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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1863 > Septembre > Dissertations spirites
Dissertations spirites
Société spirite de Paris, 31 juillet 1863. - Médium madame Costel
Me voici donc encore sur le théâtre du monde, moi qui me croyais
ensevelie pour jamais dans mon voile d'innocence et de jeunesse. Le feu
de la terre me sauvait du feu de l'enfer : ainsi je pensais dans ma foi
catholique, et, si je n'osais entrevoir les splendeurs du paradis, mon
âme tremblante se réfugiait dans l'expiation du purgatoire, et je
priais, je souffrais, je pleurais. Mais qui donnait à ma faiblesse la
force de supporter mes angoisses ? qui, dans les longues nuits
d'insomnie et de fièvre douloureuse, se penchait sur ma couche de
martyre ? qui rafraîchissait mes lèvres arides ? C'était vous, mon ange
gardien, dont la blanche auréole m'entourait ; c'était vous aussi, chers
Esprits amis, qui veniez murmurer à mon oreille des paroles d'espoir et
d'amour.
La flamme qui consuma mon faible corps me dépouilla de l'attachement à ce qui passe ; aussi je mourus déjà vivante de la vraie vie. Je ne connus pas le trouble, et j'entrai sereine et recueillie dans le jour radieux qui enveloppe ceux qui, après avoir beaucoup souffert, ont un peu espéré. Ma mère, ma chère mère, fut la dernière vibration terrestre qui résonna à mon âme. Que je voudrais qu'elle devînt Spirite !
Je me suis détachée de l'arbre terrestre comme un fruit mûr avant le temps. Je n'étais encore qu'effleurée par le démon de l'orgueil qui pique les âmes des malheureuses entraînées par le succès brillant et l'ivresse de la jeunesse. Je bénis la flamme ; je bénis les souffrances ; je bénis l'épreuve qui était une expiation. Semblable à ces légers fils blancs de l'automne, je flotte entraînée dans le courant lumineux ; ce ne sont plus les étoiles de diamant qui brillent sur mon front, mais les étoiles d'or du bon Dieu.
Nota. - Notre intention avait été d'évoquer dans cette séance cet Esprit, auquel nous savions que beaucoup d'entre nous étaient sympathiques. Des raisons particulières nous avaient fait ajourner cette évocation, dont nous n'avions entretenu personne ; mais cet Esprit, attiré sans doute par notre pensée et celle de plusieurs membres, vint spontanément, et sans être appelé, dicter la charmante communication ci-dessus.
La flamme qui consuma mon faible corps me dépouilla de l'attachement à ce qui passe ; aussi je mourus déjà vivante de la vraie vie. Je ne connus pas le trouble, et j'entrai sereine et recueillie dans le jour radieux qui enveloppe ceux qui, après avoir beaucoup souffert, ont un peu espéré. Ma mère, ma chère mère, fut la dernière vibration terrestre qui résonna à mon âme. Que je voudrais qu'elle devînt Spirite !
Je me suis détachée de l'arbre terrestre comme un fruit mûr avant le temps. Je n'étais encore qu'effleurée par le démon de l'orgueil qui pique les âmes des malheureuses entraînées par le succès brillant et l'ivresse de la jeunesse. Je bénis la flamme ; je bénis les souffrances ; je bénis l'épreuve qui était une expiation. Semblable à ces légers fils blancs de l'automne, je flotte entraînée dans le courant lumineux ; ce ne sont plus les étoiles de diamant qui brillent sur mon front, mais les étoiles d'or du bon Dieu.
Nota. - Notre intention avait été d'évoquer dans cette séance cet Esprit, auquel nous savions que beaucoup d'entre nous étaient sympathiques. Des raisons particulières nous avaient fait ajourner cette évocation, dont nous n'avions entretenu personne ; mais cet Esprit, attiré sans doute par notre pensée et celle de plusieurs membres, vint spontanément, et sans être appelé, dicter la charmante communication ci-dessus.
Société spirite de Paris, 31 juillet 1863. - Médium, M. Alfred Didier
La religion catholique nous montre le purgatoire comme un lieu où l'âme,
en subissant de terribles expiations, allège ses fautes et revendique
peu à peu, par la douleur, ses droits au soleil de la vie éternelle.
