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REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860 > Juin
Juin
Bulletin de la société parisienne des études spiritesVendredi 4 mai 1860. Séance particulière
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 17 avril.
Sur l'avis et la proposition du Comité, et après rapport verbal, la Société reçoit au nombre des associés libres :
1° M. Achille R…, employé à Paris ;
2° M. Serge de W…, de Moscou.
Communications diverses.
Communications diverses.
1° Lettre de madame P…, médium, de Rouen, qui dit que plusieurs Esprits souffrants, évoqués à la Société, sont allés la trouver spontanément pour la remercier d'avoir prié pour eux. Depuis qu'elle a recouvré sa faculté médianimique, elle n'a eu, dit-elle, affaire qu'à des Esprits malheureux. Il lui a été dit que sa mission était principalement d'aider à leur soulagement.
2° Lecture d'une dictée spontanée sur la vanité, obtenue par madame Lesc…, médium, membre de la Société, de la part de son Esprit familier. (Publiée ci-après.)
3° Lettre de M. Bénardacky, datée de Bruxelles, contenant une communication qu'il a obtenue sur la théorie de la formation de la terre par incrustation de plusieurs corps planétaires, et l'état de cataleptisation dans lequel se sont trouvés ses premiers habitants et les autres êtres vivants. Cette communication a eu lieu à propos d'un phénomène de catalepsie volontaire qui se produit, dit-on, chez quelques habitants de l'Inde et de l'intérieur de l'Afrique. Ce phénomène consiste en ce que certains individus se feraient enterrer tout vivants, moyennant une somme d'argent, et au bout de plusieurs mois, étant retirés du cercueil, reviennent à la vie.
M. Arnauld d'A…, membre de la Société, ancien ami et conseiller du feu roi d'Abyssinie, et qui a longtemps habité ces contrées, cite deux faits à sa connaissance, dont l'un a eu lieu en Angleterre et l'autre dans l'Inde, et qui semblent confirmer la possibilité de la catalepsie volontaire de courte durée ; mais il déclare n'avoir jamais connu de faits de la nature de celui dont parle M. Bénardacky. M. d'A… étant familiarisé avec la langue et les mœurs de ces pays, qu'il a observés en savant, il serait étonnant que des faits aussi extraordinaires ne fussent pas venus à sa connaissance, d'où l'on peut supposer qu'il y a eu exagération.
Etudes.
2° Lecture d'une dictée spontanée sur la vanité, obtenue par madame Lesc…, médium, membre de la Société, de la part de son Esprit familier. (Publiée ci-après.)
3° Lettre de M. Bénardacky, datée de Bruxelles, contenant une communication qu'il a obtenue sur la théorie de la formation de la terre par incrustation de plusieurs corps planétaires, et l'état de cataleptisation dans lequel se sont trouvés ses premiers habitants et les autres êtres vivants. Cette communication a eu lieu à propos d'un phénomène de catalepsie volontaire qui se produit, dit-on, chez quelques habitants de l'Inde et de l'intérieur de l'Afrique. Ce phénomène consiste en ce que certains individus se feraient enterrer tout vivants, moyennant une somme d'argent, et au bout de plusieurs mois, étant retirés du cercueil, reviennent à la vie.
M. Arnauld d'A…, membre de la Société, ancien ami et conseiller du feu roi d'Abyssinie, et qui a longtemps habité ces contrées, cite deux faits à sa connaissance, dont l'un a eu lieu en Angleterre et l'autre dans l'Inde, et qui semblent confirmer la possibilité de la catalepsie volontaire de courte durée ; mais il déclare n'avoir jamais connu de faits de la nature de celui dont parle M. Bénardacky. M. d'A… étant familiarisé avec la langue et les mœurs de ces pays, qu'il a observés en savant, il serait étonnant que des faits aussi extraordinaires ne fussent pas venus à sa connaissance, d'où l'on peut supposer qu'il y a eu exagération.
Etudes.
1° On demande si l'on peut faire une nouvelle évocation de M. Jules-Louis C…, mort à l'hôpital du Val-de-Grâce dans des conditions exceptionnelles, et déjà évoqué le 24 février. (Voir le numéro d'avril, page 97.) Cette demande est motivée par la présence d'une personne de sa famille qui lui porte un grand intérêt, et, en outre, par le désir de juger des progrès qu'il peut avoir faits depuis. - Saint Louis répond que l'Esprit préfère être appelé dans une séance intime.
2° Questions sur la théorie de la formation de la terre par incrustation, et l'état cataleptique des êtres vivants à son origine, à propos de la communication de M. Bénardacky. De nombreuses observations sont faites à ce sujet par divers membres.
3° Etude sur le phénomène, rapporté dans la dernière séance, d'un chien qui reconnaît son maître évoqué. L'Esprit de Charlet intervient spontanément dans cette question, et développe une théorie de laquelle ressort la possibilité du fait. (Publié ci-après.)
2° Questions sur la théorie de la formation de la terre par incrustation, et l'état cataleptique des êtres vivants à son origine, à propos de la communication de M. Bénardacky. De nombreuses observations sont faites à ce sujet par divers membres.
3° Etude sur le phénomène, rapporté dans la dernière séance, d'un chien qui reconnaît son maître évoqué. L'Esprit de Charlet intervient spontanément dans cette question, et développe une théorie de laquelle ressort la possibilité du fait. (Publié ci-après.)
Vendredi 11 mai 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la séance du 4 mai.
Communications diverses.
1° Lettre de M. Rabache, écrite de Liverpool, et dans laquelle il relate une communication spontanée qui lui a été faite par Adam Smith, sans qu'il l'ait provoquée ; puis l'entretien qui s'en est suivi, dans lequel les réponses étaient données en anglais, tandis que les questions étaient faites en français. Dans cet entretien Adam Smith critique le point qui lui a servi de base dans son système économique ; il dit que, s'il écrivait aujourd'hui son livre des
Sentiments moraux, il donnerait à ceux-ci pour principe : la conscience innée, ayant pour mobile spécial l'amour.
2° Seconde lettre de M. Bénardacky complétant les communications qu'il a obtenues sur la cataleptisation.
Nota. Dans une séance particulière, saint Louis, interrogé sur la valeur de ces communications, en confirme plusieurs parties, mais il ajoute, par l'entremise de M. T…, médium :
« Vous pouvez étudier ces choses, mais je vous engage à ne pas les publier encore ; il faut de bien autres documents qui vous seront donnés plus tard, et que les circonstances amèneront. En les publiant à présent vous vous exposeriez à commettre de graves erreurs sur lesquelles vous seriez obligés de revenir, ce qui serait fâcheux, et ferait beaucoup de tort au Spiritisme. Soyez donc très prudents sur ce qui touche aux théories scientifiques, car c'est là surtout que vous avez à craindre les Esprits imposteurs et faux savants. Rappelez-vous ce qui vous a si souvent été dit : les Esprits n'ont pas pour mission de vous apporter la science toute faite, qui doit être le fruit du travail et du génie de l'homme, ni de lever tous les voiles avant que le temps soit venu. Tâchez, surtout, de vous améliorer : c'est là l'essentiel ; Dieu vous tiendra plus de compte de votre bon cœur et de votre humilité que d'un savoir où la curiosité a souvent la plus grande part. C'est en pratiquant ses lois, en les pratiquant, entendez-vous bien, que vous mériterez d'être favorisés par les communications des Esprits véritablement supérieurs qui ne trompent jamais. »
On ne saurait méconnaître la profondeur et la haute sagesse de ces conseils. Ce langage, à la fois simple et sublime, empreint d'une extrême bienveillance, contraste singulièrement avec le ton hautain et tranchant ou la forfanterie des Esprits qui s'imposent.
3° Lecture d'une notice envoyée par M. de T…, contenant la description d'un monde très supérieur, dans lequel son Esprit a été transporté pendant son sommeil. Ce monde paraît avoir beaucoup d'analogie avec l'état indiqué pour Jupiter, mais à un degré encore plus élevé.
Sentiments moraux, il donnerait à ceux-ci pour principe : la conscience innée, ayant pour mobile spécial l'amour.
2° Seconde lettre de M. Bénardacky complétant les communications qu'il a obtenues sur la cataleptisation.
Nota. Dans une séance particulière, saint Louis, interrogé sur la valeur de ces communications, en confirme plusieurs parties, mais il ajoute, par l'entremise de M. T…, médium :
« Vous pouvez étudier ces choses, mais je vous engage à ne pas les publier encore ; il faut de bien autres documents qui vous seront donnés plus tard, et que les circonstances amèneront. En les publiant à présent vous vous exposeriez à commettre de graves erreurs sur lesquelles vous seriez obligés de revenir, ce qui serait fâcheux, et ferait beaucoup de tort au Spiritisme. Soyez donc très prudents sur ce qui touche aux théories scientifiques, car c'est là surtout que vous avez à craindre les Esprits imposteurs et faux savants. Rappelez-vous ce qui vous a si souvent été dit : les Esprits n'ont pas pour mission de vous apporter la science toute faite, qui doit être le fruit du travail et du génie de l'homme, ni de lever tous les voiles avant que le temps soit venu. Tâchez, surtout, de vous améliorer : c'est là l'essentiel ; Dieu vous tiendra plus de compte de votre bon cœur et de votre humilité que d'un savoir où la curiosité a souvent la plus grande part. C'est en pratiquant ses lois, en les pratiquant, entendez-vous bien, que vous mériterez d'être favorisés par les communications des Esprits véritablement supérieurs qui ne trompent jamais. »
On ne saurait méconnaître la profondeur et la haute sagesse de ces conseils. Ce langage, à la fois simple et sublime, empreint d'une extrême bienveillance, contraste singulièrement avec le ton hautain et tranchant ou la forfanterie des Esprits qui s'imposent.
3° Lecture d'une notice envoyée par M. de T…, contenant la description d'un monde très supérieur, dans lequel son Esprit a été transporté pendant son sommeil. Ce monde paraît avoir beaucoup d'analogie avec l'état indiqué pour Jupiter, mais à un degré encore plus élevé.
Etudes.
1° Deux dictées spontanées sont obtenues, l'une par madame Parisse, signée Louis ; l'autre par M. Didier, fils, signée Gérard de Nerval.
2° Questions relatives à la vision de M. T…, adressées à saint Louis. Le vague et l'incohérence des réponses accusent évidemment l'immixtion d'un Esprit trompeur.
3° Évocation d'Adam Smith, à propos de la lettre de M. Rabache. Questions sur ses opinions actuelles, comparées à celles qu'il a émises dans ses ouvrages. Il confirme ce qu'il a dit à M. Rabache, touchant l'erreur du principe qui lui a servi de base dans ses appréciations morales.
2° Questions relatives à la vision de M. T…, adressées à saint Louis. Le vague et l'incohérence des réponses accusent évidemment l'immixtion d'un Esprit trompeur.
3° Évocation d'Adam Smith, à propos de la lettre de M. Rabache. Questions sur ses opinions actuelles, comparées à celles qu'il a émises dans ses ouvrages. Il confirme ce qu'il a dit à M. Rabache, touchant l'erreur du principe qui lui a servi de base dans ses appréciations morales.
Vendredi, 18 mai 1860. Séance particulière
Lecture du procès-verbal et des travaux de la dernière séance.
Sur l'avis et la proposition du Comité, et après rapport verbal, la Société reçoit au nombre des associés libres : 1° M. B…, négociant à Paris ; 2° M. C…, négociant à Paris.
Communications diverses.
Communications diverses.
1° Lecture de la communication suivante, obtenue dans une séance particulière, à propos des travaux de la dernière séance, par madame S…, médium.
D. Pourquoi saint Louis ne s'est-il pas communiqué, vendredi dernier, par M. Didier, et a-t-il laissé parler un Esprit trompeur ? - R. Saint Louis était présent, mais il n'a pas voulu parler. D'ailleurs, n'avez-vous pas reconnu que ce n'était pas lui ? C'est l'essentiel. Vous n'êtes pas trompés, du moment que vous reconnaissez l'imposture.
D. Dans quel but n'a-t-il pas voulu parler ? - R. Tu peux le lui demander à lui-même ; il est ici.
D. Saint Louis voudrait-il nous faire connaître le motif de son abstention ? - R. Tu as été contrarié de ce qui s'est passé, mais tu dois cependant savoir que rien n'arrive sans motif. Il est souvent des choses dont vous ne comprenez pas le but ; qui vous paraissent mauvaises au premier abord, parce que vous êtes trop impatients, mais dont, plus tard, vous reconnaissez la sagesse. Sois donc tranquille, et ne t'inquiète de rien ; nous savons distinguer ceux qui sont sincères, et nous veillons sur eux.
D. Si c'est une leçon que vous avez voulu nous donner, je la concevrais quand nous sommes entre nous ; mais en présence d'étrangers, qui ont pu en recevoir une mauvaise impression, il me semble que le mal l'emporte sur le bien. - R. Tu as tort de voir les choses ainsi ; le mal n'est pas ce que tu crois, et je t'assure qu'il y a eu des personnes aux yeux desquelles cette espèce d'échec a été une preuve de bonne foi de votre part. D'ailleurs, du mal sort souvent le bien. Quand tu vois un jardinier couper de belles branches à un arbre, tu déplores la perte de la verdure, et cela te paraît un mal ; mais ces branches parasites une fois retranchées, les fruits sont plus beaux et plus savoureux : voilà le bien, et tu trouves alors que le jardinier a été sage et plus prévoyant que tu ne l'avais cru. De même encore, si l'on ampute un membre à quelqu'un de malade, la perte du membre est un mal, mais, après l'amputation, s'il se porte mieux, voilà le bien, car on lui aura peut-être sauvé la vie.
Réfléchis bien à cela, et tu le comprendras.
D. Cela est très juste ; mais comment se fait-il que, faisant appel aux bons Esprits en les priant d'écarter les imposteurs, cet appel ne soit pas entendu ? - R. Il est entendu, garde-toi d'en douter. Mais, es-tu bien sûr que cet appel soit fait du fond du cœur par tous les assistants, ou qu'il n'y ait personne qui, au moins par une pensée peu charitable et malveillante, si ce n'est par le désir, attire parmi vous de mauvais Esprits ? Voilà pourquoi nous vous disons sans cesse : Soyez unis ; soyez bons et bienveillants les uns pour les autres. Jésus a dit : Quand vous serez réunis en mon nom, je serai au milieu de vous. Croyez-vous, pour cela, qu'il suffise de prononcer son nom ? Ne le pensez pas, et soyez bien convaincus que Jésus ne va que là où il est appelé par des cœurs purs : vers ceux qui pratiquent ses préceptes, car ceux-là sont véritablement réunis en son nom ; il ne va ni vers les orgueilleux, ni vers les ambitieux, ni vers les hypocrites, ni vers ceux qui disent du mal de leur prochain ; c'est d'eux qu'il a dit : Ils n'entreront pas dans le royaume des cieux.
D. Je conçois que les bons Esprits se retirent de ceux qui n'écoutent pas leurs conseils ; mais si, parmi les assistants, il en est de mal intentionnés, est-ce une raison pour punir les autres ? - R. Je m'étonne de ton insistance ; il me semble que je me suis expliqué assez clairement pour quiconque veut comprendre. Faut-il donc te répéter de ne pas te préoccuper de ces choses, qui sont des puérilités auprès du grand édifice de la doctrine qui s'élève ? Crois-tu que ta maison va tomber parce qu'une tuile s'en détache ? Doutes-tu de notre puissance, de notre bienveillance ? Non. Eh bien ! Laisse-nous donc agir, et sois certain que toute pensée, bonne ou mauvaise, a son écho dans le sein de l'Eternel.
D. Vous n'avez rien dit au sujet de l'invocation générale que nous faisons au commencement de chaque séance ; veuillez nous dire ce que vous en pensez. - R. Vous devez toujours faire appel aux bons Esprits ; la forme, vous le savez, est insignifiante : la pensée est tout. Tu t'étonnes de ce qui s'est passé ; mais as-tu bien examiné les figures de ceux qui t'écoutent quand tu fais cette invocation ? N'as-tu pas vu, plus d'une fois, le sourire du sarcasme errer sur certaines lèvres ? Quels Esprits crois-tu que ces personnes-là vous amènent ? Des Esprits qui, comme elles, se rient des choses les plus sacrées. C'est pourquoi je vous dis aussi de ne point admettre le premier venu parmi vous, et d'éviter les curieux et ceux qui ne viennent pas pour s'instruire. Chaque chose viendra en son temps, et nul ne peut préjuger les desseins de Dieu ; je vous dis, en vérité, que ceux qui rient aujourd'hui de ces choses ne riront pas longtemps.
D. Pourquoi saint Louis ne s'est-il pas communiqué, vendredi dernier, par M. Didier, et a-t-il laissé parler un Esprit trompeur ? - R. Saint Louis était présent, mais il n'a pas voulu parler. D'ailleurs, n'avez-vous pas reconnu que ce n'était pas lui ? C'est l'essentiel. Vous n'êtes pas trompés, du moment que vous reconnaissez l'imposture.
D. Dans quel but n'a-t-il pas voulu parler ? - R. Tu peux le lui demander à lui-même ; il est ici.
D. Saint Louis voudrait-il nous faire connaître le motif de son abstention ? - R. Tu as été contrarié de ce qui s'est passé, mais tu dois cependant savoir que rien n'arrive sans motif. Il est souvent des choses dont vous ne comprenez pas le but ; qui vous paraissent mauvaises au premier abord, parce que vous êtes trop impatients, mais dont, plus tard, vous reconnaissez la sagesse. Sois donc tranquille, et ne t'inquiète de rien ; nous savons distinguer ceux qui sont sincères, et nous veillons sur eux.
D. Si c'est une leçon que vous avez voulu nous donner, je la concevrais quand nous sommes entre nous ; mais en présence d'étrangers, qui ont pu en recevoir une mauvaise impression, il me semble que le mal l'emporte sur le bien. - R. Tu as tort de voir les choses ainsi ; le mal n'est pas ce que tu crois, et je t'assure qu'il y a eu des personnes aux yeux desquelles cette espèce d'échec a été une preuve de bonne foi de votre part. D'ailleurs, du mal sort souvent le bien. Quand tu vois un jardinier couper de belles branches à un arbre, tu déplores la perte de la verdure, et cela te paraît un mal ; mais ces branches parasites une fois retranchées, les fruits sont plus beaux et plus savoureux : voilà le bien, et tu trouves alors que le jardinier a été sage et plus prévoyant que tu ne l'avais cru. De même encore, si l'on ampute un membre à quelqu'un de malade, la perte du membre est un mal, mais, après l'amputation, s'il se porte mieux, voilà le bien, car on lui aura peut-être sauvé la vie.
