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REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Juillet
Juillet
AVISLes bureaux de la REVUE SPIRITE et le domicile particulier de M. AL- LAN KARDEC, sont transférés rue Sainte-Anne, 59, passage Sainte-Anne.
Bulletin de la société parisienne des études spirites
Vendredi le 1 juin 1860. Séance particulière
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 25 mai.
Sur l'avis du comité, et après rapport verbal, la Société admet au nombre des associés libres :
Madame E…, de Vienne (Autriche).
Affaires administratives. Le comité propose et la Société adopte les deux propositions suivantes :
1° La Société, considérant qu'aux termes de l'art. 16 de son règlement, la fin du mois d'avril peut faire connaître l'intention de certains membres de se retirer ;
Que si les nominations du bureau et du comité étaient faites avant cette époque, elles pourraient porter sur des membres qui ne continueraient pas à en faire partie ;
Qu'il ne serait pas rationnel que ceux qui seraient dans cette intention participassent aux nominations ;
Arrête ce qui suit :
« Les nominations du bureau et du comité se feront dans la première séance du mois de mai. Les membres en exercice continueront leurs fonctions jusqu'à cette époque. »
2° La Société, considérant qu'une absence trop prolongée et non prévue des membres du bureau et du comité peut entraver la marche des travaux ;
Arrête ce qui suit :
« Les membres du bureau et du comité qui auront été absents pendant trois mois consécutifs, sans en avoir donné avis, seront censés avoir résigné leurs fonctions, et il sera pourvu à leur remplacement. »
Communications diverses. 1° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame L…, sur l'honnêteté relative, et signée Georges, Esprit familier.
2° Autre, de madame Schmit, sur l'Influence du médium sur l'Esprit, signée Alfred de Musset.
3° Relation d'un fait concernant deux personnes, dont l'une est une jeune fille pauvre, et dont les rapports actuels sont une conséquence de ceux qui existaient entre elles dans leur précédente existence. Des circonstances, en apparence fortuites, les ont mises en relation, et toutes deux ont éprouvé l'une pour l'autre une sympathie qui s'est révélée par une coïncidence singulière de puissance médianimique. Un Esprit supérieur étant interrogé sur certains faits, il fut dit que la jeune personne ayant été la fille de l'autre dans sa précédente existence et en ayant été abandonnée, elle avait été placée sur sa route, dans son existence actuelle, afin de lui fournir l'occasion de réparer ses torts envers elle en la protégeant, ce que cette dernière est bien décidée à faire, quoique sa position à elle-même soit assez précaire, puisqu'elle ne vit que de son travail.
Ce fait, qui emprunte un plus grand intérêt des détails, vient à l'appui de ce qui a souvent été dit sur certaines sympathies dont la cause remonte à des existences précédentes.
Ce principe donne, sans contredit, une raison d'être de plus au sentiment fraternel qui fait une loi de la charité et de la bienveillance, car il resserre et multiplie les liens qui doivent unir l'humanité.
Etudes. 1° Évocation de la grande Françoise, l'une des principales convulsionnaires de Saint-Médard, et dont une première évocation a été publiée (voir numéro de mai 1860). Cet Esprit est appelé de nouveau sur sa demande faite dans le but de rectifier l'opinion qu'il aimait émise sur le diacre Pâris. Il s'accuse de l'avoir calomnié en dénaturant ses intentions, et pense que la rétractation qu'il fait spontanément lui épargnera la punition qu'il avait encourue pour ce fait.
Sur l'avis du comité, et après rapport verbal, la Société admet au nombre des associés libres :
Madame E…, de Vienne (Autriche).
Affaires administratives. Le comité propose et la Société adopte les deux propositions suivantes :
1° La Société, considérant qu'aux termes de l'art. 16 de son règlement, la fin du mois d'avril peut faire connaître l'intention de certains membres de se retirer ;
Que si les nominations du bureau et du comité étaient faites avant cette époque, elles pourraient porter sur des membres qui ne continueraient pas à en faire partie ;
Qu'il ne serait pas rationnel que ceux qui seraient dans cette intention participassent aux nominations ;
Arrête ce qui suit :
« Les nominations du bureau et du comité se feront dans la première séance du mois de mai. Les membres en exercice continueront leurs fonctions jusqu'à cette époque. »
2° La Société, considérant qu'une absence trop prolongée et non prévue des membres du bureau et du comité peut entraver la marche des travaux ;
Arrête ce qui suit :
« Les membres du bureau et du comité qui auront été absents pendant trois mois consécutifs, sans en avoir donné avis, seront censés avoir résigné leurs fonctions, et il sera pourvu à leur remplacement. »
Communications diverses. 1° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame L…, sur l'honnêteté relative, et signée Georges, Esprit familier.
2° Autre, de madame Schmit, sur l'Influence du médium sur l'Esprit, signée Alfred de Musset.
3° Relation d'un fait concernant deux personnes, dont l'une est une jeune fille pauvre, et dont les rapports actuels sont une conséquence de ceux qui existaient entre elles dans leur précédente existence. Des circonstances, en apparence fortuites, les ont mises en relation, et toutes deux ont éprouvé l'une pour l'autre une sympathie qui s'est révélée par une coïncidence singulière de puissance médianimique. Un Esprit supérieur étant interrogé sur certains faits, il fut dit que la jeune personne ayant été la fille de l'autre dans sa précédente existence et en ayant été abandonnée, elle avait été placée sur sa route, dans son existence actuelle, afin de lui fournir l'occasion de réparer ses torts envers elle en la protégeant, ce que cette dernière est bien décidée à faire, quoique sa position à elle-même soit assez précaire, puisqu'elle ne vit que de son travail.
Ce fait, qui emprunte un plus grand intérêt des détails, vient à l'appui de ce qui a souvent été dit sur certaines sympathies dont la cause remonte à des existences précédentes.
Ce principe donne, sans contredit, une raison d'être de plus au sentiment fraternel qui fait une loi de la charité et de la bienveillance, car il resserre et multiplie les liens qui doivent unir l'humanité.
Etudes. 1° Évocation de la grande Françoise, l'une des principales convulsionnaires de Saint-Médard, et dont une première évocation a été publiée (voir numéro de mai 1860). Cet Esprit est appelé de nouveau sur sa demande faite dans le but de rectifier l'opinion qu'il aimait émise sur le diacre Pâris. Il s'accuse de l'avoir calomnié en dénaturant ses intentions, et pense que la rétractation qu'il fait spontanément lui épargnera la punition qu'il avait encourue pour ce fait.
Saint Louis complète cette communication par des renseignements sur les mondes affectés au châtiment des Esprits coupables.
2° Examen analytique et critique des communications de Charlet sur les animaux. L'Esprit développe, complète et rectifie certaines assertions qui avaient paru obscures ou erronées. Cet examen sera continué dans la prochaine séance. (Publié ci-après.)
3° Deux dictées spontanées sont obtenues, la première par mademoiselle Huet sur la continuation des Mémoires d'un Esprit ; la deuxième par madame Lesc…, et signée Georges, son Esprit familier, sur l'examen critique que la Société se propose de faire des communications spirites. L'Esprit approuve beaucoup ce genre d'étude, et le regarde comme un moyen de prévenir les fausses communications.
Vendredi 8 juin 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 1° juin.
Madame Vve G…, ancien membre titulaire, n'étant pas portée sur la liste arrêtée le 30 avril, en exécution du nouveau règlement de la Société, écrit pour expliquer les motifs de son abstention, et demande à être réintégrée comme associée libre. Sur l'avis du comité, la Société admet madame G… en cette qualité.
Communications diverses. 1° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, et signée Delphine de Girardin, sur les premières impressions d'un Esprit. Elle présente un tableau poétique et très vrai des sensations que l'Esprit éprouve en quittant la terre.
2° Autre, du même médium, signée Alfred de Musset, intitulée Aspirations d'un Esprit.
3° M. M…, de Metz, rend compte d'un fait intéressant qui lui est personnel, sur l'influence qu'un médium peut exercer sur une autre personne pour développer en elle la faculté médianimique. C'est par ce moyen que cette faculté a été développée chez M. M… ; mais ce qu'il y a eu de particulier en cette circonstance, c'est la constatation de l'action à distance. Le médium étant à Châlons, et M. M… à Metz, convinrent d'une heure pour faire l'épreuve, et M. M… a pu constater les moments précis où le médium l'influençait ou cessait d'agir ; bien plus, il écrivit les impressions morales que ressentait le médium et dont il ne pouvait avoir aucun soupçon, et, de son côté, le médium écrivit les mêmes mots que traçait M. M….
Il s'est de plus produit chez ce même médium un fait très curieux d'écriture directe spontanée, c'est-à-dire sans provocation et sans aucune intention de sa part, car il n'y songeait nullement. Plusieurs mots, qui ne pouvaient avoir d'autre origine, quand on connaît les circonstances, se sont trouvés écrits inopinément, en vue d'une intention bien manifeste, et appropriés à la situation. Le médium, ayant essayé de provoquer une nouvelle manifestation semblable, ne réussit pas.
Etudes. 1° Questions diverses adressées à saint Louis, 1° sur l'état des Esprits ; 2° sur ce que l'on doit entendre par la sphère ou la planète des fleurs dont parlent quelques Esprits ; 3° sur les facultés intellectuelles latentes ; 4° sur les signes de reconnaissance pour constater l'identité des Esprits.
2° Evocation d'Antoine T…, disparu depuis un certain nombre d'années sans laisser d'indices sur son sort. Une première évocation ayant été reconnue inexacte, il en explique la cause, et donne de nouveaux détails sur sa personne. L'expérience fera connaître s'ils sont plus véridiques que les premiers.
3° Evocation de l'astrologue Vogt, de Munich, suicidé le 4 mai 1860. Son Esprit, peu dégagé, est encore sous l'empire des idées qui l'avaient préoccupé pendant sa vie.
4° Deux dictées spontanées sont obtenues simultanément, la première par M. Didier fils, sur la Fatalité, signé Lamennais ; la deuxième par madame Lesc…, signée Delphine de Girardin, sur les Mascarades humaines.
Vendredi 15 juin 1860. Séance particulière 2° Examen analytique et critique des communications de Charlet sur les animaux. L'Esprit développe, complète et rectifie certaines assertions qui avaient paru obscures ou erronées. Cet examen sera continué dans la prochaine séance. (Publié ci-après.)
3° Deux dictées spontanées sont obtenues, la première par mademoiselle Huet sur la continuation des Mémoires d'un Esprit ; la deuxième par madame Lesc…, et signée Georges, son Esprit familier, sur l'examen critique que la Société se propose de faire des communications spirites. L'Esprit approuve beaucoup ce genre d'étude, et le regarde comme un moyen de prévenir les fausses communications.
Vendredi 8 juin 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 1° juin.
Madame Vve G…, ancien membre titulaire, n'étant pas portée sur la liste arrêtée le 30 avril, en exécution du nouveau règlement de la Société, écrit pour expliquer les motifs de son abstention, et demande à être réintégrée comme associée libre. Sur l'avis du comité, la Société admet madame G… en cette qualité.
Communications diverses. 1° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, et signée Delphine de Girardin, sur les premières impressions d'un Esprit. Elle présente un tableau poétique et très vrai des sensations que l'Esprit éprouve en quittant la terre.
2° Autre, du même médium, signée Alfred de Musset, intitulée Aspirations d'un Esprit.
3° M. M…, de Metz, rend compte d'un fait intéressant qui lui est personnel, sur l'influence qu'un médium peut exercer sur une autre personne pour développer en elle la faculté médianimique. C'est par ce moyen que cette faculté a été développée chez M. M… ; mais ce qu'il y a eu de particulier en cette circonstance, c'est la constatation de l'action à distance. Le médium étant à Châlons, et M. M… à Metz, convinrent d'une heure pour faire l'épreuve, et M. M… a pu constater les moments précis où le médium l'influençait ou cessait d'agir ; bien plus, il écrivit les impressions morales que ressentait le médium et dont il ne pouvait avoir aucun soupçon, et, de son côté, le médium écrivit les mêmes mots que traçait M. M….
Il s'est de plus produit chez ce même médium un fait très curieux d'écriture directe spontanée, c'est-à-dire sans provocation et sans aucune intention de sa part, car il n'y songeait nullement. Plusieurs mots, qui ne pouvaient avoir d'autre origine, quand on connaît les circonstances, se sont trouvés écrits inopinément, en vue d'une intention bien manifeste, et appropriés à la situation. Le médium, ayant essayé de provoquer une nouvelle manifestation semblable, ne réussit pas.
Etudes. 1° Questions diverses adressées à saint Louis, 1° sur l'état des Esprits ; 2° sur ce que l'on doit entendre par la sphère ou la planète des fleurs dont parlent quelques Esprits ; 3° sur les facultés intellectuelles latentes ; 4° sur les signes de reconnaissance pour constater l'identité des Esprits.
2° Evocation d'Antoine T…, disparu depuis un certain nombre d'années sans laisser d'indices sur son sort. Une première évocation ayant été reconnue inexacte, il en explique la cause, et donne de nouveaux détails sur sa personne. L'expérience fera connaître s'ils sont plus véridiques que les premiers.
3° Evocation de l'astrologue Vogt, de Munich, suicidé le 4 mai 1860. Son Esprit, peu dégagé, est encore sous l'empire des idées qui l'avaient préoccupé pendant sa vie.
4° Deux dictées spontanées sont obtenues simultanément, la première par M. Didier fils, sur la Fatalité, signé Lamennais ; la deuxième par madame Lesc…, signée Delphine de Girardin, sur les Mascarades humaines.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 8 mai.
Sur l'avis du comité, la Société reçoit comme associés libres :
M. le comte N…, de Moscou.
M. P…, propriétaire à Paris.
Communications diverses. 1° Lecture d'une lettre qui constate que dans certaines localités le clergé s'occupe sérieusement de l'étude du Spiritisme, et que des membres très éclairés de ce corps en parlent comme d'une chose appelée à exercer une grande influence sur les relations sociales.
2° Lecture d'une évocation particulière faite chez M. Allan Kardec, de M. J… fils, de Saint-Etienne. Cette évocation, quoique faite dans un intérêt privé, présente d'utiles enseignements par l'élévation des pensées de l'Esprit appelé, et est entendue avec un vif intérêt.
3° Observation présentée par M. Allan Kardec au sujet d'une prédiction qui lui a été soumise par un médium de sa connaissance. Selon cette prédiction, certains événements doivent s'accomplir à une date fixée, et, comme constatation, l'Esprit avait dit au médium de la faire signer par plusieurs personnes, entre autres par M. Allan Kardec, afin de pouvoir certifier, lors de l'événement, l'époque à laquelle elle a été faite. Je m'y suis refusé, dit M. Allan Kardec, par les considérations suivantes : « On est déjà trop porté à voir dans le Spiritisme un moyen de divination, ce qui est contraire à son objet ; lorsque des événements futurs sont annoncés et se réalisent, c'est un fait exceptionnel et curieux sans doute, mais qu'il serait dangereux de regarder comme une règle ; c'est pourquoi je n'ai pas voulu que mon nom servit à accréditer une croyance qui fausserait le Spiritisme dans son principe et dans son application. »
Etudes. 1° Évocation de Thilorier, le physicien, qui mourut en croyant avoir trouvé le moyen de remplacer la vapeur par l'acide carbonique condensé, comme puissance motrice. Il reconnaît que cette découverte n'était que dans son imagination. (Publiée ci-après.)
2° Suite de l'examen critique des communications de Charlet sur les animaux. (Sera publiée.)
3° Évocation d'un Esprit frappeur qui se manifeste au fils de M. N…, membre de la Société, par des effets physiques d'une certaine originalité ; il dit avoir été tambour maître de papale dans la musique militaire, et s'appeler Eugène ; son langage ne dément point la qualité qu'il se donne.
4° Dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, sur le développement des facultés intellectuelles, à propos de l'évocation de Thilorier, et signée Georges, Esprit familier. Il est à remarquer que cet Esprit approprie souvent ses communications aux circonstances présentes, ce qui prouve qu'il assiste aux entretiens même sans être appelé. Ce fait s'est également produit en bien des occasions de la part d'autres Esprits.
Autre, par M. Didier fils, signée Vauvenargues, et contenant quelques pensées détachées.
Vendredi 22 juin 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 15 juin.2° Lecture d'une évocation particulière faite chez M. Allan Kardec, de M. J… fils, de Saint-Etienne. Cette évocation, quoique faite dans un intérêt privé, présente d'utiles enseignements par l'élévation des pensées de l'Esprit appelé, et est entendue avec un vif intérêt.
3° Observation présentée par M. Allan Kardec au sujet d'une prédiction qui lui a été soumise par un médium de sa connaissance. Selon cette prédiction, certains événements doivent s'accomplir à une date fixée, et, comme constatation, l'Esprit avait dit au médium de la faire signer par plusieurs personnes, entre autres par M. Allan Kardec, afin de pouvoir certifier, lors de l'événement, l'époque à laquelle elle a été faite. Je m'y suis refusé, dit M. Allan Kardec, par les considérations suivantes : « On est déjà trop porté à voir dans le Spiritisme un moyen de divination, ce qui est contraire à son objet ; lorsque des événements futurs sont annoncés et se réalisent, c'est un fait exceptionnel et curieux sans doute, mais qu'il serait dangereux de regarder comme une règle ; c'est pourquoi je n'ai pas voulu que mon nom servit à accréditer une croyance qui fausserait le Spiritisme dans son principe et dans son application. »
Etudes. 1° Évocation de Thilorier, le physicien, qui mourut en croyant avoir trouvé le moyen de remplacer la vapeur par l'acide carbonique condensé, comme puissance motrice. Il reconnaît que cette découverte n'était que dans son imagination. (Publiée ci-après.)
