REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1865

Allan Kardec

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Novembre

La société spirite de Paris aux Spirites de la France et de l'Etranger

Très chers et très honorés frères en croyance,

Une circonstance récente a fourni à nos adversaires l'occasion de renouveler contre notre doctrine des attaques qui ont dépassé en violence ce qui avait été fait jusqu'à ce jour, et de déverser sur ses adeptes le sarcasme, l'injure et la calomnie. L'opinion de quelques personnes a pu être un instant égarée, mais les protestations verbales ou écrites ont été si générales, qu'elle revient déjà de son erreur. Tous vous avez compris que le Spiritisme est assis sur des bases trop inébranlables pour en recevoir aucune atteinte, et que cette levée de boucliers ne peut qu'aider à le faire mieux comprendre et à le populariser.

C'est le propre de toutes les grandes vérités de recevoir le baptême de la persécution ; les animosités que le Spiritisme soulève sont la preuve de son importance, car, si on le jugeait sans portée on ne s'en préoccuperait pas. Dans le conflit qui vient d'être soulevé, tous les Spirites ont conservé le calme et la modération qui sont les signes de la véritable force ; tous ont soutenu le choc avec courage ; nul n'a douté du résultat, et soyez persuadés que cette attitude, à la fois digne et ferme, opposée aux invectives et à l'acrimonie du langage de nos antagonistes, ne laisse pas de faire réfléchir et de peser d'un grand poids sur l'opinion. Le public impartial ne s'y méprend pas ; sans même prendre fait et cause pour l'un ou pour l'autre, une secrète sympathie l'attire vers celui qui, dans la discussion, sait conserver sa dignité ; la comparaison est toujours à son avantage ; aussi ces derniers événements ont-ils conquis de nombreux partisans au Spiritisme.

Dans cette circonstance, la Société de Paris est heureuse d'offrir à tous ses frères de la France et de l'étranger ses félicitations et ses sincères remerciements. Dans les nouvelles luttes qui pourront avoir lieu, elle compte sur eux, comme ils peuvent compter sur elle.

Recevez, messieurs et chers frères, l'assurance de notre entier et affectueux dévouement.

Pour les membres de la Société,

le président, Allan Kardec.

(Voté à l'unanimité dans la séance du 27 octobre 1865.)





Allocution - A la reprise des séances de la Société de Paris, le 6 octobre 1865.

Messieurs et chers collègues,

Au moment de reprendre le cours de nos travaux, c'est pour nous tous, et pour moi en particulier, une grande satisfaction de nous trouver de nouveau réunis. Nous allons sans doute retrouver nos bons guides habituels ; faisons des vœux pour que, grâce à leur concours, cette année soit féconde en résultats. Permettez-moi, à cette occasion, de vous adresser quelques paroles de circonstance.

Depuis notre séparation, un grand bruit s'est fait à propos du Spiritisme. Je n'en ai, à proprement parler, eu connaissance qu'à mon retour, car c'est à peine si quelques échos me sont parvenus dans ma solitude au milieu des montagnes.

Je n'entrerai pas à ce sujet dans des détails qui seraient superflus aujourd'hui, et, quant à mon appréciation personnelle, vous la connaissez par ce que j'en ai dit dans la Revue. Je n'ajouterai qu'un mot, c'est que tout vient me confirmer dans mon opinion sur les conséquences de ce qui s'est passé. Je suis heureux de voir que cette appréciation est partagée par la grande majorité, si ce n'est par l'unanimité des Spirites, ce dont j'ai chaque jour la preuve par ma correspondance.

Un fait évident ressort de la polémique engagée à l'occasion des frères Davenport, c'est l'ignorance absolue des critiques à l'endroit du Spiritisme. La confusion qu'ils établissent entre le Spiritisme sérieux et la jonglerie peut sans doute induire momentanément quelques personnes en erreur, mais il est notoire que l'excentricité même de leur langage a porté beaucoup de gens à s'enquérir de ce qu'il en est au juste, et que leur surprise a été grande d'y trouver tout autre chose que des tours d'adresse. Le Spiritisme y gagnera donc, comme je l'ai dit, d'être mieux connu et mieux apprécié. Cette circonstance, qui est loin d'être le fait du hasard, hâtera, incontestablement, le développement de la doctrine. On peut dire que c'est un coup de collier dont la portée ne tardera pas à se faire sentir.

Au reste, le Spiritisme entrera bientôt dans une nouvelle phase qui fixera forcément l'attention des plus indifférents, et ce qui vient de se passer en aplanit les voies. Alors se réalisera cette parole prophétique de l'abbé D…, dont j'ai rapporté la communication dans la Revue : « Les littérateurs seront vos plus puissants auxiliaires. » Ils le sont déjà sans le vouloir, plus tard ils le seront volontairement. Des circonstances se préparent qui précipiteront ce résultat, et c'est avec assurance que je dis que dans ces derniers temps les affaires du Spiritisme ont avancé plus qu'on ne saurait le croire.

Depuis notre séparation j'ai appris bien des choses, Messieurs ; car ne croyez pas que pendant cette interruption de nos travaux communs, je sois allé goûter les douceurs du far niente. Je ne suis point allé, il est vrai, visiter des centres Spirites, mais je n'en ai pas moins beaucoup vu et beaucoup observé, et par cela même beaucoup travaillé.

Les événements marchent avec rapidité, et comme les travaux qui me restent à terminer sont considérables, je dois me hâter, afin d'être prêt en temps opportun. En présence de la grandeur et de la gravité des événements que tout fait pressentir, les incidents secondaires sont insignifiants ; les questions de personnes passent, mais les choses capitales restent.

Il ne faut donc attacher aux choses qu'une importance relative, et pour ce qui me concerne personnellement, je dois écarter de mes préoccupations ce qui n'est que secondaire, et pourrait, ou me retarder, ou me détourner du but principal. Ce but se dessine de plus en plus nettement, et ce que j'ai surtout appris dans ces derniers temps, ce sont les moyens d'y arriver plus sûrement et de surmonter les obstacles.

Dieu me garde d'avoir la présomption de me croire seul capable, ou plus capable qu'un autre, ou seul chargé d'accomplir les desseins de la Providence ; non, cette pensée est loin de moi. Dans ce grand mouvement rénovateur, j'ai ma part d'action ; je ne parle donc que de ce qui me concerne ; mais ce que je puis affirmer sans vaine forfanterie, c'est que, dans le rôle qui m'incombe, ni le courage, ni la persévérance ne me feront défaut. Je n'en ai jamais manqué, mais aujourd'hui que je vois la route s'éclairer d'une merveilleuse clarté, je sens mes forces s'accroître. Je n'ai jamais douté ; mais aujourd'hui, grâce aux nouvelles lumières qu'il a plu à Dieu de me donner, je suis certain, et je dis à tous nos frères, avec plus d'assurance que jamais : Courage et persévérance, car un éclatant succès couronnera nos efforts.

Malgré l'état prospère du Spiritisme, ce serait s'abuser étrangement de croire qu'il va désormais marcher sans encombre. Il faut s'attendre, au contraire, à de nouvelles difficultés, à de nouvelles luttes. Nous aurons donc encore des moments pénibles à traverser, car nos adversaires ne se tiennent pas pour battus, et ils disputeront le terrain pied à pied. Mais c'est dans les moments critiques qu'on reconnaît les cœurs solides, les dévouements véritables ; c'est alors que les convictions profondes se distinguent des croyances superficielles ou simulées. Dans la paix il n'y a pas de mérite à avoir du courage. Nos chefs invisibles comptent en ce moment leurs soldats, et les difficultés sont pour eux un moyen de mettre en évidence ceux sur lesquels ils peuvent s'appuyer. C'est aussi pour nous un moyen de savoir qui est véritablement avec nous ou contre nous.

La tactique de nos adversaires, on ne saurait trop le répéter, est en ce moment de chercher à diviser les adeptes, en jetant à la traverse des brandons de discorde, en excitant des défaillances vraies ou simulées ; et, il faut bien le dire, ils ont pour auxiliaires certains Esprits qui se voient troublés par l'avènement d'une foi qui doit relier les hommes dans un commun sentiment de fraternité ; aussi cette parole d'un de nos guides est-elle parfaitement vraie : le Spiritisme met en révolution le monde visible et le monde invisible.

Depuis quelque temps nos adversaires ont pour point de mire les sociétés et les réunions Spirites, où ils sèment à profusion des ferments de discorde et de jalousie. Hommes à courte vue, aveuglés par la passion, ils croient avoir remporté une grande victoire quand ils sont parvenus à causer quelques perturbations dans une localité, comme si le Spiritisme était inféodé dans un lieu quelconque, ou incarné dans quelques individus ! Il est partout, sur la terre et dans les régions éthérées ; qu'ils aillent donc l'atteindre dans les profondeurs de l'espace ! Le mouvement est donné, non par les hommes, mais par les Esprits préposés par Dieu ; il est irrésistible, parce qu'il est providentiel. Ce n'est donc point une révolution humaine que l'on puisse arrêter par la force matérielle ; quel est donc celui qui se croirait capable de l'enrayer parce qu'il jettera une petite pierre sous la roue ? pygmée dans la main de Dieu, il sera emporté par le tourbillon.

Que tous les Spirites sincères s'unissent donc dans une sainte communion de pensée pour faire tête à l'orage ; que tous ceux qui sont pénétrés de la grandeur du but mettent de côté les puériles questions incidentes ; qu'ils fassent taire les susceptibilités d'amour-propre, pour ne voir que l'importance du résultat vers lequel la Providence conduit l'humanité.

