Vous êtes ici:
REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Novembre
Novembre
Bulletin de la société parisienne des études spiritesVendredi 5 octobre 1860. Séance particulière Réunion du comité.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 24 août.
Sur l'avis du comité, qui a pris connaissance de la lettre de demande, et après rapport verbal, la Société admet comme associé libre M. B…, négociant de Paris.
Communications diverses. - 1° M. Allan Kardec rend compte du résultat du voyage qu'il vient de faire dans l'intérêt du Spiritisme, et se félicite de la cordialité de l'accueil qu'il a reçu partout, et notamment à Sens, Mâcon, Lyon et St-Étienne. Il a constaté, partout où il s'est arrêté, les progrès considérables de la doctrine ; mais ce qui est surtout digne de remarque, c'est que nulle part il n'a vu qu'on en fît un amusement ; partout on s'en occupe d'une manière sérieuse, et partout on en comprend la portée et les conséquences futures. Il y a sans doute encore beaucoup d'opposants, dont les plus acharnés sont les opposants intéressés, mais les railleurs diminuent sensiblement ; voyant que leurs sarcasmes ne mettent pas les rieurs de leur côté, et qu'ils favorisent plus qu'ils n'arrêtent le progrès des croyances nouvelles, ils commencent à comprendre qu'ils n'y gagnent rien et dépensent leur esprit en pure perte, c'est pourquoi ils se taisent. Un mot bien caractéristique semble être partout à l'ordre du jour, c'est celui-ci : Le Spiritisme est dans l'air ; à lui seul il peint l'état des choses. Mais c'est surtout à Lyon que les résultats sont les plus remarquables. Les Spirites y sont nombreux dans toutes les classes, et dans la classe ouvrière ils se comptent par centaines. La doctrine spirite a exercé parmi les ouvriers la plus salutaire influence au point de vue de l'ordre, de la morale et des idées religieuses. En résumé, la propagation du Spiritisme marche avec la rapidité la plus encourageante.
M. Allan Kardec donne lecture du discours prononcé par M. Guillaume au banquet que les Spirites lyonnais lui ont offert, et de la réponse qu'il y a faite.
La Société reconnaissante des témoignages de sympathie que ses confrères de Lyon lui ont donnés en cette circonstance, leur vote une adresse de remerciement dont le projet a été soumis au comité et amendé par lui. Cette adresse sera transmise par les soins du président.
M. Allan Kardec a vu à St-Étienne M. R… et entendu de lui-même l'exposé du système qui lui est dicté au moyen de ce qu'il appelle l'écriture inconsciente. Ce système sera ultérieurement l'objet d'un examen spécial.
Il rend en outre compte d'un cas très curieux d'obsession physique sur une personne de Lyon ; d'un fait de médiumnité visuelle dont il a été témoin, et d'un phénomène de transfiguration accompli aux environs de St-Étienne sur la personne d'une jeune fille qui prenait, à certains moments, l'apparence complète de son frère mort quelques années auparavant.
2° Relation d'un fait remarquable d'identité spirite arrivé sur un navire de la marine impériale, en station dans les mers de la Chine. Le fait est rapporté par un chirurgien de la flotte présent à la séance. Sur le navire tout le monde, depuis les matelots jusqu'à l'état-major, s'occupait d'évocations ; mais ne connaissant pas le moyen d'obtenir des communications écrites, on se servait de la typtologie alphabétique ; on eut l'idée d'évoquer un lieutenant mort depuis deux ans ; entre autres particularités il dit ceci : « Je vous prie instamment de faire payer au capitaine la somme de… (Il désigne la somme.) que je lui dois, et que je regrette de n'avoir pu lui payer avant ma mort. » Personne ne connaissait cette circonstance ; le capitaine lui-même l'avait oubliée, mais ayant vérifié ses comptes, il y trouva la mention de la dette du lieutenant, et dont le chiffre indiqué par son Esprit était parfaitement exact.
3° M. de Grand-Boulogne donne lecture d'une charmante pièce de vers adressée par lui à son Esprit familier.
Études. 1° Questions adressées à saint Louis sur son apparition à un médium voyant de Lyon, en présence de M. Allan Kardec. Il répond : « Oui, c'était bien moi ; il était du devoir de ma mission de ne pas abandonner le directeur de la société que je patronne. »
- Autres questions sur l'impression physique produite sur certains médiums écrivains par les Esprits bons ou mauvais.
2° Évocation de M. Ch. de P. qu'on a trouvé noyé, et dont la mort a été attribuée à un suicide. Il dément cette opinion en racontant les causes accidentelles qui ont occasionné sa mort.
3° Dictée spontanée, signée Lamennais, obtenue par M. D…
Vendredi 12 octobre 1860. Séance générale Réunion du comité.
Présidence de M. Jobard de Bruxelles, président honoraire.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 5 octobre.
Communications diverses. - 1° Lecture de diverses communications obtenues par madame Schm… : Les Orphelins, signée Jules Morin. Autres signées Alfred de Musset ; la reine d'Oude, Nicolas.
2° Lecture d'une dictée spontanée signée saint Louis, obtenue par M. Darcol, sur divers conseils aux Spirites.
3° Lettre adressée à M. Allan Kardec, par M. J… de Terre-Noire, sur l'impression pénible qu'a produite sur lui l'exposé du système de M. R…
Études. 1° Évocation de Saül, roi des Juifs ; il déclare que ce n'est point lui qui se communique à mademoiselle B…
L'Esprit qui se communique sous ce nom avait enseigné dans le cercle de cette demoiselle un système particulier dont les deux points principaux sont ceux-ci : 1° Les Esprits sont d'autant plus éclairés que leur dernière existence terrestre est plus ancienne, d'où il suit que saint Louis, par exemple, doit être moins avancé que lui, parce qu'il est mort depuis moins longtemps. - 2° Que les Esprits ne prennent d'incarnation que sur la terre, et que le nombre de ces incarnations est de trois, jamais plus, jamais moins, ce qui suffit pour les amener du degré le plus bas jusqu'au degré le plus élevé.
M. Allan Kardec ayant combattu cette théorie comme irrationnelle et démentie par les faits, l'Esprit s'était fait fort de lui faire changer d'avis. Etant évoqué il ne peut soutenir son système, mais il ne se tient pas pour battu, et demande à être entendu dans une séance intime et par son médium habituel.
Nota. Cette séance ayant eu lieu à quelques jours de là, l'Esprit persista à se dire Saül, roi des Juifs ; mais pressé par les questions, il fit preuve de l'ignorance la plus absolue, en disant, par exemple, que l'incarnation n'a lieu que sur la terre, parce que la terre est le seul globe solide ; toutes les autres planètes n'étant, selon lui, que des globes fluidiques, ne pouvaient servir d'habitations à des êtres corporels. Lorsqu'on lui objecta le phénomène des éclipses de soleil, il prétendit que le soleil n'était jamais éclipsé par Mercure et Vénus, et que d'ailleurs les astronomes n'avaient pas toujours été d'accord entre eux.
Ce fait prouve une fois de plus que les Esprits sont loin d'avoir la science infuse, et combien on doit se tenir en garde contre les systèmes que, par amour-propre, quelques-uns cherchent à accréditer, à la faveur de quelques belles maximes de morale. Celui-ci, malgré sa jactance, a montré le bout de l'oreille par sa ridicule théorie des corps planétaires, et prouvé que, de son vivant, il devait être moins instruit que le dernier écolier, ce qui ne prouve pas beaucoup en faveur de son avancement. Lorsque ces Esprits trouvent des auditeurs qui accueillent leurs paroles avec une confiance trop aveugle, ils en profitent, mais on en rencontrera moins à mesure que l'on sera pénétré de cette vérité qu'il faut soumettre toutes les communications au contrôle sévère de la logique et de la raison ; quand ces Esprits faux-savants verront qu'on n'est pas dupe des noms respectables dont ils se parent, et qu'ils ne peuvent faire accepter leurs utopies, ils comprendront qu'ils perdent leur temps, et se tairont.
2° Évocation de l'Esprit qui se communique à M. R…, et lui a également dicté un système complet. Cette étude sera reprise ultérieurement.
3° Dictée spontanée obtenue par M. D… sur la science infuse, et signée saint Louis. Cette communication paraît avoir été provoquée par les sujets dont on s'est occupé pendant la séance.
4° Dessin obtenu par mademoiselle J… et signé Ary Scheffer.
5° Évocation de N…, par mademoiselle J… Il se manifeste comme d'habitude par la violence. « Me demander du calme, dit-il, c'est me demander de n'être pas moi. Vous le voyez, je brûle encore ; c'est que le souffle de la bataille est monté vers moi. »
Interrogé sur la raison pour laquelle il s'est montré si calme avec madame Sch… Il répond : J'avais pris un interprète pour ne pas briser cette frêle créature ; j'ai pu avoir de belles et bonnes pensées, mais non les écrire moi-même.
Un autre Esprit se communique spontanément à mademoiselle J… ; à son extrême douceur, à son écriture posée, correcte et presque moulée, qui contraste d'une manière si remarquable avec l'écriture saccadée, anguleuse et impatiente de N., le médium croit reconnaître Jean l’évangéliste, qui s'est plusieurs fois manifesté de cette manière. Il parle de l'efficacité de la prière, et rappelle les prophéties de l'Apocalypse qui trouvent aujourd'hui leur application.
Vendredi 19 octobre 1860. Séance particulière Réunion du comité.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la dernière séance.
Sur l'avis du comité, et après rapport verbal, sont admis, comme associés-libres, M. G…, négociant à Paris, et M. D…, employé des postes.
Communications diverses. 1° Lecture d'une communication obtenue par madame Sch… de son frère. Elle est remarquable par l'élévation des pensées, et prouve l'affection que les Esprits conservent pour ceux qu'ils ont aimés sur la terre.
2° Madame Desl… donne lecture de l'évocation d'une ancienne bonne morte au service de sa famille. Cette évocation, où l'Esprit prouve son attachement et ses bons sentiments, offre une particularité remarquable, c'est la forme du langage, qui est de tous points semblable à celui des gens de la campagne, l'Esprit ayant conservé jusqu'aux expressions qui lui étaient familières.
3° Fait d'identité relatif à l'Esprit de M. Charles de P…, évoqué dans la séance du 5 octobre. La personne à qui il s'était déjà communiqué à Bordeaux l'ayant évoqué de nouveau dans les premiers jours de ce mois, il lui apprit qu'il venait d'être appelé à la société où il avait confirmé ce qu'il lui avait dit au sujet de la cause accidentelle de sa mort. Peu d'instants après, cette personne reçut la lettre de M. Allan Kardec, qui lui transmettait le détail de l'évocation faite à la société.
4° Relation de divers faits d'apparitions vaporeuses et tangibles, et d'apports d'objets matériels, personnels à M. de St-G…, présent à la séance, ainsi qu'à une de ses parentes. Ces faits seront l'objet d'un examen ultérieur.
Etudes. 1° Évocation de l'Esprit qui s'est manifesté visiblement à M. de St-G… Il donne quelques explications, mais déclare qu'il préfère se communiquer par son médium habituel.
2° Évocation d'un Esprit qui prend le nom de Balthazar, et s'est révélé spontanément chez mademoiselle H…, en montrant des dispositions gastronomiques. Cette évocation offre un grand intérêt au point de vue de l'étude des Esprits non dématérialisés et qui conservent les instincts de la vie terrestre.
3° Trois dictées spontanées sont obtenues ; la première par M. Didier fils, sur le christianisme, signée Lammenais ; la deuxième, par madame Costel, sur les Esprits matériels, signée Delphine de Girardin ; la troisième, par mademoiselle Huet ; le baiser de paix, parabole, signée Channing.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 24 août.
Sur l'avis du comité, qui a pris connaissance de la lettre de demande, et après rapport verbal, la Société admet comme associé libre M. B…, négociant de Paris.
Communications diverses. - 1° M. Allan Kardec rend compte du résultat du voyage qu'il vient de faire dans l'intérêt du Spiritisme, et se félicite de la cordialité de l'accueil qu'il a reçu partout, et notamment à Sens, Mâcon, Lyon et St-Étienne. Il a constaté, partout où il s'est arrêté, les progrès considérables de la doctrine ; mais ce qui est surtout digne de remarque, c'est que nulle part il n'a vu qu'on en fît un amusement ; partout on s'en occupe d'une manière sérieuse, et partout on en comprend la portée et les conséquences futures. Il y a sans doute encore beaucoup d'opposants, dont les plus acharnés sont les opposants intéressés, mais les railleurs diminuent sensiblement ; voyant que leurs sarcasmes ne mettent pas les rieurs de leur côté, et qu'ils favorisent plus qu'ils n'arrêtent le progrès des croyances nouvelles, ils commencent à comprendre qu'ils n'y gagnent rien et dépensent leur esprit en pure perte, c'est pourquoi ils se taisent. Un mot bien caractéristique semble être partout à l'ordre du jour, c'est celui-ci : Le Spiritisme est dans l'air ; à lui seul il peint l'état des choses. Mais c'est surtout à Lyon que les résultats sont les plus remarquables. Les Spirites y sont nombreux dans toutes les classes, et dans la classe ouvrière ils se comptent par centaines. La doctrine spirite a exercé parmi les ouvriers la plus salutaire influence au point de vue de l'ordre, de la morale et des idées religieuses. En résumé, la propagation du Spiritisme marche avec la rapidité la plus encourageante.
M. Allan Kardec donne lecture du discours prononcé par M. Guillaume au banquet que les Spirites lyonnais lui ont offert, et de la réponse qu'il y a faite.
La Société reconnaissante des témoignages de sympathie que ses confrères de Lyon lui ont donnés en cette circonstance, leur vote une adresse de remerciement dont le projet a été soumis au comité et amendé par lui. Cette adresse sera transmise par les soins du président.
M. Allan Kardec a vu à St-Étienne M. R… et entendu de lui-même l'exposé du système qui lui est dicté au moyen de ce qu'il appelle l'écriture inconsciente. Ce système sera ultérieurement l'objet d'un examen spécial.
Il rend en outre compte d'un cas très curieux d'obsession physique sur une personne de Lyon ; d'un fait de médiumnité visuelle dont il a été témoin, et d'un phénomène de transfiguration accompli aux environs de St-Étienne sur la personne d'une jeune fille qui prenait, à certains moments, l'apparence complète de son frère mort quelques années auparavant.
2° Relation d'un fait remarquable d'identité spirite arrivé sur un navire de la marine impériale, en station dans les mers de la Chine. Le fait est rapporté par un chirurgien de la flotte présent à la séance. Sur le navire tout le monde, depuis les matelots jusqu'à l'état-major, s'occupait d'évocations ; mais ne connaissant pas le moyen d'obtenir des communications écrites, on se servait de la typtologie alphabétique ; on eut l'idée d'évoquer un lieutenant mort depuis deux ans ; entre autres particularités il dit ceci : « Je vous prie instamment de faire payer au capitaine la somme de… (Il désigne la somme.) que je lui dois, et que je regrette de n'avoir pu lui payer avant ma mort. » Personne ne connaissait cette circonstance ; le capitaine lui-même l'avait oubliée, mais ayant vérifié ses comptes, il y trouva la mention de la dette du lieutenant, et dont le chiffre indiqué par son Esprit était parfaitement exact.
3° M. de Grand-Boulogne donne lecture d'une charmante pièce de vers adressée par lui à son Esprit familier.
Études. 1° Questions adressées à saint Louis sur son apparition à un médium voyant de Lyon, en présence de M. Allan Kardec. Il répond : « Oui, c'était bien moi ; il était du devoir de ma mission de ne pas abandonner le directeur de la société que je patronne. »
- Autres questions sur l'impression physique produite sur certains médiums écrivains par les Esprits bons ou mauvais.
2° Évocation de M. Ch. de P. qu'on a trouvé noyé, et dont la mort a été attribuée à un suicide. Il dément cette opinion en racontant les causes accidentelles qui ont occasionné sa mort.
3° Dictée spontanée, signée Lamennais, obtenue par M. D…
Vendredi 12 octobre 1860. Séance générale Réunion du comité.
