REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860

Allan Kardec

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Dissertations spirites - Obtenues ou lues dans la Société par divers Médiums

Formation des Esprits, Méd. madame Costel

Dieu a créé la semence humaine qu'il a répandue dans les mondes comme le laboureur jette dans les sillons le grain qui doit germer et mûrir. Ces semences divines sont des molécules de feu que Dieu fait jaillir du grand foyer, centre de vie, où il rayonne dans sa puissance. Ces molécules sont à l'humanité ce que sont les germes des plantes à la terre ; elles se développent lentement, et ne mûrissent qu'après de longs séjours dans les planètes-mères, celles où se forme le commencement des choses. Je ne parle que du principe ; l'être arrivé à sa qualité d'homme se reproduit et l'œuvre de Dieu est consommée.

Pourquoi, le point de départ étant commun, les destinées humaines sont-elles si diverses ? Pourquoi les uns naissent-ils dans un milieu civilisé, les autres dans l'état sauvage ? Quelle est alors l'origine des démons ? Reprenons l'histoire de l'Esprit à sa première éclosion. Les âmes à peine formées, hésitantes et balbutiantes, sont pourtant libres de pencher du bon ou du mauvais côté. Dès qu'ils ont vécu, les bons se séparent des méchants. L'histoire d'Abel est naïvement vraie. Les âmes ingrates à peine sorties des mains du Créateur, persistent dans la révolte du crime ; alors pendant la succession des siècles, elles errent, nuisant aux autres et surtout à elles-mêmes, jusqu'à ce que le repentir les touche, ce qui arrive infailliblement. Donc les premiers démons sont les premiers hommes coupables. Dieu, dans son immense justice, n'impose jamais que les souffrances résultant des actes mauvais. La terre devait être entièrement peuplée, mais ne pouvait l'être également, et, selon le degré d'avancement obtenu dans les migrations terrestres, les uns naissent dans les grands centres de civilisation, les autres, Esprits incertains, qui ont encore besoin d'initiation, naissent dans les forêts reculées ; l'état sauvage est préparatoire. Tout est harmonieux, et l'âme coupable et aveugle d'un démon de la terre ne peut revivre dans un centre éclairé. Cependant quelques-unes se hasardent dans ce milieu qui n'est pas le leur ; si elles ne peuvent y marcher à l'unisson, elles donnent le spectacle de la barbarie au milieu de la civilisation ; ce sont des êtres dépaysés.

L'état embryonnaire est celui d'un être qui n'a pas encore subi de migration ; on ne peut l'étudier à part, puisqu'il est l'origine de l'homme.

Georges.


Les Esprits errants
, Méd. Mad. Costel

Les Esprits sont divisés en plusieurs catégories ; d'abord les embryons qui n'ont aucune faculté distincte ; qui nagent dans l'air comme les insectes qu'on voit tourbillonner dans un rayon de soleil ; ils voltigent sans but et sont incarnés sans avoir fait de choix ; ils deviennent des être humains ignorants et grossiers.

Au-dessus d'eux sont les Esprits légers dont les instincts ne sont pas mauvais, mais seulement malins ; ils se jouent des hommes et leur causent des peines frivoles ; ce sont des enfants ; ils en ont les caprices et la puérile méchanceté.

Les Esprits mauvais ne le sont pas tous au même degré ; il y en a qui ne font d'autre mal que de légères tromperies ; qui ne s'attachent pas à un être, et se bornent à faire commettre des fautes peu graves.

Les Esprits malfaisants poussent au mal et en jouissent, mais ils ont encore quelque lueur de pitié.

Les Esprits pervers n'en ont pas ; toutes leurs facultés tendent vers le mal ; ils le font avec calcul, avec suite ; ils jouissent des tortures morales qu'ils causent. Ils correspondent, dans le monde des Esprits, aux criminels dans le vôtre. Ils arrivent à cette perversité à force de méconnaître les lois de Dieu ; dans leurs vies charnelles, ils tombent de chute en chute et les siècles se passent avant qu'il leur vienne une pensée de rénovation. Le mal est leur élément, ils s'y plongent avec délices ; mais obligés de se
réincarner, ils subissent de telles souffrances, et ces souffrances s'accroissent tellement dans leurs vies Spirites, que l'amour du mal s'use en eux ; ils finissent par comprendre qu'ils doivent céder à la voix de Dieu qui ne cesse de les appeler. On a vu des Esprits rebelles demander avec ardeur les expiations les plus terribles et les subir avec la joie du martyr. C'est un immense bonheur pour les purs Esprits que ces retours vers le bien. La parole du Christ, pour les brebis égarées, est éclatante de vérité.

Les Esprits errants du second ordre sont les intermédiaires entre les Esprits supérieurs et les mortels, car il est rare que les Esprits supérieurs se communiquent directement ; il faut qu'ils y soient poussés par une sollicitude particulière. Ces intermédiaires sont les Esprits des mortels qui n'ont aucun mal grave à se reprocher, et dont les intentions n'ont point été mauvaises. Ils reçoivent des missions, et quand ils les accomplissent avec zèle et amour ils en sont récompensés par un avancement plus rapide. Ils ont moins de migrations à subir ; aussi les Esprits désirent-ils ardemment ces missions qui ne leur sont accordées que comme récompense et quand on les juge capables de les remplir. Ce sont les Esprits supérieurs qui les dirigent et qui choisissent leurs fonctions.