Réfléchis bien à cela, et tu le comprendras.
D. Cela est très juste ; mais comment se fait-il que, faisant appel aux bons Esprits en les priant d'écarter les imposteurs, cet appel ne soit pas entendu ? - R. Il est entendu, garde-toi d'en douter. Mais, es-tu bien sûr que cet appel soit fait du fond du cœur par tous les assistants, ou qu'il n'y ait personne qui, au moins par une pensée peu charitable et malveillante, si ce n'est par le désir, attire parmi vous de mauvais Esprits ? Voilà pourquoi nous vous disons sans cesse : Soyez unis ; soyez bons et bienveillants les uns pour les autres. Jésus a dit : Quand vous serez réunis en mon nom, je serai au milieu de vous. Croyez-vous, pour cela, qu'il suffise de prononcer son nom ? Ne le pensez pas, et soyez bien convaincus que Jésus ne va que là où il est appelé par des cœurs purs : vers ceux qui pratiquent ses préceptes, car ceux-là sont véritablement réunis en son nom ; il ne va ni vers les orgueilleux, ni vers les ambitieux, ni vers les hypocrites, ni vers ceux qui disent du mal de leur prochain ; c'est d'eux qu'il a dit : Ils n'entreront pas dans le royaume des cieux.
D. Je conçois que les bons Esprits se retirent de ceux qui n'écoutent pas leurs conseils ; mais si, parmi les assistants, il en est de mal intentionnés, est-ce une raison pour punir les autres ? - R. Je m'étonne de ton insistance ; il me semble que je me suis expliqué assez clairement pour quiconque veut comprendre. Faut-il donc te répéter de ne pas te préoccuper de ces choses, qui sont des puérilités auprès du grand édifice de la doctrine qui s'élève ? Crois-tu que ta maison va tomber parce qu'une tuile s'en détache ? Doutes-tu de notre puissance, de notre bienveillance ? Non. Eh bien ! Laisse-nous donc agir, et sois certain que toute pensée, bonne ou mauvaise, a son écho dans le sein de l'Eternel.
D. Vous n'avez rien dit au sujet de l'invocation générale que nous faisons au commencement de chaque séance ; veuillez nous dire ce que vous en pensez. - R. Vous devez toujours faire appel aux bons Esprits ; la forme, vous le savez, est insignifiante : la pensée est tout. Tu t'étonnes de ce qui s'est passé ; mais as-tu bien examiné les figures de ceux qui t'écoutent quand tu fais cette invocation ? N'as-tu pas vu, plus d'une fois, le sourire du sarcasme errer sur certaines lèvres ? Quels Esprits crois-tu que ces personnes-là vous amènent ? Des Esprits qui, comme elles, se rient des choses les plus sacrées. C'est pourquoi je vous dis aussi de ne point admettre le premier venu parmi vous, et d'éviter les curieux et ceux qui ne viennent pas pour s'instruire. Chaque chose viendra en son temps, et nul ne peut préjuger les desseins de Dieu ; je vous dis, en vérité, que ceux qui rient aujourd'hui de ces choses ne riront pas longtemps.
Saint Louis.
2° Note adressée par M. Jobard, de Bruxelles, sur l'évocation qu'il a faite de M. Ch. de Br…, mort depuis peu.
3° Lecture d'une communication obtenue par madame Lesc…, médium, membre de la Société, et donnant d'intéressantes explications sur l'histoire de l'Esprit et du petit chien. (Publiée ci-après.)
4° Autre dictée spontanée du même médium sur : la tristesse et le chagrin.
5° Lettre de M. B…, professeur de sciences, sur la théorie qui lui a été donnée des heures fixes auxquelles chaque Esprit peut se manifester. Cette théorie est regardée, par tout le monde sans exception, comme le résultat d'une obsession de la part d'Esprits systématiques et ignorants. L'expérience et le raisonnement démontrent surabondamment qu'elle ne mérite pas un examen sérieux.
6° Relation d'un fait curieux relatif à un portrait peint sous l'influence d'une médiumnité naturelle intuitive. M. T…, artiste peintre, avait perdu son père à un âge où il n'avait pu conserver aucun souvenir de ses traits. Il regrettait vivement, ainsi que les autres membres de sa famille, de n'avoir aucun portrait de lui. Un jour qu'il était dans son atelier, une sorte de vision lui apparaît, ou plutôt une image se trace dans son cerveau, et il se met à la reproduire sur la toile. L'exécution se fit en plusieurs séances, et chaque fois la même image se présentait à lui. La pensée lui vint que ce pouvait être son père, mais il n'en parla à personne, et quand le portrait fut achevé, il le montra à ses parents, qui tous le reconnurent sans hésiter.
Etudes.
3° Lecture d'une communication obtenue par madame Lesc…, médium, membre de la Société, et donnant d'intéressantes explications sur l'histoire de l'Esprit et du petit chien. (Publiée ci-après.)
4° Autre dictée spontanée du même médium sur : la tristesse et le chagrin.
5° Lettre de M. B…, professeur de sciences, sur la théorie qui lui a été donnée des heures fixes auxquelles chaque Esprit peut se manifester. Cette théorie est regardée, par tout le monde sans exception, comme le résultat d'une obsession de la part d'Esprits systématiques et ignorants. L'expérience et le raisonnement démontrent surabondamment qu'elle ne mérite pas un examen sérieux.
6° Relation d'un fait curieux relatif à un portrait peint sous l'influence d'une médiumnité naturelle intuitive. M. T…, artiste peintre, avait perdu son père à un âge où il n'avait pu conserver aucun souvenir de ses traits. Il regrettait vivement, ainsi que les autres membres de sa famille, de n'avoir aucun portrait de lui. Un jour qu'il était dans son atelier, une sorte de vision lui apparaît, ou plutôt une image se trace dans son cerveau, et il se met à la reproduire sur la toile. L'exécution se fit en plusieurs séances, et chaque fois la même image se présentait à lui. La pensée lui vint que ce pouvait être son père, mais il n'en parla à personne, et quand le portrait fut achevé, il le montra à ses parents, qui tous le reconnurent sans hésiter.
Etudes.
1° Quatre dictées spontanées sont obtenues simultanément : la première par mademoiselle Huet, de l'Esprit qui a commencé à écrire ses mémoires ; la deuxième par madame S…, sur la Fantaisie, d'Alfred de Musset ; la troisième par mademoiselle Stéphanie S…, d'un Esprit familier, mort il y a quelques années, et qui, de son vivant, S'appelait Gustave Lenormand. C'est un Esprit encore peu avancé, d'un caractère Jovial et spirituel, mais très bon, très serviable, et qui est regardé dans plusieurs familles, où il va très souvent, comme l'ami de la maison. Il avait dit un jour qu'il viendrait faire la chasse aux mauvais Esprits. - La quatrième de mademoiselle Parisse, signée Louis.
2° Évocation de M. B…, professeur de sciences, dont il a été parlé plus haut, vivant, et qui avait été désigné par un autre Esprit comme pouvant fournir des renseignements sur François Bayle, médecin du dix-septième siècle, dont on veut établir la biographie. Le résultat de cette évocation tend à prouver que Bayle, mort, et M. B…, vivant, ne font qu'un. Ce dernier fournit, en effet, les renseignements désirés, et donne plusieurs explications du plus haut intérêt. (Sera publiée.)
Vendredi 25 mai 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la dernière séance.
Communications diverses.
2° Évocation de M. B…, professeur de sciences, dont il a été parlé plus haut, vivant, et qui avait été désigné par un autre Esprit comme pouvant fournir des renseignements sur François Bayle, médecin du dix-septième siècle, dont on veut établir la biographie. Le résultat de cette évocation tend à prouver que Bayle, mort, et M. B…, vivant, ne font qu'un. Ce dernier fournit, en effet, les renseignements désirés, et donne plusieurs explications du plus haut intérêt. (Sera publiée.)
Vendredi 25 mai 1860. Séance générale
Lecture du procès-verbal et des travaux de la dernière séance.
Communications diverses.
1° Lettre de M. le docteur Morhéry, contenant une appréciation, au point de vue scientifique, de la médication employée, sous sa direction, par mademoiselle Désirée Godu. (Publiée ci-après.)
2° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, médium, sur la misère humaine.
3° Lecture d'une série de communications très remarquables faites en séances particulières par divers membres de la famille russe W… (Seront publiées.)
4° Lecture de l'évocation faite en séance particulière de madame Duret, médium, morte à Sétif (Algérie) le 1° mai. Elle renferme d'importantes appréciations sur les médiums.
2° Lecture d'une dictée spontanée obtenue par madame Lesc…, médium, sur la misère humaine.
3° Lecture d'une série de communications très remarquables faites en séances particulières par divers membres de la famille russe W… (Seront publiées.)
4° Lecture de l'évocation faite en séance particulière de madame Duret, médium, morte à Sétif (Algérie) le 1° mai. Elle renferme d'importantes appréciations sur les médiums.
Etudes.
1° Évocation de madame Duret : suite de ses communications.
2° Évocation de Charles de Saint-G…, idiot, âgé de treize ans ; elle donne de curieuses révélations sur l'état de cet Esprit avant et pendant son incarnation. (Publiée ci-après.)
3° Etude sur M. V…, officier de marine, vivant, qui a conservé le souvenir précis de son existence et de sa mort à l'époque de la Saint-Barthélemy. (Sera publiée.)
2° Évocation de Charles de Saint-G…, idiot, âgé de treize ans ; elle donne de curieuses révélations sur l'état de cet Esprit avant et pendant son incarnation. (Publiée ci-après.)
3° Etude sur M. V…, officier de marine, vivant, qui a conservé le souvenir précis de son existence et de sa mort à l'époque de la Saint-Barthélemy. (Sera publiée.)
Le Spiritisme en Angleterre
Le Spiritisme a rencontré en Angleterre, dans le principe, une opposition dont on s'est étonné avec raison. Ce n'est pas qu'il n'y trouvât des partisans isolés, comme partout, mais ses progrès y ont été infiniment moins rapides qu'en France. Est-ce que, comme quelques-uns l'ont prétendu, les Anglais plus froids, plus positifs, moins enthousiastes que nous, se laissent moins aller à leur imagination ; qu'ils sont moins portés au merveilleux ? S'il en était ainsi, on devrait s'étonner, à bien plus forte raison, qu'il ait eu son principal foyer aux Etats-Unis, où le positivisme des intérêts matériels règne en souverain absolu. N'eût-il pas été plus rationnel qu'il fût sorti de l'Allemagne, tandis que la Russie, sous ce rapport, semble devoir devancer la terre classique des légendes ? L'opposition que le Spiritisme a rencontrée en Angleterre ne tient nullement au caractère national, mais à l'influence des idées religieuses de certaines sectes prépondérantes, rigoureusement attachées à la lettre plus qu'à l'esprit de leurs dogmes ; elles se sont émues d'une doctrine qui, au premier abord, leur a semblé contraire à leurs croyances ; mais il ne pouvait en être longtemps ainsi chez un peuple réfléchi, éclairé, et où le libre examen n'éprouve aucune entrave, où le droit de réunion pour discuter est absolu. Devant l'évidence des faits, il fallait bien se rendre ; or, c'est précisément parce que les Anglais les ont jugés froidement et sans enthousiasme, qu'ils les ont appréciés et en ont compris toute la portée. Lorsque ensuite, d'une observation sérieuse est sortie pour eux cette vérité capitale que les idées spirites ont leur source dans les idées chrétiennes, que loin de se contredire elles se corroborent, se confirment, s'expliquent les unes par les autres, toute satisfaction a été donnée au scrupule religieux ; la conscience rassurée, rien ne s'est plus opposé au progrès des idées nouvelles, qui se propagent dans ce pays avec une étonnante rapidité. Or, là comme ailleurs, c'est encore dans la partie éclairée de la population qu'elles trouvent leurs plus nombreux et leurs plus zélés partisans ; argument péremptoire auquel on n'a encore rien opposé. Les médiums s'y multiplient ; de nombreux centres s'établissent, auxquels s'associent des membres du haut clergé qui proclament ouvertement leurs convictions. Les adversaires diront-ils que la fièvre du merveilleux a triomphé du flegme anglais ? Quoi qu'il en soit, il est un fait notoire, c'est que leurs rangs s'éclaircissent tous les jours, en dépit de leurs sarcasmes.
Le développement des idées spirites en Angleterre ne pouvait manquer d'y donner naissance à des publications spéciales. Elles y ont maintenant un organe dans un recueil mensuel fort intéressant, qui se publie à Londres, depuis le 1° mai dernier, sous le titre de the Spiritual Magazine, auquel nous empruntons le récit suivant:
Le développement des idées spirites en Angleterre ne pouvait manquer d'y donner naissance à des publications spéciales. Elles y ont maintenant un organe dans un recueil mensuel fort intéressant, qui se publie à Londres, depuis le 1° mai dernier, sous le titre de the Spiritual Magazine, auquel nous empruntons le récit suivant:
Un Esprit parleur.
Etant,
il y a quelques semaines, à Worcester, j'ai rencontré par hasard, chez
un banquier de cette ville, une dame dont je fis la connaissance, et, de
sa propre bouche, j'ai entendu une histoire tellement surprenante,
qu'il me fallut plus qu'un témoignage ordinaire pour y ajouter foi.
Quand j'interrogeai notre hôte sur cette dame, il me dit qu'il la
connaissait depuis plus de trente ans. « Elle est tellement véridique,
ajouta-t-il, sa droiture est si bien connue de tout le monde, que je
n'ai pas le moindre doute sur la réalité de ce qu'elle a raconté. C'est
une femme d'une réputation sans tache, de mœurs irréprochables,
possédant un esprit fort et intelligent et une instruction variée. » Il
considérait donc comme impossible qu'elle cherchât à tromper les autres,
ou qu'elle se trompât elle-même. Il lui avait souvent entendu raconter
cette histoire, et toujours d'une manière claire et précise, de sorte
qu'il était extrêmement embarrassé ; il lui répugnait d'admettre de
pareils faits, et, d'un autre côté, il n'osait pas mettre en doute la
bonne foi de la personne.
Mes propres observations tendaient à confirmer tout ce qu'on m'avait dit de la dame en question. Il y avait dans son air, dans ses manières, même dans le son de sa voix, ce je ne sais quoi qui trompe rarement, et qui porte en soi-même la conviction de la vérité. Il m'était donc impossible de ne pas la croire sincère, d'autant plus qu'elle semblait parler de ces choses avec une répugnance évidente. Le banquier m'avait dit qu'il était très difficile de la faire parler sur ce sujet, car, en général, elle trouvait des auditeurs plus disposés à rire qu'à croire. Ajoutez à cela que ni la dame ni le banquier ne connaissaient le Spiritisme ou en avaient à peine entendu parler.
Voici le récit de cette dame :
« Vers l'année 1820, ayant quitté notre maison de Suffolk, nous allâmes habiter la ville de ***, port de mer, en France. Notre famille se composait de mon père, de ma mère, une sœur, un jeune frère d'environ douze ans, de moi et d'un domestique anglais. Notre maison était située dans un endroit très retiré, un peu en dehors de la ville, au beau milieu de la plage ; il n'y avait pas d'autre maison ni aucune espèce de bâtiment dans le voisinage.
« Un soir mon père vit, à quelques yards seulement de la porte, un homme enveloppé dans un grand manteau et assis sur un fragment de rocher. Mon père s'approcha de lui pour lui dire bonsoir, mais, ne recevant pas de réponse, il rebroussa chemin. Avant de rentrer, pourtant, il eut l'idée de se retourner, et à son grand étonnement il ne vit plus personne. Il fut encore plus surpris quand, après s'être approché de nouveau, et avoir bien examiné tout autour du rocher, il ne vit pas la moindre trace de l'individu qui y était assis un instant auparavant, et aucun abri n'existait où il aurait pu se cacher. Quand mon père rentra dans le salon, il nous dit : « Mes enfants, je viens de voir une apparition. » Comme on peut le croire, nous nous mîmes tous à rire aux éclats.
« Cependant cette nuit-là, et plusieurs nuits de suite, nous entendîmes des bruits étranges dans divers endroits de la maison ; c'étaient tantôt des gémissements qui partaient de dessous nos fenêtres, tantôt il semblait qu'on grattait sur les fenêtres mêmes, et, dans d'autres moments, on aurait dit que plusieurs personnes grimpaient sur le toit. Nous ouvrîmes nos fenêtres à plusieurs reprises, demandant à haute voix : « Qui est là ? » mais sans obtenir de réponse.
« Au bout de quelques jours, les bruits se firent entendre dans la chambre même où ma sœur et moi nous couchions (elle avait vingt ans et moi dix-huit). Nous éveillâmes toute la maison, mais on ne voulut pas nous écouter ; on nous fit des reproches et l'on nous traita de folles. Les bruits consistaient ordinairement en coups frappés : quelquefois il y en avait 20 ou 30 dans une minute, d'autres fois il s'écoulait une minute entre chaque coup.
« A la fin, les bruits du dehors et du dedans furent également entendus de nos parents, et ils furent bien forcés d'admettre que l'imagination n'y était pour rien. Alors on se rappela le fait de l'apparition ; mais, en somme, nous n'étions pas trop effrayés, et nous finîmes par nous habituer à tout ce tapage.
« Une nuit, pendant que l'on frappait comme d'habitude, il me vint à la pensée de dire : « Si tu es un Esprit, frappe six coups. » Immédiatement j'entendis frapper les six coups très distinctement. Avec le temps ces bruits nous devinrent tellement familiers que non-seulement nous n'en avions aucune frayeur, mais qu'ils cessèrent même de nous être désagréables.
« A présent, je vais vous raconter la partie la plus curieuse de cette histoire, et j'hésiterais à vous la communiquer, si tous les membres de ma famille n'avaient été témoins de ce que j'avance. Mon frère, alors enfant, mais qui est maintenant un homme très distingué dans sa profession, pourra, au besoin, vous en confirmer tous les détails.
