ange ténébreux. qui conduit à la mort.
Et maintenant, quelques mots pour toi, ma pauvre souffrante ; espère et courage ! Si je te disais : « Mon enfant, tes yeux vont s'ouvrir, » comme tu serais joyeuse ! Et qui sait si cette joie ne te perdrait pas ? Aie confiance dans le bon Dieu qui a fait le bonheur et permis la tristesse. Je ferai tout ce qu'il me sera permis pour toi ; mais, à ton tour, prie, et surtout songe à tout ce que je viens de dire.
Avant que je m'éloigne, vous qui êtes ici, recevez ma bénédiction, mes bons amis, je la donne à tous, aux fous, aux sages, aux croyants et aux infidèles de cette assemblée, et qu'elle serve à chacun de vous !
Vianney, curé d'Ars.
Remarque. – Nous demandons si c'est là le langage du démon, et si on offense le curé d'Ars en lui attribuant de telles pensées. Une jeune fille de campagne, sans instruction, somnambule naturelle, voyant très bien les Esprits, était venue à la séance en état de somnambulisme. Elle ne connaissait pas le curé d'Ars, même de nom, et cependant elle le vit à côté du médium et en fit un portrait parfaitement exact.
Nota. Cette communication a été donnée à propos d'une dame aveugle qui assistait à la séance.
Mes bons amis, je ne viens pas souvent parmi vous, mais aujourd'hui me voici ; j'en remercie Dieu et les bons Esprits qui viennent vous aider à marcher dans le nouveau chemin. Vous m'avez appelé, pourquoi ? Est-ce pour me faire imposer les mains sur la pauvre souffrante qui est ici et la guérir ? Et quelle souffrance, bon Dieu ! Elle a perdu la vue, et les ténèbres se font pour elle !… Pauvre enfant ! qu'elle prie et qu'elle espère ! je ne sais point faire de miracle, moi, sans la volonté du bon Dieu ; toutes les guérisons que j'ai pu obtenir et qui vous ont été signalées, ne les attribuez qu'à Celui qui est notre père à tous. Dans vos afflictions, regardez donc toujours le ciel, et dites du fond de votre cœur : « Mon père, guérissez-moi, mais faites que mon âme malade soit guérie avant les infirmités de mon corps ; que ma chair soit châtiée, s'il le faut, pour que mon âme s'élève vers vous avec la blancheur qu'elle avait quand vous l'avez créée ! » Après cette prière, mes bien bons amis, que le bon Dieu entendra toujours, la force et le courage vous seront donnés, et peut-être aussi cette guérison, que vous n'aurez demandée que craintivement, en récompense de votre abnégation charnelle.
Mais puisque je suis ici, dans une assemblée où il s'agit avant tout d'étudier, je vous dirai que ceux qui sont privés de la vue devraient se considérer comme les bienheureux de l'expiation. Rappelez-vous que Christ a dit qu'il fallait arracher votre œil s'il était mauvais, et qu'il valait mieux qu'il fût jeté au feu que d'être la cause de votre damnation. Hélas ! combien en est-il sur votre terre qui maudiront un jour, dans les ténèbres, d'avoir vu la lumière ! Oh ! oui, qu'ils sont heureux ceux-là, qui sont frappés dans l'expiation par la vue ! Leur œil ne leur sera point un sujet de scandale et de chute ; ils peuvent vivre tout entiers de la vie des âmes ; ils peuvent voir plus que vous qui voyez clair… Quand Dieu me permet d'aller ouvrir la paupière à quelques-uns de ces pauvres souffrants et de leur rendre votre lumière, je me dis : « Chère âme, pourquoi ne connaît-elle point toutes les délices de l'Esprit qui vit de contemplation et d'amour ? elle ne demanderait point à voir des images moins pures et moins suaves que celles qu'il lui est donné de voir dans la cécité. »
Oh ! oui, bienheureux l'aveugle qui veut vivre avec Dieu ! plus heureux que vous qui êtes ici, il sent le bonheur, il le touche, il voit les âmes et peut s'élancer avec elles dans les sphères spirites que les prédestinés de votre terre même ne voient point.
