Vous êtes ici:
REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Décembre > Dissertations spirites - Obtenues ou lues dans la Société par divers Médiums > Le lutin familier, Méd., madame Costel
Le lutin familier, Méd., madame Costel
Je ne me suis jamais communiqué à vous, et je suis très heureux
d'augmenter votre pléiade littéraire. Vous savez, vous qui m'avez lu
avec tant de goût, quelle devination j'avais de ce qu'on appelle le
monde fantastique. Souvent seul, dans les longues soirées d'hiver,
recueilli au coin de mon foyer solitaire, j'écoutais gémir les notes
plaintives du vent. Tandis que mon œil distrait suivait vaguement les
dessins enflammés du feu, certainement le lutin domestique m'entretenait
alors, et je n'inventais pas Trilby ; je répétais ce qu'il avait
murmuré à mon oreille attentive. La charmante chose que de sentir vivre
autour de soi ces hôtes invisibles ! Avec eux, point de mystères : ils
vous aiment quoique et malgré, vous connaissent mieux que vous ne le
faites vous-mêmes. Dans ma vie littéraire, dans ma vie d'homme, je leur
dois, à ces invisibles amis, et mes meilleurs succès, et mes plus chères
consolations. A mon tour, maintenant, de murmurer aux oreilles amies
les choses que le cœur devine et ne répète pas. C'est vous dire, cher
médium, que j'aurai souvent le doux privilège de causer avec vous.
Charles Nodier.
Charles Nodier.