« Outre les coups frappés dans notre chambre à coucher, nous commencions à entendre, dans le salon principalement, comme une voix humaine. La première fois que nous l'entendîmes, ma sœur était au piano ; nous chantions une romance, et voilà que l'Esprit se met à chanter avec nous. On peut se figurer notre étonnement. Il n'y avait pas moyen de douter de la réalité du fait, car peu après la voix commença à nous parler d'une manière claire et intelligible, se mêlant de temps à autre à notre conversation. La voix était basse, les tons lents, solennels et très distincts : l'Esprit nous parlait toujours en français. Il nous dit qu'il se nommait Gaspard, mais quand nous voulions l'interroger sur son histoire personnelle, il ne répondait pas ; il n'a jamais voulu dire non plus le motif qui l'avait porté à se mettre en rapport avec nous. Nous avions généralement la pensée qu'il était Espagnol ; je ne puis pourtant pas me rappeler d'où nous était venue cette idée-là. Il appelait chaque membre de la famille par son nom de baptême ; quelquefois il nous récitait des vers, et cherchait constamment à nous inculquer des sentiments de moralité chrétienne, mais sans jamais toucher aux questions du dogme. Il semblait désireux de nous faire comprendre ce qu'il y a de grand dans la vertu, ce qu'il y a de beau dans l'harmonie qui règne entre les membres d'une même famille. Une fois que ma sœur et moi nous avions une légère dispute, nous entendîmes la voix nous dire : « M… a tort ; S… a raison. » Du moment qu'il se fit connaître, il fut constamment occupé à nous donner de bons conseils. Une fois mon père était très inquiet au sujet de certains documents qu'il craignait d'avoir perdus, et qu'il était très désireux de retrouver, Gaspard lui dit où ils étaient dans notre vieille maison de Suffolk ; on chercha, et à l'endroit même qu'il avait indiqué on trouva les papiers.
« Les choses continuèrent à se passer ainsi pendant plus de trois ans ; toutes les personnes de la famille, sans excepter les domestiques, avaient entendu la voix. La présence de l'Esprit, car nous ne doutions guère de sa présence, était toujours un grand bonheur pour nous tous ; nous le regardions à la fois comme notre compagnon et notre protecteur. Un jour il nous dit : « Pendant quelques mois je ne serai plus avec vous. » En effet, ses visites cessèrent pendant plusieurs mois ; un soir, nous entendîmes cette voix si bien connue de nous, nous dire : « Me voilà encore parmi vous. » Il serait difficile de peindre notre joie.
« Jusqu'ici, on l'avait toujours entendu, mais on ne le voyait pas. Un soir mon frère dit : « Gaspard, j'aimerais bien à vous voir, » et la voix répondit : « Je vous contenterai ; vous me verrez, si vous voulez aller jusqu'à l'autre côté de la place. » Mon frère nous quitta, mais il revint bientôt en disant : « J'ai vu Gaspard ; il portait un grand manteau et un chapeau à larges bords ; j'ai regardé sous son chapeau, et il m'a souri. - Oui, dit la voix, se mêlant à la conversation, c'était moi. »
La manière dont il nous quitta tout à fait nous fut très sensible. Nous retournâmes à Suffolk, et là, comme en France, pendant plusieurs semaines après notre arrivée, Gaspard continua ses causeries avec nous.
« Un soir il nous dit : « Je vais vous quitter pour toujours, il vous arriverait du malheur si je restais auprès de vous dans ce pays-ci, où nos communications seraient mal comprises et mal interprétées. »
« Depuis ce moment, ajouta la dame, avec un accent de tristesse, comme quand on parle d'un être aimé que la mort nous a enlevé, nous n'entendîmes plus la voix de Gaspard. »
Voilà les faits tels qu'on me les a racontés. Tout cela me fait réfléchir, et peut faire également réfléchir vos lecteurs. Je ne prétends donner aucune explication, aucune opinion ; je dirai seulement que j'ai une confiance entière dans la bonne foi de la personne de qui je les tiens, et je signe de mon nom, en garantie de l'exactitude de ma narration.
S. C. Hall.
Mes propres observations tendaient à confirmer tout ce qu'on m'avait dit de la dame en question. Il y avait dans son air, dans ses manières, même dans le son de sa voix, ce je ne sais quoi qui trompe rarement, et qui porte en soi-même la conviction de la vérité. Il m'était donc impossible de ne pas la croire sincère, d'autant plus qu'elle semblait parler de ces choses avec une répugnance évidente. Le banquier m'avait dit qu'il était très difficile de la faire parler sur ce sujet, car, en général, elle trouvait des auditeurs plus disposés à rire qu'à croire. Ajoutez à cela que ni la dame ni le banquier ne connaissaient le Spiritisme ou en avaient à peine entendu parler.
Voici le récit de cette dame :
« Vers l'année 1820, ayant quitté notre maison de Suffolk, nous allâmes habiter la ville de ***, port de mer, en France. Notre famille se composait de mon père, de ma mère, une sœur, un jeune frère d'environ douze ans, de moi et d'un domestique anglais. Notre maison était située dans un endroit très retiré, un peu en dehors de la ville, au beau milieu de la plage ; il n'y avait pas d'autre maison ni aucune espèce de bâtiment dans le voisinage.
« Un soir mon père vit, à quelques yards seulement de la porte, un homme enveloppé dans un grand manteau et assis sur un fragment de rocher. Mon père s'approcha de lui pour lui dire bonsoir, mais, ne recevant pas de réponse, il rebroussa chemin. Avant de rentrer, pourtant, il eut l'idée de se retourner, et à son grand étonnement il ne vit plus personne. Il fut encore plus surpris quand, après s'être approché de nouveau, et avoir bien examiné tout autour du rocher, il ne vit pas la moindre trace de l'individu qui y était assis un instant auparavant, et aucun abri n'existait où il aurait pu se cacher. Quand mon père rentra dans le salon, il nous dit : « Mes enfants, je viens de voir une apparition. » Comme on peut le croire, nous nous mîmes tous à rire aux éclats.
« Cependant cette nuit-là, et plusieurs nuits de suite, nous entendîmes des bruits étranges dans divers endroits de la maison ; c'étaient tantôt des gémissements qui partaient de dessous nos fenêtres, tantôt il semblait qu'on grattait sur les fenêtres mêmes, et, dans d'autres moments, on aurait dit que plusieurs personnes grimpaient sur le toit. Nous ouvrîmes nos fenêtres à plusieurs reprises, demandant à haute voix : « Qui est là ? » mais sans obtenir de réponse.
« Au bout de quelques jours, les bruits se firent entendre dans la chambre même où ma sœur et moi nous couchions (elle avait vingt ans et moi dix-huit). Nous éveillâmes toute la maison, mais on ne voulut pas nous écouter ; on nous fit des reproches et l'on nous traita de folles. Les bruits consistaient ordinairement en coups frappés : quelquefois il y en avait 20 ou 30 dans une minute, d'autres fois il s'écoulait une minute entre chaque coup.
« A la fin, les bruits du dehors et du dedans furent également entendus de nos parents, et ils furent bien forcés d'admettre que l'imagination n'y était pour rien. Alors on se rappela le fait de l'apparition ; mais, en somme, nous n'étions pas trop effrayés, et nous finîmes par nous habituer à tout ce tapage.
« Une nuit, pendant que l'on frappait comme d'habitude, il me vint à la pensée de dire : « Si tu es un Esprit, frappe six coups. » Immédiatement j'entendis frapper les six coups très distinctement. Avec le temps ces bruits nous devinrent tellement familiers que non-seulement nous n'en avions aucune frayeur, mais qu'ils cessèrent même de nous être désagréables.
« A présent, je vais vous raconter la partie la plus curieuse de cette histoire, et j'hésiterais à vous la communiquer, si tous les membres de ma famille n'avaient été témoins de ce que j'avance. Mon frère, alors enfant, mais qui est maintenant un homme très distingué dans sa profession, pourra, au besoin, vous en confirmer tous les détails.
« Outre les coups frappés dans notre chambre à coucher, nous commencions à entendre, dans le salon principalement, comme une voix humaine. La première fois que nous l'entendîmes, ma sœur était au piano ; nous chantions une romance, et voilà que l'Esprit se met à chanter avec nous. On peut se figurer notre étonnement. Il n'y avait pas moyen de douter de la réalité du fait, car peu après la voix commença à nous parler d'une manière claire et intelligible, se mêlant de temps à autre à notre conversation. La voix était basse, les tons lents, solennels et très distincts : l'Esprit nous parlait toujours en français. Il nous dit qu'il se nommait Gaspard, mais quand nous voulions l'interroger sur son histoire personnelle, il ne répondait pas ; il n'a jamais voulu dire non plus le motif qui l'avait porté à se mettre en rapport avec nous. Nous avions généralement la pensée qu'il était Espagnol ; je ne puis pourtant pas me rappeler d'où nous était venue cette idée-là. Il appelait chaque membre de la famille par son nom de baptême ; quelquefois il nous récitait des vers, et cherchait constamment à nous inculquer des sentiments de moralité chrétienne, mais sans jamais toucher aux questions du dogme. Il semblait désireux de nous faire comprendre ce qu'il y a de grand dans la vertu, ce qu'il y a de beau dans l'harmonie qui règne entre les membres d'une même famille. Une fois que ma sœur et moi nous avions une légère dispute, nous entendîmes la voix nous dire : « M… a tort ; S… a raison. » Du moment qu'il se fit connaître, il fut constamment occupé à nous donner de bons conseils. Une fois mon père était très inquiet au sujet de certains documents qu'il craignait d'avoir perdus, et qu'il était très désireux de retrouver, Gaspard lui dit où ils étaient dans notre vieille maison de Suffolk ; on chercha, et à l'endroit même qu'il avait indiqué on trouva les papiers.
« Les choses continuèrent à se passer ainsi pendant plus de trois ans ; toutes les personnes de la famille, sans excepter les domestiques, avaient entendu la voix. La présence de l'Esprit, car nous ne doutions guère de sa présence, était toujours un grand bonheur pour nous tous ; nous le regardions à la fois comme notre compagnon et notre protecteur. Un jour il nous dit : « Pendant quelques mois je ne serai plus avec vous. » En effet, ses visites cessèrent pendant plusieurs mois ; un soir, nous entendîmes cette voix si bien connue de nous, nous dire : « Me voilà encore parmi vous. » Il serait difficile de peindre notre joie.
« Jusqu'ici, on l'avait toujours entendu, mais on ne le voyait pas. Un soir mon frère dit : « Gaspard, j'aimerais bien à vous voir, » et la voix répondit : « Je vous contenterai ; vous me verrez, si vous voulez aller jusqu'à l'autre côté de la place. » Mon frère nous quitta, mais il revint bientôt en disant : « J'ai vu Gaspard ; il portait un grand manteau et un chapeau à larges bords ; j'ai regardé sous son chapeau, et il m'a souri. - Oui, dit la voix, se mêlant à la conversation, c'était moi. »
La manière dont il nous quitta tout à fait nous fut très sensible. Nous retournâmes à Suffolk, et là, comme en France, pendant plusieurs semaines après notre arrivée, Gaspard continua ses causeries avec nous.
« Un soir il nous dit : « Je vais vous quitter pour toujours, il vous arriverait du malheur si je restais auprès de vous dans ce pays-ci, où nos communications seraient mal comprises et mal interprétées. »
« Depuis ce moment, ajouta la dame, avec un accent de tristesse, comme quand on parle d'un être aimé que la mort nous a enlevé, nous n'entendîmes plus la voix de Gaspard. »
Voilà les faits tels qu'on me les a racontés. Tout cela me fait réfléchir, et peut faire également réfléchir vos lecteurs. Je ne prétends donner aucune explication, aucune opinion ; je dirai seulement que j'ai une confiance entière dans la bonne foi de la personne de qui je les tiens, et je signe de mon nom, en garantie de l'exactitude de ma narration.
S. C. Hall.
L'Esprit et le petit Chien
Société, 4 mai 1860. Méd., M. Didier
M. G. G…, de Marseille, nous transmet le fait suivant :
« Un jeune homme mourut il y a huit mois, et sa famille, dans laquelle se trouvent trois sœurs médiums, l'évoque presque journellement à l'aide d'une corbeille. Chaque fois que l'Esprit est appelé, un petit chien, qu'il avait beaucoup aimé, saute sur la table et vient flairer la corbeille en poussant de petits gémissements. La première fois que cela arriva la corbeille écrivit : « Mon brave petit chien qui me reconnaît. »
« Je n'ai pas vu le fait, mais les personnes de qui je le tiens en ont souvent été témoins, et sont trop bons Spirites et trop sérieuses pour qu'il me soit permis de révoquer en doute leur véracité. Je me suis demandé si le périsprit conserverait assez de particules matérielles pour affecter l'odorat du chien, ou si le chien serait doué de la faculté de voir les Esprits ; c'est un problème qu'il me semblerait utile d'approfondir, si toutefois il n'est pas déjà résolu. »
1° Évocation de M. ***, mort il y a huit mois, et dont il vient d'être question. - R. Je suis là.
2. Confirmez-vous le fait relatif à votre chien qui vient flairer la corbeille servant à vos évocations, et qui paraît vous reconnaître ? - R. Oui.
3. Pourriez-vous nous dire quelle est la cause qui attire le chien vers la corbeille ? - R. L'extrême finesse des sens peut faire deviner la présence de l'Esprit, le voir même.
4. Le chien vous voit-il ou vous sent-il ? - R. L'odorat surtout, et le fluide magnétique.
Charlet.« Je n'ai pas vu le fait, mais les personnes de qui je le tiens en ont souvent été témoins, et sont trop bons Spirites et trop sérieuses pour qu'il me soit permis de révoquer en doute leur véracité. Je me suis demandé si le périsprit conserverait assez de particules matérielles pour affecter l'odorat du chien, ou si le chien serait doué de la faculté de voir les Esprits ; c'est un problème qu'il me semblerait utile d'approfondir, si toutefois il n'est pas déjà résolu. »
1° Évocation de M. ***, mort il y a huit mois, et dont il vient d'être question. - R. Je suis là.
2. Confirmez-vous le fait relatif à votre chien qui vient flairer la corbeille servant à vos évocations, et qui paraît vous reconnaître ? - R. Oui.
3. Pourriez-vous nous dire quelle est la cause qui attire le chien vers la corbeille ? - R. L'extrême finesse des sens peut faire deviner la présence de l'Esprit, le voir même.
4. Le chien vous voit-il ou vous sent-il ? - R. L'odorat surtout, et le fluide magnétique.
Remarque. Charlet, le peintre, a fait à la Société une série de dictées fort remarquables sur les animaux, et que nous publierons prochainement ; c'est sans doute à ce titre qu'il est intervenu spontanément dans la présente évocation.
5. Puisque Charlet veut bien intervenir dans la question qui nous occupe, nous le prions de nous donner quelques explications à ce sujet. - R. Volontiers. Le fait est parfaitement vraisemblable, et par conséquent naturel. Je parle en général, car je n'ai pas connaissance de celui dont il s'agit. Le chien est doué d'une organisation toute particulière ; il comprend l'homme, c'est tout dire ; il le sent, le suit dans toutes ses actions avec la curiosité d'un enfant ; il l'aime, qui plus est, au point, - et l'on a assez d'exemples pour confirmer ce que j'avance, - au point, dis-je, de se dévouer pour lui. Le chien doit être, je n'en suis pas sûr, entendez-vous bien, mais le chien doit être un de ces animaux venus d'un monde déjà avancé pour soutenir l'homme dans sa peine, le servir, le garder. Je viens de parler des qualités morales que le chien possède en lui-même positivement. Quant à ses facultés sensitives, elles sont extrêmement fines ; tous les chasseurs connaissent la subtilité de l'odorat du chien ; outre cette qualité, le chien comprend presque toutes les actions de l'homme ; il comprend l'importance de sa mort ; pourquoi ne devinerait-il pas son âme, et pourquoi même ne la verrait-il pas ? Charlet.
Le lendemain, madame Lesc…, médium, membre de la Société, obtint en particulier l'explication suivante sur le même sujet.
« Le fait qu'on a cité à la Société est vrai, quoique le périsprit dégagé du corps n'ait aucune de ses émanations. Le chien flairait la présence de son maître ; quand je dis flairer, j'entends que ses organes percevaient sans que ses yeux vissent, sans que son nez sentît ; mais tout son être était averti de la présence du maître, et cet avertissement lui était surtout donné par la volonté qui se dégageait de l'Esprit de celles qui évoquaient le mort. La volonté humaine frappe et avertit l'instinct des animaux, surtout celui des chiens, avant qu'aucun signe extérieur ne l'ait révélée. Le chien est mis, par sa fibre nerveuse, en rapport direct avec nous, Esprits, presque autant qu'avec vous autres hommes ; il perçoit les apparitions ; il se rend compte de la différence qui existe entre elles et les choses réelles ou terrestres, et il en a une grande terreur. Le chien hurle à la lune, selon l'expression vulgaire ; il hurle aussi lorsqu'il sent venir la mort. Dans ces deux cas, et dans bien d'autres encore, le chien est intuitif. J'ajouterai que son organe visuel est moins développé que son organe perceptif : il voit moins qu'il ne sent ; le fluide électrique le pénètre presque habituellement. Le fait qui m'a servi de point de départ n'a donc rien d'étonnant, car, au moment du dégagement de la volonté qui appelait son maître, le chien sentait sa présence presque aussi vite que l'Esprit lui-même entendait et répondait à l'appel qui lui était fait. »
Georges (Esprit familier.)5. Puisque Charlet veut bien intervenir dans la question qui nous occupe, nous le prions de nous donner quelques explications à ce sujet. - R. Volontiers. Le fait est parfaitement vraisemblable, et par conséquent naturel. Je parle en général, car je n'ai pas connaissance de celui dont il s'agit. Le chien est doué d'une organisation toute particulière ; il comprend l'homme, c'est tout dire ; il le sent, le suit dans toutes ses actions avec la curiosité d'un enfant ; il l'aime, qui plus est, au point, - et l'on a assez d'exemples pour confirmer ce que j'avance, - au point, dis-je, de se dévouer pour lui. Le chien doit être, je n'en suis pas sûr, entendez-vous bien, mais le chien doit être un de ces animaux venus d'un monde déjà avancé pour soutenir l'homme dans sa peine, le servir, le garder. Je viens de parler des qualités morales que le chien possède en lui-même positivement. Quant à ses facultés sensitives, elles sont extrêmement fines ; tous les chasseurs connaissent la subtilité de l'odorat du chien ; outre cette qualité, le chien comprend presque toutes les actions de l'homme ; il comprend l'importance de sa mort ; pourquoi ne devinerait-il pas son âme, et pourquoi même ne la verrait-il pas ? Charlet.