L'œil ouvert est toujours prêt à faire faillir l'âme ; l'œil fermé, au contraire, est toujours prêt à la faire monter à Dieu. Croyez-moi bien, mes bons et chers amis, l'aveuglement des yeux est souvent la véritable lumière du cœur, tandis que la vue c'est souvent l'ange ténébreux. qui conduit à la mort.
Et maintenant, quelques mots pour toi, ma pauvre souffrante ; espère et courage ! Si je te disais : « Mon enfant, tes yeux vont s'ouvrir, » comme tu serais joyeuse ! Et qui sait si cette joie ne te perdrait pas ? Aie confiance dans le bon Dieu qui a fait le bonheur et permis la tristesse. Je ferai tout ce qu'il me sera permis pour toi ; mais, à ton tour, prie, et surtout songe à tout ce que je viens de dire.
Avant que je m'éloigne, vous qui êtes ici, recevez ma bénédiction, mes bons amis, je la donne à tous, aux fous, aux sages, aux croyants et aux infidèles de cette assemblée, et qu'elle serve à chacun de vous !
Vianney, curé d'Ars.
Remarque. – Nous demandons si c'est là le langage du démon, et si on offense le curé d'Ars en lui attribuant de telles pensées. Une jeune fille de campagne, sans instruction, somnambule naturelle, voyant très bien les Esprits, était venue à la séance en état de somnambulisme. Elle ne connaissait pas le curé d'Ars, même de nom, et cependant elle le vit à côté du médium et en fit un portrait parfaitement exact.
Société spirite de Paris, médium madame Costel
Le repentir monte vers Dieu ; il lui est plus agréable que la fumée des sacrifices et plus précieux que l'encens répandu aux parvis sacrés. Semblable aux orages qui traversent l'air en le purifiant, le repentir est une souffrance féconde, une force réactive et agissante. Jésus a sanctifié sa vertu, et les larmes de la Madeleine se sont répandues comme une rosée sur les cœurs endurcis qui ignoraient la grâce du pardon. La souveraine vertu a proclamé la puissance du repentir, et les siècles ont répercuté, en l'affaiblissant, la parole du Christ.
L'heure est venue où le Spiritisme doit rajeunir et vivifier l'essence même du christianisme. Effacez donc partout et toujours la cruelle sentence qui dépouille de toute espérance l'âme coupable. Le repentir est une vertu militante, une vertu virile que les Esprits avancés ou les cœurs tendres peuvent seuls ressentir. Le regret momentané et cuisant d'une faute n'emporte pas avec lui l'expiation qui donne la connaissance de la justice de Dieu, justice rigoureuse dans ses conclusions, qui applique la loi du talion à la vie morale et physique de l'homme, et le châtie par la logique des faits qui tous découlent du bon ou du mauvais usage de son libre arbitre.
Aimez ceux qui souffrent, et assistez le repentir qui est l'expression et le signe que Dieu a imprimé à sa créature intelligente pour l'élever et la rapprocher de lui.
Jean, disciple.
Le repentir monte vers Dieu ; il lui est plus agréable que la fumée des sacrifices et plus précieux que l'encens répandu aux parvis sacrés. Semblable aux orages qui traversent l'air en le purifiant, le repentir est une souffrance féconde, une force réactive et agissante. Jésus a sanctifié sa vertu, et les larmes de la Madeleine se sont répandues comme une rosée sur les cœurs endurcis qui ignoraient la grâce du pardon. La souveraine vertu a proclamé la puissance du repentir, et les siècles ont répercuté, en l'affaiblissant, la parole du Christ.