Les choses envisagées de ce point de vue élevé, que devient la question des frères Davenport? Cependant cette circonstance même, quoique très secondaire, est un salutaire avertissement ; elle impose des devoirs spéciaux à tous les Spirites, et à nous en particulier. Ce qui manque, comme on le sait, à ceux qui confondent le Spiritisme avec la jonglerie, c'est de connaître ce que c'est que le Spiritisme. Sans doute ils pourront le savoir par les livres quand ils s'en donneront la peine ; mais qu'est-ce que la théorie à côté de la pratique ? Il ne suffit pas de dire que la doctrine est belle, il faut que ceux qui la professent en montrent l'application. Il appartient donc aux adeptes dévoués à la cause, de prouver ce qu'elle est, par leur manière d'agir, soit en particulier, soit dans les réunions, en évitant avec plus de soin que jamais tout ce qui pourrait donner prise à la malveillance et produire sur les incrédules une impression défavorable. Quiconque se renfermera dans la limite des principes de la doctrine peut hardiment défier la critique, et n'encourra jamais le blâme de l'autorité ni les sévérités de la loi.

La Société de Paris, placée plus que toute autre en évidence, doit surtout donner l'exemple. Nous sommes tous heureux de dire qu'elle n'a jamais manqué à ses devoirs, et d'avoir pu constater la bonne impression produite par son caractère éminemment sérieux, par la gravité et le recueillement qui président à ses réunions. C'est un motif de plus pour elle d'éviter scrupuleusement jusqu'aux apparences de ce qui pourrait compromettre la réputation qu'elle s'est acquise. Il incombe à chacun de nous d'y veiller dans l'intérêt même de la cause ; il faut que la qualité de membre, ou de Médium lui prêtant son concours, soit un titre à la confiance et à la considération. Je compte donc sur la coopération de tous nos collègues, chacun dans la limite de son pouvoir. Il ne faut pas perdre de vue que les questions de personnes doivent s'effacer devant la question d'intérêt général. Les circonstances où nous allons entrer sont graves, je le répète, et chacun de nous y aura sa mission, petite ou grande. C'est pourquoi nous devons nous mettre en mesure de l'accomplir, parce qu'il nous en sera demandé compte. Veuillez me pardonner, je vous prie, ce langage un peu austère à la reprise de nos travaux, mais il est commandé par les circonstances.

Messieurs, à notre première réunion, un de nos collègues manque corporellement à l'appel ; pendant notre séparation, M. Nant, le père de notre bonne et excellente Spirite, madame Breul, est rentré dans le monde des Esprits, d'où, nous l'espérons, il voudra bien encore revenir parmi nous. Nous lui avons, lors de ses funérailles, payé un juste tribut de sympathie que nous nous faisons un devoir de lui renouveler aujourd'hui, et nous serons heureux si, tout à l'heure, il veut bien nous adresser quelques paroles, et se joindre à l'avenir aux bons Esprits qui nous aident de leurs conseils.

Prions-les, messieurs, de vouloir bien nous continuer leur assistance.

De la critique à propos des frères Davenport - 2° article

L'agitation causée par les frères Davenport commence à se calmer. Après la bordée lancée par la presse contre eux et le Spiritisme, il ne reste plus que quelques tirailleurs qui brûlent, par-ci par-là, leurs dernières cartouches, en attendant qu'un autre sujet vienne alimenter la curiosité publique. A qui est la victoire ? Le Spiritisme est-il mort ? C'est ce que l'on ne tardera pas à savoir. Supposons que la critique ait tué MM. Davenport, ce qui ne nous regarde pas, qu'en résultera-t-il ? Ce que nous avons dit dans notre précédent article. Dans son ignorance de ce que c'est que le Spiritisme, elle a tiré sur ces messieurs, absolument comme un chasseur qui tire sur un chat croyant tirer sur un lièvre ; le chat est mort, mais le lièvre court toujours.

Ainsi en est-il du Spiritisme, qui n'a point été et ne pouvait être atteint par des coups qui portaient à côté. La critique s'est donc méprise, ce qu'elle eût facilement évité si elle eût pris la peine de vérifier l'étiquette. Les avertissements cependant ne lui ont pas manqué ; quelques écrivains ont même avoué l'affluence des réfutations qui leur arrivaient de toutes parts, et cela de la part des gens les plus honorables. Cela n'aurait-il pas dû leur faire ouvrir les yeux ? Mais non ; ils s'étaient engagés dans une voie, ils ne voulaient pas reculer ; il fallait avoir raison quand même. Beaucoup de ces réfutations nous ont été adressées ; toutes se distinguent par une modération qui contraste avec le langage de nos adversaires, et la plupart sont d'une parfaite justesse d'appréciation. Nul assurément n'a prétendu imposer son opinion à ces messieurs ; mais l'impartialité fait toujours un devoir d'admettre les rectifications pour mettre le public à même de juger le pour et le contre ; or, comme il est plus commode d'avoir raison quand on parle tout seul, bien peu de ces rectifications ont vu le jour de la publicité ; qui sait même si la plupart ont été lues ? Il faut donc savoir gré aux journaux qui se sont montrés moins exclusifs. De ce nombre est le Journal des Pyrénées-Orientales, qui, dans son numéro du 8 octobre, contient la lettre suivante :

« Perpignan, le 5 octobre 1865.

Monsieur le Gérant,

Je ne viens pas me lancer dans la polémique, je sollicite seulement de votre équité de me permettre, pour une seule fois, de répondre aux vives attaques que contient la lettre parisienne, publiée dans le dernier numéro de votre journal, contre les Spirites et le Spiritisme.

Les vrais Spirites, comme les vrais catholiques, ne se donnent pas en spectacle public ; ils sont pénétrés du respect de leur foi, aspirent au progrès moral de tous, et savent que ce n'est pas sur les tréteaux que se font les prosélytes.

Voilà pour ce qui concerne les frères Davenport.

Il y aurait trop à dire pour réfuter les erreurs de l'auteur de ces attaques ironiques ; je dirai seulement que Dieu ayant donné le libre arbitre à l'homme, attenter à sa liberté de croire, de penser, c'est se placer au-dessus de Dieu, par conséquent un énorme péché d'orgueil.

Dire que cette nouvelle science a fait des progrès immenses, que beaucoup de villes comptent un grand nombre d'adeptes, qui ont leurs bureaux, leurs présidents, et que ces réunions contiennent des hommes savants, éminents par leur position dans la société civile et militaire, dans le barreau, dans la magistrature, n'est-ce pas avouer que le Spiritisme est basé sur la vérité ?

Si le Spiritisme n'est qu'une erreur, pourquoi donc tant vous en occuper ? L'erreur n'a qu'une durée éphémère, c'est un feu follet qui dure quelques heures et qui disparaît. Si, au contraire, c'est une vérité, vous aurez beau faire, vous ne pourrez ni la détruire ni l'arrêter ; la vérité est comme la lumière : il n'y a que les aveugles qui en nient la beauté.

On dit aussi que le Spiritisme a occasionné des cas d'aliénation mentale ; je dirai ceci : le Spiritisme n'a pas plus occasionné la folie que le christianisme ou les autres cultes ne sont causes des cas d'idiotisme que l'on rencontre souvent parmi les pratiquants des différentes religions ; les esprits mal conformés sont sujets à l'exaltation et aux dérangements. Laissons donc, une fois pour toutes, ce dernier argument à l'arsenal avec les armes hors d'usage.

Je termine cette réponse en disant que le Spiritisme ne vient rien détruire, si ce n'est la croyance aux châtiments éternels. Il nous affermit dans la foi en Dieu ; il nous rend évident que l'âme est immortelle et que l'esprit s'épure et progresse par les réincarnations ; il nous prouve que les différentes positions sociales ont leur raison d'être ; il nous apprend à supporter nos épreuves, quelles qu'elles soient ; enfin, il nous démontre qu'il n'y a qu'une seule voie qui mène à Dieu : l'amour du bien, la charité !

Agréez, Monsieur le Gérant, mes remerciements et mes salutations empressées.

J'ai l'honneur d'être votre serviteur,

Breux. »

Toutes les réfutations que nous avons sous les yeux, et qui toutes ont été adressées aux journaux, protestent contre la confusion que l'on a faite entre le Spiritisme et les séances de MM. Davenport. Si donc la critique persiste à les rendre solidaires, c'est qu'elle le veut bien.

Nota. – Dans un autre article, que le défaut d'espace nous force de remettre au prochain numéro, nous examinerons les propositions les plus importantes qui ressortent de la polémique soulevée à propos de MM. Davenport.



Poésie spirite - Un phénomène


Fable



Par une de ces nuits sereines du printemps,

Qui font briller aux cieux tant de feux éclatants,

Quelques bons bourgeois de la ville

Discouraient, cheminant d'un pas lent et tranquille,

Sur les spacieux boulevards.

Chacun d'eux, tour à tour, élevait ses regards

Du sol à la céleste voûte,

Et vous pensez sans doute

Que le thème de leurs discours

Roulait sur la puissance éternelle, infinie,

Qui soumet tous ces corps aux lois de l'harmonie ?

Non : ils donnaient un autre cours

A leurs pensers ; la hausse ou la baisse à la Bourse,

Les récoltes, leur prix, étaient l'unique source

Où s'alimentait leur esprit,

Quand l'un d'eux s'arrêtant, reprit,

Comme frappé d'une stupeur subite :

« Que vois-je ? se peut-il ? une étoile s'agite !

