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REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1864 > Février
Février
Plusieurs
journaux ont reproduit l'article suivant :
« L'incident de la semaine, écrit-on de Rome au Times, est l'ordre donné à M. Home, le célèbre médium, de quitter la ville pontificale dans les trois jours.
Invité à se présenter devant la police romaine, M. Home subit un interrogatoire en forme. On lui demanda combien de temps il comptait rester à Rome ; s'il s'était livré aux pratiques du Spiritisme depuis sa conversion au catholicisme, etc., etc. Voici quelques-unes des paroles échangées dans cette circonstance, telles que M. Home lui-même les a consignées dans ses notes particulières, qu'il communique assez facilement, à ce qu'il paraît.
‑ Après votre conversion au catholicisme, avez-vous exercé votre pouvoir de médium ? ‑ Ni après ni avant je n'ai exercé ce pouvoir, car, comme il ne dépend pas de ma volonté, je ne puis dire que je l'exerce. – Considérez-vous ce pouvoir comme un don de la nature ? ‑ Je le considère comme un don de Dieu. ‑ Quelle religion enseignent les Esprits ? ‑ Cela dépend. ‑ Que faites-vous pour les faire venir ? » Je répondis que je ne faisais rien ; mais, au même instant, des frappements répétés et distincts se firent entendre sur la table où mon interrogateur écrivait. « Mais vous faites aussi mouvoir les tables ? » me dit-il. Au même instant la table se mit en mouvement.
Peu touché de ces prodiges, le chef de la police invita le magicien à quitter Rome dans les trois jours. M. Home s'abritant, comme c'était son droit, sous la protection des lois internationales, en référa au consul d'Angleterre, qui obtint de M. Matteucci que le trop célèbre médium ne serait pas inquiété et qu'il pourrait continuer son séjour à Rome, pourvu qu'il songeât à s'abstenir, durant ce temps, de toute communication avec le monde spirituel. Chose étonnante ! M. Home a accédé à cette condition, et signé l'engagement qu'on lui demandait. Comment a-t-il pu s'engager à ne pas user d'un pouvoir dont l'exercice est indépendant de sa volonté ? C'est ce que nous ne chercherons pas à pénétrer. »
Nous ne savons jusqu'à quel point ce récit est exact dans tous ses détails, mais une lettre écrite dernièrement par M. Home à une dame de notre connaissance semble confirmer le fait principal. Quant aux coups frappés si à propos, nous croyons qu'on peut sans crainte les mettre au nombre des facéties auxquelles nous ont habitués les journaux peu soucieux d'approfondir les choses de l'autre monde.
M. Home est en effet à Rome en ce moment, et le motif est trop honorable pour lui pour que nous ne le disions pas, puisque les journaux ont cru devoir saisir cette occasion de le ridiculiser.
M. Home n'est pas riche, et il ne craint pas de dire qu'il doit chercher dans le travail un supplément de ressources pour subvenir aux charges auxquelles il doit pourvoir. Il a pensé le trouver dans le talent naturel qu'il a pour la sculpture, et c'est pour se perfectionner dans cet art qu'il est allé à Rome. Avec la remarquable faculté médianimique qu'il possède, il pourrait être riche, très riche même, s'il avait voulu l'exploiter ; la médiocrité de sa position est la meilleure réponse à l'épithète d'habile charlatan qu'on lui a jetée à la face. Mais il sait que cette faculté lui a été donnée dans un but providentiel, pour les intérêts d'une cause sainte, et il croirait commettre un sacrilège s'il la convertissait en métier. Il a trop le sentiment des devoirs qu'elle lui impose pour ne pas comprendre que les Esprits se manifestent par la volonté de Dieu pour ramener les hommes à la foi en la vie future, et non pour faire la parade dans un spectacle de curiosités, en concurrence avec les escamoteurs, ni pour servir la cupidité de ceux qui prétendraient les exploiter. Il sait d'ailleurs aussi que les Esprits ne sont aux ordres ni au caprice de personne, et encore moins de quiconque voudrait exhiber leurs faits et gestes à tant la séance. Il n'est pas un seul médium au monde qui puisse garantir la production d'un phénomène spirite à un instant donné ; d'où il faut conclure que la prétention contraire est la preuve d'une ignorance absolue des principes les plus élémentaires de la science, et alors toute supposition est permise, parce que, si les Esprits ne répondent pas à l'appel, ou ne font pas des choses assez étonnantes pour satisfaire les curieux et soutenir la réputation du médium, il faut bien trouver moyen d'en donner aux spectateurs pour leur argent, si on ne veut pas le leur rendre.
Nous ne saurions trop le répéter, la meilleure garantie de sincérité c'est le désintéressement absolu. Un médium est toujours fort quand il peut répondre à ceux qui suspecteraient sa bonne foi : « Combien avez-vous payé pour venir ici ? »
Encore une fois, la médiumnité sérieuse ne peut être et ne sera jamais une profession ; non seulement parce qu'elle serait discréditée moralement, mais parce qu'elle repose sur une faculté essentiellement mobile, fugitive et variable, que nul de ceux qui la possèdent aujourd'hui n'est assuré de posséder demain ; les charlatans seuls sont toujours certains d'eux-mêmes. Autre chose est un talent acquis par l'étude et le travail, qui, par cela même, est une propriété dont il est naturellement permis de tirer parti ; la médiumnité n'est point dans ce cas ; l'exploiter, c'est disposer d'une chose dont on n'est réellement pas maître ; c'est la détourner de son but providentiel ; il y a plus : ce n'est pas de soi-même dont on dispose, ce sont les Esprits, les âmes des morts dont le concours est mis à prix. Cette pensée répugne instinctivement. C'est pourquoi dans tous les centres sérieux, où l'on s'occupe du Spiritisme saintement, religieusement, comme à Lyon, Bordeaux et tant d'autres, les médiums exploiteurs seraient complètement déconsidérés.
Que celui donc qui n'a pas de quoi vivre cherche ailleurs des ressources et n'y consacre, s'il le faut, que le temps qu'il peut y donner matériellement ; les Esprits lui tiendront compte de son dévouement et de ses sacrifices, tandis qu'ils punissent tôt ou tard ceux qui espèrent s'en faire un marchepied, soit par le retrait de la faculté, l'éloignement des bons Esprits, les mystifications compromettantes, soit par des moyens plus désagréables encore, ainsi que le prouve l'expérience.
M. Home sait très bien qu'il perdrait l'assistance de ses Esprits protecteurs s'il abusait de sa faculté. Sa première punition serait de perdre l'estime et la considération des familles honorables où il est reçu en ami et où il ne serait plus appelé qu'au même titre que les gens qui vont donner des représentations à domicile. Lors de son premier séjour à Paris, nous savons qu'il lui a été fait, par certains cercles, des offres très avantageuses pour y donner des séances, et qu'il a toujours refusé. Tous ceux qui le connaissent et comprennent les véritables intérêts du Spiritisme applaudiront à la résolution qu'il prend aujourd'hui. Pour notre compte personnel, nous lui savons gré du bon exemple qu'il donne.
Si nous avons insisté de nouveau sur la question du désintéressement des médiums, c'est que nous avons des raisons de croire que la médiumnité fictive et abusive est un des moyens que les ennemis du Spiritisme comptent employer pour chercher à le discréditer et le présenter comme une œuvre de charlatanisme. Il est donc nécessaire que tous ceux qui ont à cœur la cause de la doctrine se tiennent pour avertis, afin de démasquer les manœuvres frauduleuses, s'il y a lieu, et montrer que le Spiritisme vrai n'a rien de commun avec les parodies qu'on en pourrait faire, et qu'il répudie tout ce qui s'écarte du principe moralisateur qui est son essence.
L'article ci-dessus rapporté offre plusieurs autres sujets d'observations. L'auteur croit devoir qualifier M. Home de magicien ; il n'y a là rien que de très innocent ; mais plus loin il dit : « Le trop célèbre médium », expression employée à l'égard des individus qui se sont acquis une fâcheuse célébrité. Où sont donc les méfaits et les crimes de M. Home ? C'est une injure gratuite, non seulement pour lui, mais encore pour toutes les personnes respectables et haut placées qui le reçoivent et qui semblent ainsi patronner un homme mal famé.
La dernière phrase de l'article est plus curieuse, parce qu'elle renferme une de ces contradictions flagrantes dont nos adversaires s'inquiètent fort peu du reste. L'auteur s'étonne que M. Home ait consenti à l'engagement qu'on lui imposait, et il se demande comment il a pu promettre de ne pas user d'un pouvoir indépendant de sa volonté ? S'il tenait à le savoir, nous le renverrions à l'étude des phénomènes spirites, de leurs causes et de leur mode de production, et il saurait comment M. Home a pu prendre un engagement qui, du reste, ne peut concerner les manifestations qu'il obtient dans l'intimité, fût-il même sous les verrous de l'inquisition. Mais il paraît que l'auteur n'y tient pas autant, car il ajoute : « C'est ce que nous ne chercherons pas à pénétrer. » Par ces mots, il donne insidieusement à entendre que ces phénomènes ne sont que de la supercherie.
Cependant la mesure prise par le gouvernement pontifical prouve que celui-ci a peur des manifestations ostensibles ; or, on n'a pas peur d'une jonglerie. Ce même gouvernement interdirait-il les soi-disant physiciens qui se font fort d'imiter ces manifestations ? Non, certainement, car à Rome on permet bien d'autres choses moins évangéliques ; pourquoi donc les interdire à M. Home ? Pourquoi vouloir l'expulser du pays, si ce n'est qu'un faiseur de tours ? C'est dans l'intérêt de la religion, dira-t-on ; soit ; mais elle est donc bien fragile cette religion qui peut être si facilement compromise ? A Rome, comme ailleurs, les escamoteurs exécutent avec plus ou moins d'habileté le tour de la bouteille enchantée, où l'eau se change en toutes sortes de vins, et celui du chapeau magique, où se multiplient des pains et autres objets ; et cependant on ne craint pas que cela discrédite les miracles de Jésus-Christ, parce qu'on sait que ce ne sont que des imitations. Si l'on craint M. Home, c'est donc de sa part quelque chose de sérieux, et non des tours d'adresse.
Telle est la conséquence qu'en tirera tout homme qui réfléchit un peu ; il n'entrera dans la pensée d'aucune personne sensée qu'un gouvernement, qu'une cour souveraine, composée d'hommes qui, à bon droit, ne passent pas pour des sots, s'effraient d'un mythe. Cette réflexion, nous ne serons pas seul à la faire, assurément, et les journaux qui se sont empressés de rendre compte de cet incident, en vue de le tourner en ridicule, vont la provoquer tout naturellement ; de sorte que le résultat sera, comme celui de tout ce qu'on a déjà fait pour tuer le Spiritisme, d'en populariser l'idée. Ainsi un fait insignifiant, en apparence, aura inévitablement des conséquences plus graves qu'on ne l'avait pensé. Nous ne doutons pas qu'il n'ait été suscité pour hâter l'éclosion du Spiritisme en Italie, où il compte déjà de très nombreux représentants, même dans le clergé. Nous ne doutons pas non plus que la cour de Rome ne devienne tôt ou tard, sans le vouloir, un des principaux instruments de propagation de la doctrine dans ce pays, parce qu'il est dans la destinée que ses adversaires doivent eux-mêmes servir à la répandre par tout ce qu'ils feront pour la détruire. Aveugle donc celui qui ne voit pas là le doigt de la Providence. Ce sera sans contredit un des faits les plus considérables de l'histoire du Spiritisme ; un de ceux qui attestent le mieux sa puissance et son origine.
« L'incident de la semaine, écrit-on de Rome au Times, est l'ordre donné à M. Home, le célèbre médium, de quitter la ville pontificale dans les trois jours.
Invité à se présenter devant la police romaine, M. Home subit un interrogatoire en forme. On lui demanda combien de temps il comptait rester à Rome ; s'il s'était livré aux pratiques du Spiritisme depuis sa conversion au catholicisme, etc., etc. Voici quelques-unes des paroles échangées dans cette circonstance, telles que M. Home lui-même les a consignées dans ses notes particulières, qu'il communique assez facilement, à ce qu'il paraît.
‑ Après votre conversion au catholicisme, avez-vous exercé votre pouvoir de médium ? ‑ Ni après ni avant je n'ai exercé ce pouvoir, car, comme il ne dépend pas de ma volonté, je ne puis dire que je l'exerce. – Considérez-vous ce pouvoir comme un don de la nature ? ‑ Je le considère comme un don de Dieu. ‑ Quelle religion enseignent les Esprits ? ‑ Cela dépend. ‑ Que faites-vous pour les faire venir ? » Je répondis que je ne faisais rien ; mais, au même instant, des frappements répétés et distincts se firent entendre sur la table où mon interrogateur écrivait. « Mais vous faites aussi mouvoir les tables ? » me dit-il. Au même instant la table se mit en mouvement.
Peu touché de ces prodiges, le chef de la police invita le magicien à quitter Rome dans les trois jours. M. Home s'abritant, comme c'était son droit, sous la protection des lois internationales, en référa au consul d'Angleterre, qui obtint de M. Matteucci que le trop célèbre médium ne serait pas inquiété et qu'il pourrait continuer son séjour à Rome, pourvu qu'il songeât à s'abstenir, durant ce temps, de toute communication avec le monde spirituel. Chose étonnante ! M. Home a accédé à cette condition, et signé l'engagement qu'on lui demandait. Comment a-t-il pu s'engager à ne pas user d'un pouvoir dont l'exercice est indépendant de sa volonté ? C'est ce que nous ne chercherons pas à pénétrer. »
Nous ne savons jusqu'à quel point ce récit est exact dans tous ses détails, mais une lettre écrite dernièrement par M. Home à une dame de notre connaissance semble confirmer le fait principal. Quant aux coups frappés si à propos, nous croyons qu'on peut sans crainte les mettre au nombre des facéties auxquelles nous ont habitués les journaux peu soucieux d'approfondir les choses de l'autre monde.
M. Home est en effet à Rome en ce moment, et le motif est trop honorable pour lui pour que nous ne le disions pas, puisque les journaux ont cru devoir saisir cette occasion de le ridiculiser.
M. Home n'est pas riche, et il ne craint pas de dire qu'il doit chercher dans le travail un supplément de ressources pour subvenir aux charges auxquelles il doit pourvoir. Il a pensé le trouver dans le talent naturel qu'il a pour la sculpture, et c'est pour se perfectionner dans cet art qu'il est allé à Rome. Avec la remarquable faculté médianimique qu'il possède, il pourrait être riche, très riche même, s'il avait voulu l'exploiter ; la médiocrité de sa position est la meilleure réponse à l'épithète d'habile charlatan qu'on lui a jetée à la face. Mais il sait que cette faculté lui a été donnée dans un but providentiel, pour les intérêts d'une cause sainte, et il croirait commettre un sacrilège s'il la convertissait en métier. Il a trop le sentiment des devoirs qu'elle lui impose pour ne pas comprendre que les Esprits se manifestent par la volonté de Dieu pour ramener les hommes à la foi en la vie future, et non pour faire la parade dans un spectacle de curiosités, en concurrence avec les escamoteurs, ni pour servir la cupidité de ceux qui prétendraient les exploiter. Il sait d'ailleurs aussi que les Esprits ne sont aux ordres ni au caprice de personne, et encore moins de quiconque voudrait exhiber leurs faits et gestes à tant la séance. Il n'est pas un seul médium au monde qui puisse garantir la production d'un phénomène spirite à un instant donné ; d'où il faut conclure que la prétention contraire est la preuve d'une ignorance absolue des principes les plus élémentaires de la science, et alors toute supposition est permise, parce que, si les Esprits ne répondent pas à l'appel, ou ne font pas des choses assez étonnantes pour satisfaire les curieux et soutenir la réputation du médium, il faut bien trouver moyen d'en donner aux spectateurs pour leur argent, si on ne veut pas le leur rendre.
Nous ne saurions trop le répéter, la meilleure garantie de sincérité c'est le désintéressement absolu. Un médium est toujours fort quand il peut répondre à ceux qui suspecteraient sa bonne foi : « Combien avez-vous payé pour venir ici ? »
Encore une fois, la médiumnité sérieuse ne peut être et ne sera jamais une profession ; non seulement parce qu'elle serait discréditée moralement, mais parce qu'elle repose sur une faculté essentiellement mobile, fugitive et variable, que nul de ceux qui la possèdent aujourd'hui n'est assuré de posséder demain ; les charlatans seuls sont toujours certains d'eux-mêmes. Autre chose est un talent acquis par l'étude et le travail, qui, par cela même, est une propriété dont il est naturellement permis de tirer parti ; la médiumnité n'est point dans ce cas ; l'exploiter, c'est disposer d'une chose dont on n'est réellement pas maître ; c'est la détourner de son but providentiel ; il y a plus : ce n'est pas de soi-même dont on dispose, ce sont les Esprits, les âmes des morts dont le concours est mis à prix. Cette pensée répugne instinctivement. C'est pourquoi dans tous les centres sérieux, où l'on s'occupe du Spiritisme saintement, religieusement, comme à Lyon, Bordeaux et tant d'autres, les médiums exploiteurs seraient complètement déconsidérés.
Que celui donc qui n'a pas de quoi vivre cherche ailleurs des ressources et n'y consacre, s'il le faut, que le temps qu'il peut y donner matériellement ; les Esprits lui tiendront compte de son dévouement et de ses sacrifices, tandis qu'ils punissent tôt ou tard ceux qui espèrent s'en faire un marchepied, soit par le retrait de la faculté, l'éloignement des bons Esprits, les mystifications compromettantes, soit par des moyens plus désagréables encore, ainsi que le prouve l'expérience.
M. Home sait très bien qu'il perdrait l'assistance de ses Esprits protecteurs s'il abusait de sa faculté. Sa première punition serait de perdre l'estime et la considération des familles honorables où il est reçu en ami et où il ne serait plus appelé qu'au même titre que les gens qui vont donner des représentations à domicile. Lors de son premier séjour à Paris, nous savons qu'il lui a été fait, par certains cercles, des offres très avantageuses pour y donner des séances, et qu'il a toujours refusé. Tous ceux qui le connaissent et comprennent les véritables intérêts du Spiritisme applaudiront à la résolution qu'il prend aujourd'hui. Pour notre compte personnel, nous lui savons gré du bon exemple qu'il donne.