Image splendide ! la plus vraie, la plus parfaite de la grande trinité
dogmatique de l'enfer, du purgatoire et du paradis. Malgré ses sévérités
désespérantes, l'Eglise a compris qu'il fallait un milieu entre la
damnation éternelle et le bonheur éternel. Elle a confondu, cependant,
dans cet étrange assemblage, le temps infini et progressif, qui n'est
qu'un, avec trois situations limitées et incompréhensibles. A la
religion ou plutôt à l'enseignement tout humanitaire et tout progressif
du Christ, le Spiritisme ajoute les moyens de réaliser cette idéale
humanité. Dans les écarts philosophiques de notre époque, il y a plus
d'un germe spirite ; et tel philosophe sceptique qui ne conseille pour
le bonheur définitif de l'humanité que l'éloignement et la destruction
de toute croyance humaine et divine, travaille plus qu'on ne croit à la
tendance universelle du Spiritisme. Seulement, c'est une route où le
ciel paraît peu, où l'existence future n'apparaît presque pas, mais où
du moins la tranquillité matérielle et pour ainsi dire égoïste de cette
vie est comprise avec la netteté du législateur, et, sinon du saint, du
moins d'un philanthrope humanitaire.
Or, il s'agirait de savoir si, à l'état latent, pour ainsi dire, de la vie extra-corporelle, et que l'on pourrait appeler intra-vitale, il s'agirait de savoir si, avec la mesure de connaissances et de sagacité clairvoyante que possèdent les Esprits supérieurs, le progrès universel est aussi efficace que le progrès terrestre. Cette question fondamentale pour le Spiritisme s'est jusqu'à présent résolue un peu trop par des réponses de détail ; ce n'est plus seulement, comme le dit l'Eglise, un lieu d'expiations, c'est un foyer universel où justement les âmes qui y circulent redoutent avec angoisses ou acceptent avec espérance les existences qui se dévoilent à elles. Là est, selon nous, seulement le commencement de ce qu'on appelle le purgatoire ; et l'erraticité, cette phase importante de la vie de l'âme, ne nous semble aucunement expliquée, ni même mentionnée par les dogmes catholiques.
Lamennais.
Or, il s'agirait de savoir si, à l'état latent, pour ainsi dire, de la vie extra-corporelle, et que l'on pourrait appeler intra-vitale, il s'agirait de savoir si, avec la mesure de connaissances et de sagacité clairvoyante que possèdent les Esprits supérieurs, le progrès universel est aussi efficace que le progrès terrestre. Cette question fondamentale pour le Spiritisme s'est jusqu'à présent résolue un peu trop par des réponses de détail ; ce n'est plus seulement, comme le dit l'Eglise, un lieu d'expiations, c'est un foyer universel où justement les âmes qui y circulent redoutent avec angoisses ou acceptent avec espérance les existences qui se dévoilent à elles. Là est, selon nous, seulement le commencement de ce qu'on appelle le purgatoire ; et l'erraticité, cette phase importante de la vie de l'âme, ne nous semble aucunement expliquée, ni même mentionnée par les dogmes catholiques.
Lamennais.
Groupe d'Orléans. - Médium, M. de Monvel
De toutes les vertus dont le Christ nous a laissé l'adorable exemple, il
n'en est pas une qui ait été plus indignement oubliée par la triste
humanité que la chasteté. Et je ne parle pas seulement de la chasteté du
corps, dont on trouverait encore sans doute sur la terre de nombreux
exemples, mais de cette chasteté de l'âme qui n'a jamais conçu une
pensée, laissé échapper une parole de nature à flétrir la pureté de la
vierge ou de l'enfant qui l'écoute.
Le mal est si universel, les occasions de danger si multipliées, que les parents, même les plus véritablement chastes dans leurs actes comme dans leurs discours, ne peuvent échapper à la douloureuse certitude que leurs enfants ne pourront, quoi qu'ils fassent, se soustraire à la funeste contagion. Il leur faut, quelque répugnance qu'ils en éprouvent, se résigner à ouvrir eux-mêmes les yeux à ces innocentes créatures, pour les préserver tout au moins du danger physique, puisqu'il est absolument impossible de les préserver du danger moral ; et, bien souvent encore, lorsqu'ils croient avoir paré au danger, il se trouve quelque écueil dont ils n'avaient pas soupçonné l'existence, et sur lequel vient échouer le pauvre et innocent enfant que leur amour n'a pu préserver de la souillure du vice.