Elle s'élève… elle descend ! »

Et se frottant les yeux : « Que dis-je,

Une étoile… ? Je crois, ma foi, que le prodige,

A moins que je ne fasse un rêve, va croissant ;

Une, deux, trois et même quatre étoiles

Se meuvent et dansent sans bruit ;

Mystère étrange, que la nuit

Semble se plaire à couvrir de ses voiles ! »

Et l'esprit des bourgeois, dont l'œil étonné suit

Les phases de ce phénomène,

En vain, pour l'expliquer, se creuse, se démène ;

Le hasard seul les y conduit.

Ils marchent, et leur front se heurte à des ficelles

Qui retiennent chacune en l'air un cerf-volant

Orné d'un fanal vacillant

Au souffle des brises nouvelles ;

Et des bambins, auteurs de ce fait merveilleux,

Jasaient, riaient à deux pas d'eux.


Que dirent-ils après cette double surprise,

Après ce désenchantement ?

Que tous les feux du firmament

Ne sont qu'un artifice, œuvre de la sottise,

Pour jeter les niais dans l'ébahissement.

Aussi, que l'horizon se pourpre, se colore,

Et revête la nuit d'un jour mystérieux ;

Que la flamme d'un météore

Resplendisse soudain sur le fond noir des cieux ;

Qu'une étoile filante en vives étincelles

Sillonne les champs de l'éther,

Ces bons bourgeois, les yeux et les deux bras en l'air,

Vont partout cherchant des ficelles.

La vérité toujours a sa contrefaçon :

A nous de distinguer, par la comparaison,

Le vrai de la supercherie.

Le scepticisme, ému, crie à la jonglerie

Devant des faits sujets d'une éternelle loi.

Pour juger sainement des effets et des causes,

Il manque au sceptique deux choses :

Un peu de modestie, - et de la bonne foi.



C. Dombre, de Marmande.


Le Spiritisme au Brésil

Extrait du Diario da Bahia

Sous le titre de La Doctrine Spirite, le Diario da Bahia des 26 et 27 septembre 1865 contient deux articles qui ne sont que la traduction en portugais de ceux publiés, il y a six ans, par le docteur Déchambre dans la Gazette médicale de Paris. La deuxième édition du Livre des Esprits venait de paraître, et c'est de cet ouvrage dont M. Déchambre fait un compte rendu semi-burlesque. Mais à ce propos, il prouve historiquement, et par des citations, que le phénomène des tables tournantes et frappantes est mentionné dans Théocrite, sous le nom de Kosskinomantéia, divination par le crible, parce qu'alors on se servait d'un crible pour ce genre d'opération ; d'où il conclut, avec la logique ordinaire de nos adversaires, que ce phénomène n'étant pas nouveau, n'a aucun fond de réalité. Pour un homme de sciences positives, c'est là, il faut en convenir, un singulier argument. Nous regrettons que l'érudition de M. Déchambre ne lui ait pas permis de remonter encore plus haut, car il l'eût trouvé dans l'antique Égypte et dans les Indes. Nous reviendrons un jour sur cet article que nous avions perdu de vue, et qui manquait à notre collection. Nous demanderons seulement, en attendant, à M. Déchambre, s'il faut rejeter la médecine et la physique modernes, parce qu'on en trouve les rudiments mêlés aux pratiques superstitieuses de l'antiquité et du moyen âge ? Si la savante chimie d'aujourd'hui n'a pas eu son berceau dans l'alchimie, et l'astronomie le sien dans l'astrologie judiciaire ? Pourquoi donc les phénomènes Spirites, qui ne sont, en définitive, que des phénomènes naturels dont on ne connaissait pas les lois, ne se retrouveraient-ils pas aussi dans les croyances et pratiques anciennes ?

Cet article étant reproduit purement et simplement, sans commentaires, rien ne prouve de la part du journal brésilien une hostilité systématique contre la doctrine ; il est même probable que ne la connaissant pas, il a cru en trouver là une appréciation exacte. Ce qui le prouverait, c'est son empressement à insérer, dès le numéro suivant du 28 septembre, la réfutation que des Spirites de Bahia lui ont adressée, et qui est ainsi conçue :

« Monsieur le rédacteur,

Comme vous êtes de bonne foi, en ce qui concerne la doctrine du Spiritisme, nous vous prions de vouloir bien publier aussi dans le Diario un passage du Livre des Esprits, par M. Allan Kardec, lequel livre est déjà parvenu à sa treizième édition, afin que vos lecteurs puissent apprécier à sa juste valeur la reproduction que vous faites d'un article de la Gazette médicale de Paris, écrit il y a plus de six ans, contre cette même doctrine, par le docteur Déchambre, et dans lequel on reconnaît que le susdit docteur n'a pas été fidèle dans les citations qu'il fait du Livre des Esprits, en vue de déprécier cette doctrine.

Nous sommes, monsieur le Rédacteur, vos amis et obligés,

Luiz Olympio Telles de Menezes.

José Alvarès de Amaral.

Joaquim Carneiro de Campos. »



Suit, comme réponse et réfutation, un extrait assez étendu de l'introduction du Livre des Esprits.

Les citations textuelles des ouvrages spirites sont, en effet, la meilleure réfutation des travestissements que certains critiques font subir à la doctrine. La doctrine se justifie par elle-même, c'est pour cela qu'elle n'en souffre pas. Il ne s'agit pas de convaincre ses adversaires qu'elle est bonne, ce qui serait le plus souvent peine perdue, parce qu'en bonne justice, ils sont parfaitement libres de la trouver mauvaise, mais simplement de prouver qu'elle dit le contraire de ce qu'on lui fait dire ; c'est au public impartial à juger, par la comparaison, si elle est bonne ou mauvaise ; or, comme, malgré tout ce qu'on a pu faire, elle recrute sans cesse de nouveaux partisans, c'est une preuve qu'elle ne déplaît pas à tout le monde, et que les arguments qu'on lui oppose sont impuissants à la discréditer. On peut voir par cet article qu'elle n'a pas de nationalité, et qu'elle fait le tour du monde.





Le Spiritisme et le choléra

On sait de quelles accusations les premiers chrétiens étaient chargés à Rome ; il n'y avait pas de crimes dont ils ne fussent capables, pas de malheurs publics dont, au dire de leurs ennemis, ils ne fussent les auteurs volontaires ou la cause involontaire, car leur influence était pernicieuse. Dans quelques siècles d'ici on aura peine à croire que des esprits forts du dix-neuvième siècle aient tenté de ressusciter ces idées à l'égard des Spirites, en les déclarant auteurs de tous les troubles de la société, comparant leur doctrine à la peste, et en engageant à leur courir sus. Ceci est de l'histoire imprimée ; ces paroles sont tombées de plus d'une chaire évangélique ; mais ce qui est plus surprenant, c'est qu'on les trouve dans des journaux qui disent parler au nom de la raison, et se posent en champions de toutes les libertés, et de la liberté de conscience en particulier. Nous possédons déjà une assez curieuse collection des aménités de ce genre que nous nous proposons de réunir plus tard en un volume pour la plus grande gloire de leurs auteurs, et l'édification de la postérité. Nous serons donc reconnaissant à ceux qui voudront nous aider à enrichir cette collection en nous envoyant tout ce qui, à leur connaissance, a paru ou paraîtra sur ce sujet. En comparant ces documents de l'histoire du Spiritisme avec ceux de l'histoire des premiers siècles de l'Église, on sera surpris d'y trouver des pensées et des expressions identiques ; il n'y manque qu'une chose : les bêtes féroces du cirque, ce qui néanmoins est un progrès.

Le Spiritisme étant donc une peste éminemment contagieuse, puisque, de l'aveu de ses adversaires, il envahit avec une effrayante rapidité toutes les classes de la société, il a une certaine analogie avec le choléra ; aussi dans cette dernière levée de boucliers, certains critiques l'ont-ils facétieusement appelé le Spirito-morbus, et il n'y aurait rien de surprenant à ce qu'on ne l'accusât aussi d'avoir importé ce fléau ; car il est à remarquer que deux camps diamétralement opposés se donnent la main pour le combattre. Dans l'un, nous a-t-on assuré, on a fait frapper une médaille à l'effigie de saint Benoît qu'il suffit de porter pour se préserver de la contagion spirite ; on ne dit pas que ce moyen guérit ceux qui en sont atteints.

Il y a bien réellement une analogie entre le Spiritisme et le choléra, c'est la peur que l'un et l'autre causent à certaines gens ; mais considérons la chose à un point de vue plus sérieux ; voici ce qu'on nous écrit de Constantinople :

« … Les journaux vous ont appris la rigueur avec laquelle le terrible fléau vient de sévir dans notre cité et ses environs, tout en atténuant ses ravages. Quelques personnes, se disant bien informées, portent le nombre des cholériques décédés à 70 mille, et d'autres à près de cent mille. Toujours est-il que nous avons été rudement éprouvés, et vous pouvez vous figurer les douleurs et le deuil général de nos populations. C'est surtout dans ces tristes moments d'épidémie épouvantable que la foi et la croyance spirites donnent du courage ; nous venons tous d'en faire la plus véridique épreuve. Qui sait si nous ne devons pas à ce calme de l'âme, à cette persuasion de l'immortalité à cette certitude d'existences successives où les êtres sont récompensés selon leur mérite et leur degré d'avancement ; qui sait, dis-je, si ce n'est pas à ces croyances, bases de notre belle doctrine, que nous tous, Spirites de Constantinople, qui sommes, vous le savez, assez nombreux, devons d'avoir été préservés du fléau qui s'est promené, et se promène encore autour de nous ! Je dis ceci d'autant plus qu'il a été constaté, ici comme ailleurs, que la peur est le pré-dispositif le plus dangereux du choléra, comme l'ignorance en devient malheureusement la source contagieuse…

Repos jeune, avocat. »

Assurément il serait absurde de croire que la foi spirite soit un brevet de garantie contre le choléra ; mais comme il est scientifiquement reconnu que la peur, affaiblissant à la fois le moral et le physique, rend plus impressionnable et plus susceptible de recevoir les atteintes des maladies contagieuses, il est évident que toute cause tendant à fortifier le moral est un préservatif. On le comprend si bien aujourd'hui qu'on évite autant que possible, soit dans les comptes rendus, soit dans les dispositions matérielles, ce qui peut frapper l'imagination par un aspect lugubre.

