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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1864 > Février > Notices bibliographiques
Notices bibliographiques
Sous ce titre un nouvel organe du Spiritisme vient de paraître, à
Anvers, à partir du 1er janvier 1864. On sait que la doctrine spirite a
fait de rapides progrès dans cette ville où se sont formées de
nombreuses réunions composées d'hommes éminents par leur savoir et leur
position sociale. A Bruxelles, plus longtemps réfractaire, l'idée
nouvelle gagne aussi du terrain, ainsi que dans d'autres villes de la
Belgique. Une société spirite qui s'y est formée récemment a bien voulu
nous prier d'en accepter la présidence d'honneur ; c'est dire dans
quelle voie elle se propose de marcher.
Le premier numéro de la nouvelle Revue contient : un appel aux Spirites d'Anvers, deux articles de fond, l'un sur les adversaires du Spiritisme, l'autre sur le Spiritisme et la folie, et un certain nombre de communications médianimiques dont quelques-unes en langue flamande, le tout, nous sommes heureux de le dire, en parfaite conformité de vues et de principes avec la Société de Paris. Cette publication ne peut manquer d'être favorablement accueillie dans un pays où les idées nouvelles ont une tendance manifeste à se propager, si, comme nous l'espérons, elle se tient à la hauteur de la science, condition essentielle de succès.
Le Spiritisme grandit et voit chaque jour de nouveaux horizons s'ouvrir devant lui ; il approfondit les questions qu'il n'avait fait qu'effleurer à son origine ; les Esprits se conformant au développement des idées, leurs instructions ont partout suivi ce mouvement ascensionnel ; auprès des productions médianimiques d'aujourd'hui, celles d'autrefois paraissent pâles et presque puériles, et cependant alors on les trouvait magnifiques ; il y a entre elles la différence des enseignements donnés à des écoliers et à des adultes ; c'est qu'à mesure que l'homme grandit il faut à son intelligence, aussi bien qu'à son corps, une nourriture plus substantielle. Toute publication spirite, périodique ou autre, qui resterait en arrière du mouvement, trouverait nécessairement peu de sympathie, et ce serait se faire illusion de croire intéresser maintenant les lecteurs avec des choses élémentaires ou médiocres ; quelque bonne qu'en soit l'intention, toute recommandation serait impuissante à leur donner la vie si elles ne l'ont par elles-mêmes.
Il est pour les publications de ce genre une autre condition de succès plus importante encore, c'est de marcher avec l'opinion du plus grand nombre. A l'origine des manifestations spirites, les idées, non encore fixées par l'expérience, ont donné lieu à une foule d'opinions divergentes qui sont tombées devant des observations plus complètes, ou ne comptent plus que de rares représentants. On sait à quel drapeau et à quels principes est ralliée aujourd'hui l'immense majorité des Spirites du monde entier ; se rendre l'écho de quelques opinions retardées, ou marcher dans une voie de traverse, c'est se condamner d'avance à l'isolement et à l'abandon. Ceux qui le font de bonne foi sont à plaindre ; ceux qui agissent avec l'intention préméditée de jeter les bâtons dans les roues et de semer la division n'en recueilleront que la honte. Ni les uns ni les autres ne peuvent être encouragés par ceux qui ont à cœur les véritables intérêts du Spiritisme.
Quant à nous personnellement et à la Société de Paris, nos sympathies et notre appui moral sont acquis d'avance, comme on le sait, à toutes les publications, comme à toutes les réunions, utiles à la cause que nous défendons.
Le premier numéro de la nouvelle Revue contient : un appel aux Spirites d'Anvers, deux articles de fond, l'un sur les adversaires du Spiritisme, l'autre sur le Spiritisme et la folie, et un certain nombre de communications médianimiques dont quelques-unes en langue flamande, le tout, nous sommes heureux de le dire, en parfaite conformité de vues et de principes avec la Société de Paris. Cette publication ne peut manquer d'être favorablement accueillie dans un pays où les idées nouvelles ont une tendance manifeste à se propager, si, comme nous l'espérons, elle se tient à la hauteur de la science, condition essentielle de succès.