Présidence de M. Jobard de Bruxelles, président honoraire.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 5 octobre.
Communications diverses. - 1° Lecture de diverses communications obtenues par madame Schm… : Les Orphelins, signée Jules Morin. Autres signées Alfred de Musset ; la reine d'Oude, Nicolas.
2° Lecture d'une dictée spontanée signée saint Louis, obtenue par M. Darcol, sur divers conseils aux Spirites.
3° Lettre adressée à M. Allan Kardec, par M. J… de Terre-Noire, sur l'impression pénible qu'a produite sur lui l'exposé du système de M. R…
Études. 1° Évocation de Saül, roi des Juifs ; il déclare que ce n'est point lui qui se communique à mademoiselle B…
L'Esprit qui se communique sous ce nom avait enseigné dans le cercle de cette demoiselle un système particulier dont les deux points principaux sont ceux-ci : 1° Les Esprits sont d'autant plus éclairés que leur dernière existence terrestre est plus ancienne, d'où il suit que saint Louis, par exemple, doit être moins avancé que lui, parce qu'il est mort depuis moins longtemps. - 2° Que les Esprits ne prennent d'incarnation que sur la terre, et que le nombre de ces incarnations est de trois, jamais plus, jamais moins, ce qui suffit pour les amener du degré le plus bas jusqu'au degré le plus élevé.
M. Allan Kardec ayant combattu cette théorie comme irrationnelle et démentie par les faits, l'Esprit s'était fait fort de lui faire changer d'avis. Etant évoqué il ne peut soutenir son système, mais il ne se tient pas pour battu, et demande à être entendu dans une séance intime et par son médium habituel.
Nota. Cette séance ayant eu lieu à quelques jours de là, l'Esprit persista à se dire Saül, roi des Juifs ; mais pressé par les questions, il fit preuve de l'ignorance la plus absolue, en disant, par exemple, que l'incarnation n'a lieu que sur la terre, parce que la terre est le seul globe solide ; toutes les autres planètes n'étant, selon lui, que des globes fluidiques, ne pouvaient servir d'habitations à des êtres corporels. Lorsqu'on lui objecta le phénomène des éclipses de soleil, il prétendit que le soleil n'était jamais éclipsé par Mercure et Vénus, et que d'ailleurs les astronomes n'avaient pas toujours été d'accord entre eux.
Ce fait prouve une fois de plus que les Esprits sont loin d'avoir la science infuse, et combien on doit se tenir en garde contre les systèmes que, par amour-propre, quelques-uns cherchent à accréditer, à la faveur de quelques belles maximes de morale. Celui-ci, malgré sa jactance, a montré le bout de l'oreille par sa ridicule théorie des corps planétaires, et prouvé que, de son vivant, il devait être moins instruit que le dernier écolier, ce qui ne prouve pas beaucoup en faveur de son avancement. Lorsque ces Esprits trouvent des auditeurs qui accueillent leurs paroles avec une confiance trop aveugle, ils en profitent, mais on en rencontrera moins à mesure que l'on sera pénétré de cette vérité qu'il faut soumettre toutes les communications au contrôle sévère de la logique et de la raison ; quand ces Esprits faux-savants verront qu'on n'est pas dupe des noms respectables dont ils se parent, et qu'ils ne peuvent faire accepter leurs utopies, ils comprendront qu'ils perdent leur temps, et se tairont.
2° Évocation de l'Esprit qui se communique à M. R…, et lui a également dicté un système complet. Cette étude sera reprise ultérieurement.
3° Dictée spontanée obtenue par M. D… sur la science infuse, et signée saint Louis. Cette communication paraît avoir été provoquée par les sujets dont on s'est occupé pendant la séance.
4° Dessin obtenu par mademoiselle J… et signé Ary Scheffer.
5° Évocation de N…, par mademoiselle J… Il se manifeste comme d'habitude par la violence. « Me demander du calme, dit-il, c'est me demander de n'être pas moi. Vous le voyez, je brûle encore ; c'est que le souffle de la bataille est monté vers moi. »
Interrogé sur la raison pour laquelle il s'est montré si calme avec madame Sch… Il répond : J'avais pris un interprète pour ne pas briser cette frêle créature ; j'ai pu avoir de belles et bonnes pensées, mais non les écrire moi-même.
Un autre Esprit se communique spontanément à mademoiselle J… ; à son extrême douceur, à son écriture posée, correcte et presque moulée, qui contraste d'une manière si remarquable avec l'écriture saccadée, anguleuse et impatiente de N., le médium croit reconnaître Jean l’évangéliste, qui s'est plusieurs fois manifesté de cette manière. Il parle de l'efficacité de la prière, et rappelle les prophéties de l'Apocalypse qui trouvent aujourd'hui leur application.
Vendredi 19 octobre 1860. Séance particulière Réunion du comité.
Lecture du procès-verbal et des travaux de la dernière séance.
Sur l'avis du comité, et après rapport verbal, sont admis, comme associés-libres, M. G…, négociant à Paris, et M. D…, employé des postes.
Communications diverses. 1° Lecture d'une communication obtenue par madame Sch… de son frère. Elle est remarquable par l'élévation des pensées, et prouve l'affection que les Esprits conservent pour ceux qu'ils ont aimés sur la terre.
2° Madame Desl… donne lecture de l'évocation d'une ancienne bonne morte au service de sa famille. Cette évocation, où l'Esprit prouve son attachement et ses bons sentiments, offre une particularité remarquable, c'est la forme du langage, qui est de tous points semblable à celui des gens de la campagne, l'Esprit ayant conservé jusqu'aux expressions qui lui étaient familières.
3° Fait d'identité relatif à l'Esprit de M. Charles de P…, évoqué dans la séance du 5 octobre. La personne à qui il s'était déjà communiqué à Bordeaux l'ayant évoqué de nouveau dans les premiers jours de ce mois, il lui apprit qu'il venait d'être appelé à la société où il avait confirmé ce qu'il lui avait dit au sujet de la cause accidentelle de sa mort. Peu d'instants après, cette personne reçut la lettre de M. Allan Kardec, qui lui transmettait le détail de l'évocation faite à la société.
4° Relation de divers faits d'apparitions vaporeuses et tangibles, et d'apports d'objets matériels, personnels à M. de St-G…, présent à la séance, ainsi qu'à une de ses parentes. Ces faits seront l'objet d'un examen ultérieur.
Etudes. 1° Évocation de l'Esprit qui s'est manifesté visiblement à M. de St-G… Il donne quelques explications, mais déclare qu'il préfère se communiquer par son médium habituel.
2° Évocation d'un Esprit qui prend le nom de Balthazar, et s'est révélé spontanément chez mademoiselle H…, en montrant des dispositions gastronomiques. Cette évocation offre un grand intérêt au point de vue de l'étude des Esprits non dématérialisés et qui conservent les instincts de la vie terrestre.
3° Trois dictées spontanées sont obtenues ; la première par M. Didier fils, sur le christianisme, signée Lammenais ; la deuxième, par madame Costel, sur les Esprits matériels, signée Delphine de Girardin ; la troisième, par mademoiselle Huet ; le baiser de paix, parabole, signée Channing.
Bibliographie - Lettre d'un catholique sur le Spiritisme par le docteur GRAND, ancien vice-consul de France .
L'auteur de cette brochure s'est proposé de prouver qu'on peut être à la fois bon catholique et fervent Spirite ; sous ce rapport il prêche de parole et d'exemple, car il est sincèrement l'un et l'autre. Il établit par des faits et par des arguments d'une rigoureuse logique la concordance du Spiritisme avec la religion, et démontre que tous les dogmes fondamentaux trouvent, dans la doctrine spirite, une explication de nature à satisfaire la raison la plus exigeante, et que la théologie s'efforce en vain de donner ; d'où il conclut que si ces mêmes dogmes étaient enseignés de cette manière, ils trouveraient bien moins d'incrédules, et que partant la religion devant gagner à cette alliance, un jour viendra que, par la force des choses, le Spiritisme sera dans la religion, ou la religion dans le Spiritisme.
Il nous paraît difficile qu'après la lecture de ce petit livre, ceux que des scrupules religieux éloignent encore du Spiritisme, ne soient pas ramenés à une plus saine appréciation de la chose. Il y a d'ailleurs un fait évident, c'est que les idées spirites marchent avec une telle rapidité, qu'on peut, sans être devin ni sorcier, prévoir le temps où elles seront si générales que, bon gré malgré, il faudra bien compter avec elles ; elles prendront droit de cité sans avoir besoin de la permission de personne, et avant peu on reconnaîtra, si déjà on ne le fait, l'impossibilité absolue d'en arrêter le cours. Les diatribes même leur donnent un élan extraordinaire, et l'on ne saurait croire le nombre d'adeptes qu'a faits, sans le vouloir, M. Louis Figuier avec son histoire du merveilleux, où il prétend tout expliquer par l'hallucination, tandis qu'en définitive il n'explique rien, parce que son point de départ étant la négation de toute puissance en dehors de l'humanité, sa théorie matérielle ne peut résoudre tous les cas. Les plaisanteries de M. Oscar Comettant ne sont pas des raisons : il a fait rire, mais ce n'est pas aux dépens des Spirites. L'imprudent et grossier article de la Gazette de Lyon n'a fait de tort qu'à lui-même, car tout le monde l'a jugé comme il méritait de l'être. Après la lecture de la brochure dont nous parlons, que diront ceux qui osent encore avancer que les Spirites sont des impies, et que leur doctrine menace la religion ? Ils ne font pas attention qu'en disant cela ils feraient croire que la religion est vulnérable ; elle serait bien vulnérable en effet, si une utopie, puisque, selon eux c'en est une, pouvait la compromettre. Nous ne craignons pas de le dire, tous les hommes sincèrement religieux, et nous entendons par là ceux qui le sont plus par le cœur que par les lèvres, reconnaîtront dans le Spiritisme une manifestation divine dont le but est de raviver la foi qui s'éteint.
Nous recommandons avec instance cette brochure à tous nos lecteurs, et nous croyons qu'ils feront une chose utile en cherchant à la propager.
Il nous paraît difficile qu'après la lecture de ce petit livre, ceux que des scrupules religieux éloignent encore du Spiritisme, ne soient pas ramenés à une plus saine appréciation de la chose. Il y a d'ailleurs un fait évident, c'est que les idées spirites marchent avec une telle rapidité, qu'on peut, sans être devin ni sorcier, prévoir le temps où elles seront si générales que, bon gré malgré, il faudra bien compter avec elles ; elles prendront droit de cité sans avoir besoin de la permission de personne, et avant peu on reconnaîtra, si déjà on ne le fait, l'impossibilité absolue d'en arrêter le cours. Les diatribes même leur donnent un élan extraordinaire, et l'on ne saurait croire le nombre d'adeptes qu'a faits, sans le vouloir, M. Louis Figuier avec son histoire du merveilleux, où il prétend tout expliquer par l'hallucination, tandis qu'en définitive il n'explique rien, parce que son point de départ étant la négation de toute puissance en dehors de l'humanité, sa théorie matérielle ne peut résoudre tous les cas. Les plaisanteries de M. Oscar Comettant ne sont pas des raisons : il a fait rire, mais ce n'est pas aux dépens des Spirites. L'imprudent et grossier article de la Gazette de Lyon n'a fait de tort qu'à lui-même, car tout le monde l'a jugé comme il méritait de l'être. Après la lecture de la brochure dont nous parlons, que diront ceux qui osent encore avancer que les Spirites sont des impies, et que leur doctrine menace la religion ? Ils ne font pas attention qu'en disant cela ils feraient croire que la religion est vulnérable ; elle serait bien vulnérable en effet, si une utopie, puisque, selon eux c'en est une, pouvait la compromettre. Nous ne craignons pas de le dire, tous les hommes sincèrement religieux, et nous entendons par là ceux qui le sont plus par le cœur que par les lèvres, reconnaîtront dans le Spiritisme une manifestation divine dont le but est de raviver la foi qui s'éteint.
Nous recommandons avec instance cette brochure à tous nos lecteurs, et nous croyons qu'ils feront une chose utile en cherchant à la propager.
Homère
Nous sommes depuis assez longtemps déjà en relation avec deux médiums de Sens, aussi distingués par leur faculté que recommandables par leur modestie, leur dévouement et la pureté de leurs intentions. Nous nous garderions de le leur dire, si nous ne les savions inaccessibles à l'orgueil, cette pierre d'achoppement de tant de médiums, et contre laquelle sont venues se briser tant d'heureuses dispositions ; c'est une qualité assez rare pour qu'elle mérite d'être signalée. Nous avons pu nous assurer par nous-même des sympathies qu'ils ont parmi les bons Esprits ; mais loin de s'en prévaloir, loin de se croire les seuls interprètes de la vérité, sans se laisser éblouir par des noms imposants, ils acceptent en toute humilité, et avec une prudente réserve les communications qu'ils reçoivent, les soumettant toujours au contrôle de la raison. C'est le seul moyen de décourager les Esprits trompeurs, toujours à l'affût des gens disposés à croire, sur parole, tout ce qui vient du monde des Esprits, pourvu que cela porte un nom respectable. Du reste, jamais ils n'ont eu de communications frivoles, triviales, grossières ou ridicules, et jamais aucun Esprit n'a tenté de leur inculquer des idées excentriques, ou de s'imposer comme régulateur absolu ; et ce qui prouve plus encore que tout cela en faveur des Esprits qui les assistent, ce sont les sentiments de réelle bienveillance et de véritable charité chrétienne que ces Esprits inspirent à leurs protégés. Telle est l'impression qui nous est restée de ce que nous avons vu et que nous sommes heureux de proclamer.
Dans l'intérêt de la conservation et du perfectionnement de leur faculté, nous faisons des vœux pour qu'ils ne tombent jamais dans le travers des médiums qui croient à leur infaillibilité. Il n'en est pas un qui puisse se flatter de n'avoir jamais été trompé ; les meilleures intentions n'en garantissent pas toujours, et c'est souvent une épreuve pour exercer le jugement et la perspicacité ; mais à l'égard de ceux qui ont le malheur de se croire infaillibles, les Esprits trompeurs sont trop adroits pour n'en pas profiter ; ils font ce que font les hommes : ils exploitent toutes les faiblesses.
Dans le nombre des communications que ces messieurs nous ont adressées, la suivante, signée Homère, sans avoir rien de bien saillant sous le rapport des idées, nous a paru mériter une attention particulière, en raison d'un fait remarquable qui peut, jusqu'à un certain point, être considéré comme une preuve d'identité. Cette communication a été obtenue spontanément, et sans que le médium songeât le moins du monde au poète grec ; elle a donné lieu à diverses questions que nous croyons également devoir reproduire.
Le médium écrivit donc un jour ce qui suit, sans savoir qui le lui dictait :
« Mon Dieu ! que vos desseins sont profonds, et que vos vues sont impénétrables ! Les hommes ont cherché dans tous les temps la solution d'une foule de problèmes qui ne sont point encore résolus. Moi aussi, j'ai cherché toute ma vie, et je n'ai pu résoudre celui qui semble le moindre de tous : le mal, aiguillon dont vous vous servez pour pousser l'homme à faire le bien par amour. Je connus, bien jeune encore, les mauvais traitements que les humains se font subir les uns aux autres, sans arrière-pensées, comme si le mal était pour eux un élément naturel, et pourtant il n'en est pas ainsi, puisque tous tendent au même but qui est le bien. Ils s'égorgent entre eux, et au réveil ils reconnaissent avoir frappé un frère ! Mais tels sont vos décrets qu'il ne nous appartient pas de changer ; nous n'avons que le mérite ou le démérite d'avoir plus ou moins résisté à la tentation, et pour sanction de tout cela, le châtiment ou la récompense.