Si nous avons insisté de nouveau sur la question du désintéressement des médiums, c'est que nous avons des raisons de croire que la médiumnité fictive et abusive est un des moyens que les ennemis du Spiritisme comptent employer pour chercher à le discréditer et le présenter comme une œuvre de charlatanisme. Il est donc nécessaire que tous ceux qui ont à cœur la cause de la doctrine se tiennent pour avertis, afin de démasquer les manœuvres frauduleuses, s'il y a lieu, et montrer que le Spiritisme vrai n'a rien de commun avec les parodies qu'on en pourrait faire, et qu'il répudie tout ce qui s'écarte du principe moralisateur qui est son essence.
L'article ci-dessus rapporté offre plusieurs autres sujets d'observations. L'auteur croit devoir qualifier M. Home de magicien ; il n'y a là rien que de très innocent ; mais plus loin il dit : « Le trop célèbre médium », expression employée à l'égard des individus qui se sont acquis une fâcheuse célébrité. Où sont donc les méfaits et les crimes de M. Home ? C'est une injure gratuite, non seulement pour lui, mais encore pour toutes les personnes respectables et haut placées qui le reçoivent et qui semblent ainsi patronner un homme mal famé.
La dernière phrase de l'article est plus curieuse, parce qu'elle renferme une de ces contradictions flagrantes dont nos adversaires s'inquiètent fort peu du reste. L'auteur s'étonne que M. Home ait consenti à l'engagement qu'on lui imposait, et il se demande comment il a pu promettre de ne pas user d'un pouvoir indépendant de sa volonté ? S'il tenait à le savoir, nous le renverrions à l'étude des phénomènes spirites, de leurs causes et de leur mode de production, et il saurait comment M. Home a pu prendre un engagement qui, du reste, ne peut concerner les manifestations qu'il obtient dans l'intimité, fût-il même sous les verrous de l'inquisition. Mais il paraît que l'auteur n'y tient pas autant, car il ajoute : « C'est ce que nous ne chercherons pas à pénétrer. » Par ces mots, il donne insidieusement à entendre que ces phénomènes ne sont que de la supercherie.
Cependant la mesure prise par le gouvernement pontifical prouve que celui-ci a peur des manifestations ostensibles ; or, on n'a pas peur d'une jonglerie. Ce même gouvernement interdirait-il les soi-disant physiciens qui se font fort d'imiter ces manifestations ? Non, certainement, car à Rome on permet bien d'autres choses moins évangéliques ; pourquoi donc les interdire à M. Home ? Pourquoi vouloir l'expulser du pays, si ce n'est qu'un faiseur de tours ? C'est dans l'intérêt de la religion, dira-t-on ; soit ; mais elle est donc bien fragile cette religion qui peut être si facilement compromise ? A Rome, comme ailleurs, les escamoteurs exécutent avec plus ou moins d'habileté le tour de la bouteille enchantée, où l'eau se change en toutes sortes de vins, et celui du chapeau magique, où se multiplient des pains et autres objets ; et cependant on ne craint pas que cela discrédite les miracles de Jésus-Christ, parce qu'on sait que ce ne sont que des imitations. Si l'on craint M. Home, c'est donc de sa part quelque chose de sérieux, et non des tours d'adresse.
Telle est la conséquence qu'en tirera tout homme qui réfléchit un peu ; il n'entrera dans la pensée d'aucune personne sensée qu'un gouvernement, qu'une cour souveraine, composée d'hommes qui, à bon droit, ne passent pas pour des sots, s'effraient d'un mythe. Cette réflexion, nous ne serons pas seul à la faire, assurément, et les journaux qui se sont empressés de rendre compte de cet incident, en vue de le tourner en ridicule, vont la provoquer tout naturellement ; de sorte que le résultat sera, comme celui de tout ce qu'on a déjà fait pour tuer le Spiritisme, d'en populariser l'idée. Ainsi un fait insignifiant, en apparence, aura inévitablement des conséquences plus graves qu'on ne l'avait pensé. Nous ne doutons pas qu'il n'ait été suscité pour hâter l'éclosion du Spiritisme en Italie, où il compte déjà de très nombreux représentants, même dans le clergé. Nous ne doutons pas non plus que la cour de Rome ne devienne tôt ou tard, sans le vouloir, un des principaux instruments de propagation de la doctrine dans ce pays, parce qu'il est dans la destinée que ses adversaires doivent eux-mêmes servir à la répandre par tout ce qu'ils feront pour la détruire. Aveugle donc celui qui ne voit pas là le doigt de la Providence. Ce sera sans contredit un des faits les plus considérables de l'histoire du Spiritisme ; un de ceux qui attestent le mieux sa puissance et son origine.
De toutes les plaies morales de la société, l'égoïsme paraît la plus difficile à déraciner ; elle l'est d'autant plus, en effet, qu'elle est entretenue par les habitudes mêmes de l'éducation. Il semble que l'on prenne à tâche d'exciter, dès le berceau, certaines passions qui deviennent plus tard une seconde nature, et l'on s'étonne des vices de la société, alors que les enfants les sucent avec le lait. En voici un exemple qui, comme chacun peut en juger, appartient plus à la règle qu'à l'exception.
Dans une famille de notre connaissance est une petite fille de quatre à cinq ans, d'une intelligence rare, mais qui a les petits défauts des enfants gâtés, c'est-à-dire qu'elle est quelque peu capricieuse, pleureuse, entêtée, et ne dit pas toujours merci quand on lui donne quelque chose, ce dont les parents ont grandement à cœur de la corriger, car à part ces travers, selon eux, elle a un cœur d'or, expression consacrée. Voyons comment ils s'y prennent pour enlever ces petites taches et conserver à l'or sa pureté.
Un jour, on avait apporté un gâteau à l'enfant, et, comme c'est généralement l'habitude, on lui dit : « Tu le mangeras si tu es sage ; » première leçon de gourmandise. Que de fois n'arrive-t-il pas de dire, à table, à un enfant, qu'il ne mangera pas de telle friandise s'il pleure. « Fais ceci, fais cela, lui dit-on, et tu auras de la crème » ou quelque autre chose qui peut lui faire envie ; et l'enfant se contraint, non par raison, mais en vue de satisfaire un désir sensuel qu'on aiguillonne. C'est bien pis encore quand on lui dit, ce qui n'est pas moins fréquent, qu'on donnera sa portion à un autre ; ce n'est plus ici la gourmandise seule qui est en jeu, c'est l'envie ; l'enfant fera ce qu'on lui commande, non seulement pour avoir, mais pour qu'un autre n'ait pas. Veut-on lui donner une leçon de générosité ? on lui dit : « Donne ce fruit ou ce joujou à un tel ; » s'il refuse, on ne manque pas d'ajouter, pour stimuler eu lui un bon sentiment : « Je t'en donnerai un autre ; » de sorte que l'enfant ne se décide à être généreux que lorsqu'il est certain de ne rien perdre.
Nous fûmes un jour témoin d'un fait bien caractéristique en ce genre. C'était un enfant de deux ans et demi environ, à qui l'on avait fait pareille menace, en ajoutant : « Nous le donnerons à petit frère, et tu ne l'auras pas ; » et, pour rendre la leçon plus sensible, on mit la portion sur l'assiette de celui-ci ; mais petit frère, prenant la chose au sérieux, mangea la portion. A cette vue, l'autre devint pourpre, et il fallait n'être ni le père ni la mère pour ne pas voir l'éclair de colère et de haine qui jaillit de ses yeux. La semence était jetée ; pouvait-elle produire de bon grain ?
Revenons à la petite fille dont nous avons parlé. Comme elle ne tint aucun compte de la menace, sachant par expérience qu'on l'exécutait rarement, cette fois on fut plus ferme, car on comprit qu'il fallait maîtriser ce petit caractère, et ne pas attendre que l'âge lui eût donné un mauvais pli. Il faut former les enfants de bonne heure, disait-on ; maxime fort sage, et, pour la mettre en pratique, voici comment on s'y prit. « Je te promets, lui dit sa mère, que si tu n'obéis pas, demain le matin, la première petite pauvresse qui passe, je lui donne ton gâteau. » Ce qui fut dit fut fait ; cette fois on voulait tenir bon et lui donner une bonne leçon. Le lendemain matin donc, ayant avisé une petite mendiante dans la rue, on la fait entrer, et l'on oblige la petite fille à la prendre par la main et à lui donner elle-même son gâteau. Là-dessus, louanges données à sa docilité. Moralité : la petite fille dit : « C'est égal, si j'avais su cela, je me serais dépêchée de manger mon gâteau hier ; » et tout le monde d'applaudir à cette réponse spirituelle. L'enfant avait, en effet, reçu une forte leçon, mais une leçon du plus pur égoïsme, dont elle ne manquera pas de profiter une autre fois, car elle sait maintenant ce que coûte la générosité forcée ; reste à savoir quels fruits donnera plus tard cette semence, quand, plus âgée, l'enfant fera l'application de cette morale à des choses plus sérieuses qu'un gâteau. Sait-on toutes les pensées que ce seul fait a pu faire germer dans cette jeune tête ? Comment veut-on, après cela, qu'un enfant ne soit pas égoïste quand, au lieu d'éveiller en lui le plaisir de donner, et de lui représenter le bonheur de celui qui reçoit, on lui impose un sacrifice comme punition ? N'est-ce pas inspirer de l'aversion pour l'acte de donner, et pour ceux qui ont besoin ? Une autre habitude également fréquente est celle de punir un enfant en l'envoyant manger à la cuisine avec les domestiques. La punition est moins dans l'exclusion de la table que dans l'humiliation d'aller à celle des gens de service. Ainsi se trouve inoculé, dès la plus tendre enfance, le virus de la sensualité, de l'égoïsme, de l'orgueil, du mépris des inférieurs, des passions, en un mot, qui sont avec raison considérées comme les plaies de l'humanité. Il faut être doué d'une nature exceptionnellement bonne pour résister à de telles influences, produites à l'âge le plus impressionnable, et où elles ne peuvent trouver de contrepoids ni dans la volonté ni dans l'expérience. Pour peu donc que le germe des mauvaises passions s'y trouve, ce qui est le cas le plus ordinaire, vu la nature de la majorité des Esprits qui s'incarnent sur la terre, il ne peut que se développer sous ces influences, tandis qu'il faudrait en épier les moindres traces, pour l'étouffer.
La faute en est sans doute aux parents, mais ceux-ci pèchent souvent, il faut le dire, plus par ignorance que par mauvaise volonté ; chez beaucoup, il y a incontestablement une coupable insouciance, mais chez d'autres l'intention est bonne, c'est le remède qui ne vaut rien ou qui est mal appliqué. Etant les premiers médecins de l'âme de leurs enfants, ils devraient être instruits, non seulement de leurs devoirs, mais des moyens de les remplir ; il ne suffit pas au médecin de savoir qu'il doit chercher à guérir, il faut qu'il sache comment il doit s'y prendre. Or, pour les parents, où sont les moyens de s'instruire sur cette partie si importante de leur tâche ? On donne aux femmes beaucoup d'instruction aujourd'hui ; on leur fait subir des examens rigoureux, mais a-t-on jamais exigé d'une mère qu'elle sût comment elle doit s'y prendre pour former le moral de son enfant ? On lui apprend les recettes de ménage ; mais l'a-t-on initiée aux mille secrets de gouverner les jeunes cœurs ? Les parents sont donc abandonnés sans guide à leur initiative, c'est pourquoi ils font si souvent fausse route ; aussi recueillent-ils, dans les travers de leurs enfants devenus grands, le fruit amer de leur inexpérience ou d'une tendresse mal entendue, et la société tout entière en reçoit le coutre coup.
Puisqu'il est reconnu que l'égoïsme et l'orgueil sont la source de la plupart des misères humaines, que tant qu'ils règneront sur la terre, on ne peut espérer ni paix, ni charité, ni fraternité, il faut donc les attaquer à l'état d'embryons, sans attendre qu'ils soient vivaces.
Le Spiritisme peut-il remédier à ce mal ? Sans aucun doute, et nous n'hésitons pas à dire qu'il est seul assez puissant pour le faire cesser : par le nouveau point de vue sous lequel il fait envisager la mission et la responsabilité des parents ; en faisant connaître la source des qualités innées, bonnes ou mauvaises ; en montrant l'action que l'on peut exercer sur les Esprits incarnés et désincarnés ; en donnant la foi inébranlable qui sanctionne les devoirs ; enfin en moralisant les parents eux-mêmes. Il prouve déjà son efficacité par la manière plus rationnelle dont les enfants sont élevés dans les familles vraiment spirites. Les nouveaux horizons qu'ouvre le Spiritisme font voir les choses d'une tout autre manière ; son but étant le progrès moral de l'humanité, il devra forcément porter la lumière sur la grave question de l'éducation morale, source première de la moralisation des masses. Un jour on comprendra que cette branche de l'éducation a ses principes, ses règles, comme l'éducation intellectuelle, en un mot, que c'est une véritable science ; un jour peut-être aussi, imposera-t-on à toute mère de famille l'obligation de posséder ces connaissances, comme on impose à l'avocat celle de connaître le droit.
Un jour, on avait apporté un gâteau à l'enfant, et, comme c'est généralement l'habitude, on lui dit : « Tu le mangeras si tu es sage ; » première leçon de gourmandise. Que de fois n'arrive-t-il pas de dire, à table, à un enfant, qu'il ne mangera pas de telle friandise s'il pleure. « Fais ceci, fais cela, lui dit-on, et tu auras de la crème » ou quelque autre chose qui peut lui faire envie ; et l'enfant se contraint, non par raison, mais en vue de satisfaire un désir sensuel qu'on aiguillonne. C'est bien pis encore quand on lui dit, ce qui n'est pas moins fréquent, qu'on donnera sa portion à un autre ; ce n'est plus ici la gourmandise seule qui est en jeu, c'est l'envie ; l'enfant fera ce qu'on lui commande, non seulement pour avoir, mais pour qu'un autre n'ait pas. Veut-on lui donner une leçon de générosité ? on lui dit : « Donne ce fruit ou ce joujou à un tel ; » s'il refuse, on ne manque pas d'ajouter, pour stimuler eu lui un bon sentiment : « Je t'en donnerai un autre ; » de sorte que l'enfant ne se décide à être généreux que lorsqu'il est certain de ne rien perdre.
Nous fûmes un jour témoin d'un fait bien caractéristique en ce genre. C'était un enfant de deux ans et demi environ, à qui l'on avait fait pareille menace, en ajoutant : « Nous le donnerons à petit frère, et tu ne l'auras pas ; » et, pour rendre la leçon plus sensible, on mit la portion sur l'assiette de celui-ci ; mais petit frère, prenant la chose au sérieux, mangea la portion. A cette vue, l'autre devint pourpre, et il fallait n'être ni le père ni la mère pour ne pas voir l'éclair de colère et de haine qui jaillit de ses yeux. La semence était jetée ; pouvait-elle produire de bon grain ?
Revenons à la petite fille dont nous avons parlé. Comme elle ne tint aucun compte de la menace, sachant par expérience qu'on l'exécutait rarement, cette fois on fut plus ferme, car on comprit qu'il fallait maîtriser ce petit caractère, et ne pas attendre que l'âge lui eût donné un mauvais pli. Il faut former les enfants de bonne heure, disait-on ; maxime fort sage, et, pour la mettre en pratique, voici comment on s'y prit. « Je te promets, lui dit sa mère, que si tu n'obéis pas, demain le matin, la première petite pauvresse qui passe, je lui donne ton gâteau. » Ce qui fut dit fut fait ; cette fois on voulait tenir bon et lui donner une bonne leçon. Le lendemain matin donc, ayant avisé une petite mendiante dans la rue, on la fait entrer, et l'on oblige la petite fille à la prendre par la main et à lui donner elle-même son gâteau. Là-dessus, louanges données à sa docilité. Moralité : la petite fille dit : « C'est égal, si j'avais su cela, je me serais dépêchée de manger mon gâteau hier ; » et tout le monde d'applaudir à cette réponse spirituelle. L'enfant avait, en effet, reçu une forte leçon, mais une leçon du plus pur égoïsme, dont elle ne manquera pas de profiter une autre fois, car elle sait maintenant ce que coûte la générosité forcée ; reste à savoir quels fruits donnera plus tard cette semence, quand, plus âgée, l'enfant fera l'application de cette morale à des choses plus sérieuses qu'un gâteau. Sait-on toutes les pensées que ce seul fait a pu faire germer dans cette jeune tête ? Comment veut-on, après cela, qu'un enfant ne soit pas égoïste quand, au lieu d'éveiller en lui le plaisir de donner, et de lui représenter le bonheur de celui qui reçoit, on lui impose un sacrifice comme punition ? N'est-ce pas inspirer de l'aversion pour l'acte de donner, et pour ceux qui ont besoin ? Une autre habitude également fréquente est celle de punir un enfant en l'envoyant manger à la cuisine avec les domestiques. La punition est moins dans l'exclusion de la table que dans l'humiliation d'aller à celle des gens de service. Ainsi se trouve inoculé, dès la plus tendre enfance, le virus de la sensualité, de l'égoïsme, de l'orgueil, du mépris des inférieurs, des passions, en un mot, qui sont avec raison considérées comme les plaies de l'humanité. Il faut être doué d'une nature exceptionnellement bonne pour résister à de telles influences, produites à l'âge le plus impressionnable, et où elles ne peuvent trouver de contrepoids ni dans la volonté ni dans l'expérience. Pour peu donc que le germe des mauvaises passions s'y trouve, ce qui est le cas le plus ordinaire, vu la nature de la majorité des Esprits qui s'incarnent sur la terre, il ne peut que se développer sous ces influences, tandis qu'il faudrait en épier les moindres traces, pour l'étouffer.
La faute en est sans doute aux parents, mais ceux-ci pèchent souvent, il faut le dire, plus par ignorance que par mauvaise volonté ; chez beaucoup, il y a incontestablement une coupable insouciance, mais chez d'autres l'intention est bonne, c'est le remède qui ne vaut rien ou qui est mal appliqué. Etant les premiers médecins de l'âme de leurs enfants, ils devraient être instruits, non seulement de leurs devoirs, mais des moyens de les remplir ; il ne suffit pas au médecin de savoir qu'il doit chercher à guérir, il faut qu'il sache comment il doit s'y prendre. Or, pour les parents, où sont les moyens de s'instruire sur cette partie si importante de leur tâche ? On donne aux femmes beaucoup d'instruction aujourd'hui ; on leur fait subir des examens rigoureux, mais a-t-on jamais exigé d'une mère qu'elle sût comment elle doit s'y prendre pour former le moral de son enfant ? On lui apprend les recettes de ménage ; mais l'a-t-on initiée aux mille secrets de gouverner les jeunes cœurs ? Les parents sont donc abandonnés sans guide à leur initiative, c'est pourquoi ils font si souvent fausse route ; aussi recueillent-ils, dans les travers de leurs enfants devenus grands, le fruit amer de leur inexpérience ou d'une tendresse mal entendue, et la société tout entière en reçoit le coutre coup.