Le Spiritisme grandit et voit chaque jour de nouveaux horizons s'ouvrir devant lui ; il approfondit les questions qu'il n'avait fait qu'effleurer à son origine ; les Esprits se conformant au développement des idées, leurs instructions ont partout suivi ce mouvement ascensionnel ; auprès des productions médianimiques d'aujourd'hui, celles d'autrefois paraissent pâles et presque puériles, et cependant alors on les trouvait magnifiques ; il y a entre elles la différence des enseignements donnés à des écoliers et à des adultes ; c'est qu'à mesure que l'homme grandit il faut à son intelligence, aussi bien qu'à son corps, une nourriture plus substantielle. Toute publication spirite, périodique ou autre, qui resterait en arrière du mouvement, trouverait nécessairement peu de sympathie, et ce serait se faire illusion de croire intéresser maintenant les lecteurs avec des choses élémentaires ou médiocres ; quelque bonne qu'en soit l'intention, toute recommandation serait impuissante à leur donner la vie si elles ne l'ont par elles-mêmes.
Il est pour les publications de ce genre une autre condition de succès plus importante encore, c'est de marcher avec l'opinion du plus grand nombre. A l'origine des manifestations spirites, les idées, non encore fixées par l'expérience, ont donné lieu à une foule d'opinions divergentes qui sont tombées devant des observations plus complètes, ou ne comptent plus que de rares représentants. On sait à quel drapeau et à quels principes est ralliée aujourd'hui l'immense majorité des Spirites du monde entier ; se rendre l'écho de quelques opinions retardées, ou marcher dans une voie de traverse, c'est se condamner d'avance à l'isolement et à l'abandon. Ceux qui le font de bonne foi sont à plaindre ; ceux qui agissent avec l'intention préméditée de jeter les bâtons dans les roues et de semer la division n'en recueilleront que la honte. Ni les uns ni les autres ne peuvent être encouragés par ceux qui ont à cœur les véritables intérêts du Spiritisme.
Quant à nous personnellement et à la Société de Paris, nos sympathies et notre appui moral sont acquis d'avance, comme on le sait, à toutes les publications, comme à toutes les réunions, utiles à la cause que nous défendons.
Par le R. P. Blot, de la Compagnie de Jésus
Un de nos correspondants, M. le docteur C…, nous signale ce petit livre, et nous écrit à ce sujet ce qui suit :
« Depuis quelque temps des paroles que, comme chrétien et Spirite, je m'abstiens de qualifier, ont souvent été prononcées par des hommes qui ont reçu mission de parler aux peuples de charité et de miséricorde. Permettez-moi, pour vous reposer des pénibles impressions qu'elles ont dû vous causer comme à tout homme vraiment chrétien, de vous parler d'un tout petit volume du R. P. Blot. Je ne pense pas qu'il soit Spirite, mais j'ai trouvé dans son ouvrage ce qui, dans le Spiritisme, fait aimer Dieu et espérer en sa miséricorde, et divers passages qui touchent de très près à ce que nous enseignent les Esprits. »
Nous y avons remarqué les passages suivants, qui confirment l'opinion de notre correspondant :
« Au septième siècle, le pape saint Grégoire le Grand, après avoir raconté qu'un religieux vit, en mourant, les prophètes venir au-devant de lui, et qu'il les désigna par leurs noms, ajoutait : « Cet exemple nous fait clairement entendre combien grande sera la connaissance que nous aurons les uns des autres dans la vie incorruptible du ciel, puisque ce religieux, étant encore dans une chair corruptible, reconnut les saints prophètes qu'il n'avait jamais vus. »
Les saints se voient réciproquement comme le demandent l'unité du royaume et l'unité de la cité où ils vivent dans la compagnie du même Dieu. Ils se révèlent spontanément les uns aux autres leurs pensées et leurs affections, comme les personnes de la même maison qui sont unies par un sincère amour. Parmi leurs concitoyens du ciel, ils connaissent ceux mêmes qu'ils ne connurent point ici-bas, et la connaissance des belles actions les mène à une connaissance plus entière de ceux qui les accomplirent. (Berti, De theologicis disciplinis.)