L'heure est venue où le Spiritisme doit rajeunir et vivifier l'essence même du christianisme. Effacez donc partout et toujours la cruelle sentence qui dépouille de toute espérance l'âme coupable. Le repentir est une vertu militante, une vertu virile que les Esprits avancés ou les cœurs tendres peuvent seuls ressentir. Le regret momentané et cuisant d'une faute n'emporte pas avec lui l'expiation qui donne la connaissance de la justice de Dieu, justice rigoureuse dans ses conclusions, qui applique la loi du talion à la vie morale et physique de l'homme, et le châtie par la logique des faits qui tous découlent du bon ou du mauvais usage de son libre arbitre.
Aimez ceux qui souffrent, et assistez le repentir qui est l'expression et le signe que Dieu a imprimé à sa créature intelligente pour l'élever et la rapprocher de lui.
Jean, disciple.
Société spirite de Paris. 26 décembre 1862. Médium M. D'Ambel
Nota. Cette communication a été donnée à propos d'un compte rendu fait à la Société sur les nouvelles sociétés Spirites qui se forment de toutes parts en France et à l'étranger.
Le progrès se manifeste d'une manière trop éclatante aujourd'hui dans la croyance aux doctrines régénératrices que nous apportons à votre monde, pour qu'il soit nécessaire de le constater désormais. Aveugle qui ne voit pas la marche triomphante de nos idées ! Lorsque des hommes éminents appartenant aux fonctions les plus libérales, des gens de science et d'études, des médecins, des philosophes, des jurisconsultes se lancent résolument à la recherche de la vérité dans les voies nouvelles ouvertes par le Spiritisme ; quand la classe militante vient y chercher des consolations et des forces nouvelles, qui donc, parmi les humains, se croira assez fort pour opposer une barrière au développement de cette nouvelle science philosophique ? Dernièrement Lamennais disait, dans ce style concis et éloquent auquel il vous a habitués : que l'avenir était au Spiritisme ! J'ai le droit de m'écrier aujourd'hui : N'est-ce pas là un fait accompli ?
En effet, la route devient large ; le ruisseau d'hier s'étale comme un fleuve, et, à partir des vallons traversés, son cours majestueux se rira des maigres écluses et des tardives barricades que quelques riverains attardés essayeront d'établir afin d'entraver sa marche vers le grand océan de l'infini. Pauvres gens ! le courant vous emportera bientôt vous-mêmes et nous vous entendrons bientôt vous écrier, vous aussi : « C'est vrai ! la terre tourne ! »
Si les flots de sang versé dans les Amériques n'appelaient pas l'attention de tous les penseurs sérieux et de tous les amis de la paix, dont le cœur saigne au récit de ces luttes sanglantes et fratricides ; si les nations mal assises ne cherchaient pas en toute contrée à retrouver leur base normale ; si les aspirations de tous, enfin, ne tendaient pas vers une amélioration matérielle et morale depuis si longtemps poursuivie, on pourrait nier l'utilité des cataclysmes moraux annoncés par quelques Esprits initiateurs ; mais tous ces signes caractéristiques sont trop apparents pour que l'on ne reconnaisse pas la nécessité, l'urgence d'un phare nouveau qui puisse sauver encore le monde en danger.
Jadis, lorsque le monde païen, miné par la plus complète démoralisation, vacillait sur sa base, de toutes parts des voix prophétiques annonçaient la venue prochaine d'un rédempteur. Depuis quelques années n'avez-vous pas entendu, ô Spirites ! les mêmes voix prophétiques ? Ah ! je le sais : nul d'entre vous ne l'a oublié. Eh bien ! tenez pour certain que le temps est venu, et crions ensemble, comme autrefois en Judée : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »
Éraste.
Nota. Cette communication a été donnée à propos d'un compte rendu fait à la Société sur les nouvelles sociétés Spirites qui se forment de toutes parts en France et à l'étranger.
