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REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Avril
Avril
Bulletin de la société parisienne des études spiritesVendredi 24 février 1860. (Séance générale.)
Communications diverses. 1° Lettre de Dieppe qui confirme de tous points les faits de manifestations spontanées qui ont eu lieu chez un boulanger du bourg des Grandes-Ventes, près Dieppe, et rapportés par la Vigie. (Publié dans le n° de mars.)
2° Lettre de M.M…, du Teil d'Ardèche, qui donne de nouveaux renseignements sur les faits qui se sont passés au château de Fons, près Aubenas.
3° Lettre de M.le baron Tscherkassoff, qui donne des détails circonstanciés et authentiques sur un fait très extraordinaire de manifestation spontanée par un Esprit perturbateur, arrivé au commencement de ce siècle, chez un fabricant de Saint-Pétersbourg. (Publié ci-après.)
4° Relation d'un fait d'apparition tangible ayant tous les caractères d'un agénère, arrivé le 15 janvier dernier dans la commune de Brix, près Valognes. Ce fait est transmis à M.Ledoyen par une personne de sa connaissance et qui en certifie l'exactitude. (Publié ci-après.)
5° Lecture d'une tradition musulmane sur le prophète Esdras, extraite du Moniteur du 15 février 1860, et qui repose sur un fait de faculté médianimique.
Études. 1° Dictée spontanée de Charlet, obtenue par M.Didier fils, et faisant suite au travail commencé.
2° Évocation de M. Jules-Louis C…, mort le 30 janvier dernier, à l'hôpital du Val-de-Grâce, des suites d'un cancer qui lui avait détruit une partie de la face et de la mâchoire. Cette évocation est faite d'après le désir d'un de ses amis présent à la séance et d'une personne de sa famille ; elle est surtout instructive au point de vue de la modification des idées après la mort, en ce que, de son vivant, M.C… professait hautement le matérialisme.
3° Saint Louis est prié de dire si l'on peut appeler l'Esprit qui s'est manifesté chez le boulanger de Dieppe. Il répond que cela ne se peut pas, pour des raisons que l'on saura plus tard.
Vendredi 2 mars 1860. (Séance particulière.)
Examen et discussion de plusieurs questions administratives.
Etude et appréciation de plusieurs communications Spirites obtenues soit dans la société, soit en dehors des séances.
Saint Louis, prié de vouloir bien donner une dictée spontanée, écrit ce qui suit par l'intermédiaire de Mlle Huet :
« Me voici, mes amis, prêt à vous donner mes conseils, comme je l'ai fait jusqu'à ce jour. Défiez-vous des mauvais Esprits qui pourraient se glisser parmi vous et chercheraient à y semer la désunion.
Malheureusement, ceux qui veulent se rendre utiles à une oeuvre trouvent toujours des obstacles ; ici ce n'est pas la personne généreuse qui les rencontre, mais celui qui est chargé d'exécuter les désirs qu'elle manifeste.
Soyez sans crainte ; vous triompherez de tous les obstacles par la patience, une tenue ferme contre les volontés qui veulent s'imposer. Quant aux diverses communications que l'on m'attribue, c'est souvent un autre Esprit qui prend mon nom ; je me communique peu en dehors de la Société que j'ai prise sous mon patronage ; j'aime ces lieux de réunion qui me sont principalement consacrés ; c'est ici seulement que j'aime à donner des avis et des conseils ; aussi méfiez-vous des Esprits qui souvent se servent de mon nom. Que la paix et l'union soient parmi vous ! Au nom de Dieu tout-puissant qui a créé le bien, je le désire. Saint Louis.
Un membre fait cette remarque : Comment un Esprit inférieur peut-il usurper le nom d'un Esprit supérieur sans le consentement de ce dernier ? Ce ne peut être que dans une mauvaise intention, et alors pourquoi les bons Esprits le permettent-ils ? S'ils ne peuvent s'y opposer, ils sont donc moins puissants que les mauvais ?
A cela il est répondu : Il y a quelque chose de plus puissant que les bons Esprits : c'est Dieu. Dieu peut permettre aux mauvais Esprits de se manifester pour les aider à s'améliorer, et en outre pour éprouver notre patience, notre foi, notre confiance, notre fermeté à résister à la tentation, et surtout pour exercer notre perspicacité à distinguer le vrai du faux. Il dépend de nous de les écarter par notre volonté, en leur prouvant que nous ne sommes pas leurs dupes ; s'ils prennent de l'empire sur nous, ce n'est que par notre faiblesse ; c'est l'orgueil, la jalousie, et toutes les mauvaises passions des hommes qui font leur force en leur donnant prise.
Nous savons, par expérience, qu'ils cessent leurs obsessions quand ils voient qu'ils ne réussissent pas à nous lasser ; c'est donc à nous de leur montrer qu'ils perdent leur temps. Si Dieu veut nous éprouver, il n'est au pouvoir d'aucun Esprit de s'y opposer. L'obsession des Esprits trompeurs ou malveillants n'est donc le résultat ni de leur puissance, ni de la faiblesse des bons, mais d'une volonté qui leur est supérieure à tous ; plus la lutte a été grande, plus nous avons de mérite à en sortir vainqueurs.
Vendredi 9 mars 1860. (Séance particulière.)
Lecture du projet de modifications à introduire dans le règlement de la Société.
A ce sujet, M.Allan Kardec présente les observations suivantes :
Communications diverses. 1° Lettre de Dieppe qui confirme de tous points les faits de manifestations spontanées qui ont eu lieu chez un boulanger du bourg des Grandes-Ventes, près Dieppe, et rapportés par la Vigie. (Publié dans le n° de mars.)
2° Lettre de M.M…, du Teil d'Ardèche, qui donne de nouveaux renseignements sur les faits qui se sont passés au château de Fons, près Aubenas.
3° Lettre de M.le baron Tscherkassoff, qui donne des détails circonstanciés et authentiques sur un fait très extraordinaire de manifestation spontanée par un Esprit perturbateur, arrivé au commencement de ce siècle, chez un fabricant de Saint-Pétersbourg. (Publié ci-après.)
4° Relation d'un fait d'apparition tangible ayant tous les caractères d'un agénère, arrivé le 15 janvier dernier dans la commune de Brix, près Valognes. Ce fait est transmis à M.Ledoyen par une personne de sa connaissance et qui en certifie l'exactitude. (Publié ci-après.)
5° Lecture d'une tradition musulmane sur le prophète Esdras, extraite du Moniteur du 15 février 1860, et qui repose sur un fait de faculté médianimique.
Études. 1° Dictée spontanée de Charlet, obtenue par M.Didier fils, et faisant suite au travail commencé.
2° Évocation de M. Jules-Louis C…, mort le 30 janvier dernier, à l'hôpital du Val-de-Grâce, des suites d'un cancer qui lui avait détruit une partie de la face et de la mâchoire. Cette évocation est faite d'après le désir d'un de ses amis présent à la séance et d'une personne de sa famille ; elle est surtout instructive au point de vue de la modification des idées après la mort, en ce que, de son vivant, M.C… professait hautement le matérialisme.
3° Saint Louis est prié de dire si l'on peut appeler l'Esprit qui s'est manifesté chez le boulanger de Dieppe. Il répond que cela ne se peut pas, pour des raisons que l'on saura plus tard.
Vendredi 2 mars 1860. (Séance particulière.)
Examen et discussion de plusieurs questions administratives.
Etude et appréciation de plusieurs communications Spirites obtenues soit dans la société, soit en dehors des séances.
Saint Louis, prié de vouloir bien donner une dictée spontanée, écrit ce qui suit par l'intermédiaire de Mlle Huet :
« Me voici, mes amis, prêt à vous donner mes conseils, comme je l'ai fait jusqu'à ce jour. Défiez-vous des mauvais Esprits qui pourraient se glisser parmi vous et chercheraient à y semer la désunion.
Malheureusement, ceux qui veulent se rendre utiles à une oeuvre trouvent toujours des obstacles ; ici ce n'est pas la personne généreuse qui les rencontre, mais celui qui est chargé d'exécuter les désirs qu'elle manifeste.
Soyez sans crainte ; vous triompherez de tous les obstacles par la patience, une tenue ferme contre les volontés qui veulent s'imposer. Quant aux diverses communications que l'on m'attribue, c'est souvent un autre Esprit qui prend mon nom ; je me communique peu en dehors de la Société que j'ai prise sous mon patronage ; j'aime ces lieux de réunion qui me sont principalement consacrés ; c'est ici seulement que j'aime à donner des avis et des conseils ; aussi méfiez-vous des Esprits qui souvent se servent de mon nom. Que la paix et l'union soient parmi vous ! Au nom de Dieu tout-puissant qui a créé le bien, je le désire. Saint Louis.
Un membre fait cette remarque : Comment un Esprit inférieur peut-il usurper le nom d'un Esprit supérieur sans le consentement de ce dernier ? Ce ne peut être que dans une mauvaise intention, et alors pourquoi les bons Esprits le permettent-ils ? S'ils ne peuvent s'y opposer, ils sont donc moins puissants que les mauvais ?
A cela il est répondu : Il y a quelque chose de plus puissant que les bons Esprits : c'est Dieu. Dieu peut permettre aux mauvais Esprits de se manifester pour les aider à s'améliorer, et en outre pour éprouver notre patience, notre foi, notre confiance, notre fermeté à résister à la tentation, et surtout pour exercer notre perspicacité à distinguer le vrai du faux. Il dépend de nous de les écarter par notre volonté, en leur prouvant que nous ne sommes pas leurs dupes ; s'ils prennent de l'empire sur nous, ce n'est que par notre faiblesse ; c'est l'orgueil, la jalousie, et toutes les mauvaises passions des hommes qui font leur force en leur donnant prise.
Nous savons, par expérience, qu'ils cessent leurs obsessions quand ils voient qu'ils ne réussissent pas à nous lasser ; c'est donc à nous de leur montrer qu'ils perdent leur temps. Si Dieu veut nous éprouver, il n'est au pouvoir d'aucun Esprit de s'y opposer. L'obsession des Esprits trompeurs ou malveillants n'est donc le résultat ni de leur puissance, ni de la faiblesse des bons, mais d'une volonté qui leur est supérieure à tous ; plus la lutte a été grande, plus nous avons de mérite à en sortir vainqueurs.
Vendredi 9 mars 1860. (Séance particulière.)
Lecture du projet de modifications à introduire dans le règlement de la Société.
A ce sujet, M.Allan Kardec présente les observations suivantes :
« Messieurs,
« Quelques personnes paraissent s'être méprises sur le véritable but et sur le caractère de la Société ; permettez-moi de les rappeler en peu de mots.
« Le but de la Société est nettement défini par son titre, et dans le préambule du règlement actuel ; ce but est essentiellement, et l'on peut dire exclusivement, l'étude de la science Spirite ; ce que nous voulons avant tout, ce n'est pas de nous convaincre, puisque nous le sommes déjà, mais de nous instruire et d'apprendre ce que nous ne savons pas.
Nous voulons, à cet effet, nous placer dans les conditions les plus favorables ; ces études exigeant le calme et le recueillement, nous voulons éviter tout ce qui serait une cause de trouble. Telle est la considération qui doit prévaloir dans l'appréciation des mesures que nous adopterons.
« Partant de ce principe, la Société ne se pose nullement comme une Société de propagande. Sans doute, chacun de nous désire la diffusion d'idées qu'il croit justes et utiles ; il y contribue dans le cercle de ses relations et dans la mesure de ses forces, mais il serait faux de croire qu'il soit nécessaire pour cela d'être réunis en société, et plus faux encore de croire que la Société soit la colonne sans laquelle le Spiritisme serait en péril. Notre Société étant régulièrement constituée, elle procède par cela même avec plus d'ordre et de méthode que si elle marchait au hasard ; mais à part cela, elle n'est pas plus prépondérante que les milliers de sociétés libres ou réunions particulières qui existent en France et à l'étranger. Ce qu'elle veut, encore une fois, c'est s'instruire ; voilà pourquoi elle n'admet dans son sein que des personnes sérieuses et animées du même désir, parce que l'antagonisme de principes est une cause de perturbation ; je parle d'un antagonisme systématique sur les bases fondamentales, car elle ne saurait, sans se contredire, écarter la discussion sur les faits de détail.
Si elle a adopté certains principes généraux, ce n'est point par un étroit esprit d'exclusivisme ; elle a tout vu, tout étudié, tout comparé, et c'est d'après cela qu'elle s'est formée une opinion basée sur l'expérience et le raisonnement ; l'avenir seul peut se charger de lui donner tort ou raison ; mais, en attendant, elle ne recherche aucune suprématie, et il n'y a que ceux qui ne la connaissent pas qui peuvent lui supposer la ridicule prétention d'absorber tous les partisans du Spiritisme ou de se poser en régulatrice universelle. Si elle n'existait pas, chacun de nous s'instruirait de son côté, et, au lieu d'une seule réunion, nous en formerions peut-être dix ou vingt voilà toute la différence. Nous n'imposons nos idées à personne ; ceux qui les adoptent, c'est qu'ils les trouvent justes ; ceux qui viennent à nous, c'est qu'ils pensent y trouver l'occasion d'apprendre, mais ce n'est point comme affiliation, car nous ne formons ni secte, ni parti ; nous sommes réunis pour l'étude du Spiritisme comme d'autres pour l'étude de la phrénologie, de l'histoire ou d'autres sciences ; et comme nos réunions ne reposent sur aucun intérêt matériel, peu nous importe qu'il s'en forme d'autres à côté de nous. Ce serait, en vérité, nous supposer des idées bien mesquines, bien rétrécies, bien puériles, de croire que nous les verrions d'un oeil jaloux, et ceux qui penseraient à nous créer des rivalités montreraient, par cela même, combien peu ils comprennent le véritable esprit de la doctrine ; nous ne regretterions qu'une chose, c'est qu'ils nous connussent assez mal pour nous croire accessibles à l'ignoble sentiment de la jalousie. Que des entreprises mercenaires rivales, qui peuvent se nuire par la concurrence, se regardent d'un mauvais oeil, cela se conçoit ; mais si ces réunions n'ont, comme cela doit être, en vue qu'un intérêt purement moral, s'il ne s'y mêle aucune considération mercantile, je le demande, en quoi peuvent elles se nuire par la multiplicité ? On dira, sans doute, que s'il n'y a pas d'intérêt matériel, il y a celui de l'amour-propre, le désir de détruire le crédit moral de son voisin ; mais ce mobile serait peut-être plus ignoble encore ; s'il en était ainsi, ce qu'à Dieu ne plaise, il n'y aurait qu'à plaindre ceux qui seraient mus par de pareilles pensées. Veut-on primer son voisin ? Qu’on tâche de faire mieux que lui ; c'est là une lutte noble et digne, si elle n'est pas ternie par l'envie et la jalousie.
« Voilà donc, Messieurs, un point qu'il est essentiel de ne pas perdre de vue, c'est que nous ne formons ni une secte, ni une société de propagande, ni une corporation ayant un intérêt commun ; que si nous cessions d'exister, le Spiritisme n'en subirait aucune atteinte, et que de nos débris vingt autres sociétés se formeraient ; donc, ceux qui chercheraient à nous détruire dans le but d'entraver le progrès des idées Spirites n'y gagneraient rien ; car il faut bien qu'ils sachent que les racines du Spiritisme ne sont pas dans notre société, mais dans le monde entier. Il y a quelque chose de plus puissant qu'eux, de plus influent que toutes les sociétés, c'est la doctrine qui va au coeur et à la raison de ceux qui la comprennent ; et surtout de ceux qui la pratiquent.
« Ces principes, Messieurs, nous indiquent le véritable caractère de notre règlement, qui n'a rien de commun avec les statuts d'une corporation ; aucun contrat ne nous lie les uns aux autres ; en dehors de nos séances, nous n'avons d'autre obligation à l'égard des uns des autres que celle de nous comporter en gens bien élevés. Ceux qui ne trouveraient pas dans ces réunions ce qu'ils espéraient y trouver ont toute liberté de se retirer, et je ne concevrais même pas qu'ils y restassent du moment que ce qu'on y ferait ne leur conviendrait pas. Il ne serait pas rationnel qu'ils vinssent y perdre leur temps.
« Dans toute réunion, il faut une règle pour le maintien du bon ordre ; notre règlement n'est donc, à proprement parler, qu'une consigne destinée établir la police de nos séances, à maintenir, entre les personnes qui y assistent, les rapports d'urbanité et de convenance qui doivent présider à toutes les assemblées de personnes qui ont du savoir-vivre, abstraction faite des conditions inhérentes à la spécialité de nos travaux ; car nous avons affaire, non seulement à des hommes, mais à des Esprits qui, comme vous le savez, ne sont pas tous bons, et contre la fourberie desquels il faut se mettre en garde. Dans le nombre, il y en a de très astucieux, qui peuvent même, par haine pour le bien, nous pousser dans une voie périlleuse ; c'est à nous d'avoir assez de prudence et de perspicacité pour les déjouer, et c'est ce qui nous oblige à prendre des précautions particulières.
« Rappelez-vous, Messieurs, la manière dont la Société s'est formée.
Je recevais chez moi quelques personnes en petit comité ; le nombre s'en étant accru, on s'est dit : il faut un local plus grand ; pour avoir ce local, il faut le payer, donc il faut se cotiser. On s'est dit encore : il faut de l'ordre dans les séances ; on ne peut y admettre le premier venu, donc il faut un règlement : voilà toute l'histoire de la Société ; elle est bien simple, comme vous voyez. Il n'est entré dans la pensée de personne de fonder une institution, ni de s'occuper de quoi que ce soit en dehors des études, et je déclare même, d'une manière très formelle que si jamais la Société voulait aller au-delà de ce but je ne l'y suivrais pas.
« Ce que j'ai fait, d'autres sont maîtres de le faire de leur côté, en s'occupant à leur gré selon leurs goûts, leurs idées, leurs vues particulières ; et ces différents groupes peuvent parfaitement s'entendre et vivre en bons voisins. A moins de prendre une place publique pour lieu d'assemblée, comme il est matériellement impossible de réunir dans un même local tous les partisans du Spiritisme, ces différents groupes doivent être des fractions d'un grand tout, mais non des sectes rivales ; et le même groupe, devenu trop nombreux, peut se subdiviser comme les essaims des abeilles. Ces groupes existent déjà en grand nombre, et se multiplient tous les jours ; or, c'est précisément contre cette multiplicité que le mauvais vouloir des ennemis du Spiritisme viendra se briser, car les entraves auraient pour effet inévitable, et par la force même des choses, de multiplier les réunions particulières.
