LA GENÈSE, LES MIRACLES ET LES PRÉDICTIONS SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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24.- Dans les êtres inférieurs de la création, dans ceux où le sens moral n'existe pas, où l'intelligence n'a pas encore remplacé l'instinct, la lutte ne saurait avoir pour mobile que la satisfaction d'un besoin matériel ; or, un des besoins matériels les plus impérieux est celui de la nourriture ; ils luttent donc uniquement pour vivre, c'est-à-dire pour prendre ou défendre une proie, car ils ne sauraient être stimulés par un mobile plus élevé. C'est dans cette première période que l'âme s'élabore et s'essaie à la vie.

Chez l'homme, il y a une période de transition où il se distingue à peine de la brute ; dans les premiers âges, l'instinct animal domine, et la lutte a encore pour mobile la satisfaction des besoins matériels ; plus tard, l'instinct animal et le sentiment moral se contre-balancent ; l'homme alors lutte, non plus pour se nourrir, mais pour satisfaire son ambition, son orgueil, le besoin de dominer ; pour cela, il lui faut encore détruire. Mais, à mesure que le sens moral prend le dessus, la sensibilité se développe, le besoin de la destruction diminue ; il finit même par s'effacer et par devenir odieux ; alors l'homme a horreur du sang.

Cependant, la lutte est toujours nécessaire au développement de l'Esprit, car, même arrivé à ce point qui nous semble culminant, il est loin d'être parfait ; ce n'est qu'au prix de son activité qu'il acquiert des connaissances, de l'expérience, et qu'il se dépouille des derniers vestiges de l'animalité ; mais, de ce moment, la lutte, de sanglante et brutale qu'elle était, devient purement intellectuelle ; l'homme lutte contre les difficultés et non plus contre ses semblables[3].

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[3] Sans rien préjuger sur les conséquences qu'on pourrait tirer de ce principe, nous avons seulement voulu démontrer, par cette explication, que la destruction des êtres vivants les uns par les autres n'infirme en rien la sagesse divine, et que tout s'enchaîne dans les lois de la nature. Cet enchaînement est nécessairement rompu si l'on fait abstraction du principe spirituel ; c'est pourquoi tant de questions sont insolubles, si l'on ne considère que la matière.

Les doctrines matérialistes portent en elles le principe de leur destruction ; elles ont contre elles non-seulement leur antagonisme avec les aspirations de l'universalité des hommes, leurs conséquences morales qui les feront repousser comme dissolvantes de la société, mais encore le besoin qu'on éprouve de se rendre compte de tout ce qui naît du progrès. Le développement intellectuel porte l'homme à la recherche des causes ; or, pour peu qu'il réfléchisse, il ne tarde pas à reconnaître l'impuissance du matérialisme à tout expliquer. Comment des doctrines qui ne satisfont ni le coeur, ni la raison, ni l'intelligence, qui laissent en problèmes les questions les plus vitales, pourraient-elles jamais prévaloir ? Le progrès des idées tuera le matérialisme, comme il a tué le fanatisme.

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