Le progrès se manifeste d'une manière trop éclatante aujourd'hui dans la croyance aux doctrines régénératrices que nous apportons à votre monde, pour qu'il soit nécessaire de le constater désormais. Aveugle qui ne voit pas la marche triomphante de nos idées ! Lorsque des hommes éminents appartenant aux fonctions les plus libérales, des gens de science et d'études, des médecins, des philosophes, des jurisconsultes se lancent résolument à la recherche de la vérité dans les voies nouvelles ouvertes par le Spiritisme ; quand la classe militante vient y chercher des consolations et des forces nouvelles, qui donc, parmi les humains, se croira assez fort pour opposer une barrière au développement de cette nouvelle science philosophique ? Dernièrement Lamennais disait, dans ce style concis et éloquent auquel il vous a habitués : que l'avenir était au Spiritisme ! J'ai le droit de m'écrier aujourd'hui : N'est-ce pas là un fait accompli ?
En effet, la route devient large ; le ruisseau d'hier s'étale comme un fleuve, et, à partir des vallons traversés, son cours majestueux se rira des maigres écluses et des tardives barricades que quelques riverains attardés essayeront d'établir afin d'entraver sa marche vers le grand océan de l'infini. Pauvres gens ! le courant vous emportera bientôt vous-mêmes et nous vous entendrons bientôt vous écrier, vous aussi : « C'est vrai ! la terre tourne ! »
Si les flots de sang versé dans les Amériques n'appelaient pas l'attention de tous les penseurs sérieux et de tous les amis de la paix, dont le cœur saigne au récit de ces luttes sanglantes et fratricides ; si les nations mal assises ne cherchaient pas en toute contrée à retrouver leur base normale ; si les aspirations de tous, enfin, ne tendaient pas vers une amélioration matérielle et morale depuis si longtemps poursuivie, on pourrait nier l'utilité des cataclysmes moraux annoncés par quelques Esprits initiateurs ; mais tous ces signes caractéristiques sont trop apparents pour que l'on ne reconnaisse pas la nécessité, l'urgence d'un phare nouveau qui puisse sauver encore le monde en danger.
Jadis, lorsque le monde païen, miné par la plus complète démoralisation, vacillait sur sa base, de toutes parts des voix prophétiques annonçaient la venue prochaine d'un rédempteur. Depuis quelques années n'avez-vous pas entendu, ô Spirites ! les mêmes voix prophétiques ? Ah ! je le sais : nul d'entre vous ne l'a oublié. Eh bien ! tenez pour certain que le temps est venu, et crions ensemble, comme autrefois en Judée : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »
Éraste.
Société spirite de Paris, 19 juin 1863. – Médium, M. Alfred Didier
Les siècles de transition dans l'histoire de l'humanité ressemblent à de vastes plaines semées de monuments mêlés confusément sans harmonie, et l'harmonie la plus pure, la plus juste existe dans le détail et non pas dans l'ensemble. Les siècles abandonnés par la foi, par l'espérance, sont de sombres pages où l'humanité, travaillée par le doute, se mine sourdement dans des civilisations raffinées, pour arriver à une réaction qui le plus souvent les emportait, pour les remplacer par d'autres civilisations. Les chercheurs de la pensée, plus que les savants, approfondissent à notre époque, dans un éclectisme rationnel, ces mystérieux enchaînements de l'histoire, ces ténèbres, cette uniformité jetées comme des brouillards et des nuages épais sur des civilisations naguère vivaces et fertiles. Etrange destinée des peuples ! C'est presque à la naissance du christianisme, c'est dans les villes les plus opulentes, sièges des plus grands évêchés de l'Orient et de l'Occident, que les ravages de la décadence commencent ; c'est au milieu même de la civilisation, de la splendeur intelligente des arts, des sciences, de la littérature et des enseignements sublimes du Christ, que commence la confusion des idées, les dissensions religieuses ; c'est dans le berceau même de l'Eglise romaine, enorgueillie et superbe du sang des martyrs, que l'hérésie, enfantée par les dogmes superstitieux et les hiérarchies ecclésiastiques, se glisse comme un serpent imminent pour mordre au cœur l'humanité et lui infiltrer dans les veines, au milieu des désordres politiques et sociaux, le plus terrible et le plus profond de tous les fléaux : le doute. Cette fois la chute est immense, la langueur religieuse des prêtres, unie aux fanatiques hérésiarques, ôte toute force à la politique, tout amour au pays, et l'Eglise du Christ devient humaine, mais non plus humanitaire. Il est inutile ici, je crois, d'appuyer sur les rapports effrayants de cette époque avec la nôtre ; vivant en même temps avec les traditions du christianisme et avec l'espérance de l'avenir, les mêmes ébranlements secouent notre vieille civilisation, les mêmes idées se partagent, et le même doute tourmente l'humanité, signes précurseurs de la rénovation sociale et morale qui se prépare. Ah ! priez, Spirites, votre époque tourmentée et blasphématrice est une rude époque, que les Esprits viennent instruire et encourager.