Les Spirites peuvent sans doute mourir du choléra comme tout le monde, parce que leur corps n'est pas plus immortel que celui des autres, et que, lorsque l'heure est venue, il faut partir, que ce soit par cette cause ou par une autre ; le choléra est une de ces causes qui n'a de particulier que d'emmener un plus grand nombre de personnes à la fois, ce qui produit plus de sensation ; on part en masses, au lieu de partir en détail, voilà toute la différence. Mais la certitude qu'ils ont de l'avenir, et surtout la connaissance qu'ils ont de cet avenir, qui répond à toutes leurs aspirations et satisfait la raison, font qu'ils ne regrettent nullement la terre où ils se considèrent comme passagèrement en exil. Tandis qu'en présence de la mort, l'incrédule ne voit que le néant, ou se demande ce qu'il va en être de lui, le Spirite sait que, s'il meurt, il ne sera que dépouillé d'une enveloppe matérielle sujette aux souffrances et aux vicissitudes de la vie, mais qu'il sera toujours lui avec un corps éthéré inaccessible à la douleur ; qu'il jouira de perceptions nouvelles et de facultés plus grandes ; qu'il va retrouver ceux qu'il a aimés et qui l'attendent au seuil de la véritable vie, de la vie impérissable. Quant aux biens matériels, il sait qu'il n'en aura plus besoin et que les jouissances qu'ils procurent seront remplacées par des jouissances plus pures et plus enviables, qui ne laissent après elles ni amertume ni regrets. Il les abandonne donc sans peine et avec joie, et plaint ceux qui, restant après lui sur la terre, vont encore en avoir besoin. Il est comme celui qui, devenant riche, laisse ses vieilles défroques aux malheureux. Aussi dit-il à ses amis en les quittant : ne me plaignez pas ; ne pleurez pas ma mort ; félicitez-moi plutôt d'être délivré du souci de la vie, et d'entrer dans le monde radieux où je vais vous attendre.

Quiconque aura lu et médité notre ouvrage, le Ciel et l'enfer selon le Spiritisme, et surtout le chapitre sur les appréhensions de la mort, comprendra la force morale que les Spirites puisent dans leur croyance, en présence du fléau qui décime les populations.

S'en suit-il qu'ils vont négliger les précautions nécessaires en pareil cas, et se jeter tête baissée dans le danger ? Nullement : ils prendront toutes celles que commandent la prudence et une hygiène rationnelle, parce qu'ils ne sont point fatalistes, et que, s'ils ne craignent pas la mort, ils savent qu'ils ne doivent point la chercher. Or, négliger les mesures sanitaires qui peuvent en préserver serait un véritable suicide dont ils connaissent trop bien les conséquences pour s'y exposer. Ils considèrent comme un devoir de veiller à la santé du corps, parce que la santé est nécessaire pour l'accomplissement des devoirs sociaux. S'ils cherchent à prolonger la vie corporelle, ce n'est pas par attachement pour la terre, mais afin d'avoir plus de temps pour progresser, s'améliorer, s'épurer, dépouiller le vieil homme et acquérir une plus grande somme de mérites pour la vie spirituelle. Mais si, malgré tous les soins, ils doivent succomber, ils en prennent leur parti sans se plaindre, sachant que tout progrès porte ses fruits, que rien de ce que l'on acquiert en moralité et en intelligence n'est perdu, et que s'ils n'ont pas démérité aux yeux de Dieu, ils seront toujours mieux dans l'autre monde que dans celui-ci, alors même qu'ils n'y auraient pas la première place ; ils se disent simplement : Nous allons un peu plus tôt où nous serions allés un peu plus tard.

Croit-on qu'avec de telles pensées on ne soit pas dans les meilleures conditions de tranquillité d'esprit recommandées par la science ? Pour l'incrédule ou le douteux, la mort a toutes ses terreurs, car il perd tout et n'attend rien. Que peut dire un médecin matérialiste pour calmer chez les malades la peur de mourir ? Rien que ce que disait un jour l'un d'eux à un pauvre diable qui tremblait au seul mot de choléra : « Bah ! tant qu'on n'est pas mort il y a espoir ; puis, en définitive, on ne meurt qu'une fois, et c'est bientôt passé ; quand on est mort, tout est fini ; on ne souffre plus. » Tout est fini quand on est mort, voilà la suprême consolation qu'il donne.

Le médecin spirite, au contraire, dit à celui qui voit la mort devant lui : « Mon ami, je vais employer toutes les ressources de la science pour vous rendre la santé et vous conserver le plus longtemps possible ; nous réussirons, j'en ai l'espoir ; mais la vie de l'homme est entre les mains de Dieu, qui nous rappelle quand notre temps d'épreuve ici-bas est fini ; si l'heure de votre délivrance est arrivée, réjouissez-vous, comme le prisonnier qui va sortir de sa prison. La mort nous débarrasse du corps qui nous fait souffrir, et nous rend à la véritable vie, vie exempte de troubles et de misères. Si vous devez partir, ne pensez pas que vous soyez perdu pour vos parents et vos amis qui restent après vous ; non, vous n'en serez pas moins au milieu d'eux ; vous les verrez et vous les entendrez mieux que vous ne pouvez le faire en ce moment ; vous les conseillerez, les dirigerez, les inspirerez pour leur bien. Si donc il plaît à Dieu de vous rappeler à lui, remerciez-le de ce qu'il vous rend la liberté ; s'il prolonge votre séjour ici, remerciez-le encore de vous donner le temps d'achever votre tâche. Dans l'incertitude, soumettez-vous sans murmure à sa sainte volonté. »

De telles paroles ne sont-elles pas propres à ramener la sérénité dans l'âme, et cette sérénité ne seconde-t-elle pas l'efficacité des remèdes, tandis que la perspective du néant plonge le moribond dans l'anxiété du désespoir ?

Outre cette influence morale, le Spiritisme en a une plus matérielle. On sait que les excès de tous genres sont une des causes qui prédisposent le plus aux atteintes de l'épidémie régnante ; aussi les médecins recommandent-ils la sobriété en toutes choses, prescription salutaire, à laquelle bien des gens ont de la peine à se soumettre. En admettant qu'ils le fassent, c'est sans doute un point important, mais croit-on qu'une abstention momentanée puisse réparer instantanément les désordres organiques causés par des abus invétérés, dégénérés en habitude, qui ont usé le corps et l'ont, par cela même, rendu accessible aux miasmes délétères ? En dehors du choléra, ne sait-on pas combien l'habitude de l'intempérance est pernicieuse dans les climats torrides, et dans ceux où la fièvre jaune est endémique ? Eh bien ! le Spirite, par suite de ses croyances et de la manière dont il envisage le but de la vie présente et le résultat de la vie future, modifie profondément ses habitudes ; au lieu de vivre pour manger, il mange pour vivre ; il ne fait aucun excès ; il ne vit point en cénobite : aussi use-t-il de tout, mais n'abuse de rien. Ce doit être assurément là une considération prépondérante à ajouter à celle que fait valoir notre correspondant de Constantinople.

Voilà donc un des résultats de cette doctrine, à laquelle l'incrédulité jette l'injure et le sarcasme ; qu'elle bafoue, taxe de folie, et qui, selon elle, apporte la perturbation dans la société. Gardez votre incrédulité, si elle vous plaît, mais respectez une croyance qui rend heureux et meilleurs ceux qui la possèdent. Si c'est une folie de croire que tout ne finit pas pour nous avec la vie, qu'après la mort, nous vivons d'une vie meilleure, exempte de soucis ; que nous revenons au milieu de ceux que nous aimons ; ou encore de croire qu'après la mort nous ne sommes ni plongés dans les flammes éternelles, sans espoir d'en sortir, ce qui ne vaudrait guère mieux que le néant, ni perdus dans l'oisive et béate contemplation de l'infini, plût à Dieu que tous les hommes fussent fous de cette manière ; il y aurait parmi eux bien moins de crimes et de suicides.

De nombreuses communications ont été données sur le choléra ; plusieurs l'ont été à la Société de Paris ou dans notre cercle intime ; nous n'en reproduisons que deux, fondues en une seule, pour éviter les répétitions, et qui résument la pensée dominante du plus grand nombre.



Société de Paris. – Médiums, MM. Desliens et Morin

Puisque le choléra est une question d'actualité, et que chacun apporte son remède pour repousser le terrible fléau, je me permettrai, si vous le voulez bien, de donner également mon avis, bien qu'il me paraisse peu probable que vous ayez à en craindre les atteintes d'une manière cruelle. Cependant, comme il est bon qu'à l'occasion les moyens ne fassent pas défaut, je mets mon peu de lumière à votre disposition.

Cette affection, quoi qu'on en dise, n'est pas immédiatement contagieuse, et ceux qui se trouvent dans un endroit où elle sévit ne doivent pas craindre de donner leurs soins aux malades.