« J'ai passé mes jeunes années dans les roseaux du Mélès ; je me suis baigné et bercé bien souvent dans ses flots ; c'est pourquoi on m'appelait dans ma jeunesse Mélésigène. »
1. Ce nom nous étant inconnu, nous prions l'Esprit de vouloir bien se faire connaître d'une manière plus précise. - R. Ma jeunesse fut bercée dans les flots ; la poésie m'a donné des cheveux blancs ; c'est moi que vous appelez Homère. »
Remarque. - Notre surprise fut grande, car nous n'avions aucune idée de ce surnom d'Homère ; nous l'avons trouvé depuis dans le dictionnaire mythologique. Nous poursuivîmes nos questions.
2. Voudriez-vous nous dire à quoi nous devons le bonheur de votre visite spontanée, car, nous vous en demandons pardon, nous ne pensions nullement à vous en ce moment ? - R. C'est parce que je viendrai à vos réunions, comme on va toujours vers les frères qui ont en vue de faire le bien.
3. Si nous osions, nous vous prierions de nous parler des derniers moments de votre vie terrestre. - R. Oh ! mes amis, fasse Dieu que vous ne mourriez pas aussi malheureux que moi ! Mon corps est mort dans la dernière des misères humaines ; l'âme est bien troublée en cet état ; le réveil est plus difficile, mais aussi il est bien plus beau. Oh ! comme Dieu est grand ! qu'il vous bénisse ! je l'en prie du fond de mon cœur.
4. Les poèmes de l'Iliade et de l'Odyssée, que nous avons, sont-ils bien tels que vous les avez composés ? - R. Non, on les a travaillés.
5. Plusieurs villes se sont disputé l'honneur de vous avoir donné le jour ; pourriez-vous nous fixer à cet égard ? - R. Cherchez quelle ville de la Grèce possédait le toit du courtisan Cléanax ; c'est lui qui a chassé ma mère du lieu de ma naissance, parce qu'elle ne voulait pas être sa maîtresse, et vous saurez dans quelle ville j'ai reçu le jour. Oui, elles se sont disputé ce prétendu honneur, et elles ne se disputaient pas celui de m'avoir donné l'hospitalité. Oh ! voilà bien les pauvres humains ; toujours futilités, bonnes pensées, jamais !
Observation. - Le fait le plus saillant de cette communication est celui de la révélation du surnom d'Homère, et il est d'autant plus remarquable que les deux médiums, qui reconnaissent eux-mêmes et déplorent l'insuffisance de leur éducation, ce qui les oblige à vivre du travail de leurs mains, ne pouvaient en avoir aucune idée ; et l'on peut d'autant moins l'attribuer à un reflet de pensée quelconque, qu'à ce moment ils étaient seuls.
Nous ferons, à ce sujet, une autre remarque, c'est qu'il est constant pour tout Spirite tant soit peu expérimenté, qu'une personne qui aurait connu le surnom d'Homère et qui, l'ayant évoqué, lui aurait demandé de le dire, comme preuve d'identité, ne l'aurait pas obtenu. Si les communications n'étaient qu'un reflet de la pensée, comment l'Esprit ne dirait-il pas ce que l'on sait, tandis que, de lui-même, il dit ce qu'on ne sait pas ? C'est qu'il a aussi sa dignité et sa susceptibilité, et veut prouver qu'il n'est pas aux ordres du premier curieux venu. Supposons que celui qui se récrie le plus contre ce qu'il appelle le caprice ou la mauvaise volonté de l'Esprit, se présente dans une maison en déclinant son nom ; que ferait-il si on l'accueillait en lui demandant à brûle-pourpoint de prouver qu'il est bien un tel ? Il tournerait le dos ; c'est ce que font les Esprits. Cela ne veut pas dire qu'il faille les croire sur parole ; mais quand on veut avoir des preuves de leur identité, il faut s'y prendre avec ménagement aussi bien avec eux qu'avec les hommes. Les preuves d'identité données spontanément par les Esprits sont toujours les meilleures.
Si nous nous sommes aussi longuement étendu à propos d'un sujet qui ne paraissait pas comporter autant de développements, c'est qu'il nous semble utile de ne négliger aucune occasion d'appeler l'attention sur la partie pratique d'une science qui est entourée de plus de difficultés qu'on ne le croit généralement, et que trop de gens croient posséder, parce qu'ils savent faire frapper une table ou marcher un crayon. Nous nous adressons d'ailleurs à ceux qui croient avoir encore besoin de quelques conseils, et non à ceux qui, après quelques mois à peine d'étude, pensent pouvoir s'en passer ; si les avis que nous croyons devoir donner sont perdus pour quelques-uns, nous savons qu'ils ne le sont pas pour tous, et que beaucoup de personnes les accueillent avec plaisir.
Dans l'intérêt de la conservation et du perfectionnement de leur faculté, nous faisons des vœux pour qu'ils ne tombent jamais dans le travers des médiums qui croient à leur infaillibilité. Il n'en est pas un qui puisse se flatter de n'avoir jamais été trompé ; les meilleures intentions n'en garantissent pas toujours, et c'est souvent une épreuve pour exercer le jugement et la perspicacité ; mais à l'égard de ceux qui ont le malheur de se croire infaillibles, les Esprits trompeurs sont trop adroits pour n'en pas profiter ; ils font ce que font les hommes : ils exploitent toutes les faiblesses.
Dans le nombre des communications que ces messieurs nous ont adressées, la suivante, signée Homère, sans avoir rien de bien saillant sous le rapport des idées, nous a paru mériter une attention particulière, en raison d'un fait remarquable qui peut, jusqu'à un certain point, être considéré comme une preuve d'identité. Cette communication a été obtenue spontanément, et sans que le médium songeât le moins du monde au poète grec ; elle a donné lieu à diverses questions que nous croyons également devoir reproduire.
Le médium écrivit donc un jour ce qui suit, sans savoir qui le lui dictait :
« Mon Dieu ! que vos desseins sont profonds, et que vos vues sont impénétrables ! Les hommes ont cherché dans tous les temps la solution d'une foule de problèmes qui ne sont point encore résolus. Moi aussi, j'ai cherché toute ma vie, et je n'ai pu résoudre celui qui semble le moindre de tous : le mal, aiguillon dont vous vous servez pour pousser l'homme à faire le bien par amour. Je connus, bien jeune encore, les mauvais traitements que les humains se font subir les uns aux autres, sans arrière-pensées, comme si le mal était pour eux un élément naturel, et pourtant il n'en est pas ainsi, puisque tous tendent au même but qui est le bien. Ils s'égorgent entre eux, et au réveil ils reconnaissent avoir frappé un frère ! Mais tels sont vos décrets qu'il ne nous appartient pas de changer ; nous n'avons que le mérite ou le démérite d'avoir plus ou moins résisté à la tentation, et pour sanction de tout cela, le châtiment ou la récompense.
« J'ai passé mes jeunes années dans les roseaux du Mélès ; je me suis baigné et bercé bien souvent dans ses flots ; c'est pourquoi on m'appelait dans ma jeunesse Mélésigène. »
1. Ce nom nous étant inconnu, nous prions l'Esprit de vouloir bien se faire connaître d'une manière plus précise. - R. Ma jeunesse fut bercée dans les flots ; la poésie m'a donné des cheveux blancs ; c'est moi que vous appelez Homère. »
Remarque. - Notre surprise fut grande, car nous n'avions aucune idée de ce surnom d'Homère ; nous l'avons trouvé depuis dans le dictionnaire mythologique. Nous poursuivîmes nos questions.
2. Voudriez-vous nous dire à quoi nous devons le bonheur de votre visite spontanée, car, nous vous en demandons pardon, nous ne pensions nullement à vous en ce moment ? - R. C'est parce que je viendrai à vos réunions, comme on va toujours vers les frères qui ont en vue de faire le bien.
3. Si nous osions, nous vous prierions de nous parler des derniers moments de votre vie terrestre. - R. Oh ! mes amis, fasse Dieu que vous ne mourriez pas aussi malheureux que moi ! Mon corps est mort dans la dernière des misères humaines ; l'âme est bien troublée en cet état ; le réveil est plus difficile, mais aussi il est bien plus beau. Oh ! comme Dieu est grand ! qu'il vous bénisse ! je l'en prie du fond de mon cœur.
4. Les poèmes de l'Iliade et de l'Odyssée, que nous avons, sont-ils bien tels que vous les avez composés ? - R. Non, on les a travaillés.
5. Plusieurs villes se sont disputé l'honneur de vous avoir donné le jour ; pourriez-vous nous fixer à cet égard ? - R. Cherchez quelle ville de la Grèce possédait le toit du courtisan Cléanax ; c'est lui qui a chassé ma mère du lieu de ma naissance, parce qu'elle ne voulait pas être sa maîtresse, et vous saurez dans quelle ville j'ai reçu le jour. Oui, elles se sont disputé ce prétendu honneur, et elles ne se disputaient pas celui de m'avoir donné l'hospitalité. Oh ! voilà bien les pauvres humains ; toujours futilités, bonnes pensées, jamais !
Observation. - Le fait le plus saillant de cette communication est celui de la révélation du surnom d'Homère, et il est d'autant plus remarquable que les deux médiums, qui reconnaissent eux-mêmes et déplorent l'insuffisance de leur éducation, ce qui les oblige à vivre du travail de leurs mains, ne pouvaient en avoir aucune idée ; et l'on peut d'autant moins l'attribuer à un reflet de pensée quelconque, qu'à ce moment ils étaient seuls.
Nous ferons, à ce sujet, une autre remarque, c'est qu'il est constant pour tout Spirite tant soit peu expérimenté, qu'une personne qui aurait connu le surnom d'Homère et qui, l'ayant évoqué, lui aurait demandé de le dire, comme preuve d'identité, ne l'aurait pas obtenu. Si les communications n'étaient qu'un reflet de la pensée, comment l'Esprit ne dirait-il pas ce que l'on sait, tandis que, de lui-même, il dit ce qu'on ne sait pas ? C'est qu'il a aussi sa dignité et sa susceptibilité, et veut prouver qu'il n'est pas aux ordres du premier curieux venu. Supposons que celui qui se récrie le plus contre ce qu'il appelle le caprice ou la mauvaise volonté de l'Esprit, se présente dans une maison en déclinant son nom ; que ferait-il si on l'accueillait en lui demandant à brûle-pourpoint de prouver qu'il est bien un tel ? Il tournerait le dos ; c'est ce que font les Esprits. Cela ne veut pas dire qu'il faille les croire sur parole ; mais quand on veut avoir des preuves de leur identité, il faut s'y prendre avec ménagement aussi bien avec eux qu'avec les hommes. Les preuves d'identité données spontanément par les Esprits sont toujours les meilleures.
Si nous nous sommes aussi longuement étendu à propos d'un sujet qui ne paraissait pas comporter autant de développements, c'est qu'il nous semble utile de ne négliger aucune occasion d'appeler l'attention sur la partie pratique d'une science qui est entourée de plus de difficultés qu'on ne le croit généralement, et que trop de gens croient posséder, parce qu'ils savent faire frapper une table ou marcher un crayon. Nous nous adressons d'ailleurs à ceux qui croient avoir encore besoin de quelques conseils, et non à ceux qui, après quelques mois à peine d'étude, pensent pouvoir s'en passer ; si les avis que nous croyons devoir donner sont perdus pour quelques-uns, nous savons qu'ils ne le sont pas pour tous, et que beaucoup de personnes les accueillent avec plaisir.
Entretiens familiers d'outre-tombe - Blathazar, ou l'Esprit gastronome - Société, 19 octobre 1860
Dans une réunion spirite particulière un Esprit s'est présenté spontanément, sous le nom de Balthazar ; il a dicté la phrase suivante par coups frappés :
« J'aime la bonne chère et les belles ; vivent le melon et le homard, la demi-tasse et le petit-verre. »
Il nous a semblé que de pareilles dispositions, chez un habitant du monde invisible, pouvaient donner lieu à une étude sérieuse, et qu'on devait pouvoir en tirer un enseignement instructif sur les facultés et les sensations de certains Esprits. C'était, à notre avis, un intéressant sujet d'observation qui s'était présenté de lui-même, ou mieux encore qui avait peut-être été envoyé par les Esprits élevés, désireux de nous fournir des moyens de nous instruire ; nous serions donc coupables de n'en pas profiter. Il est évident que cette phrase burlesque révèle, de la part de cet Esprit, une nature toute spéciale dont l'étude peut jeter une nouvelle lumière sur ce qu'on peut appeler la physiologie du monde spirite.
« J'aime la bonne chère et les belles ; vivent le melon et le homard, la demi-tasse et le petit-verre. »
Il nous a semblé que de pareilles dispositions, chez un habitant du monde invisible, pouvaient donner lieu à une étude sérieuse, et qu'on devait pouvoir en tirer un enseignement instructif sur les facultés et les sensations de certains Esprits. C'était, à notre avis, un intéressant sujet d'observation qui s'était présenté de lui-même, ou mieux encore qui avait peut-être été envoyé par les Esprits élevés, désireux de nous fournir des moyens de nous instruire ; nous serions donc coupables de n'en pas profiter. Il est évident que cette phrase burlesque révèle, de la part de cet Esprit, une nature toute spéciale dont l'étude peut jeter une nouvelle lumière sur ce qu'on peut appeler la physiologie du monde spirite.
C'est pourquoi la société a cru devoir l'évoquer, non par un motif futile, mais dans l'espoir d'y trouver un nouveau sujet d'instruction.
Certaines personnes croient qu'on ne peut rien apprendre qu'avec l'Esprit des grands hommes : c'est une erreur. Les Esprits d'élite peuvent seuls sans doute nous donner des leçons de haute philosophie théorique, mais ce qui ne nous importe pas moins, c'est la connaissance de l'état réel du monde invisible. Par l'étude de certains Esprits, nous prenons en quelque sorte la nature sur le fait ; c'est en voyant les plaies qu'on peut trouver le moyen de les guérir. Comment nous rendrions-nous compte des peines et des souffrances de la vie future si nous n'avions pas vu des Esprits malheureux ? Par eux nous comprenons que l'on peut souffrir beaucoup sans être dans le feu et dans les tortures matérielles de l'enfer, et cette conviction, que donne le spectacle des bas-fonds de la vie spirite, n'est pas une des causes qui ont le moins contribué à rallier des partisans à la doctrine.
1. Évocation. - R. Mes amis, me voici devant une grande table, mais nue, hélas !
2. Cette table est nue, c'est vrai, mais veuillez nous dire à quoi vous servirait qu'elle fût chargée de mets ; qu'en feriez-vous ? - R. J'en sentirais le parfum, comme autrefois j'en savourais le goût.
Remarque. Cette réponse est tout un enseignement. Nous savons que les Esprits ont nos sensations, et qu'ils perçoivent les odeurs aussi bien que les sons. A défaut de pouvoir manger, un Esprit matériel et sensuel se repaît de l'émanation des mets ; il les savoure par l'odorat, comme de son vivant, il le faisait par le sens du goût. Il y a donc quelque chose de véritablement matériel dans sa jouissance ; mais comme en définitive il y a plus de désir que de réalité, cette jouissance même, en aiguillonnant les désirs, devient un supplice pour les Esprits inférieurs, qui ont encore conservé les passions humaines.
3. Parlons très sérieusement, je vous prie ; notre but n'est nullement de plaisanter, mais de nous instruire. Veuillez donc répondre sérieusement à nos questions, et au besoin vous faire assister par un Esprit plus éclairé, si cela est nécessaire.Certaines personnes croient qu'on ne peut rien apprendre qu'avec l'Esprit des grands hommes : c'est une erreur. Les Esprits d'élite peuvent seuls sans doute nous donner des leçons de haute philosophie théorique, mais ce qui ne nous importe pas moins, c'est la connaissance de l'état réel du monde invisible. Par l'étude de certains Esprits, nous prenons en quelque sorte la nature sur le fait ; c'est en voyant les plaies qu'on peut trouver le moyen de les guérir. Comment nous rendrions-nous compte des peines et des souffrances de la vie future si nous n'avions pas vu des Esprits malheureux ? Par eux nous comprenons que l'on peut souffrir beaucoup sans être dans le feu et dans les tortures matérielles de l'enfer, et cette conviction, que donne le spectacle des bas-fonds de la vie spirite, n'est pas une des causes qui ont le moins contribué à rallier des partisans à la doctrine.