Puisqu'il est reconnu que l'égoïsme et l'orgueil sont la source de la plupart des misères humaines, que tant qu'ils règneront sur la terre, on ne peut espérer ni paix, ni charité, ni fraternité, il faut donc les attaquer à l'état d'embryons, sans attendre qu'ils soient vivaces.
Le Spiritisme peut-il remédier à ce mal ? Sans aucun doute, et nous n'hésitons pas à dire qu'il est seul assez puissant pour le faire cesser : par le nouveau point de vue sous lequel il fait envisager la mission et la responsabilité des parents ; en faisant connaître la source des qualités innées, bonnes ou mauvaises ; en montrant l'action que l'on peut exercer sur les Esprits incarnés et désincarnés ; en donnant la foi inébranlable qui sanctionne les devoirs ; enfin en moralisant les parents eux-mêmes. Il prouve déjà son efficacité par la manière plus rationnelle dont les enfants sont élevés dans les familles vraiment spirites. Les nouveaux horizons qu'ouvre le Spiritisme font voir les choses d'une tout autre manière ; son but étant le progrès moral de l'humanité, il devra forcément porter la lumière sur la grave question de l'éducation morale, source première de la moralisation des masses. Un jour on comprendra que cette branche de l'éducation a ses principes, ses règles, comme l'éducation intellectuelle, en un mot, que c'est une véritable science ; un jour peut-être aussi, imposera-t-on à toute mère de famille l'obligation de posséder ces connaissances, comme on impose à l'avocat celle de connaître le droit.
Le
Monde illustré du 7 février 1863 raconte le drame de famille suivant, qui a
ému, à juste titre, la société de Florence. L'auteur commence ainsi sa
narration :
« Voici l'histoire. Lui était un vieillard de soixante-douze ans ; elle, une jeune fille de vingt ans. Il l'avait épousée il y a trois ans… Ne vous révoltez pas ! Le vieux comte, originaire de Viterbe, était absolument sans famille, ce qui est fort étrange pour un millionnaire ! Amalia n'était pas sans famille, mais plutôt sans millions. Pour compenser les choses, l'ayant presque vue naître, la sachant d'un bon cœur et d'un charmant esprit, il avait dit à la mère : « Laissez-moi paternellement épouser Amalia ; pendant quelques années elle aura soin de moi, et puis… »
Le mariage se fait. Amalia comprend ses devoirs ; elle entoure le vieillard des soins les plus assidus, et lui sacrifie tous les plaisirs de son âge. Le comte étant devenu aveugle et quelque peu paralytique, elle passait les plus longues heures du jour à lui tenir compagnie, à lui faire des lectures, à lui raconter tout ce qui pouvait le distraire et le charmer. « Que vous êtes bonne, ma chère enfant ! » s'écriait-il souvent en lui prenant les mains, en l'attirant pour lui poser sur le front le chaste et doux baiser de l'attendrissement et de la reconnaissance.
Un jour, cependant, il remarque qu'Amalia s'éloigne de sa personne ; que, quoique toujours assidue et pleine de sollicitude, elle semble craindre de s'asseoir près de lui. Un soupçon traverse son esprit. Un soir, qu'elle lui faisait la lecture, il lui prend le bras, l'attire, entoure sa taille ; alors, poussant un cri terrible, il tombe évanoui d'émotion et de colère aux pieds de la jeune femme ! Amalia perd la tête ; elle s'élance dans l'escalier, atteint l'étage le plus élevé de la maison, se précipite par la fenêtre et tombe fracassée. Le vieillard ne survécut que six heures à cette catastrophe. »
Quel rapport, dira-t-on, cette histoire peut-elle avoir avec le Spiritisme ? Y voit-on l'intervention de quelques malins esprits ? Ces rapports sont dans les déductions que le Spiritisme apprend à tirer des choses en apparence les plus vulgaires de la vie. Alors que le sceptique ou l'indifférent ne voit dans un fait qu'une occasion d'exercer sa verve railleuse, ou passe à côté sans le remarquer, le Spirite l'observe et y puise une instruction en remontant aux causes providentielles, en en sondant les conséquences pour la vie à venir, d'après les exemples que les relations d'outre-tombe lui offrent de la justice de Dieu. Dans le fait rapporté ci-dessus, au lieu d'une simple anecdote plaisante entre un vieux lui et une jeune elle, il voit deux victimes ; or, comme l'intérêt qu'il porte aux malheureux ne s'arrête pas au seuil de la vie présente, mais les suit dans la vie à venir, en laquelle il a foi, il se demande s'il n'y a pas là un double châtiment pour une double faute, et si tous deux n'ont pas été punis par où ils ont péché ? Il voit un suicide, et comme il sait que ce crime est toujours puni, il se demande quel degré de responsabilité encourt celui qui l'a commis.
Vous qui croyez que le Spiritisme ne s'occupe que de farfadets, d'apparitions fantastiques, de tables tournantes et d'Esprits frappeurs, si vous vous donnez la peine de l'étudier, vous saurez qu'il touche à toutes les questions morales. Ces Esprits qui vous semblent si risibles, et qui ne sont autres pourtant que les âmes des hommes, donnent à celui qui observe leurs manifestations la preuve qu'il est lui-même Esprit, momentanément lié à un corps ; il voit dans la mort, non la fin de la vie, mais la porte de la prison qui s'ouvre devant le prisonnier pour le rendre à la liberté. Il apprend que les vicissitudes de la vie corporelle sont les conséquences de ses propres imperfections, c'est-à-dire des expiations pour le passé et le présent, et des épreuves pour l'avenir. De là il est naturellement conduit à ne point voir l'aveugle hasard dans les événements, mais la main de la Providence. Pour lui l'équitable sentence : A chacun selon ses œuvres ne trouve pas seulement son application par delà la tombe, mais aussi sur la terre même. C'est pourquoi tout ce qui se passe autour de lui a sa valeur, sa raison d'être ; il l'étudie pour en faire son profit et régler sa conduite en vue de l'avenir, qui pour lui est une réalité démontrée. En remontant aux causes des malheurs qui l'affligent, il apprend à ne plus en accuser le sort ou la fatalité, mais lui-même.
Cette digression n'ayant d'autre but que de montrer que le Spiritisme s'occupe d'autre chose que des Esprits frappeurs, revenons à notre sujet. Puisque le fait a été rendu public, il est permis de l'apprécier, d'autant mieux que nous ne désignons personne nominativement.
Si l'on examine la chose au point de vue purement mondain, la plupart n'y verront que la conséquence toute naturelle d'une union disproportionnée, et jetteront au vieillard la pierre du ridicule pour toute oraison funèbre ; d'autres accuseront d'ingratitude la jeune femme qui a trompé la confiance de l'homme généreux qui voulait l'enrichir ; mais elle a pour le Spirite un côté plus sérieux, car il y cherche un enseignement. Nous nous demanderons donc si, dans l'action du vieillard, il n'y avait pas plus d'égoïsme que de générosité à enchaîner une jeune femme, presque une enfant, à sa caducité par des liens indissolubles qui pouvaient la conduire à l'âge où l'on doit plutôt songer à la retraite qu'à jouir du monde ? si, en lui imposant ce dur sacrifice, ce n'était pas lui faire acheter bien cher la fortune qu'il lui promettait ? Il n'y a pas de véritable générosité sans désintéressement. Quant à la jeune femme, elle ne pouvait accepter ces liens qu'avec la perspective de les voir briser bientôt, puisque nul motif d'affection ne l'attachait au vieillard. Il y avait donc calcul des deux côtés, et ce calcul a été déjoué ; Dieu n'a pas permis qu'ils en profitassent ni l'un ni l'autre : à l'un il a infligé la désillusion, à l'autre la honte, qui les ont tués tous les deux.
Reste la responsabilité du suicide, qui n'est jamais impuni, mais qui trouve souvent des circonstances atténuantes. La mère de la jeune femme, pour l'encourager à accepter, lui avait dit : « Avec cette grande fortune tu feras le bonheur de l'homme pauvre que tu aimeras. En attendant, honore et respecte ce grand cœur qui a voulu t'instituer son héritière, durant ce qui lui reste de vie. » C'était la prendre par un côté sensible ; mais pour jouir des bienfaits de ce grand cœur, qui eût été bien autrement grand s'il l'eût dotée sans intérêt, il fallait spéculer sur la durée de sa vie. La fille a eu tort de céder, mais la mère a eu le plus grand tort d'exciter, et c'est elle assurément qui encourra la plus grande part de responsabilité du suicide de sa fille. C'est ainsi que celui qui se tue pour échapper à la misère est coupable de manquer de courage et de résignation, mais bien plus coupable encore est celui qui est la cause première de cet acte de désespoir. Voilà ce que le Spiritisme apprend par les exemples qu'il met sous les yeux de ceux qui étudient le monde invisible. Quant à la mère, sa punition commence en cette vie, d'abord par la mort affreuse de sa fille, dont l'image peut-être viendra la poursuivre et la bourreler de remords, ensuite par l'inutilité pour elle du sacrifice qu'elle a provoqué, car le mari étant mort six heures après sa femme, toute sa fortune revient à des collatéraux éloignés, et elle n'en profitera pas.
Les journaux sont remplis de faits de tous genres, louables ou blâmables, qui peuvent offrir, comme celui que nous venons de rapporter, le sujet d'études morales sérieuses ; c'est pour les Spirites une mine inépuisable d'observations et d'instructions. Le Spiritisme leur donne les moyens d'y découvrir ce qui passe inaperçu pour les indifférents et encore plus pour le sceptique qui n'y voient généralement que le fait plus ou moins piquant, sans en rechercher ni les causes ni les conséquences. Pour les groupes, c'est un élément fécond de travail dans lequel les Esprits protecteurs ne manqueront pas de les aider en donnant leur appréciation.
« Voici l'histoire. Lui était un vieillard de soixante-douze ans ; elle, une jeune fille de vingt ans. Il l'avait épousée il y a trois ans… Ne vous révoltez pas ! Le vieux comte, originaire de Viterbe, était absolument sans famille, ce qui est fort étrange pour un millionnaire ! Amalia n'était pas sans famille, mais plutôt sans millions. Pour compenser les choses, l'ayant presque vue naître, la sachant d'un bon cœur et d'un charmant esprit, il avait dit à la mère : « Laissez-moi paternellement épouser Amalia ; pendant quelques années elle aura soin de moi, et puis… »
Le mariage se fait. Amalia comprend ses devoirs ; elle entoure le vieillard des soins les plus assidus, et lui sacrifie tous les plaisirs de son âge. Le comte étant devenu aveugle et quelque peu paralytique, elle passait les plus longues heures du jour à lui tenir compagnie, à lui faire des lectures, à lui raconter tout ce qui pouvait le distraire et le charmer. « Que vous êtes bonne, ma chère enfant ! » s'écriait-il souvent en lui prenant les mains, en l'attirant pour lui poser sur le front le chaste et doux baiser de l'attendrissement et de la reconnaissance.
Un jour, cependant, il remarque qu'Amalia s'éloigne de sa personne ; que, quoique toujours assidue et pleine de sollicitude, elle semble craindre de s'asseoir près de lui. Un soupçon traverse son esprit. Un soir, qu'elle lui faisait la lecture, il lui prend le bras, l'attire, entoure sa taille ; alors, poussant un cri terrible, il tombe évanoui d'émotion et de colère aux pieds de la jeune femme ! Amalia perd la tête ; elle s'élance dans l'escalier, atteint l'étage le plus élevé de la maison, se précipite par la fenêtre et tombe fracassée. Le vieillard ne survécut que six heures à cette catastrophe. »
Quel rapport, dira-t-on, cette histoire peut-elle avoir avec le Spiritisme ? Y voit-on l'intervention de quelques malins esprits ? Ces rapports sont dans les déductions que le Spiritisme apprend à tirer des choses en apparence les plus vulgaires de la vie. Alors que le sceptique ou l'indifférent ne voit dans un fait qu'une occasion d'exercer sa verve railleuse, ou passe à côté sans le remarquer, le Spirite l'observe et y puise une instruction en remontant aux causes providentielles, en en sondant les conséquences pour la vie à venir, d'après les exemples que les relations d'outre-tombe lui offrent de la justice de Dieu. Dans le fait rapporté ci-dessus, au lieu d'une simple anecdote plaisante entre un vieux lui et une jeune elle, il voit deux victimes ; or, comme l'intérêt qu'il porte aux malheureux ne s'arrête pas au seuil de la vie présente, mais les suit dans la vie à venir, en laquelle il a foi, il se demande s'il n'y a pas là un double châtiment pour une double faute, et si tous deux n'ont pas été punis par où ils ont péché ? Il voit un suicide, et comme il sait que ce crime est toujours puni, il se demande quel degré de responsabilité encourt celui qui l'a commis.
Vous qui croyez que le Spiritisme ne s'occupe que de farfadets, d'apparitions fantastiques, de tables tournantes et d'Esprits frappeurs, si vous vous donnez la peine de l'étudier, vous saurez qu'il touche à toutes les questions morales. Ces Esprits qui vous semblent si risibles, et qui ne sont autres pourtant que les âmes des hommes, donnent à celui qui observe leurs manifestations la preuve qu'il est lui-même Esprit, momentanément lié à un corps ; il voit dans la mort, non la fin de la vie, mais la porte de la prison qui s'ouvre devant le prisonnier pour le rendre à la liberté. Il apprend que les vicissitudes de la vie corporelle sont les conséquences de ses propres imperfections, c'est-à-dire des expiations pour le passé et le présent, et des épreuves pour l'avenir. De là il est naturellement conduit à ne point voir l'aveugle hasard dans les événements, mais la main de la Providence. Pour lui l'équitable sentence : A chacun selon ses œuvres ne trouve pas seulement son application par delà la tombe, mais aussi sur la terre même. C'est pourquoi tout ce qui se passe autour de lui a sa valeur, sa raison d'être ; il l'étudie pour en faire son profit et régler sa conduite en vue de l'avenir, qui pour lui est une réalité démontrée. En remontant aux causes des malheurs qui l'affligent, il apprend à ne plus en accuser le sort ou la fatalité, mais lui-même.
Cette digression n'ayant d'autre but que de montrer que le Spiritisme s'occupe d'autre chose que des Esprits frappeurs, revenons à notre sujet. Puisque le fait a été rendu public, il est permis de l'apprécier, d'autant mieux que nous ne désignons personne nominativement.
Si l'on examine la chose au point de vue purement mondain, la plupart n'y verront que la conséquence toute naturelle d'une union disproportionnée, et jetteront au vieillard la pierre du ridicule pour toute oraison funèbre ; d'autres accuseront d'ingratitude la jeune femme qui a trompé la confiance de l'homme généreux qui voulait l'enrichir ; mais elle a pour le Spirite un côté plus sérieux, car il y cherche un enseignement. Nous nous demanderons donc si, dans l'action du vieillard, il n'y avait pas plus d'égoïsme que de générosité à enchaîner une jeune femme, presque une enfant, à sa caducité par des liens indissolubles qui pouvaient la conduire à l'âge où l'on doit plutôt songer à la retraite qu'à jouir du monde ? si, en lui imposant ce dur sacrifice, ce n'était pas lui faire acheter bien cher la fortune qu'il lui promettait ? Il n'y a pas de véritable générosité sans désintéressement. Quant à la jeune femme, elle ne pouvait accepter ces liens qu'avec la perspective de les voir briser bientôt, puisque nul motif d'affection ne l'attachait au vieillard. Il y avait donc calcul des deux côtés, et ce calcul a été déjoué ; Dieu n'a pas permis qu'ils en profitassent ni l'un ni l'autre : à l'un il a infligé la désillusion, à l'autre la honte, qui les ont tués tous les deux.
Reste la responsabilité du suicide, qui n'est jamais impuni, mais qui trouve souvent des circonstances atténuantes. La mère de la jeune femme, pour l'encourager à accepter, lui avait dit : « Avec cette grande fortune tu feras le bonheur de l'homme pauvre que tu aimeras. En attendant, honore et respecte ce grand cœur qui a voulu t'instituer son héritière, durant ce qui lui reste de vie. » C'était la prendre par un côté sensible ; mais pour jouir des bienfaits de ce grand cœur, qui eût été bien autrement grand s'il l'eût dotée sans intérêt, il fallait spéculer sur la durée de sa vie. La fille a eu tort de céder, mais la mère a eu le plus grand tort d'exciter, et c'est elle assurément qui encourra la plus grande part de responsabilité du suicide de sa fille. C'est ainsi que celui qui se tue pour échapper à la misère est coupable de manquer de courage et de résignation, mais bien plus coupable encore est celui qui est la cause première de cet acte de désespoir. Voilà ce que le Spiritisme apprend par les exemples qu'il met sous les yeux de ceux qui étudient le monde invisible. Quant à la mère, sa punition commence en cette vie, d'abord par la mort affreuse de sa fille, dont l'image peut-être viendra la poursuivre et la bourreler de remords, ensuite par l'inutilité pour elle du sacrifice qu'elle a provoqué, car le mari étant mort six heures après sa femme, toute sa fortune revient à des collatéraux éloignés, et elle n'en profitera pas.
Les journaux sont remplis de faits de tous genres, louables ou blâmables, qui peuvent offrir, comme celui que nous venons de rapporter, le sujet d'études morales sérieuses ; c'est pour les Spirites une mine inépuisable d'observations et d'instructions. Le Spiritisme leur donne les moyens d'y découvrir ce qui passe inaperçu pour les indifférents et encore plus pour le sceptique qui n'y voient généralement que le fait plus ou moins piquant, sans en rechercher ni les causes ni les conséquences. Pour les groupes, c'est un élément fécond de travail dans lequel les Esprits protecteurs ne manqueront pas de les aider en donnant leur appréciation.
Dans
la Revue de novembre 1863, page 350, nous avons publié une lettre d'un condamné
détenu dans une maison centrale, comme preuve de l'influence moralisatrice du
Spiritisme. La lettre suivante d'un condamné dans une autre prison est un
exemple de plus de cette puissante influence. Elle est du 27 décembre
1863 ; nous la transcrivons textuellement quant au style ; nous n'en
avons corrigé que les fautes d'orthographe.