Il n'existe pas de remède universel contre cette maladie, soit préventif, soit curatif, attendu que le mal se complique d'une foule de circonstances qui tiennent, soit au tempérament des individus, soit à leur état moral et à leurs habitudes, soit aux conditions climatériques, ce qui fait que tel remède réussit dans certains cas et non dans d'autres. On peut dire qu'à chaque période d'invasion et selon les localités, le mal doit faire l'objet d'une étude spéciale, et requiert une médication différente. C'est ainsi, par exemple, que la glace, la thériaque, etc., qui ont pu guérir des cas nombreux dans les choléras de 1832, de 1849, et dans certaines contrées, pourraient ne donner que des résultats négatifs à d'autres époques et dans d'autres pays. Il y a donc une foule de remèdes bons, et pas un qui soit spécifique. C'est cette diversité dans les résultats qui a dérouté et déroutera longtemps encore la science, et qui fait que nous-mêmes ne pouvons donner de remède applicable à tout le monde, parce que la nature du mal ne le comporte pas. Il y a cependant des règles générales, fruits de l'observation, et dont il importe de ne pas s'écarter.

Le meilleur préservatif consiste dans les précautions de l'hygiène sagement recommandées dans toutes les instructions données à cet effet ; ce sont par-dessus tout la propreté, l'éloignement de toute cause d'insalubrité et des foyers d'infection, l'abstention de tout excès. Avec cela il faut éviter de changer ses habitudes alimentaires, si ce n'est pour en retrancher les choses débilitantes. Il faut également éviter les refroidissements, les transitions brusques de température, et s'abstenir, à moins de nécessité absolue, de toute médication violente pouvant apporter un trouble dans l'économie.

La peur, vous le savez, est souvent en pareil cas pire que le mal ; le sang-froid ne se commande pas, malheureusement, mais vous, Spirites, vous n'avez besoin d'aucun conseil sur ce point ; vous regardez la mort sans sourciller, et avec le calme que donne la foi.

En cas d'attaque, il importe de ne pas négliger les premiers symptômes. La chaleur, la diète, une transpiration abondante, les frictions, l'eau de riz dans laquelle on a mis quelques gouttes de laudanum, sont des médicaments peu coûteux et dont l'action est très efficace, si l'énergie morale et le sang-froid viennent s'y joindre. Comme il est souvent difficile de se procurer du laudanum en l'absence d'un médecin, on peut y suppléer, en cas d'urgence, par toute autre composition calmante, et en particulier par le suc de laitue, mais employé à faible dose. On peut d'ailleurs faire bouillir simplement quelques feuilles de laitue dans l'eau de riz.

La confiance en soi et en Dieu est, en pareille circonstance, le premier élément de la santé.

Maintenant que votre santé matérielle est mise à l'abri du danger, permettez-moi de songer à votre tempérament spirituel, auquel une épidémie d'un autre genre semble vouloir s'attaquer. Ne craignez rien de ce côté ; le mal ne saurait atteindre que les êtres à qui la vie vraiment spirituelle fait défaut, et déjà morts sur la tige. Tous ceux qui se sont voués sans retour et sans arrière-pensée à la doctrine y puiseront au contraire de nouvelles forces, pour faire fructifier les enseignements que nous nous faisons un devoir de vous transmettre. La persécution, quelle qu'elle soit, est toujours utile ; elle met au jour les cœurs solides, et si elle détache du tronc principal quelques branches mal attachées, les jeunes rejetons, mûris par les luttes dans lesquelles ils triompheront en suivant nos avis, deviendront des hommes sérieux et réfléchis. Ainsi donc bon courage ; marchez sans crainte dans la voie qui vous est tracée, et comptez sur celui qui ne vous fera jamais défaut dans la mesure de ses forces.

Docteur Demeure.



Un nouveau Nabuchodonosor

On nous écrit de Charkow (Russie) :

En vous écrivant, M. le Président, j'ose espérer que peut-être le Spiritisme viendra jeter quelque lumière sur un fait demeuré inexplicable jusqu'à ce jour, et qui me paraît offrir un puissant intérêt. Je le tiens d'un témoin oculaire, proche parent de la personne en question. Voici ce qu'il me raconta.

Tous les membres de la famille R… se faisaient remarquer par l'originalité de leur caractère et de leurs penchants ; mais je ne parlerai ici que des deux frères Alexandre et Voldemar. Ce qui frappait dans ce dernier, c'étaient ses yeux, dont il est impossible de décrire l'impression. Enfants, nous jouions ensemble ; quoique loin d'être poltron, je ne pouvais cependant soutenir son regard. J'en fis la remarque à mon père qui m'avoua éprouver, en le regardant, le même sentiment de trouble, et me conseilla de l'éviter. Il paraît que Voldemar n'était pas le favori de la famille. Quand arriva l'âge des études sérieuses, les deux frères furent placés à l'université de Kazan. Voldemar ne tarda pas à stupéfier ses maîtres et ses camarades par des aptitudes hors ligne ; il s'en vantait souvent vis-à-vis de son frère, qu'il avait choisi pour but de ses railleries. Mais ses succès ne furent pas de longue durée. Arrivé à l'âge de seize ans, il mourut entre les bras de son frère. C'est de ce dernier que nous allons nous occuper.

Quoique à un moindre degré, Alexandre possédait cependant aussi, dans ses yeux noirs, ce magnétisme fascinateur qui frappait tant chez son frère ; il n'en avait pas non plus les brillantes qualités ; mais cela ne l'empêchait pas d'avoir beaucoup d'esprit et d'apprendre avec facilité. La mort de son frère fit sur lui une telle impression qu'il devint un autre homme. Six semaines de suite, il resta sans ouvrir les yeux, cessa de se peigner, de se laver et ne voulut, sous aucun prétexte, changer d'habits, tellement que son linge et ses vêtements moisissaient sur son corps et tombaient en lambeaux.

Sa mère l'emmena alors à la campagne ; un oncle qui demeurait non loin de là parvint à la décider de lui confier pour quelque temps son neveu, promettant de lui faire passer toutes ses fantaisies. En effet, il lui dit très sévèrement que s'il s'avisait de tenir une semblable conduite dans sa maison, il ne se montrerait pas scrupuleux sur les moyens de l'en corriger. Alexandre devint aussitôt parfaitement raisonnable ; il n'offrit aucune résistance aux ordres de son oncle, mais il écrivit secrètement à sa mère, la suppliant de venir le délivrer de son bourreau. Sa mère se rendit aussitôt à son désir. Mais une fois loin de son oncle, les bizarreries recommencèrent de plus belle. Il exigeait entre autres choses, qu'on fît sonner les cloches de l'église quand il se mettait à table. On crut à un dérangement de cerveau et il fut placé dans une maison de santé à Kazan. Chose étrange ! cette fois encore, il changea entièrement ; rien dans sa conduite, dans ses paroles, ne dénotait un cerveau malade. Les médecins crurent à une intrigue de famille et ne l'observèrent plus de si près.

Une nuit, voyant tout le monde endormi, il endossa le chapeau et le manteau d'un des médecins, sortit de sa chambre, passa près du suisse, sans être reconnu, gagna la rue et fit 30 verstes à pied jusqu'à sa campagne. Il entra dans une espèce de hutte qui servait de poulailler, se dépouilla de tous ses vêtements, et, se plaçant au milieu de cette hutte, il déclara qu'une toise carrée de terrain suffisait pour la vie d'un homme et qu'il n'avait besoin de rien. En vain, sa mère le supplia-t-elle à genoux de changer d'idée, en vain voulut-on lui persuader de permettre au moins de faire un toit à sa hutte, il resta inébranlable ; il ne voulut garder auprès de lui qu'une vieille bonne qui ne l'avait jamais quitté et qui avait pour lui une fidélité et un attachement de chien. Son père, voyant que rien n'y faisait, ordonna à tous ses paysans de quitter ces lieux pour aller s'établir à 7 verstes de là ; lui-même partit, surnommant ce village « le Village Perdu. » On voulut alors mettre le bien en tutelle. On nomma des commissions, mais Alexandre, qui était toujours prévenu à temps, s'habillait, sans pourtant mettre de linge, et venait à la rencontre de son monde. Il répondait à toutes les questions avec un bon sens, une justesse, qui ne laissaient rien à désirer, si bien que la commission qui s'imaginait, en arrivant, avoir affaire à un fou, se retirait toute désappointée.

Cela se passait en 1842, et, jusqu'à présent, Alexandre est toujours dans le même état. Il se tient debout, sans aucun vêtement, dans une masure, qui n'a ni porte ni fenêtre, exposée à tous les vents et où, en hiver, le froid atteint jusqu'à 30 degrés. Il se nourrit d'un peu de gelée au vin qu'on lui apporte une fois par jour dans une soucoupe en argile ; on la lui jette avec une cuillère, et il l'attrape au vol, à la manière des bêtes dont il a aussi adopté le mugissement ; car il ne se sert plus de la parole humaine. A force de tenir la tête inclinée, il ne peut plus la relever ; ses pieds ont atteint une largeur démesurée, il ne peut plus marcher. La nuit, il s'affaisse quelquefois, et alors il permet qu'on le couvre d'une peau de mouton. Son aspect ne présente, du reste, rien d'extraordinaire, excepté les yeux. Il n'est ni gros, ni maigre ; sa figure a une expression de souffrance. On lui demanda une fois quelle était la raison de sa conduite extraordinaire ; il répondit : « Ne m'en parlez pas, c'est un manque de volonté. » On ne put en obtenir davantage. Qu'entendait-il par le manque de volonté ? Était-ce un vœu ?… Parfois il lui arrive de prononcer le nom de son frère défunt ; d'autres fois, il s'écrie : « Quand donc cela finira-t-il ? » Il ne remplit aucun des règlements imposés par sa religion. On avait envoyé de ses cheveux à un célèbre somnambule de Londres ; il fut répondu que « c'était la maladie de Nabuchodonosor. »

Et pourtant, il n'est pas fou ! Ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est qu'à côté de cette existence purement bestiale, il y a en lui une vie intellectuelle, car il s'intéresse à tout ce qui se passe dans le monde ; il fait venir beaucoup de journaux, et, comme chez lui il fait presque sombre, il a permis de construire une espèce de masure à côté de sa hutte ; c'est là que sa mère lui faisait jadis la lecture durant des heures entières ; maintenant qu'elle est morte, une lectrice aux gages la remplace.