Avez-vous perdu un fils, une fille ? recevez les consolations qu'un patriarche de Constantinople adressait à un père désolé. Ce patriarche ne peut pas plus être compté parmi les grands hommes que parmi les saints : c'est Photius, l'auteur du schisme cruel qui sépare l'Orient et l'Occident, mais ses paroles n'en prouvent que mieux que les Grecs pensent sur ce point comme les Latins. Les voici : Si votre fille vous apparaissait, si, mettant sa main dans votre main et son front joyeux sur votre front, elle vous parlait, n'est-ce pas la description du ciel qu'elle vous ferait ? Puis elle ajouterait : Pourquoi vous affliger, ô mon père ? je suis en paradis, où la félicité est sans bornes. Vous viendrez un jour avec ma mère bien-aimée, et alors vous trouverez que je ne vous ai rien dit de trop de ce lieu de délices, tant la réalité l'emportera sur mes paroles. »
Les bons Esprits peuvent donc se manifester, se faire voir, toucher les vivants, leur parler, décrire leur propre situation, venir consoler et fortifier ceux qu'ils ont aimés ; s'ils peuvent parler et prendre la main, pourquoi ne pourraient-ils faire écrire ? « Les Grecs, dit le P. Blot, pensent sur ce point comme les Latins ; » pourquoi donc aujourd'hui les Latins disent-ils que ce pouvoir n'est donné qu'aux démons pour tromper les hommes ? Le passage suivant est encore plus explicite :
« Saint Jean Chrysostome, dans une de ses homélies sur saint Mathieu, disait à chacun de ses auditeurs : « Vous désirez voir celui que la mort vous a enlevé ! Menez la même vie que lui dans le chemin de la vertu, et bientôt vous jouirez de cette sainte vision. Mais vous voudriez le voir ici même ? Eh ! qui donc vous en empêche ? Il vous est permis et facile de le voir, si vous êtes sages ; car l'espérance des biens à venir est plus claire que la vue même. »
L'homme charnel ne peut voir ce qui est purement spirituel ; si donc il peut voir les Esprits, c'est qu'ils ont une partie matérielle accessible à ses sens ; c'est l'enveloppe fluidique, que le Spiritisme désigne sous le nom de périsprit.
Après une citation de Dante sur l'état des bienheureux, le P. Blot ajoute :
« Voici donc le principe de solution pour les objections : Au ciel, qui est moins un lieu qu'un état, tout est lumière, tout est amour. »
Ainsi, le ciel n'est point un lieu circonscrit ; c'est l'état des âmes heureuses ; partout où elles sont heureuses, elles sont dans le ciel, c'est-à-dire que pour elles tout est lumière, amour et intelligence. C'est ce que disent les Esprits.
Fénelon, à la mort du duc de Beauvilliers, son ami, écrivait à la duchesse : « Non, il n'y a que les sens et l'imagination qui aient perdu leur objet. Celui que nous ne pouvons plus voir est plus que jamais avec nous. Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun. Il nous y voit, il nous y procure les vrais secours. Il y connaît mieux que nous nos infirmités, lui qui n'a plus les siennes ; et il demande les remèdes nécessaires pour notre guérison. Pour moi, qui étais privé de le voir depuis tant d'années, je lui parle, je lui ouvre mon cœur. »
Fénelon écrivait encore à la veuve du duc de Chevreuse : « Unissons-nous de cœur à celui que nous regrettons ; il ne s'est pas éloigné de nous en devenant invisible ; il nous voit, il nous aime, il est touché de nos besoins. Arrivé heureusement au port, il prie pour nous qui sommes encore exposés au naufrage. Il nous dit d'une voix secrète : « Hâtez-vous de nous rejoindre. » Les purs esprits voient, entendent, aiment toujours leurs vrais amis dans leur centre commun. Leur amitié est immortelle comme sa source. Les incrédules n'aiment qu'eux-mêmes ; ils devraient se désespérer de perdre à jamais leurs amis ; mais l'amitié divine change la société visible en une société de pure foi ; elle pleure, mais en pleurant elle se console par l'espérance de rejoindre ses amis dans le pays de la vérité et dans le sein de l'amour. »
Pour justifier le titre de son livre : Au ciel on se reconnaît, le P. Blot cite un grand nombre de passages d'écrivains sacrés, d'apparitions et de manifestations diverses qui prouvent la réunion, après la mort, de ceux qui se sont aimés, les rapports qui existent entre les morts et les vivants, les secours qu'ils se donnent mutuellement par la prière et l'inspiration. Nulle part il ne parle de la séparation éternelle, conséquence de la damnation éternelle, ni des diables, ni de l'enfer ; il montre au contraire les âmes les plus souffrantes délivrées par la vertu du repentir et de la prière, et par la miséricorde de Dieu. Si le P. Blot lançait l'anathème contre le Spiritisme, ce serait le lancer contre son propre livre, et contre tous les saints dont il invoque le témoignage. Quoi qu'il en soit de ses opinions sur ce sujet, nous dirons que si l'on n'avait jamais prêché que dans ce sens, il y aurait moins d'incrédules.