« Monsieur,
Il y a peu de jours, lorsqu'on me parla pour la première fois de Spiritisme et de révélation d'outre-tombe, je ris, et je dis que cela n'était pas possible ; je parlais comme un ignorant que je suis. Quelques jours ensuite, on eut la bonté de me confier, dans mon affreuse position où je me trouve maintenant, votre bon et excellent Livre des Esprits ; d'abord je lus quelques pages avec incrédulité, ne voulant pas, ou plutôt ne croyant pas à cette science ; enfin, peu à peu et sans m'en apercevoir, j'y pris goût ; puis je pris la chose au sérieux ; puis je relus pour la deuxième fois votre livre, mais alors avec un autre esprit, c'est-à-dire avec calme, et avec tout le peu d'intelligence que Dieu m'a donnée. Je sentis alors se réveiller cette vieille foi que ma mère m'avait mise au cœur et qui sommeillait depuis bien longtemps ; je sentis le désir de m'éclairer sur le Spiritisme. A partir de ce moment, j'eus une pensée bien arrêtée, celle de me rendre compte, d'apprendre, de voir, et ensuite de juger. Je me mis à l'œuvre avec toute la croyance que l'on peut avoir et qu'il faut avoir en Dieu et sa puissance ; je désirais voir la vérité ; je priai avec ferveur, et je recommençai les expériences ; les premières furent nulles, sans résultat aucun.
Je ne me décourageai pas, je persévérai dans mes expériences et ma foi, je redoublai mes prières, qui n'étaient peut-être pas assez ferventes, et je me remis au travail avec toute la conviction d'une âme croyante et qui espère. Au bout de quelques nuits, car je ne peux faire mes expériences que la nuit, je sentis, dix minutes environ, des frémissements au bout des doigts et une petite sensation sur le bras, comme si j'avais senti couler un petit ruisseau d'eau tiède qui s'arrêtait au poignet. J'étais alors tout recueilli, tout attention, et rempli de foi. Mon crayon traça quelques lignes parfaitement lisibles, mais pas assez correctes pour ne pas croire que j'étais sous le poids d'une hallucination. J'attendis donc avec patience la nuit suivante pour recommencer mes expériences, et cette fois je remerciai Dieu de tout cœur, j'avais obtenu plus que je n'osais espérer.
Depuis, toutes les deux nuits, je m'entretiens avec les Esprits qui sont assez bons pour répondre à mon appel, et, en moins de dix minutes, l'on me répond toujours avec charité ; j'écris des demi-pages, des pages entières que mon intelligence ne pouvait faire à elle seule, car c'est souvent des traités philosophico-religieux, que je n'ai jamais songé et à plus forte raison mis en pratique ; car je me disais, dans les premiers résultats : Ne serais-tu pas le jouet d'une hallucination ou de ta volonté ? Et la réflexion et l'examen me prouvaient que j'étais bien loin de cette intelligence qui avait tracé ces lignes. Je baissai la tête, je croyais, je ne pouvais aller contre l'évidence, à moins d'être entièrement fou.
J'ai remis deux ou trois entretiens à la personne qui avait eu la charité de me confier votre bon livre, pour qu'elle sanctionne si je suis dans le vrai. Je viens vous prier, monsieur, vous qui êtes l'âme du Spiritisme, de vouloir bien me permettre de vous envoyer ce que j'obtiendrai de sérieux dans mes entretiens d'outre-tombe, si toutefois vous le trouvez bon. Si cela peut vous être agréable, je vous enverrai les entretiens de Verger, qui a frappé l'archevêque de Paris ; pour bien m'assurer si c'était bien lui qui se manifestait, j'ai évoqué saint Louis, qui m'a répondu affirmativement, ainsi qu'un autre Esprit en qui j'ai beaucoup de confiance, etc…
Les conséquences morales de ce fait se déduisent d'elles-mêmes ; voilà un homme qui avait abjuré toute croyance, qui, frappé par la loi, se trouve confondu avec le rebut de la société, et cet homme, au milieu de cette fange morale, est revenu à la foi ; il voit l'abîme où il est tombé, il se repent, il prie et, disons-le, hélas ! il prie avec plus de ferveur que bien des gens qui affichent la dévotion. Il a suffi pour cela de la lecture d'un livre où il a trouvé des éléments de foi que sa raison pût admettre, qui a ranimé ses espérances, et lui a fait comprendre l'avenir. Ce qui est, en outre, à remarquer, c'est qu'il l'a d'abord lu avec prévention, et que son incrédulité n'a été vaincue que par l'ascendant de la logique. Si de tels résultats sont produits par une simple lecture faite, pour ainsi dire, à la dérobée, que serait-ce si l'on pouvait y joindre l'influence des exhortations verbales ! Il est bien certain que, dans la disposition d'esprit où sont aujourd'hui ces deux hommes (voir le fait rapporté dans le numéro de novembre dernier), non seulement ils ne donneront, pendant leur détention, aucun sujet de plainte, mais qu'ils rentreront dans le monde avec la résolution d'y vivre honnêtement.
Puisque ces deux coupables ont pu être ramenés au bien par la foi qu'ils ont puisée dans le Spiritisme, il est évident que, s'ils avaient eu préalablement cette foi, ils n'auraient pas commis le mal. La société est donc intéressée à la propagation d'une doctrine d'une si grande puissance moralisatrice. C'est ce que l'on commence à comprendre.
Une autre conséquence à tirer du fait que nous venons de rapporter, c'est que les Esprits ne sont point arrêtés par les verrous, et qu'ils vont jusqu'au fond des cachots porter leurs consolations. Il n'est donc au pouvoir de personne de les empêcher de se manifester d'une manière ou d'une autre ; si ce n'est par l'écriture, c'est par l'audition ; ils bravent toutes les défenses, se rient de toutes les interdictions, franchissent tous les cordons sanitaires. Quelles barrières peuvent donc leur opposer les ennemis du Spiritisme ?
« Monsieur,
Il y a peu de jours, lorsqu'on me parla pour la première fois de Spiritisme et de révélation d'outre-tombe, je ris, et je dis que cela n'était pas possible ; je parlais comme un ignorant que je suis. Quelques jours ensuite, on eut la bonté de me confier, dans mon affreuse position où je me trouve maintenant, votre bon et excellent Livre des Esprits ; d'abord je lus quelques pages avec incrédulité, ne voulant pas, ou plutôt ne croyant pas à cette science ; enfin, peu à peu et sans m'en apercevoir, j'y pris goût ; puis je pris la chose au sérieux ; puis je relus pour la deuxième fois votre livre, mais alors avec un autre esprit, c'est-à-dire avec calme, et avec tout le peu d'intelligence que Dieu m'a donnée. Je sentis alors se réveiller cette vieille foi que ma mère m'avait mise au cœur et qui sommeillait depuis bien longtemps ; je sentis le désir de m'éclairer sur le Spiritisme. A partir de ce moment, j'eus une pensée bien arrêtée, celle de me rendre compte, d'apprendre, de voir, et ensuite de juger. Je me mis à l'œuvre avec toute la croyance que l'on peut avoir et qu'il faut avoir en Dieu et sa puissance ; je désirais voir la vérité ; je priai avec ferveur, et je recommençai les expériences ; les premières furent nulles, sans résultat aucun.
Je ne me décourageai pas, je persévérai dans mes expériences et ma foi, je redoublai mes prières, qui n'étaient peut-être pas assez ferventes, et je me remis au travail avec toute la conviction d'une âme croyante et qui espère. Au bout de quelques nuits, car je ne peux faire mes expériences que la nuit, je sentis, dix minutes environ, des frémissements au bout des doigts et une petite sensation sur le bras, comme si j'avais senti couler un petit ruisseau d'eau tiède qui s'arrêtait au poignet. J'étais alors tout recueilli, tout attention, et rempli de foi. Mon crayon traça quelques lignes parfaitement lisibles, mais pas assez correctes pour ne pas croire que j'étais sous le poids d'une hallucination. J'attendis donc avec patience la nuit suivante pour recommencer mes expériences, et cette fois je remerciai Dieu de tout cœur, j'avais obtenu plus que je n'osais espérer.
Depuis, toutes les deux nuits, je m'entretiens avec les Esprits qui sont assez bons pour répondre à mon appel, et, en moins de dix minutes, l'on me répond toujours avec charité ; j'écris des demi-pages, des pages entières que mon intelligence ne pouvait faire à elle seule, car c'est souvent des traités philosophico-religieux, que je n'ai jamais songé et à plus forte raison mis en pratique ; car je me disais, dans les premiers résultats : Ne serais-tu pas le jouet d'une hallucination ou de ta volonté ? Et la réflexion et l'examen me prouvaient que j'étais bien loin de cette intelligence qui avait tracé ces lignes. Je baissai la tête, je croyais, je ne pouvais aller contre l'évidence, à moins d'être entièrement fou.
J'ai remis deux ou trois entretiens à la personne qui avait eu la charité de me confier votre bon livre, pour qu'elle sanctionne si je suis dans le vrai. Je viens vous prier, monsieur, vous qui êtes l'âme du Spiritisme, de vouloir bien me permettre de vous envoyer ce que j'obtiendrai de sérieux dans mes entretiens d'outre-tombe, si toutefois vous le trouvez bon. Si cela peut vous être agréable, je vous enverrai les entretiens de Verger, qui a frappé l'archevêque de Paris ; pour bien m'assurer si c'était bien lui qui se manifestait, j'ai évoqué saint Louis, qui m'a répondu affirmativement, ainsi qu'un autre Esprit en qui j'ai beaucoup de confiance, etc…
Les conséquences morales de ce fait se déduisent d'elles-mêmes ; voilà un homme qui avait abjuré toute croyance, qui, frappé par la loi, se trouve confondu avec le rebut de la société, et cet homme, au milieu de cette fange morale, est revenu à la foi ; il voit l'abîme où il est tombé, il se repent, il prie et, disons-le, hélas ! il prie avec plus de ferveur que bien des gens qui affichent la dévotion. Il a suffi pour cela de la lecture d'un livre où il a trouvé des éléments de foi que sa raison pût admettre, qui a ranimé ses espérances, et lui a fait comprendre l'avenir. Ce qui est, en outre, à remarquer, c'est qu'il l'a d'abord lu avec prévention, et que son incrédulité n'a été vaincue que par l'ascendant de la logique. Si de tels résultats sont produits par une simple lecture faite, pour ainsi dire, à la dérobée, que serait-ce si l'on pouvait y joindre l'influence des exhortations verbales ! Il est bien certain que, dans la disposition d'esprit où sont aujourd'hui ces deux hommes (voir le fait rapporté dans le numéro de novembre dernier), non seulement ils ne donneront, pendant leur détention, aucun sujet de plainte, mais qu'ils rentreront dans le monde avec la résolution d'y vivre honnêtement.
Puisque ces deux coupables ont pu être ramenés au bien par la foi qu'ils ont puisée dans le Spiritisme, il est évident que, s'ils avaient eu préalablement cette foi, ils n'auraient pas commis le mal. La société est donc intéressée à la propagation d'une doctrine d'une si grande puissance moralisatrice. C'est ce que l'on commence à comprendre.
Une autre conséquence à tirer du fait que nous venons de rapporter, c'est que les Esprits ne sont point arrêtés par les verrous, et qu'ils vont jusqu'au fond des cachots porter leurs consolations. Il n'est donc au pouvoir de personne de les empêcher de se manifester d'une manière ou d'une autre ; si ce n'est par l'écriture, c'est par l'audition ; ils bravent toutes les défenses, se rient de toutes les interdictions, franchissent tous les cordons sanitaires. Quelles barrières peuvent donc leur opposer les ennemis du Spiritisme ?
Variétés
M.
Dombre, le président de la Société spirite de Marmande, nous mande ce qui
suit :
« Avec l'aide des bons Esprits, nous avons délivré en cinq jours d'une obsession très violente et très dangereuse, une jeune fille de treize ans complètement au pouvoir d'un mauvais Esprit depuis le 8 mai dernier. Chaque jour, à cinq heures du soir, sans manquer un seul jour, elle avait des crises terribles, pitoyables à voir. Cette enfant demeure dans un quartier reculé, et les parents, qui considéraient cette maladie comme une épilepsie, n'en parlaient plus. Cependant un des nôtres, qui habite dans le voisinage, en fut informé, et une observation plus attentive des faits en fit aisément reconnaître la véritable cause. D'après le conseil de nos guides spirituels, nous nous sommes mis immédiatement à l'œuvre. Le 11 de ce mois, à huit heures du soir, nos réunions ont commencé pour évoquer l'Esprit, le moraliser, prier pour l'obsesseur et la victime, et exercer sur celle-ci une magnétisation mentale. Les réunions ont eu lieu chaque soir, et le vendredi 15, l'enfant subissait la dernière crise. Il ne lui reste plus que la faiblesse de la convalescence, suite d'aussi longues et aussi violentes secousses, et qui se manifeste par la tristesse, la langueur et les larmes, ainsi que cela nous avait été annoncé. Chaque jour nous étions informés, par les communications des bons Esprits, des différentes phases de la maladie.
Cette cure, qu'en d'autres temps les uns eussent regardée comme un miracle, et d'autres comme un fait de sorcellerie, pour laquelle nous eussions été, selon l'opinion, sanctifiés ou brûlés, produit une certaine sensation dans la ville. »
Nous félicitons nos frères de Marmande du résultat qu'ils ont obtenu en cette circonstance, et nous sommes heureux de voir qu'ils ont mis à profit les conseils contenus dans la Revue à l'occasion des cas analogues qu'elle a rapportés dernièrement. Ils ont ainsi pu se convaincre de la puissance de l'action collective lorsqu'elle est dirigée par une foi sincère et une ardente charité.
« Avec l'aide des bons Esprits, nous avons délivré en cinq jours d'une obsession très violente et très dangereuse, une jeune fille de treize ans complètement au pouvoir d'un mauvais Esprit depuis le 8 mai dernier. Chaque jour, à cinq heures du soir, sans manquer un seul jour, elle avait des crises terribles, pitoyables à voir. Cette enfant demeure dans un quartier reculé, et les parents, qui considéraient cette maladie comme une épilepsie, n'en parlaient plus. Cependant un des nôtres, qui habite dans le voisinage, en fut informé, et une observation plus attentive des faits en fit aisément reconnaître la véritable cause. D'après le conseil de nos guides spirituels, nous nous sommes mis immédiatement à l'œuvre. Le 11 de ce mois, à huit heures du soir, nos réunions ont commencé pour évoquer l'Esprit, le moraliser, prier pour l'obsesseur et la victime, et exercer sur celle-ci une magnétisation mentale. Les réunions ont eu lieu chaque soir, et le vendredi 15, l'enfant subissait la dernière crise. Il ne lui reste plus que la faiblesse de la convalescence, suite d'aussi longues et aussi violentes secousses, et qui se manifeste par la tristesse, la langueur et les larmes, ainsi que cela nous avait été annoncé. Chaque jour nous étions informés, par les communications des bons Esprits, des différentes phases de la maladie.
Cette cure, qu'en d'autres temps les uns eussent regardée comme un miracle, et d'autres comme un fait de sorcellerie, pour laquelle nous eussions été, selon l'opinion, sanctifiés ou brûlés, produit une certaine sensation dans la ville. »
Nous félicitons nos frères de Marmande du résultat qu'ils ont obtenu en cette circonstance, et nous sommes heureux de voir qu'ils ont mis à profit les conseils contenus dans la Revue à l'occasion des cas analogues qu'elle a rapportés dernièrement. Ils ont ainsi pu se convaincre de la puissance de l'action collective lorsqu'elle est dirigée par une foi sincère et une ardente charité.
Le
Journal de la Vienne, du 21 janvier, rapporte le fait suivant que d'autres
journaux ont reproduit :
« Depuis cinq ou six jours il se passe dans la ville de Poitiers un fait tellement extraordinaire qu'il est devenu le sujet des conversations et des commentaires les plus étranges. Tous les soirs, à partir de six heures, des bruits singuliers se font entendre dans une maison de la rue Neuve-Saint-Paul habitée par mademoiselle d'O…, sœur de M. le comte d'O… Ces bruits, d'après ce qui nous a été rapporté, font l'effet de détonations d'artillerie ; de violents coups semblent frappés sur les portes et sur les volets. On avait d'abord cru pouvoir en attribuer la cause à quelques plaisanteries de gamins ou de voisins malintentionnés. Une surveillance des plus actives a été organisée. Sur la plainte de Mlle d'O…, la police a pris les mesures les plus minutieuses : des agents ont été apostés à l'intérieur et à l'extérieur de la maison. Les explosions se sont produites néanmoins, et nous tenons de source certaine que le sieur M…, brigadier, a été, pendant l'avant-dernière nuit, surpris par une commotion telle qu'il ne peut même aujourd'hui s'en rendre compte.
Notre ville tout entière se préoccupe de cet inexplicable mystère. Les enquêtes faites par la police n'ont jusqu'à présent abouti à aucun résultat. Chacun cherche le mot de cette énigme. Quelques personnes initiées à l'étude du Spiritisme prétendent que des Esprits frappeurs sont les auteurs de ces manifestations, auxquelles ne serait point étranger un médium fameux, qui cependant n'habite plus le quartier. D'autres rappellent qu'un cimetière a existé autrefois dans la rue Neuve-Saint-Paul, et nous n'avons pas besoin de dire à quelles conjectures elles se livrent à ce sujet.
De toutes ces explications, nous ne savons quelle est la bonne ; toujours est-il que l'opinion est fort émue de cet événement, et qu'hier soir une foule si considérable s'était rassemblée sous les fenêtres de la maison d'O…, que l'autorité a dû requérir un piquet du 10e chasseurs pour faire évacuer la rue. Au moment où nous écrivons, la police et la gendarmerie occupent la maison. »
Le récit de ces faits nous a été transmis par plusieurs correspondances particulières. Bien qu'ils n'aient rien de plus étrange que les faits avérés de manifestation qui ont eu lieu à diverses époques, et qu'ils soient dans les limites du possible, il convient de suspendre son jugement jusqu'à plus ample constatation, non du fait, mais de la cause ; car il faut se garder de mettre sur le compte des Esprits toutes les choses que l'on ne comprend pas. Il faut aussi se défier des manœuvres des ennemis du Spiritisme, et des pièges qu'ils peuvent tendre pour essayer de le rendre ridicule par la trop grande crédulité de ses adeptes. Nous voyons avec plaisir que les Spirites de Poitiers, suivant en cela les conseils contenus dans le Livre des médiums, et les avertissements que nous avons donnés dans la Revue, se tiennent, jusqu'à nouvel ordre, sur une prudente réserve ; si c'est une manifestation, elle sera prouvée par l'absence de toute cause matérielle ; si c'est une jonglerie, les auteurs auront contribué, sans le vouloir, comme ils l'ont fait tant de fois, à éveiller l'attention des indifférents, et à provoquer l'étude du Spiritisme. Quand des faits analogues se multiplieront de divers côtés, ainsi que cela est annoncé, et qu'on en cherchera inutilement la cause dans ce monde, il faudra bien convenir qu'elle est dans l'autre. En toute circonstance les Spirites prouvent leur sagesse et leur modération ; c'est la meilleure réponse à faire à leurs adversaires.