2° Suite de l'examen critique des communications de Charlet sur les animaux. (Sera publiée.)
3° Évocation d'un Esprit frappeur qui se manifeste au fils de M. N…, membre de la Société, par des effets physiques d'une certaine originalité ; il dit avoir été tambour maître de papale dans la musique militaire, et s'appeler Eugène ; son langage ne dément point la qualité qu'il se donne.
4° Dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, sur le développement des facultés intellectuelles, à propos de l'évocation de Thilorier, et signée Georges, Esprit familier. Il est à remarquer que cet Esprit approprie souvent ses communications aux circonstances présentes, ce qui prouve qu'il assiste aux entretiens même sans être appelé. Ce fait s'est également produit en bien des occasions de la part d'autres Esprits.
Autre, par M. Didier fils, signée Vauvenargues, et contenant quelques pensées détachées.
Vendredi 22 juin 1860. Séance générale
Communications diverses. 1° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, sur la Rêverie et signée Alfred de Musset.
2° Relation d'un fait de médiumnité naturelle spontanée, comme médium écrivain, rapporté par madame Lub…, membre de la Société. Le sujet est une jeune fille de campagne, âgée de quinze ans, et qui, sans avoir aucune connaissance du Spiritisme, écrit presque journellement, et quelquefois des pages entières, d'une manière tout à fait mécanique. Une intuition lui dit que ce doit être un Esprit qui lui parle, car, lorsqu'elle se sent sollicitée à écrire, elle saisit un crayon en disant : Voyons ce qu'il va me dire aujourd'hui. Ses communications ont souvent rapport aux événements de la vie privée, soit pour elle, soit pour les personnes de sa connaissance, et sont presque toujours d'une extrême justesse pour les choses même qu'elle ignore complètement. Il est probable que si cette faculté était cultivée et bien dirigée, elle se développerait d'une manière remarquable et utile.
Etudes. 1° Questions sur les animaux de transition pouvant combler la lacune qui existe dans l'échelle des êtres vivants entre l'animal et l'homme. Cette étude sera continuée.
2° Questions sur les inventeurs et les découvertes prématurées, à propos de l'évocation de Thilorier.
3° Manifestations physiques produites par le fils de M. N…, enfant de treize ans, et dont il a été parlé dans la dernière séance. L'Esprit frappeur qui s'est attaché à lui, lui fait simuler avec les mains et les doigts, et cela avec une incroyable volubilité, toutes sortes d'évolutions militaires, telles que charges de cavalerie, manœuvres d'artillerie, attaques de forts, etc., en prenant tous les objets à sa portée pour figurer des armes. Il exprime les divers sentiments dont il est agité, soit la colère, l'impatience ou la moquerie, par de violents coups frappés et des gestes de pantomime très significatifs. Ce que l'on remarque en outre, c'est l'impassibilité et l'insouciance de l'enfant pendant que ses mains et ses bras se livrent à cette sorte de gymnastique ; il demeure évident que tous ces mouvements sont indépendants de sa volonté. Pendant le reste de la séance, et alors même qu'on avait cessé l'expérience, l'Esprit saisit les occasions de manifester à sa manière son contentement ou sa mauvaise humeur au sujet de ce qui se dit ; en un mot, on voit qu'il s'empare des membres de l'enfant, et s'en sert comme des siens. Ce genre de manifestations offre un curieux sujet d'étude par son originalité, et peut faire comprendre la manière dont les Esprits agissent sur certains individus.
Saint Louis, interrogé sur les conséquences que ces manifestations peuvent avoir pour l'enfant, donne à cet égard des avis pleins de sagesse, et conseille de ne les pas provoquer. Il engage en outre la Société à ne pas entrer dans la voie de ces sortes d'expériences, qui auraient pour résultat d'éloigner les Esprits sérieux, et à continuer de s'occuper, comme elle l'a fait jusqu'ici, d'approfondir les questions importantes.
2° Relation d'un fait de médiumnité naturelle spontanée, comme médium écrivain, rapporté par madame Lub…, membre de la Société. Le sujet est une jeune fille de campagne, âgée de quinze ans, et qui, sans avoir aucune connaissance du Spiritisme, écrit presque journellement, et quelquefois des pages entières, d'une manière tout à fait mécanique. Une intuition lui dit que ce doit être un Esprit qui lui parle, car, lorsqu'elle se sent sollicitée à écrire, elle saisit un crayon en disant : Voyons ce qu'il va me dire aujourd'hui. Ses communications ont souvent rapport aux événements de la vie privée, soit pour elle, soit pour les personnes de sa connaissance, et sont presque toujours d'une extrême justesse pour les choses même qu'elle ignore complètement. Il est probable que si cette faculté était cultivée et bien dirigée, elle se développerait d'une manière remarquable et utile.
Etudes. 1° Questions sur les animaux de transition pouvant combler la lacune qui existe dans l'échelle des êtres vivants entre l'animal et l'homme. Cette étude sera continuée.
2° Questions sur les inventeurs et les découvertes prématurées, à propos de l'évocation de Thilorier.
3° Manifestations physiques produites par le fils de M. N…, enfant de treize ans, et dont il a été parlé dans la dernière séance. L'Esprit frappeur qui s'est attaché à lui, lui fait simuler avec les mains et les doigts, et cela avec une incroyable volubilité, toutes sortes d'évolutions militaires, telles que charges de cavalerie, manœuvres d'artillerie, attaques de forts, etc., en prenant tous les objets à sa portée pour figurer des armes. Il exprime les divers sentiments dont il est agité, soit la colère, l'impatience ou la moquerie, par de violents coups frappés et des gestes de pantomime très significatifs. Ce que l'on remarque en outre, c'est l'impassibilité et l'insouciance de l'enfant pendant que ses mains et ses bras se livrent à cette sorte de gymnastique ; il demeure évident que tous ces mouvements sont indépendants de sa volonté. Pendant le reste de la séance, et alors même qu'on avait cessé l'expérience, l'Esprit saisit les occasions de manifester à sa manière son contentement ou sa mauvaise humeur au sujet de ce qui se dit ; en un mot, on voit qu'il s'empare des membres de l'enfant, et s'en sert comme des siens. Ce genre de manifestations offre un curieux sujet d'étude par son originalité, et peut faire comprendre la manière dont les Esprits agissent sur certains individus.
Saint Louis, interrogé sur les conséquences que ces manifestations peuvent avoir pour l'enfant, donne à cet égard des avis pleins de sagesse, et conseille de ne les pas provoquer. Il engage en outre la Société à ne pas entrer dans la voie de ces sortes d'expériences, qui auraient pour résultat d'éloigner les Esprits sérieux, et à continuer de s'occuper, comme elle l'a fait jusqu'ici, d'approfondir les questions importantes.
La Phrénologie et la Physiognomonie
La phénologie est la science qui traite des fonctions attribuées à chaque partie du cerveau. Le docteur Gall, fondateur de cette science, avait pensé que, puisque le cerveau est le point où aboutissent toutes les sensations, et d'où partent toutes les manifestations des facultés intellectuelles et morales, chacune des facultés primitives doit y avoir son organe spécial. Son système consiste donc dans la localisation des facultés. Le développement de chaque partie cérébrale poussant au développement de l'enveloppe osseuse, et y produisant des protubérances, il en conclut que, de l'examen de ces protubérances, on pouvait déduire la prédominance de telle ou telle faculté, et de là le caractère ou les aptitudes de l'individu ; de là aussi le nom de crânioscopie donné à cette science, avec cette différence que la phrénologie a pour objet tout ce qui concerne les attributions du cerveau, tandis que la crânioscopie se borne aux inductions tirées de l'inspection du crâne ; en un mot, Gall a fait, à l'égard du crâne et du cerveau, ce que Lavater a fait pour les traits de la physionomie.
Nous n'avons point à discuter ici le mérite de cette science, ni à examiner si elle est vraie ou exagérée dans toutes ses conséquences ; mais elle a été tour à tour défendue et critiquée par des hommes d'une haute valeur scientifique ; si certains détails sont encore hypothétiques, elle n'en repose pas moins sur un principe incontestable, celui des fonctions générales du cerveau, et sur les rapports qui existent entre le développement ou l'atrophie de cet organe et les manifestations intellectuelles. Ce qui est de notre ressort, c'est l'étude de ses conséquences psychologiques.
Des rapports qui existent entre le développement du cerveau et la manifestation de certaines facultés, quelques savants ont conclu que les organes cérébraux sont la source même des facultés, doctrine qui n'est autre que celle du matérialisme, car elle tend à la négation du principe intelligent étranger à la matière ; elle fait de l'homme, par conséquent, une machine sans libre arbitre et sans responsabilité de ses actes, puisqu'il pourrait toujours rejeter ses méfaits sur son organisation, et qu'il y aurait injustice à le punir des fautes qu'il n'aurait pas dépendu de lui de ne pas commettre. On s'est ému des conséquences d'une pareille théorie, et l'on a eu raison ; fallait-il pour cela proscrire la phrénologie ? non, mais examiner ce qu'il pouvait y avoir de vrai ou de faux dans cette manière d'envisager la chose ; or, cet examen prouve que les attributions du cerveau en général, et même la localisation des facultés, peuvent parfaitement se concilier avec le spiritualisme le plus sévère, qui y trouve même l'explication de certains faits. Admettons pour un instant, à titre d'hypothèse, si l'on veut, l'existence d'un organe spécial pour l'instinct musical ; supposons en outre, comme nous l'enseigne la doctrine spirite, qu'un Esprit, dont l'existence est bien antérieure à son corps, y arrive avec la faculté musicale très développée, cette faculté s'exercera naturellement sur l'organe correspondant, et poussera à son développement comme l'exercice d'un membre augmente le volume des muscles. Dans l'enfance, le système osseux offrant peu de résistance, le crâne subit l'influence du mouvement expansif de la masse cérébrale ; ainsi le développement du crâne est produit par le développement du cerveau, comme le développement du cerveau est pro-
duit par celui de la faculté ; la faculté, c'est la cause première ; l'état du cerveau est un effet consécutif ; sans la faculté, l'organe n'existerait pas, ou ne serait que rudimentaire. Envisagée sous ce point, la phrénologie n'a, comme on le voit, rien de contraire à la morale, car elle laisse à l'homme toute sa responsabilité, et nous ajoutons que cette théorie est à la fois conforme à la logique et à l'observation des faits.
On objecte les cas bien connus où l'influence de l'organisme sur la manifestation des facultés est incontestable, comme ceux de la folie et de l'idiotie, mais il est aisé de résoudre la question. On voit tous les jours des hommes très intelligents devenir fous ; qu'est-ce que cela prouve ? Un homme très fort peut se casser la jambe, et alors il ne peut plus marcher ; or la volonté de marcher n'est pas dans sa jambe, mais dans son cerveau ; seulement cette volonté est paralysée par l'impuissance où il est de remuer la jambe. Chez le fou, l'organe qui servait aux manifestations de la pensée étant détraqué par une cause physique quelconque, la pensée ne peut plus se manifester d'une manière régulière ; elle erre à tort et à travers en faisant ce que nous appelons des extravagances ; mais elle n'en existe pas moins dans son intégrité, et la preuve en est, c'est que si l'organe peut être rétabli, la pensée première revient, comme le mouvement dans la jambe qui est raccommodée. La pensée n'existe donc pas plus dans le cerveau que dans la boîte osseuse du crâne ; le cerveau est l'instrument de la pensée comme l'œil est l'instrument de la vue, et le crâne est la surface solide qui se moule sur les mouvements de l'instrument ; si l'instrument est détérioré, la manifestation n'a plus lieu, absolument comme quand on a perdu un œil on ne peut plus voir.
Mais il arrive quelquefois que l'arrêt de la libre manifestation de la pensée n'est pas dû à une cause accidentelle, comme dans la folie ; la constitution primitive des organes peut offrir à l'Esprit, dès la naissance, un obstacle dont toute son activité ne peut triompher ; c'est ce qui a lieu quand les organes sont atrophiés, ou présentent une résistance insurmontable ; tel est le cas de l'idiotie. L'Esprit est comme emprisonné, et souffre de cette contrainte, mais il n'en pense pas moins comme Esprit, aussi bien que le prisonnier sous les verrous. L'étude des manifestations de l'Esprit de personnes vivantes, par l'évocation, jette un grand jour sur les phénomènes psychologiques ; en isolant l'Esprit de la matière on prouve, par les faits, que les organes ne sont point la cause des facultés, mais de simples instruments à l'aide desquels les facultés se manifestent avec plus ou moins de liberté ou de précision ; que souvent ils sont comme les étouffoirs qui amortissent les manifestations, ce qui explique la plus grande liberté de l'Esprit une fois dégagé de la matière.
Dans l'idée matérialiste, qu'est-ce qu'un idiot ? Rien ; c'est à peine un être humain ; selon la doctrine spirite, c'est un être doué de raison comme tout le monde, mais infirme de naissance par le cerveau, comme d'autres le sont par les membres. Cette doctrine, en le réhabilitant, n'est-elle pas plus morale, plus humaine, que celle qui en fait un être de rebut ? N'est-il pas plus consolant pour un père qui a le malheur d'avoir un tel enfant de penser que cette enveloppe imparfaite renferme une âme pensante ?
A ceux qui, sans être matérialistes, n'admettent pas la pluralité des existences, nous demanderons ce que c'est que l'âme de l'idiot ? Si l'âme est formée en même temps que le corps, pourquoi Dieu crée-t-il des êtres ainsi disgraciés ? Quel sera leur sort futur ? Admettez au contraire une succession d'existences, et tout s'explique selon la justice : l'idiotisme peut être une punition ou une épreuve, et, dans tous les cas, ce n'est qu'un incident dans la vie de l'Esprit ; cela n'est-il pas plus grand, plus digne de la justice de Dieu, que de supposer que Dieu a créé un être avorté pour l'éternité ?
Jetons maintenant un coup d'œil sur la physiognomonie. Cette science est fondée sur ce principe incontestable que c'est la pensée qui met en jeu les organes, qui imprime aux muscles certains mouvements ; d'où il suit qu'en étudiant les rapports des mouvements apparents avec la pensée, de ces mouvements qu'on voit on peut déduire la pensée qu'on ne voit pas ; c'est ainsi qu'on ne se trompera pas sur l'intention de celui qui fait un geste menaçant ou amical ; qu'on reconnaît à la démarche l'homme pressé de celui qui ne l'est pas. De tous les muscles, les plus mobiles sont ceux de la face ; là se reflètent souvent jusqu'aux nuances les plus délicates de la pensée ; c'est pourquoi on a dit avec raison que la figure est le miroir de l'âme. Par la fréquence de certaines sensations, les muscles contractent l'habitude des mouvements correspondants, et finissent par en prendre le pli ; la forme extérieure se modifie ainsi par les impressions de l'âme, d'où il suit que, de cette forme, on peut quelquefois déduire ces impressions, comme du geste on peut déduire la pensée. Tel est le principe général de l'art, ou, si l'on veut, de la science physiognomonique ; ce principe est vrai ; non seulement il s'appuie sur une base rationnelle, mais il est confirmé par l'observation, et Lavater a la gloire, sinon de l'avoir découvert, du moins de l'avoir développé et formulé en corps de doctrine. Malheureusement, Lavater est tombé dans un travers commun à la plupart des auteurs de systèmes, c'est que, d'un principe vrai à certains égards, ils concluent à une application universelle, et, dans leur enthousiasme d'avoir découvert une vérité, ils la voient partout : là est l'exagération et souvent le ridicule. Nous n'avons point à examiner ici le système de Lavater dans ses détails ; nous dirons seulement qu'autant il est conséquent de remonter du physique au moral par certains signes extérieurs, autant il est illogique d'attribuer un sens quelconque aux formes ou signes sur lesquels la pensée ne peut avoir aucune action. C'est la fausse application d'un principe vrai qui l'a souvent fait reléguer au rang des croyances superstitieuses, et qui fait confondre dans la même réprobation ceux qui voient juste et ceux qui exagèrent.
Disons cependant, pour être juste, que la faute en est souvent moins au maître qu'aux disciples, qui, dans leur admiration fanatique et irréfléchie, poussent quelquefois les conséquences d'un principe au-delà des limites du possible.
Si nous examinons maintenant cette science dans ses relations avec le Spiritisme, nous aurons à combattre plusieurs inductions erronées que l'on en pourrait tirer. Parmi les rapports physiognomoniques, il en est un surtout sur lequel l'imagination s'est souvent exercée, c'est la ressemblance de quelques personnes avec certains animaux ; essayons donc d'en chercher la cause.
La ressemblance physique résulte, entre parents, de la consanguinité qui transmet, de l'un à l'autre, des particules organiques semblables, parce que le corps procède du corps ; mais il ne pourrait venir à la pensée de personne de supposer que celui qui ressemble à un chat, par exemple, a du sang de chat dans les veines ; elle a donc une autre source. D'abord elle peut être fortuite et sans signification aucune, et c'est le cas le plus ordinaire. Cependant, outre la ressemblance physique, on remarque quelquefois une certaine analogie d'inclinations ; cela pourrait s'expliquer par la même cause qui modifie les traits de la physionomie ; si un Esprit encore arriéré conserve quelques-uns des instincts de l'animal, son caractère, comme homme, en portera des traces, et les passions qui l'agitent pourront donner à ses traits quelque chose qui rappelle vaguement ceux de l'animal dont il a les instincts ; mais ces traces s'effacent à mesure que l'Esprit s'épure et que l'homme, avance dans la voie de la perfection.