Lamennais.
Les siècles de transition dans l'histoire de l'humanité ressemblent à de vastes plaines semées de monuments mêlés confusément sans harmonie, et l'harmonie la plus pure, la plus juste existe dans le détail et non pas dans l'ensemble. Les siècles abandonnés par la foi, par l'espérance, sont de sombres pages où l'humanité, travaillée par le doute, se mine sourdement dans des civilisations raffinées, pour arriver à une réaction qui le plus souvent les emportait, pour les remplacer par d'autres civilisations. Les chercheurs de la pensée, plus que les savants, approfondissent à notre époque, dans un éclectisme rationnel, ces mystérieux enchaînements de l'histoire, ces ténèbres, cette uniformité jetées comme des brouillards et des nuages épais sur des civilisations naguère vivaces et fertiles. Etrange destinée des peuples ! C'est presque à la naissance du christianisme, c'est dans les villes les plus opulentes, sièges des plus grands évêchés de l'Orient et de l'Occident, que les ravages de la décadence commencent ; c'est au milieu même de la civilisation, de la splendeur intelligente des arts, des sciences, de la littérature et des enseignements sublimes du Christ, que commence la confusion des idées, les dissensions religieuses ; c'est dans le berceau même de l'Eglise romaine, enorgueillie et superbe du sang des martyrs, que l'hérésie, enfantée par les dogmes superstitieux et les hiérarchies ecclésiastiques, se glisse comme un serpent imminent pour mordre au cœur l'humanité et lui infiltrer dans les veines, au milieu des désordres politiques et sociaux, le plus terrible et le plus profond de tous les fléaux : le doute. Cette fois la chute est immense, la langueur religieuse des prêtres, unie aux fanatiques hérésiarques, ôte toute force à la politique, tout amour au pays, et l'Eglise du Christ devient humaine, mais non plus humanitaire. Il est inutile ici, je crois, d'appuyer sur les rapports effrayants de cette époque avec la nôtre ; vivant en même temps avec les traditions du christianisme et avec l'espérance de l'avenir, les mêmes ébranlements secouent notre vieille civilisation, les mêmes idées se partagent, et le même doute tourmente l'humanité, signes précurseurs de la rénovation sociale et morale qui se prépare. Ah ! priez, Spirites, votre époque tourmentée et blasphématrice est une rude époque, que les Esprits viennent instruire et encourager.
Lamennais.