1. Évocation. - R. Mes amis, me voici devant une grande table, mais nue, hélas !
2. Cette table est nue, c'est vrai, mais veuillez nous dire à quoi vous servirait qu'elle fût chargée de mets ; qu'en feriez-vous ? - R. J'en sentirais le parfum, comme autrefois j'en savourais le goût.
Remarque. Cette réponse est tout un enseignement. Nous savons que les Esprits ont nos sensations, et qu'ils perçoivent les odeurs aussi bien que les sons. A défaut de pouvoir manger, un Esprit matériel et sensuel se repaît de l'émanation des mets ; il les savoure par l'odorat, comme de son vivant, il le faisait par le sens du goût. Il y a donc quelque chose de véritablement matériel dans sa jouissance ; mais comme en définitive il y a plus de désir que de réalité, cette jouissance même, en aiguillonnant les désirs, devient un supplice pour les Esprits inférieurs, qui ont encore conservé les passions humaines.
Vous avez un corps fluidique, nous le savons ; mais dites-nous si, dans ce corps, il y a un estomac ? - R. Estomac fluidique aussi, où les odeurs seules peuvent passer.
4. Quand vous voyez des mets appétissants, éprouvez-vous le désir d'en manger ? - R. Manger, hélas ! je ne le puis plus ; pour moi ces mets sont ce que sont les fleurs pour vous : vous les sentez, mais vous ne les mangez pas ; cela vous contente ; eh ben ! je suis content aussi.
5. Cela vous fait-il plaisir de voir manger les autres ? - R. Beaucoup, quand je suis là.
6. Eprouvez-vous le besoin de manger et de boire ? Remarquez que nous disons le besoin ; tout à l'heure nous avons dit le désir, ce qui n'est pas la même chose. - R. Besoin, non ; mais désir, oui, toujours.
7. Ce désir est-il pleinement satisfait par l'odeur que vous aspirez ; est-ce pour vous la même chose que si vous mangiez réellement ? - R. C'est comme si je vous demandais si la vue d'un objet que vous désirez ardemment remplace pour vous la possession de cet objet.
8. Il semblerait, d'après cela, que le désir que vous éprouvez doit être un vrai supplice, ne pouvant pas avoir la jouissance réelle ? - R. Supplice plus grand que vous ne croyez ; mais je tâche de m'étourdir en me faisant illusion.
9. Votre état nous semble assez matériel ; dites-nous si vous dormez quelquefois ? - R. Non ; j'aime à flâner un peu partout.
10. Le temps vous paraît-il long ? vous ennuyez-vous quelquefois ? - R. Non ; je parcours les halles, les marchés ; je vais voir arriver la marée, et cela m'occupe bien et beaucoup.
11. Que faisiez-vous quand vous étiez sur terre ?
Nota. - Quelqu'un dit : sans doute il était cuisinier. - R. Gourmand, non glouton ; avocat, fils de gourmand ; petit-fils de gourmand ; mes pères étaient fermiers généraux.
L'Esprit répondant ensuite à la réflexion précédente ajoute : Tu vois bien que je n'étais pas cuisinier ; je ne t'aurais pas invité à mes déjeuners ; tu ne sais ni boire ni manger.
12. Y a-t-il longtemps que vous êtes mort ? - R. Il y a une trentaine d'années : à quatre-vingts ans.
13. Voyez-vous d'autres Esprits plus heureux que vous ? - R. Oui, j'en vois qui font consister leur bonheur à louer Dieu ; je ne connais pas encore cela ; mes pensées rasent la terre.
14. Vous rendez-vous compte des causes qui les rendent plus heureux que vous ? - R. Je ne les apprécie pas encore, comme celui qui ne sait ce que c'est qu'un plat recherché ne l'apprécie pas ; cela viendra peut-être. Adieu ; je vais à la recherche d'un bon petit souper bien délicat et bien succulent.
Balthazar.
Remarque. Cet Esprit est un véritable type ; il fait partie de cette classe nombreuse d'êtres invisibles qui ne se sont nullement élevés au-dessus de la condition de l'humanité ; ils n'ont de moins que le corps matériel, mais leurs idées sont exactement les mêmes. Celui-ci n'est pas un mauvais Esprit ; il n'a contre lui que la sensualité qui est à la fois pour lui un supplice et une jouissance ; comme Esprit il n'est donc pas très malheureux ; il est même heureux à sa manière ; mais Dieu sait ce qui l'attend dans une nouvelle existence ; un triste retour pourra bien le faire réfléchir, et développer en lui le sens moral encore étouffé par la prépondérance des sens.
Un Spirite à son Esprit familier - Stances
Toi qui donnes à ma tristesse
Un regard de tendre pitié !
Toi qui donnes à ma faiblesse
L'appui de ta sainte amitié !
Esprit, génie, ou pure flamme,
Suspends ton essor vers les cieux ;
Reste pour éclairer mon âme,
O conseiller mystérieux !
Messager de la Providence,
Sage interprète de sa loi,
Oh ! parle ; j’écoute en silence :
Maître divin, enseigne-moi.
Naguère encore le doute sombre,
Le doute planait sur mon cœur,
Mais ton souffle écartant cette ombre,
Me jette un rayon de bonheur.
Ainsi, Dieu, le maître adorable,
Père, encore plus que créateur,
Met, dans sa tendresse ineffable,
Un ange près de notre cœur.
Chacun, ô ravissant miracle !
Possède un céleste gardien ;
Chacun de nous a son oracle
On son invisible soutien.
Charmant Esprit qui me console !
Frère béni, doux et pieux,
Qu'avec toi mon âme s'envole,
Qu'elle s'envole vers les cieux !
Oui, je t'aime, ange tutélaire ;
Avec bonheur je prends ta main ;
Je te suis, douce étoile ; éclaire
Le ciel où nous serons demain.
Relations affectueuses des Esprits
Commentaire sur la dictée spontanée publiée dans la revue du mois d'octobre 1860, sous le titre de le Réveil de l'Esprit.
On a généralement admiré les belles communications de l'Esprit qui signe Georges ; mais en raison même de la supériorité dont cet Esprit a fait preuve, plusieurs personnes ont vu avec surprise ce qu'il dit dans sa communication du Réveil de l'Esprit, à propos des relations d'outre-tombe. On y lit ce qui suit :
« On se dépouille de tous les préjugés terrestres, la vérité apparaît dans toute sa lumière, rien ne pallie les fautes ; rien ne cache les vertus ; on voit son âme aussi clairement que dans un miroir ; on cherche parmi les Esprits ceux que l'on a connus, car l'Esprit s'effraie de son isolement, mais ils passent sans s'arrêter ; il n'y a pas de communications amicales entre les Esprits errants ; ceux même qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; ces formes diaphanes glissent et ne se fixent pas : les communications affectueuses sont réservées aux Esprits supérieurs. »
La pensée de se retrouver après la mort et de communiquer avec ceux que l'on a aimés est une des plus douces consolations du Spiritisme, et l'idée que les âmes ne peuvent avoir entre elles de relations amicales serait navrante si elle devait être absolue, aussi ne sommes-nous pas surpris du sentiment pénible qu'elle a produit. Si Georges avait été un de ces Esprits vulgaires et systématiques qui émettent leurs propres idées sans s'inquiéter de leur justesse ou de leur fausseté, on n'y aurait attaché aucune importance ; en raison de sa sagesse et de sa profondeur habituelles, on pouvait croire qu'il y avait au fond de cette théorie quelque chose de vrai, mais que la pensée n'avait pas été complètement exprimée ; c'est en effet ce qui résulte des explications que nous avons demandées. Nous trouvons donc là une preuve de plus qu'il ne faut rien accepter sans l'avoir soumis au contrôle de la raison, et ici la raison et les faits nous disent que cette théorie ne saurait être absolue.
Si l'isolement était une propriété inhérente à l'erraticité, cet état serait un véritable supplice, d'autant plus pénible qu'il peut se prolonger pendant une longue suite de siècles. Nous savons, par expérience, que la privation de la vue de ceux que l'on a aimés est une punition pour certains Esprits ; mais nous savons aussi que beaucoup sont heureux de se retrouver ; qu'à la sortie de cette vie, nos amis du monde spirite viennent nous recevoir et nous aident à nous débarrasser des langes matériels, et que rien n'est plus pénible que de ne trouver aucune âme bienveillante à ce moment solennel. Cette consolante doctrine serait-elle une chimère ? Non, cela ne se peut pas, car elle n'est pas seulement le résultat d'un enseignement, ce sont les âmes elles-mêmes, heureuses ou souffrantes qui sont venues décrire leur situation. Nous savons que les Esprits se réunissent et se concertent entre eux pour agir d'un commun accord avec plus de puissance en certaines occasions, pour le mal comme pour le bien ; que les Esprits qui manquent des connaissances nécessaires pour répondre aux questions qu'on leur adresse, peuvent être assistés par des Esprits plus éclairés ; que ceux-ci ont pour mission d'aider, par leurs conseils, à l'avancement des Esprits arriérés ; que les Esprits inférieurs agissent sous l'impulsion d'autres Esprits dont ils sont les instruments ; qu'ils reçoivent des ordres, des défenses ou des permissions, toutes circonstances qui ne sauraient avoir lieu si les Esprits étaient livrés à eux-mêmes. Le simple bon sens nous dit donc que la situation dont il a été parlé est relative et non absolue ; qu'elle peut exister pour quelques-uns dans des circonstances données, mais qu'elle ne saurait être générale, car autrement elle serait le plus grand obstacle au progrès de l'Esprit, et par cela même ne serait conforme ni à la justice, ni à la bonté de Dieu. Evidemment l'Esprit de Georges n'a envisagé qu'une phase de l'erraticité, ou, pour mieux dire, il a restreint l'acception du mot errant à une certaine catégorie d'Esprits, au lieu de l'appliquer, comme nous le faisons, à tous les Esprits non incarnés indistinctement.
Il peut donc se faire que deux êtres qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; qu'ils ne puissent même ni se voir ni se parler, si c'est une punition pour l'un des deux. D'un autre côté, comme les Esprits se réunissent selon l'ordre hiérarchique, deux êtres qui se sont aimés sur la terre peuvent appartenir à des ordres très différents, et par cela même se trouver séparés jusqu'à ce que le moins avancé soit arrivé au degré de l'autre ; cette privation peut être ainsi une suite de l'expiation et des épreuves terrestres ; c'est à nous de faire en sorte de ne pas la mériter.
Le bonheur des Esprits est relatif à leur élévation ; ce bonheur n'est complet que pour les Esprits épurés dont la félicité consiste principalement dans l'amour qui les unit ; cela se conçoit et c'est de toute justice, car l'affection véritable ne peut exister qu'entre des êtres qui ont dépouillé tout égoïsme et toute influence matérielle, parce que, chez ceux-là seulement, elle est pure, sans arrière-pensée, et ne peut être troublée par rien ; d'où il suit que leurs communications doivent être, par cela même, plus affectueuses, plus expansives, qu'entre les Esprits qui sont encore sous l'empire des passions terrestres ; il faut en conclure que les Esprits errants ne sont pas forcément privés, mais peuvent être privés de ces sortes de communications, si telle est la punition qui leur est infligée. Comme le dit Georges dans un autre passage : cette privation momentanée ne leur donne que plus d'ardeur pour arriver au moment où les épreuves accomplies leur rendront les objets de leur affection ; » donc cette privation n'est pas l'état normal des Esprits errants, mais une expiation pour ceux qui l'ont méritée, une des mille et une variétés qui nous attendent dans l'autre vie, quand nous avons démérité en celle-ci.
On a généralement admiré les belles communications de l'Esprit qui signe Georges ; mais en raison même de la supériorité dont cet Esprit a fait preuve, plusieurs personnes ont vu avec surprise ce qu'il dit dans sa communication du Réveil de l'Esprit, à propos des relations d'outre-tombe. On y lit ce qui suit :
« On se dépouille de tous les préjugés terrestres, la vérité apparaît dans toute sa lumière, rien ne pallie les fautes ; rien ne cache les vertus ; on voit son âme aussi clairement que dans un miroir ; on cherche parmi les Esprits ceux que l'on a connus, car l'Esprit s'effraie de son isolement, mais ils passent sans s'arrêter ; il n'y a pas de communications amicales entre les Esprits errants ; ceux même qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; ces formes diaphanes glissent et ne se fixent pas : les communications affectueuses sont réservées aux Esprits supérieurs. »
La pensée de se retrouver après la mort et de communiquer avec ceux que l'on a aimés est une des plus douces consolations du Spiritisme, et l'idée que les âmes ne peuvent avoir entre elles de relations amicales serait navrante si elle devait être absolue, aussi ne sommes-nous pas surpris du sentiment pénible qu'elle a produit. Si Georges avait été un de ces Esprits vulgaires et systématiques qui émettent leurs propres idées sans s'inquiéter de leur justesse ou de leur fausseté, on n'y aurait attaché aucune importance ; en raison de sa sagesse et de sa profondeur habituelles, on pouvait croire qu'il y avait au fond de cette théorie quelque chose de vrai, mais que la pensée n'avait pas été complètement exprimée ; c'est en effet ce qui résulte des explications que nous avons demandées. Nous trouvons donc là une preuve de plus qu'il ne faut rien accepter sans l'avoir soumis au contrôle de la raison, et ici la raison et les faits nous disent que cette théorie ne saurait être absolue.
Si l'isolement était une propriété inhérente à l'erraticité, cet état serait un véritable supplice, d'autant plus pénible qu'il peut se prolonger pendant une longue suite de siècles. Nous savons, par expérience, que la privation de la vue de ceux que l'on a aimés est une punition pour certains Esprits ; mais nous savons aussi que beaucoup sont heureux de se retrouver ; qu'à la sortie de cette vie, nos amis du monde spirite viennent nous recevoir et nous aident à nous débarrasser des langes matériels, et que rien n'est plus pénible que de ne trouver aucune âme bienveillante à ce moment solennel. Cette consolante doctrine serait-elle une chimère ? Non, cela ne se peut pas, car elle n'est pas seulement le résultat d'un enseignement, ce sont les âmes elles-mêmes, heureuses ou souffrantes qui sont venues décrire leur situation. Nous savons que les Esprits se réunissent et se concertent entre eux pour agir d'un commun accord avec plus de puissance en certaines occasions, pour le mal comme pour le bien ; que les Esprits qui manquent des connaissances nécessaires pour répondre aux questions qu'on leur adresse, peuvent être assistés par des Esprits plus éclairés ; que ceux-ci ont pour mission d'aider, par leurs conseils, à l'avancement des Esprits arriérés ; que les Esprits inférieurs agissent sous l'impulsion d'autres Esprits dont ils sont les instruments ; qu'ils reçoivent des ordres, des défenses ou des permissions, toutes circonstances qui ne sauraient avoir lieu si les Esprits étaient livrés à eux-mêmes. Le simple bon sens nous dit donc que la situation dont il a été parlé est relative et non absolue ; qu'elle peut exister pour quelques-uns dans des circonstances données, mais qu'elle ne saurait être générale, car autrement elle serait le plus grand obstacle au progrès de l'Esprit, et par cela même ne serait conforme ni à la justice, ni à la bonté de Dieu. Evidemment l'Esprit de Georges n'a envisagé qu'une phase de l'erraticité, ou, pour mieux dire, il a restreint l'acception du mot errant à une certaine catégorie d'Esprits, au lieu de l'appliquer, comme nous le faisons, à tous les Esprits non incarnés indistinctement.
Il peut donc se faire que deux êtres qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; qu'ils ne puissent même ni se voir ni se parler, si c'est une punition pour l'un des deux. D'un autre côté, comme les Esprits se réunissent selon l'ordre hiérarchique, deux êtres qui se sont aimés sur la terre peuvent appartenir à des ordres très différents, et par cela même se trouver séparés jusqu'à ce que le moins avancé soit arrivé au degré de l'autre ; cette privation peut être ainsi une suite de l'expiation et des épreuves terrestres ; c'est à nous de faire en sorte de ne pas la mériter.