Ce serait donc ici l'Esprit qui imprimerait son cachet à la physionomie ; mais de la similitude des instincts il serait absurde de conclure que l'homme qui a ceux du chat puisse être l'incarnation de l'Esprit d'un chat. Le Spiritisme, loin d'enseigner une pareille théorie, en a toujours démontré le ridicule et l'impossibilité. On remarque, il est vrai, une gradation continue dans la série animale ; mais entre l'animal et l'homme il y a solution de continuité ; or, en admettant même, ce qui n'est qu'un système, que l'Esprit ait passé par tous les degrés de l'échelle animale avant d'arriver à l'homme, il y aurait toujours de l'un à l'autre une interruption qui n'existerait pas si l'Esprit de l'animal pouvait s'incarner directement dans le corps de l'homme. S'il en était ainsi, parmi les Esprits errants il y aurait des Esprits d'animaux, comme il y a des Esprits humains, ce qui n'a pas lieu.
Sans entrer dans l'examen approfondi de cette question, que nous discuterons plus tard, nous disons d'après les Esprits, qui sont en cela d'accord avec l'observation des faits, qu'aucun homme n'est l'incarnation de l'Esprit d'un animal. Les instincts animaux de l'homme tiennent à l'imperfection de son propre Esprit non encore épuré, et qui, sous l'influence de la matière, donne la prépondérance aux besoins physiques sur les besoins moraux et le sens moral, non encore suffisamment développé. Les besoins physiques étant les mêmes chez l'homme et chez l'animal, il en résulte nécessairement que, jusqu'à ce que le sens moral ait établi un contrepoids, il peut y avoir entre eux une certaine analogie d'instincts ; mais là s'arrête la parité ; le sens moral qui n'existe pas chez l'un, qui germe d'abord et croît sans cesse chez l'autre, établit entre eux la véritable ligne de démarcation.
Une autre induction non moins erronée est tirée du principe de la pluralité des existences. De leur ressemblance avec certains personnages, il y en a qui concluent avoir pu être ces personnages ; or, par ce qui précède, il est aisé de leur démontrer que ce n'est là qu'une idée chimérique. Comme nous l'avons dit, les rapports consanguins peuvent produire une similitude de formes, mais ce n'est pas ici le cas, et Esope a pu, plus tard, être un très bel homme, et Socrate un fort joli garçon ; ainsi, quand il n'y a pas filiation corporelle, il ne peut y avoir qu'une ressemblance fortuite, car il n'y a nulle nécessité pour l'Esprit d'habiter des corps pareils, et en prenant un nouveau corps il n'y apporte aucune parcelle de l'ancien. Cependant, d'après ce que nous avons dit ci-dessus du caractère que les passions peuvent imprimer aux traits, on pourrait penser que, si un Esprit n'a pas sensiblement progressé, et s'il revient avec les mêmes inclinations, il pourra y avoir sur sa figure identité d'expression ; cela est exact, mais ce serait tout au plus un air de famille, et de là à une ressemblance réelle il y a fort loin. Ce cas, du reste, doit être exceptionnel, car il est rare que l'Esprit ne revienne pas dans une autre existence avec des dispositions sensiblement modifiées. Ainsi des signes physiognomoniques on ne peut absolument tirer aucun indice des existences précédentes ; on ne peut en trouver que dans le caractère moral, dans les idées instinctives et intuitives, dans les penchants innés, dans ceux qui ne sont pas le fait de l'éducation, ainsi que dans la nature des expiations que l'on subit ; et encore cela ne pourrait-il indiquer que le genre d'existence, le caractère que l'on a dû avoir, en tenant compte du progrès, mais non de l'individualité (Voyez Livre des Esprits, numéros 216 et 217).
Nous n'avons point à discuter ici le mérite de cette science, ni à examiner si elle est vraie ou exagérée dans toutes ses conséquences ; mais elle a été tour à tour défendue et critiquée par des hommes d'une haute valeur scientifique ; si certains détails sont encore hypothétiques, elle n'en repose pas moins sur un principe incontestable, celui des fonctions générales du cerveau, et sur les rapports qui existent entre le développement ou l'atrophie de cet organe et les manifestations intellectuelles. Ce qui est de notre ressort, c'est l'étude de ses conséquences psychologiques.
Des rapports qui existent entre le développement du cerveau et la manifestation de certaines facultés, quelques savants ont conclu que les organes cérébraux sont la source même des facultés, doctrine qui n'est autre que celle du matérialisme, car elle tend à la négation du principe intelligent étranger à la matière ; elle fait de l'homme, par conséquent, une machine sans libre arbitre et sans responsabilité de ses actes, puisqu'il pourrait toujours rejeter ses méfaits sur son organisation, et qu'il y aurait injustice à le punir des fautes qu'il n'aurait pas dépendu de lui de ne pas commettre. On s'est ému des conséquences d'une pareille théorie, et l'on a eu raison ; fallait-il pour cela proscrire la phrénologie ? non, mais examiner ce qu'il pouvait y avoir de vrai ou de faux dans cette manière d'envisager la chose ; or, cet examen prouve que les attributions du cerveau en général, et même la localisation des facultés, peuvent parfaitement se concilier avec le spiritualisme le plus sévère, qui y trouve même l'explication de certains faits. Admettons pour un instant, à titre d'hypothèse, si l'on veut, l'existence d'un organe spécial pour l'instinct musical ; supposons en outre, comme nous l'enseigne la doctrine spirite, qu'un Esprit, dont l'existence est bien antérieure à son corps, y arrive avec la faculté musicale très développée, cette faculté s'exercera naturellement sur l'organe correspondant, et poussera à son développement comme l'exercice d'un membre augmente le volume des muscles. Dans l'enfance, le système osseux offrant peu de résistance, le crâne subit l'influence du mouvement expansif de la masse cérébrale ; ainsi le développement du crâne est produit par le développement du cerveau, comme le développement du cerveau est pro-
duit par celui de la faculté ; la faculté, c'est la cause première ; l'état du cerveau est un effet consécutif ; sans la faculté, l'organe n'existerait pas, ou ne serait que rudimentaire. Envisagée sous ce point, la phrénologie n'a, comme on le voit, rien de contraire à la morale, car elle laisse à l'homme toute sa responsabilité, et nous ajoutons que cette théorie est à la fois conforme à la logique et à l'observation des faits.
On objecte les cas bien connus où l'influence de l'organisme sur la manifestation des facultés est incontestable, comme ceux de la folie et de l'idiotie, mais il est aisé de résoudre la question. On voit tous les jours des hommes très intelligents devenir fous ; qu'est-ce que cela prouve ? Un homme très fort peut se casser la jambe, et alors il ne peut plus marcher ; or la volonté de marcher n'est pas dans sa jambe, mais dans son cerveau ; seulement cette volonté est paralysée par l'impuissance où il est de remuer la jambe. Chez le fou, l'organe qui servait aux manifestations de la pensée étant détraqué par une cause physique quelconque, la pensée ne peut plus se manifester d'une manière régulière ; elle erre à tort et à travers en faisant ce que nous appelons des extravagances ; mais elle n'en existe pas moins dans son intégrité, et la preuve en est, c'est que si l'organe peut être rétabli, la pensée première revient, comme le mouvement dans la jambe qui est raccommodée. La pensée n'existe donc pas plus dans le cerveau que dans la boîte osseuse du crâne ; le cerveau est l'instrument de la pensée comme l'œil est l'instrument de la vue, et le crâne est la surface solide qui se moule sur les mouvements de l'instrument ; si l'instrument est détérioré, la manifestation n'a plus lieu, absolument comme quand on a perdu un œil on ne peut plus voir.
Mais il arrive quelquefois que l'arrêt de la libre manifestation de la pensée n'est pas dû à une cause accidentelle, comme dans la folie ; la constitution primitive des organes peut offrir à l'Esprit, dès la naissance, un obstacle dont toute son activité ne peut triompher ; c'est ce qui a lieu quand les organes sont atrophiés, ou présentent une résistance insurmontable ; tel est le cas de l'idiotie. L'Esprit est comme emprisonné, et souffre de cette contrainte, mais il n'en pense pas moins comme Esprit, aussi bien que le prisonnier sous les verrous. L'étude des manifestations de l'Esprit de personnes vivantes, par l'évocation, jette un grand jour sur les phénomènes psychologiques ; en isolant l'Esprit de la matière on prouve, par les faits, que les organes ne sont point la cause des facultés, mais de simples instruments à l'aide desquels les facultés se manifestent avec plus ou moins de liberté ou de précision ; que souvent ils sont comme les étouffoirs qui amortissent les manifestations, ce qui explique la plus grande liberté de l'Esprit une fois dégagé de la matière.
Dans l'idée matérialiste, qu'est-ce qu'un idiot ? Rien ; c'est à peine un être humain ; selon la doctrine spirite, c'est un être doué de raison comme tout le monde, mais infirme de naissance par le cerveau, comme d'autres le sont par les membres. Cette doctrine, en le réhabilitant, n'est-elle pas plus morale, plus humaine, que celle qui en fait un être de rebut ? N'est-il pas plus consolant pour un père qui a le malheur d'avoir un tel enfant de penser que cette enveloppe imparfaite renferme une âme pensante ?
A ceux qui, sans être matérialistes, n'admettent pas la pluralité des existences, nous demanderons ce que c'est que l'âme de l'idiot ? Si l'âme est formée en même temps que le corps, pourquoi Dieu crée-t-il des êtres ainsi disgraciés ? Quel sera leur sort futur ? Admettez au contraire une succession d'existences, et tout s'explique selon la justice : l'idiotisme peut être une punition ou une épreuve, et, dans tous les cas, ce n'est qu'un incident dans la vie de l'Esprit ; cela n'est-il pas plus grand, plus digne de la justice de Dieu, que de supposer que Dieu a créé un être avorté pour l'éternité ?
Jetons maintenant un coup d'œil sur la physiognomonie. Cette science est fondée sur ce principe incontestable que c'est la pensée qui met en jeu les organes, qui imprime aux muscles certains mouvements ; d'où il suit qu'en étudiant les rapports des mouvements apparents avec la pensée, de ces mouvements qu'on voit on peut déduire la pensée qu'on ne voit pas ; c'est ainsi qu'on ne se trompera pas sur l'intention de celui qui fait un geste menaçant ou amical ; qu'on reconnaît à la démarche l'homme pressé de celui qui ne l'est pas. De tous les muscles, les plus mobiles sont ceux de la face ; là se reflètent souvent jusqu'aux nuances les plus délicates de la pensée ; c'est pourquoi on a dit avec raison que la figure est le miroir de l'âme. Par la fréquence de certaines sensations, les muscles contractent l'habitude des mouvements correspondants, et finissent par en prendre le pli ; la forme extérieure se modifie ainsi par les impressions de l'âme, d'où il suit que, de cette forme, on peut quelquefois déduire ces impressions, comme du geste on peut déduire la pensée. Tel est le principe général de l'art, ou, si l'on veut, de la science physiognomonique ; ce principe est vrai ; non seulement il s'appuie sur une base rationnelle, mais il est confirmé par l'observation, et Lavater a la gloire, sinon de l'avoir découvert, du moins de l'avoir développé et formulé en corps de doctrine. Malheureusement, Lavater est tombé dans un travers commun à la plupart des auteurs de systèmes, c'est que, d'un principe vrai à certains égards, ils concluent à une application universelle, et, dans leur enthousiasme d'avoir découvert une vérité, ils la voient partout : là est l'exagération et souvent le ridicule. Nous n'avons point à examiner ici le système de Lavater dans ses détails ; nous dirons seulement qu'autant il est conséquent de remonter du physique au moral par certains signes extérieurs, autant il est illogique d'attribuer un sens quelconque aux formes ou signes sur lesquels la pensée ne peut avoir aucune action. C'est la fausse application d'un principe vrai qui l'a souvent fait reléguer au rang des croyances superstitieuses, et qui fait confondre dans la même réprobation ceux qui voient juste et ceux qui exagèrent.
Disons cependant, pour être juste, que la faute en est souvent moins au maître qu'aux disciples, qui, dans leur admiration fanatique et irréfléchie, poussent quelquefois les conséquences d'un principe au-delà des limites du possible.
Si nous examinons maintenant cette science dans ses relations avec le Spiritisme, nous aurons à combattre plusieurs inductions erronées que l'on en pourrait tirer. Parmi les rapports physiognomoniques, il en est un surtout sur lequel l'imagination s'est souvent exercée, c'est la ressemblance de quelques personnes avec certains animaux ; essayons donc d'en chercher la cause.
La ressemblance physique résulte, entre parents, de la consanguinité qui transmet, de l'un à l'autre, des particules organiques semblables, parce que le corps procède du corps ; mais il ne pourrait venir à la pensée de personne de supposer que celui qui ressemble à un chat, par exemple, a du sang de chat dans les veines ; elle a donc une autre source. D'abord elle peut être fortuite et sans signification aucune, et c'est le cas le plus ordinaire. Cependant, outre la ressemblance physique, on remarque quelquefois une certaine analogie d'inclinations ; cela pourrait s'expliquer par la même cause qui modifie les traits de la physionomie ; si un Esprit encore arriéré conserve quelques-uns des instincts de l'animal, son caractère, comme homme, en portera des traces, et les passions qui l'agitent pourront donner à ses traits quelque chose qui rappelle vaguement ceux de l'animal dont il a les instincts ; mais ces traces s'effacent à mesure que l'Esprit s'épure et que l'homme, avance dans la voie de la perfection.
Ce serait donc ici l'Esprit qui imprimerait son cachet à la physionomie ; mais de la similitude des instincts il serait absurde de conclure que l'homme qui a ceux du chat puisse être l'incarnation de l'Esprit d'un chat. Le Spiritisme, loin d'enseigner une pareille théorie, en a toujours démontré le ridicule et l'impossibilité. On remarque, il est vrai, une gradation continue dans la série animale ; mais entre l'animal et l'homme il y a solution de continuité ; or, en admettant même, ce qui n'est qu'un système, que l'Esprit ait passé par tous les degrés de l'échelle animale avant d'arriver à l'homme, il y aurait toujours de l'un à l'autre une interruption qui n'existerait pas si l'Esprit de l'animal pouvait s'incarner directement dans le corps de l'homme. S'il en était ainsi, parmi les Esprits errants il y aurait des Esprits d'animaux, comme il y a des Esprits humains, ce qui n'a pas lieu.
Sans entrer dans l'examen approfondi de cette question, que nous discuterons plus tard, nous disons d'après les Esprits, qui sont en cela d'accord avec l'observation des faits, qu'aucun homme n'est l'incarnation de l'Esprit d'un animal. Les instincts animaux de l'homme tiennent à l'imperfection de son propre Esprit non encore épuré, et qui, sous l'influence de la matière, donne la prépondérance aux besoins physiques sur les besoins moraux et le sens moral, non encore suffisamment développé. Les besoins physiques étant les mêmes chez l'homme et chez l'animal, il en résulte nécessairement que, jusqu'à ce que le sens moral ait établi un contrepoids, il peut y avoir entre eux une certaine analogie d'instincts ; mais là s'arrête la parité ; le sens moral qui n'existe pas chez l'un, qui germe d'abord et croît sans cesse chez l'autre, établit entre eux la véritable ligne de démarcation.
Une autre induction non moins erronée est tirée du principe de la pluralité des existences. De leur ressemblance avec certains personnages, il y en a qui concluent avoir pu être ces personnages ; or, par ce qui précède, il est aisé de leur démontrer que ce n'est là qu'une idée chimérique. Comme nous l'avons dit, les rapports consanguins peuvent produire une similitude de formes, mais ce n'est pas ici le cas, et Esope a pu, plus tard, être un très bel homme, et Socrate un fort joli garçon ; ainsi, quand il n'y a pas filiation corporelle, il ne peut y avoir qu'une ressemblance fortuite, car il n'y a nulle nécessité pour l'Esprit d'habiter des corps pareils, et en prenant un nouveau corps il n'y apporte aucune parcelle de l'ancien. Cependant, d'après ce que nous avons dit ci-dessus du caractère que les passions peuvent imprimer aux traits, on pourrait penser que, si un Esprit n'a pas sensiblement progressé, et s'il revient avec les mêmes inclinations, il pourra y avoir sur sa figure identité d'expression ; cela est exact, mais ce serait tout au plus un air de famille, et de là à une ressemblance réelle il y a fort loin. Ce cas, du reste, doit être exceptionnel, car il est rare que l'Esprit ne revienne pas dans une autre existence avec des dispositions sensiblement modifiées. Ainsi des signes physiognomoniques on ne peut absolument tirer aucun indice des existences précédentes ; on ne peut en trouver que dans le caractère moral, dans les idées instinctives et intuitives, dans les penchants innés, dans ceux qui ne sont pas le fait de l'éducation, ainsi que dans la nature des expiations que l'on subit ; et encore cela ne pourrait-il indiquer que le genre d'existence, le caractère que l'on a dû avoir, en tenant compte du progrès, mais non de l'individualité (Voyez Livre des Esprits, numéros 216 et 217).
