REVUE SPIRITE - JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1860

Allan Kardec

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Le Réveil de l'Esprit, Mad. Costel, médium Lorsque

l'homme quitte sa dépouille mortelle, il éprouve un étonnement et un éblouissement qui le tiennent quelque temps indécis sur son état réel ; il ne sait s'il est mort ou vivant, et ses sensations très confuses, sont assez longtemps à s'éclaircir. Peu à peu, les yeux de son Esprit sont éblouis des diverses clartés qui l'environnent ; il suit tout un ordre de choses, grandes et inconnues, qu'il a d'abord peine à comprendre, mais bientôt il reconnaît qu'il n'est plus qu'un être impalpable et immatériel ; il cherche sa dépouille, et s'étonne de ne pas la trouver ; il est quelque temps avant que la mémoire du passé lui revienne, et le convainque de son identité. En regardant la terre qu'il vient de quitter, il voit ses parents et ses amis qui le pleurent, et son corps inerte. Enfin ses yeux se détachent de la terre et s'élèvent vers le ciel ; si la volonté de Dieu ne le retient pas au sol, il monte lentement et se sent flotter dans l'espace, ce qui est une sensation délicieuse. Alors le souvenir de la vie qu'il quitte lui apparaît avec une clarté, désolante le plus souvent, mais consolante quelquefois. Je te parle ici de ce que j'ai éprouvé, moi qui ne suis pas un mauvais esprit, mais qui n'ai pas le bonheur d'occuper un rang élevé. On se dépouille de tous les préjugés terrestres ; la vérité apparaît dans toute sa lumière ; rien ne pallie les fautes ; rien ne cache les vertus ; on voit son âme aussi clairement que dans un miroir ; on cherche parmi les Esprits ceux que l'on a connus, car l'Esprit s'effraie de son isolement, mais ils passent sans s'arrêter ; il n'y a pas de communications amicales entre les Esprits errants ; ceux mêmes qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; ces formes diaphanes glissent et ne se fixent pas ; les communications affectueuses sont réservées aux Esprits supérieurs qui échangent leurs pensées. Quant à nous, notre état transitoire ne sert qu'à notre avancement dont rien ne doit nous distraire, les seules communications qui nous soient permises sont avec les humains, parce qu'elles ont un but d'utilité mutuelle que Dieu prescrit.

Les mauvais Esprits contribuent aussi à l'amélioration humaine : ils servent aux épreuves ; si on leur résiste, on acquiert des mérites. Les Esprits qui dirigent les hommes sont récompensés par un grand adoucissement de leurs peines. Les Esprits errants ne souffrent pas de l'absence de communications entre eux, parce qu'ils savent qu'ils se retrouveront ; ils n'en ont que plus d'ardeur pour arriver au moment où les épreuves accomplies leur rendront les objets de leur affection qui ne peut s'exprimer, mais qui gît, latente, en eux. Aucun des liens que nous avons contractés sur la terre n'est brisé ; nos sympathies se rétabliront dans l'ordre où elles auront existé, plus ou moins vives selon le degré de chaleur ou d'intimité qu'elles auront eu.

Georges.

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