« Depuis quelque temps des paroles que, comme chrétien et Spirite, je m'abstiens de qualifier, ont souvent été prononcées par des hommes qui ont reçu mission de parler aux peuples de charité et de miséricorde. Permettez-moi, pour vous reposer des pénibles impressions qu'elles ont dû vous causer comme à tout homme vraiment chrétien, de vous parler d'un tout petit volume du R. P. Blot. Je ne pense pas qu'il soit Spirite, mais j'ai trouvé dans son ouvrage ce qui, dans le Spiritisme, fait aimer Dieu et espérer en sa miséricorde, et divers passages qui touchent de très près à ce que nous enseignent les Esprits. »
Nous y avons remarqué les passages suivants, qui confirment l'opinion de notre correspondant :
« Au septième siècle, le pape saint Grégoire le Grand, après avoir raconté qu'un religieux vit, en mourant, les prophètes venir au-devant de lui, et qu'il les désigna par leurs noms, ajoutait : « Cet exemple nous fait clairement entendre combien grande sera la connaissance que nous aurons les uns des autres dans la vie incorruptible du ciel, puisque ce religieux, étant encore dans une chair corruptible, reconnut les saints prophètes qu'il n'avait jamais vus. »
Les saints se voient réciproquement comme le demandent l'unité du royaume et l'unité de la cité où ils vivent dans la compagnie du même Dieu. Ils se révèlent spontanément les uns aux autres leurs pensées et leurs affections, comme les personnes de la même maison qui sont unies par un sincère amour. Parmi leurs concitoyens du ciel, ils connaissent ceux mêmes qu'ils ne connurent point ici-bas, et la connaissance des belles actions les mène à une connaissance plus entière de ceux qui les accomplirent. (Berti, De theologicis disciplinis.)
Avez-vous perdu un fils, une fille ? recevez les consolations qu'un patriarche de Constantinople adressait à un père désolé. Ce patriarche ne peut pas plus être compté parmi les grands hommes que parmi les saints : c'est Photius, l'auteur du schisme cruel qui sépare l'Orient et l'Occident, mais ses paroles n'en prouvent que mieux que les Grecs pensent sur ce point comme les Latins. Les voici : Si votre fille vous apparaissait, si, mettant sa main dans votre main et son front joyeux sur votre front, elle vous parlait, n'est-ce pas la description du ciel qu'elle vous ferait ? Puis elle ajouterait : Pourquoi vous affliger, ô mon père ? je suis en paradis, où la félicité est sans bornes. Vous viendrez un jour avec ma mère bien-aimée, et alors vous trouverez que je ne vous ai rien dit de trop de ce lieu de délices, tant la réalité l'emportera sur mes paroles. »
Les bons Esprits peuvent donc se manifester, se faire voir, toucher les vivants, leur parler, décrire leur propre situation, venir consoler et fortifier ceux qu'ils ont aimés ; s'ils peuvent parler et prendre la main, pourquoi ne pourraient-ils faire écrire ? « Les Grecs, dit le P. Blot, pensent sur ce point comme les Latins ; » pourquoi donc aujourd'hui les Latins disent-ils que ce pouvoir n'est donné qu'aux démons pour tromper les hommes ? Le passage suivant est encore plus explicite :
« Saint Jean Chrysostome, dans une de ses homélies sur saint Mathieu, disait à chacun de ses auditeurs : « Vous désirez voir celui que la mort vous a enlevé ! Menez la même vie que lui dans le chemin de la vertu, et bientôt vous jouirez de cette sainte vision. Mais vous voudriez le voir ici même ? Eh ! qui donc vous en empêche ? Il vous est permis et facile de le voir, si vous êtes sages ; car l'espérance des biens à venir est plus claire que la vue même. »
L'homme charnel ne peut voir ce qui est purement spirituel ; si donc il peut voir les Esprits, c'est qu'ils ont une partie matérielle accessible à ses sens ; c'est l'enveloppe fluidique, que le Spiritisme désigne sous le nom de périsprit.