Les Esprits supérieurs ne le sont pas tous au même degré ; s'ils sont dispensés des migrations dans vos mondes, ils ne le sont pas des conditions d'avancement dans les sphères plus élevées. Enfin il n'y a aucune lacune dans le monde visible et invisible ; un ordre admirable a pourvu à tout ; aucun être n'est oisif ou inutile ; tous concourent dans la mesure de leurs facultés à la perfection de l'œuvre de Dieu qui n'a ni terme ni limite.

Georges.


Le Châtiment
, Méd. Mad. Costel

Les Esprits méchants, égoïstes et durs, sont, aussitôt après la mort, livrés à un doute cruel sur leur destinée présente et future ; ils regardent autour d'eux, ils ne voient d'abord aucun sujet sur lequel puisse s'exercer leur méchante personnalité, et le désespoir s'empare d'eux, car l'isolement et l'inaction sont intolérables aux mauvais Esprits ; ils ne lèvent pas leurs regards vers les lieux habités par les purs Esprits ; ils considèrent ce qui les entoure, et bientôt frappés de l'abattement des Esprits faibles et punis, ils s'attachent à eux comme à une proie, s'armant du souvenir de leurs fautes passées, qu'ils mettent sans cesse en action par leurs gestes dérisoires. Cette moquerie ne leur suffisant pas, ils plongent sur la terre comme des vautours affamés ; ils cherchent parmi les hommes l'âme qui ouvrira un plus facile accès à leurs tentations ; ils s'en emparent, exaltent sa convoitise, tâchent d'éteindre sa foi en Dieu, et lorsque enfin, maîtres d'une conscience, ils voient leur proie assurée, ils étendent sur tout ce qui approche leur victime la fatale contagion.

Le mauvais Esprit qui exerce sa rage est presque heureux ; il ne souffre que dans les moments où il n'agit pas et dans ceux aussi où le bien triomphe du mal.

Cependant les siècles s'écoulent ; le mauvais Esprit sent tout à coup les ténèbres l'envahir ; son cercle d'action se resserre, sa conscience, muette jusqu'alors, lui fait sentir les pointes acérées du repentir. Inactif, emporté par le tourbillon, il erre, sentant, comme dit l'Ecriture, le poil de sa chair se dresser de frayeur ; bientôt un grand vide se fait en lui, autour de lui ; le moment est venu, il doit expier ; la réincarnation est-là, menaçante ; il voit, comme dans un mirage, les épreuves terribles qui l'attendent ; il voudrait reculer, il avance, et précipité dans le gouffre béant de la vie, il roule effaré jusqu'à ce que le voile de l'ignorance retombe sur ses yeux. Il vit, il agit, il est encore coupable ; il sent en lui je ne sais quel souvenir inquiet, quels pressentiments qui le font trembler, mais ne le font pas reculer dans la voie du mal. A bout de forces et de crimes, il va mourir. Étendu sur un grabat, ou sur son lit, qu'importe ! l'homme coupable sent, sous son apparente immobilité, se remuer et vivre un monde de sensations oubliées ! sous ses paupières fermées, il voit pointer une lueur, il entend des sons étranges ; son âme qui va quitter son corps s'agite impatiente, tandis que ses mains crispées essaient de s'accrocher aux draps ; il voudrait parler, il voudrait crier à ceux qui l'entourent : Retenez-moi ! Je vois le châtiment ! Il ne le peut ; la mort se fixe sur ses lèvres blêmies, et les assistants disent : le voilà en paix !

Cependant il entend tout ; il flotte autour de son corps qu'il ne voudrait pas abandonner, une force secrète l'attire ; il voit, il reconnaît ce qu'il a déjà vu. Éperdu, il s'élance dans l'espace où il voudrait se cacher. Plus de retraite ! plus de repos ! d'autres Esprits lui rendent le mal qu'il a fait, et châtié, raillé, confus à son tour, il erre et il errera jusqu'à ce que la divine lueur glisse dans son endurcissement et l'éclaire, pour lui montrer le Dieu vengeur, le Dieu triomphant de tout mal, qu'il ne pourra apaiser qu'à force de gémissements et d'expiations.
Georges.

Remarque. Jamais tableau plus éloquent, plus terrible et plus vrai n'a été tracé du sort du méchant ; est-il donc nécessaire d'avoir recours à la fantasmagorie des flammes et des tortures physiques ?


Mars
, Médium Mad. Costel

Mars est une planète inférieure à la terre dont elle est la grossière ébauche ; il n'est pas nécessaire de l'habiter. Mars est première incarnation des démons les plus grossiers ; les êtres qui l'habitent sont rudimentaires ; ils ont la forme humaine, mais sans aucune beauté ; ils ont tous les instincts de l'homme sans l'ennoblissement de la bonté.

Livrés aux besoins matériels, ils boivent, ils mangent, ils se battent, ils s'accouplent. Mais comme Dieu n'abandonne aucune de ses créatures, au fond des ténèbres de leur intelligence, gît, latente, la vague connaissance de lui-même développée plus ou moins. Cet instinct suffit pour les rendre supérieurs les uns aux autres, et préparer leur éclosion à une vie plus complète. La leur est courte, comme celle des éphémères. Les hommes, qui ne sont que matière, disparaissent après une courte évolution. Dieu a horreur du mal, et ne le tolère que comme servant de principe au bien ; il abrège son règne, et la résurrection triomphe de lui.