Le lendemain, madame Lesc…, médium, membre de la Société, obtint en particulier l'explication suivante sur le même sujet.
« Le fait qu'on a cité à la Société est vrai, quoique le périsprit dégagé du corps n'ait aucune de ses émanations. Le chien flairait la présence de son maître ; quand je dis flairer, j'entends que ses organes percevaient sans que ses yeux vissent, sans que son nez sentît ; mais tout son être était averti de la présence du maître, et cet avertissement lui était surtout donné par la volonté qui se dégageait de l'Esprit de celles qui évoquaient le mort. La volonté humaine frappe et avertit l'instinct des animaux, surtout celui des chiens, avant qu'aucun signe extérieur ne l'ait révélée. Le chien est mis, par sa fibre nerveuse, en rapport direct avec nous, Esprits, presque autant qu'avec vous autres hommes ; il perçoit les apparitions ; il se rend compte de la différence qui existe entre elles et les choses réelles ou terrestres, et il en a une grande terreur. Le chien hurle à la lune, selon l'expression vulgaire ; il hurle aussi lorsqu'il sent venir la mort. Dans ces deux cas, et dans bien d'autres encore, le chien est intuitif. J'ajouterai que son organe visuel est moins développé que son organe perceptif : il voit moins qu'il ne sent ; le fluide électrique le pénètre presque habituellement. Le fait qui m'a servi de point de départ n'a donc rien d'étonnant, car, au moment du dégagement de la volonté qui appelait son maître, le chien sentait sa présence presque aussi vite que l'Esprit lui-même entendait et répondait à l'appel qui lui était fait. »
L'Esprit d'un idiot
Société, 25 mai 1860 Charles de Saint-G…, est un jeune idiot âgé de treize ans, vivant, et dont les facultés intellectuelles sont d'une telle nullité qu'il ne reconnaît pas ses parents, et peut à peine prendre lui-même sa nourriture. Il y a chez lui arrêt complet de développement dans tout le système organique. On avait pensé qu'il pouvait y avoir là un intéressant sujet d'étude psychologique.
1° (A saint Louis.) Voudriez-vous nous dire si nous pouvons faire l'évocation de l'Esprit de cet enfant ? - R. Vous pouvez l'évoquer comme si vous évoquiez l'Esprit d'un mort.
2. Votre réponse nous ferait supposer que l'évocation pourrait se faire à tout moment quelconque. - R. Oui ; son âme tient à son corps par des liens matériels, mais non par des liens spirituels ; elle peut toujours se dégager.
3. Évocation de Ch. de Saint-G… - R. Je suis un pauvre Esprit attaché à la terre comme un oiseau par une patte.
4. Dans votre état actuel, comme Esprit, avez-vous la conscience de votre nullité en ce monde ? - R. Certainement ; je sens bien ma captivité.
5. Quand votre corps dort, et que votre Esprit se dégage, avez-vous les idées aussi lucides que si vous étiez dans un état normal ? - R. Quand mon malheureux corps repose, je suis un peu plus libre de m'élever vers le ciel où j'aspire.
6. Eprouvez-vous, comme Esprit, un sentiment pénible de votre état corporel ? - R. Oui, puisque c'est une punition.
7. Vous rappelez-vous votre existence précédente ? - R. Oh ! oui ; elle est la cause de mon exil d'à présent.
8. Quelle était cette existence ? - R. Un jeune libertin sous Henri III.
9. Vous dites que votre condition actuelle est une punition ; vous ne l'avez donc pas choisie ? - R. Non.
10. Comment votre existence actuelle peut-elle servir à votre avancement, dans l'état de nullité où vous êtes ? - R. Elle n'est pas nulle pour moi devant Dieu qui me l'a imposée.
11. Prévoyez-vous la durée de votre existence actuelle ? - R. Non ; encore quelques années, et je rentrerai dans ma patrie.
12. Depuis votre précédente existence jusqu'à votre incarnation actuelle, qu'avez-vous fait comme Esprit ? - R. C'est parce que j'étais un Esprit léger que Dieu m'a emprisonné.
13. Dans votre état de veille avez-vous conscience de ce qui se passe autour de vous, et cela malgré l'imperfection de vos organes ? - R. Je vois, j'entends, mais mon corps ne comprend ni ne voit rien.
14. Pouvons-nous faire quelque chose qui vous soit utile ? - R. Rien.
15. (A saint Louis.) Les prières pour un Esprit réincarné peuvent-elles avoir la même efficacité que pour un Esprit errant ? - R. Les prières sont toujours bonnes et agréables à Dieu ; dans la position de ce pauvre Esprit elles ne peuvent lui servir à rien ; elles lui serviront plus tard, car Dieu les met en réserve.
Remarque. - Personne ne méconnaîtra le haut enseignement moral qui ressort de cette évocation. Elle confirme en outre ce qui a toujours été dit sur les idiots. Leur nullité morale ne tient point à la nullité de leur Esprit qui, abstraction faite des organes, jouit de toutes ses facultés. L'imperfection des organes n'est qu'un obstacle à la libre manifestation des facultés ; elle ne les annihile point. C'est le cas d'un homme vigoureux dont les membres seraient comprimés par des liens. On sait que, dans certaines contrées, les crétins, loin d'être un objet de mépris, sont entourés de soins bienveillants. Ce sentiment ne tiendrait-il pas à une intuition du véritable état de ces infortunés, d'autant plus dignes d'égards que leur Esprit, qui comprend sa position, doit souffrir de se voir le rebut de la société ?
1° (A saint Louis.) Voudriez-vous nous dire si nous pouvons faire l'évocation de l'Esprit de cet enfant ? - R. Vous pouvez l'évoquer comme si vous évoquiez l'Esprit d'un mort.
2. Votre réponse nous ferait supposer que l'évocation pourrait se faire à tout moment quelconque. - R. Oui ; son âme tient à son corps par des liens matériels, mais non par des liens spirituels ; elle peut toujours se dégager.
3. Évocation de Ch. de Saint-G… - R. Je suis un pauvre Esprit attaché à la terre comme un oiseau par une patte.
4. Dans votre état actuel, comme Esprit, avez-vous la conscience de votre nullité en ce monde ? - R. Certainement ; je sens bien ma captivité.
5. Quand votre corps dort, et que votre Esprit se dégage, avez-vous les idées aussi lucides que si vous étiez dans un état normal ? - R. Quand mon malheureux corps repose, je suis un peu plus libre de m'élever vers le ciel où j'aspire.
6. Eprouvez-vous, comme Esprit, un sentiment pénible de votre état corporel ? - R. Oui, puisque c'est une punition.
7. Vous rappelez-vous votre existence précédente ? - R. Oh ! oui ; elle est la cause de mon exil d'à présent.
8. Quelle était cette existence ? - R. Un jeune libertin sous Henri III.
9. Vous dites que votre condition actuelle est une punition ; vous ne l'avez donc pas choisie ? - R. Non.
10. Comment votre existence actuelle peut-elle servir à votre avancement, dans l'état de nullité où vous êtes ? - R. Elle n'est pas nulle pour moi devant Dieu qui me l'a imposée.
11. Prévoyez-vous la durée de votre existence actuelle ? - R. Non ; encore quelques années, et je rentrerai dans ma patrie.
12. Depuis votre précédente existence jusqu'à votre incarnation actuelle, qu'avez-vous fait comme Esprit ? - R. C'est parce que j'étais un Esprit léger que Dieu m'a emprisonné.
13. Dans votre état de veille avez-vous conscience de ce qui se passe autour de vous, et cela malgré l'imperfection de vos organes ? - R. Je vois, j'entends, mais mon corps ne comprend ni ne voit rien.
14. Pouvons-nous faire quelque chose qui vous soit utile ? - R. Rien.
15. (A saint Louis.) Les prières pour un Esprit réincarné peuvent-elles avoir la même efficacité que pour un Esprit errant ? - R. Les prières sont toujours bonnes et agréables à Dieu ; dans la position de ce pauvre Esprit elles ne peuvent lui servir à rien ; elles lui serviront plus tard, car Dieu les met en réserve.
Remarque. - Personne ne méconnaîtra le haut enseignement moral qui ressort de cette évocation. Elle confirme en outre ce qui a toujours été dit sur les idiots. Leur nullité morale ne tient point à la nullité de leur Esprit qui, abstraction faite des organes, jouit de toutes ses facultés. L'imperfection des organes n'est qu'un obstacle à la libre manifestation des facultés ; elle ne les annihile point. C'est le cas d'un homme vigoureux dont les membres seraient comprimés par des liens. On sait que, dans certaines contrées, les crétins, loin d'être un objet de mépris, sont entourés de soins bienveillants. Ce sentiment ne tiendrait-il pas à une intuition du véritable état de ces infortunés, d'autant plus dignes d'égards que leur Esprit, qui comprend sa position, doit souffrir de se voir le rebut de la société ?
Entretiens familiers d'outre-tombe
Madame Duret
Médium écrivain, morte le 1° mai 1860, à Sétif (Algérie), évoquée d'abord chez M. Allan Kardec, le 21, puis à la Société, le 25 mai.
1. Evocation. - R. Me voici.
2. Nous nous connaissions de nom, si ce n'est de fait ; et quoique vous ne m'ayez jamais vu, me reconnaissez-vous ? - R. Oh ! très bien.
3. Depuis votre mort êtes-vous déjà venue me visiter ? - R. Non, pas encore, mais je savais bien que vous m'appelleriez.
4. Comme médium, et parfaitement initiée au Spiritisme, j'ai pensé que vous pourriez, mieux qu'un autre, nous donner des explications instructives sur différents points de la science. - R. Je répondrai le mieux que je pourrai.
5. Cette première évocation n'a pour objet que de renouveler en quelque sorte connaissance, et de nous mettre en rapport ; quant aux questions, comme elles sont d'un intérêt général, je préfère vous les adresser dans la Société. Je vous demande donc si vous voulez bien y venir ? - Oui, très volontiers ; je répondrai et je prierai Dieu qu'il m'éclaire.
6. Il y a ici cinq médiums ; y en a-t-il un que vous préfériez pour vous servir d'interprète ? - R. Cela m'est indifférent, pourvu que ce soit un bon médium.
7. Comme médium, avez-vous été quelquefois trompée par les Esprits dans vos communications ? - R. Oh ! bien souvent. Il y a peu de médiums qui ne le soient plus ou moins.
Nota. Le lendemain, madame Duret se manifesta spontanément, et témoigna le regret qu'on ne lui eût pas adressé, la veille, un plus grand nombre de questions.
8. Si je ne l'ai pas fait, c'est, comme je l'ai dit, que je les réservais pour la Société ; je voulais simplement m'assurer si je pouvais compter sur vous. - R. Ce qui se fait chez vous vous est également donné pour l'instruction de la Société, et il est souvent utile de profiter des instants où un Esprit veut se communiquer, les circonstances ne lui étant pas toujours également favorables.
9. Quelles sont les circonstances qui peuvent lui être favorables ? - R. Il y en a beaucoup que vous connaissez ; mais il faut que vous sachiez que cela ne dépend pas toujours de lui. Il a quelquefois besoin d'être assisté par d'autres Esprits, qui ne sont pas toujours là à point nommé.
10. Puisque vous êtes venue spontanément, je dois croire que vous êtes dans un de ces moments propices, et j'en profiterai si vous le voulez bien. Vous avez dit hier que vous aviez souvent été trompée comme médium ; voyez-vous maintenant les Esprits qui vous trompaient ? - R. Oui, je les vois très bien. Ils voudraient bien encore me circonvenir, mais j'y vois clair à présent ; je ne suis plus leur dupe ; aussi, je les repousse.
11. Vous avez dit aussi qu'il y a peu de médiums qui n'aient été plus ou moins trompés ; de qui cela dépend-il ? - R. Beaucoup du médium, et aussi de celui qui interroge.
12. Je vous prie de vous expliquer plus clairement ? - R. Je veux dire qu'on peut toujours, quand on le veut, se préserver des mauvais Esprits, et la première condition pour cela, c'est de ne pas les attirer par sa faiblesse ou par ses défauts. Que de choses j'aurais à vous dire là-dessus ! Ah ! si les médiums savaient tout le tort qu'ils se font en donnant prise aux Esprits malveillants !
13. Est-ce dans le monde des Esprits qu'ils se font du tort ? - R. Oui, et dans le monde des vivants aussi.
14. Quel tort cela peut-il leur faire dans le monde des vivants ? - R. Il y en a plusieurs ; d'abord ils deviennent la proie des mauvais Esprits, qui les abusent et les poussent au mal en excitant tous les défauts dont ils trouvent en eux le germe, principalement l'orgueil et la jalousie. Ensuite Dieu les punit souvent par les peines de la vie.
Remarque. Nous avons plus d'un exemple de médiums doués des plus heureuses dispositions, et que le malheur a poursuivis et accablés, après s'être laissé dominer par les mauvais Esprits.
15. Mais alors ne vaudrait-il pas mieux n'être pas médium, puisque cette faculté peut entraîner de si graves inconvénients ? - R. Croyez-vous donc que les mauvais Esprits ne viennent s'attaquer qu'aux médiums ? La médiumnité, au contraire, est un moyen précieux de les reconnaître et de s'en préserver ; c'est le remède que Dieu, dans sa bonté, donne à côté du mal ; c'est l'avertissement d'un bon père qui aime ses enfants et qui veut les préserver du danger. Malheureusement, ceux qui jouissent de ce don ne savent pas ou ne veulent pas en profiter ; ils sont comme l'imprudent qui se blesse avec l'arme qui doit servir à le défendre.
16. Est-ce bien vous, madame Duret, qui donnez ces réponses ? - R. C'est bien moi qui les donne, je le certifie au nom de Dieu ; mais je crois que si j'étais abandonnée à moi-même, j'en serais incapable. Les pensées me viennent de plus haut.
17. Voyez-vous l'Esprit qui vous les inspire ? - R. Non ; il y a ici une foule d'Esprits devant lesquels je m'incline, et dont les pensées semblent rayonner en moi.
18. Ainsi, un Esprit peut recevoir les inspirations d'autres Esprits tout aussi bien que celui qui est incarné, et leur servir d'intermédiaire ? - R. Gardez-vous d'en douter ; souvent il croit répondre de lui-même, et il n'est qu'un écho.
19. Que les pensées soient de vous personnellement ou qu'elles vous soient suggérées, peu nous importe, du moment qu'elles sont bonnes, et nous remercions les bons Esprits qui vous les suggèrent ; mais alors, je demanderai pourquoi ces mêmes Esprits ne répondent pas directement ? - R. Ils le feraient si vous les interrogiez ; c'est moi que vous évoquez ; ils veulent répondre, et alors ils se servent de moi pour ma propre instruction.
20. L'Esprit qui a obsédé un médium de son vivant l'obsède-t-il encore après sa mort ? - R. La mort ne délivre pas l'homme de l'obsession des mauvais Esprits ; c'est la figure des démons tourmentant les âmes en peine. Oui, ces Esprits les poursuivent après la mort, et leur causent des souffrances horribles, parce que l'Esprit tourmenté se sent sous une étreinte dont il ne peut se débarrasser. Celui, au contraire, qui s'est délivré de l'obsession de son vivant, est fort, et les mauvais Esprits le regardent avec crainte et respect ; ils ont trouvé leur maître.
21. Y a-t-il beaucoup de médiums véritablement bons, dans toute l'acception du mot ? - R. Ce ne sont pas les médecins qui manquent, mais les bons médecins sont rares ; il en est de même des médiums.
22. A quel signe peut-on reconnaître que les communications d'un médium méritent confiance ? - R. Les communications des bons Esprits ont un caractère auquel il n'est pas possible de se méprendre, quand on veut se donner la peine de les étudier. Quant au médium, le meilleur serait celui qui n'aurait jamais été trompé, parce que ce serait la preuve qu'il n'attire que de bons Esprits.
23. Mais n'y a-t-il pas des médiums doués d'excellentes qualités morales et qui sont trompés ? - R. Oui, les mauvais Esprits peuvent faire des tentatives, et ils ne réussissent que par la faiblesse ou la trop grande confiance du médium, qui se laisse duper ; mais cela ne dure pas, et les bons Esprits ont facilement le dessus quand la volonté y est.
24. La faculté médianimique est-elle indépendante des qualités morales du médium ? - R. Oui, elle est souvent donnée à un très haut degré à des personnes vicieuses, afin d'aider à les corriger. Est-ce que les malades n'ont pas plus besoin de remèdes que les gens qui se portent bien ? Les mauvais Esprits leur donnent quelquefois de bons conseils sans le vouloir ; ils y sont poussés par de bons Esprits ; mais elles n'en profitent pas, parce que, par orgueil, elles ne les prennent pas pour elles.
Remarque. Ceci est parfaitement exact, et l'on voit souvent des Esprits inférieurs donner de rudes leçons, et en termes peu mesurés, signaler les défauts, tourner les travers en ridicule avec plus ou moins de ménagement, selon les circonstances, et quelquefois d'une façon très spirituelle.
25. De bons Esprits peuvent-ils se communiquer par de mauvais médiums ? - R. Quelquefois des médiums imparfaits peuvent avoir de très belles communications, qui ne peuvent venir que de bons Esprits ; mais plus ces communications sont sages et sublimes, plus les médiums sont coupables de n'en pas profiter. Oh ! oui ; ils sont bien coupables, et ils porteront cruellement la peine de leur aveuglement.
26. Les bonnes intentions et les qualités personnelles de celui qui interroge peuvent-elles conjurer les mauvais Esprits attirés par un médium imparfait et lui assurer de bonnes communications ? - R. Les bons Esprits apprécient l'intention, et, quand ils jugent utile de le faire, ils peuvent se servir de toute espèce de médium, selon le but qu'on se propose ; mais, en général, les communications sont d'autant plus sûres que le médium a plus de qualités sérieuses.
27. Aucun homme ne pouvant être parfait, il s'ensuivrait qu'il n'y a pas de médiums parfaits ? - R. Il y en a qui sont aussi parfaits que le comporte l'humanité terrestre ; ils sont rares, mais il y en a ; ceux-là sont les préférés de Dieu et se préparent de grandes joies dans le monde des Esprits.