Le bonheur des Esprits est relatif à leur élévation ; ce bonheur n'est complet que pour les Esprits épurés dont la félicité consiste principalement dans l'amour qui les unit ; cela se conçoit et c'est de toute justice, car l'affection véritable ne peut exister qu'entre des êtres qui ont dépouillé tout égoïsme et toute influence matérielle, parce que, chez ceux-là seulement, elle est pure, sans arrière-pensée, et ne peut être troublée par rien ; d'où il suit que leurs communications doivent être, par cela même, plus affectueuses, plus expansives, qu'entre les Esprits qui sont encore sous l'empire des passions terrestres ; il faut en conclure que les Esprits errants ne sont pas forcément privés, mais peuvent être privés de ces sortes de communications, si telle est la punition qui leur est infligée. Comme le dit Georges dans un autre passage : cette privation momentanée ne leur donne que plus d'ardeur pour arriver au moment où les épreuves accomplies leur rendront les objets de leur affection ; » donc cette privation n'est pas l'état normal des Esprits errants, mais une expiation pour ceux qui l'ont méritée, une des mille et une variétés qui nous attendent dans l'autre vie, quand nous avons démérité en celle-ci.
Dissertations spirites - Obtenues ou lues dans la Société par divers Médiums
Premières impressions d'un Esprit, Médium, madame Costel
Je vous parlerai de l'étrange
changement qui s'opère dans l'Esprit aussitôt après sa délivrance ; il
s'évapore de la dépouille qu'il abandonne, comme une flamme se dégage du
foyer qui l'a produite ; puis succède un grand trouble, et ce doute
étrange : suis-je mort ou vivant ? L'absence des sensations ordinaires
produites par le corps étonne, et immobilise pour ainsi dire ; ainsi
qu'un homme habitué à un lourd fardeau, notre âme, allégée tout à coup,
ne sait que faire de sa liberté ; puis l'espace infini, les merveilles
sans nombre des astres se succédant dans un rhythme harmonieux, les
Esprits empressés, flottant dans l'air, et éclatants de la lumière
subtile qui semble les transpercer, le sentiment de la délivrance qui
inonde tout à coup, le besoin de s'élancer aussi dans l'espace, comme
des oiseaux qui veulent essayer leurs ailes, voilà les premières
impressions que nous ressentons tous. Je ne puis vous révéler toutes les
phases de cette existence ; j'ajoute seulement que, bientôt rassasiée
de son éblouissement, l'âme avide veut s'élancer et monter plus haut,
dans les régions du vrai beau, du vrai bien, et cette aspiration est le
tourment des Esprits altérés de l'infini ; comme la chrysalide, ils
attendent le dépouillement de leur peau ; ils sentent sourdre les ailes
qui les emporteront, radieux, dans l'azur béni ; mais retenus encore par
les liens du péché, il leur faut planer entre le ciel et la terre,
n'appartenant ni à l'un ni à l'autre. Que sont toutes les aspirations
terrestres, comparées à l'ardeur inassouvie de l'être qui a entrevu un
coin de l'éternité ! Souffrez donc beaucoup pour arriver épurés parmi
nous ; le Spiritisme vous aidera, car c'est une œuvre bénie ; il relie
entre eux les Esprits et les vivants, qui forment les anneaux d'une
chaîne invisible, qui remonte jusqu'à Dieu.
Delphine de Girardin.
Les Orphelins, Méd., Mme Schmidt
Mes frères, aimez les orphelins ; si
vous saviez combien il est triste d'être seul et abandonné, surtout dans
le jeune âge ! Dieu permet qu'il y ait des orphelins pour nous engager à
leur servir de pères. Quelle divine charité d'aider une pauvre petite
créature délaissée, de l'empêcher de souffrir de la faim et du froid, de
diriger son âme, afin qu'elle ne s'égare pas dans le vice ! Qui tend la
main à l'enfant abandonné est agréable à Dieu, car il comprend et
pratique sa loi. Pensez aussi que souvent l'enfant que vous secourez
vous a peut-être été cher dans une autre vie ; et si vous pouviez vous
souvenir, ce ne serait plus de la charité, mais un devoir. Ainsi donc,
mes amis, tout être souffrant est votre frère, et a droit à votre
charité ; non pas cette charité qui blesse le cœur, non cette aumône qui
brûle la main dans laquelle elle tombe, car vos oboles sont souvent
bien amères. Que de fois elles seraient refusées si au grenier la
maladie et la faim ne les attendaient pas ! Donnez délicatement, ajoutez
au bienfait le plus précieux de tous : une bonne parole, une caresse,
un sourire d'ami ; évitez ce ton de pitié et de protection qui retourne
le fer dans un cœur qui saigne, et pensez qu'en faisant le bien, vous
travaillez pour vous et les vôtres. Jules Morin.
Remarque. - L'Esprit qui signe ainsi est tout à fait inconnu ; on peut voir par la communication ci-dessus, et par beaucoup d'autres du même genre, qu'il n'est pas toujours nécessaire d'un nom illustre pour obtenir de belles choses. C'est une puérilité de s'attacher au nom ; il faut accepter le bien de quelque part qu'il vienne ; d'ailleurs, le nombre des noms illustres est très limité ; celui des Esprits est infini. Pourquoi donc n'y en aurait-il pas d'aussi capables parmi ceux que l'on ne connaît pas ? Nous faisons cette réflexion, parce qu'il y a des personnes qui croient qu'on ne peut rien obtenir de sublime qu'appelant des célébrités ; l'expérience prouve tous les jours le contraire, et nous montre qu'on peut apprendre quelque chose avec tous les Esprits, si l'on sait en profiter.
Remarque. - L'Esprit qui signe ainsi est tout à fait inconnu ; on peut voir par la communication ci-dessus, et par beaucoup d'autres du même genre, qu'il n'est pas toujours nécessaire d'un nom illustre pour obtenir de belles choses. C'est une puérilité de s'attacher au nom ; il faut accepter le bien de quelque part qu'il vienne ; d'ailleurs, le nombre des noms illustres est très limité ; celui des Esprits est infini. Pourquoi donc n'y en aurait-il pas d'aussi capables parmi ceux que l'on ne connaît pas ? Nous faisons cette réflexion, parce qu'il y a des personnes qui croient qu'on ne peut rien obtenir de sublime qu'appelant des célébrités ; l'expérience prouve tous les jours le contraire, et nous montre qu'on peut apprendre quelque chose avec tous les Esprits, si l'on sait en profiter.
Un frère mort à sa sœur vivante, Médium, madame Schmidt
Ma sœur, tu ne m'évoques pas souvent ;
cela ne m'empêche pas de venir te voir tous les jours. Je connais tes
ennuis ; ta vie est pénible, je le sais, mais il faut subir son sort qui
n'est pas toujours gai. Cependant il y a quelquefois un soulagement
dans les peines ; par exemple, celui qui fait le bien aux dépens de son
propre bonheur, peut, pour lui-même et pour d'autres, détourner la
rigueur de bien des épreuves.
Il est rare que, dans ce monde, on voie faire le bien avec cette abnégation ; sans doute c'est difficile, mais ce n'est pas impossible, et ceux qui ont cette sublime vertu sont vraiment les élus du Seigneur. Si l'on se rendait bien compte de ce pauvre pèlerinage sur la terre, on comprendrait cela ; mais il n'en est pas ainsi : les hommes se cramponnent après les biens comme s'ils devaient toujours rester dans leur exil. Cependant le vulgaire bon sens, la plus simple logique, démontrent tous les jours que l'on n'est, ici-bas, que des oiseaux de passage, et que ceux qui ont le moins de plumes à leurs ailes sont ceux qui arrivent le plus vite.
Ma bonne sœur, à quoi sert à ce riche tout ce luxe, tout ce superflu ? demain il sera dépouillé de tous ces vains oripeaux pour descendre dans la tombe, et il n'en emportera rien. Il est vrai qu'il a fait un beau voyage ; rien ne lui a manqué, il ne savait plus que désirer, il a épuisé les délices de la vie ; il est vrai aussi que, dans son délire, il a quelquefois jeté en riant l'aumône dans la main de son frère ; mais pour cela s'est-il retiré un morceau de la bouche ? Non ; car il ne s'est pas privé d'un seul plaisir, d'une seule fantaisie. Ce même frère, cependant, est un enfant de Dieu, notre père à tous, à qui tout appartient. Comprends-tu, ma sœur, qu'un bon père ne déshérite pas un de ses enfants pour enrichir l'autre ? C'est pourquoi il récompensera celui qui est privé de sa part en cette vie.
Ainsi donc, ceux qui se croient déshérités, abandonnés et oubliés, atteindront bientôt le rivage béni où règnent la justice et le bonheur. Mais malheur à ceux qui ont fait un mauvais usage des biens que notre père leur a confiés ! Malheur aussi à l'homme doué du don si précieux de l'intelligence, s'il en a abusé ! Crois-moi, Marie, quand on croit à Dieu, il n'y a rien sur la terre que l'on puisse envier, si ce n'est la grâce de pratiquer ses lois.
Ton frère Wilhelm.
Il est rare que, dans ce monde, on voie faire le bien avec cette abnégation ; sans doute c'est difficile, mais ce n'est pas impossible, et ceux qui ont cette sublime vertu sont vraiment les élus du Seigneur. Si l'on se rendait bien compte de ce pauvre pèlerinage sur la terre, on comprendrait cela ; mais il n'en est pas ainsi : les hommes se cramponnent après les biens comme s'ils devaient toujours rester dans leur exil. Cependant le vulgaire bon sens, la plus simple logique, démontrent tous les jours que l'on n'est, ici-bas, que des oiseaux de passage, et que ceux qui ont le moins de plumes à leurs ailes sont ceux qui arrivent le plus vite.
Ma bonne sœur, à quoi sert à ce riche tout ce luxe, tout ce superflu ? demain il sera dépouillé de tous ces vains oripeaux pour descendre dans la tombe, et il n'en emportera rien. Il est vrai qu'il a fait un beau voyage ; rien ne lui a manqué, il ne savait plus que désirer, il a épuisé les délices de la vie ; il est vrai aussi que, dans son délire, il a quelquefois jeté en riant l'aumône dans la main de son frère ; mais pour cela s'est-il retiré un morceau de la bouche ? Non ; car il ne s'est pas privé d'un seul plaisir, d'une seule fantaisie. Ce même frère, cependant, est un enfant de Dieu, notre père à tous, à qui tout appartient. Comprends-tu, ma sœur, qu'un bon père ne déshérite pas un de ses enfants pour enrichir l'autre ? C'est pourquoi il récompensera celui qui est privé de sa part en cette vie.
Ainsi donc, ceux qui se croient déshérités, abandonnés et oubliés, atteindront bientôt le rivage béni où règnent la justice et le bonheur. Mais malheur à ceux qui ont fait un mauvais usage des biens que notre père leur a confiés ! Malheur aussi à l'homme doué du don si précieux de l'intelligence, s'il en a abusé ! Crois-moi, Marie, quand on croit à Dieu, il n'y a rien sur la terre que l'on puisse envier, si ce n'est la grâce de pratiquer ses lois.
Ton frère Wilhelm.
Le Christianisme, Médium, M. Didier fils
Ce qu'il faut observer dans le
Spiritisme, c'est la morale chrétienne. Il y a eu bien des religions
depuis des siècles, bien des schismes, et bien de prétendues vérités ;
et tout ce qui s'est élevé en dehors du christianisme est tombé, parce
que l'Esprit saint ne l'animait pas. Le Christ résume ce que la morale
la plus pure, la plus divine, enseigne à l'homme touchant ses devoirs
dans cette vie et dans l'autre. L'antiquité, dans ce qu'elle a de plus
sublime, est pauvre devant cette morale si riche et si fertile.
L'auréole de Platon pâlit devant celle du Christ, et la coupe de Socrate
est bien petite devant l'immense calice du Fils de l'homme. Est-ce toi,
ô Sésostris ! despote de l'immobile Egypte, qui peut te mesurer, du
haut de tes colossales pyramides, avec le Christ naissant dans une
crèche ? Est-ce toi Solon ? Est-ce toi Lycurgue dont la loi barbare
condamnait les enfants mal formés, qui pouvez vous comparer à celui qui a
dit face à face avec l'orgueil : « Laissez venir à moi les petits
enfants ? » Est-ce vous, pontifes sacrés du pieux Numa dont la morale
voulait la mort vivante des vestales coupables, qui pouvez vous comparer
à celui qui a dit à la femme adultère : « Relève-toi, femme, et ne
pèche plus ? » Non, pas plus que ces mystères ténébreux que vous
pratiquiez, ô prêtres antiques ! avec ces mystères chrétiens qui sont la
base de cette religion sublime que l'on nomme Christianisme. Devant lui
vous vous inclinez tous, législateurs et prêtres humains ;
inclinez-vous, car c'est Dieu lui-même qui a parlé par la bouche de cet
être privilégié qui se nomme Christ.
Lamennais.
Lamennais.
Le Temps perdu, Médium, mademoiselle Huet
Si vous pouviez un instant réfléchir
sur la perte du temps, mais y réfléchir bien sérieusement, et circuler
le tort immense que vous vous faites, vous verriez combien cette heure,
cette minute écoulée inutilement et que vous ne pouvez rattraper,
pouvait être nécessaire à votre bien futur. Tous les trésors de la terre
ne sauraient vous la rendre ; et si vous l'avez mal passée, un jour
vous serez obligé de la réparer par l'expiation, et d'une manière
terrible peut-être ! que ne donneriez-vous alors pour rattraper ce temps
perdu ! Vœux inutiles ; regrets superflus ! Aussi, pensez-y bien, c'est
dans votre intérêt futur et même présent ; car souvent les regrets nous
atteignent sur la terre même. Quand Dieu vous demandera compte de
l'existence qu'il vous a donnée, de la mission que vous aviez à remplir,
que lui répondrez-vous ? Vous serez comme l'envoyé d'un souverain, qui
loin d'accomplir les ordres de son maître, passerait le temps à s'amuser
et ne s'occuperait nullement de l'affaire pour laquelle on l'aurait
accrédité ; quelle responsabilité n'encourrait-il pas à son retour ?
Vous êtes ici-bas les envoyés de Dieu, et vous aurez à lui rendre compte
de votre temps passé avec vos frères. Je vous recommande cette
méditation.
Massillon.
Massillon.
Les Savants, Médium, mademoiselle Huet
Puisque vous appelez un Esprit à vous. Dieu me permet de venir ; je vais vous donner un bon conseil, surtout à vous M….
Vous qui vous occupez toujours des savants, car c'est là votre préoccupation, laissez-les donc de côté ; que peuvent-ils sur les croyances religieuses et surtout spirites ! De tous temps n'ont-ils pas repoussé les vérités qui se sont présentées ? N'ont-ils pas rejeté toutes les inventions, les traitant de chimères ? Ceux qui les annonçaient, ces vérités, les uns étaient traités de fous, et comme tels renfermés ; les autres étaient jetés dans les cachots de l'inquisition, d'autres lapidés ou brûlés. La vérité, plus tard, n'en éclatait pas moins aux yeux des savants surpris qui l'avaient mise sous le boisseau. En vous adressant sans cesse à eux, voulez-vous, nouveau Galilée, vous faire infliger la torture morale qui est le ridicule, et être forcé de rétracter vos paroles ? Le Christ s'est-il adressé aux Académies de son époque ? Non ; il prêchait sa divine morale à tous en général et au peuple en particulier.
Pour apôtres ou propagateurs de sa venue, il a choisi des pêcheurs, gens simples de cœur, très ignorants, qui ne connaissaient pas les lois de la nature, et ne savaient pas si un miracle pouvait les contrarier, mais qui croyaient naïvement. « Allez, disait Jésus, et racontez ce que vous avez vu. »
Il n'a jamais fait un miracle qu'en faveur de ceux qui le demandaient avec foi et conviction ; il l'a refusé aux Pharisiens et aux Saducéens qui venaient pour le tenter, et il les a traités d'hypocrites. Adressez-vous donc aussi à des personnes intelligentes, portées à croire ; rejetez les savants et les incrédules.