Après une citation de Dante sur l'état des bienheureux, le P. Blot ajoute :
« Voici donc le principe de solution pour les objections : Au ciel, qui est moins un lieu qu'un état, tout est lumière, tout est amour. »
Ainsi, le ciel n'est point un lieu circonscrit ; c'est l'état des âmes heureuses ; partout où elles sont heureuses, elles sont dans le ciel, c'est-à-dire que pour elles tout est lumière, amour et intelligence. C'est ce que disent les Esprits.
Fénelon, à la mort du duc de Beauvilliers, son ami, écrivait à la duchesse : « Non, il n'y a que les sens et l'imagination qui aient perdu leur objet. Celui que nous ne pouvons plus voir est plus que jamais avec nous. Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun. Il nous y voit, il nous y procure les vrais secours. Il y connaît mieux que nous nos infirmités, lui qui n'a plus les siennes ; et il demande les remèdes nécessaires pour notre guérison. Pour moi, qui étais privé de le voir depuis tant d'années, je lui parle, je lui ouvre mon cœur. »
Fénelon écrivait encore à la veuve du duc de Chevreuse : « Unissons-nous de cœur à celui que nous regrettons ; il ne s'est pas éloigné de nous en devenant invisible ; il nous voit, il nous aime, il est touché de nos besoins. Arrivé heureusement au port, il prie pour nous qui sommes encore exposés au naufrage. Il nous dit d'une voix secrète : « Hâtez-vous de nous rejoindre. » Les purs esprits voient, entendent, aiment toujours leurs vrais amis dans leur centre commun. Leur amitié est immortelle comme sa source. Les incrédules n'aiment qu'eux-mêmes ; ils devraient se désespérer de perdre à jamais leurs amis ; mais l'amitié divine change la société visible en une société de pure foi ; elle pleure, mais en pleurant elle se console par l'espérance de rejoindre ses amis dans le pays de la vérité et dans le sein de l'amour. »
Pour justifier le titre de son livre : Au ciel on se reconnaît, le P. Blot cite un grand nombre de passages d'écrivains sacrés, d'apparitions et de manifestations diverses qui prouvent la réunion, après la mort, de ceux qui se sont aimés, les rapports qui existent entre les morts et les vivants, les secours qu'ils se donnent mutuellement par la prière et l'inspiration. Nulle part il ne parle de la séparation éternelle, conséquence de la damnation éternelle, ni des diables, ni de l'enfer ; il montre au contraire les âmes les plus souffrantes délivrées par la vertu du repentir et de la prière, et par la miséricorde de Dieu. Si le P. Blot lançait l'anathème contre le Spiritisme, ce serait le lancer contre son propre livre, et contre tous les saints dont il invoque le témoignage. Quoi qu'il en soit de ses opinions sur ce sujet, nous dirons que si l'on n'avait jamais prêché que dans ce sens, il y aurait moins d'incrédules.
Par M. Armand Durantin
Le Spiritisme a conquis son rang dans les croyances ; s'il est encore
pour quelques écrivains un sujet de raillerie, il est à remarquer que
parmi ceux mêmes qui le bafouaient jadis, la raillerie a baissé de ton
devant l'ascendant de l'opinion des masses, et se borne à rapporter,
sans commentaires, ou avec des restrictions plus ménagées, les faits qui
s'y rapportent. D'autres, sans y croire positivement, et sans même le
connaître à fond, jugent l'idée assez importante pour y puiser des
sujets de travaux d'imagination ou de fantaisie. Tel est, ce nous
semble, le cas de l'ouvrage dont nous parlons. C'est un simple roman
basé sur la croyance spirite présentée au point de vue sérieux, mais
auquel nous pouvons reprocher quelques erreurs provenant sans doute
d'une étude incomplète de la matière. L'auteur qui veut broder une
action de fantaisie sur un sujet historique doit, avant tout, se bien
pénétrer de la vérité du fait, afin de ne pas être à côté de l'histoire.
Ainsi devront faire tous les écrivains qui voudront mettre à profit
l'idée spirite, soit pour n'être pas accusés d'ignorer ce dont ils
parlent, soit pour conquérir la sympathie des adeptes, assez nombreux
aujourd'hui pour peser dans la balance de l'opinion, et concourir au
succès de toute oeuvre qui touche directement ou indirectement à leurs
croyances.