Dans cette planète la terre est aride ; peu de verdure ; un feuillage sombre que le printemps ne rajeunit pas ; un jour égal et gris ; le soleil, à peine apparent, ne prodigue jamais ses fêtes ; le temps coule monotone, sans les alternatives et les espérances des saisons nouvelles ; ce n'est pas l'hiver, ce n'est pas l'été. Le jour, plus court, ne se mesure pas de la même façon ; la nuit règne plus longue. Sans industrie, sans invention, les habitants de Mars dépensent leur vie à la conquête de leur nourriture. Leurs demeures grossières, basses comme des tanières, sont repoussantes par l'incurie et le désordre qui y règnent. Les femmes enchérissent sur les hommes ; plus abandonnées, plus faméliques, elles ne sont que leurs femelles. Elles ont à peine le sentiment maternel ; elles mettent au monde avec facilité, sans aucune angoisse ; elles nourrissent et gardent leurs petits auprès d'elles jusqu'au complet développement de leurs forces, et les chassent sans regret, sans un souvenir.

Ils ne sont pas cannibales ; leurs continuelles batailles n'ont d'autre but que la possession d'un terrain plus ou moins giboyeux. Ils chassent dans des plaines interminables. Inquiets et mobiles comme les êtres dépourvus d'intelligence, ils se déplacent sans cesse. L'égalité de la saison, partout la même, comporte par suite les mêmes besoins et les mêmes occupations ; il y a peu de différence entre les habitants d'un hémisphère à l'autre.

La mort n'a pour eux ni terreur ni mystère ; ils la regardent seulement comme la pourriture du corps qu'ils brûlent immédiatement. Lorsqu'un de ces hommes va mourir il est aussitôt abandonné, et seul, gisant, il pense pour la première fois ; un vague instinct le saisit ; comme l'hirondelle avertie de sa prochaine migration, il sent que tout n'est pas fini, qu'il va recommencer quelque chose d'inconnu. Il n'est pas assez intelligent pour supposer, craindre ou espérer, mais il calcule en hâte ses victoires ou ses défaites ; il pense au nombre de gibier qu'il a abattu, et se réjouit ou s'afflige selon les résultats obtenus. Sa femme (ils n'en ont jamais qu'une à la fois, mais qu'ils peuvent changer autant que cela leur convient) accroupie sur le seuil, jette en l'air des cailloux ; lorsqu'ils forment un petit monticule, elle juge que le temps est accompli et se hasarde à regarder dans l'intérieur ; si ses prévisions sont réalisées, si l'homme est mort, elle entre, sans un cri, sans une larme, le dépouille des peaux de bêtes qui l'enveloppent, et va froidement avertir ses voisins qui emportent le corps et le brûlent, à peine refroidi.

Les animaux, qui subissent partout le reflet humain, sont plus sauvages, plus cruels que partout ailleurs. Le chien et le loup ne sont qu'une même espèce, et sans cesse en lutte avec l'homme, ils lui livrent des combats acharnés. D'ailleurs, moins nombreux, moins variés que sur la terre, les animaux sont l'abrégé d'eux-mêmes.

Les éléments ont la colère aveugle du chaos ; la mer furieuse sépare les continents sans navigation possible ; le vent mugit et courbe les arbres jusqu'au sol. Les eaux submergent les terres ingrates qu'elles ne fécondent point. Le terrain n'offre pas les mêmes conditions géologiques que la terre ; le feu ne l'échauffe pas ; les volcans y sont inconnus ; les montagnes, à peine élevées, n'offrent aucune beauté ; elles lassent l'œil et découragent l'exploration ; partout enfin monotonie et violence ; partout la fleur sans la couleur et le parfum ; partout l'homme sans prévoyance, tuant pour vivre.
Georges.

Remarque. Pour servir de transition entre le tableau de Mars et celui de Jupiter, il faudrait celui d'un monde intermédiaire, de la Terre, par exemple, mais que nous connaissions suffisamment. En l'observant, il est aisé de reconnaître qu'il se rapproche plus de Mars que de Jupiter, puisqu'au sein même de la civilisation on trouve encore des êtres tout aussi abjects et tout aussi dépourvus de sentiments et d'humanité, qui vivent dans l'abrutissement le plus absolu, ne songent qu'aux besoins matériels, sans avoir jamais tourné leurs regards vers le ciel, et qui semblent venir de Mars en ligne directe.

Jupiter
, Méd. Mad. Costel


La planète de Jupiter, infiniment plus grande que la terre, ne présente pas le même aspect. Elle est inondée d'une lumière pure et brillante qui éclaire sans éblouir. Les arbres, les fleurs, les insectes, les animaux dont les vôtres sont le point de départ, y sont agrandis et perfectionnés ; la nature y est plus grandiose et plus variée ; la température est égale et délicieuse ; l'harmonie des sphères enchante les yeux et les oreilles. La forme des êtres qui l'habitent est la même que la vôtre, mais embellie, perfectionnée, et surtout purifiée. Nous ne sommes point soumis aux conditions matérielles de votre nature ; nous n'avons ni les besoins, ni les maladies qui en sont les conséquences. Nous sommes des âmes revêtues d'une enveloppe diaphane qui conserve les traits de nos migrations passées ; nous paraissons à nos amis tels qu'ils nous ont connus, mais illuminés par une lumière divine, transfigurés par nos impressions intérieures qui sont toujours élevées.