Du reste qu'est-ce qu'un savant ? Un homme qui est plus instruit que les autres, parce qu'il a plus étudié, mais qui a bien perdu du prestige qu'il avait autrefois, auréole fatale qui lui valait souvent les honneurs du bûcher. Mais à mesure que l'intelligence populaire s'est développée, l'éclat en a diminué ; aujourd'hui l'homme de génie ne craint plus d'être accusé de sorcellerie ; il n'est plus l'allié de Satan.
L'humanité éclairée apprécie à sa juste valeur celui qui travaille beaucoup et qui sait beaucoup ; elle sait placer sur le piédestal qui lui convient l'homme de génie qui enfante de belles œuvres. Comme elle sait en quoi consiste la science du savant, elle ne le tourmente plus ; comme elle sait d'où émane le génie créateur, elle s'incline devant lui ; mais à son tour elle veut avoir la liberté de croire à telles vérités qui font sa consolation ; elle ne veut pas que celui qui sait plus ou moins de chimie, plus ou moins de rhétorique ; qui enfante le plus bel opéra, vienne l'entraver dans ses croyances, en lui jetant le ridicule à la face et en traitant ses idées de folie ; elle se détournera de leur chemin, et poursuivra silencieusement sa route ; la vérité enveloppera un jour le monde tout entier, et ceux qui l'avaient repoussée seront obligés de la reconnaître. Moi-même qui me suis occupé du Spiritualisme jusqu'à mon dernier jour, je l'ai toujours fait dans l'intimité.
L'Académie m'importait peu. Elle viendra à vous plus tard, croyez-le.
Delphine de Girardin.
Vous qui vous occupez toujours des savants, car c'est là votre préoccupation, laissez-les donc de côté ; que peuvent-ils sur les croyances religieuses et surtout spirites ! De tous temps n'ont-ils pas repoussé les vérités qui se sont présentées ? N'ont-ils pas rejeté toutes les inventions, les traitant de chimères ? Ceux qui les annonçaient, ces vérités, les uns étaient traités de fous, et comme tels renfermés ; les autres étaient jetés dans les cachots de l'inquisition, d'autres lapidés ou brûlés. La vérité, plus tard, n'en éclatait pas moins aux yeux des savants surpris qui l'avaient mise sous le boisseau. En vous adressant sans cesse à eux, voulez-vous, nouveau Galilée, vous faire infliger la torture morale qui est le ridicule, et être forcé de rétracter vos paroles ? Le Christ s'est-il adressé aux Académies de son époque ? Non ; il prêchait sa divine morale à tous en général et au peuple en particulier.
Pour apôtres ou propagateurs de sa venue, il a choisi des pêcheurs, gens simples de cœur, très ignorants, qui ne connaissaient pas les lois de la nature, et ne savaient pas si un miracle pouvait les contrarier, mais qui croyaient naïvement. « Allez, disait Jésus, et racontez ce que vous avez vu. »
Il n'a jamais fait un miracle qu'en faveur de ceux qui le demandaient avec foi et conviction ; il l'a refusé aux Pharisiens et aux Saducéens qui venaient pour le tenter, et il les a traités d'hypocrites. Adressez-vous donc aussi à des personnes intelligentes, portées à croire ; rejetez les savants et les incrédules.
Du reste qu'est-ce qu'un savant ? Un homme qui est plus instruit que les autres, parce qu'il a plus étudié, mais qui a bien perdu du prestige qu'il avait autrefois, auréole fatale qui lui valait souvent les honneurs du bûcher. Mais à mesure que l'intelligence populaire s'est développée, l'éclat en a diminué ; aujourd'hui l'homme de génie ne craint plus d'être accusé de sorcellerie ; il n'est plus l'allié de Satan.
L'humanité éclairée apprécie à sa juste valeur celui qui travaille beaucoup et qui sait beaucoup ; elle sait placer sur le piédestal qui lui convient l'homme de génie qui enfante de belles œuvres. Comme elle sait en quoi consiste la science du savant, elle ne le tourmente plus ; comme elle sait d'où émane le génie créateur, elle s'incline devant lui ; mais à son tour elle veut avoir la liberté de croire à telles vérités qui font sa consolation ; elle ne veut pas que celui qui sait plus ou moins de chimie, plus ou moins de rhétorique ; qui enfante le plus bel opéra, vienne l'entraver dans ses croyances, en lui jetant le ridicule à la face et en traitant ses idées de folie ; elle se détournera de leur chemin, et poursuivra silencieusement sa route ; la vérité enveloppera un jour le monde tout entier, et ceux qui l'avaient repoussée seront obligés de la reconnaître. Moi-même qui me suis occupé du Spiritualisme jusqu'à mon dernier jour, je l'ai toujours fait dans l'intimité.
L'Académie m'importait peu. Elle viendra à vous plus tard, croyez-le.
Delphine de Girardin.
L'Homme
L'homme est un composé de grandeur et
de misère, de science et d'ignorance ; sur la terre, il est le vrai
représentant de Dieu, car sa vaste intelligence embrasse l'univers ; il a
su découvrir une partie des secrets de la nature ; il sait se servir
des éléments ; il parcourt des distances immenses par le moyen de la
vapeur ; il peut converser avec son semblable d'un antipode à l'autre
par l'électricité qu'il sait diriger ; son génie est immense ; quand il
sait déposer tout cela aux pieds de la Divinité et lui en faire hommage,
il est presque l'égal de Dieu !
Mais qu'il est petit et misérable, quand l'orgueil s'empare de son être ! Il ne voit pas sa misère, il ne voit pas que son existence, cette vie qu'il ne peut comprendre, lui est ravie quelquefois instantanément par la seule volonté de cette Divinité qu'il méconnaît, car il ne peut se défendre contre elle ; il faut que son tort s'accomplisse ! Lui qui a tout étudié, tout analysé ; lui qui connaît si bien la marche des astres, connaît-il la puissance créatrice qui fait germer le grain de blé qu'il a mis en terre ? Peut-il créer une fleur, la plus simple et la plus modeste ? Non ; là s'arrête son pouvoir. Il devrait alors reconnaître qu'il y en a un bien supérieur au sien ; l'humilité devrait s'emparer de son cœur, et en admirant les œuvres de Dieu, il ferait un acte d'adoration.
Sainte ThÉrÈse.
Mais qu'il est petit et misérable, quand l'orgueil s'empare de son être ! Il ne voit pas sa misère, il ne voit pas que son existence, cette vie qu'il ne peut comprendre, lui est ravie quelquefois instantanément par la seule volonté de cette Divinité qu'il méconnaît, car il ne peut se défendre contre elle ; il faut que son tort s'accomplisse ! Lui qui a tout étudié, tout analysé ; lui qui connaît si bien la marche des astres, connaît-il la puissance créatrice qui fait germer le grain de blé qu'il a mis en terre ? Peut-il créer une fleur, la plus simple et la plus modeste ? Non ; là s'arrête son pouvoir. Il devrait alors reconnaître qu'il y en a un bien supérieur au sien ; l'humilité devrait s'emparer de son cœur, et en admirant les œuvres de Dieu, il ferait un acte d'adoration.
Sainte ThÉrÈse.
De la fermeté dans les travaux spirites.
Je vais vous parler sur la fermeté que
vous devez avoir dans vos travaux spirites. Une citation sur ce sujet
vous a été faite ; je vous conseille de l'étudier de cœur, et de vous en
appliquer l'esprit ; car, de même que saint Paul, vous serez
persécutés, non pas en chair et en os, mais en esprit ; les incrédules,
les pharisiens de l'époque, vous blâmeront, vous bafoueront ; mais ne
craignez rien, ce sera une épreuve qui vous fortifiera si vous savez la
rapporter à Dieu, et plus tard vous verrez vos efforts couronnés de
succès ; ce sera un grand triomphe pour vous au jour de l'éternité :
sans oublier que, dans ce monde, c'est déjà une consolation pour les
personnes qui ont perdu des parents et des amis ; savoir qu'ils sont
heureux, qu'on peut communiquer avec eux, est un bonheur. Marchez donc
en avant ; accomplissez la mission que Dieu vous donne, et elle vous
sera comptée au jour où vous paraîtrez devant le Tout-Puissant.
Channing.
Les ennemis du progrès, Médium, M. R…
Les ennemis du progrès, de la lumière
et de la vérité, travaillent dans l'ombre ; ils préparent une croisade
contre nos manifestations ; n'en prenez nul souci ; vous êtes
puissamment soutenus ; laissez-les s'agiter dans leur impuissance.
Cependant, par tous les moyens qui sont en votre pouvoir, attachez-vous à
combattre, à anéantir l'idée de l'éternité des peines, pensée
blasphématoire envers la justice et la bonté de Dieu, source la plus
féconde de l'incrédulité, du matérialisme et de l'indifférence qui ont
envahi les masses depuis que leur intelligence a commencé à se
développer ; l'esprit près de s'éclairer, ne fût-il même que dégrossi,
en a bien vite saisi la monstrueuse injustice, sa raison la repousse et
alors il manque rarement de confondre dans le même ostracisme et la
peine qui le révolte et le Dieu auquel on l'attribue ; de là les maux
sans nombre qui sont venus fondre sur vous, et auxquels nous venons
apporter remède. La tâche que nous vous signalons vous sera d'autant
plus facile que les autorités sur lesquelles s'appuient les défenseurs
de cette croyance ont tous évité de se prononcer formellement ; ni les
conciles, ni les Pères de l'Église n'ont tranché cette grave question.
Si d'après les Évangélistes eux-mêmes, et en prenant au pied de la
lettre les paroles emblématiques du Christ, il a menacé les coupables
d'un feu qui ne s'éteint pas, d'un feu éternel, il n'est absolument rien
dans ses paroles qui prouve qu'il y ait condamné ces coupables éternellement.
Pauvres brebis égarées, sachez voir venir de loin le bon Pasteur, qui loin de vouloir vous bannir à tout jamais de sa présence, vient lui-même à votre rencontre pour vous ramener au bercail. Enfants prodigues, quittez votre exil volontaire ; tournez vos pas vers la demeure paternelle : le père vous tend les bras et se tient toujours prêt à fêter votre retour en famille.
Pauvres brebis égarées, sachez voir venir de loin le bon Pasteur, qui loin de vouloir vous bannir à tout jamais de sa présence, vient lui-même à votre rencontre pour vous ramener au bercail. Enfants prodigues, quittez votre exil volontaire ; tournez vos pas vers la demeure paternelle : le père vous tend les bras et se tient toujours prêt à fêter votre retour en famille.
Lamennais.
Distinction de la nature des Esprits, Médium, madame Costel
Je veux te parler des hautes vérités
du Spiritisme, elles sont étroitement liées à celles de la morale, il
est donc important de ne jamais les diviser ; d'abord, le point qui
attire l'attention des êtres intelligents, c'est le doute sur la vérité
même des communications spirites. La vérité, première dignité de l'âme,
est toute dans ce point de départ ; cherchons donc à l'établir.
Il n'y a pas de moyen infaillible pour distinguer la nature des Esprits, si nous abdiquons le jugement, la comparaison, la réflexion ; ces trois facultés sont plus que suffisantes pour distinguer sûrement les divers Esprits. Le libre-arbitre est l'axe sur lequel tourne le pivot de l'intelligence humaine ; l'équilibre serait rompu si les Esprits n'avaient qu'à parler pour soumettre les hommes ; leur pouvoir, alors, égalerait celui de Dieu, il n'en peut être ainsi ; l'échange entre les humains et les invisibles ressemble à l'échelle de Jacob ; s'il permet aux uns de monter, il laisse les autres descendre ; et tous agissant les uns sur les autres, sous l'œil de Dieu, doivent marcher vers lui, dans le même esprit d'amour et d'intelligente soumission. J'ai effleuré ce sujet, et je vous conseille de l'approfondir sous toutes ses faces.
Lazarre.
Il n'y a pas de moyen infaillible pour distinguer la nature des Esprits, si nous abdiquons le jugement, la comparaison, la réflexion ; ces trois facultés sont plus que suffisantes pour distinguer sûrement les divers Esprits. Le libre-arbitre est l'axe sur lequel tourne le pivot de l'intelligence humaine ; l'équilibre serait rompu si les Esprits n'avaient qu'à parler pour soumettre les hommes ; leur pouvoir, alors, égalerait celui de Dieu, il n'en peut être ainsi ; l'échange entre les humains et les invisibles ressemble à l'échelle de Jacob ; s'il permet aux uns de monter, il laisse les autres descendre ; et tous agissant les uns sur les autres, sous l'œil de Dieu, doivent marcher vers lui, dans le même esprit d'amour et d'intelligente soumission. J'ai effleuré ce sujet, et je vous conseille de l'approfondir sous toutes ses faces.
Lazarre.
Scarron, Médium, mademoiselle Huet
Mes amis, j'ai été bien malheureux sur
la terre, parce que mon Esprit était égal, et quelquefois supérieur à
celui des personnes qui m'entouraient ; mais mon corps était au-dessous.
Aussi mon cœur était ulcéré par les souffrances morales, et par les
maux physiques qui avaient mis mon enveloppe terrestre dans un état
piteux et misérable. Mon caractère s'était aigri par les maladies et les
contrariétés que j'éprouvais dans le commerce de mes amis. Je me suis
laissé aller à la malignité la plus caustique ; j'étais gai et sans
chagrin en apparence ; cependant je souffrais bien au fond de mon cœur ;
et quand j'étais seul, livré aux secrètes pensées de mon âme, je
gémissais d'être ainsi en lutte entre le bien et le mal. Le plus beau
jour de mon existence a été celui où mon Esprit s'est séparé de mon
corps ; où, ce premier, léger et éclairé par un rayon divin, s'est
élancé vers les sphères célestes. Il me semblait que je renaissais, et
le bonheur s'empara de mon être : je reposai enfin !
Plus tard, ma conscience s'est réveillée ; j'ai reconnu les torts que j'avais envers mon Créateur ; j'ai éprouvé du remords, et j'ai imploré la pitié du Tout-Puissant. Depuis ce temps je cherche à m'instruire dans le bien ; j'essaie de me rendre utile aux hommes, et je progresse chaque jour. Cependant j'ai besoin que l'on prie pour moi, et je demande aux fervents croyants d'élever en ma faveur leurs pensées vers Dieu. S'ils m'appellent à eux, je tâcherai de venir chaque fois et de répondre à leurs demandes autant que je le pourrai. Ainsi se pratique la charité.
Paul Scarron.
Plus tard, ma conscience s'est réveillée ; j'ai reconnu les torts que j'avais envers mon Créateur ; j'ai éprouvé du remords, et j'ai imploré la pitié du Tout-Puissant. Depuis ce temps je cherche à m'instruire dans le bien ; j'essaie de me rendre utile aux hommes, et je progresse chaque jour. Cependant j'ai besoin que l'on prie pour moi, et je demande aux fervents croyants d'élever en ma faveur leurs pensées vers Dieu. S'ils m'appellent à eux, je tâcherai de venir chaque fois et de répondre à leurs demandes autant que je le pourrai. Ainsi se pratique la charité.
Paul Scarron.
Le Néant de la vie, Médium, mademoiselle Huet
Mes bons amis d'adoption,
permettez-moi de vous dire quelques mots, comme conseils. Dieu me permet
de venir à vous ; que ne puis-je vous communiquer toute l'ardeur qui
était dans mon cœur, et qui m'animait pour le bien. Croyez à Dieu,
l'auteur de toutes choses ; aimez-le ; soyez bons et charitables ; la
charité est la clef du ciel. Pour devenir bons, pensez quelquefois à la
mort ; c'est une pensée qui élève l'âme et rend meilleur, en rendant
humble ; car, qu'est-on sur la terre ? un atome jeté dans l'espace ;
bien peu de chose dans l'univers. L'homme n'est rien, il fait nombre.