« Depuis cinq ou six jours il se passe dans la ville de Poitiers un fait tellement extraordinaire qu'il est devenu le sujet des conversations et des commentaires les plus étranges. Tous les soirs, à partir de six heures, des bruits singuliers se font entendre dans une maison de la rue Neuve-Saint-Paul habitée par mademoiselle d'O…, sœur de M. le comte d'O… Ces bruits, d'après ce qui nous a été rapporté, font l'effet de détonations d'artillerie ; de violents coups semblent frappés sur les portes et sur les volets. On avait d'abord cru pouvoir en attribuer la cause à quelques plaisanteries de gamins ou de voisins malintentionnés. Une surveillance des plus actives a été organisée. Sur la plainte de Mlle d'O…, la police a pris les mesures les plus minutieuses : des agents ont été apostés à l'intérieur et à l'extérieur de la maison. Les explosions se sont produites néanmoins, et nous tenons de source certaine que le sieur M…, brigadier, a été, pendant l'avant-dernière nuit, surpris par une commotion telle qu'il ne peut même aujourd'hui s'en rendre compte.
Notre ville tout entière se préoccupe de cet inexplicable mystère. Les enquêtes faites par la police n'ont jusqu'à présent abouti à aucun résultat. Chacun cherche le mot de cette énigme. Quelques personnes initiées à l'étude du Spiritisme prétendent que des Esprits frappeurs sont les auteurs de ces manifestations, auxquelles ne serait point étranger un médium fameux, qui cependant n'habite plus le quartier. D'autres rappellent qu'un cimetière a existé autrefois dans la rue Neuve-Saint-Paul, et nous n'avons pas besoin de dire à quelles conjectures elles se livrent à ce sujet.
De toutes ces explications, nous ne savons quelle est la bonne ; toujours est-il que l'opinion est fort émue de cet événement, et qu'hier soir une foule si considérable s'était rassemblée sous les fenêtres de la maison d'O…, que l'autorité a dû requérir un piquet du 10e chasseurs pour faire évacuer la rue. Au moment où nous écrivons, la police et la gendarmerie occupent la maison. »
Le récit de ces faits nous a été transmis par plusieurs correspondances particulières. Bien qu'ils n'aient rien de plus étrange que les faits avérés de manifestation qui ont eu lieu à diverses époques, et qu'ils soient dans les limites du possible, il convient de suspendre son jugement jusqu'à plus ample constatation, non du fait, mais de la cause ; car il faut se garder de mettre sur le compte des Esprits toutes les choses que l'on ne comprend pas. Il faut aussi se défier des manœuvres des ennemis du Spiritisme, et des pièges qu'ils peuvent tendre pour essayer de le rendre ridicule par la trop grande crédulité de ses adeptes. Nous voyons avec plaisir que les Spirites de Poitiers, suivant en cela les conseils contenus dans le Livre des médiums, et les avertissements que nous avons donnés dans la Revue, se tiennent, jusqu'à nouvel ordre, sur une prudente réserve ; si c'est une manifestation, elle sera prouvée par l'absence de toute cause matérielle ; si c'est une jonglerie, les auteurs auront contribué, sans le vouloir, comme ils l'ont fait tant de fois, à éveiller l'attention des indifférents, et à provoquer l'étude du Spiritisme. Quand des faits analogues se multiplieront de divers côtés, ainsi que cela est annoncé, et qu'on en cherchera inutilement la cause dans ce monde, il faudra bien convenir qu'elle est dans l'autre. En toute circonstance les Spirites prouvent leur sagesse et leur modération ; c'est la meilleure réponse à faire à leurs adversaires.
Dissertations spirites
(Société spirite de Sens. ‑ Médium, M. Percheron.)
Dieu
a voulu que l'Esprit de l'homme fût lié à la matière pour subir les
vicissitudes du corps avec lequel il s'identifie au point de se faire illusion
et de le prendre pour lui-même, tandis que ce n'est que sa prison
passagère ; c'est comme si un prisonnier se confondait avec les murs de
son cachot. Les matérialistes sont bien aveugles de ne pas s'apercevoir de leur
erreur ; car s'ils voulaient réfléchir un peu sérieusement, ils verraient
que ce n'est pas par la matière de leur corps qu'ils peuvent s'affirmer ;
ils verraient que, puisque la matière de ce corps se renouvelle
continuellement, comme l'eau d'une rivière, ce n'est que par l'Esprit qu'ils
peuvent savoir qu'ils sont bien toujours eux-mêmes. Supposons que le corps d'un
homme qui pèserait soixante kilogrammes s'assimile, pour la réparation de ses
forces, un kilogramme de nouvelle substance par jour, pour remplacer la même
quantité d'anciennes molécules dont il se sépare et qui ont accompli le rôle
qu'elles devaient jouer dans la composition de ses organes, au bout de soixante
jours la matière de ce corps se trouvera donc renouvelée. Dans cette
supposition, dont les chiffres peuvent être contestés, mais vraie en principe,
la matière du corps se renouvellerait six fois par an ; le corps d'un
homme de vingt ans se serait donc déjà renouvelé cent vingt fois ; à
quarante ans, deux cent quarante fois ; à quatre-vingts ans, quatre cent quatre-vingt
fois. Mais votre Esprit, lui, s'est-il renouvelé ? Non, car vous avez
conscience que vous êtes toujours bien vous-mêmes. C'est donc votre Esprit qui
constitue votre moi, et d'après lequel vous vous affirmez, et non votre corps,
qui n'est qu'une matière éphémère et changeante.
Les matérialistes et les panthéistes disent que les molécules désagrégés après la mort du corps, rentrant toutes à la masse commune de leurs éléments primitifs, il en est de même de l'âme, c'est-à-dire de l'être qui pense en vous ; mais qu'en savent-ils ? Y a-t-il une masse commune de substance qui pense ? ils ne l'ont jamais démontré, et c'est ce qu'ils auraient dû faire avant d'affirmer. Ce n'est donc de leur part qu'une hypothèse ; or, n'est-il pas plus logique d'admettre que, puisque pendant la vie du corps les molécules se désagrègent plusieurs centaines de fois, l'Esprit restant toujours le même, conservant la conscience de son individualité, c'est que la nature de l'Esprit n'est pas de se désagréger ; pourquoi donc se dissoudrait-il plutôt à la mort du corps qu'auparavant ?
Après cette digression, à l'adresse des matérialistes, je reviens à mon sujet. Si Dieu a voulu que ses créatures spirituelles fussent momentanément unies à la matière, c'est, je le répète, pour leur faire sentir et pour ainsi dire subir les besoins qu'exige la matière de leur corps pour sa conservation et son entretien ; de ces besoins naissent les vicissitudes qui vous font sentir la souffrance, et comprendre la commisération que vous devez avoir pour vos frères dans la même position. Cet état transitoire est donc nécessaire à la progression de votre Esprit, qui sans cela resterait stagnant. Les besoins que votre corps vous fait éprouver stimulent votre Esprit et le forcent à chercher les moyens d'y pourvoir ; de ce travail forcé naît le développement de la pensée ; l'Esprit contraint de présider aux mouvements du corps pour les diriger en vue de sa conservation, est conduit au travail matériel, et de là au travail intellectuel, qui se nécessitent l'un l'autre et l'un par l'autre, puisque la réalisation des conceptions de l'Esprit exige le travail du corps, et que celui-ci ne peut se faire que sous la direction et l'impulsion de l'Esprit. L'Esprit ayant ainsi pris l'habitude de travailler, y ayant été contraint par les besoins du corps, le travail, à son tour, devient un besoin pour lui, et, lorsque, dégagé de ses liens, il n'a plus à songer à la matière, il songe à se travailler lui-même pour son avancement.
Vous comprenez maintenant la nécessité pour votre Esprit d'être lié à la matière pendant une partie de son existence, pour ne pas rester stationnaire.
Ton père,
Percheron, assisté de l'Esprit de Pascal.
Remarque. ‑ A ces observations, parfaitement justes, nous ajouterons que, tout en travaillant pour lui-même, l'Esprit incarné travaille à l'amélioration du monde qu'il habite ; il aide ainsi à sa transformation et à son progrès matériel qui sont dans les vues de Dieu, dont il est l'instrument intelligent. Dans sa sagesse prévoyante, la Providence a voulu que tout s'enchaînât dans la nature ; que tous, hommes et choses, fussent solidaires ; puis, quand l'Esprit a accompli sa tâche, qu'il est suffisamment avancé, il jouit du fruit de ses œuvres.
Les matérialistes et les panthéistes disent que les molécules désagrégés après la mort du corps, rentrant toutes à la masse commune de leurs éléments primitifs, il en est de même de l'âme, c'est-à-dire de l'être qui pense en vous ; mais qu'en savent-ils ? Y a-t-il une masse commune de substance qui pense ? ils ne l'ont jamais démontré, et c'est ce qu'ils auraient dû faire avant d'affirmer. Ce n'est donc de leur part qu'une hypothèse ; or, n'est-il pas plus logique d'admettre que, puisque pendant la vie du corps les molécules se désagrègent plusieurs centaines de fois, l'Esprit restant toujours le même, conservant la conscience de son individualité, c'est que la nature de l'Esprit n'est pas de se désagréger ; pourquoi donc se dissoudrait-il plutôt à la mort du corps qu'auparavant ?
Après cette digression, à l'adresse des matérialistes, je reviens à mon sujet. Si Dieu a voulu que ses créatures spirituelles fussent momentanément unies à la matière, c'est, je le répète, pour leur faire sentir et pour ainsi dire subir les besoins qu'exige la matière de leur corps pour sa conservation et son entretien ; de ces besoins naissent les vicissitudes qui vous font sentir la souffrance, et comprendre la commisération que vous devez avoir pour vos frères dans la même position. Cet état transitoire est donc nécessaire à la progression de votre Esprit, qui sans cela resterait stagnant. Les besoins que votre corps vous fait éprouver stimulent votre Esprit et le forcent à chercher les moyens d'y pourvoir ; de ce travail forcé naît le développement de la pensée ; l'Esprit contraint de présider aux mouvements du corps pour les diriger en vue de sa conservation, est conduit au travail matériel, et de là au travail intellectuel, qui se nécessitent l'un l'autre et l'un par l'autre, puisque la réalisation des conceptions de l'Esprit exige le travail du corps, et que celui-ci ne peut se faire que sous la direction et l'impulsion de l'Esprit. L'Esprit ayant ainsi pris l'habitude de travailler, y ayant été contraint par les besoins du corps, le travail, à son tour, devient un besoin pour lui, et, lorsque, dégagé de ses liens, il n'a plus à songer à la matière, il songe à se travailler lui-même pour son avancement.
Vous comprenez maintenant la nécessité pour votre Esprit d'être lié à la matière pendant une partie de son existence, pour ne pas rester stationnaire.
Ton père,
Percheron, assisté de l'Esprit de Pascal.
Remarque. ‑ A ces observations, parfaitement justes, nous ajouterons que, tout en travaillant pour lui-même, l'Esprit incarné travaille à l'amélioration du monde qu'il habite ; il aide ainsi à sa transformation et à son progrès matériel qui sont dans les vues de Dieu, dont il est l'instrument intelligent. Dans sa sagesse prévoyante, la Providence a voulu que tout s'enchaînât dans la nature ; que tous, hommes et choses, fussent solidaires ; puis, quand l'Esprit a accompli sa tâche, qu'il est suffisamment avancé, il jouit du fruit de ses œuvres.
Société spirite de Paris. ‑ Médium, mademoiselle A. C.
I
Bornes de la réincarnation
La réincarnation est nécessaire tant que la matière domine l'Esprit ; mais du moment que l'Esprit incarné est arrivé à dominer la matière et à annuler les effets de sa réaction sur le moral, la réincarnation n'a plus aucune utilité ni raison d'être. En effet, le corps est nécessaire à l'Esprit pour le travail progressif jusqu'à ce qu'étant arrivé à manier cet instrument à sa guise, à lui imprimer sa volonté, le travail est accompli. Il lui faut alors un autre champ à sa marche, à son avancement vers l'infini ; il lui faut un autre cercle d'études où la matière grossière des sphères inférieures soit inconnue. Ayant sur terre, ou dans des globes analogues, épuré et expérimenté ses sensations, il est mûr pour la vie spirituelle et ses études. S'étant élevé au-dessus de toutes les sensations corporelles, il n'a plus aucun de ces désirs ou besoins inhérents à la corporéité : il est Esprit et vit par les sensations spirituelles qui sont infiniment plus délicieuses que les plus agréables sensations corporelles.
II
La réincarnation est nécessaire tant que la matière domine l'Esprit ; mais du moment que l'Esprit incarné est arrivé à dominer la matière et à annuler les effets de sa réaction sur le moral, la réincarnation n'a plus aucune utilité ni raison d'être. En effet, le corps est nécessaire à l'Esprit pour le travail progressif jusqu'à ce qu'étant arrivé à manier cet instrument à sa guise, à lui imprimer sa volonté, le travail est accompli. Il lui faut alors un autre champ à sa marche, à son avancement vers l'infini ; il lui faut un autre cercle d'études où la matière grossière des sphères inférieures soit inconnue. Ayant sur terre, ou dans des globes analogues, épuré et expérimenté ses sensations, il est mûr pour la vie spirituelle et ses études. S'étant élevé au-dessus de toutes les sensations corporelles, il n'a plus aucun de ces désirs ou besoins inhérents à la corporéité : il est Esprit et vit par les sensations spirituelles qui sont infiniment plus délicieuses que les plus agréables sensations corporelles.
II
La réincarnation et les aspirations de l'homme
Les aspirations de l'âme entraînent leur réalisation, et cette réalisation s'accomplit dans la réincarnation tant que l'Esprit est dans le travail matériel ; je m'explique. Prenons l'Esprit à son début dans la carrière humaine : stupide et brut, il sent cependant l'étincelle divine en lui, puisqu'il adore un Dieu, qu'il matérialise selon sa matérialité. Dans cet être encore voisin de l'animal, il y une aspiration instinctive, inconsciente presque, vers un état moins inférieur. Il commence par désirer satisfaire ses appétits matériels, et envie ceux qu'il voit dans un état meilleur que le sien ; aussi, dans une incarnation suivante, choisit-il lui-même, ou plutôt est-il entraîné dans un corps plus perfectionné ; et toujours, dans chacune de ses existences, il désire une amélioration matérielle ; ne se trouvant jamais heureux, il veut toujours monter, car l'aspiration au bonheur est le grand levier du progrès.
Au fur et à mesure que ses sensations corporelles deviennent plus grandes, plus raffinées, ses sensations spirituelles s'éveillent et grandissent aussi. Alors le travail moral commence, et l'épuration de l'âme s'unit à l'aspiration du corps pour arriver à l'état supérieur.
Cet état d'égalité des aspirations matérielles et spirituelles n'est pas de longue durée ; bientôt l'Esprit s'élève au-dessus de la matière, et ses sensations ne peuvent plus être satisfaites par elle ; il lui faut plus ; il lui faut mieux ; mais là le corps ayant été amené à sa perfection sensitive ne peut suivre l'Esprit, qui alors le domine et s'en détache de plus en plus comme d'un instrument inutile. Il tourne tous ses désirs, toutes ses aspirations vers un état supérieur ; il sent que les nécessités corporelles qui lui étaient un sujet de bonheur dans leurs satisfactions, ne sont plus qu'une gêne, qu'un abaissement, qu'une triste nécessité dont il aspire à se délivrer pour jouir, sans entraves, de tous les bonheurs spirituels qu'il pressent.
III
Les aspirations de l'âme entraînent leur réalisation, et cette réalisation s'accomplit dans la réincarnation tant que l'Esprit est dans le travail matériel ; je m'explique. Prenons l'Esprit à son début dans la carrière humaine : stupide et brut, il sent cependant l'étincelle divine en lui, puisqu'il adore un Dieu, qu'il matérialise selon sa matérialité. Dans cet être encore voisin de l'animal, il y une aspiration instinctive, inconsciente presque, vers un état moins inférieur. Il commence par désirer satisfaire ses appétits matériels, et envie ceux qu'il voit dans un état meilleur que le sien ; aussi, dans une incarnation suivante, choisit-il lui-même, ou plutôt est-il entraîné dans un corps plus perfectionné ; et toujours, dans chacune de ses existences, il désire une amélioration matérielle ; ne se trouvant jamais heureux, il veut toujours monter, car l'aspiration au bonheur est le grand levier du progrès.
Au fur et à mesure que ses sensations corporelles deviennent plus grandes, plus raffinées, ses sensations spirituelles s'éveillent et grandissent aussi. Alors le travail moral commence, et l'épuration de l'âme s'unit à l'aspiration du corps pour arriver à l'état supérieur.
Cet état d'égalité des aspirations matérielles et spirituelles n'est pas de longue durée ; bientôt l'Esprit s'élève au-dessus de la matière, et ses sensations ne peuvent plus être satisfaites par elle ; il lui faut plus ; il lui faut mieux ; mais là le corps ayant été amené à sa perfection sensitive ne peut suivre l'Esprit, qui alors le domine et s'en détache de plus en plus comme d'un instrument inutile. Il tourne tous ses désirs, toutes ses aspirations vers un état supérieur ; il sent que les nécessités corporelles qui lui étaient un sujet de bonheur dans leurs satisfactions, ne sont plus qu'une gêne, qu'un abaissement, qu'une triste nécessité dont il aspire à se délivrer pour jouir, sans entraves, de tous les bonheurs spirituels qu'il pressent.
III
Action des fluides dans la réincarnation
Les fluides étant les agents qui mettent en mouvement notre appareil corporel, ce sont eux aussi qui sont les éléments de nos aspirations, car il y a les fluides corporels et les fluides spirituels, qui tous tendent à s'élever et à s'unir à des fluides de même nature. Ces fluides composent le corps spirituel de l'Esprit qui, à l'état incarné, agit par eux sur la machine humaine qu'il est chargé de perfectionner, car tout est travail dans la création, tout concourt à l'avancement général.