Jupiter est divisé, comme la terre, en un grand nombre de pays variés d'aspect, mais non de climat. Les différences de conditions y sont établies seulement par la supériorité morale et intelligente ; il n'y a ni maîtres ni esclaves ; les degrés plus élevés ne sont marqués que par les communications plus directes et plus fréquentes avec les Esprits purs, et par les fonctions plus importantes qui nous confiées. Vos habitations ne peuvent vous donner nulle idée des nôtres, puisque nous n'avons pas les mêmes besoins. Nous cultivons des arts arrivés à un degré de perfection inconnue parmi vous. Nous jouissons de spectacles sublimes, parmi lesquels ce que nous admirons davantage à mesure que nous le comprenons mieux, c'est l'inépuisable variété des créations, variétés harmonieuses qui ont le même point de départ et se perfectionnent dans le même sens. Tous les sentiments tendres et élevés de la nature humaine, nous les retrouvons agrandis et purifiés, et le désir incessant que nous avons de parvenir au rang des purs Esprits, n'est point un tourment, mais une noble ambition qui nous pousse à nous perfectionner. Nous étudions incessamment avec amour pour être élevés jusqu'à eux, ce que font aussi les êtres inférieurs pour arriver à nous égaler. Vos petites haines, vos mesquines jalousies nous sont inconnues ; un lien d'amour et de fraternité nous unit ; les plus forts aident les plus faibles. Dans votre monde vous avez besoin de l'ombre du mal pour sentir le bien, de la nuit pour admirer la lumière, de la maladie pour apprécier la santé. Ici, ces contrastes ne sont pas nécessaires ; l'éternelle lumière, l'éternelle bonté, l'éternel calme de l'âme, nous comblent d'une éternelle joie. Voilà ce que l'Esprit humain a le plus de peine à comprendre ; il a été ingénieux pour peindre les tourments de l'enfer, il n'a jamais pu se représenter les joies du ciel ; et pourquoi cela ? parce qu'étant inférieur, il n'a enduré que peines et misères et n'a point entrevu les célestes clartés ; il ne peut vous parler que de ce qu'il connaît, comme un voyageur décrit les pays qu'il a parcourus ; mais à mesure qu'il s'élève et s'épure, l'horizon s'éclaircit et il comprend le bien qui est devant lui, comme il a compris le mal qui est resté derrière lui.

Déjà d'autres Esprits ont cherché à vous faire comprendre, autant que le permet votre nature, l'état des mondes heureux, afin de vous exciter à suivre la seule route qui peut y conduire ; mais il en est parmi vous qui sont tellement attachés à la matière, qu'ils préfèrent encore les joies matérielles de la terre, aux joies pures qui attendent l'homme qui sait s'en détacher. Qu'ils en jouissent donc, pendant qu'ils y sont ! car un triste retour les attend, peut-être même dès cette vie. Ceux que nous choisissons pour nos interprètes sont les premiers à recevoir la lumière ; malheur à eux surtout s'ils ne profitent pas de la faveur que Dieu leur accorde, car sa justice s'appesantira sur eux !
Georges.


Les purs Esprits
, Médium, Mad. Costel

Les purs Esprits sont ceux qui arrivés au plus haut degré de perfection, sont jugés dignes d'être admis aux pieds de Dieu. La splendeur infinie qui les environne ne les dispense point de leur part d'utilité dans les œuvres de la création : les fonctions qu'ils ont à remplir correspondent à l'étendue de leurs facultés. Ces Esprits sont les ministres de Dieu ; ils régissent sous ses ordres les mondes innombrables ; ils dirigent de haut les Esprits et les humains ; ils sont liés entre eux par un amour sans bornes, et cette ardeur s'étend sur tous les êtres qu'ils cherchent à appeler et à rendre dignes de la suprême félicité. Dieu rayonne sur eux et leur transmet ses ordres ; ils le voient sans être accablés de sa lumière.

Leur forme est éthérée, ils n'ont plus rien de palpable ; ils parlent aux Esprits supérieurs et leur communiquent leur science ; ils sont devenus infaillibles. C'est dans leurs rangs que sont choisis les anges gardiens qui abaissent avec bonté leurs regards sur les mortels, et les recommandent aux Esprits supérieurs qui les ont aimés. Ceux-ci choisissent les agents de leur direction dans les Esprits du second ordre. Les purs Esprits sont égaux ; il n'en peut être autrement, puisqu'ils ne sont appelés à ce rang qu'après avoir atteint le plus haut degré de perfection. Il y a égalité, mais non uniformité, car Dieu n'a pas voulu qu'aucune de ses œuvres fût identique. Les Esprits purs conservent leur personnalité qui a seulement acquis la perfection la plus complète dans le sens de son point de départ.

Il n'est pas permis de donner de plus grands détails sur ce monde suprême.
Georges.