Quand il regarde devant lui, quand il regarde en arrière, c'est encore
l'infini ; sa vie, quelque longue qu'elle soit, est un point dans
l'éternité. Pensez alors à votre âme, pensez à la vie nouvelle qui vous
attend, car vous ne pouvez douter qu'il y en ait une, quand ce ne
seraient que les désirs de votre âme qui ne sont jamais satisfaits, ce
qui est une preuve qu'ils doivent l'être dans un monde meilleur. Au
revoir.
S. Swetchine.
S. Swetchine.
Aux Médiums, Médium, M. Darcol
Lorsque vous voudrez recevoir des
communications de bons Esprits, il importe de vous préparer à cette
faveur par le recueillement, par de saines intentions et par le désir de
faire le bien en vue du progrès général ; car souvenez-vous que
l'égoïsme est une cause de retard à tout avancement. Souvenez-vous que
si Dieu permet à quelques-uns d'entre vous de recevoir le souffle de
certains de ses enfants qui, par leur conduite, ont su mériter le
bonheur de comprendre sa bonté intime c'est qu'il veut bien, à notre
sollicitation, et en vue de vos bonnes intentions, vous donner les
moyens d'avancer dans sa voie ; ainsi donc, Médiums ! mettez à profit
cette faculté que Dieu veut bien vous accorder. Ayez la foi dans la
mansuétude de notre maître ; ayez la charité toujours en pratique ; ne
vous lassez jamais d'exercer cette sublime vertu ainsi que la tolérance.
Que toujours vos actions soient en harmonie avec votre conscience,
c'est un moyen certain de centupler votre bonheur dans cette vie
passagère, et de vous préparer une existence mille fois plus douce
encore.
Que le Médium d'entre vous qui ne se sentirait pas la force de persévérer dans l'enseignement spirite, s'abstienne ; car ne mettant pas à profit la lumière qui l'éclaire, il sera moins excusable qu'un autre, et il aura à expier son aveuglement.
François de Salles.
Que le Médium d'entre vous qui ne se sentirait pas la force de persévérer dans l'enseignement spirite, s'abstienne ; car ne mettant pas à profit la lumière qui l'éclaire, il sera moins excusable qu'un autre, et il aura à expier son aveuglement.
François de Salles.
L'honnêteté relative, Médium, madame Costel
Nous nous occuperons aujourd'hui de la
moralité de ceux qui n'en ont pas, c'est-à-dire de l'honnêteté relative
qui se trouve dans les cœurs les plus pervertis. Le voleur ne vole pas
le mouchoir de son camarade, même, quand celui-ci en a deux ; le
marchand ne surfait pas son ami ; le traître est fidèle quand même à un
être quelconque. Jamais la lueur divine n'est complètement absente du
cœur humain ; aussi doit-on la conserver avec des soins infinis, sinon
la développer. Le jugement étroit et brutal des hommes empêche, par sa
sévérité, beaucoup plus de bons retours qu'il ne préserve de mauvaises
actions. Le Spiritisme développé doit être, et sera la consolation et
l'espoir des cœurs flétris par la justice humaine. La religion, pleine
de sublimes enseignements, plane trop haut pour les ignorants ; elle
n'attaque pas assez directement l'épaisse imagination de l'illettré qui
veut voir et toucher pour croire. Eclairé par les médiums, peut-être
médium lui-même, la croyance fleurira dans ce cœur desséché. Aussi
est-ce surtout au peuple que les vrais Spirites doivent s'adresser comme
autrefois les apôtres ; qu'ils répandent la doctrine consolante ; comme
des pionniers, qu'ils s'enfoncent dans les marais de l'ignorance et du
vice pour défricher, assainir, préparer le terrain des âmes, afin
qu'elles puissent recevoir la belle culture du Christ.
Georges.
Profit des conseils, Médium, mademoiselle Huet
Profitez-vous de nos conseils et de ce
que nous vous disons chaque jour ? Non ; très peu. En sortant d'une de
vos réunions vous vous entretenez de la curiosité du fait ; du plus ou
moins d'intérêt qu'il a offert aux assistants ; mais en est-il un seul
parmi vous qui se demande s'il peut s'appliquer la morale, le conseil
que nous venons de prescrire, et s'il est dans l'intention de le faire ?
Il a demandé sollicité une citation ; il l'a : cela lui suffit. Il
retourne à ses occupations journalières en se promettant de venir revoir
un spectacle aussi intéressant ; il raconte les faits à ses amis, afin
d'exciter leur curiosité, et seulement pour prouver que les savants
peuvent être confondus ; bien peu le font en vue de prêcher la morale ;
bien peu même cherchent à s'améliorer.
Ma leçon est sévère ; je ne veux pourtant pas vous décourager ; apportez toujours de la bonne volonté, seulement un peu plus de bons sentiments vers Dieu, et moins d'envie de vouloir anéantir ceux qui ne veulent pas croire : ceci regarde le temps et Dieu.
Marie (Esprit familier.)
Ma leçon est sévère ; je ne veux pourtant pas vous décourager ; apportez toujours de la bonne volonté, seulement un peu plus de bons sentiments vers Dieu, et moins d'envie de vouloir anéantir ceux qui ne veulent pas croire : ceci regarde le temps et Dieu.
Marie (Esprit familier.)
Pensées détachées
O hommes ! que vous êtes superbement
orgueilleux ! Votre prétention est vraiment comique. Vous voulez tout
savoir, et votre essence s'oppose, sachez-le, à cette faculté de
compréhension universelle. Vous n'arriverez à connaître cette
merveilleuse nature que par le travail persévérant ; vous n'aurez la
joie d'approfondir ces trésors et d'entrevoir l'infini de Dieu, qu'en
vous améliorant par la charité, et en faisant toutes choses au point de
vue du bien pour tous, et en reportant cette faculté du bien à Dieu qui,
dans sa générosité que rien ne peut égaler, vous en récompensera
au-delà de toute supposition. Massillon.
L'homme est le jouet des événements, a-t-on dit souvent ; de quels événements veut-on parler ? quels seraient leur cause, leur but ? Jamais on n'y a vu le doigt de Dieu. Cette pensée vague et matérialiste, mère de la fatalité, a égaré plus d'un grand esprit, plus d'une profonde intelligence. Balzac a dit, vous le savez : « Il n'y a pas de principes ; il n'y a que des événements ; » c'est-à-dire, selon lui, l'homme n'a plus de libre-arbitre ; la fatalité le saisit au berceau, et le conduit jusqu'au tombeau ; monstrueuse invention de l'esprit humain ! cette pensée abat la liberté ; la liberté, c'est-à-dire le progrès, l'ascension de l'âme humaine, démonstration évidente de l'existence de Dieu. L'homme se laisserait donc conduire, serait donc esclave de tout : des hommes et de lui-même ? O homme ! descends en toi ; es-tu né pour la servitude ? Non ; tu es né pour la liberté.
Lamennais.
L'homme est le jouet des événements, a-t-on dit souvent ; de quels événements veut-on parler ? quels seraient leur cause, leur but ? Jamais on n'y a vu le doigt de Dieu. Cette pensée vague et matérialiste, mère de la fatalité, a égaré plus d'un grand esprit, plus d'une profonde intelligence. Balzac a dit, vous le savez : « Il n'y a pas de principes ; il n'y a que des événements ; » c'est-à-dire, selon lui, l'homme n'a plus de libre-arbitre ; la fatalité le saisit au berceau, et le conduit jusqu'au tombeau ; monstrueuse invention de l'esprit humain ! cette pensée abat la liberté ; la liberté, c'est-à-dire le progrès, l'ascension de l'âme humaine, démonstration évidente de l'existence de Dieu. L'homme se laisserait donc conduire, serait donc esclave de tout : des hommes et de lui-même ? O homme ! descends en toi ; es-tu né pour la servitude ? Non ; tu es né pour la liberté.
Lamennais.
Marie d'Agreda - Phénomène de bi-corporéité
Nous trouvons, dans un précis historique qui vient d'être publié, sur la vie de Marie de Jésus d'Agreda,
un fait remarquable de bi-corporéité, qui prouve que ces phénomènes
sont parfaitement acceptés par la religion. Il est vrai que, pour
certaines gens, les croyances religieuses ne sont pas plus une autorité
que les croyances spirites ; mais quand ces croyances s'appuieront sur
les démonstrations qu'en donne le Spiritisme, sur les preuves patentes
qu'il fournit, par une théorie rationnelle, de leur possibilité, sans
déroger aux lois de la nature, et de leur réalité par des exemples
analogues et authentiques, il faudra bien se rendre à l'évidence, et
reconnaître qu'en dehors des lois connues il y en a d'autres qui sont
encore dans les secrets de Dieu.
Marie de Jésus, naquit à Agreda, ville de Castille, le 2 avril 1602, de parents nobles et d'une vertu exemplaire. Très jeune encore, elle devint supérieure du monastère de l'Immaculée-Conception de Marie, où elle mourut en odeur de sainteté. Voici le récit qui se trouve dans sa biographie :
« Quelque envie que nous ayons d'abréger, nous ne pouvons nous dispenser de parler ici du rôle tout à fait exceptionnel de missionnaire et d'apôtre, que Marie d'Agreda exerça dans le Nouveau-Mexique. Ce fait, que nous allons rapporter, et dont on a des preuves incontestables, prouverait à lui seul combien étaient relevés les dons surnaturels dont Dieu avait enrichi son humble servante ; et combien était ardent le zèle qu'elle nourrissait dans son cœur, pour le salut du prochain. Dans ses rapports intimes et extraordinaires avec Dieu, elle en recevait une vive lumière à l'aide de laquelle elle découvrait le monde entier, la multitude des hommes qui l'habitaient, et ceux d'entre eux qui n'étaient pas encore entrés dans le giron de l'Église, et qui étaient en danger évident de se perdre pour l'éternité. A la vue de la perte de tant d'âmes, Marie d'Agreda se sentait le cœur percé, et, dans sa douleur, elle multipliait ses ferventes prières. Dieu lui fit Connaître que les peuples du Nouveau-Mexique présentaient moins d'obstacles que le reste des hommes, à leur conversion, et que c'était spécialement sur eux que sa divine miséricorde voulait se répandre. Cette connaissance fut un nouvel aiguillon pour le cœur charitable de Marie d'Agreda, et du plus profond de son âme elle implora la clémence divine en faveur de ce pauvre peuple. Dieu lui-même lui ordonnait de prier, et de travailler à cette fin ; et elle le fit d'une manière si efficace, que le Seigneur, dont les jugements sont impénétrables, opéra en elle, et par elle, une des plus grandes merveilles que l'histoire puisse rapporter.
« Le Seigneur l'ayant un jour ravie en extase, au moment où elle priait instamment pour le salut de ces âmes, Marie d'Agreda se sentit tout à coup transportée dans une des régions lointaines et inconnues, sans savoir comment. Elle se trouva alors dans un climat qui n'était plus celui de la Castille, et elle se sentit sous les rayons d'un soleil plus ardent qu'à l'ordinaire. Des hommes d'une race qu'elle n'avait jamais rencontrée étaient devant elle, et Dieu lui ordonnait alors de satisfaire ses charitables désirs, et de prêcher la loi et la foi sainte à ce peuple. L'extatique d'Agreda obéissait à cet ordre. Elle prêchait à ces Indiens en sa langue espagnole, et ces infidèles l'entendaient comme si elle leur eût parlé dans leur langue naturelle. Des conversions en grand nombre s'ensuivaient. Revenue de cette extase, cette sainte fille se trouvait au même lieu où elle était au commencement du ravissement. Ce ne fut point une seule fois que Marie de Jésus remplit ce rôle merveilleux de missionnaire et d'apôtre, auprès des habitants du Nouveau-Mexique. La première extase qu'elle eut en ce genre lui arriva vers l'an 1622 ; mais elle fut suivie de plus de cinq cents extases du même genre, et pendant environ huit ans. Marie d'Agreda se trouvait sans cesse dans cette même contrée pour y continuer son œuvre d'apôtre. Il lui semblait que le nombre des convertis s'était prodigieusement augmenté, et qu'une nation entière, le roi en tête, s'était résolue à embrasser la foi de Jésus-Christ.
« Elle voyait en même temps, mais à une grande distance, les Franciscains espagnols qui travaillaient à la conversion de ce nouveau monde, mais qui ignoraient encore jusqu'à l'existence de ce peuple qu'elle avait converti. Cette considération la porta à conseiller à ces Indiens d'envoyer quelques-uns d'entre eux vers ces missionnaires pour les prier de venir leur conférer le baptême. Ce fut par ce moyen que la divine Providence voulut donner une manifestation éclatante du bien que Marie d'Agreda avait fait dans le Nouveau-Mexique, par sa prédication extatique.
« Un jour, les missionnaires franciscains, que Marie d'Agreda avait vus en esprit, mais à une grande distance, se virent abordés par une troupe d'Indiens d'une race qu'ils n'avaient pas encore rencontrée dans leurs excursions. Ceux-ci s'annonçaient comme les envoyés de leur nation, demandant la grâce du baptême avec de grandes instances. Surpris à la vue de ces indiens, et plus étonnés encore de la demande qu'ils leur faisaient, les missionnaires tâchèrent de savoir quelle en était la cause. Les envoyés répondirent : que depuis un temps assez long, une femme avait paru dans leur pays annonçant la loi de Jésus-Christ. Ils ajoutèrent que cette femme disparaissait par moment, sans qu'on pût découvrir le lieu de sa retraite ; que c'était elle qui leur avait fait connaître le vrai Dieu, et qui leur avait conseillé de se rendre auprès des missionnaires, afin d'obtenir pour toute leur nation la grâce du sacrement qui remet les péchés, et fait les enfants de Dieu. La surprise des missionnaires s'accrut bien davantage lorsque, ayant interrogé ces Indiens sur les mystères de la foi, ils les trouvèrent parfaitement instruits de tout ce qui est nécessaire au salut. Les missionnaires prirent tous les renseignements possibles sur cette femme ; mais tout ce que ces Indiens purent dire, c'est qu'ils n'avaient jamais vu une personne semblable. Cependant quelques détails descriptifs du costume firent soupçonner aux missionnaires que cette femme pouvait être habillée en religieuse, et l'un d'eux, qui avait sur lui le portrait de la vénérable mère Louise de Carrion, encore vivante, et dont la sainteté était connue de toute l'Espagne, le montra aux Indiens, dans la pensée qu'ils pourraient peut-être reconnaître quelques traits de leur femme-apôtre. Ceux-ci, après avoir considéré le portait, répondirent que la femme qui leur avait prêché la loi de Jésus-Christ portait à la vérité un voile comme celle dont on leur présentait l'image ; mais que, pour les traits du visage, elle en différait complètement, étant plus jeune, et d'une grande beauté.
« Quelques-uns des missionnaires partirent donc avec les envoyés indiens pour aller recueillir au milieu d'eux une si abondante moisson. Après plusieurs jours de chemin, ils arrivèrent au sein de cette tribu, où ils furent accueillis avec les plus vives démonstrations de joie, et de reconnaissance. Dans leur voyage ils purent constater que, chez tous les individus de ce peuple, l'instruction chrétienne était complète.
« Le chef de la nation, objet spécial des sollicitudes de la servante de Dieu, voulut être le premier à recevoir la grâce du baptême avec toute sa famille ; et en peu de jours la nation entière suivit son exemple.
« Nonobstant ces grands événements, on ignorait encore quelle était cette servante du Seigneur qui avait évangélisé ces peuples, et on était dans une sainte curiosité, et dans une pieuse impatience de la connaître.