Cette réserve faite au point de vue de la parfaite orthodoxie, l'ouvrage en question n'en sera pas moins lu avec beaucoup d'intérêt par les partisans comme par les adversaires du Spiritisme, et nous remercions l'auteur du gracieux hommage qu'il a bien voulu nous faire de son livre, appelé à populariser l'idée nouvelle. Nous en citerons les passages suivants, qui traitent plus spécialement de la doctrine.
« A l'époque où M. de Boursonne (un des principaux personnages du roman) avait perdu sa femme, une doctrine mystique se répandait sourdement, lentement, et se propageait dans l'ombre. Elle comptait encore peu d'apôtres ; mais elle n'aspirait rien moins qu'à se substituer aux différents cultes chrétiens. Il ne lui manque encore, pour devenir une religion puissante, que la persécution.
Cette religion, c'est celle du Spiritisme, si éloquemment exposée par M. Allan Kardec, dans son remarquable ouvrage le Livre des Esprits. Un de ses adeptes les plus convaincus, c'était le comte de Boursonne.
Je n'ajouterai plus que quelques mots sur cette doctrine, pour faire comprendre aux incrédules que le pouvoir mystérieux du comte était tout à fait naturel.
Les Spirites reconnaissent Dieu et l'immortalité de l'âme. Ils croient que la terre est pour eux un lieu de transition et d'épreuves. Selon eux, l'âme est d'abord placée par Dieu dans une planète d'un ordre inférieur. Elle y reste enfermée dans un corps plus ou moins grossier, jusqu'au jour où elle est assez épurée pour émigrer dans un monde supérieur. C'est ainsi qu'après de longues migrations et de nombreuses épreuves, les âmes arrivent enfin à la perfection, et sont alors admises dans le sein de Dieu. Il dépend donc de l'homme d'abréger ses pérégrinations et d'arriver plus promptement auprès du Seigneur, en s'améliorant rapidement.
C'est une croyance du Spiritisme, croyance touchante, que les âmes les plus parfaites peuvent s'entretenir avec les Esprits. Aussi, selon les Spirites, nous pouvons causer avec les êtres que nous avons aimés et que nous avons perdus, si notre âme est assez perfectionnée pour les entendre et savoir s'en faire écouter.
Ce sont donc les âmes améliorées, les hommes les plus parfaits parmi nous, qui peuvent servir d'intermédiaires entre le vulgaire et les Esprits ; ces agents, tant raillés par le scepticisme, tant admirés et enviés par les croyants, s'appellent, en langage spirite, médiums.
Ceci expliqué, une fois pour toute, remarquons en passant que la doctrine spirite compte à cette heure ses adeptes par milliers, surtout dans les grandes villes, et que le comte de Boursonne était un des médiums les plus puissants. »
Ici est une première erreur grave ; s'il fallait être parfait pour communiquer avec les Esprits, bien peu jouiraient de ce privilège. Les Esprits se manifestent à ceux mêmes qui laissent le plus à désirer, précisément pour les amener, par leurs conseils, à s'améliorer, selon cette parole du Christ : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecine. » La médiumnité est une faculté qui tient à l'organisme plus ou moins développé selon les individus, mais qui peut être donné au plus indigne, comme au plus digne, sauf au premier à être puni s'il n'en profite pas ou s'il en abuse. La supériorité morale du médium lui assure la sympathie des bons Esprits, et le rend apte à recevoir des instructions d'un ordre plus élevé ; mais la facilité de communiquer avec les êtres du monde invisible, soit directement, soit par voie d'intermédiaires, est donnée à chacun en vue de son avancement. Voilà ce que l'auteur aurait su s'il avait fait une étude plus approfondie de la science spirite.
« La science moderne a prouvé que tout s'enchaîne. Ainsi, dans l'ordre matériel, entre l'infusoire, le dernier des animaux, et l'homme, qui en est l'expression la plus élevée, il existe une chaîne de créatures, améliorées successivement, comme le prouvent surabondamment les découvertes des géologues. Or, les Spirites se sont demandé pourquoi la même harmonie n'existerait pas dans le monde spirituel ; ils se sont demandé pourquoi une lacune entre Dieu et l'homme, comme M. Le Verrier s'est demandé comment il se faisait qu'une planète pût manquer à telle place du ciel, en vertu des lois harmonieuses qui régissent notre monde incompréhensible et encore inconnu.