28. Quels sont les défauts qui donnent le plus de prise aux mauvais Esprits ? - R. Je vous l'ai dit : l'orgueil, et la jalousie qui est une suite de l'orgueil et de l'égoïsme. Dieu aime les humbles et châtie les superbes.
29. En concluez-vous que le médium qui n'est pas humble ne mérite aucune confiance ? - R. Non, pas d'une manière absolue ; mais si vous reconnaissez dans un médium de l'orgueil, de la jalousie et peu de charité, vous avez beaucoup plus de chances d'être trompés.
Remarque. Ce qui perd beaucoup de médiums, c'est de se croire seuls capables de recevoir de bonnes communications et de mépriser celles des autres ; ils se croient des prophètes, et ils ne sont que les interprètes d'Esprits rusés qui les enlacent de leurs filets, en leur persuadant que tout ce qu'ils écrivent est sublime, et qu'ils n'ont plus besoin de conseils. La croyance de certains médiums à l'infaillibilité et à la supériorité de leurs communications est telle, qu'y toucher, c'est presque une profanation ; en douter, c'est presque leur faire injure ; bien plus, c'est même s'exposer à s'en faire des ennemis, car mieux vaudrait dire à un poète que ses vers sont mauvais. Ce sentiment, qui a pour principe évident l'orgueil, est entretenu par les Esprits qui les assistent, et qui ont grand soin de leur inspirer de l'éloignement pour quiconque pourrait les éclairer ; cela seul devrait suffire, s'ils n'étaient pas fascinés, pour leur faire ouvrir les yeux. Il est un principe que personne ne saurait contester, c'est que les bons Esprits ne peuvent conseiller que le bien ; donc, tout ce qui n'est pas bien dans le sens absolu, ne peut venir d'un bon Esprit ; par conséquent, tout conseil dicté, ou tout sentiment inspiré, qui refléterait la moindre pensée mauvaise, est, par cela même, d'une origine suspecte, quelles que soient, du reste, les qualités ou la redondance du style.
Un signe non moins caractéristique de cette origine, c'est la flatterie, dont les mauvais Esprits ne sont pas avares à l'égard de certains médiums. Ils savent, à propos, louer leurs avantages physiques ou leurs qualités morales, caresser leurs penchants secrets, exciter leur convoitise ou leur cupidité, et, tout en blâmant l'orgueil et en conseillant l'humilité, aiguillonner leur vanité et leur amour-propre. Un des moyens qu'ils emploient, consiste surtout à les persuader de leur supériorité comme médiums en les posant comme les apôtres de missions, au moins douteuses, et pour lesquelles la première de toutes les qualités serait l'humilité, jointe à la simplicité et à la charité.
Éblouis par le nom des êtres vénérés dont ils se croient les interprètes, ils n'aperçoivent pas le bout de l'oreille que les faux Esprits laissent passer malgré eux, car il serait impossible à des Esprits inférieurs de simuler complètement toutes les qualités qu'ils n'ont pas. Les médiums ne s'affranchiront véritablement de l'obsession à laquelle ils sont en butte, que lorsqu'ils comprendront cette vérité ; alors seulement les mauvais Esprits, de leur côté, comprendront qu'ils perdent leur temps avec des personnes qu'ils ne sauraient prendre en défaut.
Société, 25 mai 1860 30. Votre mari possède, à ce qu'il paraît, la faculté de médium voyant ; a-t-il réellement cette faculté ? - R. Oui, positivement.
31. Il dit vous avoir vue deux fois depuis votre mort ; cela est-il vrai ? - R. Cela est bien vrai.
32. Les médiums voyants sont-ils exposés à être trompés par les Esprits imposteurs comme les médiums écrivains ? - R. Ils sont moins souvent trompés que les médiums écrivains, mais ils peuvent l'être également par de fausses apparences, quand ils ne sont pas inspirés de Dieu. Sous les Pharaons, du temps de Moïse, les faux prophètes ne faisaient-ils pas des miracles qui trompaient le peuple ? Moïse seul ne s'y trompait pas, parce qu'il était inspiré de Dieu.
33. Veuillez maintenant nous expliquer vos sensations à votre entrée dans le monde des Esprits. A part le trouble plus ou moins long qui suit toujours la mort, y a-t-il eu un instant où votre Esprit a perdu toute conscience de lui-même ? - R. Oui, comme toujours ; c'est impossible autrement.
34. Cette perte absolue de conscience a-t-elle commencé avant l'instant de la mort ? - R. Elle a commencé dans l'agonie.
35. A-t-elle persisté après la mort ? - R. Très peu de temps.
36. Combien de temps peut-elle avoir duré en tout ? - R. Environ quinze à dix-huit de vos heures.
37. Cette durée est-elle variable selon les individus ? - R. Certainement, elle n'est pas la même chez tous les hommes ; cela dépend beaucoup du genre de mort.
38. Pendant que s'accomplissait le phénomène de la mort, aviez-vous la conscience de ce qui se passait dans votre corps ? - R. Nullement. Dieu, qui est bon pour toutes ses créatures, veut épargner à l'Esprit les angoisses de ce moment ; c'est pourquoi il lui ôte tout souvenir et toute sensation.
Remarque. Ce fait, qui nous a toujours été confirmé, est analogue à ce qui se passe à la rentrée de l'Esprit dans le monde corporel. On sait que, dès l'instant de la conception, l'Esprit désigné pour habiter le corps qui doit naître est saisi d'un trouble qui va croissant à mesure que les liens fluidiques qui l'unissent à la matière se resserrent, jusqu'aux approches de la naissance ; à ce moment, il perd également toute conscience de lui-même, et ne commence à recouvrer ses idées qu'au moment où l'enfant respire ; c'est alors seulement que l'union de l'Esprit et du corps est complète et définitive.
39. Comment s'est opéré l'instant du réveil ? Vous êtes-vous subitement reconnue, ou bien y a-t-il eu un moment de demi-conscience, c'est-à-dire de vague dans les idées ? - R. J'ai été pendant quelques instants dans le vague, et puis, peu à peu, je me suis reconnue.
40. Combien de temps cet état a-t-il duré ? - R. Je ne le sais pas au juste ; mais peu de temps ; je crois environ deux heures.
41. Pendant cette sorte de demi-sommeil éprouviez-vous une sensation agréable ou pénible ? - R. Je ne sais ; je n'avais guère la conscience de moi-même.
42. A mesure que vos idées s'élucidaient, aviez-vous la certitude de la mort de votre corps, ou bien avez-vous cru un instant être encore de ce monde ? - R. Je l'ai cru effectivement pendant quelques instants.
43. Quand vous avez eu la certitude de votre mort, en avez-vous éprouvé du regret ? - R. Non, nullement ; la vie n'est pas à regretter.
44. Quand vous vous êtes reconnue, où vous êtes-vous trouvée, et qu'est-ce qui a tout d'abord frappé votre vue ? - R. Je me suis trouvée avec des Esprits qui m'environnaient, qui m'aidaient à sortir du trouble ; c'est ce changement qui m'a frappée.
45. Vous êtes-vous trouvée près de votre mari ? - R. Je le quitte peu ; il me voit ; il m'évoque ; cela remplace mon pauvre corps.
46. Êtes-vous allée immédiatement revoir les personnes que vous aviez connues : M. Dumas et les autres Spirites de Sétif ? - R. Non, pas immédiatement : j'ai pensé que l'on m'évoquerait. Il n'y avait pas assez longtemps que je les avais quittés, et j'en ai trouvé que j'avais connus, et que je n'avais pas vus depuis bien des siècles. J'étais médium et Spirite ; tous les Esprits que j'avais évoqués sont venus me recevoir ; cela m'a frappée. Si vous saviez comme il est doux de retrouver nos amis dans ce monde !
47. Le monde des Esprits vous a-t-il paru une chose étrange, nouvelle pour vous ? - R. Oh ! oui.
48. Cette réponse nous étonne, car ce n'est pas la première fois que vous vous trouvez dans le monde des Esprits. - R. Cela n'a rien qui doive vous étonner ; je n'étais pas si avancée qu'aujourd'hui ; et puis la différence est si grande entre le monde corporel et le monde des Esprits que cela surprend toujours.
49. Votre explication pourrait être plus claire ; cela ne tiendrait-il pas à ce que chaque fois que l'on revient dans le monde des Esprits les progrès que l'on a faits donnent des perceptions nouvelles et permettent de l'envisager sous un autre aspect ? - R. C'est bien cela ; je vous ai dit que je n'étais pas si avancée qu'aujourd'hui.
Remarque. La comparaison suivante peut faire comprendre ce qui se passe en cette circonstance. Supposons qu'un pauvre paysan vienne à Paris pour la première fois ; il y fréquentera une société, habitera un quartier en rapport avec sa situation. Qu'après une absence de plusieurs années, pendant lesquelles il se sera enrichi et aura acquis une certaine éducation, il revienne à Paris, il s'y trouvera dans un milieu tout autre que la première fois et qui devra lui paraître nouveau ; il comprendra et appréciera une foule de choses qui avaient à peine fixé son attention la première fois ; en un mot, il aura peine à reconnaître son ancien Paris, et pourtant ce sera toujours Paris, mais qui lui apparaît sous un nouveau jour.
50. Comment jugez-vous maintenant les communications que l'on obtient à Sétif ; sont-elles en général plutôt bonnes que mauvaises ? - R. C'est comme partout ; on en obtient de bonnes et de mauvaises, de vraies et de fausses. Ils s'occupent souvent de choses qui ne sont pas assez sérieuses, et ne s'y prennent pas toujours bien ; mais ils ne croient pas mal faire. Je ferai en sorte de les corriger.
51. Nous vous remercions d'avoir bien voulu venir, et des explications que vous nous avez données. - R. Je vous remercie aussi d'avoir pensé à moi.
Médium écrivain, morte le 1° mai 1860, à Sétif (Algérie), évoquée d'abord chez M. Allan Kardec, le 21, puis à la Société, le 25 mai.
1. Evocation. - R. Me voici.
2. Nous nous connaissions de nom, si ce n'est de fait ; et quoique vous ne m'ayez jamais vu, me reconnaissez-vous ? - R. Oh ! très bien.
3. Depuis votre mort êtes-vous déjà venue me visiter ? - R. Non, pas encore, mais je savais bien que vous m'appelleriez.
4. Comme médium, et parfaitement initiée au Spiritisme, j'ai pensé que vous pourriez, mieux qu'un autre, nous donner des explications instructives sur différents points de la science. - R. Je répondrai le mieux que je pourrai.
5. Cette première évocation n'a pour objet que de renouveler en quelque sorte connaissance, et de nous mettre en rapport ; quant aux questions, comme elles sont d'un intérêt général, je préfère vous les adresser dans la Société. Je vous demande donc si vous voulez bien y venir ? - Oui, très volontiers ; je répondrai et je prierai Dieu qu'il m'éclaire.
6. Il y a ici cinq médiums ; y en a-t-il un que vous préfériez pour vous servir d'interprète ? - R. Cela m'est indifférent, pourvu que ce soit un bon médium.
7. Comme médium, avez-vous été quelquefois trompée par les Esprits dans vos communications ? - R. Oh ! bien souvent. Il y a peu de médiums qui ne le soient plus ou moins.
Nota. Le lendemain, madame Duret se manifesta spontanément, et témoigna le regret qu'on ne lui eût pas adressé, la veille, un plus grand nombre de questions.
8. Si je ne l'ai pas fait, c'est, comme je l'ai dit, que je les réservais pour la Société ; je voulais simplement m'assurer si je pouvais compter sur vous. - R. Ce qui se fait chez vous vous est également donné pour l'instruction de la Société, et il est souvent utile de profiter des instants où un Esprit veut se communiquer, les circonstances ne lui étant pas toujours également favorables.
9. Quelles sont les circonstances qui peuvent lui être favorables ? - R. Il y en a beaucoup que vous connaissez ; mais il faut que vous sachiez que cela ne dépend pas toujours de lui. Il a quelquefois besoin d'être assisté par d'autres Esprits, qui ne sont pas toujours là à point nommé.
10. Puisque vous êtes venue spontanément, je dois croire que vous êtes dans un de ces moments propices, et j'en profiterai si vous le voulez bien. Vous avez dit hier que vous aviez souvent été trompée comme médium ; voyez-vous maintenant les Esprits qui vous trompaient ? - R. Oui, je les vois très bien. Ils voudraient bien encore me circonvenir, mais j'y vois clair à présent ; je ne suis plus leur dupe ; aussi, je les repousse.
11. Vous avez dit aussi qu'il y a peu de médiums qui n'aient été plus ou moins trompés ; de qui cela dépend-il ? - R. Beaucoup du médium, et aussi de celui qui interroge.
12. Je vous prie de vous expliquer plus clairement ? - R. Je veux dire qu'on peut toujours, quand on le veut, se préserver des mauvais Esprits, et la première condition pour cela, c'est de ne pas les attirer par sa faiblesse ou par ses défauts. Que de choses j'aurais à vous dire là-dessus ! Ah ! si les médiums savaient tout le tort qu'ils se font en donnant prise aux Esprits malveillants !
13. Est-ce dans le monde des Esprits qu'ils se font du tort ? - R. Oui, et dans le monde des vivants aussi.
14. Quel tort cela peut-il leur faire dans le monde des vivants ? - R. Il y en a plusieurs ; d'abord ils deviennent la proie des mauvais Esprits, qui les abusent et les poussent au mal en excitant tous les défauts dont ils trouvent en eux le germe, principalement l'orgueil et la jalousie. Ensuite Dieu les punit souvent par les peines de la vie.
Remarque. Nous avons plus d'un exemple de médiums doués des plus heureuses dispositions, et que le malheur a poursuivis et accablés, après s'être laissé dominer par les mauvais Esprits.
15. Mais alors ne vaudrait-il pas mieux n'être pas médium, puisque cette faculté peut entraîner de si graves inconvénients ? - R. Croyez-vous donc que les mauvais Esprits ne viennent s'attaquer qu'aux médiums ? La médiumnité, au contraire, est un moyen précieux de les reconnaître et de s'en préserver ; c'est le remède que Dieu, dans sa bonté, donne à côté du mal ; c'est l'avertissement d'un bon père qui aime ses enfants et qui veut les préserver du danger. Malheureusement, ceux qui jouissent de ce don ne savent pas ou ne veulent pas en profiter ; ils sont comme l'imprudent qui se blesse avec l'arme qui doit servir à le défendre.
16. Est-ce bien vous, madame Duret, qui donnez ces réponses ? - R. C'est bien moi qui les donne, je le certifie au nom de Dieu ; mais je crois que si j'étais abandonnée à moi-même, j'en serais incapable. Les pensées me viennent de plus haut.
17. Voyez-vous l'Esprit qui vous les inspire ? - R. Non ; il y a ici une foule d'Esprits devant lesquels je m'incline, et dont les pensées semblent rayonner en moi.
18. Ainsi, un Esprit peut recevoir les inspirations d'autres Esprits tout aussi bien que celui qui est incarné, et leur servir d'intermédiaire ? - R. Gardez-vous d'en douter ; souvent il croit répondre de lui-même, et il n'est qu'un écho.
19. Que les pensées soient de vous personnellement ou qu'elles vous soient suggérées, peu nous importe, du moment qu'elles sont bonnes, et nous remercions les bons Esprits qui vous les suggèrent ; mais alors, je demanderai pourquoi ces mêmes Esprits ne répondent pas directement ? - R. Ils le feraient si vous les interrogiez ; c'est moi que vous évoquez ; ils veulent répondre, et alors ils se servent de moi pour ma propre instruction.
20. L'Esprit qui a obsédé un médium de son vivant l'obsède-t-il encore après sa mort ? - R. La mort ne délivre pas l'homme de l'obsession des mauvais Esprits ; c'est la figure des démons tourmentant les âmes en peine. Oui, ces Esprits les poursuivent après la mort, et leur causent des souffrances horribles, parce que l'Esprit tourmenté se sent sous une étreinte dont il ne peut se débarrasser. Celui, au contraire, qui s'est délivré de l'obsession de son vivant, est fort, et les mauvais Esprits le regardent avec crainte et respect ; ils ont trouvé leur maître.
21. Y a-t-il beaucoup de médiums véritablement bons, dans toute l'acception du mot ? - R. Ce ne sont pas les médecins qui manquent, mais les bons médecins sont rares ; il en est de même des médiums.
22. A quel signe peut-on reconnaître que les communications d'un médium méritent confiance ? - R. Les communications des bons Esprits ont un caractère auquel il n'est pas possible de se méprendre, quand on veut se donner la peine de les étudier. Quant au médium, le meilleur serait celui qui n'aurait jamais été trompé, parce que ce serait la preuve qu'il n'attire que de bons Esprits.
23. Mais n'y a-t-il pas des médiums doués d'excellentes qualités morales et qui sont trompés ? - R. Oui, les mauvais Esprits peuvent faire des tentatives, et ils ne réussissent que par la faiblesse ou la trop grande confiance du médium, qui se laisse duper ; mais cela ne dure pas, et les bons Esprits ont facilement le dessus quand la volonté y est.
24. La faculté médianimique est-elle indépendante des qualités morales du médium ? - R. Oui, elle est souvent donnée à un très haut degré à des personnes vicieuses, afin d'aider à les corriger. Est-ce que les malades n'ont pas plus besoin de remèdes que les gens qui se portent bien ? Les mauvais Esprits leur donnent quelquefois de bons conseils sans le vouloir ; ils y sont poussés par de bons Esprits ; mais elles n'en profitent pas, parce que, par orgueil, elles ne les prennent pas pour elles.
Remarque. Ceci est parfaitement exact, et l'on voit souvent des Esprits inférieurs donner de rudes leçons, et en termes peu mesurés, signaler les défauts, tourner les travers en ridicule avec plus ou moins de ménagement, selon les circonstances, et quelquefois d'une façon très spirituelle.
25. De bons Esprits peuvent-ils se communiquer par de mauvais médiums ? - R. Quelquefois des médiums imparfaits peuvent avoir de très belles communications, qui ne peuvent venir que de bons Esprits ; mais plus ces communications sont sages et sublimes, plus les médiums sont coupables de n'en pas profiter. Oh ! oui ; ils sont bien coupables, et ils porteront cruellement la peine de leur aveuglement.