Le P. Alonzo de Bénavidès surtout, qui était le supérieur des missionnaires franciscains dans le Nouveau-Mexique, aurait voulu pouvoir percer le voile mystérieux qui couvrait encore le nom de cette femme-apôtre, et il aspirait à rentrer momentanément en Espagne pour découvrir la retraite de cette religieuse inconnue, qui avait prodigieusement coopéré au salut de tant d'âmes. En 1630, il put enfin s'embarquer pour l'Espagne, et il se rendit directement à Madrid, où se trouvait alors le général de son ordre. Bénavidès lui fit connaître le but qu'il s'était proposé en entreprenant son voyage en Europe. Le général connaissait Marie de Jésus d'Agreda, et selon le devoir de sa charge il avait dû examiner à fond l'intérieur de cette religieuse. Il connaissait donc sa sainteté, aussi bien que la sublimité des voies dans lesquelles Dieu l'avait mise. Il lui vint aussitôt en pensée que cette femme privilégiée pourrait bien être cette femme-apôtre dont lui parlait le P. Bénavidès, et il lui fit part de ses impressions. Il lui donna des lettres par lesquelles il le constituait son commissaire, avec ordre à Marie d'Agreda d'avoir à répondre en toute simplicité aux questions qu'il jugerait à propos de lui adresser. Avec ces dépêches, le missionnaire partit pour Agreda.
« L'humble sœur se vit donc obligée de découvrir au missionnaire tout ce qu'elle savait touchant l'objet de sa mission auprès d'elle. Confuse et docile à la fois, elle manifesta à Bénavidès tout ce qui lui était arrivé dans ses extases, ajoutant avec franchise qu'elle était complètement incertaine sur le mode avec lequel son action avait pu s'exercer ainsi à une si grande distance. Bénavidès interrogea aussi la sœur sur les particularités des lieux qu'elle avait dû tant de fois visiter, et il trouva qu'elle était très instruite sur tout ce qui avait du rapport au Nouveau-Mexique, et à ses habitants. Elle lui exposa, dans le plus grand détail, toute la topographie de ces contrées, et les lui découvrit, se servant même des noms propres, comme aurait pu le faire un voyageur après avoir passé plusieurs années dans ces régions. Elle ajouta même qu'elle avait vu plusieurs fois Bénavidès et ses religieux, marquant les lieux, les jours, les heures, les circonstances ; et fournissait des détails spéciaux sur chacun des missionnaires.
« On comprend aisément la consolation de Bénavidès d'avoir enfin découvert l'âme privilégiée dont Dieu s'était servi, pour exercer son action miraculeuse sur les habitants du Nouveau-Mexique.
« Avant de quitter la ville d'Agreda, Bénavidès voulut rédiger une déclaration de tout ce qu'il avait constaté, soit en Amérique, soit à Agreda dans ses entretiens avec la servante de Dieu. Il exprima, dans cette pièce, sa conviction personnelle touchant la manière dont cette action de Marie de Jésus s'était fait sentir aux Indiens. Il inclinait à croire que cette action avait été corporelle. Sur cette question, l'humble religieuse garda toujours une grande réserve. Malgré mille indices qui faisaient conclure à Bénavidès ce qu'avait conclu avant lui le confesseur de la servante de Dieu, indices qui semblaient accuser un changement corporel de lieu, Marie d'Agreda persista toujours à croire que tout se passait en esprit ; encore était-elle, dans son humilité, fortement tentée de penser que ce phénomène pouvait bien n'être qu'une hallucination, quoique innocente et involontaire de sa part. Mais son directeur, qui connaissait le fond des choses, croyait pouvoir penser que la religieuse était corporellement transportée, dans ses extases, aux lieux de ses travaux évangéliques. Il motivait son opinion sur l'impression physique que le changement de climat faisait éprouver à Marie d'Agreda, sur la longue suite de ses travaux parmi les Indiens, et sur l'avis de plusieurs doctes personnages qu'il avait cru devoir consulter en grand secret. Quoi qu'il en soit, le fait demeure toujours comme l'un des plus merveilleux dont il soit parlé dans les annales des saints, et il est très propre à donner une idée véritable, non seulement des communications divines que recevait Marie d'Agreda, mais aussi de sa candeur, et de son aimable sincérité. »
Marie de Jésus, naquit à Agreda, ville de Castille, le 2 avril 1602, de parents nobles et d'une vertu exemplaire. Très jeune encore, elle devint supérieure du monastère de l'Immaculée-Conception de Marie, où elle mourut en odeur de sainteté. Voici le récit qui se trouve dans sa biographie :
« Quelque envie que nous ayons d'abréger, nous ne pouvons nous dispenser de parler ici du rôle tout à fait exceptionnel de missionnaire et d'apôtre, que Marie d'Agreda exerça dans le Nouveau-Mexique. Ce fait, que nous allons rapporter, et dont on a des preuves incontestables, prouverait à lui seul combien étaient relevés les dons surnaturels dont Dieu avait enrichi son humble servante ; et combien était ardent le zèle qu'elle nourrissait dans son cœur, pour le salut du prochain. Dans ses rapports intimes et extraordinaires avec Dieu, elle en recevait une vive lumière à l'aide de laquelle elle découvrait le monde entier, la multitude des hommes qui l'habitaient, et ceux d'entre eux qui n'étaient pas encore entrés dans le giron de l'Église, et qui étaient en danger évident de se perdre pour l'éternité. A la vue de la perte de tant d'âmes, Marie d'Agreda se sentait le cœur percé, et, dans sa douleur, elle multipliait ses ferventes prières. Dieu lui fit Connaître que les peuples du Nouveau-Mexique présentaient moins d'obstacles que le reste des hommes, à leur conversion, et que c'était spécialement sur eux que sa divine miséricorde voulait se répandre. Cette connaissance fut un nouvel aiguillon pour le cœur charitable de Marie d'Agreda, et du plus profond de son âme elle implora la clémence divine en faveur de ce pauvre peuple. Dieu lui-même lui ordonnait de prier, et de travailler à cette fin ; et elle le fit d'une manière si efficace, que le Seigneur, dont les jugements sont impénétrables, opéra en elle, et par elle, une des plus grandes merveilles que l'histoire puisse rapporter.
« Le Seigneur l'ayant un jour ravie en extase, au moment où elle priait instamment pour le salut de ces âmes, Marie d'Agreda se sentit tout à coup transportée dans une des régions lointaines et inconnues, sans savoir comment. Elle se trouva alors dans un climat qui n'était plus celui de la Castille, et elle se sentit sous les rayons d'un soleil plus ardent qu'à l'ordinaire. Des hommes d'une race qu'elle n'avait jamais rencontrée étaient devant elle, et Dieu lui ordonnait alors de satisfaire ses charitables désirs, et de prêcher la loi et la foi sainte à ce peuple. L'extatique d'Agreda obéissait à cet ordre. Elle prêchait à ces Indiens en sa langue espagnole, et ces infidèles l'entendaient comme si elle leur eût parlé dans leur langue naturelle. Des conversions en grand nombre s'ensuivaient. Revenue de cette extase, cette sainte fille se trouvait au même lieu où elle était au commencement du ravissement. Ce ne fut point une seule fois que Marie de Jésus remplit ce rôle merveilleux de missionnaire et d'apôtre, auprès des habitants du Nouveau-Mexique. La première extase qu'elle eut en ce genre lui arriva vers l'an 1622 ; mais elle fut suivie de plus de cinq cents extases du même genre, et pendant environ huit ans. Marie d'Agreda se trouvait sans cesse dans cette même contrée pour y continuer son œuvre d'apôtre. Il lui semblait que le nombre des convertis s'était prodigieusement augmenté, et qu'une nation entière, le roi en tête, s'était résolue à embrasser la foi de Jésus-Christ.
« Elle voyait en même temps, mais à une grande distance, les Franciscains espagnols qui travaillaient à la conversion de ce nouveau monde, mais qui ignoraient encore jusqu'à l'existence de ce peuple qu'elle avait converti. Cette considération la porta à conseiller à ces Indiens d'envoyer quelques-uns d'entre eux vers ces missionnaires pour les prier de venir leur conférer le baptême. Ce fut par ce moyen que la divine Providence voulut donner une manifestation éclatante du bien que Marie d'Agreda avait fait dans le Nouveau-Mexique, par sa prédication extatique.
« Un jour, les missionnaires franciscains, que Marie d'Agreda avait vus en esprit, mais à une grande distance, se virent abordés par une troupe d'Indiens d'une race qu'ils n'avaient pas encore rencontrée dans leurs excursions. Ceux-ci s'annonçaient comme les envoyés de leur nation, demandant la grâce du baptême avec de grandes instances. Surpris à la vue de ces indiens, et plus étonnés encore de la demande qu'ils leur faisaient, les missionnaires tâchèrent de savoir quelle en était la cause. Les envoyés répondirent : que depuis un temps assez long, une femme avait paru dans leur pays annonçant la loi de Jésus-Christ. Ils ajoutèrent que cette femme disparaissait par moment, sans qu'on pût découvrir le lieu de sa retraite ; que c'était elle qui leur avait fait connaître le vrai Dieu, et qui leur avait conseillé de se rendre auprès des missionnaires, afin d'obtenir pour toute leur nation la grâce du sacrement qui remet les péchés, et fait les enfants de Dieu. La surprise des missionnaires s'accrut bien davantage lorsque, ayant interrogé ces Indiens sur les mystères de la foi, ils les trouvèrent parfaitement instruits de tout ce qui est nécessaire au salut. Les missionnaires prirent tous les renseignements possibles sur cette femme ; mais tout ce que ces Indiens purent dire, c'est qu'ils n'avaient jamais vu une personne semblable. Cependant quelques détails descriptifs du costume firent soupçonner aux missionnaires que cette femme pouvait être habillée en religieuse, et l'un d'eux, qui avait sur lui le portrait de la vénérable mère Louise de Carrion, encore vivante, et dont la sainteté était connue de toute l'Espagne, le montra aux Indiens, dans la pensée qu'ils pourraient peut-être reconnaître quelques traits de leur femme-apôtre. Ceux-ci, après avoir considéré le portait, répondirent que la femme qui leur avait prêché la loi de Jésus-Christ portait à la vérité un voile comme celle dont on leur présentait l'image ; mais que, pour les traits du visage, elle en différait complètement, étant plus jeune, et d'une grande beauté.
« Quelques-uns des missionnaires partirent donc avec les envoyés indiens pour aller recueillir au milieu d'eux une si abondante moisson. Après plusieurs jours de chemin, ils arrivèrent au sein de cette tribu, où ils furent accueillis avec les plus vives démonstrations de joie, et de reconnaissance. Dans leur voyage ils purent constater que, chez tous les individus de ce peuple, l'instruction chrétienne était complète.
« Le chef de la nation, objet spécial des sollicitudes de la servante de Dieu, voulut être le premier à recevoir la grâce du baptême avec toute sa famille ; et en peu de jours la nation entière suivit son exemple.
« Nonobstant ces grands événements, on ignorait encore quelle était cette servante du Seigneur qui avait évangélisé ces peuples, et on était dans une sainte curiosité, et dans une pieuse impatience de la connaître.
Le P. Alonzo de Bénavidès surtout, qui était le supérieur des missionnaires franciscains dans le Nouveau-Mexique, aurait voulu pouvoir percer le voile mystérieux qui couvrait encore le nom de cette femme-apôtre, et il aspirait à rentrer momentanément en Espagne pour découvrir la retraite de cette religieuse inconnue, qui avait prodigieusement coopéré au salut de tant d'âmes. En 1630, il put enfin s'embarquer pour l'Espagne, et il se rendit directement à Madrid, où se trouvait alors le général de son ordre. Bénavidès lui fit connaître le but qu'il s'était proposé en entreprenant son voyage en Europe. Le général connaissait Marie de Jésus d'Agreda, et selon le devoir de sa charge il avait dû examiner à fond l'intérieur de cette religieuse. Il connaissait donc sa sainteté, aussi bien que la sublimité des voies dans lesquelles Dieu l'avait mise. Il lui vint aussitôt en pensée que cette femme privilégiée pourrait bien être cette femme-apôtre dont lui parlait le P. Bénavidès, et il lui fit part de ses impressions. Il lui donna des lettres par lesquelles il le constituait son commissaire, avec ordre à Marie d'Agreda d'avoir à répondre en toute simplicité aux questions qu'il jugerait à propos de lui adresser. Avec ces dépêches, le missionnaire partit pour Agreda.
« L'humble sœur se vit donc obligée de découvrir au missionnaire tout ce qu'elle savait touchant l'objet de sa mission auprès d'elle. Confuse et docile à la fois, elle manifesta à Bénavidès tout ce qui lui était arrivé dans ses extases, ajoutant avec franchise qu'elle était complètement incertaine sur le mode avec lequel son action avait pu s'exercer ainsi à une si grande distance. Bénavidès interrogea aussi la sœur sur les particularités des lieux qu'elle avait dû tant de fois visiter, et il trouva qu'elle était très instruite sur tout ce qui avait du rapport au Nouveau-Mexique, et à ses habitants. Elle lui exposa, dans le plus grand détail, toute la topographie de ces contrées, et les lui découvrit, se servant même des noms propres, comme aurait pu le faire un voyageur après avoir passé plusieurs années dans ces régions. Elle ajouta même qu'elle avait vu plusieurs fois Bénavidès et ses religieux, marquant les lieux, les jours, les heures, les circonstances ; et fournissait des détails spéciaux sur chacun des missionnaires.
« On comprend aisément la consolation de Bénavidès d'avoir enfin découvert l'âme privilégiée dont Dieu s'était servi, pour exercer son action miraculeuse sur les habitants du Nouveau-Mexique.
« Avant de quitter la ville d'Agreda, Bénavidès voulut rédiger une déclaration de tout ce qu'il avait constaté, soit en Amérique, soit à Agreda dans ses entretiens avec la servante de Dieu. Il exprima, dans cette pièce, sa conviction personnelle touchant la manière dont cette action de Marie de Jésus s'était fait sentir aux Indiens. Il inclinait à croire que cette action avait été corporelle. Sur cette question, l'humble religieuse garda toujours une grande réserve. Malgré mille indices qui faisaient conclure à Bénavidès ce qu'avait conclu avant lui le confesseur de la servante de Dieu, indices qui semblaient accuser un changement corporel de lieu, Marie d'Agreda persista toujours à croire que tout se passait en esprit ; encore était-elle, dans son humilité, fortement tentée de penser que ce phénomène pouvait bien n'être qu'une hallucination, quoique innocente et involontaire de sa part. Mais son directeur, qui connaissait le fond des choses, croyait pouvoir penser que la religieuse était corporellement transportée, dans ses extases, aux lieux de ses travaux évangéliques. Il motivait son opinion sur l'impression physique que le changement de climat faisait éprouver à Marie d'Agreda, sur la longue suite de ses travaux parmi les Indiens, et sur l'avis de plusieurs doctes personnages qu'il avait cru devoir consulter en grand secret. Quoi qu'il en soit, le fait demeure toujours comme l'un des plus merveilleux dont il soit parlé dans les annales des saints, et il est très propre à donner une idée véritable, non seulement des communications divines que recevait Marie d'Agreda, mais aussi de sa candeur, et de son aimable sincérité. »
Avis
Nous rappelons à nos lecteurs que l'ouvrage intitulé : l'Instruction pratique sur les manifestations spirites est épuisé, et qu'il sera remplacé par un autre ouvrage beaucoup plus complet, sous le titre de : Le Spiritisme expérimental. Il est en ce moment sous presse, et paraîtra dans le courant de décembre.
Nous leur rappellerons également que la seconde édition de l'Histoire de Jeanne d'Arc, dictée par elle-même à mademoiselle Ermance Dufaux est en vente. Le succès de cet ouvrage ne s'est pas ralenti ; il est lu toujours avec le même intérêt par les personnes sérieuses qu'elles soient ou non partisanes du Spiritisme. Cette histoire sera toujours considérée comme une des plus intéressantes et des plus complètes qui aient été publiées.
Allan Kardec.
Nous leur rappellerons également que la seconde édition de l'Histoire de Jeanne d'Arc, dictée par elle-même à mademoiselle Ermance Dufaux est en vente. Le succès de cet ouvrage ne s'est pas ralenti ; il est lu toujours avec le même intérêt par les personnes sérieuses qu'elles soient ou non partisanes du Spiritisme. Cette histoire sera toujours considérée comme une des plus intéressantes et des plus complètes qui aient été publiées.
Allan Kardec.