Séjour des bienheureux
, Mad. Costel,

médium Parlons des dernières spirales de gloire habitées par les purs Esprits ; nul ne les atteint avant d'avoir traversé les cycles des Esprits errants. Jupiter est le plus haut degré de l'échelle ; lorsqu'un Esprit, longtemps purifié par son séjour dans cette planète est jugé digne de la suprême félicité, il en est averti par un redoublement d'ardeur ; un feu subtile anime toutes les parties délicates de son intelligence qui semble rayonner et devenir visible ; éblouissant, transfiguré, il éclaire le jour qui semblait si radieux aux yeux des habitants de Jupiter ; ses frères reconnaissent l'élu du Seigneur, et tremblants, s'agenouillent devant sa volonté. Cependant l'Esprit choisi s'élève, et les cieux, dans leur suprême harmonie, lui révèlent des beautés indescriptibles.

A mesure qu'il monte, il comprend, non plus comme dans l'erraticité, non plus voyant l'ensemble des choses créées, comme dans Jupiter, mais embrassant l'infini. Son intelligence transfigurée s'élance comme une flèche jusqu'à Dieu sans tremblement et sans erreur, comme dans un foyer immense alimenté par mille objets divers. L'amour, dans ces divers Esprits revêt la couleur de leur personnalité éprouvée ; ils se reconnaissent ; ils jouissent les uns par les autres. Leurs vertus reflétées, répercutent pour ainsi dire, les délices de la vue de Dieu et s'augmentent incessamment du bonheur de chaque élu. Mer d'amour que chaque affluent grossit, ces forces pures ne restent pas plus inactives que les forces des autres des autres sphères. Investies aussitôt du don d'ubiquité, elles embrassent à la fois les détails infinis de la vie humaine depuis son éclosion, jusqu'à ses dernières étapes. Irrésistible comme le jour, leur vue pénètre partout à la fois, et, actifs comme la puissance qui les meut, ils répandent les volontés du Seigneur. Comme d'une urne pleine s'échappe le flot bienfaisant, leur bonté universelle échauffe les mondes et confond le mal.

Ces divers interprètes ont pour ministres de leur puissance les Esprits déjà épurés. Ainsi tout s'élève, tout se perfectionne, et la charité rayonne sur les mondes qu'elle nourrit de sa puissante mamelle.

Les purs Esprits ont pour attribut la possession de tout ce qui est bien et vrai, car ils possèdent Dieu, le principe lui-même. La pauvre pensée humaine limite tout ce qu'elle comprend et n'admet pas l'infini que le bonheur ne limite pas. Après Dieu, que peut-il y avoir ? Dieu encore, Dieu toujours ; le voyageur voit les horizons succéder aux horizons et l'un n'est que le commencement de l'autre ; ainsi l'infini se déroule incessamment. La joie la plus immense des purs Esprits est précisément cette étendue aussi profonde que l'éternité elle-même.

On ne peut dépeindre une grâce, une flamme, un rayon ; je ne puis dépeindre les purs Esprits. Plus vifs, plus beaux, plus éclatants que ne le sont les images les plus éthérées, un mot résume leur être, leur pouvoir et leurs jouissances : Amour ! Remplissez de ce mot l'espace qui sépare la terre du ciel, et vous n'aurez encore que l'idée d'une goutte d'eau dans la mer. L'amour terrestre, quelque grossier qu'il soit, peut seul vous faire connaître sa divine réalité.
Georges.


La réincarnation
, par M. de Grand-Boulogne,

médium Il y a dans la doctrine de la réincarnation une économie morale qui n'échappe pas à ton intelligence.

La corporéité seule étant compatible avec les actes de vertu, et ces actes étant nécessaires à l'amélioration de l'Esprit, celui-ci doit rarement trouver dans une seule existence les circonstances nécessaires à son amélioration au-dessus de l'humanité.

Etant admis que la justice de Dieu ne peut s'allier avec des peines éternelles, la raison doit conclure à la nécessité : 1° d'une période de temps pendant laquelle l'Esprit examine son passé, et forme ses résolutions pour l'avenir ; 2° d'une existence nouvelle en harmonie avec l'avancement actuel de cet Esprit. Je ne parle pas des supplices, quelquefois terribles, auxquels sont condamnés certains Esprits pendant la période de l'erraticité ; ils répondent d'une part à l'énormité de la faute, de l'autre à la justice de Dieu. Ceci en dit assez pour dispenser de donner des détails que tu rencontreras d'ailleurs dans l'étude des évocations. Revenant aux réincarnations, tu en comprendras la nécessité par une comparaison vulgaire, mais saisissante de vérité.

Après une année d'études, qu'arrive-t-il au jeune collégien ? S'il a progressé, il passe dans une classe supérieure ; s'il est resté immobile dans son ignorance, il redouble sa classe. Va plus loin ; suppose des fautes graves : il est expulsé ; il peut errer de collège en collège ; il peut être chassé de l'Université, et peut aller de la maison d'éducation à la maison de correction. Telle est l'image fidèle du sort des Esprits, et rien ne satisfait plus complètement la raison. Veut-on creuser plus profondément la doctrine ? On verra combien, dans ces idées, la justice de Dieu paraît plus parfaite et plus conforme aux grandes vérités qui dominent notre intelligence.