L'Esprit a son libre arbitre, et il cherche toujours ce qui lui est agréable et le satisfait. Si c'est un Esprit inférieur et matériel, il cherche ses satisfactions dans la matérialité, et alors il donnera une impulsion à ses fluides corporels qui domineront, mais tiendront toujours à grandir et à s'élever matériellement ; donc les aspirations de cet incarné seront matérielles, et, revenu à l'état d'Esprit, il recherchera une nouvelle incarnation où il satisfera ses besoins et ses désirs matériels ; car, remarquez bien que l'aspiration corporelle ne peut demander, comme réalisation, qu'une nouvelle corporéité, tandis que l'aspiration spirituelle ne s'attache qu'aux sensations de l'Esprit. Il y sera sollicité par ses fluides qu'il a laissés se matérialiser ; et comme dans l'acte de la réincarnation les fluides agissent pour attirer l'Esprit dans le corps qui a été formé, qu'il y a donc eu attraction et union des fluides, la réincarnation s'opère dans des conditions qui donneront satisfaction aux aspirations de son existence précédente.
Il en est des fluides spirituels comme des fluides matériels, si ce sont eux qui dominent ; mais alors, lorsque le spirituel a pris le dessus sur le matériel, l'Esprit, qui juge différemment, choisit ou est attiré par des sympathies différentes ; comme il lui faut l'épuration, et que ce n'est que par le travail qu'il y arrive, les incarnations choisies sont plus pénibles pour lui, car, après avoir donné la suprématie à la matière et à ses fluides, il lui faut la contraindre, lutter avec elle et la dominer. De là ces existences si douloureuses et qui paraissent souvent si injustement infligées à des Esprits bons et intelligents. Ceux-là font leur dernière étape corporelle et entrent, en sortant de ce monde, dans les sphères supérieures où leurs aspirations supérieures trouveront leur réalisation.
IV
Les fluides étant les agents qui mettent en mouvement notre appareil corporel, ce sont eux aussi qui sont les éléments de nos aspirations, car il y a les fluides corporels et les fluides spirituels, qui tous tendent à s'élever et à s'unir à des fluides de même nature. Ces fluides composent le corps spirituel de l'Esprit qui, à l'état incarné, agit par eux sur la machine humaine qu'il est chargé de perfectionner, car tout est travail dans la création, tout concourt à l'avancement général.
L'Esprit a son libre arbitre, et il cherche toujours ce qui lui est agréable et le satisfait. Si c'est un Esprit inférieur et matériel, il cherche ses satisfactions dans la matérialité, et alors il donnera une impulsion à ses fluides corporels qui domineront, mais tiendront toujours à grandir et à s'élever matériellement ; donc les aspirations de cet incarné seront matérielles, et, revenu à l'état d'Esprit, il recherchera une nouvelle incarnation où il satisfera ses besoins et ses désirs matériels ; car, remarquez bien que l'aspiration corporelle ne peut demander, comme réalisation, qu'une nouvelle corporéité, tandis que l'aspiration spirituelle ne s'attache qu'aux sensations de l'Esprit. Il y sera sollicité par ses fluides qu'il a laissés se matérialiser ; et comme dans l'acte de la réincarnation les fluides agissent pour attirer l'Esprit dans le corps qui a été formé, qu'il y a donc eu attraction et union des fluides, la réincarnation s'opère dans des conditions qui donneront satisfaction aux aspirations de son existence précédente.
Il en est des fluides spirituels comme des fluides matériels, si ce sont eux qui dominent ; mais alors, lorsque le spirituel a pris le dessus sur le matériel, l'Esprit, qui juge différemment, choisit ou est attiré par des sympathies différentes ; comme il lui faut l'épuration, et que ce n'est que par le travail qu'il y arrive, les incarnations choisies sont plus pénibles pour lui, car, après avoir donné la suprématie à la matière et à ses fluides, il lui faut la contraindre, lutter avec elle et la dominer. De là ces existences si douloureuses et qui paraissent souvent si injustement infligées à des Esprits bons et intelligents. Ceux-là font leur dernière étape corporelle et entrent, en sortant de ce monde, dans les sphères supérieures où leurs aspirations supérieures trouveront leur réalisation.
IV
Les affections terrestres et la réincarnation
Le dogme de la réincarnation indéfinie trouve des oppositions dans le cœur de l'incarné qui aime, car en présence de cette infinité d'existences produisant dans chacune d'elles de nouveaux liens, il se demande avec effroi ce que deviennent les affections particulières, et si elles ne se fondent pas dans un seul amour général, ce qui détruirait la persistance de l'affection individuelle. Il se demande si cette affection individuelle n'est pas un moyen d'avancement seulement, et alors le découragement se glisse dans son âme, car la véritable affection éprouve le besoin d'un amour éternel, sentant qu'elle ne se lassera jamais d'aimer. La pensée de ces milliers d'affections identiques lui semble une impossibilité, même en admettant des facultés plus grandes pour l'amour.
L'incarné qui étudie sérieusement le Spiritisme, sans parti pris pour un système plutôt que pour un autre, se trouve entraîné vers la réincarnation par la justice qui découle du progrès et de l'avancement de l'Esprit à chaque nouvelle existence ; mais lorsqu'il l'étudie au point de vue des affections du cœur, il doute et s'effraie malgré lui. Ne pouvant mettre d'accord ces deux sentiments, il se dit que là est encore un voile à lever, et sa pensée en travail attire les lumières des Esprits pour accorder son cœur et sa raison.
Je l'ai dit précédemment : l'incarnation s'arrête là où la matérialité est annulée. J'ai montré comment le progrès matériel avait d'abord raffiné les sensations corporelles de l'Esprit incarné ; comment le progrès spirituel, étant venu ensuite, avait contrebalancé l'influence de la matière, puis l'avait enfin subordonnée à sa volonté, et, qu'arrivé à ce degré de domination spirituelle, la corporéité n'avait plus de raison d'être, le travail étant accompli.
Examinons maintenant la question de l'affection sous ses deux aspects, matériel et spirituel.
D'abord, qu'est-ce que l'affection, l'amour ? Encore l'attraction fluidique attirant deux êtres l'un vers l'autre, et les unissant dans un même sentiment. Cette attraction peut être de deux natures différentes, puisque les fluides sont de deux natures. Mais pour que l'affection persiste éternellement, il faut qu'elle soit spirituelle et désintéressée ; il faut l'abnégation, le dévouement, et qu'aucun sentiment personnel ne soit le mobile de cet entraînement sympathique. Du moment qu'il y a, dans ce sentiment, personnalité, il y a matérialité ; or, aucune affection matérielle ne persiste dans les domaines de l'Esprit. Donc, toute affection qui n'est que le résultat de l'instinct animal ou de l'égoïsme, se détruit à la mort terrestre. Aussi, que d'êtres soi-disant aimés sont oubliés après peu de temps de séparation ! Vous les avez aimés pour vous et non pour eux, ceux qui ne sont plus, puisque vous les avez oubliés et remplacés ; vous avez cherché la consolation dans l'oubli ; ils vous deviennent indifférents, parce que vous n'avez plus d'amour.
Contemplez l'humanité, et voyez combien il y a peu d'affections véritables sur terre ! Aussi ne doit-on pas se tant effrayer de la multiplicité des affections contractées ici-bas ; elles sont en minorité relative, mais elles existent, et celles qui sont réelles persistent et se perpétuent sous toutes les formes, sur terre d'abord, puis se continuent à l'état d'Esprit dans une amitié ou un amour inaltérable, qui ne fait que grandir en s'élevant davantage.
Nous allons étudier cette véritable affection : l'affection spirituelle.
L'affection spirituelle a pour base l'affinité fluidique spirituelle, qui, agissant seule, détermine la sympathie. Lorsqu'il en est ainsi, c'est l'âme qui aime l'âme, et cette affection ne prend de la force que par la manifestation des sentiments de l'âme. Deux Esprits unis spirituellement se recherchent et tendent toujours à se rapprocher ; leurs fluides sont attractifs. Qu'ils soient sur un même globe, ils seront poussés l'un vers l'autre ; qu'ils soient séparés par la mort terrestre, leurs pensées s'uniront dans le souvenir, et la réunion se fera dans la liberté du sommeil ; et lorsque l'heure d'une nouvelle incarnation sonnera pour l'un d'eux, il cherchera à se rapprocher de son ami en entrant dans ce qui est sa filiation matérielle, et il le fera avec d'autant plus de facilité que ses fluides périspritaux matériels trouveront des affinités dans la matière corporelle des incarnés qui ont donné le jour au nouvel être. De là une nouvelle augmentation d'affection, une nouvelle manifestation de l'amour. Tel Esprit ami vous a aimé comme père, vous aimera comme fils, comme frère ou comme ami, et chacun de ces liens augmentera d'incarnation en incarnation, et se perpétuera d'une manière inaltérable lorsque, votre travail étant fait, vous vivrez de la vie de l'Esprit.
Mais cette véritable affection n'est pas commune sur terre, et la matière vient en retarder, en annuler les effets, selon qu'elle domine l'Esprit. La véritable amitié, le véritable amour étant spirituel, tout ce qui se rapporte à la matière n'est pas de sa nature, et ne concourt en rien à l'identification spirituelle. L'affinité persiste, mais elle reste à l'état latent jusqu'à ce que, le fluide spirituel prenant le dessus, le progrès sympathique s'effectue de nouveau.
Pour me résumer, l'affection spirituelle est la seule résistante dans le domaine de l'Esprit ; sur terre et dans les sphères du travail corporel, elle concourt à l'avancement moral de l'Esprit incarné qui, sous l'influence sympathique, accomplit des miracles d'abnégation et de dévouement pour les êtres aimés. Ici, dans les demeures célestes, elle est la satisfaction complète de toutes les aspirations, et le plus grand bonheur que l'Esprit puisse goûter.
V
Le dogme de la réincarnation indéfinie trouve des oppositions dans le cœur de l'incarné qui aime, car en présence de cette infinité d'existences produisant dans chacune d'elles de nouveaux liens, il se demande avec effroi ce que deviennent les affections particulières, et si elles ne se fondent pas dans un seul amour général, ce qui détruirait la persistance de l'affection individuelle. Il se demande si cette affection individuelle n'est pas un moyen d'avancement seulement, et alors le découragement se glisse dans son âme, car la véritable affection éprouve le besoin d'un amour éternel, sentant qu'elle ne se lassera jamais d'aimer. La pensée de ces milliers d'affections identiques lui semble une impossibilité, même en admettant des facultés plus grandes pour l'amour.
L'incarné qui étudie sérieusement le Spiritisme, sans parti pris pour un système plutôt que pour un autre, se trouve entraîné vers la réincarnation par la justice qui découle du progrès et de l'avancement de l'Esprit à chaque nouvelle existence ; mais lorsqu'il l'étudie au point de vue des affections du cœur, il doute et s'effraie malgré lui. Ne pouvant mettre d'accord ces deux sentiments, il se dit que là est encore un voile à lever, et sa pensée en travail attire les lumières des Esprits pour accorder son cœur et sa raison.
Je l'ai dit précédemment : l'incarnation s'arrête là où la matérialité est annulée. J'ai montré comment le progrès matériel avait d'abord raffiné les sensations corporelles de l'Esprit incarné ; comment le progrès spirituel, étant venu ensuite, avait contrebalancé l'influence de la matière, puis l'avait enfin subordonnée à sa volonté, et, qu'arrivé à ce degré de domination spirituelle, la corporéité n'avait plus de raison d'être, le travail étant accompli.
Examinons maintenant la question de l'affection sous ses deux aspects, matériel et spirituel.
D'abord, qu'est-ce que l'affection, l'amour ? Encore l'attraction fluidique attirant deux êtres l'un vers l'autre, et les unissant dans un même sentiment. Cette attraction peut être de deux natures différentes, puisque les fluides sont de deux natures. Mais pour que l'affection persiste éternellement, il faut qu'elle soit spirituelle et désintéressée ; il faut l'abnégation, le dévouement, et qu'aucun sentiment personnel ne soit le mobile de cet entraînement sympathique. Du moment qu'il y a, dans ce sentiment, personnalité, il y a matérialité ; or, aucune affection matérielle ne persiste dans les domaines de l'Esprit. Donc, toute affection qui n'est que le résultat de l'instinct animal ou de l'égoïsme, se détruit à la mort terrestre. Aussi, que d'êtres soi-disant aimés sont oubliés après peu de temps de séparation ! Vous les avez aimés pour vous et non pour eux, ceux qui ne sont plus, puisque vous les avez oubliés et remplacés ; vous avez cherché la consolation dans l'oubli ; ils vous deviennent indifférents, parce que vous n'avez plus d'amour.
Contemplez l'humanité, et voyez combien il y a peu d'affections véritables sur terre ! Aussi ne doit-on pas se tant effrayer de la multiplicité des affections contractées ici-bas ; elles sont en minorité relative, mais elles existent, et celles qui sont réelles persistent et se perpétuent sous toutes les formes, sur terre d'abord, puis se continuent à l'état d'Esprit dans une amitié ou un amour inaltérable, qui ne fait que grandir en s'élevant davantage.
Nous allons étudier cette véritable affection : l'affection spirituelle.
L'affection spirituelle a pour base l'affinité fluidique spirituelle, qui, agissant seule, détermine la sympathie. Lorsqu'il en est ainsi, c'est l'âme qui aime l'âme, et cette affection ne prend de la force que par la manifestation des sentiments de l'âme. Deux Esprits unis spirituellement se recherchent et tendent toujours à se rapprocher ; leurs fluides sont attractifs. Qu'ils soient sur un même globe, ils seront poussés l'un vers l'autre ; qu'ils soient séparés par la mort terrestre, leurs pensées s'uniront dans le souvenir, et la réunion se fera dans la liberté du sommeil ; et lorsque l'heure d'une nouvelle incarnation sonnera pour l'un d'eux, il cherchera à se rapprocher de son ami en entrant dans ce qui est sa filiation matérielle, et il le fera avec d'autant plus de facilité que ses fluides périspritaux matériels trouveront des affinités dans la matière corporelle des incarnés qui ont donné le jour au nouvel être. De là une nouvelle augmentation d'affection, une nouvelle manifestation de l'amour. Tel Esprit ami vous a aimé comme père, vous aimera comme fils, comme frère ou comme ami, et chacun de ces liens augmentera d'incarnation en incarnation, et se perpétuera d'une manière inaltérable lorsque, votre travail étant fait, vous vivrez de la vie de l'Esprit.
Mais cette véritable affection n'est pas commune sur terre, et la matière vient en retarder, en annuler les effets, selon qu'elle domine l'Esprit. La véritable amitié, le véritable amour étant spirituel, tout ce qui se rapporte à la matière n'est pas de sa nature, et ne concourt en rien à l'identification spirituelle. L'affinité persiste, mais elle reste à l'état latent jusqu'à ce que, le fluide spirituel prenant le dessus, le progrès sympathique s'effectue de nouveau.
Pour me résumer, l'affection spirituelle est la seule résistante dans le domaine de l'Esprit ; sur terre et dans les sphères du travail corporel, elle concourt à l'avancement moral de l'Esprit incarné qui, sous l'influence sympathique, accomplit des miracles d'abnégation et de dévouement pour les êtres aimés. Ici, dans les demeures célestes, elle est la satisfaction complète de toutes les aspirations, et le plus grand bonheur que l'Esprit puisse goûter.
V
Le progrès entravé par la réincarnation indéfinie
Jusqu'ici la réincarnation a été admise d'une façon trop prolongée ; on n'a pas songé que cette prolongation de la corporéité, quoique de moins en moins matérielle, entraînait cependant des nécessités qui devaient entraver l'essor de l'Esprit. En effet, en admettant la persistance de la génération dans les mondes supérieurs, on attribue à l'Esprit incarné des besoins corporels, on lui donne des devoirs et des occupations encore matériels qui l'astreignent et arrêtent l'élan des études spirituelles. Quelle nécessité de ces entraves ? L'Esprit ne peut-il jouir des bonheurs de l'amour sans en subir les infirmités corporelles ? Sur terre même, ce sentiment existe de lui-même, indépendant de la partie matérielle de notre être ; des exemples, quelque rares qu'ils soient, sont là, suffisants pour prouver qu'il doit être ressenti plus généralement chez des êtres plus spiritualisés.
La réincarnation entraîne l'union des corps, l'amour pur seulement l'union des âmes. Les Esprits s'unissent suivant leurs affections commencées dans les mondes inférieurs, et travaillent ensemble à leur avancement spirituel. Ils ont une organisation fluidique toute différente de celle qui était la conséquence de leur appareil corporel, et leurs travaux s'exercent sur les fluides et non sur les objets matériels. Ils vont dans des sphères qui, elles aussi, ont accompli leur période matérielle, dans des sphères dont le travail humain a amené la dématérialisation, et qui, arrivées à l'apogée de leur perfectionnement, sont aussi passées à une transformation supérieure qui les rend propres à éprouver d'autres modifications, mais dans un sens tout fluidique.
Vous comprenez, dès aujourd'hui, la force immense du fluide, force que vous ne pouvez que constater, mais que vous ne voyez ni ne palpez. Dans un état moins lourd que celui où vous êtes, vous aurez d'autres moyens de voir, de toucher, de travailler ce fluide qui est le grand agent de la vie universelle. Pourquoi donc l'Esprit aurait-il en-core besoin d'un corps pour un travail qui est en dehors des appréciations corporelles ? Vous me direz que ce corps sera en rapport avec les nouveaux travaux que l'Esprit aura à accomplir ; mais puisque ces travaux seront tous fluidiques et spirituels dans les sphères supérieures, pourquoi lui donner l'embarras des besoins corporels, car la réincarnation entraîne toujours, comme je l'ai dit, génération et alimentation, c'est-à-dire besoins de la matière à satisfaire, et, par contre, entraves pour l'Esprit. Comprenez que l'Esprit doit être libre dans son essor vers l'infini ; comprenez qu'étant sorti des langes de la matière, il aspire, comme l'enfant, à marcher et à courir sans être tenu par les lisières maternelles, et que ces premières nécessités de la première éducation de l'enfant sont superflues pour l'enfant grandi, et insupportables à l'adolescent. Ne désirez donc pas rester dans l'enfance ; regardez-vous comme des élèves faisant leurs dernières études scolaires, et se disposant à entrer dans le monde, à y tenir leur rang, et à commencer des travaux d'un autre genre que leurs études préliminaires auront facilitées.
Le Spiritisme est le levier qui élèvera d'un bond à l'état spirituel tout incarné qui, voulant bien le comprendre et le mettre en pratique, s'attachera à dominer la matière, à s'en rendre maître, à l'annihiler ; tout Esprit de bonne volonté peut se mettre en état de passer, en quittant ce monde, à l'état spirituel sans retour terrestre ; seulement, il lui faut la foi ou volonté active. Le Spiritisme la donne à tous ceux qui veulent le comprendre dans son sens moralisateur.
Un Esprit protecteur du médium.