26. Les bonnes intentions et les qualités personnelles de celui qui interroge peuvent-elles conjurer les mauvais Esprits attirés par un médium imparfait et lui assurer de bonnes communications ? - R. Les bons Esprits apprécient l'intention, et, quand ils jugent utile de le faire, ils peuvent se servir de toute espèce de médium, selon le but qu'on se propose ; mais, en général, les communications sont d'autant plus sûres que le médium a plus de qualités sérieuses.
27. Aucun homme ne pouvant être parfait, il s'ensuivrait qu'il n'y a pas de médiums parfaits ? - R. Il y en a qui sont aussi parfaits que le comporte l'humanité terrestre ; ils sont rares, mais il y en a ; ceux-là sont les préférés de Dieu et se préparent de grandes joies dans le monde des Esprits.
28. Quels sont les défauts qui donnent le plus de prise aux mauvais Esprits ? - R. Je vous l'ai dit : l'orgueil, et la jalousie qui est une suite de l'orgueil et de l'égoïsme. Dieu aime les humbles et châtie les superbes.
29. En concluez-vous que le médium qui n'est pas humble ne mérite aucune confiance ? - R. Non, pas d'une manière absolue ; mais si vous reconnaissez dans un médium de l'orgueil, de la jalousie et peu de charité, vous avez beaucoup plus de chances d'être trompés.
Remarque. Ce qui perd beaucoup de médiums, c'est de se croire seuls capables de recevoir de bonnes communications et de mépriser celles des autres ; ils se croient des prophètes, et ils ne sont que les interprètes d'Esprits rusés qui les enlacent de leurs filets, en leur persuadant que tout ce qu'ils écrivent est sublime, et qu'ils n'ont plus besoin de conseils. La croyance de certains médiums à l'infaillibilité et à la supériorité de leurs communications est telle, qu'y toucher, c'est presque une profanation ; en douter, c'est presque leur faire injure ; bien plus, c'est même s'exposer à s'en faire des ennemis, car mieux vaudrait dire à un poète que ses vers sont mauvais. Ce sentiment, qui a pour principe évident l'orgueil, est entretenu par les Esprits qui les assistent, et qui ont grand soin de leur inspirer de l'éloignement pour quiconque pourrait les éclairer ; cela seul devrait suffire, s'ils n'étaient pas fascinés, pour leur faire ouvrir les yeux. Il est un principe que personne ne saurait contester, c'est que les bons Esprits ne peuvent conseiller que le bien ; donc, tout ce qui n'est pas bien dans le sens absolu, ne peut venir d'un bon Esprit ; par conséquent, tout conseil dicté, ou tout sentiment inspiré, qui refléterait la moindre pensée mauvaise, est, par cela même, d'une origine suspecte, quelles que soient, du reste, les qualités ou la redondance du style.
Un signe non moins caractéristique de cette origine, c'est la flatterie, dont les mauvais Esprits ne sont pas avares à l'égard de certains médiums. Ils savent, à propos, louer leurs avantages physiques ou leurs qualités morales, caresser leurs penchants secrets, exciter leur convoitise ou leur cupidité, et, tout en blâmant l'orgueil et en conseillant l'humilité, aiguillonner leur vanité et leur amour-propre. Un des moyens qu'ils emploient, consiste surtout à les persuader de leur supériorité comme médiums en les posant comme les apôtres de missions, au moins douteuses, et pour lesquelles la première de toutes les qualités serait l'humilité, jointe à la simplicité et à la charité.
Éblouis par le nom des êtres vénérés dont ils se croient les interprètes, ils n'aperçoivent pas le bout de l'oreille que les faux Esprits laissent passer malgré eux, car il serait impossible à des Esprits inférieurs de simuler complètement toutes les qualités qu'ils n'ont pas. Les médiums ne s'affranchiront véritablement de l'obsession à laquelle ils sont en butte, que lorsqu'ils comprendront cette vérité ; alors seulement les mauvais Esprits, de leur côté, comprendront qu'ils perdent leur temps avec des personnes qu'ils ne sauraient prendre en défaut.
Société, 25 mai 1860 30. Votre mari possède, à ce qu'il paraît, la faculté de médium voyant ; a-t-il réellement cette faculté ? - R. Oui, positivement.
31. Il dit vous avoir vue deux fois depuis votre mort ; cela est-il vrai ? - R. Cela est bien vrai.
32. Les médiums voyants sont-ils exposés à être trompés par les Esprits imposteurs comme les médiums écrivains ? - R. Ils sont moins souvent trompés que les médiums écrivains, mais ils peuvent l'être également par de fausses apparences, quand ils ne sont pas inspirés de Dieu. Sous les Pharaons, du temps de Moïse, les faux prophètes ne faisaient-ils pas des miracles qui trompaient le peuple ? Moïse seul ne s'y trompait pas, parce qu'il était inspiré de Dieu.
33. Veuillez maintenant nous expliquer vos sensations à votre entrée dans le monde des Esprits. A part le trouble plus ou moins long qui suit toujours la mort, y a-t-il eu un instant où votre Esprit a perdu toute conscience de lui-même ? - R. Oui, comme toujours ; c'est impossible autrement.
34. Cette perte absolue de conscience a-t-elle commencé avant l'instant de la mort ? - R. Elle a commencé dans l'agonie.
35. A-t-elle persisté après la mort ? - R. Très peu de temps.
36. Combien de temps peut-elle avoir duré en tout ? - R. Environ quinze à dix-huit de vos heures.
37. Cette durée est-elle variable selon les individus ? - R. Certainement, elle n'est pas la même chez tous les hommes ; cela dépend beaucoup du genre de mort.
38. Pendant que s'accomplissait le phénomène de la mort, aviez-vous la conscience de ce qui se passait dans votre corps ? - R. Nullement. Dieu, qui est bon pour toutes ses créatures, veut épargner à l'Esprit les angoisses de ce moment ; c'est pourquoi il lui ôte tout souvenir et toute sensation.
Remarque. Ce fait, qui nous a toujours été confirmé, est analogue à ce qui se passe à la rentrée de l'Esprit dans le monde corporel. On sait que, dès l'instant de la conception, l'Esprit désigné pour habiter le corps qui doit naître est saisi d'un trouble qui va croissant à mesure que les liens fluidiques qui l'unissent à la matière se resserrent, jusqu'aux approches de la naissance ; à ce moment, il perd également toute conscience de lui-même, et ne commence à recouvrer ses idées qu'au moment où l'enfant respire ; c'est alors seulement que l'union de l'Esprit et du corps est complète et définitive.
39. Comment s'est opéré l'instant du réveil ? Vous êtes-vous subitement reconnue, ou bien y a-t-il eu un moment de demi-conscience, c'est-à-dire de vague dans les idées ? - R. J'ai été pendant quelques instants dans le vague, et puis, peu à peu, je me suis reconnue.
40. Combien de temps cet état a-t-il duré ? - R. Je ne le sais pas au juste ; mais peu de temps ; je crois environ deux heures.
41. Pendant cette sorte de demi-sommeil éprouviez-vous une sensation agréable ou pénible ? - R. Je ne sais ; je n'avais guère la conscience de moi-même.
42. A mesure que vos idées s'élucidaient, aviez-vous la certitude de la mort de votre corps, ou bien avez-vous cru un instant être encore de ce monde ? - R. Je l'ai cru effectivement pendant quelques instants.
43. Quand vous avez eu la certitude de votre mort, en avez-vous éprouvé du regret ? - R. Non, nullement ; la vie n'est pas à regretter.
44. Quand vous vous êtes reconnue, où vous êtes-vous trouvée, et qu'est-ce qui a tout d'abord frappé votre vue ? - R. Je me suis trouvée avec des Esprits qui m'environnaient, qui m'aidaient à sortir du trouble ; c'est ce changement qui m'a frappée.
45. Vous êtes-vous trouvée près de votre mari ? - R. Je le quitte peu ; il me voit ; il m'évoque ; cela remplace mon pauvre corps.
46. Êtes-vous allée immédiatement revoir les personnes que vous aviez connues : M. Dumas et les autres Spirites de Sétif ? - R. Non, pas immédiatement : j'ai pensé que l'on m'évoquerait. Il n'y avait pas assez longtemps que je les avais quittés, et j'en ai trouvé que j'avais connus, et que je n'avais pas vus depuis bien des siècles. J'étais médium et Spirite ; tous les Esprits que j'avais évoqués sont venus me recevoir ; cela m'a frappée. Si vous saviez comme il est doux de retrouver nos amis dans ce monde !
47. Le monde des Esprits vous a-t-il paru une chose étrange, nouvelle pour vous ? - R. Oh ! oui.
48. Cette réponse nous étonne, car ce n'est pas la première fois que vous vous trouvez dans le monde des Esprits. - R. Cela n'a rien qui doive vous étonner ; je n'étais pas si avancée qu'aujourd'hui ; et puis la différence est si grande entre le monde corporel et le monde des Esprits que cela surprend toujours.
49. Votre explication pourrait être plus claire ; cela ne tiendrait-il pas à ce que chaque fois que l'on revient dans le monde des Esprits les progrès que l'on a faits donnent des perceptions nouvelles et permettent de l'envisager sous un autre aspect ? - R. C'est bien cela ; je vous ai dit que je n'étais pas si avancée qu'aujourd'hui.
Remarque. La comparaison suivante peut faire comprendre ce qui se passe en cette circonstance. Supposons qu'un pauvre paysan vienne à Paris pour la première fois ; il y fréquentera une société, habitera un quartier en rapport avec sa situation. Qu'après une absence de plusieurs années, pendant lesquelles il se sera enrichi et aura acquis une certaine éducation, il revienne à Paris, il s'y trouvera dans un milieu tout autre que la première fois et qui devra lui paraître nouveau ; il comprendra et appréciera une foule de choses qui avaient à peine fixé son attention la première fois ; en un mot, il aura peine à reconnaître son ancien Paris, et pourtant ce sera toujours Paris, mais qui lui apparaît sous un nouveau jour.
50. Comment jugez-vous maintenant les communications que l'on obtient à Sétif ; sont-elles en général plutôt bonnes que mauvaises ? - R. C'est comme partout ; on en obtient de bonnes et de mauvaises, de vraies et de fausses. Ils s'occupent souvent de choses qui ne sont pas assez sérieuses, et ne s'y prennent pas toujours bien ; mais ils ne croient pas mal faire. Je ferai en sorte de les corriger.
51. Nous vous remercions d'avoir bien voulu venir, et des explications que vous nous avez données. - R. Je vous remercie aussi d'avoir pensé à moi.
Médecine intuitive
Plessis-Boudet, 23 mai 1860.
Monsieur,
Dans ma dernière lettre je vous ai donné un bulletin des cures obtenues au moyen de la médication de mademoiselle Godu. Je suis toujours dans l'intention de vous tenir au courant des faits, mais aujourd'hui je crois plus utile de vous parler de son mode de traiter. Il est bon de tenir les personnes au courant, car il nous est venu de loin des malades qui se faisaient une très fausse idée de ce genre de médication, et qui s'exposaient à faire un voyage inutile ou de pure curiosité.
Mademoiselle Godu n'est point somnambule ; elle ne consulte jamais à distance, ni même à mon domicile, que sous ma direction et sous mon contrôle. Quand nous sommes d'accord, ce qui arrive presque toujours, parce que je suis à même d'apprécier aujourd'hui sa médication, nous commençons le traitement convenu, et mademoiselle Godu exécute les pansements, prépare les tisanes et agit, en un mot, comme infirmière, mais infirmière d'élite, et d'un zèle sans exemple, dans notre modeste maison de santé improvisée.
Est-ce par un fluide épurateur dont elle serait douée qu'elle obtient de si précieux résultats ?
Est-ce par son assiduité aux pansements, ou par la confiance qu'elle inspire ?
Est-ce enfin par un système de médication bien conçu et bien dirigé qu'elle obtient des succès ?
Telles sont les trois questions que je me suis souvent posées.
Pour le moment, je ne veux pas entrer dans la première question, parce qu'elle exige une étude approfondie, et une discussion scientifique de premier ordre ; elle viendra plus tard.
Pour la seconde question, je peux la résoudre aujourd'hui affirmativement, et en cela mademoiselle Godu se trouve dans les mêmes conditions que tous les médecins, infirmiers ou opérateurs qui savent relever le moral de leurs malades, et leur inspirer une confiance salutaire.
Quant à la troisième question, je n'hésite pas davantage à la résoudre affirmativement. J'ai acquis la conviction que la médication de mademoiselle Godu constitue tout un système très méthodique. Ce système est simple dans sa théorie, mais dans la pratique il varie à l'infini, et c'est dans l'application qu'il réclame toute l'attention et toute l'habileté possibles. L'homme de l'art le plus exercé a peine à comprendre tout d'abord ce mécanisme et cette série de modifications incessantes en raison du progrès ou du déclin de la maladie ; il est ébloui et ne comprend que peu de chose ; mais, à la longue, il se rend facilement compte de cette médication et de ses effets.
Il serait trop long de vous énumérer en détail, et currente calamo, tout un système médical nouveau pour nous, bien que, sans doute, très ancien par rapport à l'âge des hommes sur notre planète. Voici les bases sur lesquelles repose ce système, qui sort rarement de la médecine révulsive.
Mademoiselle Godu, dans la plupart des cas, applique un topique extractif composé d'une ou deux matières qu'on trouve partout, dans la chaumière comme au château. Ce topique a un effet tellement énergique qu'on obtient des effets incomparablement supérieurs à tous ceux de nos révulsifs connus, sans en excepter le cautère actuel et les moxas. Quelquefois elle se borne à l'application de vésicatoires, quand un effet énergique n'est pas indispensable. L'habileté consiste à proportionner le remède au mal, à maintenir une suppuration constante et variée, et voilà ce qu'elle obtient avec un onguent tellement simple qu'on ne peut le classer au nombre des médicaments. On peut l'assimiler aux cérats simples et même aux cataplasmes, et cependant cet onguent produit des effets soutenus et on ne peut plus variés : ici ce sont des sels calcaires que l'on obtient sur l'emplâtre ; chez les hydropiques, c'est de l'eau ; chez les gens à humeurs, c'est une suppuration abondante, tantôt claire et souvent épaisse ; enfin les effets de son onguent varient à l'infini pour une cause que je n'ai pu encore saisir, et qui, du reste, doit rentrer dans l'étude de la première question posée. Voilà pour l'extérieur ; plus tard, je vous dirai un mot de la médication interne, que je m'explique facilement. Il ne faut pas croire non plus que le mal s'enlève comme avec la main ; il faut, comme toujours, du temps et de la persévérance pour guérir radicalement les maladies rebelles.
Mademoiselle Godu n'est point somnambule ; elle ne consulte jamais à distance, ni même à mon domicile, que sous ma direction et sous mon contrôle. Quand nous sommes d'accord, ce qui arrive presque toujours, parce que je suis à même d'apprécier aujourd'hui sa médication, nous commençons le traitement convenu, et mademoiselle Godu exécute les pansements, prépare les tisanes et agit, en un mot, comme infirmière, mais infirmière d'élite, et d'un zèle sans exemple, dans notre modeste maison de santé improvisée.
Est-ce par un fluide épurateur dont elle serait douée qu'elle obtient de si précieux résultats ?
Est-ce par son assiduité aux pansements, ou par la confiance qu'elle inspire ?
Est-ce enfin par un système de médication bien conçu et bien dirigé qu'elle obtient des succès ?
Telles sont les trois questions que je me suis souvent posées.
Pour le moment, je ne veux pas entrer dans la première question, parce qu'elle exige une étude approfondie, et une discussion scientifique de premier ordre ; elle viendra plus tard.
Pour la seconde question, je peux la résoudre aujourd'hui affirmativement, et en cela mademoiselle Godu se trouve dans les mêmes conditions que tous les médecins, infirmiers ou opérateurs qui savent relever le moral de leurs malades, et leur inspirer une confiance salutaire.
Quant à la troisième question, je n'hésite pas davantage à la résoudre affirmativement. J'ai acquis la conviction que la médication de mademoiselle Godu constitue tout un système très méthodique. Ce système est simple dans sa théorie, mais dans la pratique il varie à l'infini, et c'est dans l'application qu'il réclame toute l'attention et toute l'habileté possibles. L'homme de l'art le plus exercé a peine à comprendre tout d'abord ce mécanisme et cette série de modifications incessantes en raison du progrès ou du déclin de la maladie ; il est ébloui et ne comprend que peu de chose ; mais, à la longue, il se rend facilement compte de cette médication et de ses effets.
Il serait trop long de vous énumérer en détail, et currente calamo, tout un système médical nouveau pour nous, bien que, sans doute, très ancien par rapport à l'âge des hommes sur notre planète. Voici les bases sur lesquelles repose ce système, qui sort rarement de la médecine révulsive.
Mademoiselle Godu, dans la plupart des cas, applique un topique extractif composé d'une ou deux matières qu'on trouve partout, dans la chaumière comme au château. Ce topique a un effet tellement énergique qu'on obtient des effets incomparablement supérieurs à tous ceux de nos révulsifs connus, sans en excepter le cautère actuel et les moxas. Quelquefois elle se borne à l'application de vésicatoires, quand un effet énergique n'est pas indispensable. L'habileté consiste à proportionner le remède au mal, à maintenir une suppuration constante et variée, et voilà ce qu'elle obtient avec un onguent tellement simple qu'on ne peut le classer au nombre des médicaments. On peut l'assimiler aux cérats simples et même aux cataplasmes, et cependant cet onguent produit des effets soutenus et on ne peut plus variés : ici ce sont des sels calcaires que l'on obtient sur l'emplâtre ; chez les hydropiques, c'est de l'eau ; chez les gens à humeurs, c'est une suppuration abondante, tantôt claire et souvent épaisse ; enfin les effets de son onguent varient à l'infini pour une cause que je n'ai pu encore saisir, et qui, du reste, doit rentrer dans l'étude de la première question posée. Voilà pour l'extérieur ; plus tard, je vous dirai un mot de la médication interne, que je m'explique facilement. Il ne faut pas croire non plus que le mal s'enlève comme avec la main ; il faut, comme toujours, du temps et de la persévérance pour guérir radicalement les maladies rebelles.
Agréez, etc.
Morhery.