Dans l'ensemble, comme dans les détails, il y a là quelque chose de si saisissant que l'Esprit qui y est initié pour la première fois en est comme illuminé. Et les reproches murmurés contre la Providence ; et les malédictions contre la douleur ; et le scandale du vice heureux en face de la vertu qui souffre ; et la mort prématurée de l'enfant ; et, dans une même famille, de ravissantes qualités donnant pour ainsi dire la main à une perversité précoce ; et les infirmités qui datent du berceau ; et la diversité infinie des destinées, soit chez les individus, soit chez les peuples, problèmes irrésolus jusqu'à ce jour, énigmes qui ont fait douter de la bonté et presque de l'existence de Dieu, tout cela s'explique à la fois. Un pur rayon de lumière s'étend sur l'horizon de la philosophie nouvelle, et dans son cadre immense, se groupent harmonieusement toutes les conditions de l'existence humaine. Les difficultés s'aplanissent, les problèmes se résolvent, et des mystères impénétrables jusqu'à ce jour se résument et s'expliquent dans ce seul mot : réincarnation.

Je lis dans ta pensée, cher chrétien ; tu dis : voici, pour le coup, une véritable hérésie. Pas plus, mon enfant, que la négation de l'éternité des peines. Aucun dogme pratique n'est contradictoire avec cette vérité. Qu'est-ce que la vie humaine ? Le temps pendant lequel l'Esprit reste uni à un corps. Les philosophes chrétiens, au jour marqué par Dieu, n'auront aucune difficulté à dire que la vie est multiple. Cela n'ajoute ni ne change rien à vos devoirs. La morale chrétienne reste debout, et le souvenir de la Mission de Jésus plane toujours sur l'humanité. La religion n'a rien à redouter de cet enseignement, et le jour n'est pas loin où ses ministres ouvriront les yeux à la lumière ; ils reconnaîtront enfin, dans la révélation nouvelle, les secours que, du fond de leurs basiliques, ils implorent du Ciel. Ils croient que la société va périr : elle va être sauvée.
ZÉnon.


Le Réveil de l'Esprit
, Mad. Costel, médium Lorsque

l'homme quitte sa dépouille mortelle, il éprouve un étonnement et un éblouissement qui le tiennent quelque temps indécis sur son état réel ; il ne sait s'il est mort ou vivant, et ses sensations très confuses, sont assez longtemps à s'éclaircir. Peu à peu, les yeux de son Esprit sont éblouis des diverses clartés qui l'environnent ; il suit tout un ordre de choses, grandes et inconnues, qu'il a d'abord peine à comprendre, mais bientôt il reconnaît qu'il n'est plus qu'un être impalpable et immatériel ; il cherche sa dépouille, et s'étonne de ne pas la trouver ; il est quelque temps avant que la mémoire du passé lui revienne, et le convainque de son identité. En regardant la terre qu'il vient de quitter, il voit ses parents et ses amis qui le pleurent, et son corps inerte. Enfin ses yeux se détachent de la terre et s'élèvent vers le ciel ; si la volonté de Dieu ne le retient pas au sol, il monte lentement et se sent flotter dans l'espace, ce qui est une sensation délicieuse. Alors le souvenir de la vie qu'il quitte lui apparaît avec une clarté, désolante le plus souvent, mais consolante quelquefois. Je te parle ici de ce que j'ai éprouvé, moi qui ne suis pas un mauvais esprit, mais qui n'ai pas le bonheur d'occuper un rang élevé. On se dépouille de tous les préjugés terrestres ; la vérité apparaît dans toute sa lumière ; rien ne pallie les fautes ; rien ne cache les vertus ; on voit son âme aussi clairement que dans un miroir ; on cherche parmi les Esprits ceux que l'on a connus, car l'Esprit s'effraie de son isolement, mais ils passent sans s'arrêter ; il n'y a pas de communications amicales entre les Esprits errants ; ceux mêmes qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; ces formes diaphanes glissent et ne se fixent pas ; les communications affectueuses sont réservées aux Esprits supérieurs qui échangent leurs pensées. Quant à nous, notre état transitoire ne sert qu'à notre avancement dont rien ne doit nous distraire, les seules communications qui nous soient permises sont avec les humains, parce qu'elles ont un but d'utilité mutuelle que Dieu prescrit.

Les mauvais Esprits contribuent aussi à l'amélioration humaine : ils servent aux épreuves ; si on leur résiste, on acquiert des mérites. Les Esprits qui dirigent les hommes sont récompensés par un grand adoucissement de leurs peines. Les Esprits errants ne souffrent pas de l'absence de communications entre eux, parce qu'ils savent qu'ils se retrouveront ; ils n'en ont que plus d'ardeur pour arriver au moment où les épreuves accomplies leur rendront les objets de leur affection qui ne peut s'exprimer, mais qui gît, latente, en eux. Aucun des liens que nous avons contractés sur la terre n'est brisé ; nos sympathies se rétabliront dans l'ordre où elles auront existé, plus ou moins vives selon le degré de chaleur ou d'intimité qu'elles auront eu.
Georges.