« Il y a pourtant, il faut en convenir, entre certains groupes, une sorte de rivalité ou plutôt d'antagonisme ; quelle en est la cause ? Eh ! Mon Dieu ! Cette cause est dans la faiblesse humaine, dans l'esprit d'orgueil qui veut s'imposer ; elle est surtout dans la connaissance encore incomplète des vrais principes du Spiritisme. Chacun défend ses Esprits, comme jadis les villes de la Grèce défendaient leurs dieux, qui, soit dit en passant, n'étaient autres que des Esprits plus ou moins bons. Ces dissidences n'existent que parce qu'il y a des gens qui veulent juger avant d'avoir tout vu, ou qui jugent au point de vue de leur personnalité ; elles s'effaceront, comme déjà beaucoup se sont effacées, à mesure que la science se formulera ; car, en définitive, la vérité est une, et elle sortira de l'examen impartial des différentes opinions. En attendant que la lumière se fasse sur tous les points, quel sera le juge ? La raison, dira t-on ; mais quand deux personnes se contredisent, chacune invoque sa raison ; quelle raison supérieure décidera entre ces deux raisons ?
« Sans nous arrêter à la forme plus ou moins imposante du langage, forme que savent très bien prendre les Esprits imposteurs et faux savants pour séduire, par les apparences, nous partons de ce principe que les bons Esprits ne peuvent conseiller que le bien, l'union, la concorde ; que leur langage est toujours simple, modeste, empreint de bienveillance, exempt d'acrimonie, d'arrogance et de fatuité, en un mot, que tout en eux respire la charité la plus pure. La charité, voilà le véritable critérium pour juger les esprits et pour se juger soi-même. Quiconque, sondant le for intérieur de sa conscience, y trouve un germe de rancune contre son prochain, même un simple souhait de mal, peut se dire à coup sûr qu'il est sollicité par un mauvais Esprit, car il oublie cette parole du Christ : Vous serez pardonné comme vous aurez pardonné vous-mêmes. Donc s'il y avait rivalité entre deux groupes Spirites, les Esprits véritablement bons ne pourraient être du côté de celui qui lancerait l'anathème à l'autre ; car jamais un homme sensé ne pourra croire que la jalousie, la rancune, la malveillance, en un mot, tout sentiment contraire à la charité puisse émaner d'une source pure. Cherchez donc de quel côté il y a le plus de charité pratique et non en paroles, et vous reconnaîtrez sans peine de quel côté sont les meilleurs Esprits, et par conséquent ceux dont il y a plus de raison d'attendre la vérité.
« Ces considérations, Messieurs, loin de nous écarter de notre sujet, nous placent sur notre véritable terrain. Le règlement, envisagé à ce point de vue, perd complètement son caractère de contrat, pour revêtir celui, bien plus modeste, d'une simple règle disciplinaire.
« Toutes les réunions, quel qu'en soit l'objet, ont à se prémunir contre un écueil, c'est celui des caractères brouillons qui semblent nés pour semer le trouble et la zizanie partout où ils se trouvent ; le désordre et la contradiction sont leur élément. Les réunions Spirites ont, plus que d'autres, à les redouter, parce que les meilleures communications ne s'obtiennent que dans un calme et un recueillement incompatibles avec leur présence et avec les Esprits sympathiques qu'ils amènent.
« En résumé, ce que nous devons chercher, c'est de parer à toutes les causes de trouble et d'interruption ; de maintenir entre nous les bons rapports dont les Spirites sincères doivent, plus que d'autres, donner l'exemple ; de nous opposer, par tous les moyens possibles, à ce que la Société s'écarte de son but, qu'elle aborde des questions qui ne sont pas de son ressort, et qu'elle dégénère en arène de controverse et de personnalités. Ce que nous devons chercher encore, c'est la possibilité de l'exécution en simplifiant le plus possible les rouages. Plus ces rouages seront compliqués, plus il y aura de causes de perturbation ; le relâchement s'introduirait par la force des choses, et du relâchement à l'anarchie il n'y a qu'un pas. »
Vendredi 16 mars 1860. (Séance particulière.)
Discussion et adoption du règlement modifié.
Vendredi 23 mars. (Séance particulière.)
Nomination du bureau et du comité.
Études. - Deux dictées spontanées sont obtenues, la première de l'Esprit de Charlet, par M.Didier fils ; la deuxième par madame de Boyer, d'un Esprit qui dit être forcé de venir s'accuser d'avoir voulu rompre la bonne harmonie et jeter le trouble parmi les hommes, en suscitant la jalousie et la rivalité entre ceux qui devaient être unis ; il cite quelques-uns des faits dont il s'est rendu coupable. Cet aveu spontané, dit-il, fait partie de la punition qui lui est infligée.
« Quelques personnes paraissent s'être méprises sur le véritable but et sur le caractère de la Société ; permettez-moi de les rappeler en peu de mots.
« Le but de la Société est nettement défini par son titre, et dans le préambule du règlement actuel ; ce but est essentiellement, et l'on peut dire exclusivement, l'étude de la science Spirite ; ce que nous voulons avant tout, ce n'est pas de nous convaincre, puisque nous le sommes déjà, mais de nous instruire et d'apprendre ce que nous ne savons pas.
Nous voulons, à cet effet, nous placer dans les conditions les plus favorables ; ces études exigeant le calme et le recueillement, nous voulons éviter tout ce qui serait une cause de trouble. Telle est la considération qui doit prévaloir dans l'appréciation des mesures que nous adopterons.
« Partant de ce principe, la Société ne se pose nullement comme une Société de propagande. Sans doute, chacun de nous désire la diffusion d'idées qu'il croit justes et utiles ; il y contribue dans le cercle de ses relations et dans la mesure de ses forces, mais il serait faux de croire qu'il soit nécessaire pour cela d'être réunis en société, et plus faux encore de croire que la Société soit la colonne sans laquelle le Spiritisme serait en péril. Notre Société étant régulièrement constituée, elle procède par cela même avec plus d'ordre et de méthode que si elle marchait au hasard ; mais à part cela, elle n'est pas plus prépondérante que les milliers de sociétés libres ou réunions particulières qui existent en France et à l'étranger. Ce qu'elle veut, encore une fois, c'est s'instruire ; voilà pourquoi elle n'admet dans son sein que des personnes sérieuses et animées du même désir, parce que l'antagonisme de principes est une cause de perturbation ; je parle d'un antagonisme systématique sur les bases fondamentales, car elle ne saurait, sans se contredire, écarter la discussion sur les faits de détail.
Si elle a adopté certains principes généraux, ce n'est point par un étroit esprit d'exclusivisme ; elle a tout vu, tout étudié, tout comparé, et c'est d'après cela qu'elle s'est formée une opinion basée sur l'expérience et le raisonnement ; l'avenir seul peut se charger de lui donner tort ou raison ; mais, en attendant, elle ne recherche aucune suprématie, et il n'y a que ceux qui ne la connaissent pas qui peuvent lui supposer la ridicule prétention d'absorber tous les partisans du Spiritisme ou de se poser en régulatrice universelle. Si elle n'existait pas, chacun de nous s'instruirait de son côté, et, au lieu d'une seule réunion, nous en formerions peut-être dix ou vingt voilà toute la différence. Nous n'imposons nos idées à personne ; ceux qui les adoptent, c'est qu'ils les trouvent justes ; ceux qui viennent à nous, c'est qu'ils pensent y trouver l'occasion d'apprendre, mais ce n'est point comme affiliation, car nous ne formons ni secte, ni parti ; nous sommes réunis pour l'étude du Spiritisme comme d'autres pour l'étude de la phrénologie, de l'histoire ou d'autres sciences ; et comme nos réunions ne reposent sur aucun intérêt matériel, peu nous importe qu'il s'en forme d'autres à côté de nous. Ce serait, en vérité, nous supposer des idées bien mesquines, bien rétrécies, bien puériles, de croire que nous les verrions d'un oeil jaloux, et ceux qui penseraient à nous créer des rivalités montreraient, par cela même, combien peu ils comprennent le véritable esprit de la doctrine ; nous ne regretterions qu'une chose, c'est qu'ils nous connussent assez mal pour nous croire accessibles à l'ignoble sentiment de la jalousie. Que des entreprises mercenaires rivales, qui peuvent se nuire par la concurrence, se regardent d'un mauvais oeil, cela se conçoit ; mais si ces réunions n'ont, comme cela doit être, en vue qu'un intérêt purement moral, s'il ne s'y mêle aucune considération mercantile, je le demande, en quoi peuvent elles se nuire par la multiplicité ? On dira, sans doute, que s'il n'y a pas d'intérêt matériel, il y a celui de l'amour-propre, le désir de détruire le crédit moral de son voisin ; mais ce mobile serait peut-être plus ignoble encore ; s'il en était ainsi, ce qu'à Dieu ne plaise, il n'y aurait qu'à plaindre ceux qui seraient mus par de pareilles pensées. Veut-on primer son voisin ? Qu’on tâche de faire mieux que lui ; c'est là une lutte noble et digne, si elle n'est pas ternie par l'envie et la jalousie.
« Voilà donc, Messieurs, un point qu'il est essentiel de ne pas perdre de vue, c'est que nous ne formons ni une secte, ni une société de propagande, ni une corporation ayant un intérêt commun ; que si nous cessions d'exister, le Spiritisme n'en subirait aucune atteinte, et que de nos débris vingt autres sociétés se formeraient ; donc, ceux qui chercheraient à nous détruire dans le but d'entraver le progrès des idées Spirites n'y gagneraient rien ; car il faut bien qu'ils sachent que les racines du Spiritisme ne sont pas dans notre société, mais dans le monde entier. Il y a quelque chose de plus puissant qu'eux, de plus influent que toutes les sociétés, c'est la doctrine qui va au coeur et à la raison de ceux qui la comprennent ; et surtout de ceux qui la pratiquent.
« Ces principes, Messieurs, nous indiquent le véritable caractère de notre règlement, qui n'a rien de commun avec les statuts d'une corporation ; aucun contrat ne nous lie les uns aux autres ; en dehors de nos séances, nous n'avons d'autre obligation à l'égard des uns des autres que celle de nous comporter en gens bien élevés. Ceux qui ne trouveraient pas dans ces réunions ce qu'ils espéraient y trouver ont toute liberté de se retirer, et je ne concevrais même pas qu'ils y restassent du moment que ce qu'on y ferait ne leur conviendrait pas. Il ne serait pas rationnel qu'ils vinssent y perdre leur temps.
« Dans toute réunion, il faut une règle pour le maintien du bon ordre ; notre règlement n'est donc, à proprement parler, qu'une consigne destinée établir la police de nos séances, à maintenir, entre les personnes qui y assistent, les rapports d'urbanité et de convenance qui doivent présider à toutes les assemblées de personnes qui ont du savoir-vivre, abstraction faite des conditions inhérentes à la spécialité de nos travaux ; car nous avons affaire, non seulement à des hommes, mais à des Esprits qui, comme vous le savez, ne sont pas tous bons, et contre la fourberie desquels il faut se mettre en garde. Dans le nombre, il y en a de très astucieux, qui peuvent même, par haine pour le bien, nous pousser dans une voie périlleuse ; c'est à nous d'avoir assez de prudence et de perspicacité pour les déjouer, et c'est ce qui nous oblige à prendre des précautions particulières.
« Rappelez-vous, Messieurs, la manière dont la Société s'est formée.
Je recevais chez moi quelques personnes en petit comité ; le nombre s'en étant accru, on s'est dit : il faut un local plus grand ; pour avoir ce local, il faut le payer, donc il faut se cotiser. On s'est dit encore : il faut de l'ordre dans les séances ; on ne peut y admettre le premier venu, donc il faut un règlement : voilà toute l'histoire de la Société ; elle est bien simple, comme vous voyez. Il n'est entré dans la pensée de personne de fonder une institution, ni de s'occuper de quoi que ce soit en dehors des études, et je déclare même, d'une manière très formelle que si jamais la Société voulait aller au-delà de ce but je ne l'y suivrais pas.
« Ce que j'ai fait, d'autres sont maîtres de le faire de leur côté, en s'occupant à leur gré selon leurs goûts, leurs idées, leurs vues particulières ; et ces différents groupes peuvent parfaitement s'entendre et vivre en bons voisins. A moins de prendre une place publique pour lieu d'assemblée, comme il est matériellement impossible de réunir dans un même local tous les partisans du Spiritisme, ces différents groupes doivent être des fractions d'un grand tout, mais non des sectes rivales ; et le même groupe, devenu trop nombreux, peut se subdiviser comme les essaims des abeilles. Ces groupes existent déjà en grand nombre, et se multiplient tous les jours ; or, c'est précisément contre cette multiplicité que le mauvais vouloir des ennemis du Spiritisme viendra se briser, car les entraves auraient pour effet inévitable, et par la force même des choses, de multiplier les réunions particulières.
« Il y a pourtant, il faut en convenir, entre certains groupes, une sorte de rivalité ou plutôt d'antagonisme ; quelle en est la cause ? Eh ! Mon Dieu ! Cette cause est dans la faiblesse humaine, dans l'esprit d'orgueil qui veut s'imposer ; elle est surtout dans la connaissance encore incomplète des vrais principes du Spiritisme. Chacun défend ses Esprits, comme jadis les villes de la Grèce défendaient leurs dieux, qui, soit dit en passant, n'étaient autres que des Esprits plus ou moins bons. Ces dissidences n'existent que parce qu'il y a des gens qui veulent juger avant d'avoir tout vu, ou qui jugent au point de vue de leur personnalité ; elles s'effaceront, comme déjà beaucoup se sont effacées, à mesure que la science se formulera ; car, en définitive, la vérité est une, et elle sortira de l'examen impartial des différentes opinions. En attendant que la lumière se fasse sur tous les points, quel sera le juge ? La raison, dira t-on ; mais quand deux personnes se contredisent, chacune invoque sa raison ; quelle raison supérieure décidera entre ces deux raisons ?
« Sans nous arrêter à la forme plus ou moins imposante du langage, forme que savent très bien prendre les Esprits imposteurs et faux savants pour séduire, par les apparences, nous partons de ce principe que les bons Esprits ne peuvent conseiller que le bien, l'union, la concorde ; que leur langage est toujours simple, modeste, empreint de bienveillance, exempt d'acrimonie, d'arrogance et de fatuité, en un mot, que tout en eux respire la charité la plus pure. La charité, voilà le véritable critérium pour juger les esprits et pour se juger soi-même. Quiconque, sondant le for intérieur de sa conscience, y trouve un germe de rancune contre son prochain, même un simple souhait de mal, peut se dire à coup sûr qu'il est sollicité par un mauvais Esprit, car il oublie cette parole du Christ : Vous serez pardonné comme vous aurez pardonné vous-mêmes. Donc s'il y avait rivalité entre deux groupes Spirites, les Esprits véritablement bons ne pourraient être du côté de celui qui lancerait l'anathème à l'autre ; car jamais un homme sensé ne pourra croire que la jalousie, la rancune, la malveillance, en un mot, tout sentiment contraire à la charité puisse émaner d'une source pure. Cherchez donc de quel côté il y a le plus de charité pratique et non en paroles, et vous reconnaîtrez sans peine de quel côté sont les meilleurs Esprits, et par conséquent ceux dont il y a plus de raison d'attendre la vérité.
« Ces considérations, Messieurs, loin de nous écarter de notre sujet, nous placent sur notre véritable terrain. Le règlement, envisagé à ce point de vue, perd complètement son caractère de contrat, pour revêtir celui, bien plus modeste, d'une simple règle disciplinaire.
« Toutes les réunions, quel qu'en soit l'objet, ont à se prémunir contre un écueil, c'est celui des caractères brouillons qui semblent nés pour semer le trouble et la zizanie partout où ils se trouvent ; le désordre et la contradiction sont leur élément. Les réunions Spirites ont, plus que d'autres, à les redouter, parce que les meilleures communications ne s'obtiennent que dans un calme et un recueillement incompatibles avec leur présence et avec les Esprits sympathiques qu'ils amènent.
« En résumé, ce que nous devons chercher, c'est de parer à toutes les causes de trouble et d'interruption ; de maintenir entre nous les bons rapports dont les Spirites sincères doivent, plus que d'autres, donner l'exemple ; de nous opposer, par tous les moyens possibles, à ce que la Société s'écarte de son but, qu'elle aborde des questions qui ne sont pas de son ressort, et qu'elle dégénère en arène de controverse et de personnalités. Ce que nous devons chercher encore, c'est la possibilité de l'exécution en simplifiant le plus possible les rouages. Plus ces rouages seront compliqués, plus il y aura de causes de perturbation ; le relâchement s'introduirait par la force des choses, et du relâchement à l'anarchie il n'y a qu'un pas. »
Vendredi 16 mars 1860. (Séance particulière.)
Discussion et adoption du règlement modifié.
Vendredi 23 mars. (Séance particulière.)
Nomination du bureau et du comité.
Études. - Deux dictées spontanées sont obtenues, la première de l'Esprit de Charlet, par M.Didier fils ; la deuxième par madame de Boyer, d'un Esprit qui dit être forcé de venir s'accuser d'avoir voulu rompre la bonne harmonie et jeter le trouble parmi les hommes, en suscitant la jalousie et la rivalité entre ceux qui devaient être unis ; il cite quelques-uns des faits dont il s'est rendu coupable. Cet aveu spontané, dit-il, fait partie de la punition qui lui est infligée.
Formation de la terre - Théorie de l'incrustation planétaire
Notre savant confrère, M. Jobard, de Bruxelles, nous écrit ce qui suit à propos de notre article sur les Préadamistes, publié dans la Revue du mois dernier :
« Permettez-moi quelques réflexions sur la création du monde, dans le but de réhabiliter la Bible à vos yeux et à ceux des libres-penseurs. Dieu créa le monde en six jours, 4,000 ans avant l'ère chrétienne ; voilà ce que les géologues contestent par l'étude des fossiles et les milliers de caractères incontestables de vétusté qui font remonter l'origine de la terre à des milliers de millions d'années, et pourtant l'Ecriture a dit la vérité et les géologues aussi, et c'est un simple paysan qui les met d'accord en nous apprenant que notre terre n'est qu'une planète incrustative, fort moderne, composée de matériaux fort anciens.
« Après l'enlèvement de la planète inconnue, arrivée à maturité ou en harmonie avec celle qui existait à la place que nous occupons aujourd'hui, l'âme de la terre reçut l'ordre de réunir ses satellites pour former notre globe actuel selon les règles du progrès en tout et pour tout. Quatre de ces astres seulement consentirent à l'association qui leur était proposée ; la lune seule persista dans son autonomie, car les globes ont aussi leur libre arbitre. Pour procéder à cette fusion, l'âme de la terre dirigea vers les satellites un rayon magnétique attractif qui cataleptisa tout leur mobilier végétal, animal et hominal qu'ils apportèrent à la communauté. L'opération n'eut pour témoins que l'âme de la terre et les grands messagers célestes qui l'aidèrent dans ce grand œuvre, en ouvrant ses globes pour mettre leurs entrailles en commun. La soudure opérée, les eaux s'écoulèrent dans les vides laissés par l'absence de la lune, dont on avait droit d'attendre une meilleure appréciation de ses intérêts.