Remarque. ‑ Cette communication ne porte pas d'autre signature que celle ci-dessus, ce qui prouve qu'il n'est pas besoin d'avoir eu un nom célèbre sur la terre pour dicter de bonnes choses.
On a pu remarquer l'analogie qui existe entre la communication de Sens rapportée plus haut, et la première partie de celle-ci ; cette dernière est sans contredit plus développée, mais l'idée fondamentale sur la nécessité de l'incarnation est la même. Nous les citons toutes les deux pour montrer que les grands principes de la doctrine sont enseignés de divers côtés, et que c'est ainsi que se constituera et se consolidera l'unité dans le Spiritisme. Cette concordance est le meilleur critérium de la vérité. Or, il est à remarquer que les théories excentriques et systématiques dictées par des Esprits faux savants sont toujours circonscrites dans un cercle étroit et individuel, c'est pourquoi aucune n'a prévalu ; c'est aussi pourquoi elles ne sont point à craindre, car elles ne peuvent avoir qu'une existence éphémère qui s'efface comme une pâle lumière devant la clarté du jour.
Quant à cette dernière communication, il serait superflu d'en faire ressortir la haute portée comme fond et comme forme.
Elle peut se résumer ainsi :
La vie de l'Esprit, considérée au point de vue du progrès, présente trois périodes principales, savoir :
1° La période matérielle, où l'influence de la matière domine celle de l'Esprit ; c'est l'état des hommes adonnés aux passions brutales et charnelles, à la sensualité ; dont les aspirations sont exclusivement terrestres, qui sont attachés aux biens temporels, ou réfractaires aux idées spirituelles.
2° La période d'équilibre ; celle où les influences de la matière et de l'Esprit s'exercent simultanément ; où l'homme, quoique soumis aux besoins matériels, pressent et comprend l'état spirituel ; où il travaille pour sortir de l'état corporel.
Dans ces deux périodes l'Esprit est soumis à la réincarnation, qui s'accomplit dans les mondes inférieurs et moyens.
3° La période spirituelle, celle où l'Esprit, ayant complètement dominé la matière, n'a plus besoin de l'incarnation ni du travail matériel, son travail est tout spirituel ; c'est l'état des Esprits dans les mondes supérieurs.
La facilité avec laquelle certaines personnes acceptent les idées spirites dont elles semblent avoir l'intuition, indique qu'elles appartiennent à la seconde période ; mais entre celle-ci et les autres il y a une multitude de degrés que l'Esprit franchit d'autant plus rapidement qu'il est plus rapproché de la période spirituelle ; c'est ainsi que d'un monde matériel comme la terre il peut aller habiter un monde supérieur, comme Jupiter, par exemple, si son avancement moral et spirituel est suffisant pour le dispenser de passer par les degrés intermédiaires. Il dépend donc de l'homme de quitter la terre sans retour, comme monde d'expiation et d'épreuve pour lui, ou de n'y revenir qu'en mission.
Jusqu'ici la réincarnation a été admise d'une façon trop prolongée ; on n'a pas songé que cette prolongation de la corporéité, quoique de moins en moins matérielle, entraînait cependant des nécessités qui devaient entraver l'essor de l'Esprit. En effet, en admettant la persistance de la génération dans les mondes supérieurs, on attribue à l'Esprit incarné des besoins corporels, on lui donne des devoirs et des occupations encore matériels qui l'astreignent et arrêtent l'élan des études spirituelles. Quelle nécessité de ces entraves ? L'Esprit ne peut-il jouir des bonheurs de l'amour sans en subir les infirmités corporelles ? Sur terre même, ce sentiment existe de lui-même, indépendant de la partie matérielle de notre être ; des exemples, quelque rares qu'ils soient, sont là, suffisants pour prouver qu'il doit être ressenti plus généralement chez des êtres plus spiritualisés.
La réincarnation entraîne l'union des corps, l'amour pur seulement l'union des âmes. Les Esprits s'unissent suivant leurs affections commencées dans les mondes inférieurs, et travaillent ensemble à leur avancement spirituel. Ils ont une organisation fluidique toute différente de celle qui était la conséquence de leur appareil corporel, et leurs travaux s'exercent sur les fluides et non sur les objets matériels. Ils vont dans des sphères qui, elles aussi, ont accompli leur période matérielle, dans des sphères dont le travail humain a amené la dématérialisation, et qui, arrivées à l'apogée de leur perfectionnement, sont aussi passées à une transformation supérieure qui les rend propres à éprouver d'autres modifications, mais dans un sens tout fluidique.
Vous comprenez, dès aujourd'hui, la force immense du fluide, force que vous ne pouvez que constater, mais que vous ne voyez ni ne palpez. Dans un état moins lourd que celui où vous êtes, vous aurez d'autres moyens de voir, de toucher, de travailler ce fluide qui est le grand agent de la vie universelle. Pourquoi donc l'Esprit aurait-il en-core besoin d'un corps pour un travail qui est en dehors des appréciations corporelles ? Vous me direz que ce corps sera en rapport avec les nouveaux travaux que l'Esprit aura à accomplir ; mais puisque ces travaux seront tous fluidiques et spirituels dans les sphères supérieures, pourquoi lui donner l'embarras des besoins corporels, car la réincarnation entraîne toujours, comme je l'ai dit, génération et alimentation, c'est-à-dire besoins de la matière à satisfaire, et, par contre, entraves pour l'Esprit. Comprenez que l'Esprit doit être libre dans son essor vers l'infini ; comprenez qu'étant sorti des langes de la matière, il aspire, comme l'enfant, à marcher et à courir sans être tenu par les lisières maternelles, et que ces premières nécessités de la première éducation de l'enfant sont superflues pour l'enfant grandi, et insupportables à l'adolescent. Ne désirez donc pas rester dans l'enfance ; regardez-vous comme des élèves faisant leurs dernières études scolaires, et se disposant à entrer dans le monde, à y tenir leur rang, et à commencer des travaux d'un autre genre que leurs études préliminaires auront facilitées.
Le Spiritisme est le levier qui élèvera d'un bond à l'état spirituel tout incarné qui, voulant bien le comprendre et le mettre en pratique, s'attachera à dominer la matière, à s'en rendre maître, à l'annihiler ; tout Esprit de bonne volonté peut se mettre en état de passer, en quittant ce monde, à l'état spirituel sans retour terrestre ; seulement, il lui faut la foi ou volonté active. Le Spiritisme la donne à tous ceux qui veulent le comprendre dans son sens moralisateur.
Un Esprit protecteur du médium.
Remarque. ‑ Cette communication ne porte pas d'autre signature que celle ci-dessus, ce qui prouve qu'il n'est pas besoin d'avoir eu un nom célèbre sur la terre pour dicter de bonnes choses.
On a pu remarquer l'analogie qui existe entre la communication de Sens rapportée plus haut, et la première partie de celle-ci ; cette dernière est sans contredit plus développée, mais l'idée fondamentale sur la nécessité de l'incarnation est la même. Nous les citons toutes les deux pour montrer que les grands principes de la doctrine sont enseignés de divers côtés, et que c'est ainsi que se constituera et se consolidera l'unité dans le Spiritisme. Cette concordance est le meilleur critérium de la vérité. Or, il est à remarquer que les théories excentriques et systématiques dictées par des Esprits faux savants sont toujours circonscrites dans un cercle étroit et individuel, c'est pourquoi aucune n'a prévalu ; c'est aussi pourquoi elles ne sont point à craindre, car elles ne peuvent avoir qu'une existence éphémère qui s'efface comme une pâle lumière devant la clarté du jour.
Quant à cette dernière communication, il serait superflu d'en faire ressortir la haute portée comme fond et comme forme.
Elle peut se résumer ainsi :
La vie de l'Esprit, considérée au point de vue du progrès, présente trois périodes principales, savoir :
1° La période matérielle, où l'influence de la matière domine celle de l'Esprit ; c'est l'état des hommes adonnés aux passions brutales et charnelles, à la sensualité ; dont les aspirations sont exclusivement terrestres, qui sont attachés aux biens temporels, ou réfractaires aux idées spirituelles.
2° La période d'équilibre ; celle où les influences de la matière et de l'Esprit s'exercent simultanément ; où l'homme, quoique soumis aux besoins matériels, pressent et comprend l'état spirituel ; où il travaille pour sortir de l'état corporel.
Dans ces deux périodes l'Esprit est soumis à la réincarnation, qui s'accomplit dans les mondes inférieurs et moyens.
3° La période spirituelle, celle où l'Esprit, ayant complètement dominé la matière, n'a plus besoin de l'incarnation ni du travail matériel, son travail est tout spirituel ; c'est l'état des Esprits dans les mondes supérieurs.
La facilité avec laquelle certaines personnes acceptent les idées spirites dont elles semblent avoir l'intuition, indique qu'elles appartiennent à la seconde période ; mais entre celle-ci et les autres il y a une multitude de degrés que l'Esprit franchit d'autant plus rapidement qu'il est plus rapproché de la période spirituelle ; c'est ainsi que d'un monde matériel comme la terre il peut aller habiter un monde supérieur, comme Jupiter, par exemple, si son avancement moral et spirituel est suffisant pour le dispenser de passer par les degrés intermédiaires. Il dépend donc de l'homme de quitter la terre sans retour, comme monde d'expiation et d'épreuve pour lui, ou de n'y revenir qu'en mission.
Notices bibliographiques
Sous ce titre un nouvel organe du Spiritisme vient de paraître, à
Anvers, à partir du 1er janvier 1864. On sait que la doctrine spirite a
fait de rapides progrès dans cette ville où se sont formées de
nombreuses réunions composées d'hommes éminents par leur savoir et leur
position sociale. A Bruxelles, plus longtemps réfractaire, l'idée
nouvelle gagne aussi du terrain, ainsi que dans d'autres villes de la
Belgique. Une société spirite qui s'y est formée récemment a bien voulu
nous prier d'en accepter la présidence d'honneur ; c'est dire dans
quelle voie elle se propose de marcher.
Le premier numéro de la nouvelle Revue contient : un appel aux Spirites d'Anvers, deux articles de fond, l'un sur les adversaires du Spiritisme, l'autre sur le Spiritisme et la folie, et un certain nombre de communications médianimiques dont quelques-unes en langue flamande, le tout, nous sommes heureux de le dire, en parfaite conformité de vues et de principes avec la Société de Paris. Cette publication ne peut manquer d'être favorablement accueillie dans un pays où les idées nouvelles ont une tendance manifeste à se propager, si, comme nous l'espérons, elle se tient à la hauteur de la science, condition essentielle de succès.
Le Spiritisme grandit et voit chaque jour de nouveaux horizons s'ouvrir devant lui ; il approfondit les questions qu'il n'avait fait qu'effleurer à son origine ; les Esprits se conformant au développement des idées, leurs instructions ont partout suivi ce mouvement ascensionnel ; auprès des productions médianimiques d'aujourd'hui, celles d'autrefois paraissent pâles et presque puériles, et cependant alors on les trouvait magnifiques ; il y a entre elles la différence des enseignements donnés à des écoliers et à des adultes ; c'est qu'à mesure que l'homme grandit il faut à son intelligence, aussi bien qu'à son corps, une nourriture plus substantielle. Toute publication spirite, périodique ou autre, qui resterait en arrière du mouvement, trouverait nécessairement peu de sympathie, et ce serait se faire illusion de croire intéresser maintenant les lecteurs avec des choses élémentaires ou médiocres ; quelque bonne qu'en soit l'intention, toute recommandation serait impuissante à leur donner la vie si elles ne l'ont par elles-mêmes.
Il est pour les publications de ce genre une autre condition de succès plus importante encore, c'est de marcher avec l'opinion du plus grand nombre. A l'origine des manifestations spirites, les idées, non encore fixées par l'expérience, ont donné lieu à une foule d'opinions divergentes qui sont tombées devant des observations plus complètes, ou ne comptent plus que de rares représentants. On sait à quel drapeau et à quels principes est ralliée aujourd'hui l'immense majorité des Spirites du monde entier ; se rendre l'écho de quelques opinions retardées, ou marcher dans une voie de traverse, c'est se condamner d'avance à l'isolement et à l'abandon. Ceux qui le font de bonne foi sont à plaindre ; ceux qui agissent avec l'intention préméditée de jeter les bâtons dans les roues et de semer la division n'en recueilleront que la honte. Ni les uns ni les autres ne peuvent être encouragés par ceux qui ont à cœur les véritables intérêts du Spiritisme.
Quant à nous personnellement et à la Société de Paris, nos sympathies et notre appui moral sont acquis d'avance, comme on le sait, à toutes les publications, comme à toutes les réunions, utiles à la cause que nous défendons.
Le premier numéro de la nouvelle Revue contient : un appel aux Spirites d'Anvers, deux articles de fond, l'un sur les adversaires du Spiritisme, l'autre sur le Spiritisme et la folie, et un certain nombre de communications médianimiques dont quelques-unes en langue flamande, le tout, nous sommes heureux de le dire, en parfaite conformité de vues et de principes avec la Société de Paris. Cette publication ne peut manquer d'être favorablement accueillie dans un pays où les idées nouvelles ont une tendance manifeste à se propager, si, comme nous l'espérons, elle se tient à la hauteur de la science, condition essentielle de succès.
Le Spiritisme grandit et voit chaque jour de nouveaux horizons s'ouvrir devant lui ; il approfondit les questions qu'il n'avait fait qu'effleurer à son origine ; les Esprits se conformant au développement des idées, leurs instructions ont partout suivi ce mouvement ascensionnel ; auprès des productions médianimiques d'aujourd'hui, celles d'autrefois paraissent pâles et presque puériles, et cependant alors on les trouvait magnifiques ; il y a entre elles la différence des enseignements donnés à des écoliers et à des adultes ; c'est qu'à mesure que l'homme grandit il faut à son intelligence, aussi bien qu'à son corps, une nourriture plus substantielle. Toute publication spirite, périodique ou autre, qui resterait en arrière du mouvement, trouverait nécessairement peu de sympathie, et ce serait se faire illusion de croire intéresser maintenant les lecteurs avec des choses élémentaires ou médiocres ; quelque bonne qu'en soit l'intention, toute recommandation serait impuissante à leur donner la vie si elles ne l'ont par elles-mêmes.
Il est pour les publications de ce genre une autre condition de succès plus importante encore, c'est de marcher avec l'opinion du plus grand nombre. A l'origine des manifestations spirites, les idées, non encore fixées par l'expérience, ont donné lieu à une foule d'opinions divergentes qui sont tombées devant des observations plus complètes, ou ne comptent plus que de rares représentants. On sait à quel drapeau et à quels principes est ralliée aujourd'hui l'immense majorité des Spirites du monde entier ; se rendre l'écho de quelques opinions retardées, ou marcher dans une voie de traverse, c'est se condamner d'avance à l'isolement et à l'abandon. Ceux qui le font de bonne foi sont à plaindre ; ceux qui agissent avec l'intention préméditée de jeter les bâtons dans les roues et de semer la division n'en recueilleront que la honte. Ni les uns ni les autres ne peuvent être encouragés par ceux qui ont à cœur les véritables intérêts du Spiritisme.
Quant à nous personnellement et à la Société de Paris, nos sympathies et notre appui moral sont acquis d'avance, comme on le sait, à toutes les publications, comme à toutes les réunions, utiles à la cause que nous défendons.
Par le R. P. Blot, de la Compagnie de Jésus
Un de nos correspondants, M. le docteur C…, nous signale ce petit livre, et nous écrit à ce sujet ce qui suit :
« Depuis quelque temps des paroles que, comme chrétien et Spirite, je m'abstiens de qualifier, ont souvent été prononcées par des hommes qui ont reçu mission de parler aux peuples de charité et de miséricorde. Permettez-moi, pour vous reposer des pénibles impressions qu'elles ont dû vous causer comme à tout homme vraiment chrétien, de vous parler d'un tout petit volume du R. P. Blot. Je ne pense pas qu'il soit Spirite, mais j'ai trouvé dans son ouvrage ce qui, dans le Spiritisme, fait aimer Dieu et espérer en sa miséricorde, et divers passages qui touchent de très près à ce que nous enseignent les Esprits. »
Nous y avons remarqué les passages suivants, qui confirment l'opinion de notre correspondant :
« Au septième siècle, le pape saint Grégoire le Grand, après avoir raconté qu'un religieux vit, en mourant, les prophètes venir au-devant de lui, et qu'il les désigna par leurs noms, ajoutait : « Cet exemple nous fait clairement entendre combien grande sera la connaissance que nous aurons les uns des autres dans la vie incorruptible du ciel, puisque ce religieux, étant encore dans une chair corruptible, reconnut les saints prophètes qu'il n'avait jamais vus. »
Les saints se voient réciproquement comme le demandent l'unité du royaume et l'unité de la cité où ils vivent dans la compagnie du même Dieu. Ils se révèlent spontanément les uns aux autres leurs pensées et leurs affections, comme les personnes de la même maison qui sont unies par un sincère amour. Parmi leurs concitoyens du ciel, ils connaissent ceux mêmes qu'ils ne connurent point ici-bas, et la connaissance des belles actions les mène à une connaissance plus entière de ceux qui les accomplirent. (Berti, De theologicis disciplinis.)
Avez-vous perdu un fils, une fille ? recevez les consolations qu'un patriarche de Constantinople adressait à un père désolé. Ce patriarche ne peut pas plus être compté parmi les grands hommes que parmi les saints : c'est Photius, l'auteur du schisme cruel qui sépare l'Orient et l'Occident, mais ses paroles n'en prouvent que mieux que les Grecs pensent sur ce point comme les Latins. Les voici : Si votre fille vous apparaissait, si, mettant sa main dans votre main et son front joyeux sur votre front, elle vous parlait, n'est-ce pas la description du ciel qu'elle vous ferait ? Puis elle ajouterait : Pourquoi vous affliger, ô mon père ? je suis en paradis, où la félicité est sans bornes. Vous viendrez un jour avec ma mère bien-aimée, et alors vous trouverez que je ne vous ai rien dit de trop de ce lieu de délices, tant la réalité l'emportera sur mes paroles. »
Les bons Esprits peuvent donc se manifester, se faire voir, toucher les vivants, leur parler, décrire leur propre situation, venir consoler et fortifier ceux qu'ils ont aimés ; s'ils peuvent parler et prendre la main, pourquoi ne pourraient-ils faire écrire ? « Les Grecs, dit le P. Blot, pensent sur ce point comme les Latins ; » pourquoi donc aujourd'hui les Latins disent-ils que ce pouvoir n'est donné qu'aux démons pour tromper les hommes ? Le passage suivant est encore plus explicite :
« Saint Jean Chrysostome, dans une de ses homélies sur saint Mathieu, disait à chacun de ses auditeurs : « Vous désirez voir celui que la mort vous a enlevé ! Menez la même vie que lui dans le chemin de la vertu, et bientôt vous jouirez de cette sainte vision. Mais vous voudriez le voir ici même ? Eh ! qui donc vous en empêche ? Il vous est permis et facile de le voir, si vous êtes sages ; car l'espérance des biens à venir est plus claire que la vue même. »
L'homme charnel ne peut voir ce qui est purement spirituel ; si donc il peut voir les Esprits, c'est qu'ils ont une partie matérielle accessible à ses sens ; c'est l'enveloppe fluidique, que le Spiritisme désigne sous le nom de périsprit.