Combien de mots imprudents, même dans la société la plus choisie ; combien d'images et de descriptions, même dans les livres les plus sérieux, ne viennent-ils pas, à l'insu des parents, éveiller, exciter, ou même satisfaire complètement cette curiosité avide, si redoutable, de l'enfant qui n'a aucune conscience du danger ! Si le mal est difficile à éviter, même dans les classes les plus éclairées de la société, qu'est-ce donc dans les classes inférieures ? Et en supposant qu'un enfant ait eu le bonheur d'y échapper sous le toit paternel, comment le garantir de cet inévitable contact avec les vices qu'il coudoie chaque jour ?
Il y a là une plaie bien profonde, bien dangereuse, et dont tout homme qui a conservé au fond du cœur le sens moral doit éprouver le plus impérieux besoin de purger la société. Le mal est enraciné dans nos cœurs, et il s'écoulera bien du temps encore avant que chacun de nous soit devenu assez pur pour en soupçonner seulement la gravité. Tel croirait commettre une faute sérieuse s'il se permettait devant un enfant le moindre mot à double entente, qui, s'il se croit entouré de personnes d'un âge mûr, trouvera un plaisir avoué dans des plaisanteries obscènes ou triviales, qui, dit-il, ne font de mal à personne. Il ne voit pas que l'obscénité est un mal tellement immoral qu'il flétrit tout ce qu'il touche, même l'air, dont les vibrations vont porter au loin la contagion. On a dit que les murs ont des oreilles, et si cette figure a jamais été vraie, c'est surtout en pareille matière. La pure et sainte chasteté n'établira définitivement son règne sur la terre que lorsque toute créature qui pense et qui parle aura compris qu'elle ne doit jamais, en quelque circonstance que ce soit, ni écrire un mot ni prononcer une parole que la vierge la plus pure ne puisse entendre sans rougir.
Vous n'avez pas d'enfants, direz-vous, et il n'y en a pas un seul dans votre maison, et, dès lors, vous n'avez aucune raison, à ce qu'il vous semble, pour vous contraindre. Mais si vous étiez purs vous-mêmes, vous ne seriez pas obligés de vous contraindre ; et n'avez-vous pas des amis qui vous écoutent, que votre exemple excite, et qui peut-être ailleurs perdront devant des enfants, que vous ne connaissez pas, la réserve qu'un reste de pudeur leur avait fait observer jusque-là. Puis aussi, c'est presque toujours aux heures des repas que votre esprit se laisse aller à des saillies qui excitent le rire des convives ; mais ne voyez-vous pas ces serviteurs qui vous entourent, et votre voisin a des enfants ! Vous ne connaissez ni ce voisin ni ces enfants, et vous ne saurez jamais le mal dont vous avez été la cause ; mais le mal, de quelque part qu'il vienne, sera toujours puni, soyez-en convaincus. Il n'y a pas que les murs qui ont des oreilles, et il y a dans l'air que vous respirez des choses que vous ne connaissez pas encore, ou que vous ne voulez pas connaître.
Nul n'a le droit d'exiger de ses subalternes une vertu qu'il ne pratique ni ne possède lui-même.
Un seul mot impur suffit pour altérer la pureté d'un enfant ; un seul enfant impur introduit dans une maison d'éducation publique suffit pour gangrener toute une génération d'enfants, qui, plus tard, deviendront des hommes. Y a-t-il un seul homme sensé qui révoque en doute la vérité patente et douloureuse de ce fait ? Nul n'en doute, nul n'ignore toute l'étendue du mal qu'un seul mot peut faire, et cependant nul ne se croit obligé à cette chasteté de l'âme que révolte toute pensée obscène, quelque déguisée qu'elle soit, et même, dans de certaines circonstances, nul ne regarde comme une stricte obligation morale de s'abstenir de plaisanteries qui devraient le faire rougir lui-même, s'il ne se faisait gloire de ne plus rougir. Triste et honteuse gloire que celle-là !