La commission chargée d'approfondir cette affaire obtint les détails suivants qui, au fond, n'ont fait qu'embrouiller l'affaire. D***, camarade d'université d'Alexandre R…, déposa que, lorsqu'ils étaient ensemble, il fut à même d'observer qu'il était très amoureux de la femme d'un pharmacien ; c'était une personne d'une beauté rare et, avec cela, très vertueuse. Chaque jour, Alexandre montait à cheval, pour avoir le plaisir de passer devant ses fenêtres et de l'apercevoir quelquefois de loin, et c'est à cela que se bornèrent ses amours. Cependant, tous les jours, et à la même heure, on venait lui apporter une lettre cachetée, et, s'il y avait quelqu'un dans la chambre, il s'empressait de la cacher dans un tiroir. D***, persuadé que c'étaient des billets doux, ne s'intéressait guère à en connaître le contenu. Plus tard, quand commencèrent les recherches, on ne trouva que deux lettres (il avait brûlé tout le reste), et on suppose qu'elles étaient du nombre de celles qu'il recevait à l'université. La première était conçue à peu près en ces termes : « Hier, il m'est arrivé une chose étrange ; je retournais de notre Suisse Russe (on nomme ainsi une promenade des environs de Kazan), je traversais le champ d'Ars, lors que j'entendis crier : Au secours ! Je donnai aussi de la voix, en me précipitant du côté d'où partaient les cris, et j'arrivai près d'un cimetière entouré d'un enclos. Je vis apparaître au-dessus de la haie un jeune homme qui me remercia vivement de mon intervention, disant qu'il avait été attaqué par des voleurs ; mais en entendant une voix ils s'étaient sauvés. (Une fabrique de drap était située sur le champ d'Ars ; on y avait suspendu le travail pour quelque temps, et quelques ouvriers, ne trouvant plus à gagner leur pain, s'adonnèrent au vol). Nous prîmes ensemble le chemin de la ville, et il s'engagea entre nous une conversation très intéressante et très animée. Je ne puis t'écrire ici de quoi il s'agissait, je te le dirai quand nous nous verrons.

« Enfin nous arrivâmes à la maison de mon inconnu, et j'y passai toute la soirée. En me disant adieu il me remercia encore une fois, sans m'engager pourtant à venir le voir dans sa maison ; il m'indiqua seulement un endroit où il se promenait tous les jours à heure fixe et où, si je voulais, je pourrais le voir. Ce qu'il y a d'étrange, c'est que, de retour chez moi, il me fut impossible de me rappeler, ni la rue, ni la maison que je venais de quitter, et pourtant je connais parfaitement la ville que j'habite depuis quatre ans. Je me propose d'aller voir mon inconnu au lieu indiqué, je me ferai engager à venir dans sa maison, et certes, pour cette fois, je m'en souviendrai. » Point de signature.

Voici la seconde lettre, qui fait suite à la précédente ; seulement, elle est beaucoup plus courte : « J'ai vu mon inconnu au lieu indiqué ; il m'engagea à venir dans sa maison ; nous avons passé la soirée ensemble, mais, de retour chez moi, j'ai complètement oublié de nouveau la rue et la maison. » Point de signature. En examinant attentivement l'écriture, on crut y trouver une grande ressemblance avec celle d'un de ses camarades ; mais lorsqu'on lut à ce dernier ces deux lettres, il se mit à rire, déclarant que jamais de la vie il n'avait écrit chose pareille.

Ici s'arrêtent toutes les recherches ; on suppose qu'il y a là-dessous quelque grand mystère, et ce mystère, il n'y a que trois personnes qui ont pu le savoir. D'abord sa mère, puis sa vieille bonne qui ne le quittait jamais, et enfin sa sœur. Les deux premières sont mortes, la troisième demeure avec son mari dans le même village qu'Alexandre. Tous les jours elle va le voir et y passe trois ou quatre heures de suite. De quoi peuvent-ils causer ? Son frère oublie-t-il son mugissement pour parler un langage humain et redevenir un être raisonnable ? c'est ce que personne ne sait. Ce qu'il y a de singulier, c'est que ce fait si extraordinaire est fort peu connu ; il n'a jamais été publié par aucun journal, et pourtant il se passe tout près de Kazan, qui est une ville où il y a une université, des savants et des médecins. Il est vrai qu'au commencement on a fait des recherches, mais il me semble qu'on s'est trop vite découragé. Et pourtant, quel vaste champ pour l'observation de la science, sans parler du côté psychologique ! C'est un fait actuel que chacun est à même de constater.

Le Spiritisme, qui explique tant de choses, pourrait-il donner la solution de ce phénomène étrange ? Je n'ose vous demander une réponse par écrit, votre temps vous est trop précieux ; j'espère seulement que si vous trouvez ce fait digne de votre examen, vous voudrez bien en dire votre opinion dans la Revue spirite, que nous recevons ici.

Agréez, etc.

Une chose ressort évidemment de ce récit, c'est que ce jeune homme n'est pas fou, dans l'acception scientifique du mot ; il jouit de la plénitude de sa raison, quand il veut. Mais quelle peut être la cause d'une pareille excentricité, à cet âge ? Nous croyons que la science sera longtemps avant de la trouver avec ses ressources purement matérielles. Il y a cependant autre chose qu'une simple manie, c'est l'assimilation de la voix et des gestes à ceux des animaux. On a vu, il est vrai, des individus abandonnés dans les bois, dès leur bas âge, vivant avec les bêtes, en avoir adopté les cris et les mœurs par imitation ; mais ici ce n'est pas le cas ; ce jeune homme a fait des études sérieuses, il vit sur ses terres et au milieu d'un village ; il est en contact journalier avec des êtres humains ; ce n'est donc point chez lui le fait de l'habitude et de l'isolement.

C'est, a dit le somnambule de Londres, la maladie de Nabuchodonosor ; mais qu'est-ce que cette maladie ? L'histoire de ce roi n'est-elle pas une légende ? est-il possible qu'un homme soit changé en bête ? Cependant, si l'on rapproche le récit biblique du fait actuel d'Alexandre R…, on remarque entre eux plus d'un point de ressemblance. On comprend que ce qui se passe de nos jours a pu se passer en d'autres temps, et que le roi de Babylone ait pu être atteint d'un mal semblable. Si donc ce roi, dominé par une influence analogue, a quitté son palais, comme Alexandre R… son château ; s'il a vécu et crié comme lui, à la manière des bêtes, on a pu dire, dans le langage allégorique du temps, qu'il avait été changé en bête. Cela détruit, il est vrai, le miracle ; mais combien de miracles tombent aujourd'hui devant les lois de la nature qui se découvrent chaque jour ! La religion y gagne qu'on accepte comme naturel un fait qu'on repoussait comme merveilleux. Lorsque les adversaires du Spiritisme disent qu'il ressuscite le surnaturel et la superstition, ils prouvent qu'ils n'en savent pas le premier mot, puisqu'il vient, au contraire, prouver que certains faits réputés mystérieux ne sont que des effets naturels.

Ce récit ayant été lu à la Société de Paris, comme sujet d'étude, un médium fut prié d'évoquer les Esprits qui pouvaient en donner l'explication. Les trois communications suivantes furent obtenues : l'une, du frère défunt Voldemar ; la seconde, de l'Esprit protecteur des deux frères, et la troisième, du guide spirituel d'un autre médium.



Société spirite de Paris, 13 octobre 1865. – Médium, M Desliens

I

Me voici !… Que me voulez-vous ?… De quel droit vous immiscez-vous dans des affaires de famille et toutes intimes !… Sachez que nul ne m'a jamais offensé en vain, et craignez d'encourir ma colère, si vous cherchez à pénétrer un secret qui ne vous appartient pas ! Vous voulez avoir la clef des raisons qui portent mon frère à faire de pareilles sottises ?… Sachez que toute la cause réside en moi, qui l'ai puni de cette manière du manque de foi dont il s'est rendu coupable à mon égard. Un lien nous unissait, lien terrible ! lien de mort !… Il devait accomplir sa promesse, il ne l'a pas fait, il a été lâche !… Qu'il subisse donc la peine d'une faute qui ne saurait trouver grâce devant moi !… Mon complice dans l'action, il devait me suivre au supplice. Pourquoi a-t-il hésité ?… Il porte aujourd'hui la peine de ses hésitations.

Ne pouvant le contraindre à me suivre, du moins immédiatement, j'employai la puissance magnétique, que je possède à un extrême degré, pour le contraindre à abandonner sa volonté et son être à mon libre arbitre. Il souffre dans cette position !… tant mieux ! chacun de ses gémissements intérieurs me cause un tressaillement de sombre joie.