« Les atmosphères se confondirent, et le réveil, ou la résurrection des germes cataleptisés commença ; l'homme fut tiré en dernier lieu de son état d'hypnotisme, et se vit entouré de la végétation luxuriante du paradis terrestre et des animaux qui paissaient en paix autour de lui. Tout cela, vous en conviendrez, pouvait se faire en six jours avec des ouvriers aussi puissants que ceux que Dieu avait chargés de cette besogne. La planète Asie nous apporta la race jaune, la plus anciennement civilisée, l'Afrique, la race noire, l'Europe, la race blanche, et l'Amérique, la race rouge. La lune nous eût sans doute apporté la race verte ou bleue.
« Ainsi, certains animaux, dont on ne retrouve que les débris, n'auraient jamais vécu sur notre terre actuelle, mais auraient été apportés d'autres mondes disloqués par la vieillesse. Les fossiles que l'on rencontre dans des climats où ils n'auraient pu exister ici-bas vivaient sans doute dans des zones différentes sur les globes où ils sont nés. Tels débris se trouvent aux pôles chez nous, qui vivaient à l'équateur chez eux. Et puis ces énormes masses dont nous ne pouvons nous imaginer la possibilité d'existence dans l'air vivaient au fond des mers, sous la pression d'un milieu qui leur rendait la locomotion facile. Les soulèvements futurs des mers nous apporteront bien d'autres débris, bien d'autres germes qui se réveilleront de leur longue léthargie pour nous montrer des espèces inconnues de plantes, d'animaux et d'autochtones, contemporains du déluge, et vous serez bien étonnés de découvrir au milieu du vaste Océan des îles nouvelles peuplées de plantes et d'animaux qui ne peuvent venir de nulle part, ni par le transport des vents, ni par celui des flots.
« Notre science qui trouve la Bible en défaut finira par lui restituer son estime, comme elle est forcée de le faire à propos de la rotation de la terre, car ce n'est pas la faute de la Bible, c'est la faute de ceux qui ne la comprennent pas. En voici la preuve :
« Josué arrêta le soleil en lui disant : Sta, sol ! Or depuis ce temps il est arrêté, car vous ne trouvez nulle part qu'il lui ait ordonné de remarcher, et si, depuis la défaite des Amalécites la nuit succède encore au jour, il faut bien que la terre tourne. Donc ce n'est pas Galilée, mais les inquisiteurs qui méritaient d'être réprimandés pour n'avoir pas pris la Bible à la lettre.
« On niait aussi l'existence de la licorne biblique, et l'on vient d'en tuer deux dans les montagnes du Thibet. On niait l'apparition du spectre de Saül, et, Dieu merci ! vous êtes à même de convaincre les négateurs. Rappelons-nous toujours cet avertissement de l'Écriture : Noli esse incredulus sicut equus et mulus, quibus non est intellectus.
« Salut cordial et respectueux à l'auteur de l'Ethnographie du monde Spirite.
Jobard. » La théorie de la formation de la terre par l'incrustation de plusieurs corps planétaires a déjà été donnée à diverses époques par certains Esprits et par l'entremise de médiums étrangers les uns aux autres. Nous ne nous faisons point l'apôtre de cette doctrine que nous avouons n'avoir pas encore suffisamment étudiée pour nous prononcer, mais nous reconnaissons qu'elle mérite un sérieux examen. Les réflexions qu'elle nous suggère ne sont donc qu'à l'état d'hypothèse jusqu'à ce que des données plus positives soient venues les confirmer ou les démentir ; en attendant, c'est un jalon qui peut mettre sur la voie d'une grande découverte et guider dans les recherches, et peut-être un jour les savants y trouveront-ils la solution de plus d'un problème.
Mais, diront certains critiques, vous n'avez donc pas confiance aux Esprits, puisque vous doutez de leurs assertions ? Comment des intelligences dégagées de la matière ne peuvent-elles lever tous les doutes de la science, jeter de la lumière où règne l'obscurité ?
Ceci est une très grave question qui tient à la base même du Spiritisme, et que nous ne pourrions résoudre en ce moment sans répéter ce que nous avons déjà dit à ce sujet ; nous n'en dirons donc que quelques mots afin de justifier nos réserves. Nous leur répondrons d'abord qu'on deviendrait savant à bon marché s'il ne s'agissait que d'interroger les Esprits pour connaître tout ce qu'on ignore. Dieu veut que nous acquérions la science par le travail, et il n'a pas chargé les Esprits de nous l'apporter toute faite pour favoriser notre paresse. En second lieu l'humanité, comme les individus, a son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa virilité. Les Esprits, chargés par Dieu d'instruire les hommes, doivent donc proportionner leur enseignement au développement de l'intelligence ; ils ne diront pas tout à tout le monde, et ils attendent, avant de semer, que la terre soit prête à recevoir la semence pour la faire fructifier. Voilà pourquoi certaines vérités qui nous sont enseignées aujourd'hui ne l'ont pas été à nos pères qui, eux aussi, interrogeaient les Esprits ; voilà pourquoi encore des vérités pour lesquelles nous ne sommes pas mûrs ne seront enseignées qu'à ceux qui viendront après nous. Notre tort est de nous croire arrivés au sommet de l'échelle, tandis que nous ne sommes encore qu'à moitié chemin.
Disons en passant que les Esprits ont deux manières d'instruire les hommes ; ils peuvent le faire, soit en se communiquant directement, ce qu'ils ont fait dans tous les temps, ainsi que le prouvent toutes les histoires sacrées et profanes, soit en s'incarnant parmi eux pour y remplir des missions de progrès ; tels sont ces hommes de bien et de génie qui apparaissent de temps en temps comme des flambeaux pour l'humanité et lui font faire quelques pas en avant. Voyez ce qui arrive lorsque ces mêmes hommes viennent avant le temps propice pour les idées qu'ils doivent répandre : ils sont méconnus de leur vivant, mais leur enseignement n'est pas perdu ; déposé dans les archives du monde, comme une graine précieuse mise en réserve, il sort un beau jour de la poussière, au moment où il peut porter ses fruits.
On comprend dès lors que si le temps voulu pour répandre certaines idées n'est pas arrivé, ce serait en vain qu'on interrogerait les Esprits ; ils ne peuvent dire que ce qu'il leur est permis de dire. Mais il est une autre raison, que comprennent parfaitement tous ceux qui ont quelque expérience du monde Spirite.
Il ne suffit pas d'être Esprit pour posséder la science universelle, autrement la mort nous rendrait presque les égaux de Dieu. Le simple bon sens, du reste, se refuse à admettre que l'Esprit d'un sauvage, d'un ignorant ou d'un méchant, du moment qu'il est dégagé de la matière, soit au niveau de celui du savant ou de l'homme de bien ; cela ne serait pas rationnel. Il y a donc des Esprits avancés, et d'autres plus ou moins arriérés qui doivent fournir plus d'une étape, passer par de nombreuses étamines avant d'être dépouillés de toutes leurs imperfections. Il en résulte qu'on rencontre dans le monde des Esprits toutes les variétés morales et intellectuelles qu'on trouve parmi les hommes, et bien d'autres encore ; or, l'expérience prouve que les mauvais se communiquent tout aussi bien que les bons. Ceux qui sont franchement mauvais sont facilement reconnaissables ; mais il y a aussi parmi eux des demi-savants, des faux savants, des présomptueux, des systématiques et même des hypocrites ; ceux-là sont les plus dangereux parce qu'ils affectent une apparence de gravité, de sagesse et de science, à la faveur de laquelle ils débitent souvent, au milieu de quelques vérités, de quelques bonnes maximes, les choses les plus absurdes ; et pour mieux donner le change, ils ne craignent pas de se parer des noms les plus respectables. Démêler le vrai du faux, découvrir la supercherie cachée sous une parade de grands mots, démasquer les imposteurs, c'est là, sans contredit, une des plus grandes difficultés de la science Spirite. Pour la surmonter il faut une longue expérience, connaître toutes les roueries dont sont capables les Esprits de bas étage, avoir beaucoup de prudence, voir les choses avec le plus imperturbable sang-froid, et se garder surtout de l'enthousiasme qui aveugle. Avec l'habitude et un peu de tact on arrive aisément à voir le bout de l'oreille, même sous l'emphase du langage le plus prétentieux. Mais malheur au médium qui se croit infaillible, qui se fait illusion sur les communications qu'il reçoit : l'Esprit qui le domine peut le fasciner au point de lui faire trouver sublime ce qui souvent est simplement absurde et saute aux yeux de tout autre que de lui-même.
Revenons à notre sujet. La théorie de la formation de la terre par incrustation n'est pas la seule qui ait été donnée par les Esprits. Laquelle croire ? Cela nous prouve qu'en dehors de la morale, qui ne peut avoir deux interprétations, il ne faut accepter les théories scientifiques des Esprits qu'avec la plus grande réserve, parce que, encore une fois, ils ne sont pas chargés de nous apporter la science toute faite ; qu'ils sont loin de tout savoir, surtout en ce qui concerne le principe des choses ; qu'il faut enfin se défier des idées systématiques que certains d'entre eux cherchent à faire prévaloir, et auxquelles ils ne se font même pas scrupule de donner une origine divine. Si l'on examine ces communications avec sang-froid, sans prévention surtout, si l'on en pèse mûrement toutes les paroles, on y découvre aisément les traces d'une origine suspecte incompatible avec le caractère de l'Esprit qui est censé parler. Ce sont quelquefois des hérésies scientifiques tellement patentes qu'il faudrait être aveugle ou bien ignorant pour ne pas les apercevoir ; or, comment supposer qu'un Esprit supérieur commette de pareilles absurdités ? D'autres fois ce sont des expressions triviales, des formes ridicules, puériles, et mille autres signes qui trahissent l'infériorité pour quiconque n'est pas fasciné. Quel homme de bon sens pourrait jamais croire qu'une doctrine qui contredirait les données les plus positives de la science pût émaner d'un Esprit savant, alors même qu'elle porterait le nom d'Arago ? Comment croire à la bonté d'un Esprit qui donnerait des conseils contraires à la charité et à la bienveillance, fussent-ils signés d'un apôtre de la bienfaisance ? Nous disons plus, c'est qu'il y a profanation à mêler des noms vénérés à des communications qui portent des traces évidentes d'infériorité. Plus les noms sont élevés, plus il faut les accueillir avec circonspection, et craindre d'être le jouet d'une mystification. En résumé, le grand critérium de l'enseignement donné par les Esprits, c'est la logique. Dieu nous a donné le jugement et la raison pour nous en servir ; les bons Esprits nous le recommandent, et nous donnent en cela une preuve de leur supériorité ; les autres s'en donnent bien garde : ils veulent être crus sur parole, parce qu'ils savent bien qu'ils ont tout à perdre à l'examen.
Nous avons donc, comme on le voit, bien des motifs de ne pas accepter légèrement toutes les théories données par les Esprits. Quand il en surgit une, nous nous renfermons dans le rôle d'observateur ; nous faisons abstraction de son origine spirite, sans nous laisser éblouir par l'éclat de noms pompeux ; nous l'examinons comme si elle émanait d'un simple mortel, et nous voyons si elle est rationnelle, si elle rend compte de tout, si elle résout toutes les difficultés. C'est ainsi que nous avons procédé pour la doctrine de la réincarnation que nous n'avons adoptée, quoique venant des Esprits, qu'après avoir reconnu qu'elle seule, mais elle seule, pouvait résoudre ce qu'aucune philosophie n'avait encore résolu, et cela abstraction faite des preuves matérielles qui en sont données chaque jour à nous et à bien d'autres. Peu nous importent donc les contradicteurs, fussent-ils même des Esprits ; dès lors qu'elle est logique, conforme à la justice de Dieu ; qu'ils ne peuvent rien y substituer de plus satisfaisant, nous ne nous en inquiétons pas plus que de ceux qui affirment que la terre ne tourne pas autour du soleil, - car il y a des Esprits de cette force et qui se donnent pour savants, - ou qui prétendent que l'homme est venu tout formé d'un autre monde porté sur le dos d'un éléphant ailé.
Nous n'en sommes pas, à beaucoup près, au même point touchant la formation et surtout le peuplement de la terre ; c'est pourquoi nous avons dit en commençant que, pour nous, la question n'était pas suffisamment élucidée. Envisagée au point de vue purement scientifique, nous disons seulement qu'au premier aperçu la théorie de l'incrustation ne nous paraît pas dénuée de fondement, et sans nous prononcer ni pour ni contre, nous disons que nous y trouvons matière à examen. En effet, si l'on étudie les caractères physiologiques des différentes races humaines, il n'est pas possible de leur attribuer une souche commune, car la race nègre n'est point un abâtardissement de la race blanche. Or, en adoptant la lettre du texte biblique qui fait procéder tous les hommes de la famille de Noé, 2,400 ans avant l'ère chrétienne, il faudrait admettre non seulement qu'en quelques siècles cette seule famille aurait peuplé l'Asie, l'Europe et l'Afrique, mais qu'elle se serait transformée en Nègres. Nous savons très bien quelle influence le climat et les habitudes peuvent exercer sur l'économie ; un soleil ardent roussit l'épiderme et brunit la peau, mais nulle part on n'a vu, même sous l'ardeur tropicale la plus intense, des familles blanches procréer des noirs sans croisements de races. Donc, pour nous, il est évident que les races primitives de la terre proviennent de souches différentes. Quel en est le principe ? Là est la question, et jusqu'à preuves certaines il n'est permis de faire à ce sujet que des conjectures ; aux savants, donc, à voir celles qui concordent le mieux avec les faits constatés par la science.
Sans examiner comment a pu se faire la jonction et la soudure de plusieurs corps planétaires pour en former notre globe actuel, nous devons reconnaître que la chose n'est pas impossible, et dès lors se trouverait expliquée la présence simultanée de races hétérogènes si différentes de mœurs et de langages, dont chaque globe aurait apporté les germes ou les embryons ; et qui sait même ? peut-être des individus tout formés. Dans cette hypothèse la race blanche proviendrait d'un monde plus avancé que celui qui aurait apporté la race noire. Dans tous les cas, la jonction n'a pu s'opérer sans un cataclysme général, lequel n'aurait laissé subsister que quelques individus. Ainsi, selon cette théorie, notre globe serait à la fois très ancien par ses parties constituantes, et très nouveau par son agglomération. Ce système, comme on le voit, ne contredit en rien les périodes géologiques qui remonteraient ainsi à une époque indéterminée et antérieure à la jonction. Quoi qu'il en soit, et quoi qu'en dise M. Jobard, si les choses se sont passées ainsi, il paraît difficile qu'un tel événement se soit accompli, et surtout que l'équilibre d'un pareil chaos ait pu s'établir en six jours de 24 heures. Les mouvements de la matière inerte sont soumis à des lois éternelles auxquelles il ne peut être dérogé que par des miracles.
Il nous reste à expliquer ce que l'on doit entendre par l'âme de la terre, car il ne peut entrer dans la pensée de personne d'attribuer une volonté à la matière. Les Esprits ont toujours dit que certains d'entre eux ont des attributions spéciales ; agents et ministres de Dieu, ils dirigent selon le degré de leur élévation les faits de l'ordre physique, aussi bien que ceux de l'ordre moral. De même que quelques-uns veillent sur les individus dont ils se constituent les génies familiers ou protecteurs, d'autres prennent sous leur patronage les réunions d'individus, les groupes, les villes, les peuples et même les mondes. L'âme de la terre doit donc s'entendre de l'Esprit appelé par sa mission à la diriger et à la faire progresser, ayant sous ses ordres les innombrables légions d'Esprits chargés de veiller à l'accomplissement de ses desseins. L'Esprit directeur d'un monde doit nécessairement être d'un ordre très supérieur, et d'autant plus élevé que le monde lui-même est plus avancé.
Si nous avons insisté sur plusieurs points qui ont pu paraître étrangers à notre sujet, c'est précisément parce qu'il s'agit d'une question scientifique éminemment controversable. Il importe qu'il soit bien constaté, pour ceux qui jugent les choses sans les connaître, que le Spiritisme est loin de tenir pour article de foi tout ce qui vient du monde invisible, et qu'ainsi il ne s'appuie pas, comme ils le prétendent, sur une croyance aveugle, mais sur la raison. Si tous ses partisans n'apportent pas la même circonspection, ce n'est pas la faute de la science, mais de ceux qui ne se donnent pas la peine de l'approfondir ; or, il ne serait pas plus logique de le juger sur l'exagération de quelques-uns, qu'il ne le serait de condamner la religion sur l'opinion de quelques fanatiques.
« Permettez-moi quelques réflexions sur la création du monde, dans le but de réhabiliter la Bible à vos yeux et à ceux des libres-penseurs. Dieu créa le monde en six jours, 4,000 ans avant l'ère chrétienne ; voilà ce que les géologues contestent par l'étude des fossiles et les milliers de caractères incontestables de vétusté qui font remonter l'origine de la terre à des milliers de millions d'années, et pourtant l'Ecriture a dit la vérité et les géologues aussi, et c'est un simple paysan qui les met d'accord en nous apprenant que notre terre n'est qu'une planète incrustative, fort moderne, composée de matériaux fort anciens.
« Après l'enlèvement de la planète inconnue, arrivée à maturité ou en harmonie avec celle qui existait à la place que nous occupons aujourd'hui, l'âme de la terre reçut l'ordre de réunir ses satellites pour former notre globe actuel selon les règles du progrès en tout et pour tout. Quatre de ces astres seulement consentirent à l'association qui leur était proposée ; la lune seule persista dans son autonomie, car les globes ont aussi leur libre arbitre. Pour procéder à cette fusion, l'âme de la terre dirigea vers les satellites un rayon magnétique attractif qui cataleptisa tout leur mobilier végétal, animal et hominal qu'ils apportèrent à la communauté. L'opération n'eut pour témoins que l'âme de la terre et les grands messagers célestes qui l'aidèrent dans ce grand œuvre, en ouvrant ses globes pour mettre leurs entrailles en commun. La soudure opérée, les eaux s'écoulèrent dans les vides laissés par l'absence de la lune, dont on avait droit d'attendre une meilleure appréciation de ses intérêts.
« Les atmosphères se confondirent, et le réveil, ou la résurrection des germes cataleptisés commença ; l'homme fut tiré en dernier lieu de son état d'hypnotisme, et se vit entouré de la végétation luxuriante du paradis terrestre et des animaux qui paissaient en paix autour de lui. Tout cela, vous en conviendrez, pouvait se faire en six jours avec des ouvriers aussi puissants que ceux que Dieu avait chargés de cette besogne. La planète Asie nous apporta la race jaune, la plus anciennement civilisée, l'Afrique, la race noire, l'Europe, la race blanche, et l'Amérique, la race rouge. La lune nous eût sans doute apporté la race verte ou bleue.