C'est guidés par ce même raisonnement qui a conduit l'éminent directeur de l'observatoire de Paris à sa merveilleuse déduction, que les Spirites en sont venus à reconnaître des êtres immatériels entre l'homme et Dieu, avant d'en avoir eu la preuve palpable qu'ils ont acquise plus tard. »
Il y a également là une autre erreur capitale. Le Spiritisme a été conduit à ses théories par l'observation des faits, et non par un système préconçu. Le raisonnement dont parle l'auteur était rationnel, sans doute, mais ce n'est point ainsi que les choses se sont passées. Les Spirites ont conclu à l'existence des Esprits, parce que les Esprits se sont spontanément manifestés ; ils ont indiqué la loi qui régit les rapports du monde visible et du monde invisible, parce qu'ils ont observé ces rapports ; ils ont admis la hiérarchie progressive des Esprits, parce que les Esprits se sont montrés à eux à tous les degrés d'avancement ; ils ont adopté le principe de la pluralité des existences non seulement parce que les Esprits le leur ont enseigné, mais parce que ce principe résulte, comme loi de nature, de l'observation des faits que nous avons sous les yeux. En résumé, le Spiritisme n'a rien admis à titre d'hypothèse préalable ; tout dans sa doctrine est un résultat d'expérience. Voilà tout ce que nous avons maintes fois répété dans nos ouvrages.
Nous croyons utile de porter l'avis suivant à la connaissance des personnes qu'il peut concerner.
A la réception de toute lettre le premier soin est d'en voir la signature. En l'absence de signature et d'une désignation suffisante, la lettre est immédiatement jetée aux vieux papiers sans être lue, lors même qu'elle porterait la mention : Un de vos abonnés, un Spirite, etc. Ces derniers ayant moins de raisons que tous autres de garder l'incognito vis-à-vis de nous, rendent, par cela même, suspecte l'origine de leurs lettres, c'est pourquoi il n'en est même pas pris connaissance, la correspondance authentique étant trop nombreuse et suffisante pour absorber l'attention. La personne chargée d'en faire le dépouillement a pour instruction formelle de rejeter sans examen toute lettre de la nature de celles dont nous parlons.
Allan Kardec.
Cette réserve faite au point de vue de la parfaite orthodoxie, l'ouvrage en question n'en sera pas moins lu avec beaucoup d'intérêt par les partisans comme par les adversaires du Spiritisme, et nous remercions l'auteur du gracieux hommage qu'il a bien voulu nous faire de son livre, appelé à populariser l'idée nouvelle. Nous en citerons les passages suivants, qui traitent plus spécialement de la doctrine.
« A l'époque où M. de Boursonne (un des principaux personnages du roman) avait perdu sa femme, une doctrine mystique se répandait sourdement, lentement, et se propageait dans l'ombre. Elle comptait encore peu d'apôtres ; mais elle n'aspirait rien moins qu'à se substituer aux différents cultes chrétiens. Il ne lui manque encore, pour devenir une religion puissante, que la persécution.
Cette religion, c'est celle du Spiritisme, si éloquemment exposée par M. Allan Kardec, dans son remarquable ouvrage le Livre des Esprits. Un de ses adeptes les plus convaincus, c'était le comte de Boursonne.
Je n'ajouterai plus que quelques mots sur cette doctrine, pour faire comprendre aux incrédules que le pouvoir mystérieux du comte était tout à fait naturel.
Les Spirites reconnaissent Dieu et l'immortalité de l'âme. Ils croient que la terre est pour eux un lieu de transition et d'épreuves. Selon eux, l'âme est d'abord placée par Dieu dans une planète d'un ordre inférieur. Elle y reste enfermée dans un corps plus ou moins grossier, jusqu'au jour où elle est assez épurée pour émigrer dans un monde supérieur. C'est ainsi qu'après de longues migrations et de nombreuses épreuves, les âmes arrivent enfin à la perfection, et sont alors admises dans le sein de Dieu. Il dépend donc de l'homme d'abréger ses pérégrinations et d'arriver plus promptement auprès du Seigneur, en s'améliorant rapidement.
C'est une croyance du Spiritisme, croyance touchante, que les âmes les plus parfaites peuvent s'entretenir avec les Esprits. Aussi, selon les Spirites, nous pouvons causer avec les êtres que nous avons aimés et que nous avons perdus, si notre âme est assez perfectionnée pour les entendre et savoir s'en faire écouter.