Progrès des Esprits
, Médium, Mad. Costel

Les Esprits peuvent avancer intellectuellement, s'ils le veulent sincèrement et avec fermeté ; ils ont, comme les hommes, leur libre arbitre, et leur état errant n'empêche pas l'exercice de leurs facultés ; il y aide même en leur donnant des moyens d'observation dont ils peuvent profiter.

Les mauvais Esprits ne sont pas fatalement condamnés à rester tels ; ils peuvent s'améliorer, mais ils le veulent rarement, car ils manquent de discernement, et trouvent une sorte de plaisir malsain au mal qu'ils font. Pour, qu'ils reviennent au bien, il faut qu'ils soient violemment frappés et punis ; car leurs cerveaux ténébreux ne s'éclairent que par le châtiment.

Les Esprits faibles qui ne font pas le mal par plaisir, mais qui n'avancent point, sont retenus par leur faiblesse même, et par une sorte d'engourdissement qui paralyse leurs facultés ; ils vont sans savoir où ; le temps se passe sans qu'ils le mesurent ; ils s'intéressent peu à ce qu'ils voient, et n'en tirent pas profit ou s'en révoltent. Il faut être arrivé à un certain degré d'avancement moral pour pouvoir progresser dans l'état d'erraticité ; aussi ces pauvres Esprits choisissent-ils souvent fort mal leurs épreuves ; ils cherchent surtout à être le mieux possible dans leur vie charnelle, sans beaucoup s'inquiéter de ce qu'ils deviendront au-delà. Ces Esprits faibles aspirent ardemment à l'incarnation, non pour s'épurer, mais pour vivre encore. Les êtres qui ont accompli beaucoup de migrations sont plus expérimentés que les autres ; chacune de leurs existences a déposé en eux une somme de connaissances plus considérable ; ils ont vu et retenu ; ils sont moins naïfs que ceux qui sont rapprochés de leur point de départ.

Les Esprits qui sont partis de la terre s'y réincarnent plus souvent que partout ailleurs, parce que l'expérience qu'ils ont acquise y est plus applicable. Ils ne visitent guère les autres mondes qu'avant ou après leur perfectionnement. Dans chaque planète les conditions de l'existence sont différentes, car Dieu est inépuisable dans la variété de ses œuvres ; pourtant les êtres qui les habitent obéissent aux mêmes lois d'expiation, et tendent tous vers le même but de complète perfection.
Georges.


La Charité matérielle et la charité morale
, Médium, Mad. de B…

« Aimons-nous les uns les autres et faisons à autrui ce que nous voudrions qui nous fût fait. » Toute la religion, toute la morale se trouvent enfermées dans ces deux préceptes ; s'ils étaient suivis ici-bas, nous serions tous parfaits : plus de haines, plus de dissentiments ; je dirai plus encore : plus de pauvreté, car du superflu de la table de chaque riche, bien des pauvres se nourriraient, et vous ne verriez plus, dans les sombres quartiers que j'ai habités pendant ma dernière incarnation, de pauvres femmes traînant après elles de misérables enfants manquant de tout.

Riches ! pensez un peu à cela ; aidez de votre mieux les malheureux ; donnez, pour que Dieu vous rende un jour le bien que vous aurez fait, pour que vous trouviez un jour, au sortir de votre enveloppe terrestre, un cortège d'Esprits reconnaissants qui vous recevront au seuil d'un monde plus heureux.

Si vous pouviez savoir la joie que j'ai éprouvée en retrouvant là-haut ceux que j'avais pu obliger dans ma dernière vie ! Donnez, et aimez votre prochain ; aimez-le comme vous-même, car vous le savez, vous aussi, maintenant que Dieu a permis que vous commenciez à vous instruire dans la science spirite, ce malheureux que vous repoussez est peut-être un frère, un père, un fils, un ami que vous rejetez loin de vous, et alors quel sera votre désespoir un jour en le reconnaissant dans ce monde spirite !

Je souhaite que vous compreniez bien ce que peut être la charité morale, celle que chacun peut pratiquer ; celle qui ne coûte rien de matériel, et cependant celle qui est la plus difficile à mettre en pratique.

La charité morale consiste à se supporter les uns les autres, et c'est ce que vous faites le moins, en ce bas monde où vous êtes incarnés pour le moment. Soyez donc charitables, parce que vous avancerez le plus dans la bonne voie ; soyez humains et supportez-vous les uns les autres. Il y a un grand mérite à savoir se taire pour laisser parler un plus sot que soi ; et c'est là un genre de charité. Savoir être sourd quand un mot moqueur s'échappe d'une bouche habituée à railler ; ne pas voir le sourire dédaigneux qui accueille votre entrée chez des gens qui, souvent à tort, se croient au-dessus de vous, tandis que, dans la vie spirite, la seule réelle, ils en sont quelquefois bien loin ; voilà un mérite, non pas d'humilité, mais de charité ; car ne pas remarquer les torts d'autrui, voilà la charité morale. En passant près d'un pauvre infirme, le regarder avec compassion, a toujours bien plus de mérite que de lui jeter avec mépris son obole.

Cependant il ne faudrait pas prendre cette figure à la lettre, car cette charité ne doit pas empêcher l'autre ; mais pensez surtout à ne pas mépriser votre semblable ; rappelez-vous ce que je vous ai déjà dit : Il faut se souvenir sans cesse que, dans le pauvre rebuté, vous repoussez peut-être un Esprit qui vous a été cher, et qui se trouve momentanément dans une position inférieure à la vôtre. J'ai revu un des pauvres de votre terre que j'avais pu, par bonheur, obliger quelquefois, et qu'il m'arrive maintenant d'implorer à mon tour.