Ce n'est pas seulement la chasteté que nous devrions respecter chez les enfants, c'est aussi cette délicate candeur à qui toute idée de fausseté fait monter le rouge au front ; et cette vertu est bien rare aussi ; mais quand on observe comment est élevée l'immense majorité de nos enfants, on ne doit pas s'en étonner beaucoup. Pour la plupart des parents les enfants, surtout en bas âge, ne sont guère que de petites poupées dont on s'amuse comme d'un charmant jouet. Et ce qui les rend si divertissants, c'est que leur naïve crédulité permet de les taquiner du matin au soir par ces petits mensonges qu'on croit innocents parce qu'ils sont faits sans méchanceté aucune, et uniquement, comme on dit, pour rire. Or, dans sa véritable acception, le mot innocent signifie : qui ne nuit pas ; mais qu'y a-t-il de plus nuisible, au contraire, à la candeur d'un enfant, que ces petits abus de confiance incessants dont il est dupe un instant, mais un instant seulement, dont il rit et s'amuse ensuite, et qu'il trouve le plus grand plaisir à imiter lui-même autant qu'il le peut.
Il résulte de cela que l'enfant souvent le plus candide apprend à tromper aussi vite qu'il apprend à parler, et qu'au bout de très peu de temps il est capable de donner des leçons à ses maîtres.
On ne se doute guère combien, surtout à cet âge, souvent une faible cause peut produire plus tard les plus déplorables résultats. Les organes de l'intelligence, chez les très jeunes enfants, sont comme une cire molle apte à recevoir l'empreinte du plus faible objet qui la touche ; et, ne fût-ce qu'un instant, il y a déformation ; et lorsque cette cire, si fluide d'abord, viendra à se figer, l'empreinte restera désormais ineffaçable. On peut croire qu'elle sera couverte par d'autres, c'est une erreur : l'empreinte primitive restera seule indélébile, et ce seront les impressions ultérieures, au contraire, qui ne laisseront qu'une trace fugitive et sous laquelle la première reparaîtra toujours.
Voilà ce que bien peu de jeunes pères sont capables de sentir avec assez de force pour s'en faire une règle de conduite avec leurs enfants, et ce qu'il faut leur répéter à satiété.
Cécile Monvel.
Le mal est si universel, les occasions de danger si multipliées, que les parents, même les plus véritablement chastes dans leurs actes comme dans leurs discours, ne peuvent échapper à la douloureuse certitude que leurs enfants ne pourront, quoi qu'ils fassent, se soustraire à la funeste contagion. Il leur faut, quelque répugnance qu'ils en éprouvent, se résigner à ouvrir eux-mêmes les yeux à ces innocentes créatures, pour les préserver tout au moins du danger physique, puisqu'il est absolument impossible de les préserver du danger moral ; et, bien souvent encore, lorsqu'ils croient avoir paré au danger, il se trouve quelque écueil dont ils n'avaient pas soupçonné l'existence, et sur lequel vient échouer le pauvre et innocent enfant que leur amour n'a pu préserver de la souillure du vice.
Combien de mots imprudents, même dans la société la plus choisie ; combien d'images et de descriptions, même dans les livres les plus sérieux, ne viennent-ils pas, à l'insu des parents, éveiller, exciter, ou même satisfaire complètement cette curiosité avide, si redoutable, de l'enfant qui n'a aucune conscience du danger ! Si le mal est difficile à éviter, même dans les classes les plus éclairées de la société, qu'est-ce donc dans les classes inférieures ? Et en supposant qu'un enfant ait eu le bonheur d'y échapper sous le toit paternel, comment le garantir de cet inévitable contact avec les vices qu'il coudoie chaque jour ?
Il y a là une plaie bien profonde, bien dangereuse, et dont tout homme qui a conservé au fond du cœur le sens moral doit éprouver le plus impérieux besoin de purger la société. Le mal est enraciné dans nos cœurs, et il s'écoulera bien du temps encore avant que chacun de nous soit devenu assez pur pour en soupçonner seulement la gravité. Tel croirait commettre une faute sérieuse s'il se permettait devant un enfant le moindre mot à double entente, qui, s'il se croit entouré de personnes d'un âge mûr, trouvera un plaisir avoué dans des plaisanteries obscènes ou triviales, qui, dit-il, ne font de mal à personne. Il ne voit pas que l'obscénité est un mal tellement immoral qu'il flétrit tout ce qu'il touche, même l'air, dont les vibrations vont porter au loin la contagion. On a dit que les murs ont des oreilles, et si cette figure a jamais été vraie, c'est surtout en pareille matière. La pure et sainte chasteté n'établira définitivement son règne sur la terre que lorsque toute créature qui pense et qui parle aura compris qu'elle ne doit jamais, en quelque circonstance que ce soit, ni écrire un mot ni prononcer une parole que la vierge la plus pure ne puisse entendre sans rougir.