« Ainsi, certains animaux, dont on ne retrouve que les débris, n'auraient jamais vécu sur notre terre actuelle, mais auraient été apportés d'autres mondes disloqués par la vieillesse. Les fossiles que l'on rencontre dans des climats où ils n'auraient pu exister ici-bas vivaient sans doute dans des zones différentes sur les globes où ils sont nés. Tels débris se trouvent aux pôles chez nous, qui vivaient à l'équateur chez eux. Et puis ces énormes masses dont nous ne pouvons nous imaginer la possibilité d'existence dans l'air vivaient au fond des mers, sous la pression d'un milieu qui leur rendait la locomotion facile. Les soulèvements futurs des mers nous apporteront bien d'autres débris, bien d'autres germes qui se réveilleront de leur longue léthargie pour nous montrer des espèces inconnues de plantes, d'animaux et d'autochtones, contemporains du déluge, et vous serez bien étonnés de découvrir au milieu du vaste Océan des îles nouvelles peuplées de plantes et d'animaux qui ne peuvent venir de nulle part, ni par le transport des vents, ni par celui des flots.
« Notre science qui trouve la Bible en défaut finira par lui restituer son estime, comme elle est forcée de le faire à propos de la rotation de la terre, car ce n'est pas la faute de la Bible, c'est la faute de ceux qui ne la comprennent pas. En voici la preuve :
« Josué arrêta le soleil en lui disant : Sta, sol ! Or depuis ce temps il est arrêté, car vous ne trouvez nulle part qu'il lui ait ordonné de remarcher, et si, depuis la défaite des Amalécites la nuit succède encore au jour, il faut bien que la terre tourne. Donc ce n'est pas Galilée, mais les inquisiteurs qui méritaient d'être réprimandés pour n'avoir pas pris la Bible à la lettre.
« On niait aussi l'existence de la licorne biblique, et l'on vient d'en tuer deux dans les montagnes du Thibet. On niait l'apparition du spectre de Saül, et, Dieu merci ! vous êtes à même de convaincre les négateurs. Rappelons-nous toujours cet avertissement de l'Écriture : Noli esse incredulus sicut equus et mulus, quibus non est intellectus.
« Salut cordial et respectueux à l'auteur de l'Ethnographie du monde Spirite.
Jobard. » La théorie de la formation de la terre par l'incrustation de plusieurs corps planétaires a déjà été donnée à diverses époques par certains Esprits et par l'entremise de médiums étrangers les uns aux autres. Nous ne nous faisons point l'apôtre de cette doctrine que nous avouons n'avoir pas encore suffisamment étudiée pour nous prononcer, mais nous reconnaissons qu'elle mérite un sérieux examen. Les réflexions qu'elle nous suggère ne sont donc qu'à l'état d'hypothèse jusqu'à ce que des données plus positives soient venues les confirmer ou les démentir ; en attendant, c'est un jalon qui peut mettre sur la voie d'une grande découverte et guider dans les recherches, et peut-être un jour les savants y trouveront-ils la solution de plus d'un problème.
Mais, diront certains critiques, vous n'avez donc pas confiance aux Esprits, puisque vous doutez de leurs assertions ? Comment des intelligences dégagées de la matière ne peuvent-elles lever tous les doutes de la science, jeter de la lumière où règne l'obscurité ?
Ceci est une très grave question qui tient à la base même du Spiritisme, et que nous ne pourrions résoudre en ce moment sans répéter ce que nous avons déjà dit à ce sujet ; nous n'en dirons donc que quelques mots afin de justifier nos réserves. Nous leur répondrons d'abord qu'on deviendrait savant à bon marché s'il ne s'agissait que d'interroger les Esprits pour connaître tout ce qu'on ignore. Dieu veut que nous acquérions la science par le travail, et il n'a pas chargé les Esprits de nous l'apporter toute faite pour favoriser notre paresse. En second lieu l'humanité, comme les individus, a son enfance, son adolescence, sa jeunesse et sa virilité. Les Esprits, chargés par Dieu d'instruire les hommes, doivent donc proportionner leur enseignement au développement de l'intelligence ; ils ne diront pas tout à tout le monde, et ils attendent, avant de semer, que la terre soit prête à recevoir la semence pour la faire fructifier. Voilà pourquoi certaines vérités qui nous sont enseignées aujourd'hui ne l'ont pas été à nos pères qui, eux aussi, interrogeaient les Esprits ; voilà pourquoi encore des vérités pour lesquelles nous ne sommes pas mûrs ne seront enseignées qu'à ceux qui viendront après nous. Notre tort est de nous croire arrivés au sommet de l'échelle, tandis que nous ne sommes encore qu'à moitié chemin.
Disons en passant que les Esprits ont deux manières d'instruire les hommes ; ils peuvent le faire, soit en se communiquant directement, ce qu'ils ont fait dans tous les temps, ainsi que le prouvent toutes les histoires sacrées et profanes, soit en s'incarnant parmi eux pour y remplir des missions de progrès ; tels sont ces hommes de bien et de génie qui apparaissent de temps en temps comme des flambeaux pour l'humanité et lui font faire quelques pas en avant. Voyez ce qui arrive lorsque ces mêmes hommes viennent avant le temps propice pour les idées qu'ils doivent répandre : ils sont méconnus de leur vivant, mais leur enseignement n'est pas perdu ; déposé dans les archives du monde, comme une graine précieuse mise en réserve, il sort un beau jour de la poussière, au moment où il peut porter ses fruits.
On comprend dès lors que si le temps voulu pour répandre certaines idées n'est pas arrivé, ce serait en vain qu'on interrogerait les Esprits ; ils ne peuvent dire que ce qu'il leur est permis de dire. Mais il est une autre raison, que comprennent parfaitement tous ceux qui ont quelque expérience du monde Spirite.
Il ne suffit pas d'être Esprit pour posséder la science universelle, autrement la mort nous rendrait presque les égaux de Dieu. Le simple bon sens, du reste, se refuse à admettre que l'Esprit d'un sauvage, d'un ignorant ou d'un méchant, du moment qu'il est dégagé de la matière, soit au niveau de celui du savant ou de l'homme de bien ; cela ne serait pas rationnel. Il y a donc des Esprits avancés, et d'autres plus ou moins arriérés qui doivent fournir plus d'une étape, passer par de nombreuses étamines avant d'être dépouillés de toutes leurs imperfections. Il en résulte qu'on rencontre dans le monde des Esprits toutes les variétés morales et intellectuelles qu'on trouve parmi les hommes, et bien d'autres encore ; or, l'expérience prouve que les mauvais se communiquent tout aussi bien que les bons. Ceux qui sont franchement mauvais sont facilement reconnaissables ; mais il y a aussi parmi eux des demi-savants, des faux savants, des présomptueux, des systématiques et même des hypocrites ; ceux-là sont les plus dangereux parce qu'ils affectent une apparence de gravité, de sagesse et de science, à la faveur de laquelle ils débitent souvent, au milieu de quelques vérités, de quelques bonnes maximes, les choses les plus absurdes ; et pour mieux donner le change, ils ne craignent pas de se parer des noms les plus respectables. Démêler le vrai du faux, découvrir la supercherie cachée sous une parade de grands mots, démasquer les imposteurs, c'est là, sans contredit, une des plus grandes difficultés de la science Spirite. Pour la surmonter il faut une longue expérience, connaître toutes les roueries dont sont capables les Esprits de bas étage, avoir beaucoup de prudence, voir les choses avec le plus imperturbable sang-froid, et se garder surtout de l'enthousiasme qui aveugle. Avec l'habitude et un peu de tact on arrive aisément à voir le bout de l'oreille, même sous l'emphase du langage le plus prétentieux. Mais malheur au médium qui se croit infaillible, qui se fait illusion sur les communications qu'il reçoit : l'Esprit qui le domine peut le fasciner au point de lui faire trouver sublime ce qui souvent est simplement absurde et saute aux yeux de tout autre que de lui-même.
Revenons à notre sujet. La théorie de la formation de la terre par incrustation n'est pas la seule qui ait été donnée par les Esprits. Laquelle croire ? Cela nous prouve qu'en dehors de la morale, qui ne peut avoir deux interprétations, il ne faut accepter les théories scientifiques des Esprits qu'avec la plus grande réserve, parce que, encore une fois, ils ne sont pas chargés de nous apporter la science toute faite ; qu'ils sont loin de tout savoir, surtout en ce qui concerne le principe des choses ; qu'il faut enfin se défier des idées systématiques que certains d'entre eux cherchent à faire prévaloir, et auxquelles ils ne se font même pas scrupule de donner une origine divine. Si l'on examine ces communications avec sang-froid, sans prévention surtout, si l'on en pèse mûrement toutes les paroles, on y découvre aisément les traces d'une origine suspecte incompatible avec le caractère de l'Esprit qui est censé parler. Ce sont quelquefois des hérésies scientifiques tellement patentes qu'il faudrait être aveugle ou bien ignorant pour ne pas les apercevoir ; or, comment supposer qu'un Esprit supérieur commette de pareilles absurdités ? D'autres fois ce sont des expressions triviales, des formes ridicules, puériles, et mille autres signes qui trahissent l'infériorité pour quiconque n'est pas fasciné. Quel homme de bon sens pourrait jamais croire qu'une doctrine qui contredirait les données les plus positives de la science pût émaner d'un Esprit savant, alors même qu'elle porterait le nom d'Arago ? Comment croire à la bonté d'un Esprit qui donnerait des conseils contraires à la charité et à la bienveillance, fussent-ils signés d'un apôtre de la bienfaisance ? Nous disons plus, c'est qu'il y a profanation à mêler des noms vénérés à des communications qui portent des traces évidentes d'infériorité. Plus les noms sont élevés, plus il faut les accueillir avec circonspection, et craindre d'être le jouet d'une mystification. En résumé, le grand critérium de l'enseignement donné par les Esprits, c'est la logique. Dieu nous a donné le jugement et la raison pour nous en servir ; les bons Esprits nous le recommandent, et nous donnent en cela une preuve de leur supériorité ; les autres s'en donnent bien garde : ils veulent être crus sur parole, parce qu'ils savent bien qu'ils ont tout à perdre à l'examen.
Nous avons donc, comme on le voit, bien des motifs de ne pas accepter légèrement toutes les théories données par les Esprits. Quand il en surgit une, nous nous renfermons dans le rôle d'observateur ; nous faisons abstraction de son origine spirite, sans nous laisser éblouir par l'éclat de noms pompeux ; nous l'examinons comme si elle émanait d'un simple mortel, et nous voyons si elle est rationnelle, si elle rend compte de tout, si elle résout toutes les difficultés. C'est ainsi que nous avons procédé pour la doctrine de la réincarnation que nous n'avons adoptée, quoique venant des Esprits, qu'après avoir reconnu qu'elle seule, mais elle seule, pouvait résoudre ce qu'aucune philosophie n'avait encore résolu, et cela abstraction faite des preuves matérielles qui en sont données chaque jour à nous et à bien d'autres. Peu nous importent donc les contradicteurs, fussent-ils même des Esprits ; dès lors qu'elle est logique, conforme à la justice de Dieu ; qu'ils ne peuvent rien y substituer de plus satisfaisant, nous ne nous en inquiétons pas plus que de ceux qui affirment que la terre ne tourne pas autour du soleil, - car il y a des Esprits de cette force et qui se donnent pour savants, - ou qui prétendent que l'homme est venu tout formé d'un autre monde porté sur le dos d'un éléphant ailé.
Nous n'en sommes pas, à beaucoup près, au même point touchant la formation et surtout le peuplement de la terre ; c'est pourquoi nous avons dit en commençant que, pour nous, la question n'était pas suffisamment élucidée. Envisagée au point de vue purement scientifique, nous disons seulement qu'au premier aperçu la théorie de l'incrustation ne nous paraît pas dénuée de fondement, et sans nous prononcer ni pour ni contre, nous disons que nous y trouvons matière à examen. En effet, si l'on étudie les caractères physiologiques des différentes races humaines, il n'est pas possible de leur attribuer une souche commune, car la race nègre n'est point un abâtardissement de la race blanche. Or, en adoptant la lettre du texte biblique qui fait procéder tous les hommes de la famille de Noé, 2,400 ans avant l'ère chrétienne, il faudrait admettre non seulement qu'en quelques siècles cette seule famille aurait peuplé l'Asie, l'Europe et l'Afrique, mais qu'elle se serait transformée en Nègres. Nous savons très bien quelle influence le climat et les habitudes peuvent exercer sur l'économie ; un soleil ardent roussit l'épiderme et brunit la peau, mais nulle part on n'a vu, même sous l'ardeur tropicale la plus intense, des familles blanches procréer des noirs sans croisements de races. Donc, pour nous, il est évident que les races primitives de la terre proviennent de souches différentes. Quel en est le principe ? Là est la question, et jusqu'à preuves certaines il n'est permis de faire à ce sujet que des conjectures ; aux savants, donc, à voir celles qui concordent le mieux avec les faits constatés par la science.
Sans examiner comment a pu se faire la jonction et la soudure de plusieurs corps planétaires pour en former notre globe actuel, nous devons reconnaître que la chose n'est pas impossible, et dès lors se trouverait expliquée la présence simultanée de races hétérogènes si différentes de mœurs et de langages, dont chaque globe aurait apporté les germes ou les embryons ; et qui sait même ? peut-être des individus tout formés. Dans cette hypothèse la race blanche proviendrait d'un monde plus avancé que celui qui aurait apporté la race noire. Dans tous les cas, la jonction n'a pu s'opérer sans un cataclysme général, lequel n'aurait laissé subsister que quelques individus. Ainsi, selon cette théorie, notre globe serait à la fois très ancien par ses parties constituantes, et très nouveau par son agglomération. Ce système, comme on le voit, ne contredit en rien les périodes géologiques qui remonteraient ainsi à une époque indéterminée et antérieure à la jonction. Quoi qu'il en soit, et quoi qu'en dise M. Jobard, si les choses se sont passées ainsi, il paraît difficile qu'un tel événement se soit accompli, et surtout que l'équilibre d'un pareil chaos ait pu s'établir en six jours de 24 heures. Les mouvements de la matière inerte sont soumis à des lois éternelles auxquelles il ne peut être dérogé que par des miracles.
Il nous reste à expliquer ce que l'on doit entendre par l'âme de la terre, car il ne peut entrer dans la pensée de personne d'attribuer une volonté à la matière. Les Esprits ont toujours dit que certains d'entre eux ont des attributions spéciales ; agents et ministres de Dieu, ils dirigent selon le degré de leur élévation les faits de l'ordre physique, aussi bien que ceux de l'ordre moral. De même que quelques-uns veillent sur les individus dont ils se constituent les génies familiers ou protecteurs, d'autres prennent sous leur patronage les réunions d'individus, les groupes, les villes, les peuples et même les mondes. L'âme de la terre doit donc s'entendre de l'Esprit appelé par sa mission à la diriger et à la faire progresser, ayant sous ses ordres les innombrables légions d'Esprits chargés de veiller à l'accomplissement de ses desseins. L'Esprit directeur d'un monde doit nécessairement être d'un ordre très supérieur, et d'autant plus élevé que le monde lui-même est plus avancé.
Si nous avons insisté sur plusieurs points qui ont pu paraître étrangers à notre sujet, c'est précisément parce qu'il s'agit d'une question scientifique éminemment controversable. Il importe qu'il soit bien constaté, pour ceux qui jugent les choses sans les connaître, que le Spiritisme est loin de tenir pour article de foi tout ce qui vient du monde invisible, et qu'ainsi il ne s'appuie pas, comme ils le prétendent, sur une croyance aveugle, mais sur la raison. Si tous ses partisans n'apportent pas la même circonspection, ce n'est pas la faute de la science, mais de ceux qui ne se donnent pas la peine de l'approfondir ; or, il ne serait pas plus logique de le juger sur l'exagération de quelques-uns, qu'il ne le serait de condamner la religion sur l'opinion de quelques fanatiques.
Lettres du docteur Morhéry sur Mlle Désirée Godu
Nous avons parlé de la remarquable faculté de Mlle Désirée Godu, comme médium guérisseur, et nous aurions pu citer les attestations authentiques que nous avons sous les yeux ; mais voici un témoignage dont personne ne contestera la haute portée ; ce n'est plus un de ces certificats qu'on délivre souvent un peu à la légère, c'est le résultat des observations sérieuses d'un homme de savoir, éminemment compétent pour apprécier les choses au double point de vue de la science et du Spiritisme. M. le docteur Morhéry nous adresse les deux lettres suivantes que nos lecteurs nous sauront gré de reproduire.
« Plessis-Boudet, près Loudéac (Côtes-du-Nord).
« Monsieur Allan Kardec,
Bien qu'écrasé d'occupations en ce moment, je crois devoir, comme membre correspondant de la Société parisienne des études Spirites, vous informer d'un événement inattendu pour moi et qui intéresse sans doute tous nos collègues.
Vous avez parlé avec éloge dans les derniers numéros de votre Revue de Mlle Désirée Godu, d'Hennebon. Vous avez dit qu'après avoir été médium voyant, médium auditif et médium écrivain, cette demoiselle est devenue, depuis quelques années environ, médium curatif. C'est en cette dernière qualité qu'elle s'est adressée à moi et qu'elle a réclamé mon concours comme docteur en médecine pour prouver l'efficacité de sa médication, qu'on pourrait nommer, je crois, Spiritique. J'ai pensé d'abord que les menaces qu'on lui faisait et les obstacles que l'on mettait à sa pratique médicale sans diplôme était la seule cause de sa démarche ; mais elle m'a dit que l'Esprit qui la dirige depuis six années le lui avait conseillé comme nécessaire, au point de vue de la doctrine Spirite. Quoi qu'il en soit, j'ai cru qu'il était de mon devoir, et de l'intérêt de l'humanité, d'accepter sa généreuse proposition, mais je doutais qu'elle l'eût réalisée. Sans la connaître ni l'avoir jamais vue, j'avais su que cette pieuse jeune personne n'avait voulu se séparer de sa famille que dans une circonstance exceptionnelle et pour remplir encore une mission non moins importante à l'âge de 17 ans. J'ai donc été bien agréablement surpris en la voyant arriver chez moi, conduite par sa mère qu'elle a quittée le lendemain avec un profond chagrin ; mais ce chagrin était tempéré par le courage de la résignation. Depuis dix jours, Mlle Godu est au milieu de ma famille dont elle fait la joie malgré son occupation énervante.