Êtes-vous content de mon urbanité ? trouvez-vous mes explications suffisantes ?… Non ; vous voudriez me moraliser… mais, qui êtes-vous donc pour me prêcher ? êtes-vous pope ? non ; eh bien ! à quel titre voulez-vous que je vous écoute ? Je ne veux rien entendre et je retourne en ce lieu que je n'aurais pas dû quitter. Il comprend ses maux en ce moment ; peut-être sa volonté réagit-elle sur sa matière ! Malheur à vous, si vous le faisiez échapper à ma domination !

Voldemar R…



II

N'essayez pas, du moins quant à présent, de contraindre ce pauvre insensé à vous entendre ; il ne saurait le faire, et vos paroles n'auraient d'autres résultats que d'exciter sa rage brutale. Je viens en sa place vous donner quelques explications qui jetteront un peu de lumière sur le sombre drame dont ces deux êtres ont été les acteurs dans une autre existence. Ils expient en ce moment, en subissant les conséquences d'actions criminelles dans le détail desquelles je ne saurais entrer aujourd'hui. Sachez seulement que, de ces deux individualités, Alexandre fut, sous un autre nom et à une autre époque, le subordonné de Voldemar, dans une condition sociale que quelques paroles du récit que vous avez lu, pourront vous faire présumer. Méditez ce passage où il est dit qu'Alexandre exigeait que l'on sonnât la cloche au commencement de ses repas et vous serez sur la voie. Subordonné, comme je vous l'ai dit, à Voldemar, il commit, sous les instigations de celui-ci, diverses actions dont ils portent tous deux la responsabilité aujourd'hui, et qui sont la source de leurs souffrances.

Alexandre était et est encore d'un caractère faible et vacillant, lorsqu'une cause quelconque donnait à quelqu'un empire sur lui ; pour tous les autres, il était hautain, despote, brutal. Bref, il était sous l'empire de ce frère. Ce qu'ils firent tous deux, c'est ce que l'avenir vous apprendra par la suite de cette étude. Passons aux résultats.

Ils se promirent de ne jamais se trahir ni s'abandonner, et, en outre, Voldemar se réserva de peser, de toute sa volonté puissante, sur son malheureux complice. Vous avez vu qu'il l'avait pris comme plastron de ses plaisanteries dans le fragment d'existence qu'ils parcoururent ensemble. Ces deux êtres, doués d'une intelligence peu commune, avaient antérieurement formé, par l'association de leurs penchants mauvais, une ligue redoutable contre la société. Voldemar fut enlevé par un décret de la Providence, qui préparait ainsi les voies de la rénovation de ces deux êtres. Sous l'empire de sa promesse, Alexandre voulait suivre son frère au tombeau, mais son affection pour une personne dont il est parlé dans le récit, la fatigue d'un joug qu'il supportait avec peine, lui firent prendre la résolution de lutter. Son frère ne pouvait le tuer matériellement, mais il l'a tué moralement, en l'entourant d'un réseau d'influences qui ont déterminé l'obsession cruelle dont vous connaissez les suites.

Le somnambule qui a désigné cette affection sous le nom de maladie de Nabuchodonosor n'était pas si loin de la vérité qu'on pourrait le croire, car Nabuchodonosor n'était autre qu'un obsédé qui se persuadait avoir été changé en bête. C'est donc une obsession, qui n'exclut pas, comme vous le savez, l'action de l'intelligence et ne l'annihile pas d'une manière fatale ; c'est un des cas les plus remarquables dont l'étude ne peut qu'être profitable pour tous. Pour ce soir, elle nous entraînerait trop loin par les développements qu'elle nécessite. Je me bornerai à cet exposé, vous priant en même temps de réunir vos forces spirituelles pour évoquer Voldemar. Comme il le craint avec raison, en son absence son frère recouvre son énergie et peut se libérer. C'est pourquoi il lui répugne de le quitter, et il exerce sur lui une action magnétique continuelle.

Leur guide à tous deux,

Paulowitch.



III

Médium, madame Delanne

Mes frères bien-aimés, certains faits rapportés dans les Écritures, sont regardés par beaucoup de gens comme des fables faites pour les enfants. On les a dédaignés, parce qu'on ne les a pas compris, et l'on a refusé d'y ajouter foi. Néanmoins, dégagé de la forme allégorique, le fond en est vrai, et le Spiritisme seul pouvait en donner la clef. Il va s'en produire de diverses natures, non-seulement chez les Spirites, mais chez tout le monde, et par toute la terre, qui forceront les savants à étudier, et c'est alors qu'on pourra se convaincre, malgré le dire de quelques-uns, que le Spiritisme apprend du nouveau, car c'est par lui qu'on aura l'explication de ce qui est resté inexpliqué jusqu'à ce jour. Ne vous a-t-on pas dit que l'obsession allait revêtir de nouvelles formes ? Ceci en est un exemple.

La punition de Nabuchodonosor n'est donc pas une fable ; il n'a pas été, comme vous l'avez dit fort judicieusement, changé en bête ; mais il était, comme le sujet qui vous occupe en ce moment, privé pour un temps du libre exercice de ses facultés intellectuelles, et cela, dans des conditions qui l'assimilaient à la brute, et faisaient pour tous du puissant despote, un objet de pitié : Dieu l'avait frappé dans son orgueil.

Toutes ces questions se rattachent à celles des fluides et du magnétisme. Dans ce jeune homme, il y a obsession et subjugation ; il est d'une grande lucidité à l'état d'Esprit, et son frère exerce sur lui une influence magnétique irrésistible ; il l'attire facilement hors de son corps, lorsqu'une personne amie et sympathique n'est pas là pour le retenir ; il souffre lorsqu'il est dégagé ; pour lui aussi, c'est une punition, et c'est alors qu'il fait entendre ses rugissements féroces.

Ne vous hâtez donc pas de condamner ce qui est écrit dans les livres sacrés, ainsi que le font la plupart de ceux qui ne voient que la lettre et non l'esprit. Chaque jour vous vous éclairerez davantage, et de nouvelles vérités se dérouleront à vos yeux, car vous êtes loin d'avoir épuisé toutes les applications de ce que vous savez en Spiritisme.

St BenoÎt.

Il résulte de cette explication éminemment rationnelle, que ce jeune homme est sous l'empire d'une obsession, ou mieux, d'une terrible subjugation, semblable à celle qu'a subie le roi Nabuchodonosor. Cela détruit-il la justice de Dieu qui avait puni ce monarque orgueilleux ? Nullement, puisque nous savons que les obsessions sont à la fois des épreuves et des châtiments. Dieu pouvait donc le punir en le plaçant sous le joug d'un Esprit malfaisant qui le contraignait d'agir comme une bête, sans pour cela le métamorphoser en bête. La première de ces punitions est naturelle, et s'explique par les lois des rapports du monde visible et du monde invisible ; l'autre est anti-naturelle, fantastique, et ne s'explique pas ; l'une se présente, de nos jours, comme une réalité, sous les formes diverses de l'obsession, l'autre ne se trouve que dans les contes de fées ; enfin, l'une est acceptable par la raison, et l'autre ne l'est pas.

Au point de vue du Spiritisme, ce fait offre un important sujet d'étude ; l'obsession s'y présente sous un aspect nouveau quant à la forme et quant à la cause déterminante, mais qui n'a rien de surprenant après ce qu'il nous est donné de voir chaque jour. Saint Benoît a bien raison de dire que nous sommes loin d'avoir épuisé tourtes les applications du Spiritisme, ni compris tout ce qu'il peut nous expliquer ; tel qu'il est, il nous présente une riche mine à explorer à l'aide des lois qu'il nous fait connaître ; avant de dire qu'il est stationnaire, sachons donc mettre à profit ce qu'il nous apprend.




Le patriarche Joseph et le voyant de Zimmerwald

Un de nos abonnés de Paris nous écrit ce qui suit :

« En lisant le numéro de la Revue Spirite du mois d'octobre, je me suis reporté à un passage de la Bible qui signale un fait analogue à la médiumnité du voyant de la forêt de Zimmerwald, et que voici :

Lorsque les frères de Joseph furent sortis de la ville, comme ils n'avaient fait encore que peu de chemin, Joseph appela l'intendant de sa maison, et il lui dit : Courez vite après ces gens ; arrêtez-les, et leur dites : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? – La coupe que vous avez dérobée est celle dans laquelle mon Seigneur boit, et dont il se sert pour deviner. Vous avez fait une très méchante action. »

Quand les frères de Joseph furent amenés en sa présence, il leur dit :

Pourquoi avez-vous agi ainsi avec moi ? Ignorez-vous qu'il n'y a personne qui m'égale dans la science de deviner les choses cachées ? » (Genèse, ch. XLIV, v. 5, 15.)

Le genre de médiumnité que vous signalez existait donc chez les Égyptiens et chez les Juifs. »

C., avocat.


Rien n'est plus positif en effet ; Joseph possédait l'art de deviner, c'est-à-dire de voir les choses cachées, et il se servait pour cela d'une coupe à boire, comme le voyant de Zimmerwald se sert de son verre. Si la médiumnité est une faculté démoniaque, voilà donc un des personnages les plus vénérés de l'antiquité sacrée convaincu d'agir par le démon. S'il agissait par Dieu, et nos Médiums par le démon, le démon fait donc exactement la même chose que Dieu, et par conséquent l'égale en puissance. On s'étonne de voir des hommes graves soutenir une pareille thèse qui ruine leur propre doctrine.