Vous n'avez pas d'enfants, direz-vous, et il n'y en a pas un seul dans votre maison, et, dès lors, vous n'avez aucune raison, à ce qu'il vous semble, pour vous contraindre. Mais si vous étiez purs vous-mêmes, vous ne seriez pas obligés de vous contraindre ; et n'avez-vous pas des amis qui vous écoutent, que votre exemple excite, et qui peut-être ailleurs perdront devant des enfants, que vous ne connaissez pas, la réserve qu'un reste de pudeur leur avait fait observer jusque-là. Puis aussi, c'est presque toujours aux heures des repas que votre esprit se laisse aller à des saillies qui excitent le rire des convives ; mais ne voyez-vous pas ces serviteurs qui vous entourent, et votre voisin a des enfants ! Vous ne connaissez ni ce voisin ni ces enfants, et vous ne saurez jamais le mal dont vous avez été la cause ; mais le mal, de quelque part qu'il vienne, sera toujours puni, soyez-en convaincus. Il n'y a pas que les murs qui ont des oreilles, et il y a dans l'air que vous respirez des choses que vous ne connaissez pas encore, ou que vous ne voulez pas connaître.
Nul n'a le droit d'exiger de ses subalternes une vertu qu'il ne pratique ni ne possède lui-même.
Un seul mot impur suffit pour altérer la pureté d'un enfant ; un seul enfant impur introduit dans une maison d'éducation publique suffit pour gangrener toute une génération d'enfants, qui, plus tard, deviendront des hommes. Y a-t-il un seul homme sensé qui révoque en doute la vérité patente et douloureuse de ce fait ? Nul n'en doute, nul n'ignore toute l'étendue du mal qu'un seul mot peut faire, et cependant nul ne se croit obligé à cette chasteté de l'âme que révolte toute pensée obscène, quelque déguisée qu'elle soit, et même, dans de certaines circonstances, nul ne regarde comme une stricte obligation morale de s'abstenir de plaisanteries qui devraient le faire rougir lui-même, s'il ne se faisait gloire de ne plus rougir. Triste et honteuse gloire que celle-là !
Ce n'est pas seulement la chasteté que nous devrions respecter chez les enfants, c'est aussi cette délicate candeur à qui toute idée de fausseté fait monter le rouge au front ; et cette vertu est bien rare aussi ; mais quand on observe comment est élevée l'immense majorité de nos enfants, on ne doit pas s'en étonner beaucoup. Pour la plupart des parents les enfants, surtout en bas âge, ne sont guère que de petites poupées dont on s'amuse comme d'un charmant jouet. Et ce qui les rend si divertissants, c'est que leur naïve crédulité permet de les taquiner du matin au soir par ces petits mensonges qu'on croit innocents parce qu'ils sont faits sans méchanceté aucune, et uniquement, comme on dit, pour rire. Or, dans sa véritable acception, le mot innocent signifie : qui ne nuit pas ; mais qu'y a-t-il de plus nuisible, au contraire, à la candeur d'un enfant, que ces petits abus de confiance incessants dont il est dupe un instant, mais un instant seulement, dont il rit et s'amuse ensuite, et qu'il trouve le plus grand plaisir à imiter lui-même autant qu'il le peut.
Il résulte de cela que l'enfant souvent le plus candide apprend à tromper aussi vite qu'il apprend à parler, et qu'au bout de très peu de temps il est capable de donner des leçons à ses maîtres.
On ne se doute guère combien, surtout à cet âge, souvent une faible cause peut produire plus tard les plus déplorables résultats. Les organes de l'intelligence, chez les très jeunes enfants, sont comme une cire molle apte à recevoir l'empreinte du plus faible objet qui la touche ; et, ne fût-ce qu'un instant, il y a déformation ; et lorsque cette cire, si fluide d'abord, viendra à se figer, l'empreinte restera désormais ineffaçable. On peut croire qu'elle sera couverte par d'autres, c'est une erreur : l'empreinte primitive restera seule indélébile, et ce seront les impressions ultérieures, au contraire, qui ne laisseront qu'une trace fugitive et sous laquelle la première reparaîtra toujours.