Ce sont donc les âmes améliorées, les hommes les plus parfaits parmi nous, qui peuvent servir d'intermédiaires entre le vulgaire et les Esprits ; ces agents, tant raillés par le scepticisme, tant admirés et enviés par les croyants, s'appellent, en langage spirite, médiums.
Ceci expliqué, une fois pour toute, remarquons en passant que la doctrine spirite compte à cette heure ses adeptes par milliers, surtout dans les grandes villes, et que le comte de Boursonne était un des médiums les plus puissants. »
Ici est une première erreur grave ; s'il fallait être parfait pour communiquer avec les Esprits, bien peu jouiraient de ce privilège. Les Esprits se manifestent à ceux mêmes qui laissent le plus à désirer, précisément pour les amener, par leurs conseils, à s'améliorer, selon cette parole du Christ : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecine. » La médiumnité est une faculté qui tient à l'organisme plus ou moins développé selon les individus, mais qui peut être donné au plus indigne, comme au plus digne, sauf au premier à être puni s'il n'en profite pas ou s'il en abuse. La supériorité morale du médium lui assure la sympathie des bons Esprits, et le rend apte à recevoir des instructions d'un ordre plus élevé ; mais la facilité de communiquer avec les êtres du monde invisible, soit directement, soit par voie d'intermédiaires, est donnée à chacun en vue de son avancement. Voilà ce que l'auteur aurait su s'il avait fait une étude plus approfondie de la science spirite.
« La science moderne a prouvé que tout s'enchaîne. Ainsi, dans l'ordre matériel, entre l'infusoire, le dernier des animaux, et l'homme, qui en est l'expression la plus élevée, il existe une chaîne de créatures, améliorées successivement, comme le prouvent surabondamment les découvertes des géologues. Or, les Spirites se sont demandé pourquoi la même harmonie n'existerait pas dans le monde spirituel ; ils se sont demandé pourquoi une lacune entre Dieu et l'homme, comme M. Le Verrier s'est demandé comment il se faisait qu'une planète pût manquer à telle place du ciel, en vertu des lois harmonieuses qui régissent notre monde incompréhensible et encore inconnu.
C'est guidés par ce même raisonnement qui a conduit l'éminent directeur de l'observatoire de Paris à sa merveilleuse déduction, que les Spirites en sont venus à reconnaître des êtres immatériels entre l'homme et Dieu, avant d'en avoir eu la preuve palpable qu'ils ont acquise plus tard. »
Il y a également là une autre erreur capitale. Le Spiritisme a été conduit à ses théories par l'observation des faits, et non par un système préconçu. Le raisonnement dont parle l'auteur était rationnel, sans doute, mais ce n'est point ainsi que les choses se sont passées. Les Spirites ont conclu à l'existence des Esprits, parce que les Esprits se sont spontanément manifestés ; ils ont indiqué la loi qui régit les rapports du monde visible et du monde invisible, parce qu'ils ont observé ces rapports ; ils ont admis la hiérarchie progressive des Esprits, parce que les Esprits se sont montrés à eux à tous les degrés d'avancement ; ils ont adopté le principe de la pluralité des existences non seulement parce que les Esprits le leur ont enseigné, mais parce que ce principe résulte, comme loi de nature, de l'observation des faits que nous avons sous les yeux. En résumé, le Spiritisme n'a rien admis à titre d'hypothèse préalable ; tout dans sa doctrine est un résultat d'expérience. Voilà tout ce que nous avons maintes fois répété dans nos ouvrages.
Nous croyons utile de porter l'avis suivant à la connaissance des personnes qu'il peut concerner.
A la réception de toute lettre le premier soin est d'en voir la signature. En l'absence de signature et d'une désignation suffisante, la lettre est immédiatement jetée aux vieux papiers sans être lue, lors même qu'elle porterait la mention : Un de vos abonnés, un Spirite, etc. Ces derniers ayant moins de raisons que tous autres de garder l'incognito vis-à-vis de nous, rendent, par cela même, suspecte l'origine de leurs lettres, c'est pourquoi il n'en est même pas pris connaissance, la correspondance authentique étant trop nombreuse et suffisante pour absorber l'attention. La personne chargée d'en faire le dépouillement a pour instruction formelle de rejeter sans examen toute lettre de la nature de celles dont nous parlons.
Allan Kardec.