Le Spiritisme n'a donc ni découvert, ni inventé les Médiums, mais il a découvert les lois de la médiumnité, et il l'explique. C'est ainsi qu'il est la véritable clef pour l'intelligence de l'Ancien et du Nouveau Testament, où abondent les faits de ce genre ; c'est faute d'avoir eu cette clef, qu'il a été fait sur les Écritures tant de commentaires contradictoires qui n'ont rien expliqué. L'incrédulité allait sans cesse croissant à l'endroit de ces faits et envahissait même l'Église ; désormais on les admettra comme phénomènes naturels, puisqu'ils se reproduisent de nos jours par des lois maintenant connues. Nous avons donc raison de dire que le Spiritisme est une science positive qui détruit les derniers vestiges du merveilleux.

Supposons que l'on ait perdu les livres des Anciens, qui nous expliquent la théogonie païenne ou mythologie, comprendrait-on aujourd'hui le sens des innombrables inscriptions que l'on découvre chaque jour, et qui se rapportent plus ou moins directement à ces croyances ? Comprendrait-on la destination, les motifs de structure de la plupart des monuments dont nous voyons les restes ? Saurait-on ce que représentent la plupart des statues et des bas-reliefs ? Non, assurément ; sans la connaissance de la mythologie, toutes ces choses seraient pour nous des lettres mortes, comme l'écriture cunéiforme et les hiéroglyphes égyptiens. La mythologie est donc la clef à l'aide de laquelle nous reconstruisons l'histoire du passé au moyen d'un fragment de pierre, comme Cuvier, avec un os, reconstruisait un animal antédiluvien. Parce que nous ne croyons plus aux fables des divinités païennes, faut-il pour cela négliger ou mépriser la mythologie ? Celui qui émettrait une telle pensée serait traité de barbare.

Eh bien ! le Spiritisme, comme croyance à l'existence et à la manifestation des âmes, comme moyen de s'entretenir avec elles ; le magnétisme, comme moyen de guérison ; le somnambulisme, comme double vue, étaient très répandus dans l'antiquité, et se sont mêlés à toutes les théogonies, même à la théogonie juive et plus tard chrétienne ; il y est fait allusion dans une foule de monuments et inscriptions qui nous restent. Le Spiritisme, qui embrasse en même temps le magnétisme et le somnambulisme, est un flambeau pour l'archéologie et l'étude de l'antiquité. Nous sommes même convaincu que c'est une source féconde pour l'intelligence des hiéroglyphes, car ces croyances étaient très répandues en Egypte, et leur étude faisait partie des mystères cachés au vulgaire. Voici quelques faits à l'appui de cette assertion.

Un de nos amis, savant archéologue qui habite l'Afrique, et qui est en même temps un Spirite éclairé, trouva, il y a quelques années, aux environs de Sétif, une inscription tumulaire dont le sens était absolument inintelligible sans la connaissance du Spiritisme.

Nous nous rappelons avoir vu au Louvre, il y a de cela fort longtemps, une peinture égyptienne représentant un individu couché et endormi, et un autre debout, les bras et les doigts dirigés vers le premier, sur lequel il fixait ses regards, dans l'attitude exacte d'un homme qui fait des passes magnétiques. On eût dit ce dessin calqué sur la petite vignette que M. le baron Dupotet mettait jadis sur le frontispice de son Journal du Magnétisme. Pour tout magnétiseur, il n'y avait pas à se méprendre sur le sujet de ce tableau ; pour quiconque n'aurait pas connu le magnétisme, il n'avait pas de sens. Le fait seul prouverait, si l'on n'en avait pas une foule d'autres, que les anciens Égyptiens savaient magnétiser, et qu'ils s'y prenaient à peu près comme nous. Cela faisait donc partie de leurs mœurs, puisque cela se trouvait consacré sur un monument public. Sans le magnétisme moderne, qui nous a donné la clef de certaines allégories, nous ne le saurions pas.

Une autre peinture égyptienne, également au Louvre, représentait une momie debout, entourée de bandelettes ; un corps de même forme et grandeur, mais sans bandelettes, s'en détachait à moitié, comme s'il sortait de la momie, et un autre individu, placé en avant, semblait l'attirer à lui. Nous ne connaissions pas alors le Spiritisme, et nous nous demandions ce que cela pouvait signifier.

Il est clair aujourd'hui que cette peinture allégorique représente l'âme se séparant du corps, tout en conservant l'apparence humaine, et dont le dégagement est facilité par l'action d'une autre personne incarnée ou désincarnée, ainsi que nous l'enseigne le Spiritisme.

Ne croyez pas au Spiritisme, si vous le voulez ; mettez que ce soit une chimère : personne ne vous l'impose ; étudiez-le comme vous étudieriez la mythologie, à titre de simple renseignement, et tout en riant de la crédulité humaine, et vous verrez quels horizons il vous ouvrira, pour peu que vous soyez un homme sérieux.



Dissertations spirites - Le repos éternel

Société de Paris, 13 octobre 1865. – Médium, M. Leymarie

Lorsque je laissai mon enveloppe terrestre, on prononça sur ma tombe plusieurs discours, et tous étaient empreints de la même idée. Sonnez, mon ami, disait l'un, allez jouir du repos éternel. Ame, disait le prêtre, reposez-vous dans la contemplation divine. Ami, répétait le troisième, dors en paix après ta vie si bien remplie. Enfin c'était le repos éternel continu qui ressortait du fond de tant d'adieux touchants.

Le repos éternel ! qu'entendait-on par cette expression et qu'entend-on par les mêmes paroles continuellement répétées à chaque disparition en terre d'un homme qui s'en va dans l'inconnu ?

Ah ! nous nous reposons, dites-vous, mes amis ; étrange erreur ! vous comprenez le repos à votre manière. Regardez autour de vous, le repos existe-t-il ? Les arbres en ce moment vont se dépouiller de leurs enveloppes charmantes ; tout gémit en cette saison ; la nature semble se préparer à la mort, et pourtant, si l'on cherche, on trouve la vie en préparation sous cette mort apparente ; tout s'épure dans ce grand laboratoire terrestre, et la sève et la fleur, l'insecte et le fruit, tout ce qui doit parer et féconder.

Cette montagne, qui semble avoir l'immobilité éternelle, ne se repose pas ; les molécules infinies qui la composent accomplissent un travail énorme ; elles tendent, les unes à s'agréger, les autres à se séparer ; et cette lente transformation cause l'étonnement d'abord, et ensuite l'admiration du chercheur qui trouve en tout des instincts divers et des mystères à explorer. Et si la terre s'agite ainsi dans ses entrailles, c'est que ce grand creuset élabore et prépare l'air que vous respirez, les gaz qui doivent sustenter la nature entière ; c'est qu'elle imite les millions de planètes que vous apercevez dans l'espace et dont chaque jour les mouvements, le travail continu, obéissent à la volonté souveraine ; leur évolution est mathématique, et si elles renferment d'autres éléments que ceux qui vous font agir, allez ! croyez-le, ces éléments travaillent à leur épuration, à leur perfection.

Oui, à leur perfection ; car c'est le mot éternel ; la perfection, c'est le but, et pour l'atteindre, atomes, molécules, sève, minerais, arbres, animaux, hommes, planètes et Esprits s'évertuent à ce mouvement général, qui est admirable par sa diversité, car il est l'harmonie ; toutes les tendances vont au même but, et ce but est Dieu, centre de toute attraction.

Depuis mon départ de la terre, ma mission n'est pas accomplie ; je cherche et travaille chaque jour ; ma pensée agrandie embrasse mieux la puissance dirigeante ; je me sens meilleur en faisant bien, et tout comme moi les légions innombrables d'Esprits préparent l'avenir. Ne croyez pas au repos éternel ! Ceux qui prononcent ces mots n'en comprennent pas le vide. Vous tous qui m'entendez, pouvez-vous tuer la pensée, la forcer au repos ? Oh ! non ; la vagabonde cherche et cherche toujours, et n'en déplaise aux aimables et utiles jongleurs qui nient l'Esprit et sa puissance, l'Esprit existe, nous le prouvons et le prouverons mieux à l'heure venue. Nous leur enseignerons, à ces apôtres de l'incrédulité, que l'homme ce n'est pas le néant, une agrégation d'atomes réunis par un hasard et détruits de même ; nous leur montrerons l'homme rayonnant par sa volonté et son libre arbitre, maître de ses destinées, et élaborant dans la géhenne terrestre la puissance d'action nécessaire à d'autres vies, à d'autres épreuves.

Sonnez.

Notices bibliographiques

Sous presse pour paraître dans quelques jours L’évangile selon le spiritisme par Allan Kardec, 3ème édition revue, corrigée et modifiée.

Cette édition a été l'objet d'un remaniement complet de l'ouvrage. Outre quelques additions, les principaux changements consistent dans une classification plus méthodique, plus claire et plus commode des matières, ce qui en rend la lecture et les recherches plus faciles.



La Gazette du midi devant le spiritisme, à propos des frères Davenport. Etude philosophique par Ernest Altony. Brochure in-8°. Prix : 1 fr., par la poste 1 fr. 20. – Marseille, chez Mengelle, libraire, 32 bis, rue Longue-des-Capucins. Se vend au profit des familles victimes du choléra. Pour recevoir cette brochure, il suffit d'adresser 1 fr. 20 c. en timbres-poste à M. Altony, chez M. Mengelle, libraire à Marseille.

Avis

M. Ledoyen, libraire à Paris (Palais-Royal), étant retiré des affaires et n'ayant point de successeur, toutes les demandes d'abonnements ou autres qui lui seraient adressées resteraient sans effet.



Allan Kardec

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