Voilà ce que bien peu de jeunes pères sont capables de sentir avec assez de force pour s'en faire une règle de conduite avec leurs enfants, et ce qu'il faut leur répéter à satiété.
Cécile Monvel.
Thionville, 25 décembre 1862. - M. le docteur R…
Nous vous avons fait entrevoir l'aurore de la régénération humaine ;
vous devez voir là, comme dans toute la marche de l'humanité à travers
les âges, le doigt de Dieu.
Nous vous l'avons dit bien souvent : Tout ce qui arrive ici-bas, comme tout ce qui se passe dans l'univers entier, est soumis à une loi générale : celle du progrès.
Inclinez-vous devant elle, orgueilleux et superbes qui prétendez vous mettre au-dessus des décrets du Très-Haut ! Cherchez partout la cause de vos malheurs comme de vos jouissances, vous y reconnaîtrez toujours le doigt de Dieu.
Mais, direz-vous, le doigt de Dieu, c'est donc le fatalisme ! Ah ! gardez-vous de confondre ce mot impie avec les lois que la Providence vous a imposées, la Providence, qui a dû vous laisser votre libre arbitre pour vous laisser en même temps le mérite de vos actes, mais qui en tempère la rigueur par cette voix, si souvent méconnue, qui vous avertit du danger auquel vous vous exposez.
Le fatalisme, c'est la négation du devoir, parce que notre sort étant fixé d'avance, il ne nous appartient pas de le changer.
Que deviendrait le monde avec cette effroyable théorie qui abandonnerait les hommes aux perfides suggestions des plus mauvaises passions ? Où serait le but de la création ? où serait la raison d'être de l'ordre admirable qui règne dans l'univers ?
Le doigt de Dieu, au contraire, c'est la punition toujours suspendue sur la tête du coupable ; c'est le remords qui le ronge au cœur, en lui reprochant ses crimes à chaque instant du jour ; c'est l'affreux cauchemar qui le torture pendant de longues nuits sans sommeil ; c'est cette trace sanglante qui le suit en tous lieux, comble pour reproduire sans cesse à ses yeux l'image de ses forfaits ; c'est la fièvre qui tourmente l'égoïste ; ce sont les angoisses perpétuelles du mauvais riche, qui voit dans tous ceux qui l'approchent des spoliateurs disposés à lui ravir un bien mal acquis ; c'est la douleur qu'il éprouve à son heure dernière de ne pouvoir emporter ses inutiles trésors !
Le doigt de Dieu, c'est la paix du cœur réservée à l'homme juste ; c'est ce doux parfum qui vous remplit l'âme après une bonne action ; c'est cette suave jouissance qu'on éprouve toujours à faire le bien ; c'est la bénédiction du pauvre qu'on assiste, c'est le doux regard d'un enfant dont on a séché les larmes ; c'est la prière fervente d'une pauvre mère à laquelle on a procuré le travail qui doit l'arracher à la misère ; c'est en un mot le contentement de soi-même.
Le doigt de Dieu, enfin, c'est la justice grave et austère, tempérée par la miséricorde ! le doigt de Dieu, c'est l'espérance, qui n'abandonne pas l'homme dans ses plus cruelles souffrances, qui le console toujours et qui laisse entrevoir au plus criminel, que le repentir a touché, un coin de la céleste demeure dont il se croyait repoussé à tout jamais !
Esprit familier.
Nous vous l'avons dit bien souvent : Tout ce qui arrive ici-bas, comme tout ce qui se passe dans l'univers entier, est soumis à une loi générale : celle du progrès.
Inclinez-vous devant elle, orgueilleux et superbes qui prétendez vous mettre au-dessus des décrets du Très-Haut ! Cherchez partout la cause de vos malheurs comme de vos jouissances, vous y reconnaîtrez toujours le doigt de Dieu.
Mais, direz-vous, le doigt de Dieu, c'est donc le fatalisme ! Ah ! gardez-vous de confondre ce mot impie avec les lois que la Providence vous a imposées, la Providence, qui a dû vous laisser votre libre arbitre pour vous laisser en même temps le mérite de vos actes, mais qui en tempère la rigueur par cette voix, si souvent méconnue, qui vous avertit du danger auquel vous vous exposez.