Depuis son arrivée, j'ai déjà consigné 75 cas d'observation de maladies diverses et contre lesquelles, pour la plupart, les secours de la médecine ont échoué. Nous avons des amauroses, des ophtalmies graves, des paralysies anciennes et rebelles à tout traitement, des scrofuleux, des dartreux, des cataractes et des cancers à la dernière période ; tous les cas sont numérotés, la nature de la maladie est constatée par moi, les pansements sont mentionnés, et tout est tenu en règle comme dans une salle de clinique destinée aux observations.
Il n'y a pas encore assez de temps pour que je puisse me prononcer d'une manière péremptoire sur les cures opérées par la médication de Mlle Godu ; mais, dès aujourd'hui, je peux manifester ma surprise sur les résultats révulsifs qu'elle obtient par l'application de ses onguents dont les effets varient à l'infini par une cause que je ne saurais m'expliquer avec les règles ordinaires de la science. J'ai vu aussi avec plaisir qu'elle coupait les fièvres sans aucune préparation de quinquina ou de ses extraits, et par de simples infusions de fleurs ou de feuilles de diverses plantes.
Je suis surtout avec un vif intérêt le traitement d'un cancer à la troisième période. Ce cancer, qui a été constaté et traité sans succès, comme toujours, par plusieurs de mes confrères, est l'objet de la plus grande préoccupation de Mlle Godu. Ce n'est ni une, ni deux fois qu'elle le panse, mais bien toutes les heures. Je désire bien vivement que ses efforts soient couronnés de succès, et qu'elle guérisse cet indigent qu'elle panse avec un zèle au-dessus de tout éloge. Si elle réussit sur celui-là, on peut naturellement espérer qu'elle réussira sur d'autres, et dans ce cas elle rendra un immense service à l'humanité en guérissant cette horrible et atroce maladie.
Je sais que quelques confrères frondeurs pourront se rire de l'espoir dont je me berce ; mais que m'importe si cet espoir se réalise ! Déjà l'on me fait un reproche de prêter ainsi mon concours à une personne, dont aucun ne conteste l'intention, mais dont la plupart dénient l'aptitude à guérir, puisque cette aptitude ne lui a pas été donnée par la Faculté.
A cela je répondrai : ce n'est point la Faculté qui a découvert la vaccine, mais bien de simples pâtres ; ce n'est point la Faculté qui a découvert l'écorce du Pérou, mais les indigènes de ce pays. La Faculté constate les faits ; elle les groupe et les classe pour en former la précieuse base de l'enseignement, mais elle ne les produit pas exclusivement. Quelques sots (il s'en trouve malheureusement ici comme partout) croient se donner de l'esprit en qualifiant Mlle Godu de sorcière. C'est assurément une aimable et bien utile sorcière, car elle n'inspire aucune frayeur de la sorcellerie, ni aucun désir de la vouer au bûcher.
A d'autres, qui prétendent qu'elle est l'instrument du démon, je répondrai très carrément : si le démon vient sur la terre pour guérir les incurables abandonnés et indigents, il faut en conclure que le démon s'est enfin converti et qu'il a droit à nos remerciements ; or, je doute fort que parmi ceux qui tiennent ce langage il y en ait beaucoup qui ne préfèrent encore guérir par ses mains que de mourir par celles du médecin. Prenons donc le bien d'où il vient, et, à moins de preuve authentique, n'en attribuons pas le mérite au diable. Il est plus moral et plus rationnel d'attribuer le bien à Dieu et de l'en remercier, et sous ce rapport je pense que mon avis sera partagé par vous et par tous mes collègues.
Au reste, que cela devienne ou non une réalité, il en résultera toujours quelque chose pour la science. Je ne suis pas homme à laisser dans l'oubli certains moyens employés que nous négligeons trop aujourd'hui. La médecine, dit-on, a fait d'immenses progrès ; oui, sans doute, pour la science, mais pas autant pour l'art de guérir. Nous avons beaucoup appris et trop oublié ; l'esprit humain est comme l'Océan : il ne peut tout embrasser ; quand il envahit une plage, il en laisse une autre. Je reviendrai sur ce sujet et je vous tiendrai au courant de cette curieuse expérimentation. J'y attache la plus grande importance ; si elle réussit, ce sera une manifestation éclatante contre laquelle il sera impossible de lutter, car rien n'arrête ceux qui souffrent et qui veulent guérir. Je suis décidé à tout braver dans ce but, même le ridicule qu'on craint tant en France.
Je profite de l'occasion pour vous adresser ma thèse inaugurale. Si vous voulez bien prendre la peine de la lire, vous comprendrez facilement combien j'étais disposé à admettre le Spiritisme. Cette thèse a été soutenue quand la médecine était tombée dans le plus profond matérialisme. C'était une protestation contre ce courant qui nous a entraînés à la médecine organique et à la pharmacologie minérale, dont on a fait un si grand abus. Combien de santés délabrées par l'usage de ces substances minérales qui, en cas d'échec, augmentent le mal, et, en cas de réussite, laissent trop souvent des traces dans notre organisation !
Agréez, etc.
Morhery. 20 mars 1860.
« Monsieur,
Dans ma dernière lettre je vous ai annoncé que Mlle Désirée Godu avait bien voulu venir exercer sous mes yeux sa faculté curative ; je viens aujourd'hui vous donner quelques nouvelles.
Depuis le 25 février, j'ai commencé mes observations sur un grand nombre de malades, presque tous indigents et dans l'impossibilité de se traiter convenablement. Quelques-uns ont des maladies peu importantes ; mais le plus grand nombre est atteint d'affections qui ont résisté aux moyens curatifs ordinaires. J'ai numéroté, depuis le 25 février, 152 cas de maladies très variées. Malheureusement dans notre pays, surtout les malades indigents, suivent leur caprice et n'ont pas la patience de se résigner à un traitement suivi et méthodique ; dès qu'ils éprouvent du mieux, ils se croient guéris et ne font plus rien ; c'est un fait que j'ai souvent constaté dans ma clientèle, et qui devait nécessairement se représenter avec Mlle Godu.
Comme je vous l'ai dit, je ne veux rien préjuger, rien affirmer, à moins de résultats constatés par l'expérience ; plus tard, je ferai le dépouillement de mes observations, et je constaterai les plus remarquables ; mais, dès aujourd'hui, je peux vous exprimer mon étonnement pour certaines guérisons obtenues en dehors de nos moyens ordinaires.
J'ai vu guérir sans quinquina trois fièvres intermittentes rebelles dont l'une avait résisté à tous les moyens que j'avais employés.
Mlle Godu a guéri également trois panaris et deux inflammations sous-aponévrotiques de la main en très peu de jours ; j'en ai été véritablement surpris.
Je peux constater aussi la guérison, non pas encore radicale, mais bien avancée, d'un de nos plus intelligents laboureurs, Pierre Le Boudec, de Saint-Hervé, atteint de surdité depuis 18 ans ; il a été aussi émerveillé que moi quand, après trois jours de traitement, il a pu entendre le chant des oiseaux et la voix de ses enfants. Je l'ai vu ce matin, tout fait espérer une guérison radicale avant peu.
Parmi nos malades, celui qui attire le plus mon attention en ce moment est le nommé Bigot, ouvrier laboureur à Saint-Caradec, atteint depuis deux ans et demi d'un cancer à la lèvre inférieure. Ce cancer est arrivé à la dernière période ; la lèvre inférieure est en partie mangée ; les gencives, les glandes sublinguales et sous-maxillaires sont cancéromateuses ; l'os maxillaire inférieur participe lui-même de la maladie. Quand il s'est présenté chez moi son état était désespéré ; ses douleurs étaient atroces ; il n'avait pas dormi depuis six mois ; toute opération est impraticable, le mal étant trop avancé ; toute guérison me semblait impossible, et je le déclarai très franchement à Mlle Godu afin de la prémunir contre un échec inévitable. Mon opinion n'a pas varié au sujet du pronostic ; je ne puis croire à la guérison d'un cancer si avancé ; cependant je dois déclarer que, dès le premier pansement, le malade a éprouvé du soulagement, et que depuis ce jour, 25 février, il dort bien et peut prendre des aliments ; la confiance lui est revenue ; la plaie a changé d'aspect d'une manière visible, et si cela continue, je serai, malgré mon opinion si formelle, obligé d'espérer une guérison. Si elle se réalise, ce sera le plus grand phénomène curatif que l'on puisse constater ; il faut attendre et prendre patience comme le malade. Mlle Godu en a un soin tout particulier ; elle l'a pansé parfois toutes les demi-heures ; cet indigent est son favori.
Par ailleurs, rien à vous dire. Je pourrais vous édifier sur les cancans, les commérages, les allusions à la sorcellerie ; mais comme la sottise est inhérente à l'humanité, je ne me préoccupe nullement du soin de la guérir.
« Agréez, etc. Morhéry. »
Remarque. Comme on a pu s'en convaincre par les deux lettres ci-dessus, M. Morhéry ne se laisse point éblouir par l'enthousiasme ; il observe les choses froidement, en homme éclairé qui ne se fait point d'illusions ; il y apporte une entière bonne foi, et mettant de côté l'amour-propre du docteur, il ne craint pas d'avouer que la nature peut se passer de lui, en inspirant à une jeune fille sans instruction des moyens de guérir qu'il n'a trouvés ni dans l'enseignement de la Faculté, ni dans son propre cerveau, et il ne s'en croit nullement humilié. Ses connaissances en Spiritisme lui montrent que la chose est possible sans qu'il y ait pour cela dérogation aux lois de la nature ; il la comprend, dès lors cette faculté remarquable est pour lui un simple phénomène plus développé chez Mlle Godu que chez d'autres. On peut dire que cette jeune fille est pour l'art de guérir ce que Jeanne d'Arc était pour l'art militaire. M. Morhéry, éclairé sur les deux points essentiels : le Spiritisme comme source, et la médecine ordinaire comme contrôle, mettant de côté tout amour-propre et tout sentiment personnel, est dans la meilleure position pour porter un jugement impartial, et nous félicitons Mlle Godu de la résolution qu'elle a prise de se mettre sous son patronage. Nos lecteurs nous sauront gré, sans doute, de les tenir au courant des observations qui seront faites ultérieurement.
« Plessis-Boudet, près Loudéac (Côtes-du-Nord).
« Monsieur Allan Kardec,
Bien qu'écrasé d'occupations en ce moment, je crois devoir, comme membre correspondant de la Société parisienne des études Spirites, vous informer d'un événement inattendu pour moi et qui intéresse sans doute tous nos collègues.
Vous avez parlé avec éloge dans les derniers numéros de votre Revue de Mlle Désirée Godu, d'Hennebon. Vous avez dit qu'après avoir été médium voyant, médium auditif et médium écrivain, cette demoiselle est devenue, depuis quelques années environ, médium curatif. C'est en cette dernière qualité qu'elle s'est adressée à moi et qu'elle a réclamé mon concours comme docteur en médecine pour prouver l'efficacité de sa médication, qu'on pourrait nommer, je crois, Spiritique. J'ai pensé d'abord que les menaces qu'on lui faisait et les obstacles que l'on mettait à sa pratique médicale sans diplôme était la seule cause de sa démarche ; mais elle m'a dit que l'Esprit qui la dirige depuis six années le lui avait conseillé comme nécessaire, au point de vue de la doctrine Spirite. Quoi qu'il en soit, j'ai cru qu'il était de mon devoir, et de l'intérêt de l'humanité, d'accepter sa généreuse proposition, mais je doutais qu'elle l'eût réalisée. Sans la connaître ni l'avoir jamais vue, j'avais su que cette pieuse jeune personne n'avait voulu se séparer de sa famille que dans une circonstance exceptionnelle et pour remplir encore une mission non moins importante à l'âge de 17 ans. J'ai donc été bien agréablement surpris en la voyant arriver chez moi, conduite par sa mère qu'elle a quittée le lendemain avec un profond chagrin ; mais ce chagrin était tempéré par le courage de la résignation. Depuis dix jours, Mlle Godu est au milieu de ma famille dont elle fait la joie malgré son occupation énervante.
Depuis son arrivée, j'ai déjà consigné 75 cas d'observation de maladies diverses et contre lesquelles, pour la plupart, les secours de la médecine ont échoué. Nous avons des amauroses, des ophtalmies graves, des paralysies anciennes et rebelles à tout traitement, des scrofuleux, des dartreux, des cataractes et des cancers à la dernière période ; tous les cas sont numérotés, la nature de la maladie est constatée par moi, les pansements sont mentionnés, et tout est tenu en règle comme dans une salle de clinique destinée aux observations.
Il n'y a pas encore assez de temps pour que je puisse me prononcer d'une manière péremptoire sur les cures opérées par la médication de Mlle Godu ; mais, dès aujourd'hui, je peux manifester ma surprise sur les résultats révulsifs qu'elle obtient par l'application de ses onguents dont les effets varient à l'infini par une cause que je ne saurais m'expliquer avec les règles ordinaires de la science. J'ai vu aussi avec plaisir qu'elle coupait les fièvres sans aucune préparation de quinquina ou de ses extraits, et par de simples infusions de fleurs ou de feuilles de diverses plantes.
Je suis surtout avec un vif intérêt le traitement d'un cancer à la troisième période. Ce cancer, qui a été constaté et traité sans succès, comme toujours, par plusieurs de mes confrères, est l'objet de la plus grande préoccupation de Mlle Godu. Ce n'est ni une, ni deux fois qu'elle le panse, mais bien toutes les heures. Je désire bien vivement que ses efforts soient couronnés de succès, et qu'elle guérisse cet indigent qu'elle panse avec un zèle au-dessus de tout éloge. Si elle réussit sur celui-là, on peut naturellement espérer qu'elle réussira sur d'autres, et dans ce cas elle rendra un immense service à l'humanité en guérissant cette horrible et atroce maladie.
Je sais que quelques confrères frondeurs pourront se rire de l'espoir dont je me berce ; mais que m'importe si cet espoir se réalise ! Déjà l'on me fait un reproche de prêter ainsi mon concours à une personne, dont aucun ne conteste l'intention, mais dont la plupart dénient l'aptitude à guérir, puisque cette aptitude ne lui a pas été donnée par la Faculté.
A cela je répondrai : ce n'est point la Faculté qui a découvert la vaccine, mais bien de simples pâtres ; ce n'est point la Faculté qui a découvert l'écorce du Pérou, mais les indigènes de ce pays. La Faculté constate les faits ; elle les groupe et les classe pour en former la précieuse base de l'enseignement, mais elle ne les produit pas exclusivement. Quelques sots (il s'en trouve malheureusement ici comme partout) croient se donner de l'esprit en qualifiant Mlle Godu de sorcière. C'est assurément une aimable et bien utile sorcière, car elle n'inspire aucune frayeur de la sorcellerie, ni aucun désir de la vouer au bûcher.
A d'autres, qui prétendent qu'elle est l'instrument du démon, je répondrai très carrément : si le démon vient sur la terre pour guérir les incurables abandonnés et indigents, il faut en conclure que le démon s'est enfin converti et qu'il a droit à nos remerciements ; or, je doute fort que parmi ceux qui tiennent ce langage il y en ait beaucoup qui ne préfèrent encore guérir par ses mains que de mourir par celles du médecin. Prenons donc le bien d'où il vient, et, à moins de preuve authentique, n'en attribuons pas le mérite au diable. Il est plus moral et plus rationnel d'attribuer le bien à Dieu et de l'en remercier, et sous ce rapport je pense que mon avis sera partagé par vous et par tous mes collègues.
Au reste, que cela devienne ou non une réalité, il en résultera toujours quelque chose pour la science. Je ne suis pas homme à laisser dans l'oubli certains moyens employés que nous négligeons trop aujourd'hui. La médecine, dit-on, a fait d'immenses progrès ; oui, sans doute, pour la science, mais pas autant pour l'art de guérir. Nous avons beaucoup appris et trop oublié ; l'esprit humain est comme l'Océan : il ne peut tout embrasser ; quand il envahit une plage, il en laisse une autre. Je reviendrai sur ce sujet et je vous tiendrai au courant de cette curieuse expérimentation. J'y attache la plus grande importance ; si elle réussit, ce sera une manifestation éclatante contre laquelle il sera impossible de lutter, car rien n'arrête ceux qui souffrent et qui veulent guérir. Je suis décidé à tout braver dans ce but, même le ridicule qu'on craint tant en France.
Je profite de l'occasion pour vous adresser ma thèse inaugurale. Si vous voulez bien prendre la peine de la lire, vous comprendrez facilement combien j'étais disposé à admettre le Spiritisme. Cette thèse a été soutenue quand la médecine était tombée dans le plus profond matérialisme. C'était une protestation contre ce courant qui nous a entraînés à la médecine organique et à la pharmacologie minérale, dont on a fait un si grand abus. Combien de santés délabrées par l'usage de ces substances minérales qui, en cas d'échec, augmentent le mal, et, en cas de réussite, laissent trop souvent des traces dans notre organisation !
Agréez, etc.
Morhery. 20 mars 1860.
« Monsieur,
Dans ma dernière lettre je vous ai annoncé que Mlle Désirée Godu avait bien voulu venir exercer sous mes yeux sa faculté curative ; je viens aujourd'hui vous donner quelques nouvelles.
Depuis le 25 février, j'ai commencé mes observations sur un grand nombre de malades, presque tous indigents et dans l'impossibilité de se traiter convenablement. Quelques-uns ont des maladies peu importantes ; mais le plus grand nombre est atteint d'affections qui ont résisté aux moyens curatifs ordinaires. J'ai numéroté, depuis le 25 février, 152 cas de maladies très variées. Malheureusement dans notre pays, surtout les malades indigents, suivent leur caprice et n'ont pas la patience de se résigner à un traitement suivi et méthodique ; dès qu'ils éprouvent du mieux, ils se croient guéris et ne font plus rien ; c'est un fait que j'ai souvent constaté dans ma clientèle, et qui devait nécessairement se représenter avec Mlle Godu.
Comme je vous l'ai dit, je ne veux rien préjuger, rien affirmer, à moins de résultats constatés par l'expérience ; plus tard, je ferai le dépouillement de mes observations, et je constaterai les plus remarquables ; mais, dès aujourd'hui, je peux vous exprimer mon étonnement pour certaines guérisons obtenues en dehors de nos moyens ordinaires.
J'ai vu guérir sans quinquina trois fièvres intermittentes rebelles dont l'une avait résisté à tous les moyens que j'avais employés.
Mlle Godu a guéri également trois panaris et deux inflammations sous-aponévrotiques de la main en très peu de jours ; j'en ai été véritablement surpris.
Je peux constater aussi la guérison, non pas encore radicale, mais bien avancée, d'un de nos plus intelligents laboureurs, Pierre Le Boudec, de Saint-Hervé, atteint de surdité depuis 18 ans ; il a été aussi émerveillé que moi quand, après trois jours de traitement, il a pu entendre le chant des oiseaux et la voix de ses enfants. Je l'ai vu ce matin, tout fait espérer une guérison radicale avant peu.