Les Revenants
L'Académie définit ainsi ce mot : « Se dit des Esprits qu'on suppose revenir de l'autre monde. » Elle ne dit pas qui reviennent ; il n'y a que des Spirites qui puissent être assez fous pour oser affirmer de pareilles choses. Quoi qu'il en soit, on peut dire que la croyance aux revenants est universelle ; elle est évidemment fondée sur l'intuition de l'existence des Esprits et la possibilité de communiquer avec eux ; à ce titre tout Esprit qui manifeste sa présence, soit par l'écriture d'un médium, soit simplement en frappant sur une table, serait un revenant ; mais on réserve généralement ce nom quasi sépulcral pour ceux qui se rendent visibles et que l'on suppose, comme dit avec raison l'Académie, venir dans des circonstances plus dramatiques. Sont-ce des contes de bonne femme ? Le fait en lui-même, non ; les accessoires ? oui. On sait que les Esprits peuvent se manifester à la vue, même sous une forme tangible, voilà ce qui est réel ; mais ce qui est fantastique, ce sont les accessoires dont la peur, qui exagère tout, accompagne ordinairement ce phénomène très simple en lui-même, qui s'explique par une loi toute naturelle, et n'a, par conséquent, rien de merveilleux ni de diabolique. Pourquoi donc a-t-on peur des revenants ? Précisément à cause de ces mêmes accessoires que l'imagination se plaît à rendre effrayants parce qu'elle a été effrayée, et qu'elle a peut-être cru voir ce qu'elle n'a pas vu. En général, on se les représente sous un aspect lugubre, venant de préférence la nuit, et surtout par les nuits les plus sombres, à des heures fatales, dans des lieux sinistres, affublés de linceuls ou bizarrement accoutrés. Le Spiritisme nous apprend au contraire que les Esprits peuvent se montrer en tous lieux, à toute heure, le jour aussi bien que la nuit ; qu'ils le font en général sous l'apparence qu'ils avaient de leur vivant, et que l'imagination seule a créé les fantômes ; que ceux qui le font, loin d'être à redouter, sont le plus souvent des parents ou des amis qui viennent à nous par affection, ou des Esprits malheureux que l'on peut assister ; ce sont aussi quelquefois des loustics du monde Spirite qui s'amusent à nos dépens et se rient de la peur qu'ils causent ; on conçoit qu'avec ceux-là le meilleur moyen est d'en rire soi-même et de leur prouver qu'on n'a pas peur ; du reste ils se bornent presque toujours à faire du tapage et se rendent rarement visibles. Malheur à soi si on prend la chose au sérieux, car alors ils redoublent leurs espiègleries ; autant vaudrait exorciser un gamin de Paris. Mais en supposant même que ce soit un mauvais Esprit, quel mal pourrait-il faire, et n'aurait-on pas cent fois plus à craindre d'un brigand vivant que de ce brigand mort et devenu Esprit ? D'ailleurs nous savons que nous sommes constamment entourés d'Esprits, qui ne diffèrent de ceux qu'on appelle revenants que parce qu'on ne les voit pas.
Les adversaires du Spiritisme ne manqueront pas de l'accuser d'accréditer une croyance superstitieuse : mais le fait des manifestations visibles étant avéré, expliqué par la théorie, et confirmé par de nombreux témoignages, on ne peut pas faire qu'il ne soit pas, et toutes les négations ne l'empêcheront pas de se produire, car il est peu de personnes qui, en consultant leurs souvenirs, ne se rappellent quelque fait de cette nature qu'elles ne peuvent révoquer en doute. Il vaut donc bien mieux que l'on soit éclairé sur ce qu'il y a de vrai ou de faux, de possible ou d'impossible dans les récits de ce genre ; c'est en s'expliquant une chose, en la raisonnant, qu'on se prémunit contre une crainte puérile. Nous connaissons bon nombre de personnes qui avaient une grande peur des revenants ; aujourd'hui que, grâce au Spiritisme, elles savent ce qu'il en est, leur plus grand désir serait d'en voir. Nous en connaissons d'autres qui ont eu des visions dont elles avaient été très effrayées ; maintenant qu'elles comprennent, elles n'en sont nullement émues. On connaît les dangers du mal de la peur pour les cerveaux faibles ; or un des résultats de la connaissance du Spiritisme éclairé est précisément de guérir ce mal, et ce n'est pas là un de ses moindres bienfaits.
Les adversaires du Spiritisme ne manqueront pas de l'accuser d'accréditer une croyance superstitieuse : mais le fait des manifestations visibles étant avéré, expliqué par la théorie, et confirmé par de nombreux témoignages, on ne peut pas faire qu'il ne soit pas, et toutes les négations ne l'empêcheront pas de se produire, car il est peu de personnes qui, en consultant leurs souvenirs, ne se rappellent quelque fait de cette nature qu'elles ne peuvent révoquer en doute. Il vaut donc bien mieux que l'on soit éclairé sur ce qu'il y a de vrai ou de faux, de possible ou d'impossible dans les récits de ce genre ; c'est en s'expliquant une chose, en la raisonnant, qu'on se prémunit contre une crainte puérile. Nous connaissons bon nombre de personnes qui avaient une grande peur des revenants ; aujourd'hui que, grâce au Spiritisme, elles savent ce qu'il en est, leur plus grand désir serait d'en voir. Nous en connaissons d'autres qui ont eu des visions dont elles avaient été très effrayées ; maintenant qu'elles comprennent, elles n'en sont nullement émues. On connaît les dangers du mal de la peur pour les cerveaux faibles ; or un des résultats de la connaissance du Spiritisme éclairé est précisément de guérir ce mal, et ce n'est pas là un de ses moindres bienfaits.
Souvenir d'une existence antérieure
Société, 25 mai 1860
Un de nos abonnés nous communique une lettre d'un de ses amis, dont nous extrayons le passage suivant :
« Vous m'avez demandé mon opinion, ou plutôt ma croyance dans la présence ou non, auprès de nous, des âmes de ceux que nous avons aimés. Vous me demandez aussi quelques explications touchant ma conviction que nos âmes changent assez rapidement d'enveloppe.
« Je vous dirai, quelque ridicule que cela puisse paraître, que ma conviction sincère est d'avoir été assassiné lors des massacres de la Saint-Barthélemy. J'étais bien enfant lorsque cette souvenance vint frapper mon imagination. Plus tard, lorsque je lus cette triste page de notre histoire, il me sembla que beaucoup de ces détails m'étaient connus, et je crois encore que, si le vieux Paris pouvait se reconstruire, je reconnaîtrais cette sombre allée où, fuyant, je ressentis le froid de trois coups de poignard frappés en plein dos. Il est des détails de cette scène sanglante qui sont dans ma mémoire, et qui n'ont jamais disparu. Pourquoi avais-je cette conviction avant de savoir ce que c'était que la Saint-Barthélemy ? Pourquoi, en lisant le récit de ce massacre, me suis-je dit : c'est mon rêve, ce vilain rêve qu'enfant j'ai fait, et dont le souvenir m'est resté si vivace ? Pourquoi, lorsque j'ai voulu consulter mon souvenir, forcer ma pensée, suis-je resté comme le pauvre fou auquel surgit une idée, et qui semble lutter pour retrouver sa raison ? Pourquoi ? je n'en sais rien. Vous me trouverez ridicule sans doute, mais je n'en garderai pas moins mon souvenir, ma conviction.
« Si je vous disais que j'avais sept ans lorsqu'un rêve me vint, et tel il était : J'avais vingt ans, j'étais jeune, bien mis, je pense que j'étais riche. Je suis venu me battre en duel, et j'ai été tué. Si je vous disais que ce salut qui se fait dans les armes avant de se battre, je l'ai fait la première fois que j'ai eu un fleuret à la main. Si je vous disais que chaque préliminaire plus ou moins gracieux que l'éducation ou la civilisation a mis dans l'art de se tuer, m'était connu avant mon éducation dans les armes, vous me diriez sans doute que je suis fou ou maniaque ; peut-être bien, mais il me semble parfois qu'une lueur perce ce brouillard, et j'ai la conviction que le souvenir du passé se rétablit dans mon âme.
« Si vous me demandez si je crois à la sympathie des âmes, à leur pouvoir de se mettre en contact elles-mêmes, malgré la distance, malgré la mort, je vous répondrai : Oui, et ce oui sera prononcé de toute la force de ma conviction. Il m'est arrivé de me trouver à vingt-cinq lieues de Lima, après quatre-vingt-six jours de voyage, et de me réveiller tout en pleurs avec une vraie douleur au cœur ; une tristesse mortelle s'empara de moi toute la journée. Je consignai ce fait sur mon journal. A pareille heure, la même nuit, mon frère était frappé d'une attaque d'apoplexie qui compromit gravement sa vie. J'ai confronté le jour, l'instant, tout était exact. Voilà un fait ; les personnes existent ; me direz-vous que je suis fou ?
« Je n'ai lu aucun auteur traitant pareil sujet ; je le ferai à mon retour ; peut-être de cette lecture jaillira-t-il un peu de lumière pour moi. »
M. V…, l'auteur de cette lettre, est officier de marine et actuellement en voyage. Il pouvait être intéressant de voir si, en l'évoquant, il confirmerait ses souvenirs, mais il y avait impossibilité de le prévenir de notre intention, et d'un autre côté, en raison de son état, il pouvait être difficile de rencontrer un moment propice. Toutefois, il nous fut dit d'appeler son ange gardien lorsque nous voudrions l'évoquer, et qu'il nous dirait si nous pouvions le faire.
1. Évocation de l'ange gardien de M. V… - R. Je me rends à votre appel.
2. Vous connaissez le motif qui nous fait désirer évoquer votre protégé ; il s'agit, non de satisfaire une vaine curiosité, mais de constater, si c'est possible, un fait intéressant pour la science spirite, celui du souvenir de sa précédente existence. - R. Je comprends votre désir, mais dans ce moment son Esprit n'est pas libre ; il est occupé activement par son corps et dans une inquiétude morale qui l'empêche d'être en repos.
3. Est-il encore en mer ? - R. Il est à terre ; mais je pourrai répondre à quelques-unes de vos questions, puisque cette âme a toujours été confiée à ma garde.
4. Puisque vous êtes assez bon pour nous répondre, nous vous demanderons si le souvenir qu'il croit avoir conservé de sa mort dans une précédente existence est une illusion ? - R. C'est une intuition très réelle ; cette personne était bien sur la terre à cette époque.
5. Par quelle raison ce souvenir est-il plus précis pour lui que pour d'autres personnes ? y a-t-il à cela une cause physiologique ou une utilité particulière pour lui ? - R. Ces souvenirs vivaces sont très rares ; cela tient un peu au genre de mort qui l'a tellement impressionné qu'elle s'est pour ainsi dire incarnée dans son âme. Cependant bien d'autres personnes ont eu des morts tout aussi terribles, et le souvenir ne leur en est pas resté ; Dieu ne permet cela que rarement.
6. Depuis cette mort, lors de la Saint-Barthélemy, a-t-il eu d'autres existences ? - R. Non.
7. Quel âge avait-il quand il est mort ? - R. Une trentaine d'années.
8. Peut-on savoir ce qu'il était ? - R. Il était attaché à la maison de Coligny.
9. Si nous avions pu l'évoquer lui-même, nous lui aurions demandé s'il se rappelle le nom de la rue où il a été assassiné, afin de voir si, en se rendant sur les lieux, lorsqu'il reviendra à Paris, le souvenir de la scène serait encore plus précis ? - R. C'est dans le carrefour Bucy.
10. La maison où il a été tué existe-t-elle encore ? - R. Non ; elle a été reconstruite.
11. Dans le même but nous lui aurions demandé s'il se rappelle le nom qu'il portait ? - R. Son nom n'est pas connu dans l'histoire, car il était simple soldat. Il se nommait Gaston Vincent.
12. Son ami, ici présent, désirerait savoir s'il a reçu ses lettres ? - R. Non, pas encore.
13. Étiez-vous son ange gardien à cette époque ? - R. Oui, alors et maintenant.
Remarque. Des sceptiques, plus mauvais plaisants que sérieux, pourraient dire que son ange gardien l'a mal gardé, et demander pourquoi il n'a pas détourné la main qui l'a frappé. Quoiqu'une pareille question mérite à peine une réponse, quelques mots à ce sujet ne seront peut-être pas inutiles.
Nous dirons d'abord que, puisqu'il est dans la nature de l'homme de mourir, il n'est au pouvoir d'aucun ange gardien de s'opposer au cours des lois de la nature, autrement il n'y aurait pas de raison pour qu'ils n'empêchassent la mort naturelle aussi bien que la mort accidentelle ; en second lieu, l'instant et le genre de mort étant dans la destinée de chacun, il faut que cette destinée s'accomplisse. Nous dirons enfin que les Esprits n'envisagent point la mort comme nous ; la véritable vie, c'est la vie de l'Esprit, dont les diverses existences corporelles ne sont que des épisodes ; le corps est une enveloppe que l'Esprit revêt momentanément et qu'il quitte comme on le fait d'un habit quand il est usé ou déchiré ; peu importe donc que l'on meure un peu plus tôt ou un peu plus tard, d'une manière ou d'une autre, puisqu'en définitive il faut toujours en arriver là, et que cette mort, loin de porter un préjudice à l'Esprit, peut lui être très utile selon la manière dont elle s'accomplit ; c'est le prisonnier qui quitte sa prison temporaire pour jouir de la liberté éternelle. Il se peut donc que la fin tragique de Gaston Vincent ait été une chose utile pour lui, comme Esprit, ce que son ange gardien comprenait mieux que lui, car l'un ne voyait que le présent, tandis que l'autre voyait l'avenir. Des Esprits enlevés de ce monde par une mort prématurée, à la fleur de l'âge, nous ont souvent répondu que c'était une faveur de Dieu qui les avait ainsi préservés des maux auxquels, sans cela, ils eussent été exposés.
Un de nos abonnés nous communique une lettre d'un de ses amis, dont nous extrayons le passage suivant :
« Vous m'avez demandé mon opinion, ou plutôt ma croyance dans la présence ou non, auprès de nous, des âmes de ceux que nous avons aimés. Vous me demandez aussi quelques explications touchant ma conviction que nos âmes changent assez rapidement d'enveloppe.
« Je vous dirai, quelque ridicule que cela puisse paraître, que ma conviction sincère est d'avoir été assassiné lors des massacres de la Saint-Barthélemy. J'étais bien enfant lorsque cette souvenance vint frapper mon imagination. Plus tard, lorsque je lus cette triste page de notre histoire, il me sembla que beaucoup de ces détails m'étaient connus, et je crois encore que, si le vieux Paris pouvait se reconstruire, je reconnaîtrais cette sombre allée où, fuyant, je ressentis le froid de trois coups de poignard frappés en plein dos. Il est des détails de cette scène sanglante qui sont dans ma mémoire, et qui n'ont jamais disparu. Pourquoi avais-je cette conviction avant de savoir ce que c'était que la Saint-Barthélemy ? Pourquoi, en lisant le récit de ce massacre, me suis-je dit : c'est mon rêve, ce vilain rêve qu'enfant j'ai fait, et dont le souvenir m'est resté si vivace ? Pourquoi, lorsque j'ai voulu consulter mon souvenir, forcer ma pensée, suis-je resté comme le pauvre fou auquel surgit une idée, et qui semble lutter pour retrouver sa raison ? Pourquoi ? je n'en sais rien. Vous me trouverez ridicule sans doute, mais je n'en garderai pas moins mon souvenir, ma conviction.
« Si je vous disais que j'avais sept ans lorsqu'un rêve me vint, et tel il était : J'avais vingt ans, j'étais jeune, bien mis, je pense que j'étais riche. Je suis venu me battre en duel, et j'ai été tué. Si je vous disais que ce salut qui se fait dans les armes avant de se battre, je l'ai fait la première fois que j'ai eu un fleuret à la main. Si je vous disais que chaque préliminaire plus ou moins gracieux que l'éducation ou la civilisation a mis dans l'art de se tuer, m'était connu avant mon éducation dans les armes, vous me diriez sans doute que je suis fou ou maniaque ; peut-être bien, mais il me semble parfois qu'une lueur perce ce brouillard, et j'ai la conviction que le souvenir du passé se rétablit dans mon âme.
« Si vous me demandez si je crois à la sympathie des âmes, à leur pouvoir de se mettre en contact elles-mêmes, malgré la distance, malgré la mort, je vous répondrai : Oui, et ce oui sera prononcé de toute la force de ma conviction. Il m'est arrivé de me trouver à vingt-cinq lieues de Lima, après quatre-vingt-six jours de voyage, et de me réveiller tout en pleurs avec une vraie douleur au cœur ; une tristesse mortelle s'empara de moi toute la journée. Je consignai ce fait sur mon journal. A pareille heure, la même nuit, mon frère était frappé d'une attaque d'apoplexie qui compromit gravement sa vie. J'ai confronté le jour, l'instant, tout était exact. Voilà un fait ; les personnes existent ; me direz-vous que je suis fou ?
« Je n'ai lu aucun auteur traitant pareil sujet ; je le ferai à mon retour ; peut-être de cette lecture jaillira-t-il un peu de lumière pour moi. »
M. V…, l'auteur de cette lettre, est officier de marine et actuellement en voyage. Il pouvait être intéressant de voir si, en l'évoquant, il confirmerait ses souvenirs, mais il y avait impossibilité de le prévenir de notre intention, et d'un autre côté, en raison de son état, il pouvait être difficile de rencontrer un moment propice. Toutefois, il nous fut dit d'appeler son ange gardien lorsque nous voudrions l'évoquer, et qu'il nous dirait si nous pouvions le faire.
1. Évocation de l'ange gardien de M. V… - R. Je me rends à votre appel.
2. Vous connaissez le motif qui nous fait désirer évoquer votre protégé ; il s'agit, non de satisfaire une vaine curiosité, mais de constater, si c'est possible, un fait intéressant pour la science spirite, celui du souvenir de sa précédente existence. - R. Je comprends votre désir, mais dans ce moment son Esprit n'est pas libre ; il est occupé activement par son corps et dans une inquiétude morale qui l'empêche d'être en repos.
3. Est-il encore en mer ? - R. Il est à terre ; mais je pourrai répondre à quelques-unes de vos questions, puisque cette âme a toujours été confiée à ma garde.
4. Puisque vous êtes assez bon pour nous répondre, nous vous demanderons si le souvenir qu'il croit avoir conservé de sa mort dans une précédente existence est une illusion ? - R. C'est une intuition très réelle ; cette personne était bien sur la terre à cette époque.