Le fatalisme, c'est la négation du devoir, parce que notre sort étant fixé d'avance, il ne nous appartient pas de le changer.
Que deviendrait le monde avec cette effroyable théorie qui abandonnerait les hommes aux perfides suggestions des plus mauvaises passions ? Où serait le but de la création ? où serait la raison d'être de l'ordre admirable qui règne dans l'univers ?
Le doigt de Dieu, au contraire, c'est la punition toujours suspendue sur la tête du coupable ; c'est le remords qui le ronge au cœur, en lui reprochant ses crimes à chaque instant du jour ; c'est l'affreux cauchemar qui le torture pendant de longues nuits sans sommeil ; c'est cette trace sanglante qui le suit en tous lieux, comble pour reproduire sans cesse à ses yeux l'image de ses forfaits ; c'est la fièvre qui tourmente l'égoïste ; ce sont les angoisses perpétuelles du mauvais riche, qui voit dans tous ceux qui l'approchent des spoliateurs disposés à lui ravir un bien mal acquis ; c'est la douleur qu'il éprouve à son heure dernière de ne pouvoir emporter ses inutiles trésors !
Le doigt de Dieu, c'est la paix du cœur réservée à l'homme juste ; c'est ce doux parfum qui vous remplit l'âme après une bonne action ; c'est cette suave jouissance qu'on éprouve toujours à faire le bien ; c'est la bénédiction du pauvre qu'on assiste, c'est le doux regard d'un enfant dont on a séché les larmes ; c'est la prière fervente d'une pauvre mère à laquelle on a procuré le travail qui doit l'arracher à la misère ; c'est en un mot le contentement de soi-même.
Le doigt de Dieu, enfin, c'est la justice grave et austère, tempérée par la miséricorde ! le doigt de Dieu, c'est l'espérance, qui n'abandonne pas l'homme dans ses plus cruelles souffrances, qui le console toujours et qui laisse entrevoir au plus criminel, que le repentir a touché, un coin de la céleste demeure dont il se croyait repoussé à tout jamais !
Esprit familier.
Thionville. - Médium, M. le docteur R…
Un poète a dit :
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
Reconnaissez dans ce vers une des plus belles inspirations qui aient jamais été données à l'homme. Le vrai, c'est la ligne droite ; le vrai, c'est la lumière, dont la splendeur n'a pas besoin d'être voilée pour les hommes justes dont l'esprit est merveilleusement disposé à comprendre ses immenses bienfaits. Pourquoi, dans notre société actuelle, la lumière a-t-elle tant de peine à être perçue par la majorité des hommes ? Pourquoi l'enseignement de la vérité est-il entouré de tant d'obstacles ? C'est que jusqu'à présent l'humanité n'a pas fait de progrès assez marqués depuis l'origine du christianisme. Depuis le Christ, qui a dû voiler ses admirables enseignements sous les formes de l'allégorie et de la parabole, tous ceux qui ont essayé de propager la vérité n'ont pas été plus écoutés que leur divin Maître ; c'est que l'humanité devait progresser avec une sage lenteur pour que sa marche fût plus sûre ; c'est qu'elle avait besoin d'un long noviciat pour être apte à se conduire elle-même.
Mais rassurez-vous ! Le soleil de la régénération, depuis longtemps à son aurore, ne tardera pas à répandre sur vous son éblouissante clarté ; la vraie lumière vous apparaîtra, et son influence bienfaisante s'étendra à toutes les classes de la société. Combien alors s'étonneront de n'avoir pas accueilli plus tôt cette vérité qui date de la plus haute antiquité, et qu'un sentiment d'orgueil leur a toujours fait côtoyer sans la voir !