Groupe spirite de Sétif, Algérie
Vous vous étonnez souvent de voir des facultés médianimiques, soit physiques soit morales, qui, selon vous, devraient être la preuve d'un mérite personnel, possédées par des gens que leur caractère moral place au-dessous d'une pareille faveur ; cela tient à la fausse idée que vous vous faites des lois qui régissent ces choses, et que vous voulez considérer comme invariables. Ce qui est invariable, c'est le but, mais les moyens varient à l'infini, pour que votre liberté soit respectée. Tel possède une faculté, et tel en possède une autre ; celui-ci est poussé par l'orgueil, celui-là par la cupidité, un troisième par la fraternité. Dieu emploie les facultés et les passions de chacun, et les utilise dans la sphère de chacun, et du mal même sait faire sortir le bien. Les actes de l'homme, qui vous semblent si importants, ne sont rien pour lui, c'est l'intention qui en fait à ses yeux le mérite ou le démérite. Heureux donc celui qui est guidé par l'amour fraternel. La Providence n'a pas créé le mal : tout a été fait en vue du bien. Le mal n'existe que par l'ignorance de l'homme et par le mauvais usage qu'il fait des passions, des tendances, des instincts qu'il a acquis par son contact avec la matière. Grand Dieu ! quand tu lui auras inspiré la sagesse de savoir prendre en main la direction de ce puissant mobile : la passion, que de maux disparaîtront, que de bien résultera de cette force dont il ne connaît aujourd'hui que le mauvais côté qui est son ouvrage ! Oh ! continuez ardemment votre œuvre, mes amis ; que l'humanité entrevoie enfin la route dans laquelle elle doit mettre le pied pour atteindre au bonheur qu'il lui est donné d'acquérir sur ce globe !
Ne vous étonnez pas si les communications que vous donnent les Esprits élevés, tout en s'appuyant sur la morale du Sauveur, en vous la confirmant et la développant, vous offrent tant de points de contact et de similitude avec les mystères des Anciens ; c'est que les Anciens avaient l'intuition des choses du monde invisible et de ce qui devait arriver, et que plusieurs avaient pour mission de préparer les voies. Observez et étudiez avec soin les communications que vous recevez ; acceptez ce que votre raison ne rejette pas ; repoussez ce qui la choque ; demandez des éclaircissements sur celles qui vous laissent dans le doute. Vous avez là la marche à suivre pour transmettre aux générations futures, sans crainte de les voir dénaturées, les vérités que vous démêlerez sans peine de leur cortège inévitable d'erreurs.
Travaillez, rendez-vous utiles à vos frères et à vous-mêmes ; vous ne pouvez guère prévoir le bonheur que l'avenir vous réserve par la contemplation de votre œuvre.
Saint Augustin.
Remarque. – Cette communication a été obtenue par un jeune homme, médium somnambule illettré. Elle nous est envoyée par M. Dumas, négociant de Sétif, membre de la Société spirite de Paris, qui ajoute que le sujet ne connaissait pas le sens de la plupart des mots, et nous transmet le nom de dix personnes notables qui assistaient à la séance. Les médiums illettrés qui ont des communications au-dessus de leur portée intellectuelle sont très nombreux. On vient de nous montrer une page vraiment remarquable, obtenue, à Lyon, par une femme qui ne sait ni lire ni écrire et ne sait pas un mot de ce qu'elle écrit ; son mari, qui n'est guère plus fort, le déchiffre par intuition séance tenante, mais le lendemain cela lui est impossible ; les autres personnes le lisent sans beaucoup de difficulté. N'est-ce pas là l'application de cette parole du Christ : « Vos femmes et vos filles prophétiseront, et feront des prodiges ? » N'est-ce pas un prodige que d'écrire, peindre, dessiner, faire de la musique et de la poésie quand on ne le sait pas ? Vous demandez des signes matériels ? en voilà. Les incrédules diront-ils que c'est un effet de l'imagination ? Si cela était, il faudrait convenir que ces personnes ont l'imagination dans la main et non dans le cerveau. Encore une fois, une théorie n'est bonne qu'à la condition de rendre raison de tous les faits ; si un seul fait vient la contredire, c'est qu'elle est fausse ou incomplète.