5. Par quelle raison ce souvenir est-il plus précis pour lui que pour d'autres personnes ? y a-t-il à cela une cause physiologique ou une utilité particulière pour lui ? - R. Ces souvenirs vivaces sont très rares ; cela tient un peu au genre de mort qui l'a tellement impressionné qu'elle s'est pour ainsi dire incarnée dans son âme. Cependant bien d'autres personnes ont eu des morts tout aussi terribles, et le souvenir ne leur en est pas resté ; Dieu ne permet cela que rarement.
6. Depuis cette mort, lors de la Saint-Barthélemy, a-t-il eu d'autres existences ? - R. Non.
7. Quel âge avait-il quand il est mort ? - R. Une trentaine d'années.
8. Peut-on savoir ce qu'il était ? - R. Il était attaché à la maison de Coligny.
9. Si nous avions pu l'évoquer lui-même, nous lui aurions demandé s'il se rappelle le nom de la rue où il a été assassiné, afin de voir si, en se rendant sur les lieux, lorsqu'il reviendra à Paris, le souvenir de la scène serait encore plus précis ? - R. C'est dans le carrefour Bucy.
10. La maison où il a été tué existe-t-elle encore ? - R. Non ; elle a été reconstruite.
11. Dans le même but nous lui aurions demandé s'il se rappelle le nom qu'il portait ? - R. Son nom n'est pas connu dans l'histoire, car il était simple soldat. Il se nommait Gaston Vincent.
12. Son ami, ici présent, désirerait savoir s'il a reçu ses lettres ? - R. Non, pas encore.
13. Étiez-vous son ange gardien à cette époque ? - R. Oui, alors et maintenant.
Remarque. Des sceptiques, plus mauvais plaisants que sérieux, pourraient dire que son ange gardien l'a mal gardé, et demander pourquoi il n'a pas détourné la main qui l'a frappé. Quoiqu'une pareille question mérite à peine une réponse, quelques mots à ce sujet ne seront peut-être pas inutiles.
Nous dirons d'abord que, puisqu'il est dans la nature de l'homme de mourir, il n'est au pouvoir d'aucun ange gardien de s'opposer au cours des lois de la nature, autrement il n'y aurait pas de raison pour qu'ils n'empêchassent la mort naturelle aussi bien que la mort accidentelle ; en second lieu, l'instant et le genre de mort étant dans la destinée de chacun, il faut que cette destinée s'accomplisse. Nous dirons enfin que les Esprits n'envisagent point la mort comme nous ; la véritable vie, c'est la vie de l'Esprit, dont les diverses existences corporelles ne sont que des épisodes ; le corps est une enveloppe que l'Esprit revêt momentanément et qu'il quitte comme on le fait d'un habit quand il est usé ou déchiré ; peu importe donc que l'on meure un peu plus tôt ou un peu plus tard, d'une manière ou d'une autre, puisqu'en définitive il faut toujours en arriver là, et que cette mort, loin de porter un préjudice à l'Esprit, peut lui être très utile selon la manière dont elle s'accomplit ; c'est le prisonnier qui quitte sa prison temporaire pour jouir de la liberté éternelle. Il se peut donc que la fin tragique de Gaston Vincent ait été une chose utile pour lui, comme Esprit, ce que son ange gardien comprenait mieux que lui, car l'un ne voyait que le présent, tandis que l'autre voyait l'avenir. Des Esprits enlevés de ce monde par une mort prématurée, à la fleur de l'âge, nous ont souvent répondu que c'était une faveur de Dieu qui les avait ainsi préservés des maux auxquels, sans cela, ils eussent été exposés.
Des Animaux
Dissertations spontanées, faites par l'Esprit de Charlet dans plusieurs séances de la Société
I.
Il est une chose parmi vous qui excite toujours votre attention et votre curiosité ; ce mystère, puisque c'en est un bien grand pour vous, est la liaison ou plutôt la distance qui existe entre votre âme et celle des animaux, mystère que, malgré toute leur science, Buffon, le plus poétique des naturalistes, et Cuvier, le plus profond, n'ont jamais pu pénétrer, pas plus que le scalpel ne vous détaille l'anatomie du cœur. Or, sachez-le, les animaux vivent, et tout ce qui vit pense. On ne peut donc vivre sans penser.
Ceci établi, il reste à vous démontrer que plus l'homme avance, non selon le temps, mais selon la perfection, plus il pénétrera la science spirituelle, celle qui s'applique, non seulement à vous, mais encore aux êtres qui sont au-dessous de vous : les animaux. Oh ! s'écrieront quelques hommes persuadés que le mot homme signifie tout perfectionnement, mais y a-t-il un parallèle possible entre l'homme et la brute ? Pouvez-vous appeler intelligence ce qui n'est qu'instinct ? sentiment ce qui n'est que sensation ? Pouvez-vous, en un mot, rabaisser l'image de Dieu ? Nous répondrons : Il fut un temps où la moitié du genre humain était regardée comme au rang de la brute, où la bête n'était regardée comme rien ; un temps, qui est maintenant le vôtre, où la moitié du genre humain est regardée comme inférieure et l'animal comme brute. Eh bien ! au point de vue du monde, il en est ainsi, il est vrai ; au point de vue spirituel, il en est autrement. Ce que diraient les Esprits supérieurs de l'homme terrestre, les hommes le disent des animaux.
Tout est infini dans la nature : le matériel comme le spirituel ; occupons-nous donc un peu de ces pauvres bêtes, spirituellement parlant, et vous verrez que l'animal vit véritablement, puisqu'il pense.
Ceci établi, il reste à vous démontrer que plus l'homme avance, non selon le temps, mais selon la perfection, plus il pénétrera la science spirituelle, celle qui s'applique, non seulement à vous, mais encore aux êtres qui sont au-dessous de vous : les animaux. Oh ! s'écrieront quelques hommes persuadés que le mot homme signifie tout perfectionnement, mais y a-t-il un parallèle possible entre l'homme et la brute ? Pouvez-vous appeler intelligence ce qui n'est qu'instinct ? sentiment ce qui n'est que sensation ? Pouvez-vous, en un mot, rabaisser l'image de Dieu ? Nous répondrons : Il fut un temps où la moitié du genre humain était regardée comme au rang de la brute, où la bête n'était regardée comme rien ; un temps, qui est maintenant le vôtre, où la moitié du genre humain est regardée comme inférieure et l'animal comme brute. Eh bien ! au point de vue du monde, il en est ainsi, il est vrai ; au point de vue spirituel, il en est autrement. Ce que diraient les Esprits supérieurs de l'homme terrestre, les hommes le disent des animaux.
Tout est infini dans la nature : le matériel comme le spirituel ; occupons-nous donc un peu de ces pauvres bêtes, spirituellement parlant, et vous verrez que l'animal vit véritablement, puisqu'il pense.
Ceci sert de préface à un petit cours que je vous ferai à ce sujet. Du reste, de mon vivant, j'avais dit que la meilleure partie de l'homme, c'est le chien.
La suite au prochain numéro.Charlet.
II
Le monde est une échelle immense dont l'élévation est infinie, mais dont la base repose dans un affreux chaos ; je veux dire que le monde n'est qu'un progrès constant des êtres ; vous êtes bien bas, toujours, mais il y en a de bien au-dessous de vous ; car, entendez-le bien, je ne parle pas seulement de votre planète, mais encore de tous les mondes de l'univers. Mais n'ayez pas peur, nous nous bornerons à la Terre.
Cependant, avant d'en parler, deux mots sur un monde nommé Jupiter, et dont l'ingénieux et immortel Palissy vous a donné quelques aperçus étranges, et si surnaturels pour votre imagination. Rappelez-vous que dans un de ses charmants dessins il vous a représenté quelques animaux de Jupiter ; n'y a-t-il pas progrès évident, et pouvez-vous ne pas leur accorder un degré de supériorité sur les animaux terrestres ? Et encore ne voyez-vous là qu'un progrès de forme et non d'intelligence, quoique, cependant, le jeu dont ils s'occupent ne puisse pas être exécuté par des animaux terrestres. Je ne vous cite cet exemple que pour vous indiquer déjà une supériorité d'êtres qui sont bien au-dessous de vous. Que serait-ce si je vous énumérais tous les mondes que je connais, c'est-à-dire cinq ou six ? Mais rien que sur cette terre, voyez la différence qui existe entre eux. Eh bien ! si la forme est si variée, si progressive, puisque même il y a progrès dans la matière, pouvez-vous ne pas admettre le progrès spirituel chez ces êtres ? Or, sachez-le, si la matière progresse, même la plus basse, à plus forte raison l'esprit qui l'anime.
Cependant, avant d'en parler, deux mots sur un monde nommé Jupiter, et dont l'ingénieux et immortel Palissy vous a donné quelques aperçus étranges, et si surnaturels pour votre imagination. Rappelez-vous que dans un de ses charmants dessins il vous a représenté quelques animaux de Jupiter ; n'y a-t-il pas progrès évident, et pouvez-vous ne pas leur accorder un degré de supériorité sur les animaux terrestres ? Et encore ne voyez-vous là qu'un progrès de forme et non d'intelligence, quoique, cependant, le jeu dont ils s'occupent ne puisse pas être exécuté par des animaux terrestres. Je ne vous cite cet exemple que pour vous indiquer déjà une supériorité d'êtres qui sont bien au-dessous de vous. Que serait-ce si je vous énumérais tous les mondes que je connais, c'est-à-dire cinq ou six ? Mais rien que sur cette terre, voyez la différence qui existe entre eux. Eh bien ! si la forme est si variée, si progressive, puisque même il y a progrès dans la matière, pouvez-vous ne pas admettre le progrès spirituel chez ces êtres ? Or, sachez-le, si la matière progresse, même la plus basse, à plus forte raison l'esprit qui l'anime.
La prochaine fois je continuerai.
Charlet.
Nota. - Nous avons publié, avec le numéro du mois d'août 1858, une planche dessinée et gravée par l'esprit de Bernard Palissy, et représentant la maison de Mozart dans Jupiter, avec une description de cette planète, qui a toujours été désignée comme l'un des mondes les plus avancés de notre tourbillon solaire, moralement et physiquement. Le même Esprit a donné un grand nombre de dessins sur le même sujet ; il en est un entre autres qui représente une scène d'animaux jouant dans la partie qui leur est réservée dans l'habitation de Zoroastre ; c'est sans contredit l'un des plus curieux de la collection. Parmi les animaux qui y sont figurés, il en est dont la forme se rapproche beaucoup de la forme humaine terrestre, et qui tiennent à la fois du singe et du satyre ; leur action dénote l'intelligence, et l'on comprend que leur structure puisse se prêter aux travaux manuels qu'ils exécutent pour le compte des hommes ; ce sont, a-t-il été dit, les serviteurs et les manœuvres, les hommes ne s'occupant que des travaux d'intelligence. C'est à ce dessin, fait il y a plus de trois ans, que Charlet fait allusion dans la communication ci-dessus.
III
Dans les mondes avancés, les animaux sont tellement supérieurs que, pour eux, l'ordre le plus rigoureux se fait avec la parole et vous, trop souvent, avec le bâton. Dans Jupiter, par exemple, une parole suffit, et chez vous bien des coups de fouet ne suffisent pas. Cependant il y a un progrès sensible sur votre terre et qu'on ne n'est jamais expliqué, c'est que l'animal même se perfectionne. Ainsi, autrefois, l'animal était beaucoup plus rebelle à l'homme. Il y a aussi progrès de votre part d'avoir compris instinctivement ce perfectionnement chez les animaux, puisque vous défendez de les frapper. Je disais qu'il y a progrès moral pour l'animal ; il y a aussi progrès de condition. Ainsi un malheureux cheval, battu, frappé par un charretier plus brute que lui, sera comparativement dans une condition beaucoup plus tranquille, plus heureuse que celle de son bourreau. N'est-ce pas de toute justice, et doit-on s'étonner qu'un animal qui souffre, qui pleure, qui est reconnaissant ou vindicatif selon la douceur ou la cruauté de ses maîtres, ait la récompense d'avoir supporté patiemment une vie remplie de tortures ? Dieu est juste avant tout, et toutes ses créatures sont sous ses lois, et ses lois disent : « Tout être faible qui aura souffert sera dédommagé. » J'entends, toujours comparativement à l'homme, et j'ose ajouter, pour terminer, que l'animal a souvent plus d'âme, plus de cœur que l'homme en bien des circonstances.
Charlet.IV
La supériorité de l'homme se manifeste sur votre globe par cette élévation de l'intelligence qui en fait le roi de la terre. A côté de l'homme l'animal est bien faible, bien chétif, et, pauvre sujet de cette terre d'épreuve, il a souvent à supporter les cruels caprices de son tyran : l'homme ! La métempsycose antique était un souvenir bien confus de la réincarnation, et cependant cette même doctrine n'est autre qu'une croyance populaire. Les grands esprits admettaient la réincarnation progressive ; la masse ignorante ne devinant pas comme, eux, l'univers, se disait naturellement : Puisque l'homme se réincarne, ce ne peut être que sur la terre ; donc sa punition, son tartare, son épreuve, c'est la vie dans le corps d'un animal ; absolument, comme au moyen âge, les chrétiens se disaient : C'est dans la grande vallée qu'aura lieu le jugement, après quoi les damnés iront sous terre brûler dans ses entrailles.
Les Anciens croyant à la métempsycose croyaient donc, quelques-uns s'entend, à l'esprit des bêtes, puisqu'ils admettaient le passage de l'âme humaine dans le corps de la brute. Pythagore se ressouvient de son ancienne existence, et reconnaît le bouclier qu'il portait au siège de Troie. Socrate meurt en prédisant sa nouvelle vie.
Puisque, comme je vous l'ai dit, tout est progrès dans l'univers, puisque les lois de Dieu ne sont et ne peuvent être que les lois du progrès, au point où vous en êtes, au point de vue de vos tendances spiritualistes, ne pas admettre le progrès de ce qu'il y a au-dessous de l'homme serait un non-sens, une preuve d'ignorance ou de complète indifférence.
La bête a-t-elle, comme l'homme, ce que vous appelez la conscience, qui n'est autre chose que la sensation de l'âme lorsqu'elle a bien ou mal fait ? Observez, et voyez si la bête ne fait pas preuve de conscience, toujours relativement à l'homme. Croyez-vous que le chien ne sait pas quand il a bien ou mal fait ? S'il ne le sentait pas, il ne vivrait pas. Comme je vous l'ai déjà dit, la sensation morale, la conscience, en un mot, existe chez lui comme chez l'homme, sans cela il faut retirer à l'animal la reconnaissance, la souffrance, les regrets, enfin tous les caractères d'une intelligence, caractère que tout homme sérieux est à même d'observer chez tous les animaux, selon leurs degrés différents, car, même parmi eux, il y a des diversités inouïes.
Charlet.Les Anciens croyant à la métempsycose croyaient donc, quelques-uns s'entend, à l'esprit des bêtes, puisqu'ils admettaient le passage de l'âme humaine dans le corps de la brute. Pythagore se ressouvient de son ancienne existence, et reconnaît le bouclier qu'il portait au siège de Troie. Socrate meurt en prédisant sa nouvelle vie.
Puisque, comme je vous l'ai dit, tout est progrès dans l'univers, puisque les lois de Dieu ne sont et ne peuvent être que les lois du progrès, au point où vous en êtes, au point de vue de vos tendances spiritualistes, ne pas admettre le progrès de ce qu'il y a au-dessous de l'homme serait un non-sens, une preuve d'ignorance ou de complète indifférence.
La bête a-t-elle, comme l'homme, ce que vous appelez la conscience, qui n'est autre chose que la sensation de l'âme lorsqu'elle a bien ou mal fait ? Observez, et voyez si la bête ne fait pas preuve de conscience, toujours relativement à l'homme. Croyez-vous que le chien ne sait pas quand il a bien ou mal fait ? S'il ne le sentait pas, il ne vivrait pas. Comme je vous l'ai déjà dit, la sensation morale, la conscience, en un mot, existe chez lui comme chez l'homme, sans cela il faut retirer à l'animal la reconnaissance, la souffrance, les regrets, enfin tous les caractères d'une intelligence, caractère que tout homme sérieux est à même d'observer chez tous les animaux, selon leurs degrés différents, car, même parmi eux, il y a des diversités inouïes.
V
L'homme, roi de la terre par l'intelligence, est un être supérieur aussi sous le rapport matériel ; ses formes sont harmonieuses, et son Esprit a, pour se faire obéir, un organisme admirable : le corps. La tête de l'homme est haute et regarde le ciel, dit la Genèse ; l'animal regarde la terre, et, par la structure de son corps, y semble être plus attaché que l'homme. En outre, l'harmonie magnifique du corps humain n'existe pas chez l'animal. Voyez la variété infinie qui les distingue les uns des autres, variété infinie qui, cependant, ne correspond pas à leur Esprit, car les animaux, j'entends leur immense majorité, ont presque tous le même degré d'intelligence. Ainsi chez l'animal variété dans la forme ; chez l'homme, au contraire, variété dans l'Esprit. Rencontrez deux hommes qui soient pareils de goûts, d'aptitudes, d'intelligence ; et prenez un chien, un cheval, un chat, en un mot, un millier de bêtes, à peine si vous apercevez la différence de leur intelligence. L'Esprit dort donc chez l'animal ; chez l'homme, il éclate en tous sens ; son Esprit devine Dieu et comprend la raison d'être de la perfection.
Ainsi donc, chez l'homme, harmonie simple dans la forme, commencement de l'infini dans l'Esprit ; et voyez maintenant la supériorité de l'homme qui domine la brute, matériellement par sa structure admirable et intellectuellement par ses facultés immenses. Il semble que Dieu, chez les animaux, se soit plu davantage à varier la forme en enfermant l'Esprit ; chez l'homme, au contraire, à faire du corps humain même la manifestation matérielle de l'Esprit.