Cette fois, du moins, vous n'aurez à subir aucun de ces effroyables cataclysmes qui semblent comme autant de jalons destinés à marquer, à travers les siècles, la marche de la vraie lumière ; les hommes, mieux instruits, comprendront que les bouleversements qui laissent après eux une traînée de feu et de sang ne sauraient cadrer aujourd'hui avec nos mœurs adoucies par la pratique de la charité. Ils comprendront enfin la portée de ce mot sublime que le Christ leur fit entendre autrefois : « Paix aux hommes de bonne volonté ! »
Il n'y aura plus d'autre guerre que celle qui sera faite aux mauvaises passions ; tous réuniront leurs forces pour chasser l'esprit du mal, dont le règne désastreux n'a que trop longtemps arrêté l'essor de la civilisation. Tous s'arrêteront à cette pensée que la vraie lumière est la seule conquête légitime, la seule qu'ils doivent désormais ambitionner, la seule qui pourra les conduire au bonheur.
A l'œuvre donc, vous tous qui tenez la bannière du progrès ! ne craignez pas de l'arborer haut et ferme, pour que de tous les coins du globe les hommes puissent accourir se ranger sous son égide. Demandez à notre Père céleste la force et l'énergie qui vous sont indispensables pour cette grande œuvre, et, si vous ne devez pas jouir ici-bas du bonheur de la voir s'accomplir, que du moins, en mourant, vous emportiez la conviction que votre existence a été utile à tous, et que la plus douce récompense vous attend parmi nous : la joie d'avoir accompli votre mission pour la plus grande gloire de Dieu.
Esprit familier.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.
Reconnaissez dans ce vers une des plus belles inspirations qui aient jamais été données à l'homme. Le vrai, c'est la ligne droite ; le vrai, c'est la lumière, dont la splendeur n'a pas besoin d'être voilée pour les hommes justes dont l'esprit est merveilleusement disposé à comprendre ses immenses bienfaits. Pourquoi, dans notre société actuelle, la lumière a-t-elle tant de peine à être perçue par la majorité des hommes ? Pourquoi l'enseignement de la vérité est-il entouré de tant d'obstacles ? C'est que jusqu'à présent l'humanité n'a pas fait de progrès assez marqués depuis l'origine du christianisme. Depuis le Christ, qui a dû voiler ses admirables enseignements sous les formes de l'allégorie et de la parabole, tous ceux qui ont essayé de propager la vérité n'ont pas été plus écoutés que leur divin Maître ; c'est que l'humanité devait progresser avec une sage lenteur pour que sa marche fût plus sûre ; c'est qu'elle avait besoin d'un long noviciat pour être apte à se conduire elle-même.
Mais rassurez-vous ! Le soleil de la régénération, depuis longtemps à son aurore, ne tardera pas à répandre sur vous son éblouissante clarté ; la vraie lumière vous apparaîtra, et son influence bienfaisante s'étendra à toutes les classes de la société. Combien alors s'étonneront de n'avoir pas accueilli plus tôt cette vérité qui date de la plus haute antiquité, et qu'un sentiment d'orgueil leur a toujours fait côtoyer sans la voir !
Cette fois, du moins, vous n'aurez à subir aucun de ces effroyables cataclysmes qui semblent comme autant de jalons destinés à marquer, à travers les siècles, la marche de la vraie lumière ; les hommes, mieux instruits, comprendront que les bouleversements qui laissent après eux une traînée de feu et de sang ne sauraient cadrer aujourd'hui avec nos mœurs adoucies par la pratique de la charité. Ils comprendront enfin la portée de ce mot sublime que le Christ leur fit entendre autrefois : « Paix aux hommes de bonne volonté ! »
Il n'y aura plus d'autre guerre que celle qui sera faite aux mauvaises passions ; tous réuniront leurs forces pour chasser l'esprit du mal, dont le règne désastreux n'a que trop longtemps arrêté l'essor de la civilisation. Tous s'arrêteront à cette pensée que la vraie lumière est la seule conquête légitime, la seule qu'ils doivent désormais ambitionner, la seule qui pourra les conduire au bonheur.
A l'œuvre donc, vous tous qui tenez la bannière du progrès ! ne craignez pas de l'arborer haut et ferme, pour que de tous les coins du globe les hommes puissent accourir se ranger sous son égide. Demandez à notre Père céleste la force et l'énergie qui vous sont indispensables pour cette grande œuvre, et, si vous ne devez pas jouir ici-bas du bonheur de la voir s'accomplir, que du moins, en mourant, vous emportiez la conviction que votre existence a été utile à tous, et que la plus douce récompense vous attend parmi nous : la joie d'avoir accompli votre mission pour la plus grande gloire de Dieu.
Esprit familier.