Un grain de folie
Le Journal de la Haute-Saône rapportait dernièrement le fait suivant :
« On a vu des rois détrônés s'ensevelir sous les débris de leurs palais ; on voit des joueurs malheureux abdiquer la vie après la perte de leur fortune ; mais un propriétaire qui se suicide pour ne pas survivre à l'expropriation d'un pré, c'est ce qu'on n'avait peut-être jamais vu avant le fait que nous citons. Un propriétaire de Saint-Loup avait été averti qu'un de ses prés serait exproprié, le 14 mai, par la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Cette information l'avait vivement affecté ; il ne pouvait supporter l'idée de se séparer de son pré, et il donna des signes d'aliénation mentale. Le 2 mai, il est sorti de son habitation à trois heures du matin, et s'est noyé dans la rivière de Combeauté. »
Il est difficile, en effet, de se suicider pour une cause plus futile, et un acte aussi déraisonnable ne peut s'expliquer que par un dérangement du cerveau ; mais, qui a produit ce dérangement ? A coup sûr, ce n'est pas la croyance aux Esprits. Est-ce le fait de l'expropriation du pré ? Mais alors, pourquoi tous ceux que l'on exproprie ne deviennent-ils pas fous ? C'est, dira-t-on, que tous n'ont pas le cerveau aussi faible. Alors, vous admettez donc une prédisposition naturelle à la folie, et il ne saurait en être autrement, du moment que la même cause ne produit pas toujours le même effet. Nous l'avons dit bien des fois en réponse à ceux qui accusent le Spiritisme de provoquer la folie ; qu'ils disent si, avant qu'il ne fût question des Esprits, il n'y avait pas de fous, et s'il n'y a de fous que parmi ceux qui croient aux Esprits ? Une cause physique ou une violente commotion morale peuvent seules produire une folie instantanée ; hors cela, si l'on examine les antécédents, on en trouvera toujours des symptômes, qu'une cause fortuite peut développer ; la folie prend alors le caractère de la préoccupation principale ; le fou parle de ce qui le préoccupe, mais ce n'est pas cette préoccupation qui est la cause, ce n'est en quelque sorte qu'un mode de manifestation. Ainsi, une prédisposition à la folie étant donnée, celui qui s'occupe de religion aura une folie religieuse ; l'amour produira la folie amoureuse ; l'ambition, la folie des honneurs et des richesses, etc. Dans le fait rapporté ci-dessus, il serait absurde d'y voir autre chose qu'un simple effet que toute autre cause eût pu provoquer, parce que la prédisposition y était. Nous allons plus loin, maintenant : nous disons hautement que si ce propriétaire, si impressionnable à l'endroit de son pré, eût été profondément imbu des principes du Spiritisme, il ne fût pas devenu fou et ne se serait pas noyé, deux malheurs qui auraient été évités, ainsi que nous en avons de nombreux exemples. La raison en est évidente. La folie a pour cause première une faiblesse morale relative, qui rend l'individu incapable de supporter le choc de certaines impressions, au nombre desquelles figurent, pour les trois quarts au moins, le chagrin, le désespoir, le désappointement et toutes les tribulations de la vie. Donner à l'homme la force nécessaire pour voir ces choses avec indifférence, c'est donc atténuer en lui la cause la plus fréquente de folie et de suicide ; or, cette force, il la puise dans la doctrine spirite bien comprise. En présence de la grandeur de l'avenir qu'elle déroule à nos yeux, et dont elle donne la preuve patente, les tribulations de la vie deviennent si éphémères, qu'elles glissent sur l'âme comme l'eau sur le marbre, sans y laisser de traces. Le vrai Spirite ne s'attache à la matière que tout juste autant qu'il faut pour les besoins de la vie ; mais si une corde lui manque, il en prend son parti, parce qu'il sait qu'il n'est ici qu'en passant, et qu'un sort bien meilleur l'attend ; aussi ne s'en affecte-t-il pas plus que de trouver accidentellement une pierre sur son chemin. Si notre homme eût été imbu de ces idées, que serait devenu son pré à ses yeux ? La contrariété qu'il a éprouvée eût été insignifiante ou nulle, et un malheur imaginaire n'eût pas amené un malheur réel. En résumé, l'un des effets, et nous pouvons dire l'un des bienfaits du Spiritisme, c'est de donner à l'âme la force qui lui manque en beaucoup de circonstances, et c'est en cela qu'il peut diminuer les causes de folie et de suicide. Comme on le voit, les faits les plus simples peuvent être une source d'enseignement pour qui veut réfléchir. C'est en montrant les applications du Spiritisme aux cas les plus vulgaires qu'on en fera comprendre toute la sublimité. N'est-ce pas là la véritable philosophie ?
« On a vu des rois détrônés s'ensevelir sous les débris de leurs palais ; on voit des joueurs malheureux abdiquer la vie après la perte de leur fortune ; mais un propriétaire qui se suicide pour ne pas survivre à l'expropriation d'un pré, c'est ce qu'on n'avait peut-être jamais vu avant le fait que nous citons. Un propriétaire de Saint-Loup avait été averti qu'un de ses prés serait exproprié, le 14 mai, par la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Cette information l'avait vivement affecté ; il ne pouvait supporter l'idée de se séparer de son pré, et il donna des signes d'aliénation mentale. Le 2 mai, il est sorti de son habitation à trois heures du matin, et s'est noyé dans la rivière de Combeauté. »
Il est difficile, en effet, de se suicider pour une cause plus futile, et un acte aussi déraisonnable ne peut s'expliquer que par un dérangement du cerveau ; mais, qui a produit ce dérangement ? A coup sûr, ce n'est pas la croyance aux Esprits. Est-ce le fait de l'expropriation du pré ? Mais alors, pourquoi tous ceux que l'on exproprie ne deviennent-ils pas fous ? C'est, dira-t-on, que tous n'ont pas le cerveau aussi faible. Alors, vous admettez donc une prédisposition naturelle à la folie, et il ne saurait en être autrement, du moment que la même cause ne produit pas toujours le même effet. Nous l'avons dit bien des fois en réponse à ceux qui accusent le Spiritisme de provoquer la folie ; qu'ils disent si, avant qu'il ne fût question des Esprits, il n'y avait pas de fous, et s'il n'y a de fous que parmi ceux qui croient aux Esprits ? Une cause physique ou une violente commotion morale peuvent seules produire une folie instantanée ; hors cela, si l'on examine les antécédents, on en trouvera toujours des symptômes, qu'une cause fortuite peut développer ; la folie prend alors le caractère de la préoccupation principale ; le fou parle de ce qui le préoccupe, mais ce n'est pas cette préoccupation qui est la cause, ce n'est en quelque sorte qu'un mode de manifestation. Ainsi, une prédisposition à la folie étant donnée, celui qui s'occupe de religion aura une folie religieuse ; l'amour produira la folie amoureuse ; l'ambition, la folie des honneurs et des richesses, etc. Dans le fait rapporté ci-dessus, il serait absurde d'y voir autre chose qu'un simple effet que toute autre cause eût pu provoquer, parce que la prédisposition y était. Nous allons plus loin, maintenant : nous disons hautement que si ce propriétaire, si impressionnable à l'endroit de son pré, eût été profondément imbu des principes du Spiritisme, il ne fût pas devenu fou et ne se serait pas noyé, deux malheurs qui auraient été évités, ainsi que nous en avons de nombreux exemples. La raison en est évidente. La folie a pour cause première une faiblesse morale relative, qui rend l'individu incapable de supporter le choc de certaines impressions, au nombre desquelles figurent, pour les trois quarts au moins, le chagrin, le désespoir, le désappointement et toutes les tribulations de la vie. Donner à l'homme la force nécessaire pour voir ces choses avec indifférence, c'est donc atténuer en lui la cause la plus fréquente de folie et de suicide ; or, cette force, il la puise dans la doctrine spirite bien comprise. En présence de la grandeur de l'avenir qu'elle déroule à nos yeux, et dont elle donne la preuve patente, les tribulations de la vie deviennent si éphémères, qu'elles glissent sur l'âme comme l'eau sur le marbre, sans y laisser de traces. Le vrai Spirite ne s'attache à la matière que tout juste autant qu'il faut pour les besoins de la vie ; mais si une corde lui manque, il en prend son parti, parce qu'il sait qu'il n'est ici qu'en passant, et qu'un sort bien meilleur l'attend ; aussi ne s'en affecte-t-il pas plus que de trouver accidentellement une pierre sur son chemin. Si notre homme eût été imbu de ces idées, que serait devenu son pré à ses yeux ? La contrariété qu'il a éprouvée eût été insignifiante ou nulle, et un malheur imaginaire n'eût pas amené un malheur réel. En résumé, l'un des effets, et nous pouvons dire l'un des bienfaits du Spiritisme, c'est de donner à l'âme la force qui lui manque en beaucoup de circonstances, et c'est en cela qu'il peut diminuer les causes de folie et de suicide. Comme on le voit, les faits les plus simples peuvent être une source d'enseignement pour qui veut réfléchir. C'est en montrant les applications du Spiritisme aux cas les plus vulgaires qu'on en fera comprendre toute la sublimité. N'est-ce pas là la véritable philosophie ?
Tradition musulmane
Nous extrayons le passage suivant du remarquable et savant ouvrage que M. Géraldy Saintine a publié sous le titre de : Trois ans en Judée.
« Lorsque le sultan de Babel Bakhtunnassar (Nabuchodonosor) fut envoyé par Dieu pour punir les enfants d'Israël, qui avaient abandonné la doctrine de l'unité, il dépouilla le temple de tous les objets précieux qui s'y trouvaient réunis ; et, se réservant pour lui-même le trône de Salomon, avec ses supports, les deux lions d'or pur animés par un art magique qui en défendaient l'entrée, il distribua le reste du butin aux différents rois de sa cour. Le roi de Roum reçut l'habit d'Adam et la verge de Moïse ; le roi d'Antakie eut pour sa part le trône de Belkis, et le paon merveilleux dont la queue, toute en pierreries, formait à ce trône un riche dossier ; le roi d'Andalousie prit la table d'or du Prophète. Un coffret en pierre, qui contenait le Tourat (Bible), était au milieu de toutes ces richesses, et nul n'y faisait attention, bien qu'il fût de tous les trésors le plus précieux. On le laissa donc abandonné au caprice des pillards qui parcouraient la ville et le temple, faisant main basse sur tout ce qu'ils rencontraient, et le dépôt de la parole divine disparut dans cet immense désordre.
« Quarante ans plus tard, la colère de Dieu s'étant apaisée, il résolut de rétablir les fils d'Israël dans leur héritage et suscita le prophète Euzer (Esdras), - sur qui soit le salut ! - Prédestiné par la volonté divine à une mission glorieuse, il avait passé toute sa jeunesse dans la prière et la méditation, négligeant les sciences humaines pour s'absorber dans la contemplation de l'Etre infini, et vivait séparé du monde au fond d'une des grottes qui entourent la ville sainte. Cette grotte s'appelle aujourd'hui encore el Azérie[1]. Obéissant à l'ordre de Dieu, il sortit de sa retraite et vint au milieu des fils d'Israël leur indiquer comment ils devaient rebâtir le temple et remettre en honneur les anciens rites.
« Mais le peuple ne crut point à la mission du prophète ; il déclara qu'il ne se soumettrait point à la loi ; que même il cesserait les travaux de construction du temple et s'en irait habiter d'autres pays, si on ne lui représentait le livre où notre seigneur Moïse - sur qui soit le salut ! - avait consigné toutes les prescriptions religieuses à lui dictées sur le mont Sinaï. Ce livre avait disparu, et toutes les recherches pour le retrouver avaient été infructueuses.
« Euzer donc, dans ce grand embarras, fit à Dieu de ferventes prières pour qu'il le tirât de peine et empêchât le peuple de persister dans la voie de perdition. Il était assis sous un arbre, contemplant avec tristesse les ruines du temple, autour desquelles s'agitait la multitude indocile. Tout à coup une voix d'en haut lui ordonne d'écrire, et, bien qu'il n'eût jamais pris en main un qalam (plume en roseau), il obéit sur-le-champ. Depuis la prière du midi jusqu'au lendemain à la même heure, sans prendre de nourriture, sans se lever de l'endroit béni où il était assis, il continua d'écrire tout ce que lui dictait la voix céleste, n'hésitant pas un seul instant, n'étant pas même arrêté par les ténèbres de la nuit, car une lumière surnaturelle éclairait son esprit et un ange guidait sa main.
« Tous les fils d'Israël étaient dans l'ébahissement et contemplaient en silence cette manifestation de la toute-puissance divine. Mais lorsque le prophète eut terminé sa copie miraculeuse, les imans, jaloux de la faveur particulière dont il venait d'être l'objet, prétendirent que le nouveau livre était une invention diabolique et qu'il ne ressemblait nullement à l'ancien.
« Euzer s'adressa de nouveau à la bonté infinie, et, cédant à une inspiration subite, il se dirigea, suivi de tout le peuple, vers la fontaine de Siloam. Arrivé devant la source, il lève les mains au ciel, fait une longue et ardente prière, et toute la foule se prosterne avec lui. Tout à coup apparaît à la surface de l'eau une pierre carrée qui flotte comme soutenue par une main invisible ; dans cette pierre les imans reconnaissent en tremblant le coffret sacré depuis si longtemps perdu ; Euzer le prend avec respect ; le coffret s'ouvre de lui-même ; le Tourat de Moïse en sort comme s'il était animé d'une vie propre, et la nouvelle copie, s'échappant du sein du prophète, va d'elle-même se placer dans la boîte sacrée.
« Le doute n'était plus permis ; cependant le saint homme exige que les imans confrontent les deux exemplaires. Ceux-ci, malgré leur confusion, obéissent à sa volonté. Ils témoignent à haute voix, après un long examen, que pas un mot, pas un kareket (accent) n'établit la moindre différence entre le livre écrit par Euzer et celui qu'avait tracé Moïse. Dès qu'ils ont rendu cet hommage à la vérité, Dieu, pour les punir de leurs premières erreurs, éteint leurs yeux et les plonge dans d'éternelles ténèbres.
« C'est ainsi que les fils d'Israël furent ramenés à la foi de leurs pères. L'endroit où s'était assis le chef que Dieu leur avait donné fut appelé depuis Kerm ech Cheick (l'enclos ou la vigne du Cheik). »
Qui ne reconnaîtrait dans ce récit plusieurs phénomènes spirites que les médiums reproduisent sous nos yeux et qui n'ont rien de surnaturel ?
[1] Nom arabe de la grotte connue sous le nom de Tombeau de Lazare.
Nous extrayons le passage suivant du remarquable et savant ouvrage que M. Géraldy Saintine a publié sous le titre de : Trois ans en Judée.
« Lorsque le sultan de Babel Bakhtunnassar (Nabuchodonosor) fut envoyé par Dieu pour punir les enfants d'Israël, qui avaient abandonné la doctrine de l'unité, il dépouilla le temple de tous les objets précieux qui s'y trouvaient réunis ; et, se réservant pour lui-même le trône de Salomon, avec ses supports, les deux lions d'or pur animés par un art magique qui en défendaient l'entrée, il distribua le reste du butin aux différents rois de sa cour. Le roi de Roum reçut l'habit d'Adam et la verge de Moïse ; le roi d'Antakie eut pour sa part le trône de Belkis, et le paon merveilleux dont la queue, toute en pierreries, formait à ce trône un riche dossier ; le roi d'Andalousie prit la table d'or du Prophète. Un coffret en pierre, qui contenait le Tourat (Bible), était au milieu de toutes ces richesses, et nul n'y faisait attention, bien qu'il fût de tous les trésors le plus précieux. On le laissa donc abandonné au caprice des pillards qui parcouraient la ville et le temple, faisant main basse sur tout ce qu'ils rencontraient, et le dépôt de la parole divine disparut dans cet immense désordre.
« Quarante ans plus tard, la colère de Dieu s'étant apaisée, il résolut de rétablir les fils d'Israël dans leur héritage et suscita le prophète Euzer (Esdras), - sur qui soit le salut ! - Prédestiné par la volonté divine à une mission glorieuse, il avait passé toute sa jeunesse dans la prière et la méditation, négligeant les sciences humaines pour s'absorber dans la contemplation de l'Etre infini, et vivait séparé du monde au fond d'une des grottes qui entourent la ville sainte. Cette grotte s'appelle aujourd'hui encore el Azérie[1]. Obéissant à l'ordre de Dieu, il sortit de sa retraite et vint au milieu des fils d'Israël leur indiquer comment ils devaient rebâtir le temple et remettre en honneur les anciens rites.
« Mais le peuple ne crut point à la mission du prophète ; il déclara qu'il ne se soumettrait point à la loi ; que même il cesserait les travaux de construction du temple et s'en irait habiter d'autres pays, si on ne lui représentait le livre où notre seigneur Moïse - sur qui soit le salut ! - avait consigné toutes les prescriptions religieuses à lui dictées sur le mont Sinaï. Ce livre avait disparu, et toutes les recherches pour le retrouver avaient été infructueuses.
« Euzer donc, dans ce grand embarras, fit à Dieu de ferventes prières pour qu'il le tirât de peine et empêchât le peuple de persister dans la voie de perdition. Il était assis sous un arbre, contemplant avec tristesse les ruines du temple, autour desquelles s'agitait la multitude indocile. Tout à coup une voix d'en haut lui ordonne d'écrire, et, bien qu'il n'eût jamais pris en main un qalam (plume en roseau), il obéit sur-le-champ. Depuis la prière du midi jusqu'au lendemain à la même heure, sans prendre de nourriture, sans se lever de l'endroit béni où il était assis, il continua d'écrire tout ce que lui dictait la voix céleste, n'hésitant pas un seul instant, n'étant pas même arrêté par les ténèbres de la nuit, car une lumière surnaturelle éclairait son esprit et un ange guidait sa main.
« Tous les fils d'Israël étaient dans l'ébahissement et contemplaient en silence cette manifestation de la toute-puissance divine. Mais lorsque le prophète eut terminé sa copie miraculeuse, les imans, jaloux de la faveur particulière dont il venait d'être l'objet, prétendirent que le nouveau livre était une invention diabolique et qu'il ne ressemblait nullement à l'ancien.