Egalement admirable dans ces deux créations, la Providence est infinie dans le monde matériel comme dans le monde spirituel. L'homme est à l'animal ce que la fleur et tout le règne végétal sont à la matière brute.
J'ai voulu établir, dans ces quelques lignes, le rang que doit occuper l'animal dans l'échelle de la perfection ; nous verrons comment il peut parvenir, comparativement à l'homme.
Charlet.Ainsi donc, chez l'homme, harmonie simple dans la forme, commencement de l'infini dans l'Esprit ; et voyez maintenant la supériorité de l'homme qui domine la brute, matériellement par sa structure admirable et intellectuellement par ses facultés immenses. Il semble que Dieu, chez les animaux, se soit plu davantage à varier la forme en enfermant l'Esprit ; chez l'homme, au contraire, à faire du corps humain même la manifestation matérielle de l'Esprit.
Egalement admirable dans ces deux créations, la Providence est infinie dans le monde matériel comme dans le monde spirituel. L'homme est à l'animal ce que la fleur et tout le règne végétal sont à la matière brute.
J'ai voulu établir, dans ces quelques lignes, le rang que doit occuper l'animal dans l'échelle de la perfection ; nous verrons comment il peut parvenir, comparativement à l'homme.
VI
Comment l'Esprit s'élève-t-il ? Par l'abaissement, par l'humilité. Ce qui perd l'homme, c'est la raison orgueilleuse qui le pousse à mépriser tout subalterne, à envier tout supérieur. L'envie est l'expression la plus vive de l'orgueil ; ce n'est pas la jouissance de l'orgueil, c'est ce désir maladif, incessant de pouvoir en jouir ; les envieux sont les plus orgueilleux quand ils deviennent puissants. Regardez votre maître à tous, Christ, l'homme par excellence, mais dans la plus haute phase de la sublimité ; Christ, dis-je, au lieu de venir avec audace et insolence pour renverser l'ancien monde, vient sur la terre s'incarner dans une famille pauvre, et naît parmi les animaux ; car vous les retrouverez partout, ces pauvres bêtes, à tous les instants où l'homme vit simplement avec la nature, en un mot, en pensant à Dieu. Il naît parmi les animaux, et ceux-ci exaltent sa puissance dans leur langage si expressif, si naturel et si simple. Voyez quel sujet de réflexion ! L'Esprit encore abaissé qui les anime pressent le Christ, c'est-à-dire l'Esprit dans toute son essence de perfection. Balaam, le faux prophète, l'orgueil humain dans toute sa corruption, a blasphémé Dieu, il bat sa créature ; soudain l'Esprit illumine l'Esprit encore bien vague de l'âne, et il parle ; il devient pour un instant l'égal de l'homme, et, par sa parole, il est ce qu'il sera dans plusieurs milliers d'années. On pourrait citer bien d'autres faits, mais celui-ci me semble assez frappant à propos de ce que j'avançais sur l'orgueil de l'homme, qui nie jusqu'à son âme, parce qu'il ne peut la comprendre, et qui va jusqu'à nier le sentiment chez les êtres inférieurs parmi lesquels le Christ a préféré naître.
Charlet.
VII
Je vous ai entretenus pendant quelque temps sur ce que je vous avais promis. Comme je vous l'ai dit en commençant, je n'ai pas parlé au point de vue anatomique ou médical, mais uniquement de l'essence spirituelle qui existe chez les animaux. J'aurai encore à vous parler sur plusieurs autres points qui, tout en étant différents, n'en sont pas moins utiles pour la doctrine. Permettez-moi une dernière recommandation, c'est de réfléchir un peu sur ce que je vous ai dit ; ce n'est ni long ni pédant, et, croyez-moi, ce n'en est pas pour cela moins utile. Qu'un jour, lorsque le bon Pasteur divisera ses brebis, il puisse vous compter parmi les bonnes et excellentes bêtes qui auront le mieux suivi ses préceptes. Pardonnez-moi cette image un peu vive. Encore une fois, il vous faut réfléchir à ce que je vous ai dit ; du reste, je continuerai à vous parler autant que vous le désirerez. J'aurai à vous dire autre chose la prochaine fois pour définir ma pensée sur l'intelligence des animaux.
Tout à vous,Charlet.
VIII
Tout ce que je puis vous dire, amis, en ce moment, c'est que je vois avec plaisir la ligne de conduite que vous suivez. Que la charité, cette vertu des âmes vraiment franches et nobles, soit toujours votre guide, car c'est là le signe de la véritable supériorité. Persévérez dans cette voie qui doit nécessairement vous amener tous, malgré des efforts dont vous ne soupçonnez pas la force, à la vérité et à l'unité.
La modestie est un don aussi bien difficile à acquérir, n'est-ce pas, messieurs ? C'est une vertu assez rare parmi les hommes. Songez que pour avancer dans la voie du bien, dans la voie du progrès, vous n'avez à opposer que la modestie ; sans Dieu, sans ses divins préceptes, que seriez-vous ? Un peu moins que ces pauvres bêtes dont je vous ai déjà parlé, et sur lesquelles j'ai l'intention de vous entretenir encore. Ceignez vos reins, et préparez-vous à lutter de nouveau, mais ne faiblissez pas ; songez que ce n'est pas contre Dieu que vous luttez, comme Jacob, mais bien contre l'Esprit du mal qui envahit tout et vous-mêmes à chaque instant.
Ce que j'ai à vous dire serait trop long pour ce soir. J'ai l'intention de vous expliquer la chute morale des animaux après la chute morale de l'homme. Je l'intitulerai, pour finir ce que je vous ai déjà dit sur les animaux : Le premier homme féroce et le premier animal devenu féroce.
Défiez-vous des Esprits mauvais ; vous ne soupçonnez pas leur force, vous ai-je dit tout à l'heure, et quoique cette dernière phrase ne soit pas en rapport avec celle qui précède, elle n'en est pas moins très vraie et très à propos ; maintenant, réfléchissez.
La modestie est un don aussi bien difficile à acquérir, n'est-ce pas, messieurs ? C'est une vertu assez rare parmi les hommes. Songez que pour avancer dans la voie du bien, dans la voie du progrès, vous n'avez à opposer que la modestie ; sans Dieu, sans ses divins préceptes, que seriez-vous ? Un peu moins que ces pauvres bêtes dont je vous ai déjà parlé, et sur lesquelles j'ai l'intention de vous entretenir encore. Ceignez vos reins, et préparez-vous à lutter de nouveau, mais ne faiblissez pas ; songez que ce n'est pas contre Dieu que vous luttez, comme Jacob, mais bien contre l'Esprit du mal qui envahit tout et vous-mêmes à chaque instant.
Ce que j'ai à vous dire serait trop long pour ce soir. J'ai l'intention de vous expliquer la chute morale des animaux après la chute morale de l'homme. Je l'intitulerai, pour finir ce que je vous ai déjà dit sur les animaux : Le premier homme féroce et le premier animal devenu féroce.
Défiez-vous des Esprits mauvais ; vous ne soupçonnez pas leur force, vous ai-je dit tout à l'heure, et quoique cette dernière phrase ne soit pas en rapport avec celle qui précède, elle n'en est pas moins très vraie et très à propos ; maintenant, réfléchissez.
Charlet.
Remarque. L'Esprit a cru devoir interrompre ce jour-là le sujet principal qu'il traite pour faire cette dictée incidente, motivée par une circonstance particulière dont il a voulu saisir l'à propos. Nous la donnons, malgré cela, parce qu'elle n'en renferme pas moins d'utiles instructions.
IX
Lorsque le premier homme fut créé, tout était harmonie dans la nature. La toute-puissance du Créateur avait mis dans chaque être une parole de bonté, de générosité et d'amour. L'homme était radieux ; les animaux désiraient son regard céleste, et leurs caresses étaient toutes les mêmes pour lui et sa céleste compagne. La végétation était luxuriante ; le soleil dorait et illuminait toute la nature, comme le soleil mystérieux de l'âme, l'étincelle de Dieu, illuminait intérieurement l'intelligence de l'homme ; en un mot, tous les règnes de la nature pressentaient ce calme infini qui semblait comprendre Dieu ; tout semblait avoir assez d'intelligence pour exalter la toute-puissance du Créateur. Le ciel sans nuages était comme le cœur de l'homme, et l'eau limpide et bleue avait des reflets infinis, comme l'âme de l'homme avait les reflets de Dieu.
Bien longtemps après, tout sembla changer subitement ; la nature oppressée poussa un long soupir, et, pour la première, fois, la voix de Dieu se fit entendre ; terrible jour de malheur où l'homme, qui n'avait entendu jusqu'alors que la grande voix de Dieu qui lui disait dans tout : « Tu es immortel, » fut effrayé de ces terribles paroles : « Caïn, pourquoi as-tu tué ton frère ? » Tout changea aussitôt : le sang d'Abel se répandit sur toute la terre ; les arbres changèrent de couleur ; la végétation, si riche, si colorée, se ternit ; le ciel devint noir.
Pourquoi l'animal devint-il féroce ? Magnétisme tout puissant, invincible, qui saisit alors chaque être, la soif du sang, le désir du carnage, brillèrent dans ses yeux, jadis si doux, et l'animal devint féroce comme l'homme. Puisque l'homme avait été roi de la terre, n'avait-il pas montré l'exemple ? La bête suivit son exemple, et la mort plana désormais sur la terre, mort qui devint hideuse, au lieu d'une transformation douce et spirituelle ; le corps de l'homme devait se disperser dans l'air comme le corps du Christ, il se dispersa dans la terre, dans cette terre arrosée du sang d'Abel, et l'homme travailla, et la bête travailla.
Bien longtemps après, tout sembla changer subitement ; la nature oppressée poussa un long soupir, et, pour la première, fois, la voix de Dieu se fit entendre ; terrible jour de malheur où l'homme, qui n'avait entendu jusqu'alors que la grande voix de Dieu qui lui disait dans tout : « Tu es immortel, » fut effrayé de ces terribles paroles : « Caïn, pourquoi as-tu tué ton frère ? » Tout changea aussitôt : le sang d'Abel se répandit sur toute la terre ; les arbres changèrent de couleur ; la végétation, si riche, si colorée, se ternit ; le ciel devint noir.
Pourquoi l'animal devint-il féroce ? Magnétisme tout puissant, invincible, qui saisit alors chaque être, la soif du sang, le désir du carnage, brillèrent dans ses yeux, jadis si doux, et l'animal devint féroce comme l'homme. Puisque l'homme avait été roi de la terre, n'avait-il pas montré l'exemple ? La bête suivit son exemple, et la mort plana désormais sur la terre, mort qui devint hideuse, au lieu d'une transformation douce et spirituelle ; le corps de l'homme devait se disperser dans l'air comme le corps du Christ, il se dispersa dans la terre, dans cette terre arrosée du sang d'Abel, et l'homme travailla, et la bête travailla.
Charlet.
Examen critique des dissertations de Charlet sur les animaux
Sur le § I
1. Vous dites : Tout ce qui vit, pense ; on ne ne peut donc vivre sans penser ; cette proposition nous semble un peu absolue, car la plante vit et ne pense pas ; admettez-vous cela en principe ? - R. Sans doute ; je ne parle que de la vie animale, et non de la vie végétale ; vous devez bien le comprendre.
2. Plus loin vous dites : Vous verrez que l'animal vit véritablement, puisqu'il pense ; n'y a-t-il pas interversion dans la phrase ? Il nous semble que la proposition est celle-ci : Vous verrez que l'animal pense véritablement, puisqu'il vit. - R. Cela est évident.
2. Plus loin vous dites : Vous verrez que l'animal vit véritablement, puisqu'il pense ; n'y a-t-il pas interversion dans la phrase ? Il nous semble que la proposition est celle-ci : Vous verrez que l'animal pense véritablement, puisqu'il vit. - R. Cela est évident.
Sur le § II
3. Vous rappelez le dessin qui a été fait des animaux de Jupiter ; on en remarque qui ont une analogie frappante avec les satyres de la fable ; est-ce que cette idée des satyres serait une intuition de l'existence de ces êtres dans d'autres mondes, et, dans ce cas, ce ne serait pas alors une création purement fantastique ? - R. Plus le monde était neuf, plus il se souvenait ; l'homme avait l'intuition d'un ordre d'êtres intermédiaires, soit plus bas que lui, soit plus élevés ; c'est ce qu'il appelait les dieux.
4. Vous admettez alors que les divinités mythologiques n'étaient autres que ce que nous appelons Esprits ? - R. Oui.
5. Il nous a été dit que, dans Jupiter, on peut se comprendre par la seule transmission de la pensée ; lorsque les habitants de cette planète s'adressent aux animaux, qui sont leurs serviteurs et leurs manœuvres, ont-ils recours à un langage particulier ? Auraient-ils, pour les bêtes, un langage articulé et entre eux un langage de pensée ? - R. Non, il n'y a pas de langage articulé, mais une sorte de magnétisme de fer qui fait courber l'animal et lui fait exécuter les moindres désirs et les ordres de ses maîtres ; l'Esprit tout-puissant ne peut se rabaisser.
6. Chez nous les animaux ont évidemment un langage, puisqu'ils se comprennent, mais très borné ; ceux de Jupiter ont-ils un langage plus précis, plus positif que les nôtres ; en un mot, ont-ils un langage articulé ? - R. Oui.
7. Les habitants de Jupiter comprennent-ils mieux que nous le langage des animaux ? - R. Ils voient en eux et les comprennent parfaitement.
8. Si l'on examine la série des êtres vivants, on trouve une chaîne non interrompue depuis le madrépore, la plante même, jusqu'à l'animal le plus intelligent ; mais entre l'animal le plus intelligent et l'homme, il y a une lacune évidente qui doit être comblée quelque part, car la nature ne laisse aucun échelon vacant ; d'où vient cette lacune ? - R. Cette lacune des êtres n'est qu'apparente, car elle n'existe pas réellement ; elle provient des races disparues. (Saint Louis.)
9. Cette lacune peut exister sur la terre, mais assurément elle n'existe pas dans l'ensemble de l'univers et doit être comblée quelque part ; ne le serait-elle pas par certains animaux des mondes supérieurs qui, comme ceux de Jupiter, par exemple, semblent se rapprocher beaucoup de l'homme terrestre par la forme, le langage et d'autres signes ? - R. Dans les sphères supérieures, le germe éclos sur la terre est développé et ne se perd jamais. Vous retrouverez, en devenant Esprits, tous les êtres créés et disparus dans les cataclysmes de votre globe. (Saint Louis.)
Remarque. Puisque ces races intermédiaires ont existé sur la terre et en ont disparu, cela justifie ce que Charlet disait tout à l'heure que plus le monde était neuf, plus il se souvenait. Si elles n'avaient existé que dans les mondes supérieurs, l'homme de la terre, moins avancé, ne pouvait en avoir gardé la mémoire.
4. Vous admettez alors que les divinités mythologiques n'étaient autres que ce que nous appelons Esprits ? - R. Oui.
5. Il nous a été dit que, dans Jupiter, on peut se comprendre par la seule transmission de la pensée ; lorsque les habitants de cette planète s'adressent aux animaux, qui sont leurs serviteurs et leurs manœuvres, ont-ils recours à un langage particulier ? Auraient-ils, pour les bêtes, un langage articulé et entre eux un langage de pensée ? - R. Non, il n'y a pas de langage articulé, mais une sorte de magnétisme de fer qui fait courber l'animal et lui fait exécuter les moindres désirs et les ordres de ses maîtres ; l'Esprit tout-puissant ne peut se rabaisser.
6. Chez nous les animaux ont évidemment un langage, puisqu'ils se comprennent, mais très borné ; ceux de Jupiter ont-ils un langage plus précis, plus positif que les nôtres ; en un mot, ont-ils un langage articulé ? - R. Oui.
7. Les habitants de Jupiter comprennent-ils mieux que nous le langage des animaux ? - R. Ils voient en eux et les comprennent parfaitement.
8. Si l'on examine la série des êtres vivants, on trouve une chaîne non interrompue depuis le madrépore, la plante même, jusqu'à l'animal le plus intelligent ; mais entre l'animal le plus intelligent et l'homme, il y a une lacune évidente qui doit être comblée quelque part, car la nature ne laisse aucun échelon vacant ; d'où vient cette lacune ? - R. Cette lacune des êtres n'est qu'apparente, car elle n'existe pas réellement ; elle provient des races disparues. (Saint Louis.)
9. Cette lacune peut exister sur la terre, mais assurément elle n'existe pas dans l'ensemble de l'univers et doit être comblée quelque part ; ne le serait-elle pas par certains animaux des mondes supérieurs qui, comme ceux de Jupiter, par exemple, semblent se rapprocher beaucoup de l'homme terrestre par la forme, le langage et d'autres signes ? - R. Dans les sphères supérieures, le germe éclos sur la terre est développé et ne se perd jamais. Vous retrouverez, en devenant Esprits, tous les êtres créés et disparus dans les cataclysmes de votre globe. (Saint Louis.)
Remarque. Puisque ces races intermédiaires ont existé sur la terre et en ont disparu, cela justifie ce que Charlet disait tout à l'heure que plus le monde était neuf, plus il se souvenait. Si elles n'avaient existé que dans les mondes supérieurs, l'homme de la terre, moins avancé, ne pouvait en avoir gardé la mémoire.
Sur le § III.
10. Vous dites que tout se perfectionne, et comme preuve du progrès chez l'animal, vous dites qu'autrefois il était plus rebelle à l'homme. L'animal se perfectionne, cela est évident ; mais, sur la terre du moins, il ne se perfectionne que par les soins de l'homme ; abandonné à lui-même il reprend sa nature sauvage, même le chien. - R. Et l'homme, par les soins de quel être se perfectionne-t-il ? N'est-ce pas par les soins de Dieu ? Tout est échelle dans la nature.