Parmi nos malades, celui qui attire le plus mon attention en ce moment est le nommé Bigot, ouvrier laboureur à Saint-Caradec, atteint depuis deux ans et demi d'un cancer à la lèvre inférieure. Ce cancer est arrivé à la dernière période ; la lèvre inférieure est en partie mangée ; les gencives, les glandes sublinguales et sous-maxillaires sont cancéromateuses ; l'os maxillaire inférieur participe lui-même de la maladie. Quand il s'est présenté chez moi son état était désespéré ; ses douleurs étaient atroces ; il n'avait pas dormi depuis six mois ; toute opération est impraticable, le mal étant trop avancé ; toute guérison me semblait impossible, et je le déclarai très franchement à Mlle Godu afin de la prémunir contre un échec inévitable. Mon opinion n'a pas varié au sujet du pronostic ; je ne puis croire à la guérison d'un cancer si avancé ; cependant je dois déclarer que, dès le premier pansement, le malade a éprouvé du soulagement, et que depuis ce jour, 25 février, il dort bien et peut prendre des aliments ; la confiance lui est revenue ; la plaie a changé d'aspect d'une manière visible, et si cela continue, je serai, malgré mon opinion si formelle, obligé d'espérer une guérison. Si elle se réalise, ce sera le plus grand phénomène curatif que l'on puisse constater ; il faut attendre et prendre patience comme le malade. Mlle Godu en a un soin tout particulier ; elle l'a pansé parfois toutes les demi-heures ; cet indigent est son favori.
Par ailleurs, rien à vous dire. Je pourrais vous édifier sur les cancans, les commérages, les allusions à la sorcellerie ; mais comme la sottise est inhérente à l'humanité, je ne me préoccupe nullement du soin de la guérir.
« Agréez, etc. Morhéry. »
Remarque. Comme on a pu s'en convaincre par les deux lettres ci-dessus, M. Morhéry ne se laisse point éblouir par l'enthousiasme ; il observe les choses froidement, en homme éclairé qui ne se fait point d'illusions ; il y apporte une entière bonne foi, et mettant de côté l'amour-propre du docteur, il ne craint pas d'avouer que la nature peut se passer de lui, en inspirant à une jeune fille sans instruction des moyens de guérir qu'il n'a trouvés ni dans l'enseignement de la Faculté, ni dans son propre cerveau, et il ne s'en croit nullement humilié. Ses connaissances en Spiritisme lui montrent que la chose est possible sans qu'il y ait pour cela dérogation aux lois de la nature ; il la comprend, dès lors cette faculté remarquable est pour lui un simple phénomène plus développé chez Mlle Godu que chez d'autres. On peut dire que cette jeune fille est pour l'art de guérir ce que Jeanne d'Arc était pour l'art militaire. M. Morhéry, éclairé sur les deux points essentiels : le Spiritisme comme source, et la médecine ordinaire comme contrôle, mettant de côté tout amour-propre et tout sentiment personnel, est dans la meilleure position pour porter un jugement impartial, et nous félicitons Mlle Godu de la résolution qu'elle a prise de se mettre sous son patronage. Nos lecteurs nous sauront gré, sans doute, de les tenir au courant des observations qui seront faites ultérieurement.
Variétés
Le fabricant de Saint-PétersbourgLe fait suivant de manifestation spontanée a été transmis à notre
collègue M. Kratzoff, de Saint-Pétersbourg, par son compatriote le baron
Gabriel Tscherkassoff, qui habite Cannes (Var), et qui en certifie
l'authenticité. Il paraît, du reste, que le fait est très connu, et fit
beaucoup de sensation à l'époque où il s'est produit.
« Au commencement de ce siècle, il y avait à Saint-Pétersbourg un riche artisan qui occupait un grand nombre d'ouvriers dans ses ateliers ; son nom m'échappe, mais je crois que c'était un Anglais. Homme probe, humain et rangé, il vaquait non seulement à la bonne facture de ses produits, mais bien plus encore au bien-être physique et moral de ses ouvriers, qui offraient, par conséquent, l'exemple de la bonne conduite et d'une concorde presque fraternelle. D'après une coutume observée en Russie jusqu'à nos jours, ils étaient défrayés du logement et de la nourriture par leur patron, et occupaient les étages supérieurs et les combles de la même maison que lui. Un matin, plusieurs des ouvriers, en se réveillant, ne trouvèrent plus leurs habits qu'ils avaient mis à côté d'eux en se couchant. On ne pouvait supposer un vol ; on questionna, mais inutilement, et on soupçonna les plus malicieux d'avoir voulu jouer un tour à leurs camarades ; enfin, à force de recherches, on trouva tous les objets disparus au grenier, dans les cheminées, et jusque sur les toits. Le patron fit des remontrances générales, puisque personne ne s'avouait coupable ; chacun, au contraire, protestait de son innocence.
« A quelque temps de là, la même chose se renouvela ; nouvelles remontrances, nouvelles protestations. Peu à peu cela commença à se répéter toutes les nuits, et le patron en conçut de vives inquiétudes, car, outre que son travail en souffrait beaucoup, il se voyait menacé par une émigration de tous ses ouvriers, qui avaient peur de rester dans une maison où il se passait, disaient-ils, des choses surnaturelles. D'après le conseil du patron, il fut organisé un service nocturne, choisi par les ouvriers mêmes, pour surprendre le coupable ; mais rien ne réussit, tout au contraire, les choses allèrent en empirant. Les ouvriers, pour gagner leurs chambres, devaient monter des escaliers qui n'étaient point éclairés ; or, il arriva à plusieurs d'entre eux de recevoir des coups et des soufflets ; et quand ils cherchaient à se défendre, ils ne frappaient que l'espace, tandis que la force des coups leur faisait supposer qu'ils avaient affaire à un être solide. Cette fois, le patron leur conseilla de se diviser en deux groupes ; l'un d'eux devait rester au haut de l'escalier, l'autre arriver d'en bas ; de cette manière, le mauvais plaisant ne pouvait manquer d'être pris et de recevoir la correction qu'il méritait. Mais la prévoyance du patron se trouva encore en défaut, les deux groupes furent battus à outrance, et chacun accusa l'autre. Les récriminations étaient devenues sanglantes, et la mésintelligence entre les ouvriers étant arrivée à son comble, le pauvre patron songeait déjà à fermer ses ateliers ou à déménager.
« Un soir, il était assis, triste et pensif, entouré de sa famille ; tout le monde était plongé dans l'abattement, lorsque tout à coup un grand bruit se fait entendre dans la chambre à côté qui lui servait de cabinet de travail. Il se lève précipitamment, et va reconnaître la cause de ce bruit. La première chose qu'il voit en ouvrant la porte, c'est son bureau ouvert et un bougeoir allumé ; or, il venait peu d'instants avant de fermer le bureau et d'éteindre la lumière. S'étant approché, il distingue sur le bureau un encrier de verre et une plume qui ne lui appartenaient pas, et une feuille de papier sur laquelle étaient écrits ces mots, qui n'avaient pas encore eu le temps de sécher : « Fais démolir le mur à tel endroit (c'était sur l'escalier) ; tu y trouveras des ossements humains que tu feras ensevelir en terre sainte. » Le patron prit le papier et courut en informer la police.
« Le lendemain on se mit donc à chercher d'où provenaient l'encrier et la plume. En les montrant aux habitants de la même maison, on arriva jusqu'à un marchand de légumes et de denrées coloniales qui avait sa boutique au rez-de-chaussée, et qui reconnut l'un et l'autre pour les siens. Interrogé sur la personne à laquelle il les avait donnés, il répondit : « Hier soir, ayant déjà fermé la porte de ma boutique, j'entendis un petit coup frappé au vasistas de la fenêtre ; je l'ouvris, et un homme dont il me fut impossible de distinguer les traits me dit : Donne-moi, je te prie, un encrier et une plume, je te les paierai. Lui ayant passé ces deux objets, il me jeta une grosse monnaie de cuivre que j'entendis tomber sur le plancher, mais que je n'ai pu retrouver.
« On fit démolir le mur à l'endroit indiqué, et l'on y trouva des ossements humains, qui furent enterrés, et tout rentra dans l'ordre. On ne put jamais savoir à qui avaient appartenu ces ossements. »
Des faits de cette nature ont dû se produire à toutes les époques, et l'on voit qu'ils ne sont nullement provoqués par les connaissances Spirites. On conçoit que, dans les siècles reculés, ou chez des peuples ignorants, ils aient pu donner lieu à toutes sortes de suppositions superstitieuses.
« Au commencement de ce siècle, il y avait à Saint-Pétersbourg un riche artisan qui occupait un grand nombre d'ouvriers dans ses ateliers ; son nom m'échappe, mais je crois que c'était un Anglais. Homme probe, humain et rangé, il vaquait non seulement à la bonne facture de ses produits, mais bien plus encore au bien-être physique et moral de ses ouvriers, qui offraient, par conséquent, l'exemple de la bonne conduite et d'une concorde presque fraternelle. D'après une coutume observée en Russie jusqu'à nos jours, ils étaient défrayés du logement et de la nourriture par leur patron, et occupaient les étages supérieurs et les combles de la même maison que lui. Un matin, plusieurs des ouvriers, en se réveillant, ne trouvèrent plus leurs habits qu'ils avaient mis à côté d'eux en se couchant. On ne pouvait supposer un vol ; on questionna, mais inutilement, et on soupçonna les plus malicieux d'avoir voulu jouer un tour à leurs camarades ; enfin, à force de recherches, on trouva tous les objets disparus au grenier, dans les cheminées, et jusque sur les toits. Le patron fit des remontrances générales, puisque personne ne s'avouait coupable ; chacun, au contraire, protestait de son innocence.
« A quelque temps de là, la même chose se renouvela ; nouvelles remontrances, nouvelles protestations. Peu à peu cela commença à se répéter toutes les nuits, et le patron en conçut de vives inquiétudes, car, outre que son travail en souffrait beaucoup, il se voyait menacé par une émigration de tous ses ouvriers, qui avaient peur de rester dans une maison où il se passait, disaient-ils, des choses surnaturelles. D'après le conseil du patron, il fut organisé un service nocturne, choisi par les ouvriers mêmes, pour surprendre le coupable ; mais rien ne réussit, tout au contraire, les choses allèrent en empirant. Les ouvriers, pour gagner leurs chambres, devaient monter des escaliers qui n'étaient point éclairés ; or, il arriva à plusieurs d'entre eux de recevoir des coups et des soufflets ; et quand ils cherchaient à se défendre, ils ne frappaient que l'espace, tandis que la force des coups leur faisait supposer qu'ils avaient affaire à un être solide. Cette fois, le patron leur conseilla de se diviser en deux groupes ; l'un d'eux devait rester au haut de l'escalier, l'autre arriver d'en bas ; de cette manière, le mauvais plaisant ne pouvait manquer d'être pris et de recevoir la correction qu'il méritait. Mais la prévoyance du patron se trouva encore en défaut, les deux groupes furent battus à outrance, et chacun accusa l'autre. Les récriminations étaient devenues sanglantes, et la mésintelligence entre les ouvriers étant arrivée à son comble, le pauvre patron songeait déjà à fermer ses ateliers ou à déménager.
« Un soir, il était assis, triste et pensif, entouré de sa famille ; tout le monde était plongé dans l'abattement, lorsque tout à coup un grand bruit se fait entendre dans la chambre à côté qui lui servait de cabinet de travail. Il se lève précipitamment, et va reconnaître la cause de ce bruit. La première chose qu'il voit en ouvrant la porte, c'est son bureau ouvert et un bougeoir allumé ; or, il venait peu d'instants avant de fermer le bureau et d'éteindre la lumière. S'étant approché, il distingue sur le bureau un encrier de verre et une plume qui ne lui appartenaient pas, et une feuille de papier sur laquelle étaient écrits ces mots, qui n'avaient pas encore eu le temps de sécher : « Fais démolir le mur à tel endroit (c'était sur l'escalier) ; tu y trouveras des ossements humains que tu feras ensevelir en terre sainte. » Le patron prit le papier et courut en informer la police.
« Le lendemain on se mit donc à chercher d'où provenaient l'encrier et la plume. En les montrant aux habitants de la même maison, on arriva jusqu'à un marchand de légumes et de denrées coloniales qui avait sa boutique au rez-de-chaussée, et qui reconnut l'un et l'autre pour les siens. Interrogé sur la personne à laquelle il les avait donnés, il répondit : « Hier soir, ayant déjà fermé la porte de ma boutique, j'entendis un petit coup frappé au vasistas de la fenêtre ; je l'ouvris, et un homme dont il me fut impossible de distinguer les traits me dit : Donne-moi, je te prie, un encrier et une plume, je te les paierai. Lui ayant passé ces deux objets, il me jeta une grosse monnaie de cuivre que j'entendis tomber sur le plancher, mais que je n'ai pu retrouver.
« On fit démolir le mur à l'endroit indiqué, et l'on y trouva des ossements humains, qui furent enterrés, et tout rentra dans l'ordre. On ne put jamais savoir à qui avaient appartenu ces ossements. »
Des faits de cette nature ont dû se produire à toutes les époques, et l'on voit qu'ils ne sont nullement provoqués par les connaissances Spirites. On conçoit que, dans les siècles reculés, ou chez des peuples ignorants, ils aient pu donner lieu à toutes sortes de suppositions superstitieuses.
Apparition tangible
Le 14 janvier dernier, le sieur Lecomte, cultivateur dans la commune de
Brix, arrondissement de Valognes, a été visité par un individu qui s'est
dit être un de ses anciens camarades, avec lequel il avait travaillé au
port de Cherbourg, et dont la mort remonte à deux ans et demi. Cette
apparition avait pour but de prier Lecomte de lui faire dire une messe.
Le 15, l'apparition se reproduisit ; Lecomte, moins effrayé, reconnut
effectivement son ancien camarade ; mais, troublé encore, il ne sut que
répondre ; il en fut de même les 17 et 18 janvier. Ce ne fut que le 19
que Lecomte lui dit : Puisque tu désires une messe, où veux-tu qu'elle
soit dite, et y assisteras-tu ? - Je désire, répond l'Esprit, que la
messe soit dite à la chapelle de Saint-Sauveur dans huit jours, et je
m'y trouverai. Il ajouta : Il y a longtemps que je ne t'avais vu, et il y
avait loin pour venir te trouver. Cela dit il le quitte en lui serrant la main.
Le sieur Lecomte n'a pas manqué à sa promesse ; le 27 janvier, la messe a été dite à Saint-Sauveur, et il a vu son ancien camarade agenouillé sur les marches de l'autel près du prêtre officiant ; mais personne autre que lui ne l'a aperçu, bien qu'il ait demandé au prêtre et aux assistants s'ils ne le voyaient pas.
Depuis ce jour, le sieur Lecomte n'a plus été visité, et il a repris sa tranquillité habituelle.
Remarque. Selon ce récit, dont l'authenticité est garantie par une personne digne de foi, il ne s'agit point d'une simple vision, mais d'une apparition tangible, puisque le défunt ami du sieur Lecomte lui aurait serré la main. Les incrédules appelleront cela une hallucination ; mais, jusqu'à présent, nous attendons encore de leur part une explication claire, logique et vraiment scientifique des étranges phénomènes qu'ils désignent sous ce nom, qui nous semble plutôt une fin de non-recevoir qu'une solution.
Le sieur Lecomte n'a pas manqué à sa promesse ; le 27 janvier, la messe a été dite à Saint-Sauveur, et il a vu son ancien camarade agenouillé sur les marches de l'autel près du prêtre officiant ; mais personne autre que lui ne l'a aperçu, bien qu'il ait demandé au prêtre et aux assistants s'ils ne le voyaient pas.
Depuis ce jour, le sieur Lecomte n'a plus été visité, et il a repris sa tranquillité habituelle.
Remarque. Selon ce récit, dont l'authenticité est garantie par une personne digne de foi, il ne s'agit point d'une simple vision, mais d'une apparition tangible, puisque le défunt ami du sieur Lecomte lui aurait serré la main. Les incrédules appelleront cela une hallucination ; mais, jusqu'à présent, nous attendons encore de leur part une explication claire, logique et vraiment scientifique des étranges phénomènes qu'ils désignent sous ce nom, qui nous semble plutôt une fin de non-recevoir qu'une solution.
Dictées spontanées
L'Ange des Enfants Société. Méd. Mad. de BoyerJ'ai nom Micaël ; je suis un des Esprits préposés à la garde des
enfants. Quelle douce mission et que de bonheur elle donne à l'âme ! À
la garde des enfants, direz-vous ? Mais n'ont-ils pas leurs mères, bons
anges préposés à cette garde ? et pourquoi faut-il encore un Esprit
chargé de s'en occuper ? Mais ne pensez-vous pas à ceux qui n'ont plus
cette bonne mère ? N'y en a-t-il pas, hélas ! beaucoup trop de ceux-ci ?
Et la mère, elle-même, n'a-t-elle pas besoin d'aide quelquefois ? Qui
l'éveille au milieu de son premier sommeil ? Qui lui fait pressentir le
danger, inventer le soulagement quand le mal est grave ? Nous, toujours
nous ; nous, qui détournons l'enfant de la rive où il accourt à
l'étourdie, qui éloignons de lui les animaux nuisibles, qui écartons le
feu qui se pourrait mêler à ses blonds cheveux. Notre mission est douce !
C'est encore nous qui lui inspirons la compassion pour le pauvre, la
douceur, la bonté ; aucun des plus méchants même ne saurait nous fâcher ;
il y a toujours un instant où son petit cœur nous est ouvert. Plus d'un
de vous sera étonné de cette mission ; mais ne dites-vous pas souvent :
il y a un Dieu pour les enfants ? pour les enfants pauvres, surtout ?
Non, il n'y a pas un Dieu, mais des anges, des amis. Et comment
pourriez-vous expliquer autrement les miraculeux sauvetages ? Il y a
encore bien d'autres puissances dont vous ne soupçonnez même pas
l'existence ; il y a l'Esprit des fleurs, celui des parfums, il y en a
mille dont les missions plus ou moins élevées vous sembleraient
délicieuses, enviables après votre dure vie d'épreuves ; je les
engagerai à venir au milieu de vous. Moi, je suis en ce moment
récompensée d'une vie toute dévouée à des enfants. Mariée jeune à un
homme qui en avait plusieurs, je n'eus pas le bonheur d'en avoir
moi-même ; toute dévouée à eux, Dieu, le bon et souverain maître, m'a
accordé d'être encore le gardien des enfants. Douce et sainte mission !
je le répète, et dont les mères ici présentes ne pourraient nier la
toute-puissance. Adieu, je vais au chevet de mes petits protégés ;
l'heure du sommeil est mon heure, et il faut que je visite toutes ces
jolies paupières closes. Le bon ange qui veille sur eux, sachez-le,
n'est pas une allégorie, mais bien une vérité.