Soyez donc charitables ; ne soyez pas dédaigneux ; sachez laisser passer un mot qui vous blesse, et ne croyez pas qu'être charitable soit seulement de donner le matériel, mais aussi de pratiquer la charité morale. Je vous le répète, faites l'un et l'autre. Rappelez-vous que Jésus a dit que nous sommes frères, et pensez toujours à cela avant de repousser le lépreux ou le mendiant. Je reviendrai encore vous donner une plus longue communication, mais je suis rappelée. Adieu ; pensez à ceux qui souffrent, et priez.
Sœur Rosalie.


L'Electricité de la pensée
, Médium, Mad. Costel

Je vous parlerai de l'étrange phénomène qui se passe dans les assemblées, quel que soit leur caractère ; je veux parler de l'électricité de la pensée, qui se répand, comme par enchantement, dans les cerveaux les moins préparés à le recevoir. Ce fait seul aurait dû confirmer le magnétisme aux yeux des plus incrédules. Je suis surtout frappée de la coexistence des phénomènes, et de la façon dont ils se confirment les uns les autres ; vous direz sans doute : le Spiritisme les explique tous, car il donne la raison des faits, jusqu'alors relégués dans le domaine de la superstition. Il faut croire à ce qu'il vous enseigne, parce qu'il transforme la pierre en diamant, c'est-à-dire, qu'il élève sans cesse les âmes qui s'appliquent à le comprendre, et qu'il leur donne, sur cette terre, la patience pour supporter leurs maux, et leur procure, dans le ciel, l'élévation glorieuse qui rapproche du Créateur.

J'en reviens à mon point de départ dont je me suis un peu écartée, l'électricité qui unit l'Esprit des hommes assemblés, et leur fait comprendre à tous en même temps, la même idée ; cette électricité sera un jour employée aussi efficacement entre les hommes qu'elle l'est déjà pour leurs communications éloignés. Je vous indique cette idée ; je la développerai un jour, car elle est très féconde. Conservez le calme dans vos travaux, et comptez sur la bienveillance des bons Esprits pour vous assister.
Je vais compléter ma pensée qui est restée inachevée dans ma dernière communication. Je vous parlais de l'électricité de la pensée, et je disais qu'un jour elle serait employée comme l'est sa sœur l'électricité physique. En effet, les hommes réunis dégagent un fluide qui leur transmet avec la rapidité de l'éclair les moindres impressions. Pourquoi n'a-t-on jamais songé à employer ce moyen, pour découvrir un criminel par exemple, ou pour faire comprendre aux masses les vérités de la religion ou du Spiritisme ? Lors des grands procès criminels, ou politiques, les assistants des drames judiciaires, ont tous pu constater le courant magnétique qui forçait peu à peu les gens les plus intéressés à cacher leur pensée, à la découvrir, à s'accuser même, ne pouvant plus supporter la pression électrique qui faisait malgré eux, jaillir la vérité, non pas de leur conscience, mais de leur poitrine ; à part ces grandes émotions, le même phénomène se reproduit pour les idées intellectuelles qui se communiquent de cerveau à cerveau ; le moyen est donc trouvé, il s'agit de l'appliquer : réunir, dans un même centre, des hommes convaincus, ou des hommes instruits, et leur opposer l'ignorance, ou le vice. Ces expériences doivent être faites sciemment, et sont plus importantes que les vains débats portant sur des mots.

Delphine de Girardin.


L'Hypocrisie
, Médium, M. Didier fils

Il devrait y avoir sur la terre deux camps bien distincts : les hommes qui font le bien ouvertement et ceux qui font le mal ouvertement. Hé bien ! non. L'homme n'est même pas franc dans le mal ; il affecte la vertu. Hypocrisie ! hypocrisie ! déesse puissante, que de tyrans tu as élevés ! que d'idoles tu as fait adorer ! Le cœur de l'homme est vraiment bien étrange, puisqu'il peut battre lorsqu'il est mort ; puisqu'il peut aimer en apparence l'honneur, la vertu, la vérité, la charité ! l'homme chaque jour se prosterne devant ces vertus, et chaque jour il manque de parole, chaque jour il méprise le pauvre et le Christ ; chaque jour il ment, chaque jour il est tartuffe ! Que d'hommes paraissent honnêtes par le moyen que l'apparence trompe souvent ! Christ les appelait sépulcres blanchis, c'est-à-dire la pourriture au-dedans, le marbre au dehors étincelant au soleil. Homme ! tu ressembles effectivement à cette demeure de la mort, et tant que ton cœur sera mort, Jésus ne t'inspirera pas ; Jésus, cette lumière divine qui n'éclaire pas extérieurement, mais qui illumine intérieurement.

L'hypocrisie, c'est le vice de votre époque, entendez-vous bien ; et vous voulez vous faire grands par l'hypocrisie ! Au nom de la liberté, vous vous agrandissez ; au nom de la morale, vous vous abrutissez ; au nom de la vérité, vous mentez.
Lamennais.

Allan Kardec.

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