11. Vous parlez de récompenses pour les animaux qui souffrent des mauvais traitements, et vous dites qu'il est de toute justice qu'il y ait compensation pour eux. Il semblerait, d'après cela, que vous admettez chez l'animal la conscience de son moi après la mort, avec le souvenir de son passé ; cela est contraire à ce qui nous a été dit. Si les choses se passaient telles que vous le dites, il en résulterait que, dans le monde des Esprits, il y aurait des Esprits d'animaux ; alors il n'y aurait pas de raison pour qu'il n'y eût aussi des Esprits d'huîtres. Veuillez donc nous dire si vous voyez autour de vous des Esprits de chiens, de chats, de chevaux ou d'éléphants, comme vous voyez des Esprits humains ? - R. L'âme de l'animal, vous avez parfaitement raison, ne se connaît pas à la mort du corps ; c'est un ensemble confus de germes qui peuvent passer dans le corps de tel ou tel animal, selon le développement qu'il a acquis ; elle n'est pas individualisée. Je vous dirai cependant que chez certains animaux, chez beaucoup même, il y a individualité.
12. Cette théorie, du reste, ne justifie nullement les mauvais traitements des animaux ; l'homme est toujours coupable de faire souffrir un être sensible quelconque, et la doctrine nous dit qu'il en sera puni ; mais de là à placer l'animal dans une condition supérieure à lui, il y a une grande distance ; qu'en pensez-vous ? - R. Oui, mais établissez cependant toujours une échelle parmi les animaux ; songez qu'il y a des mondes entre certaines races. L'homme est d'autant plus coupable qu'il est plus puissant.
13. Comment expliquez-vous ce fait que, même dans l'état sauvage, l'homme se fait obéir de l'animal le plus intelligent ? - C'est la nature qui agit surtout en cela ; l'homme sauvage est l'homme de la nature : il connaît l'animal familièrement ; l'homme civilisé l'étudie, et l'animal se courbe devant lui ; l'homme est toujours l'homme devant l'animal, qu'il soit sauvage ou civilisé.
11. Vous parlez de récompenses pour les animaux qui souffrent des mauvais traitements, et vous dites qu'il est de toute justice qu'il y ait compensation pour eux. Il semblerait, d'après cela, que vous admettez chez l'animal la conscience de son moi après la mort, avec le souvenir de son passé ; cela est contraire à ce qui nous a été dit. Si les choses se passaient telles que vous le dites, il en résulterait que, dans le monde des Esprits, il y aurait des Esprits d'animaux ; alors il n'y aurait pas de raison pour qu'il n'y eût aussi des Esprits d'huîtres. Veuillez donc nous dire si vous voyez autour de vous des Esprits de chiens, de chats, de chevaux ou d'éléphants, comme vous voyez des Esprits humains ? - R. L'âme de l'animal, vous avez parfaitement raison, ne se connaît pas à la mort du corps ; c'est un ensemble confus de germes qui peuvent passer dans le corps de tel ou tel animal, selon le développement qu'il a acquis ; elle n'est pas individualisée. Je vous dirai cependant que chez certains animaux, chez beaucoup même, il y a individualité.
12. Cette théorie, du reste, ne justifie nullement les mauvais traitements des animaux ; l'homme est toujours coupable de faire souffrir un être sensible quelconque, et la doctrine nous dit qu'il en sera puni ; mais de là à placer l'animal dans une condition supérieure à lui, il y a une grande distance ; qu'en pensez-vous ? - R. Oui, mais établissez cependant toujours une échelle parmi les animaux ; songez qu'il y a des mondes entre certaines races. L'homme est d'autant plus coupable qu'il est plus puissant.
13. Comment expliquez-vous ce fait que, même dans l'état sauvage, l'homme se fait obéir de l'animal le plus intelligent ? - C'est la nature qui agit surtout en cela ; l'homme sauvage est l'homme de la nature : il connaît l'animal familièrement ; l'homme civilisé l'étudie, et l'animal se courbe devant lui ; l'homme est toujours l'homme devant l'animal, qu'il soit sauvage ou civilisé.
Sur le § V.
14. (A Charlet.) Nous n'avons rien à dire sur ce paragraphe qui nous semble très rationnel ; avez-vous quelque chose à y ajouter ? - R. Je n'ai pas autre chose à ajouter que ceci : les animaux ont toutes les facultés que j'ai indiquées, mais chez eux le progrès s'accomplit par l'éducation qu'ils reçoivent de l'homme et non par eux-mêmes ; l'animal, abandonné à l'état sauvage, reprend le type qu'il avait au sortir des mains du Créateur ; soumis à l'homme, il se perfectionne, voilà tout.
15. Ceci est parfaitement vrai pour les individus et les espèces ; mais si l'on considère l'ensemble de l'échelle des êtres, il y a une marche ascendante évidente qui ne s'arrête pas aux animaux de la terre, puisque ceux de Jupiter sont supérieurs aux nôtres physiquement et intellectuellement. - R. Chaque race est parfaite en elle-même et n'émigre pas dans les races étrangères ; dans Jupiter, ce sont les mêmes types, formant des races distinctes, mais ce ne sont pas les Esprits des animaux défunts.
16. Que devient alors le principe intelligent des animaux défunts ? - R. Il retourne à la masse où chaque nouvel animal puise la portion d'intelligence qui lui est nécessaire. Or, c'est là précisément ce qui distingue l'homme de l'animal ; c'est qu'en lui l'Esprit est individualisé et progressif par lui-même, et c'est aussi ce qui lui donne la supériorité sur tous les animaux ; voilà pourquoi l'homme, même sauvage, comme vous l'avez fait remarquer, se fait obéir même des animaux les plus intelligents.
15. Ceci est parfaitement vrai pour les individus et les espèces ; mais si l'on considère l'ensemble de l'échelle des êtres, il y a une marche ascendante évidente qui ne s'arrête pas aux animaux de la terre, puisque ceux de Jupiter sont supérieurs aux nôtres physiquement et intellectuellement. - R. Chaque race est parfaite en elle-même et n'émigre pas dans les races étrangères ; dans Jupiter, ce sont les mêmes types, formant des races distinctes, mais ce ne sont pas les Esprits des animaux défunts.
16. Que devient alors le principe intelligent des animaux défunts ? - R. Il retourne à la masse où chaque nouvel animal puise la portion d'intelligence qui lui est nécessaire. Or, c'est là précisément ce qui distingue l'homme de l'animal ; c'est qu'en lui l'Esprit est individualisé et progressif par lui-même, et c'est aussi ce qui lui donne la supériorité sur tous les animaux ; voilà pourquoi l'homme, même sauvage, comme vous l'avez fait remarquer, se fait obéir même des animaux les plus intelligents.
Sur le § VI.
17. Vous donnez l'histoire de Balaam comme un fait positif ; qu'en pensez-vous sérieusement ? - R. C'est une pure allégorie ou plutôt une fiction pour flageller l'orgueil ; on a fait parler l'âne de Balaam comme La Fontaine a fait parler bien d'autres bêtes.
Sur le § XI.
18. Dans ce passage, Charlet semble s'être laissé entraîner par son imagination, car le tableau qu'il fait de la dégradation morale de l'animal est plus fantastique que scientifique. En effet, l'animal n'est féroce que par besoin, et c'est pour satisfaire à ce besoin que la nature lui a donné une organisation spéciale. Si les uns doivent se nourrir de chair, c'est par une vue providentielle, et parce qu'il était utile à l'harmonie générale que certains éléments organiques fussent absorbés. L'animal est donc féroce par sa constitution, et l'on ne concevrait pas que la chute morale de l'homme ait pu faire pousser des dents canines au tigre et raccourci ses intestins, car alors il n'y aurait pas de raison pour quelle n'eût pas eu le même résultat sur le mouton. Disons plutôt que l'homme, sur la terre, étant peu avancé, s'y trouve avec des êtres inférieurs sous tous les rapports, et dont le contact est pour lui une cause d'inquiétudes, de souffrances, et, par suite, une source d'épreuves qui aident à son avancement futur.
Que pense Charlet de ces réflexions ?
R. Je ne puis que les approuver. J'étais un peintre, et non pas un littérateur ni un savant : voilà pourquoi je me laisse aller de temps à autre au plaisir nouveau pour moi d'écrire de belles phrases, même aux dépens de la vérité ; mais ce que vous dites là est très juste et bien inspiré. Dans le tableau que j'ai tracé, j'ai brodé sur certaines idées reçues pour ne froisser aucune conviction. La vérité est que les premiers âges étaient des âges de fer bien éloignés de ces prétendues douceurs ; la civilisation, en découvrant chaque jour les trésors accumulés par la bonté de Dieu, dans l'espace aussi bien que dans la terre, fait conquérir à l'homme la véritable terre promise, celle que Dieu accordera à l'intelligence et au travail, et qu'il n'a pas livrée toute parée aux mains des hommes enfants, qui avaient à la découvrir par leur propre intelligence. Du reste, cette erreur que j'ai commise ne pouvait être nuisible aux yeux des gens éclairés, qui devaient aisément la reconnaître ; pour les ignorants, elle passait inaperçue. Cependant j'ai eu tort, j'en conviens ; j'ai agi légèrement, et cela vous prouve à quel point vous devez contrôler les communications que vous recevez.
Que pense Charlet de ces réflexions ?
R. Je ne puis que les approuver. J'étais un peintre, et non pas un littérateur ni un savant : voilà pourquoi je me laisse aller de temps à autre au plaisir nouveau pour moi d'écrire de belles phrases, même aux dépens de la vérité ; mais ce que vous dites là est très juste et bien inspiré. Dans le tableau que j'ai tracé, j'ai brodé sur certaines idées reçues pour ne froisser aucune conviction. La vérité est que les premiers âges étaient des âges de fer bien éloignés de ces prétendues douceurs ; la civilisation, en découvrant chaque jour les trésors accumulés par la bonté de Dieu, dans l'espace aussi bien que dans la terre, fait conquérir à l'homme la véritable terre promise, celle que Dieu accordera à l'intelligence et au travail, et qu'il n'a pas livrée toute parée aux mains des hommes enfants, qui avaient à la découvrir par leur propre intelligence. Du reste, cette erreur que j'ai commise ne pouvait être nuisible aux yeux des gens éclairés, qui devaient aisément la reconnaître ; pour les ignorants, elle passait inaperçue. Cependant j'ai eu tort, j'en conviens ; j'ai agi légèrement, et cela vous prouve à quel point vous devez contrôler les communications que vous recevez.
Remarque générale
Un enseignement important, au point de vue de la science spirite, ressort de ces communications. La première chose qui frappe, en les lisant, c'est un mélange d'idées justes, profondes, et portant le cachet de l'observateur, à côté d'autres idées évidemment fausses, et fondées sur l'imagination plus que sur la réalité. Charlet était sans contredit un homme au-dessus du vulgaire, mais, comme Esprit, il n'est pas plus universel qu'il ne l'était de son vivant, et il peut se fourvoyer, parce que, n'étant pas encore assez élevé, il n'envisage les choses qu'à son point de vue ; il n'y a, du reste, que les Esprits arrivés au dernier degré de perfection qui soient exempts d'erreurs ; les autres, quelque bons qu'ils soient, ne savent pas tout et peuvent se tromper ; mais alors, quand ils sont vraiment bons, ils le font de bonne foi et en conviennent franchement, tandis qu'il y en a qui le font sciemment et s'obstinent dans les idées les plus absurdes. C'est pourquoi il faut se garder d'accepter ce qui vient du monde invisible sans l'avoir soumis au contrôle de la logique ; les bons Esprits le recommandent sans cesse, et ne se formalisent jamais de la critique, parce que, de deux choses l'une, ou ils sont sûrs de ce qu'ils disent, et alors ils ne la craignent pas, ou ils n'en sont pas sûrs, et, s'ils ont la conscience de leur insuffisance, ils recherchent eux-mêmes la vérité ; or, si les hommes peuvent s'instruire avec les Esprits, certains Esprits peuvent aussi s'instruire avec les hommes. Les autres, au contraire, veulent dominer, espérant faire accepter leurs utopies à la faveur de leur titre d'Esprits ; alors, soit présomption de leur part, soit mauvaise intention, ils ne souffrent pas la contradiction ; ils veulent être crus sur parole, parce qu'ils savent bien qu'ils ne peuvent que perdre à l'examen ; ils s'offusquent du moindre doute sur leur infaillibilité, et menacent superbement de vous abandonner comme indignes de les entendre ; aussi n'aiment-ils que ceux qui se mettent à genoux devant eux. N'y a-t-il pas des hommes ainsi faits, et doit-on s'étonner de les trouver avec leurs travers dans le monde des Esprits ? Chez les hommes un tel caractère est toujours, aux yeux des gens sensés, un indice d'orgueil, de vaine suffisance, de sotte vanité, et partant de petitesse dans les idées et d'un faux jugement ; ce qui est un signe d'infériorité morale chez eux ne saurait être un signe de supériorité chez les Esprits.
Charlet, comme on vient de le voir, se prête volontiers la controverse ; il écoute et admet les objections, et y répond avec bienveillance ; il développe ce qui était obscur et reconnaît loyalement ce qui n'est pas exact ; en un mot, il ne veut pas se faire passer pour plus savant qu'il n'est, et, en cela, il prouve plus d'élévation que s'il s'obstinait dans des idées fausses, à l'exemple de certains Esprits qui se scandalisent à la seule annonce que leurs communications paraissent susceptibles de commentaires.
Ce qui est encore le propre de ces Esprits orgueilleux, c'est l'espèce de fascination qu'ils exercent sur leurs médiums, et à l'aide de laquelle ils parviennent quelquefois à leur faire partager les mêmes sentiments. Nous disons à dessein leurs médiums, parce qu'ils s'en emparent et veulent avoir en eux des instruments qui agissent les yeux fermés ; ils ne s'accommoderaient nullement d'un médium scrutateur ou qui verrait trop clair ; n'est-ce pas encore parmi les hommes ? Lorsqu'ils l'ont trouvé, craignant qu'il ne leur échappe, ils lui inspirent de l'éloignement pour quiconque pourrait l'éclairer ; ils l'isolent en quelque sorte, afin d'avoir leurs coudées franches, ou ne le rapprochent que de ceux dont ils n'ont rien à craindre ; et, pour mieux capter sa confiance, ils font les bons apôtres en usurpant les noms d'Esprits vénérés dont ils cherchent à imiter le langage ; mais ils ont beau faire, l'ignorance ne pourra jamais contrefaire le vrai savoir, ni une mauvaise nature la vraie vertu ; toujours l'orgueil percera sous le manteau d'une feinte humilité, et c'est parce qu'ils craignent d'être démasqués qu'ils évitent la discussion et en détournent leurs médiums.
Il n'est personne, jugeant froidement et sans prévention, qui ne reconnaisse comme mauvaise une telle influence, car il tombe sous le plus vulgaire bon sens qu'un Esprit véritablement bon et éclairé ne cherchera jamais à l'exercer. On peut donc dire que tout médium qui y cède est sous l'empire d'une obsession dont il doit chercher à se débarrasser au plus tôt. Ce que l'on veut avant tout, ce ne sont pas des communications quand même, mais des communications bonnes et vraies ; or, pour avoir de bonnes communications, il faut de bons Esprits, et pour avoir de bons Esprits, il faut avoir des médiums libres de toute mauvaise influence. La nature des Esprits qui assistent d'habitude un médium est donc une des premières choses à considérer ; pour la connaître exactement, il y a un critérium infaillible, et ce n'est ni dans des signes matériels, ni dans des formules d'évocation ou de conjuration qu'on le trouvera : ce critérium est dans les sentiments que l'Esprit inspire au médium ; par la manière d'agir de ce dernier, on peut juger la nature des Esprits qui le dirigent, et par conséquent le degré de confiance que méritent ses communications.
Ceci n'est point une opinion personnelle, un système, mais un principe déduit de la plus rigoureuse logique, si l'on admet ces prémisses : qu'une mauvaise pensée ne peut être suggérée par un bon Esprit. Tant qu'on n'aura pas prouvé qu'un bon Esprit peut inspirer le mal, nous dirons que tout acte qui s'écarte de la bienveillance, de la charité et de l'humilité, où perce la haine, l'envie, la jalousie, l'orgueil blessé ou la simple acrimonie, ne peut être inspiré que par un mauvais Esprit, alors même que celui-ci prêcherait hypocritement les plus belles maximes, car, s'il était vraiment bon, il le prouverait en mettant ses actes en harmonie avec ses paroles. La pratique du Spiritisme est entourée de tant de difficultés, les Esprits trompeurs sont si rusés, si astucieux, et en même temps si nombreux, qu'on ne saurait s'entourer de trop de précautions pour les déjouer ; il importe donc de rechercher avec le plus grand soin tous les indices par lesquels ils peuvent se trahir ; or ces indices sont tout à la fois dans leur langage et dans les actes qu'ils sollicitent.