« Euzer s'adressa de nouveau à la bonté infinie, et, cédant à une inspiration subite, il se dirigea, suivi de tout le peuple, vers la fontaine de Siloam. Arrivé devant la source, il lève les mains au ciel, fait une longue et ardente prière, et toute la foule se prosterne avec lui. Tout à coup apparaît à la surface de l'eau une pierre carrée qui flotte comme soutenue par une main invisible ; dans cette pierre les imans reconnaissent en tremblant le coffret sacré depuis si longtemps perdu ; Euzer le prend avec respect ; le coffret s'ouvre de lui-même ; le Tourat de Moïse en sort comme s'il était animé d'une vie propre, et la nouvelle copie, s'échappant du sein du prophète, va d'elle-même se placer dans la boîte sacrée.
« Le doute n'était plus permis ; cependant le saint homme exige que les imans confrontent les deux exemplaires. Ceux-ci, malgré leur confusion, obéissent à sa volonté. Ils témoignent à haute voix, après un long examen, que pas un mot, pas un kareket (accent) n'établit la moindre différence entre le livre écrit par Euzer et celui qu'avait tracé Moïse. Dès qu'ils ont rendu cet hommage à la vérité, Dieu, pour les punir de leurs premières erreurs, éteint leurs yeux et les plonge dans d'éternelles ténèbres.
« C'est ainsi que les fils d'Israël furent ramenés à la foi de leurs pères. L'endroit où s'était assis le chef que Dieu leur avait donné fut appelé depuis Kerm ech Cheick (l'enclos ou la vigne du Cheik). »
Qui ne reconnaîtrait dans ce récit plusieurs phénomènes spirites que les médiums reproduisent sous nos yeux et qui n'ont rien de surnaturel ?
[1] Nom arabe de la grotte connue sous le nom de Tombeau de Lazare.
Une faute de langue par un Esprit
Nous avons reçu la lettre suivante à propos du fait d'écriture directe rapporté dans le numéro de la Revue spirite du mois de mai, page 155.
Monsieur,
Je lis aujourd'hui seulement votre numéro de mai, et j'y trouve le récit d'une expérience d'écriture directe faite en ma présence chez mademoiselle Huet. Je me fais un plaisir de confirmer ce récit, en relevant pourtant une petite inexactitude qui a échappé au narrateur. Ce n'est pas God loves you, mais God love you que nous avons trouvé sur le papier ; c'est-à-dire que le verbe love, par l'absence de la lettre s, ne se trouvait pas à la troisième personne de l'indicatif présent ; on ne pourrait donc pas traduire par Dieu vous aime, à moins de sous-entendre que et d'en faire une formule d'impératif ou de subjonctif. L'observation en a été faite dans une séance subséquente à l'Esprit de Channing (si tant est que ce fût bien l'Esprit de Channing, car vous me connaissez, et je vous demande la permission de conserver mes doutes sur l'identité absolue des Esprits), et l'Esprit de Channing, dis-je, ne s'est pas expliqué bien catégoriquement au sujet de cette s omise à dessein ou par inadvertance ; il nous a même un peu reproché, si j'ai bonne mémoire, d'attacher de l'importance à une lettre de plus ou de moins dans une expérience aussi remarquable.
En dépit de ce reproche amical fait par l'Esprit de Channing, j'ai cru devoir vous communiquer mon observation sur la manière dont le mot love a été réellement écrit. L'honorable M. E. de B…, resté possesseur du papier, a pu le montrer ou le montrera à beaucoup de personnes, et parmi ces personnes il pourra s'en trouver qui aient connaissance de votre dernier numéro ; or, il importe (et je suis persuadé que c'est votre avis comme le mien), que la plus grande fidélité se rencontre dans le récit des faits si étranges et si merveilleux que nous obtenons.
En dépit de ce reproche amical fait par l'Esprit de Channing, j'ai cru devoir vous communiquer mon observation sur la manière dont le mot love a été réellement écrit. L'honorable M. E. de B…, resté possesseur du papier, a pu le montrer ou le montrera à beaucoup de personnes, et parmi ces personnes il pourra s'en trouver qui aient connaissance de votre dernier numéro ; or, il importe (et je suis persuadé que c'est votre avis comme le mien), que la plus grande fidélité se rencontre dans le récit des faits si étranges et si merveilleux que nous obtenons.
Agréez, etc.
Mathieu.
Nous avions parfaitement remarqué la faute que signale M. Mathieu, et nous avons pris sur nous de la corriger, sachant, par expérience, que les Esprits attachent fort peu d'importance à ces sortes de peccadilles, dont les plus éclairés ne se font aucun scrupule ; aussi ne sommes-nous nullement étonné de l'observation de Channing en présence, comme il le dit, d'un fait bien autrement capital. L'exactitude dans la reproduction des faits est sans doute une chose essentielle ; mais l'importance de ces faits est relative, et nous avouons que si nous devions toujours, pour le français, suivre l'orthographe des Invisibles, messieurs les grammairiens auraient beau jeu pour les traiter de cuisinières, alors même que le médium est passé expert en ces matières. Nous en avons un, ou une, dans la Société, qui est pourvu de tous ses diplômes, et dont les communications, quoique écrites très posément, ont de nombreuses taches de ce genre. Les Esprits nous ont toujours dit : « Attachez-vous au fond et non à la forme ; pour nous la pensée est tout, la forme rien ; corrigez donc la forme, si vous le jugez à propos : nous vous laissons ce soin. » Si donc la forme est défectueuse, nous ne la conservons que lorsqu'il peut en sortir un enseignement ; or, tel n'était pas le cas, à notre avis, dans le fait ci-dessus, car le sens était évident.
Dictées spontanées et dissertations spirites
La VanitéPar madame Lesc…, médium
Je veux te parler de la vanité qui se mêle à toutes les actions humaines : elle ternit les plus douces pensées ; elle envahit le cœur, la tête. Mauvaise plante, elle étouffe en son germe la bonté ; toutes les qualités sont anéanties par son venin. Pour lutter contre elle, il faut employer la prière ; elle seule donne l'humilité et la force. Sans cesse vous oubliez Dieu, hommes ingrats ! Il n'est pour vous que le secours imploré dans la détresse, et jamais l'ami que l'on invite au banquet de la joie. Il vous a donné pour éclairer le jour, le soleil, rayonnement de gloire, et pour éclairer la nuit, les étoiles, fleurs d'or. Partout, à côté des éléments nécessaires à l'humanité, il a placé le luxe nécessaire à la beauté de son œuvre. Dieu vous a traités comme le ferait un hôte généreux qui multiplie, pour recevoir ses invités, le luxe de sa demeure et l'abondance du festin. Que faites-vous, vous qui n'avez que votre cœur à lui offrir ? Loin de le parer de joie et de vertus, loin de lui offrir les prémisses de vos espérances, vous ne le souhaitez, vous ne l'invitez à pénétrer en vous, que lorsque le deuil et les âpres déceptions vous ont labourés et sillonnés. Ingrats ! qu'attendez-vous pour aimer votre Dieu ? Le malheur et l'abandon. Offrez-lui donc plutôt votre cœur libre de douleurs ; offrez-lui, comme des hommes debout, et non comme des esclaves agenouillés, votre amour purifié de crainte, et il se souviendra, à l'heure du danger, de vous, qui ne l'aurez pas oublié à l'heure du bonheur.
Georges. (Esprit familier.)
Georges. (Esprit familier.)
La misère humaine
La misère humaine n'est pas dans
l'incertitude des événements qui, tantôt élèvent, tantôt précipitent.
Elle gît tout entière dans le cœur avide et insatiable qui aspire sans
cesse à recevoir, qui se plaint de la sécheresse d'autrui, et ne s'avise
jamais de sa propre aridité. Ce malheur d'aspirer plus haut que
soi-même, ce malheur de ne pouvoir être satisfait par les joies les plus
chères, ce malheur, dis-je, constitue la misère humaine. Qu'importe le
cerveau, qu'importent ses plus brillantes facultés, si elles sont
toujours assombries par le désir âpre et inassouvi de ce quelque chose
qui lui échappe sans cesse ; l'ombre flotte près du corps, le bonheur
flotte près de l'âme, insaisissable pour elle. Vous ne devez cependant
ni vous plaindre ni maudire votre sort ; car cette ombre, ce bonheur,
fuyant et mobile comme l'onde, donne, par l'ardeur et l'angoisse qu'il
dépose dans le cœur, la preuve de la divinité emprisonnée dans
l'humanité. Aimez donc la douleur et sa poésie vivifiante, qui fait
vibrer vos esprits par le souvenir de la patrie éternelle. Le cœur
humain est un calice plein de larmes ; mais vienne l'aurore, et elle
boira l'eau de vos cœurs ; elle sera pour vous la vie qui éblouira vos
yeux aveuglés par l'obscurité de la prison charnelle. Courage ! chaque
jour est une délivrance ; marchez dans la douloureuse voie ; marchez, en
suivant des yeux l'étoile de la mystérieuse espérance.
Georges. (Esprit familier.)
Georges. (Esprit familier.)
La tristesse et le chagrin
Par madame Lesc…, médium
On a tort de céder souvent à la tristesse. Ne vous y trompez pas, le
chagrin est le sentiment ferme et honnête que ressent l'homme atteint
dans son cœur ou dans ses intérêts ; mais la lâche tristesse n'est que
la manifestation physique du sang ralenti ou précipité dans son cours.
La tristesse couvre de son nom bien des égoïsmes, bien des lâchetés.
Elle débilite l'esprit qui s'y abandonne. Au contraire, le chagrin est
le pain des forts ; cette âpre nourriture alimente les facultés de
l'esprit et amoindrit la partie animale. Ne cherchez pas le martyre du
corps, mais soyez avides du martyre de l'âme. Les hommes comprennent
qu'ils doivent remuer leurs jambes et leurs bras pour maintenir la vie
du corps, et ils ne comprennent pas qu'ils doivent souffrir pour exercer
les facultés morales. Le bonheur, ou seulement la joie, sont des hôtes
si passagers de l'humanité, que vous ne pouvez, sans en être écrasés,
porter leur présence, si légère qu'elle soit. Vous êtes faits pour
souffrir et pour rêver sans cesse le bonheur, car vous êtes des oiseaux
sans ailes cloués au sol, qui regardez le ciel et enviez l'espace.
Georges. (Esprit familier.)
Remarque. Ces deux communications renferment incontestablement de très belles pensées et des images d'une grande élévation ; mais elles nous semblent écrites sous l'empire d'idées un peu sombres et quelque peu misanthropes ; on croirait y voir l'expression d'un cœur ulcéré. L'Esprit qui les a dictées est mort depuis peu d'années ; de son vivant il était l'ami du médium, dont, après sa mort, il s'est constitué le génie familier. C'était un artiste peintre de talent, dont la vie avait été calme et assez insouciante ; mais qui sait s'il en avait été de même dans sa précédente existence ? Quoi qu'il en soit, toutes ses communications attestent chez lui beaucoup de profondeur et de sagesse. On pourrait croire qu'elles sont le reflet du caractère du médium ; madame Lesc… est sans contredit une femme très sérieuse et au-dessus du vulgaire, à beaucoup d'égards, et c'est sans aucun doute ce qui, à part sa faculté médianimique, lui concilie la sympathie des bons Esprits, mais la communication suivante, obtenue dans la Société, prouve qu'elle peut en recevoir d'un caractère très varié.
La Fantaisie
Médium, madame Lesc…
Tu veux que je te parle de la fantaisie ; elle a été ma reine, ma
maîtresse, mon esclave ; je l'ai servie ou je l'ai dominée ; mais,
toujours soumis à ses adorables fluctuations, je ne lui ai jamais été
infidèle. C'est encore elle qui me pousse à parler d'autre chose : de la
facilité qu'a le cœur de porter deux amours, facilité méconnue et fort
blâmée. Je crois qu'il est absurde, ce blâme de bons bourgeois qui
n'aiment que leurs petits vices réglés, plus ennuyeux encore que leurs
vertus ; ils n'admettent que ce que comprend leur cervelle ratissée et
bordée de buis comme un jardin de curé. Tu as peur de ce que je te dis ;
sois tranquille ; Musset a sa griffe : on ne peut lui demander des
gentillesses de petits chiens dressés ; il faut supporter et comprendre
ses boutades, vraies sous leur apparence frivole, tristes sous leur
gaieté, rieuses dans leurs larmes.
Alfred de Musset.
Remarque.
Une personne qui n'avait entendu cette communication qu'à la première
lecture disait, dans une séance intime, qu'elle lui semblait un peu
insignifiante. L'Esprit de Socrate, qui prenait part à l'entretien,
répondant à cette observation, écrivit spontanément : « Non, tu te
trompes ; relis-la ; il y a du bon ; elle est très intelligente, et cela
a son bon côté. On a dit qu'on y reconnaissait l'homme ; c'est, qu'en
effet, il est plus facile de prouver l'identité d'un Esprit de votre
temps que du mien, et, pour certaines personnes, il est utile que, de
temps en temps, vous ayez de ces sortes de communications. »
Un autre jour, la conversation s'étant engagée, à propos des médiums, sur le caractère d'Alfred de Musset, qu'un des assistants accusait d'avoir été trop matériel pendant sa vie, celui-ci écrivit spontanément la remarquable communication suivante par un de ses médiums préférés.
Un autre jour, la conversation s'étant engagée, à propos des médiums, sur le caractère d'Alfred de Musset, qu'un des assistants accusait d'avoir été trop matériel pendant sa vie, celui-ci écrivit spontanément la remarquable communication suivante par un de ses médiums préférés.
Influence du médium sur l'Esprit
Médium, madame Schmidt
Les Esprits supérieurs seuls peuvent
communiquer indistinctement avec tous les médiums, et tenir partout le
même langage ; mais je ne suis pas un Esprit supérieur, voilà pourquoi
je suis parfois un peu matériel ! cependant, je suis plus avancé que
vous ne croyez.
Quand nous nous communiquons à un médium, l'émanation de sa nature reflète sur nous plus ou moins ; par exemple, si le médium est de ces natures où le cœur domine, de ces êtres élevés, capables de souffrir pour leurs frères ; enfin, de ces âmes dévouées, grandes, que le malheur a rendues fortes, et qui sont restées pures au milieu de la tourmente, alors le reflet fait du bien, en ce sens que nous nous corrigeons spontanément, et que notre langage s'en ressent ; mais, dans le cas contraire, si nous nous communiquons par un médium d'une nature moins élevée, nous nous servons purement et simplement de sa faculté comme d'un instrument ; c'est alors que nous devenons ce que tu appelles un peu matériels ; nous disons des choses spirituelles, si tu veux, mais nous laissons le cœur de côté.
Demande. Les médiums instruits et d'un esprit cultivé sont-ils plus aptes à recevoir des communications élevées que ceux qui n'ont pas d'instruction ? - Réponse. Non ; je le répète : l'essence de l'âme seule se reflète sur les Esprits, mais les Esprits supérieurs seuls en sont invulnérables.
Alfred de Musset.
Quand nous nous communiquons à un médium, l'émanation de sa nature reflète sur nous plus ou moins ; par exemple, si le médium est de ces natures où le cœur domine, de ces êtres élevés, capables de souffrir pour leurs frères ; enfin, de ces âmes dévouées, grandes, que le malheur a rendues fortes, et qui sont restées pures au milieu de la tourmente, alors le reflet fait du bien, en ce sens que nous nous corrigeons spontanément, et que notre langage s'en ressent ; mais, dans le cas contraire, si nous nous communiquons par un médium d'une nature moins élevée, nous nous servons purement et simplement de sa faculté comme d'un instrument ; c'est alors que nous devenons ce que tu appelles un peu matériels ; nous disons des choses spirituelles, si tu veux, mais nous laissons le cœur de côté.
Demande. Les médiums instruits et d'un esprit cultivé sont-ils plus aptes à recevoir des communications élevées que ceux qui n'ont pas d'instruction ? - Réponse. Non ; je le répète : l'essence de l'âme seule se reflète sur les Esprits, mais les Esprits supérieurs seuls en sont invulnérables.
Alfred de Musset.
Bibliographie
Nous avons parlé dans un article ci-dessus d'une nouvelle publication périodique sur le Spiritisme qui se fait à Londres sous le titre de the Spiritual Magazine ; l'Italie ne reste pas en arrière du mouvement qui porte les idées vers le monde invisible. Nous recevons le prospectus d'un journal qui paraît à Gênes sous le titre de l'Amore del vero, periodico di scienze, litteratura, belle arti, magnetismo animale, omeopatia, elettro-telegrafia, Spiritismo, ec. Sotto la direzzione del signori D. Pietro Gatti e B. E. Maineri. Ce journal paraît trois fois par mois par cahiers de 18 pages.
M. le docteur Gatti, directeur de l'Institut homéopathique de Gênes, est un adepte éclairé du Spiritisme, et nous ne doutons pas que les questions relatives à cette science ne soient traitées par lui avec le talent et la sagacité qui le caractérisent.
L'histoire de Jeanne d'Arc, dictée par elle-même à mademoiselle Ermance Dufaux, et dont nous avons annoncé la réimpression, vient de paraître chez Ledoyen. Nous avons rendu compte de ce remarquable ouvrage dans le numéro de la Revue Spirite de janvier 1858. Depuis cette époque notre opinion n'a pas varié sur son importance, non seulement au point de vue historique, mais comme un des faits les plus curieux de manifestation spirite. Cette réimpression était vivement réclamée, et nous ne doutons pas qu'elle n'obtienne un succès d'autant plus grand, que les partisans de la science nouvelle sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux qu'ils n'étaient lors de la première publication.
Allan Kardec
M. le docteur Gatti, directeur de l'Institut homéopathique de Gênes, est un adepte éclairé du Spiritisme, et nous ne doutons pas que les questions relatives à cette science ne soient traitées par lui avec le talent et la sagacité qui le caractérisent.
L'histoire de Jeanne d'Arc, dictée par elle-même à mademoiselle Ermance Dufaux, et dont nous avons annoncé la réimpression, vient de paraître chez Ledoyen. Nous avons rendu compte de ce remarquable ouvrage dans le numéro de la Revue Spirite de janvier 1858. Depuis cette époque notre opinion n'a pas varié sur son importance, non seulement au point de vue historique, mais comme un des faits les plus curieux de manifestation spirite. Cette réimpression était vivement réclamée, et nous ne doutons pas qu'elle n'obtienne un succès d'autant plus grand, que les partisans de la science nouvelle sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux qu'ils n'étaient lors de la première publication.
Allan Kardec