Allan Kardec
Vous vous étonnez souvent de voir des facultés médianimiques, soit physiques soit morales, qui, selon vous, devraient être la preuve d'un mérite personnel, possédées par des gens que leur caractère moral place au-dessous d'une pareille faveur ; cela tient à la fausse idée que vous vous faites des lois qui régissent ces choses, et que vous voulez considérer comme invariables. Ce qui est invariable, c'est le but, mais les moyens varient à l'infini, pour que votre liberté soit respectée. Tel possède une faculté, et tel en possède une autre ; celui-ci est poussé par l'orgueil, celui-là par la cupidité, un troisième par la fraternité. Dieu emploie les facultés et les passions de chacun, et les utilise dans la sphère de chacun, et du mal même sait faire sortir le bien. Les actes de l'homme, qui vous semblent si importants, ne sont rien pour lui, c'est l'intention qui en fait à ses yeux le mérite ou le démérite. Heureux donc celui qui est guidé par l'amour fraternel. La Providence n'a pas créé le mal : tout a été fait en vue du bien. Le mal n'existe que par l'ignorance de l'homme et par le mauvais usage qu'il fait des passions, des tendances, des instincts qu'il a acquis par son contact avec la matière. Grand Dieu ! quand tu lui auras inspiré la sagesse de savoir prendre en main la direction de ce puissant mobile : la passion, que de maux disparaîtront, que de bien résultera de cette force dont il ne connaît aujourd'hui que le mauvais côté qui est son ouvrage ! Oh ! continuez ardemment votre œuvre, mes amis ; que l'humanité entrevoie enfin la route dans laquelle elle doit mettre le pied pour atteindre au bonheur qu'il lui est donné d'acquérir sur ce globe !
Ne vous étonnez pas si les communications que vous donnent les Esprits élevés, tout en s'appuyant sur la morale du Sauveur, en vous la confirmant et la développant, vous offrent tant de points de contact et de similitude avec les mystères des Anciens ; c'est que les Anciens avaient l'intuition des choses du monde invisible et de ce qui devait arriver, et que plusieurs avaient pour mission de préparer les voies. Observez et étudiez avec soin les communications que vous recevez ; acceptez ce que votre raison ne rejette pas ; repoussez ce qui la choque ; demandez des éclaircissements sur celles qui vous laissent dans le doute. Vous avez là la marche à suivre pour transmettre aux générations futures, sans crainte de les voir dénaturées, les vérités que vous démêlerez sans peine de leur cortège inévitable d'erreurs.
Travaillez, rendez-vous utiles à vos frères et à vous-mêmes ; vous ne pouvez guère prévoir le bonheur que l'avenir vous réserve par la contemplation de votre œuvre.
Saint Augustin.
Remarque. – Cette communication a été obtenue par un jeune homme, médium somnambule illettré. Elle nous est envoyée par M. Dumas, négociant de Sétif, membre de la Société spirite de Paris, qui ajoute que le sujet ne connaissait pas le sens de la plupart des mots, et nous transmet le nom de dix personnes notables qui assistaient à la séance. Les médiums illettrés qui ont des communications au-dessus de leur portée intellectuelle sont très nombreux. On vient de nous montrer une page vraiment remarquable, obtenue, à Lyon, par une femme qui ne sait ni lire ni écrire et ne sait pas un mot de ce qu'elle écrit ; son mari, qui n'est guère plus fort, le déchiffre par intuition séance tenante, mais le lendemain cela lui est impossible ; les autres personnes le lisent sans beaucoup de difficulté. N'est-ce pas là l'application de cette parole du Christ : « Vos femmes et vos filles prophétiseront, et feront des prodiges ? » N'est-ce pas un prodige que d'écrire, peindre, dessiner, faire de la musique et de la poésie quand on ne le sait pas ? Vous demandez des signes matériels ? en voilà. Les incrédules diront-ils que c'est un effet de l'imagination ? Si cela était, il faudrait convenir que ces personnes ont l'imagination dans la main et non dans le cerveau. Encore une fois, une théorie n'est bonne qu'à la condition de rendre raison de tous les faits ; si un seul fait vient la contredire, c'est qu'elle est fausse ou incomplète.
Allan Kardec