Ayant soumis ces réflexions à l'Esprit de Charlet, voici ce qu'il en dit : « Je ne puis qu'approuver ce que vous venez de dire et engager tous ceux qui s'occupent du Spiritisme à suivre d'aussi sages conseils, évidemment dictés par de bons Esprits, mais qui ne sont pas du tout, vous pouvez bien le croire, du goût des mauvais, car ils savent très bien que c'est le moyen le plus efficace de combattre leur influence ; aussi font-ils tout ce qu'ils peuvent pour en détourner ceux qu'ils veulent mettre dans leurs filets. »
Charlet dit qu'il s'est laissé aller au plaisir nouveau pour lui d'écrire de belles phrases, même aux dépens de la vérité. Qu'en serait-il advenu si nous eussions publié son travail sans commentaires ? On eût accusé le Spiritisme d'accréditer des idées ridicules, et nous-même de ne pas savoir distinguer le vrai du faux. Beaucoup d'Esprits sont dans le même cas ; ils trouvent une satisfaction d'amour-propre à mettre au jour par l'entremise de médiums, ne pouvant le faire par eux-mêmes, des œuvres littéraires, scientifiques, philosophiques ou dogmatiques de longue haleine ; mais quand ces Esprits n'ont qu'un faux savoir, ils écrivent des choses absurdes tout aussi bien que le feraient des hommes. C'est surtout dans ces ouvrages suivis qu'on peut les juger, parce que leur ignorance les rend incapables de soutenir longtemps leur rôle, et qu'ils révèlent eux-mêmes leur insuffisance en blessant à chaque pas la logique et la raison. A travers une foule d'idées fausses, il s'en trouve parfois de très bonnes, sur lesquelles ils comptent pour faire passer les autres. Cette incohérence seule prouve leur incapacité ; ce sont des maçons qui savent bien aligner les pierres d'un bâtiment, mais qui seraient incapables d'élever un palais. C'est quelquefois une chose curieuse de voir le dédale inextricable de combinaisons et de raisonnements dans lequel ils s'engagent, et d'où ils ne peuvent se tirer qu'à force de sophismes et d'utopies. Nous en avons vu qui, à bout d'expédients, ont laissé là leur travail ; mais d'autres ne se tiennent pas pour battus, et veulent le pousser jusqu'au bout, dût-il faire rire aux dépens de ceux qui le prennent au sérieux.
Ces réflexions nous sont suggérées comme principe général, et l'on aurait tort d'y voir une application quelconque. Parmi les nombreux écrits qui ont été publiés sur le Spiritisme, il en est, sans doute, qui pourraient donner lieu à une critique fondée ; mais nous n'avons garde de les mettre tous sur la même ligne ; nous indiquons un moyen de les apprécier, c'est à chacun de le faire comme il l'entendra. Si nous n'avons pas encore entrepris d'en faire l'examen dans notre Revue, c'est par la crainte qu'on ne se méprît sur le mobile de la critique que nous en aurions pu faire ; nous avons donc préféré attendre que le Spiritisme fût mieux connu et surtout mieux compris ; alors notre opinion, s'appuyant sur une base généralement admise, ne pourra être suspectée de partialité. Ce que nous attendons se produit chaque jour, car nous voyons qu'en beaucoup de circonstances le jugement de l'opinion devance le nôtre ; aussi, nous applaudissons-nous de notre réserve. Nous entreprendrons cet examen quand nous croirons le moment opportun ; mais on peut voir déjà quelle sera notre base d'appréciation : cette base est la logique, dont chacun peut faire usage soi-même, car nous n'avons pas la sotte prétention de la posséder par privilège. La logique, en effet, est le grand critérium de toute communication spirite, comme elle l'est de tous les travaux humains. Nous savons bien que celui même qui raisonne à faux croit être logique ; il l'est à sa manière, mais il ne l'est que pour lui et non pour les autres ; quand une logique est rigoureuse comme celle de deux et deux font quatre, et que les conséquences sont déduites d'axiomes évidents, le bon sens général fait tôt ou tard justice de tous ces sophismes. Nous croyons que les propositions suivantes ont ce caractère :
1° Les bons Esprits ne peuvent enseigner et inspirer que le bien ; donc tout ce qui n'est pas rigoureusement bien ne peut venir d'un bon Esprit ;
2° Les Esprits éclairés et vraiment supérieurs ne peuvent enseigner des choses absurdes ; donc toute communication entachée d'erreurs manifestes ou contraires aux données les plus vulgaires de la science et de l'observation, atteste par cela seul l'infériorité de son origine ;
3° La supériorité d'un écrit quelconque est dans la justesse et la profondeur des idées, et non dans l'enflure et la redondance du style ; donc toute communication spirite où il y a plus de mots et de phrases brillantes que de pensées solides ne peut venir d'un Esprit vraiment supérieur ;
4° L'ignorance ne peut contrefaire le vrai savoir, ni le mal contrefaire le bien d'une manière absolue ; donc tout Esprit qui, sous un nom vénéré, dit des choses incompatibles avec le titre qu'il se donne, est convaincu de fraude ;
5° Il est de l'essence d'un Esprit élevé de s'attacher plus à la pensée qu'à la forme et à la matière, d'où il suit que l'élévation de l'Esprit est en raison de l'élévation des idées ; donc tout Esprit méticuleux dans les détails de forme, qui prescrit des puérilités, en un mot, qui attache de l'importance aux signes et aux choses matérielles, accuse, par cela même, une petitesse d'idées, et ne peut être vraiment supérieur ;
6° Un Esprit vraiment supérieur ne peut se contredire ; donc si deux communications contradictoires sont données sous un même nom respectable, l'une des deux est nécessairement apocryphe ; si l'une est vraie, ce ne peut être que celle qui ne dément en rien la supériorité de l'Esprit dont le nom est mis en avant.
La conséquence à tirer de ces principes, c'est qu'en dehors des questions morales il ne faut accueillir qu'avec réserve ce qui vient des Esprits, et que, dans tous les cas, il ne faut jamais l'accepter sans examen. De là découle la nécessité d'apporter la plus grande circonspection dans la publication des écrits émanés de cette source, quand surtout, par l'étrangeté des doctrines qu'ils contiennent, ou l'incohérence des idées, ils peuvent prêter au ridicule. Il faut se défier du penchant de certains Esprits pour les idées systématiques et de l'amour-propre qu'ils mettent à les répandre ; c'est donc surtout dans les théories scientifiques qu'il faut mettre une extrême prudence, et se garder de donner précipitamment comme vérités des systèmes souvent plus séduisants que réels, et qui tôt ou tard peuvent recevoir un démenti officiel. Qu'on les présente comme des probabilités, si elles sont logiques, et comme pouvant servir de base à des observations ultérieures, soit ; mais il y aurait imprudence à les donner prématurément comme des articles de foi. Un proverbe dit : Rien n'est plus dangereux qu'un imprudent ami. Or, c'est le cas de ceux qui, dans le Spiritisme, se laissent emporter par un zèle plus ardent que réfléchi.
Charlet, comme on vient de le voir, se prête volontiers la controverse ; il écoute et admet les objections, et y répond avec bienveillance ; il développe ce qui était obscur et reconnaît loyalement ce qui n'est pas exact ; en un mot, il ne veut pas se faire passer pour plus savant qu'il n'est, et, en cela, il prouve plus d'élévation que s'il s'obstinait dans des idées fausses, à l'exemple de certains Esprits qui se scandalisent à la seule annonce que leurs communications paraissent susceptibles de commentaires.
Ce qui est encore le propre de ces Esprits orgueilleux, c'est l'espèce de fascination qu'ils exercent sur leurs médiums, et à l'aide de laquelle ils parviennent quelquefois à leur faire partager les mêmes sentiments. Nous disons à dessein leurs médiums, parce qu'ils s'en emparent et veulent avoir en eux des instruments qui agissent les yeux fermés ; ils ne s'accommoderaient nullement d'un médium scrutateur ou qui verrait trop clair ; n'est-ce pas encore parmi les hommes ? Lorsqu'ils l'ont trouvé, craignant qu'il ne leur échappe, ils lui inspirent de l'éloignement pour quiconque pourrait l'éclairer ; ils l'isolent en quelque sorte, afin d'avoir leurs coudées franches, ou ne le rapprochent que de ceux dont ils n'ont rien à craindre ; et, pour mieux capter sa confiance, ils font les bons apôtres en usurpant les noms d'Esprits vénérés dont ils cherchent à imiter le langage ; mais ils ont beau faire, l'ignorance ne pourra jamais contrefaire le vrai savoir, ni une mauvaise nature la vraie vertu ; toujours l'orgueil percera sous le manteau d'une feinte humilité, et c'est parce qu'ils craignent d'être démasqués qu'ils évitent la discussion et en détournent leurs médiums.
Il n'est personne, jugeant froidement et sans prévention, qui ne reconnaisse comme mauvaise une telle influence, car il tombe sous le plus vulgaire bon sens qu'un Esprit véritablement bon et éclairé ne cherchera jamais à l'exercer. On peut donc dire que tout médium qui y cède est sous l'empire d'une obsession dont il doit chercher à se débarrasser au plus tôt. Ce que l'on veut avant tout, ce ne sont pas des communications quand même, mais des communications bonnes et vraies ; or, pour avoir de bonnes communications, il faut de bons Esprits, et pour avoir de bons Esprits, il faut avoir des médiums libres de toute mauvaise influence. La nature des Esprits qui assistent d'habitude un médium est donc une des premières choses à considérer ; pour la connaître exactement, il y a un critérium infaillible, et ce n'est ni dans des signes matériels, ni dans des formules d'évocation ou de conjuration qu'on le trouvera : ce critérium est dans les sentiments que l'Esprit inspire au médium ; par la manière d'agir de ce dernier, on peut juger la nature des Esprits qui le dirigent, et par conséquent le degré de confiance que méritent ses communications.
Ceci n'est point une opinion personnelle, un système, mais un principe déduit de la plus rigoureuse logique, si l'on admet ces prémisses : qu'une mauvaise pensée ne peut être suggérée par un bon Esprit. Tant qu'on n'aura pas prouvé qu'un bon Esprit peut inspirer le mal, nous dirons que tout acte qui s'écarte de la bienveillance, de la charité et de l'humilité, où perce la haine, l'envie, la jalousie, l'orgueil blessé ou la simple acrimonie, ne peut être inspiré que par un mauvais Esprit, alors même que celui-ci prêcherait hypocritement les plus belles maximes, car, s'il était vraiment bon, il le prouverait en mettant ses actes en harmonie avec ses paroles. La pratique du Spiritisme est entourée de tant de difficultés, les Esprits trompeurs sont si rusés, si astucieux, et en même temps si nombreux, qu'on ne saurait s'entourer de trop de précautions pour les déjouer ; il importe donc de rechercher avec le plus grand soin tous les indices par lesquels ils peuvent se trahir ; or ces indices sont tout à la fois dans leur langage et dans les actes qu'ils sollicitent.
Ayant soumis ces réflexions à l'Esprit de Charlet, voici ce qu'il en dit : « Je ne puis qu'approuver ce que vous venez de dire et engager tous ceux qui s'occupent du Spiritisme à suivre d'aussi sages conseils, évidemment dictés par de bons Esprits, mais qui ne sont pas du tout, vous pouvez bien le croire, du goût des mauvais, car ils savent très bien que c'est le moyen le plus efficace de combattre leur influence ; aussi font-ils tout ce qu'ils peuvent pour en détourner ceux qu'ils veulent mettre dans leurs filets. »
Charlet dit qu'il s'est laissé aller au plaisir nouveau pour lui d'écrire de belles phrases, même aux dépens de la vérité. Qu'en serait-il advenu si nous eussions publié son travail sans commentaires ? On eût accusé le Spiritisme d'accréditer des idées ridicules, et nous-même de ne pas savoir distinguer le vrai du faux. Beaucoup d'Esprits sont dans le même cas ; ils trouvent une satisfaction d'amour-propre à mettre au jour par l'entremise de médiums, ne pouvant le faire par eux-mêmes, des œuvres littéraires, scientifiques, philosophiques ou dogmatiques de longue haleine ; mais quand ces Esprits n'ont qu'un faux savoir, ils écrivent des choses absurdes tout aussi bien que le feraient des hommes. C'est surtout dans ces ouvrages suivis qu'on peut les juger, parce que leur ignorance les rend incapables de soutenir longtemps leur rôle, et qu'ils révèlent eux-mêmes leur insuffisance en blessant à chaque pas la logique et la raison. A travers une foule d'idées fausses, il s'en trouve parfois de très bonnes, sur lesquelles ils comptent pour faire passer les autres. Cette incohérence seule prouve leur incapacité ; ce sont des maçons qui savent bien aligner les pierres d'un bâtiment, mais qui seraient incapables d'élever un palais. C'est quelquefois une chose curieuse de voir le dédale inextricable de combinaisons et de raisonnements dans lequel ils s'engagent, et d'où ils ne peuvent se tirer qu'à force de sophismes et d'utopies. Nous en avons vu qui, à bout d'expédients, ont laissé là leur travail ; mais d'autres ne se tiennent pas pour battus, et veulent le pousser jusqu'au bout, dût-il faire rire aux dépens de ceux qui le prennent au sérieux.
Ces réflexions nous sont suggérées comme principe général, et l'on aurait tort d'y voir une application quelconque. Parmi les nombreux écrits qui ont été publiés sur le Spiritisme, il en est, sans doute, qui pourraient donner lieu à une critique fondée ; mais nous n'avons garde de les mettre tous sur la même ligne ; nous indiquons un moyen de les apprécier, c'est à chacun de le faire comme il l'entendra. Si nous n'avons pas encore entrepris d'en faire l'examen dans notre Revue, c'est par la crainte qu'on ne se méprît sur le mobile de la critique que nous en aurions pu faire ; nous avons donc préféré attendre que le Spiritisme fût mieux connu et surtout mieux compris ; alors notre opinion, s'appuyant sur une base généralement admise, ne pourra être suspectée de partialité. Ce que nous attendons se produit chaque jour, car nous voyons qu'en beaucoup de circonstances le jugement de l'opinion devance le nôtre ; aussi, nous applaudissons-nous de notre réserve. Nous entreprendrons cet examen quand nous croirons le moment opportun ; mais on peut voir déjà quelle sera notre base d'appréciation : cette base est la logique, dont chacun peut faire usage soi-même, car nous n'avons pas la sotte prétention de la posséder par privilège. La logique, en effet, est le grand critérium de toute communication spirite, comme elle l'est de tous les travaux humains. Nous savons bien que celui même qui raisonne à faux croit être logique ; il l'est à sa manière, mais il ne l'est que pour lui et non pour les autres ; quand une logique est rigoureuse comme celle de deux et deux font quatre, et que les conséquences sont déduites d'axiomes évidents, le bon sens général fait tôt ou tard justice de tous ces sophismes. Nous croyons que les propositions suivantes ont ce caractère :
1° Les bons Esprits ne peuvent enseigner et inspirer que le bien ; donc tout ce qui n'est pas rigoureusement bien ne peut venir d'un bon Esprit ;
2° Les Esprits éclairés et vraiment supérieurs ne peuvent enseigner des choses absurdes ; donc toute communication entachée d'erreurs manifestes ou contraires aux données les plus vulgaires de la science et de l'observation, atteste par cela seul l'infériorité de son origine ;
3° La supériorité d'un écrit quelconque est dans la justesse et la profondeur des idées, et non dans l'enflure et la redondance du style ; donc toute communication spirite où il y a plus de mots et de phrases brillantes que de pensées solides ne peut venir d'un Esprit vraiment supérieur ;
4° L'ignorance ne peut contrefaire le vrai savoir, ni le mal contrefaire le bien d'une manière absolue ; donc tout Esprit qui, sous un nom vénéré, dit des choses incompatibles avec le titre qu'il se donne, est convaincu de fraude ;
5° Il est de l'essence d'un Esprit élevé de s'attacher plus à la pensée qu'à la forme et à la matière, d'où il suit que l'élévation de l'Esprit est en raison de l'élévation des idées ; donc tout Esprit méticuleux dans les détails de forme, qui prescrit des puérilités, en un mot, qui attache de l'importance aux signes et aux choses matérielles, accuse, par cela même, une petitesse d'idées, et ne peut être vraiment supérieur ;
6° Un Esprit vraiment supérieur ne peut se contredire ; donc si deux communications contradictoires sont données sous un même nom respectable, l'une des deux est nécessairement apocryphe ; si l'une est vraie, ce ne peut être que celle qui ne dément en rien la supériorité de l'Esprit dont le nom est mis en avant.
La conséquence à tirer de ces principes, c'est qu'en dehors des questions morales il ne faut accueillir qu'avec réserve ce qui vient des Esprits, et que, dans tous les cas, il ne faut jamais l'accepter sans examen. De là découle la nécessité d'apporter la plus grande circonspection dans la publication des écrits émanés de cette source, quand surtout, par l'étrangeté des doctrines qu'ils contiennent, ou l'incohérence des idées, ils peuvent prêter au ridicule. Il faut se défier du penchant de certains Esprits pour les idées systématiques et de l'amour-propre qu'ils mettent à les répandre ; c'est donc surtout dans les théories scientifiques qu'il faut mettre une extrême prudence, et se garder de donner précipitamment comme vérités des systèmes souvent plus séduisants que réels, et qui tôt ou tard peuvent recevoir un démenti officiel. Qu'on les présente comme des probabilités, si elles sont logiques, et comme pouvant servir de base à des observations ultérieures, soit ; mais il y aurait imprudence à les donner prématurément comme des articles de foi. Un proverbe dit : Rien n'est plus dangereux qu'un imprudent ami. Or, c'est le cas de ceux qui, dans le Spiritisme, se laissent emporter par un zèle plus ardent que réfléchi.
BIBLIOGRAPHIE
Nous avons annoncé une suite au Livre des Esprits sous le titre le Spiritisme expérimental,
et comme devant être publiée en avril dernier. Ce travail a été retardé
par quelques circonstances indépendantes de notre volonté, et surtout
par l'importance plus grande que nous avons cru devoir lui donner. Il
est aujourd'hui sous presse, et nous ferons connaître ultérieurement
l'époque à laquelle il paraîtra.
Nota. - Le défaut d'espace nous oblige à renvoyer au prochain numéro plusieurs communications importantes qui nous ont été transmises.
Allan Kardec.