Conseils Société, 25 novembre 1859.
Méd. M. Roze
Jadis on vous eût crucifiés, brûlés, torturés ; le gibet est renversé ;
le bûcher est éteint ; les instruments de torture sont brisés ; l'arme
terrible du ridicule, si puissante contre le mensonge, s'émoussera
contre la vérité ; ses ennemis les plus redoutables sont enfermés dans
un cercle infranchissable. En effet, nier la réalité de nos
manifestations serait nier la révélation qui est la base de toutes les
religions ; les attribuer au démon, prétendre que l'Esprit du mal vient
vous confirmer, vous développer l'Évangile, vous exhorter au bien, à la
pratique de toutes les vertus, c'est simplement et heureusement prouver
qu'il n'existe pas. Tout royaume divisé contre lui-même périra. Restent
les mauvais Esprits. Jamais un bon arbre ne produira de mauvais fruits ;
jamais un mauvais arbre ne produira de bons fruits. Vous n'avez donc
rien de mieux à faire que de leur répondre ce que répondait le Christ à
leurs prédécesseurs quand ils formulèrent contre lui les mêmes
accusations, et comme lui de prier Dieu de leur pardonner, car ils ne
savent ce qu'ils font.
L'Esprit de VÉritÉ.
Autre, dictée à M. Roze et lue à la Société
L'Esprit de VÉritÉ.
Autre, dictée à M. Roze et lue à la Société
La France porte l'étendard du progrès, et doit guider les autres
nations ; les événements passés et contemporains le prouvent. Vous avez
été choisis pour devenir le miroir qui doit recevoir et refléter la
lumière divine, qui doit éclairer la terre jusqu'alors plongée dans les
ténèbres de l'ignorance et du mensonge. Mais si vous n'êtes pas animés
par l'amour du prochain et par un désintéressement sans bornes, si le
désir de connaître et de propager la vérité dont vous devez ouvrir les
voies à la postérité n'est pas le seul mobile qui guide vos travaux ; si
la plus légère arrière-pensée d'orgueil, d'égoïsme et d'intérêt
matériel trouve une place dans vos cœurs, nous ne nous servirons de vous
que comme l'artisan qui emploie provisoirement un outil défectueux ;
nous viendrons à vous jusqu'à ce que nous ayons rencontré ou provoqué un
centre plus riche que vous en vertus, plus sympathique à la phalange
d'Esprits que Dieu a envoyés pour révéler la vérité aux hommes de bonne
volonté. Pensez-y sérieusement ; descendez dans vos cœurs, sondez-en les
replis les plus cachés, et chassez-en avec énergie les mauvaises
passions qui nous éloignent, sinon retirez-vous plutôt que de
compromettre les travaux de vos frères par votre présence, ou celle des
Esprits que vous amèneriez avec vous.
L'Esprit de VÉritÉ.
L'Esprit de VÉritÉ.
L'ostentation Société, 16 décembre 1860
Méd. Mlle Huet
Par une belle soirée de printemps, un homme riche et généreux était
assis dans son salon ; il humait avec bonheur le parfum des fleurs de
son jardin. Il énumérait avec complaisance toutes les bonnes œuvres
qu'il avait faites pendant l'année. A ce souvenir, il ne put s'empêcher
de jeter un regard presque méprisant sur la maison d'un de ses voisins,
lequel n'avait pu donner qu'une modique pièce de monnaie pour la
construction de l'église paroissiale. Pour ma part, dit-il, j'ai donné
plus de mille écus pour cette œuvre pie ; j'ai jeté négligemment un
billet de 500 francs dans la bourse que me tendait cette jeune duchesse
en faveur des pauvres ; j'ai donné beaucoup pour les fêtes de
bienfaisance, pour toute espèce de loterie, et je crois que Dieu me
saura gré de tant de bien que j'ai fait. Ah ! j'oubliais une légère
aumône que j'ai faite dernièrement à une malheureuse veuve chargée d'une
nombreuse famille, et qui élève encore un orphelin ; mais ce que je lui
ai donné est si peu de chose, que ce n'est certainement pas cela qui
m'ouvrira le ciel.
Tu te trompes, lui répondit tout à coup une voix qui lui fit tourner la tête : c'est la seule que Dieu accepte, en voilà la preuve. A l'instant une main effaça le papier qu'il avait noirci de toutes ses bonnes œuvres, et ne laissant que la dernière inscrite, elle l'emporta dans le ciel.
Ce n'est donc pas l'aumône faite avec ostentation qui est la meilleure, mais celle qui est faite dans toute l'humilité du cœur.
Joinville, amy de Loys.
Tu te trompes, lui répondit tout à coup une voix qui lui fit tourner la tête : c'est la seule que Dieu accepte, en voilà la preuve. A l'instant une main effaça le papier qu'il avait noirci de toutes ses bonnes œuvres, et ne laissant que la dernière inscrite, elle l'emporta dans le ciel.
Ce n'est donc pas l'aumône faite avec ostentation qui est la meilleure, mais celle qui est faite dans toute l'humilité du cœur.
Joinville, amy de Loys.
Amour et Liberté Société, 27 janvier 1860.
Méd. M. Roze.
Dieu est amour et liberté ; c'est par l'amour et la liberté que
l'Esprit se rapproche de lui. Par l'amour il se crée, dans chaque
existence, de nouvelles relations qui se rapprochent de l'unité ; par la
liberté il choisit le bien qui le rapproche de Dieu. Soyez ardents à
propager la nouvelle foi ; que la sainte ardeur qui vous anime ne vous
fasse jamais porter atteinte à la liberté d'autrui. Évitez, par une trop
grande insistance près de l'incrédulité orgueilleuse et craintive,
d'exaspérer une résistance à moitié vaincue et près de se rendre. Le
règne de la contrainte et de l'oppression est fini ; celui de la raison,
de la liberté et de l'amour fraternel commence. Ce n'est plus par la
crainte et la force que les puissances de la terre acquerront dorénavant
le droit de diriger les intérêts moraux, spirituels et physiques des
peuples, mais par l'amour et la liberté.
Abeillard.
Abeillard.
L'immortalité Société, 3 février 1860.
Méd. Mlle Huet
Comment un homme, et un
homme intelligent, peut-il ne pas croire à l'immortalité de l'âme, et
par conséquent à une vie future qui n'est autre que le Spiritisme ? Que
deviendrait cet amour immense que la mère porte à son enfant, ces soins
dont elle l'entoure pendant son jeune âge, cette sollicitude éclairée
que le père porte à l'éducation de cet être bien-aimé ; Tout cela serait
donc anéanti au moment de la mort ou de la séparation ? on serait donc
semblable aux animaux, dont l'instinct est admirable, sans doute, mais
qui ne soignent leur progéniture avec tendresse que jusqu'au moment où
elle cesse d'avoir besoin des soins maternels ? A ce moment venu, les
parents abandonnent leurs petits, tout est fini : le corps est élevé,
l'âme n'existe pas ; mais l'homme n'aurait pas une âme, et une âme
immortelle ! et le génie sublime que l'on ne peut comparer qu'à Dieu,
tant il émane de lui, ce génie qui enfante des prodiges, qui crée des
chefs-d'œuvre, tout cela s'anéantirait à la mort de l'homme !
Profanation ! on ne peut anéantir ainsi les parties qui viennent de
Dieu. Un Raphaël, un Newton, un Michel-Ange, et tant d'autres génies
sublimes, embrasent encore l'univers de leur Esprit, quoique leurs corps
n'existent plus ; ne vous y trompez pas ; ils vivent, et ils vivront
éternellement. Quant à communiquer avec vous, ceci est moins facile à
admettre pour la généralité des hommes ; ce n'est que par l'étude et
l'observation qu'ils peuvent acquérir la certitude que cela est
possible.
FÉnelon.
FÉnelon.
Parabole Société
Méd. M. Roze
Un vieux navire, à sa dernière traversée, fut assailli par une tempête
terrible. Il portait, outre une grande quantité de passagers, une foule
de marchandises étrangères à leur destination, qu'y avaient accumulées
l'avarice et la cupidité de ses patrons. - Le péril était imminent ; le
plus grand désordre régnait à bord ; les chefs refusaient de jeter leur
cargaison à la mer ; leurs ordres étaient méconnus ; ils avaient perdu
la confiance de l'équipage et des passagers. Il fallait songer à
abandonner le navire ; on mit trois embarcations à la mer ; dans la
première et la plus grande se précipitèrent étourdiment les plus
impatients et les plus inexpérimentés qui se hâtèrent de faire force de
rames vers la lumière qu'ils avaient aperçue au loin sur la côte. Ils
tombèrent entre les mains d'une horde de naufrageurs qui les
dépouillèrent des objets précieux qu'ils avaient rassemblés à la hâte,
et les maltraitèrent sans pitié.
Les seconds, plus clairvoyants, surent distinguer un phare libérateur au milieu des lumières trompeuses qui s'allumaient à l'horizon, et, confiants, abandonnèrent leur barque au caprice des flots ; ils allèrent se briser sur les récifs, au pied même du phare qu'ils n'avaient point quitté des yeux, et furent d'autant plus sensibles à leur ruine et à la perte de leurs biens qu'ils avaient entrevu le salut.
Les troisièmes, peu nombreux, mais sages et prudents, guidèrent avec soin leur frêle esquif au milieu des écueils et abordèrent corps et biens sans autre mal que la fatigue du voyage.
Ne vous contentez donc pas de vous mettre en garde contre les feux des naufrageurs, contre les mauvais Esprits ; mais sachez aussi éviter la faute des voyageurs indolents qui perdirent leurs biens et firent naufrage au port. Sachez guider votre barque au milieu des écueils des passions, et vous aborderez heureusement au port de la vie éternelle, riches des vertus que vous aurez acquises dans vos voyages.
Saint Vincent de Paul.
Les seconds, plus clairvoyants, surent distinguer un phare libérateur au milieu des lumières trompeuses qui s'allumaient à l'horizon, et, confiants, abandonnèrent leur barque au caprice des flots ; ils allèrent se briser sur les récifs, au pied même du phare qu'ils n'avaient point quitté des yeux, et furent d'autant plus sensibles à leur ruine et à la perte de leurs biens qu'ils avaient entrevu le salut.
Les troisièmes, peu nombreux, mais sages et prudents, guidèrent avec soin leur frêle esquif au milieu des écueils et abordèrent corps et biens sans autre mal que la fatigue du voyage.
Ne vous contentez donc pas de vous mettre en garde contre les feux des naufrageurs, contre les mauvais Esprits ; mais sachez aussi éviter la faute des voyageurs indolents qui perdirent leurs biens et firent naufrage au port. Sachez guider votre barque au milieu des écueils des passions, et vous aborderez heureusement au port de la vie éternelle, riches des vertus que vous aurez acquises dans vos voyages.
Saint Vincent de Paul.
Le Spiritisme
Société, 3 février 1860. Méd. Mme M.
Le Spiritisme est appelé à éclairer le monde, mais il lui faut un
certain temps pour progresser. Il a existé depuis la création, mais il
n'était connu que de peu de personnes, parce que la masse, en général,
s'occupe peu à méditer sur les questions Spirites. Aujourd'hui, à l'aide
de cette pure doctrine, il se fera un jour nouveau. Dieu, qui ne veut
pas laisser la créature dans l'ignorance, permet aux Esprits plus élevés
de nous venir en aide pour contrebalancer l'Esprit de ténèbres qui tend
à envelopper le monde ; l'orgueil humain obscurcit le jugement, et fait
commettre bien des fautes ici-bas ; il faut des Esprits simples et
dociles pour communiquer la lumière et atténuer tous nos maux. Courage !
persistez dans cette œuvre qui est agréable à Dieu, parce qu'elle est
utile pour sa plus grande gloire, et il en résultera de grands biens
pour le salut des âmes.
François de Sales.
François de Sales.
Philosophie
Société, 3 février 1860.
Méd. M. Colin
Écrivez ces choses : L'homme ! qu'est-il ? d'où sort-il ? où va-t-il ?
- Dieu ? la nature ? la création ? le monde ? son éternité dans le
passé, dans l'avenir ! Limite de la nature, des rapports de l'être
infini avec l'être particulier ? passage de l'infini au fini ? -
Questions que dut se faire l'homme enfant encore, lorsqu'il vit pour la
première fois avec sa raison, au-dessus de sa tête, la marche
mystérieuse des astres ; sous ses pieds la terre alternativement revêtue
d'habits de fête sous la tiède haleine du printemps, ou couverte d'un
manteau de deuil sous le souffle glacé de l'hiver ; lorsqu'il se vit
lui-même, pensant, sentant, jeté pour un instant dans cet immense
tourbillon vital entre hier, jour de sa naissance, et demain jour de sa
mort. Questions que se sont posées tous les peuples, à tous les âges et
dans toutes leurs écoles, et qui cependant n'en sont pas moins restées
des énigmes pour les générations suivantes ; questions bien dignes
cependant de captiver l'esprit investigateur de votre siècle et le génie
de votre pays. - Si donc il y avait parmi vous un homme, dix hommes,
ayant conscience de la haute gravité d'une mission apostolique, et
volonté de laisser une trace de son passage ici pour servir de point de
repère à la postérité, je leur dirais : vous avez assez longtemps
transigé avec les erreurs et les préjugés de votre temps ; pour vous
l'époque des manifestations matérielles et physiques est passée ; ce que
vous nommez évocations expérimentales ne
peut plus vous apprendre grand chose, car le plus souvent la curiosité
seule est en jeu ; mais l'ère philosophique de la doctrine approche. Ne
demeurez donc pas plus longtemps cramponnés aux ais bientôt vermoulus du
portique, et pénétrez hardiment dans le sanctuaire céleste tenant
fièrement à la main le drapeau de la philosophie moderne, sur lequel
écrivez sans crainte : mysticisme, rationalisme.
Faites de l'éclectisme dans l'éclectisme moderne ; faites-en avec les
Anciens, en vous appuyant sur la tradition historique, mystique et
légendaire, mais en ayant soin toujours de ne pas sortir de la révélation,
flambeau qui nous a manqué à tous en recourant aux lumières des Esprits
supérieurs voués missionnellement à la marche de l'esprit humain. Ces
Esprits, quelque élevés qu'ils soient, ne savent pas toutes choses :
Dieu seul les connaît ; de plus, de tout ce qu'ils savent, ils ne
peuvent pas tout révéler. Où serait, que deviendrait en effet le libre
arbitre de l'homme, sa responsabilité, le mérite et le démérite ; et
comme sanction, le châtiment, la récompense ?
Cependant, je puis jalonner le chemin que je vous montre, de quelques principes fondamentaux ; écoutez donc ces choses :
1° L'âme a la puissance de se dérober à la matière ;
2° De s'élever bien au-dessus de l'intelligence ;
3° Cet état est supérieur à la raison ;
4° Il peut mettre l'homme en rapport avec ce qui échappe à ses facultés ;
5° L'homme peut le provoquer par la prière en Dieu, par un effort constant de volonté, en réduisant pour ainsi dire l'âme à l'état de pure essence, privée d'activité sensible et extérieure ; par l'abstraction, en un mot, de tout ce qu'il y a de divers, de multiple, d'indécis, de tourbillonneux, d'extériorité dans l'âme ;
6° Il existe dans le moi concret et complexe de l'homme une force complètement ignorée jusqu'ici : cherchez-la donc.
Moïse, Platon, puis Julien.
Cependant, je puis jalonner le chemin que je vous montre, de quelques principes fondamentaux ; écoutez donc ces choses :
1° L'âme a la puissance de se dérober à la matière ;
2° De s'élever bien au-dessus de l'intelligence ;
3° Cet état est supérieur à la raison ;
4° Il peut mettre l'homme en rapport avec ce qui échappe à ses facultés ;
5° L'homme peut le provoquer par la prière en Dieu, par un effort constant de volonté, en réduisant pour ainsi dire l'âme à l'état de pure essence, privée d'activité sensible et extérieure ; par l'abstraction, en un mot, de tout ce qu'il y a de divers, de multiple, d'indécis, de tourbillonneux, d'extériorité dans l'âme ;
6° Il existe dans le moi concret et complexe de l'homme une force complètement ignorée jusqu'ici : cherchez-la donc.
Moïse, Platon, puis Julien.
Communications lues à la Société
Par M. Pêcheur
Mon ami, ne sais-tu pas que tout homme qui marche dans la route du progrès a toujours contre lui l'ignorance et l'envie ? L'envie, c'est la poussière que soulève vos pas. Vos idées révoltent certains hommes, car ils ne comprennent pas, ou bien étouffent par orgueil la voie de la conscience qui leur crie : Ce que tu repousses, ton juge te le rappellera un jour ; c'est une main que Dieu te tend pour te retirer du bourbier où t'ont jeté tes passions. Écoute pour un instant la voix de la raison ; songe que tu vis dans un siècle d'argent où le moi domine ; que l'amour des richesses vous dessèche le cœur, charge votre conscience de bien des fautes, et même de crimes qu'il vous faudra confesser. Hommes sans foi qui vous dites habiles, votre habileté vous sert à faire naufrage ; aucune main ne vous sera tendue ; vous avez été sourds pour le malheur des autres, vous vous engloutirez sans qu'une larme tombe sur vous. Arrêtez ! il en est temps encore ; que le repentir pénètre dans vos cœurs ; qu'il soit sincère, et Dieu vous pardonnera. Cherchez le malheureux qui n'ose se plaindre et que la misère tue lentement, et le pauvre que vous aurez soulagé mêlera votre nom dans sa prière ; il bénira la main qui aura peut-être sauvé sa fille de la faim qui tue, et de la honte qui déshonore. Malheur à vous si vous êtes sourds à sa voix. Dieu vous a dit par la bouche sacrée du Christ : Aime ton frère comme toi-même. Ne vous a-t-il pas donné la raison pour juger le bien et le mal ? Ne vous a-t-il pas donné un cœur pour compatir aux souffrances de vos semblables ? Ne sentez-vous pas qu'en étouffant votre conscience, vous étouffez la voix du progrès et de la charité ? Ne sentez-vous pas que vous ne traînez plus qu'un corps vide ; que rien ne bat plus dans vos poitrines, ce qui rend votre marche incertaine ? car vous avez fui la lumière, et vos yeux sont devenus de chair ; les ténèbres qui vous entourent vous agitent et vous font peur ; vous cherchez, mais trop tard, à sortir de cette route qui croule sous vos pieds : la crainte que vous ne pouvez définir vous rend superstitieux ; vous jouez l'homme charitable ; espérant racheter votre vie d'égoïste, vous donnez le denier que la peur vous arrache, mais Dieu sait ce qui vous fait agir : vous ne pouvez le tromper ; votre vie s'éteindra sans espérance, et vous ne pourrez la prolonger d'un seul jour ; elle s'éteindra malgré vos richesses que vos enfants convoitent d'avance, car vous leur avez donné l'exemple ; comme vous ils n'ont qu'un seul amour, celui de l'or, seul rêve de bonheur pour eux ; et lorsque cette heure de justice sonnera, il vous faudra paraître devant le juge suprême que vous aurez méconnu.
Ta fille.
Mon ami, ne sais-tu pas que tout homme qui marche dans la route du progrès a toujours contre lui l'ignorance et l'envie ? L'envie, c'est la poussière que soulève vos pas. Vos idées révoltent certains hommes, car ils ne comprennent pas, ou bien étouffent par orgueil la voie de la conscience qui leur crie : Ce que tu repousses, ton juge te le rappellera un jour ; c'est une main que Dieu te tend pour te retirer du bourbier où t'ont jeté tes passions. Écoute pour un instant la voix de la raison ; songe que tu vis dans un siècle d'argent où le moi domine ; que l'amour des richesses vous dessèche le cœur, charge votre conscience de bien des fautes, et même de crimes qu'il vous faudra confesser. Hommes sans foi qui vous dites habiles, votre habileté vous sert à faire naufrage ; aucune main ne vous sera tendue ; vous avez été sourds pour le malheur des autres, vous vous engloutirez sans qu'une larme tombe sur vous. Arrêtez ! il en est temps encore ; que le repentir pénètre dans vos cœurs ; qu'il soit sincère, et Dieu vous pardonnera. Cherchez le malheureux qui n'ose se plaindre et que la misère tue lentement, et le pauvre que vous aurez soulagé mêlera votre nom dans sa prière ; il bénira la main qui aura peut-être sauvé sa fille de la faim qui tue, et de la honte qui déshonore. Malheur à vous si vous êtes sourds à sa voix. Dieu vous a dit par la bouche sacrée du Christ : Aime ton frère comme toi-même. Ne vous a-t-il pas donné la raison pour juger le bien et le mal ? Ne vous a-t-il pas donné un cœur pour compatir aux souffrances de vos semblables ? Ne sentez-vous pas qu'en étouffant votre conscience, vous étouffez la voix du progrès et de la charité ? Ne sentez-vous pas que vous ne traînez plus qu'un corps vide ; que rien ne bat plus dans vos poitrines, ce qui rend votre marche incertaine ? car vous avez fui la lumière, et vos yeux sont devenus de chair ; les ténèbres qui vous entourent vous agitent et vous font peur ; vous cherchez, mais trop tard, à sortir de cette route qui croule sous vos pieds : la crainte que vous ne pouvez définir vous rend superstitieux ; vous jouez l'homme charitable ; espérant racheter votre vie d'égoïste, vous donnez le denier que la peur vous arrache, mais Dieu sait ce qui vous fait agir : vous ne pouvez le tromper ; votre vie s'éteindra sans espérance, et vous ne pourrez la prolonger d'un seul jour ; elle s'éteindra malgré vos richesses que vos enfants convoitent d'avance, car vous leur avez donné l'exemple ; comme vous ils n'ont qu'un seul amour, celui de l'or, seul rêve de bonheur pour eux ; et lorsque cette heure de justice sonnera, il vous faudra paraître devant le juge suprême que vous aurez méconnu.
Ta fille.
La conscience
Chaque homme a en lui ce que vous appelez une voix intérieure, c'est ce que l'Esprit appelle la conscience, juge sévère qui préside à toutes les actions de votre vie. Lorsque l'homme est seul, il écoute cette conscience et se pèse à sa juste valeur ; souvent il a honte de lui-même. A ce moment il reconnaît Dieu, mais l'ignorance, fatal conseiller, le pousse et lui met le masque de l'orgueil ; il se présente à vous tout gonflé de son vide ; il cherche à vous tromper par l'aplomb qu'il se donne ; mais l'homme au cœur droit n'a pas la tête altière ; il écoute avec fruit les paroles du sage ; il sent qu'il n'est rien et que Dieu est tout. Il cherche à s'instruire dans le livre de la nature, écrit par la main du Créateur ; son Esprit s'élève et chasse de son enveloppe les passions matérielles qui trop souvent vous égarent. C'est un guide dangereux qu'une passion qui vous mène ; retiens ceci, ami : Laisse rire le sceptique, son rire s'éteindra. A son heure dernière, l'homme devient croyant. Ami, pense toujours à Dieu, lui seul ne trompe pas. Rappelle-toi qu'il n'y a qu'une route qui conduit vers lui : la foi et l'amour de ses semblables.
Ta fille.
Chaque homme a en lui ce que vous appelez une voix intérieure, c'est ce que l'Esprit appelle la conscience, juge sévère qui préside à toutes les actions de votre vie. Lorsque l'homme est seul, il écoute cette conscience et se pèse à sa juste valeur ; souvent il a honte de lui-même. A ce moment il reconnaît Dieu, mais l'ignorance, fatal conseiller, le pousse et lui met le masque de l'orgueil ; il se présente à vous tout gonflé de son vide ; il cherche à vous tromper par l'aplomb qu'il se donne ; mais l'homme au cœur droit n'a pas la tête altière ; il écoute avec fruit les paroles du sage ; il sent qu'il n'est rien et que Dieu est tout. Il cherche à s'instruire dans le livre de la nature, écrit par la main du Créateur ; son Esprit s'élève et chasse de son enveloppe les passions matérielles qui trop souvent vous égarent. C'est un guide dangereux qu'une passion qui vous mène ; retiens ceci, ami : Laisse rire le sceptique, son rire s'éteindra. A son heure dernière, l'homme devient croyant. Ami, pense toujours à Dieu, lui seul ne trompe pas. Rappelle-toi qu'il n'y a qu'une route qui conduit vers lui : la foi et l'amour de ses semblables.
Ta fille.
Le Séjour des Élus
Par Mad. Desl… Ta pensée est encore absorbée par les choses de la terre ; si tu veux nous entendre, il faut les oublier. Essayons de causer d'en haut ; que ton Esprit s'élève vers ces régions, séjour des élus du Seigneur. Vois ces mondes qui attendent tous les mortels dont la place est marquée suivant qu'ils l'auront méritée. Que de félicités pour celui qui se complaît aux choses saintes, aux grands enseignements donnés au nom de Dieu ! O hommes ! que vous êtes petits, comparés aux Esprits dégagés de la matière, et qui planent dans les espaces occupés pour la gloire du Seigneur ! Heureux ceux qui sont appelés à habiter les mondes où la matière n'est presque plus qu'un nom ; où tout est éthéré et translucide ; où les pas ne s'entendent plus. La musique céleste est le seul bruit qui parvienne aux sens si parfaits pour saisir les moindres sons, dès que ceux-ci s'appellent harmonie ! Quelle légèreté que celle de tous ces êtres aimés de Dieu ! Comme ils parcourent avec délices ces lieux enchantés devenus leur asile ! Là, plus de discordes, plus de jalousie, plus de haine ; l'amour est devenu le lien destiné à unir entre eux tous les êtres créés, et cet amour qui remplit leurs cœurs n'a pour limite que Dieu même qui est la fin, et dans lequel se résument : la foi, l'amour et la charité.
Un ami.
Autre. Par la même
Ton oubli m'affligeait ; ne me laisse plus si longtemps sans m'appeler ; je me sens disposé à causer avec toi et à te donner des conseils. Garde-toi de croire tout ce que d'autres Esprits pourraient te dire : ils t'entraîneraient peut-être dans une mauvaise voie. Sois prudente avant tout, afin que Dieu ne t'enlève pas la mission qu'il t'a chargée de remplir, savoir : d'aider à porter à la connaissance des hommes la révélation de l'existence des Esprits autour d'eux. Tous ne sont pas en état d'apprécier et de comprendre la haute portée de ces choses, dont Dieu ne permet encore la connaissance qu'aux élus. Un jour viendra où cette science, pleine de consolations et de grandeur, sera le partage de l'humanité tout entière, et où un incrédule ne se rencontrera plus. Les hommes ne pourront comprendre alors qu'une aussi palpable vérité ait pu un seul instant être mise en doute, par le plus simple des mortels. En vérité, je te le dis, il ne se passera pas un demi-siècle, avant que les yeux de tous soient dessillés et les oreilles ouvertes à cette grande vérité : que les Esprits circulent dans l'espace et occupent différents mondes, selon leur mérite aux yeux de Dieu ; que la véritable vie est dans la mort, et qu'il faut que l'homme soit plusieurs fois racheté avant d'obtenir la vie éternelle, à laquelle tous devront arriver à travers plus ou moins de siècles de souffrances, selon qu'ils auront été plus ou moins fidèles à la voix du Seigneur.
Un ami.
Par Mad. Desl… Ta pensée est encore absorbée par les choses de la terre ; si tu veux nous entendre, il faut les oublier. Essayons de causer d'en haut ; que ton Esprit s'élève vers ces régions, séjour des élus du Seigneur. Vois ces mondes qui attendent tous les mortels dont la place est marquée suivant qu'ils l'auront méritée. Que de félicités pour celui qui se complaît aux choses saintes, aux grands enseignements donnés au nom de Dieu ! O hommes ! que vous êtes petits, comparés aux Esprits dégagés de la matière, et qui planent dans les espaces occupés pour la gloire du Seigneur ! Heureux ceux qui sont appelés à habiter les mondes où la matière n'est presque plus qu'un nom ; où tout est éthéré et translucide ; où les pas ne s'entendent plus. La musique céleste est le seul bruit qui parvienne aux sens si parfaits pour saisir les moindres sons, dès que ceux-ci s'appellent harmonie ! Quelle légèreté que celle de tous ces êtres aimés de Dieu ! Comme ils parcourent avec délices ces lieux enchantés devenus leur asile ! Là, plus de discordes, plus de jalousie, plus de haine ; l'amour est devenu le lien destiné à unir entre eux tous les êtres créés, et cet amour qui remplit leurs cœurs n'a pour limite que Dieu même qui est la fin, et dans lequel se résument : la foi, l'amour et la charité.
Un ami.
Autre. Par la même
Ton oubli m'affligeait ; ne me laisse plus si longtemps sans m'appeler ; je me sens disposé à causer avec toi et à te donner des conseils. Garde-toi de croire tout ce que d'autres Esprits pourraient te dire : ils t'entraîneraient peut-être dans une mauvaise voie. Sois prudente avant tout, afin que Dieu ne t'enlève pas la mission qu'il t'a chargée de remplir, savoir : d'aider à porter à la connaissance des hommes la révélation de l'existence des Esprits autour d'eux. Tous ne sont pas en état d'apprécier et de comprendre la haute portée de ces choses, dont Dieu ne permet encore la connaissance qu'aux élus. Un jour viendra où cette science, pleine de consolations et de grandeur, sera le partage de l'humanité tout entière, et où un incrédule ne se rencontrera plus. Les hommes ne pourront comprendre alors qu'une aussi palpable vérité ait pu un seul instant être mise en doute, par le plus simple des mortels. En vérité, je te le dis, il ne se passera pas un demi-siècle, avant que les yeux de tous soient dessillés et les oreilles ouvertes à cette grande vérité : que les Esprits circulent dans l'espace et occupent différents mondes, selon leur mérite aux yeux de Dieu ; que la véritable vie est dans la mort, et qu'il faut que l'homme soit plusieurs fois racheté avant d'obtenir la vie éternelle, à laquelle tous devront arriver à travers plus ou moins de siècles de souffrances, selon qu'ils auront été plus ou moins fidèles à la voix du Seigneur.
Un ami.
L'Esprit et le Jugement
Par Mad. Netz
Par Mad. Netz
La liberté de l'homme est tout individuelle ; il est né libre, mais cette liberté fait souvent son malheur. Liberté morale, liberté physique, il a tout réuni, mais souvent c'est le discernement qui lui manque, ce que vous appelez le bon sens. Qu'un homme ait beaucoup d'esprit, et qu'il lui manque cette dernière qualité, c'est absolument comme s'il n'avait rien, car que ferait-il de son esprit, s'il ne peut pas le gouverner, s'il n'a pas l'intelligence nécessaire pour savoir se conduire, s'il croit marcher dans une bonne voie, quand il est dans le bourbier, s'il croit avoir toujours raison quand il a souvent tort ? Le discernement peut tenir lieu d'esprit, mais l'esprit ne remplacera jamais le discernement. C'est une qualité qu'il faut avoir, et si on ne l'a pas, il faut faire tous ses efforts pour l'acquérir.
Un Esprit familier.
Un Esprit familier.
L'Incrédule
Par Mme L…
Votre doctrine est belle et sainte ; le premier jalon en est planté, et solidement planté. Maintenant vous n'avez plus qu'à marcher ; la voie qui vous est ouverte est grande et majestueuse. Bienheureux est celui qui arrivera au port ; plus il aura fait de prosélytes et plus cela lui sera compté. Mais pour cela il ne faut pas embrasser la doctrine froidement ; il faut y mettre de l'ardeur, et cette ardeur sera doublée, car Dieu est toujours avec vous quand vous faites le bien. Tous ceux que vous amènerez seront autant de brebis rentrées au bercail ; pauvres brebis à moitié égarées ! Croyez bien que le plus sceptique, le plus athée, le plus incrédule enfin a toujours un tout petit coin dans le cœur qu'il voudrait se cacher à lui-même. Eh bien ! c'est ce petit coin qu'il faut chercher, qu'il faut trouver, c'est ce côté vulnérable qu'il faut attaquer ; c'est une petite brèche laissée ouverte exprès par Dieu pour faciliter à sa créature le moyen de rentrer dans son sein.
Saint Benoit.
Saint Benoit.
Le Surnaturel
Par M. Rabache, de Bordeaux
Mes enfants, votre père a bien fait d'appeler votre sérieuse attention sur les phénomènes qui se produisent dans les séances qui vous occupent depuis quelques jours. A les juger selon les instructions de certains Esprits sectaires, ignorants ou dominateurs, ces effets sont surnaturels. N'en croyez rien, mes enfants ; rien de ce qui arrive n'est surnaturel ; s'il l'était, le bon sens vous dit qu'il n'arriverait qu'en dehors de la nature, et alors vous ne le verriez pas. Pour que vos yeux ou vos sens perçoivent une chose, il faut de toute nécessité que cette chose soit naturelle. Avec quelque peu de réflexion, il n'est pas un Esprit sérieux qui puisse consentir à croire aux choses surnaturelles. Je ne veux pas dire par là qu'il n'y ait pas des choses qui paraissent telles à votre intelligence, mais la seule raison en est que vous ne les comprenez pas. Lorsque quelque fait vous semblera sortir de ce que vous croyez naturel, gardez-vous de cette paresse d'esprit qui vous induirait à croire qu'il est surnaturel ; cherchez à le comprendre ; c'est pour cela que l'intelligence vous a été donnée. A quoi vous servirait-elle si vous deviez vous contenter d'apprendre et de croire ce que vous ont enseigné vos prédécesseurs ? Il faut que chacun mette son intelligence au service du progrès, qui est l'œuvre collective de tous. Puisque vous êtes doués de la pensée, pensez ; puisque vous avez du jugement, ce n'est pas pour rien, examinez et jugez. N'acceptez les jugements tout faits qu'après les avoir passés au creuset de votre raison. Doutez longtemps si vous n'avez pas la certitude, mais ne niez jamais ce que vous ne comprenez pas. Examinez, examinez sérieusement. Le paresseux, l'inintelligent, l'indifférent seuls acceptent comme vrai ou faux tout ce qu'ils entendent affirmer ou nier. Enfin, mes enfants, faites tous vos efforts pour devenir des êtres sérieux et utiles, afin de bien remplir la mission qui vous est confiée. Il n'est jamais trop tôt de s'occuper de ce qui est bien et bon ; commencez donc de bonne heure à vous occuper des choses sérieuses ; le temps des futilités est toujours trop long : il est perdu pour votre progrès, que vous ne devez par perdre de vue un instant. Les choses de la terre ne sont rien ; elles ne servent qu'à votre passage à un autre état, qui sera d'autant plus parfait que vous l'aurez mieux préparé.
Votre grand'mère.
Par M. Rabache, de Bordeaux
Mes enfants, votre père a bien fait d'appeler votre sérieuse attention sur les phénomènes qui se produisent dans les séances qui vous occupent depuis quelques jours. A les juger selon les instructions de certains Esprits sectaires, ignorants ou dominateurs, ces effets sont surnaturels. N'en croyez rien, mes enfants ; rien de ce qui arrive n'est surnaturel ; s'il l'était, le bon sens vous dit qu'il n'arriverait qu'en dehors de la nature, et alors vous ne le verriez pas. Pour que vos yeux ou vos sens perçoivent une chose, il faut de toute nécessité que cette chose soit naturelle. Avec quelque peu de réflexion, il n'est pas un Esprit sérieux qui puisse consentir à croire aux choses surnaturelles. Je ne veux pas dire par là qu'il n'y ait pas des choses qui paraissent telles à votre intelligence, mais la seule raison en est que vous ne les comprenez pas. Lorsque quelque fait vous semblera sortir de ce que vous croyez naturel, gardez-vous de cette paresse d'esprit qui vous induirait à croire qu'il est surnaturel ; cherchez à le comprendre ; c'est pour cela que l'intelligence vous a été donnée. A quoi vous servirait-elle si vous deviez vous contenter d'apprendre et de croire ce que vous ont enseigné vos prédécesseurs ? Il faut que chacun mette son intelligence au service du progrès, qui est l'œuvre collective de tous. Puisque vous êtes doués de la pensée, pensez ; puisque vous avez du jugement, ce n'est pas pour rien, examinez et jugez. N'acceptez les jugements tout faits qu'après les avoir passés au creuset de votre raison. Doutez longtemps si vous n'avez pas la certitude, mais ne niez jamais ce que vous ne comprenez pas. Examinez, examinez sérieusement. Le paresseux, l'inintelligent, l'indifférent seuls acceptent comme vrai ou faux tout ce qu'ils entendent affirmer ou nier. Enfin, mes enfants, faites tous vos efforts pour devenir des êtres sérieux et utiles, afin de bien remplir la mission qui vous est confiée. Il n'est jamais trop tôt de s'occuper de ce qui est bien et bon ; commencez donc de bonne heure à vous occuper des choses sérieuses ; le temps des futilités est toujours trop long : il est perdu pour votre progrès, que vous ne devez par perdre de vue un instant. Les choses de la terre ne sont rien ; elles ne servent qu'à votre passage à un autre état, qui sera d'autant plus parfait que vous l'aurez mieux préparé.
Votre grand'mère.