Après une citation de Dante sur l'état des bienheureux, le P. Blot ajoute :
« Voici donc le principe de solution pour les objections : Au ciel, qui est moins un lieu qu'un état, tout est lumière, tout est amour. »
Ainsi, le ciel n'est point un lieu circonscrit ; c'est l'état des âmes heureuses ; partout où elles sont heureuses, elles sont dans le ciel, c'est-à-dire que pour elles tout est lumière, amour et intelligence. C'est ce que disent les Esprits.
Fénelon, à la mort du duc de Beauvilliers, son ami, écrivait à la duchesse : « Non, il n'y a que les sens et l'imagination qui aient perdu leur objet. Celui que nous ne pouvons plus voir est plus que jamais avec nous. Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun. Il nous y voit, il nous y procure les vrais secours. Il y connaît mieux que nous nos infirmités, lui qui n'a plus les siennes ; et il demande les remèdes nécessaires pour notre guérison. Pour moi, qui étais privé de le voir depuis tant d'années, je lui parle, je lui ouvre mon cœur. »
Fénelon écrivait encore à la veuve du duc de Chevreuse : « Unissons-nous de cœur à celui que nous regrettons ; il ne s'est pas éloigné de nous en devenant invisible ; il nous voit, il nous aime, il est touché de nos besoins. Arrivé heureusement au port, il prie pour nous qui sommes encore exposés au naufrage. Il nous dit d'une voix secrète : « Hâtez-vous de nous rejoindre. » Les purs esprits voient, entendent, aiment toujours leurs vrais amis dans leur centre commun. Leur amitié est immortelle comme sa source. Les incrédules n'aiment qu'eux-mêmes ; ils devraient se désespérer de perdre à jamais leurs amis ; mais l'amitié divine change la société visible en une société de pure foi ; elle pleure, mais en pleurant elle se console par l'espérance de rejoindre ses amis dans le pays de la vérité et dans le sein de l'amour. »
Pour justifier le titre de son livre : Au ciel on se reconnaît, le P. Blot cite un grand nombre de passages d'écrivains sacrés, d'apparitions et de manifestations diverses qui prouvent la réunion, après la mort, de ceux qui se sont aimés, les rapports qui existent entre les morts et les vivants, les secours qu'ils se donnent mutuellement par la prière et l'inspiration. Nulle part il ne parle de la séparation éternelle, conséquence de la damnation éternelle, ni des diables, ni de l'enfer ; il montre au contraire les âmes les plus souffrantes délivrées par la vertu du repentir et de la prière, et par la miséricorde de Dieu. Si le P. Blot lançait l'anathème contre le Spiritisme, ce serait le lancer contre son propre livre, et contre tous les saints dont il invoque le témoignage. Quoi qu'il en soit de ses opinions sur ce sujet, nous dirons que si l'on n'avait jamais prêché que dans ce sens, il y aurait moins d'incrédules.
« Depuis quelque temps des paroles que, comme chrétien et Spirite, je m'abstiens de qualifier, ont souvent été prononcées par des hommes qui ont reçu mission de parler aux peuples de charité et de miséricorde. Permettez-moi, pour vous reposer des pénibles impressions qu'elles ont dû vous causer comme à tout homme vraiment chrétien, de vous parler d'un tout petit volume du R. P. Blot. Je ne pense pas qu'il soit Spirite, mais j'ai trouvé dans son ouvrage ce qui, dans le Spiritisme, fait aimer Dieu et espérer en sa miséricorde, et divers passages qui touchent de très près à ce que nous enseignent les Esprits. »
Nous y avons remarqué les passages suivants, qui confirment l'opinion de notre correspondant :
« Au septième siècle, le pape saint Grégoire le Grand, après avoir raconté qu'un religieux vit, en mourant, les prophètes venir au-devant de lui, et qu'il les désigna par leurs noms, ajoutait : « Cet exemple nous fait clairement entendre combien grande sera la connaissance que nous aurons les uns des autres dans la vie incorruptible du ciel, puisque ce religieux, étant encore dans une chair corruptible, reconnut les saints prophètes qu'il n'avait jamais vus. »
Les saints se voient réciproquement comme le demandent l'unité du royaume et l'unité de la cité où ils vivent dans la compagnie du même Dieu. Ils se révèlent spontanément les uns aux autres leurs pensées et leurs affections, comme les personnes de la même maison qui sont unies par un sincère amour. Parmi leurs concitoyens du ciel, ils connaissent ceux mêmes qu'ils ne connurent point ici-bas, et la connaissance des belles actions les mène à une connaissance plus entière de ceux qui les accomplirent. (Berti, De theologicis disciplinis.)
Avez-vous perdu un fils, une fille ? recevez les consolations qu'un patriarche de Constantinople adressait à un père désolé. Ce patriarche ne peut pas plus être compté parmi les grands hommes que parmi les saints : c'est Photius, l'auteur du schisme cruel qui sépare l'Orient et l'Occident, mais ses paroles n'en prouvent que mieux que les Grecs pensent sur ce point comme les Latins. Les voici : Si votre fille vous apparaissait, si, mettant sa main dans votre main et son front joyeux sur votre front, elle vous parlait, n'est-ce pas la description du ciel qu'elle vous ferait ? Puis elle ajouterait : Pourquoi vous affliger, ô mon père ? je suis en paradis, où la félicité est sans bornes. Vous viendrez un jour avec ma mère bien-aimée, et alors vous trouverez que je ne vous ai rien dit de trop de ce lieu de délices, tant la réalité l'emportera sur mes paroles. »
Les bons Esprits peuvent donc se manifester, se faire voir, toucher les vivants, leur parler, décrire leur propre situation, venir consoler et fortifier ceux qu'ils ont aimés ; s'ils peuvent parler et prendre la main, pourquoi ne pourraient-ils faire écrire ? « Les Grecs, dit le P. Blot, pensent sur ce point comme les Latins ; » pourquoi donc aujourd'hui les Latins disent-ils que ce pouvoir n'est donné qu'aux démons pour tromper les hommes ? Le passage suivant est encore plus explicite :
« Saint Jean Chrysostome, dans une de ses homélies sur saint Mathieu, disait à chacun de ses auditeurs : « Vous désirez voir celui que la mort vous a enlevé ! Menez la même vie que lui dans le chemin de la vertu, et bientôt vous jouirez de cette sainte vision. Mais vous voudriez le voir ici même ? Eh ! qui donc vous en empêche ? Il vous est permis et facile de le voir, si vous êtes sages ; car l'espérance des biens à venir est plus claire que la vue même. »
L'homme charnel ne peut voir ce qui est purement spirituel ; si donc il peut voir les Esprits, c'est qu'ils ont une partie matérielle accessible à ses sens ; c'est l'enveloppe fluidique, que le Spiritisme désigne sous le nom de périsprit.
Après une citation de Dante sur l'état des bienheureux, le P. Blot ajoute :
« Voici donc le principe de solution pour les objections : Au ciel, qui est moins un lieu qu'un état, tout est lumière, tout est amour. »
Ainsi, le ciel n'est point un lieu circonscrit ; c'est l'état des âmes heureuses ; partout où elles sont heureuses, elles sont dans le ciel, c'est-à-dire que pour elles tout est lumière, amour et intelligence. C'est ce que disent les Esprits.
Fénelon, à la mort du duc de Beauvilliers, son ami, écrivait à la duchesse : « Non, il n'y a que les sens et l'imagination qui aient perdu leur objet. Celui que nous ne pouvons plus voir est plus que jamais avec nous. Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun. Il nous y voit, il nous y procure les vrais secours. Il y connaît mieux que nous nos infirmités, lui qui n'a plus les siennes ; et il demande les remèdes nécessaires pour notre guérison. Pour moi, qui étais privé de le voir depuis tant d'années, je lui parle, je lui ouvre mon cœur. »
Fénelon écrivait encore à la veuve du duc de Chevreuse : « Unissons-nous de cœur à celui que nous regrettons ; il ne s'est pas éloigné de nous en devenant invisible ; il nous voit, il nous aime, il est touché de nos besoins. Arrivé heureusement au port, il prie pour nous qui sommes encore exposés au naufrage. Il nous dit d'une voix secrète : « Hâtez-vous de nous rejoindre. » Les purs esprits voient, entendent, aiment toujours leurs vrais amis dans leur centre commun. Leur amitié est immortelle comme sa source. Les incrédules n'aiment qu'eux-mêmes ; ils devraient se désespérer de perdre à jamais leurs amis ; mais l'amitié divine change la société visible en une société de pure foi ; elle pleure, mais en pleurant elle se console par l'espérance de rejoindre ses amis dans le pays de la vérité et dans le sein de l'amour. »
Pour justifier le titre de son livre : Au ciel on se reconnaît, le P. Blot cite un grand nombre de passages d'écrivains sacrés, d'apparitions et de manifestations diverses qui prouvent la réunion, après la mort, de ceux qui se sont aimés, les rapports qui existent entre les morts et les vivants, les secours qu'ils se donnent mutuellement par la prière et l'inspiration. Nulle part il ne parle de la séparation éternelle, conséquence de la damnation éternelle, ni des diables, ni de l'enfer ; il montre au contraire les âmes les plus souffrantes délivrées par la vertu du repentir et de la prière, et par la miséricorde de Dieu. Si le P. Blot lançait l'anathème contre le Spiritisme, ce serait le lancer contre son propre livre, et contre tous les saints dont il invoque le témoignage. Quoi qu'il en soit de ses opinions sur ce sujet, nous dirons que si l'on n'avait jamais prêché que dans ce sens, il y aurait moins d'incrédules.
Par M. Armand Durantin
Le Spiritisme a conquis son rang dans les croyances ; s'il est encore
pour quelques écrivains un sujet de raillerie, il est à remarquer que
parmi ceux mêmes qui le bafouaient jadis, la raillerie a baissé de ton
devant l'ascendant de l'opinion des masses, et se borne à rapporter,
sans commentaires, ou avec des restrictions plus ménagées, les faits qui
s'y rapportent. D'autres, sans y croire positivement, et sans même le
connaître à fond, jugent l'idée assez importante pour y puiser des
sujets de travaux d'imagination ou de fantaisie. Tel est, ce nous
semble, le cas de l'ouvrage dont nous parlons. C'est un simple roman
basé sur la croyance spirite présentée au point de vue sérieux, mais
auquel nous pouvons reprocher quelques erreurs provenant sans doute
d'une étude incomplète de la matière. L'auteur qui veut broder une
action de fantaisie sur un sujet historique doit, avant tout, se bien
pénétrer de la vérité du fait, afin de ne pas être à côté de l'histoire.
Ainsi devront faire tous les écrivains qui voudront mettre à profit
l'idée spirite, soit pour n'être pas accusés d'ignorer ce dont ils
parlent, soit pour conquérir la sympathie des adeptes, assez nombreux
aujourd'hui pour peser dans la balance de l'opinion, et concourir au
succès de toute oeuvre qui touche directement ou indirectement à leurs
croyances.
Cette réserve faite au point de vue de la parfaite orthodoxie, l'ouvrage en question n'en sera pas moins lu avec beaucoup d'intérêt par les partisans comme par les adversaires du Spiritisme, et nous remercions l'auteur du gracieux hommage qu'il a bien voulu nous faire de son livre, appelé à populariser l'idée nouvelle. Nous en citerons les passages suivants, qui traitent plus spécialement de la doctrine.
« A l'époque où M. de Boursonne (un des principaux personnages du roman) avait perdu sa femme, une doctrine mystique se répandait sourdement, lentement, et se propageait dans l'ombre. Elle comptait encore peu d'apôtres ; mais elle n'aspirait rien moins qu'à se substituer aux différents cultes chrétiens. Il ne lui manque encore, pour devenir une religion puissante, que la persécution.
Cette religion, c'est celle du Spiritisme, si éloquemment exposée par M. Allan Kardec, dans son remarquable ouvrage le Livre des Esprits. Un de ses adeptes les plus convaincus, c'était le comte de Boursonne.
Je n'ajouterai plus que quelques mots sur cette doctrine, pour faire comprendre aux incrédules que le pouvoir mystérieux du comte était tout à fait naturel.
Les Spirites reconnaissent Dieu et l'immortalité de l'âme. Ils croient que la terre est pour eux un lieu de transition et d'épreuves. Selon eux, l'âme est d'abord placée par Dieu dans une planète d'un ordre inférieur. Elle y reste enfermée dans un corps plus ou moins grossier, jusqu'au jour où elle est assez épurée pour émigrer dans un monde supérieur. C'est ainsi qu'après de longues migrations et de nombreuses épreuves, les âmes arrivent enfin à la perfection, et sont alors admises dans le sein de Dieu. Il dépend donc de l'homme d'abréger ses pérégrinations et d'arriver plus promptement auprès du Seigneur, en s'améliorant rapidement.
C'est une croyance du Spiritisme, croyance touchante, que les âmes les plus parfaites peuvent s'entretenir avec les Esprits. Aussi, selon les Spirites, nous pouvons causer avec les êtres que nous avons aimés et que nous avons perdus, si notre âme est assez perfectionnée pour les entendre et savoir s'en faire écouter.
Ce sont donc les âmes améliorées, les hommes les plus parfaits parmi nous, qui peuvent servir d'intermédiaires entre le vulgaire et les Esprits ; ces agents, tant raillés par le scepticisme, tant admirés et enviés par les croyants, s'appellent, en langage spirite, médiums.
Ceci expliqué, une fois pour toute, remarquons en passant que la doctrine spirite compte à cette heure ses adeptes par milliers, surtout dans les grandes villes, et que le comte de Boursonne était un des médiums les plus puissants. »
Ici est une première erreur grave ; s'il fallait être parfait pour communiquer avec les Esprits, bien peu jouiraient de ce privilège. Les Esprits se manifestent à ceux mêmes qui laissent le plus à désirer, précisément pour les amener, par leurs conseils, à s'améliorer, selon cette parole du Christ : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecine. » La médiumnité est une faculté qui tient à l'organisme plus ou moins développé selon les individus, mais qui peut être donné au plus indigne, comme au plus digne, sauf au premier à être puni s'il n'en profite pas ou s'il en abuse. La supériorité morale du médium lui assure la sympathie des bons Esprits, et le rend apte à recevoir des instructions d'un ordre plus élevé ; mais la facilité de communiquer avec les êtres du monde invisible, soit directement, soit par voie d'intermédiaires, est donnée à chacun en vue de son avancement. Voilà ce que l'auteur aurait su s'il avait fait une étude plus approfondie de la science spirite.
« La science moderne a prouvé que tout s'enchaîne. Ainsi, dans l'ordre matériel, entre l'infusoire, le dernier des animaux, et l'homme, qui en est l'expression la plus élevée, il existe une chaîne de créatures, améliorées successivement, comme le prouvent surabondamment les découvertes des géologues. Or, les Spirites se sont demandé pourquoi la même harmonie n'existerait pas dans le monde spirituel ; ils se sont demandé pourquoi une lacune entre Dieu et l'homme, comme M. Le Verrier s'est demandé comment il se faisait qu'une planète pût manquer à telle place du ciel, en vertu des lois harmonieuses qui régissent notre monde incompréhensible et encore inconnu.
C'est guidés par ce même raisonnement qui a conduit l'éminent directeur de l'observatoire de Paris à sa merveilleuse déduction, que les Spirites en sont venus à reconnaître des êtres immatériels entre l'homme et Dieu, avant d'en avoir eu la preuve palpable qu'ils ont acquise plus tard. »
Il y a également là une autre erreur capitale. Le Spiritisme a été conduit à ses théories par l'observation des faits, et non par un système préconçu. Le raisonnement dont parle l'auteur était rationnel, sans doute, mais ce n'est point ainsi que les choses se sont passées. Les Spirites ont conclu à l'existence des Esprits, parce que les Esprits se sont spontanément manifestés ; ils ont indiqué la loi qui régit les rapports du monde visible et du monde invisible, parce qu'ils ont observé ces rapports ; ils ont admis la hiérarchie progressive des Esprits, parce que les Esprits se sont montrés à eux à tous les degrés d'avancement ; ils ont adopté le principe de la pluralité des existences non seulement parce que les Esprits le leur ont enseigné, mais parce que ce principe résulte, comme loi de nature, de l'observation des faits que nous avons sous les yeux. En résumé, le Spiritisme n'a rien admis à titre d'hypothèse préalable ; tout dans sa doctrine est un résultat d'expérience. Voilà tout ce que nous avons maintes fois répété dans nos ouvrages.
Nous croyons utile de porter l'avis suivant à la connaissance des personnes qu'il peut concerner.
A la réception de toute lettre le premier soin est d'en voir la signature. En l'absence de signature et d'une désignation suffisante, la lettre est immédiatement jetée aux vieux papiers sans être lue, lors même qu'elle porterait la mention : Un de vos abonnés, un Spirite, etc. Ces derniers ayant moins de raisons que tous autres de garder l'incognito vis-à-vis de nous, rendent, par cela même, suspecte l'origine de leurs lettres, c'est pourquoi il n'en est même pas pris connaissance, la correspondance authentique étant trop nombreuse et suffisante pour absorber l'attention. La personne chargée d'en faire le dépouillement a pour instruction formelle de rejeter sans examen toute lettre de la nature de celles dont nous parlons.
Allan Kardec.
Cette réserve faite au point de vue de la parfaite orthodoxie, l'ouvrage en question n'en sera pas moins lu avec beaucoup d'intérêt par les partisans comme par les adversaires du Spiritisme, et nous remercions l'auteur du gracieux hommage qu'il a bien voulu nous faire de son livre, appelé à populariser l'idée nouvelle. Nous en citerons les passages suivants, qui traitent plus spécialement de la doctrine.
« A l'époque où M. de Boursonne (un des principaux personnages du roman) avait perdu sa femme, une doctrine mystique se répandait sourdement, lentement, et se propageait dans l'ombre. Elle comptait encore peu d'apôtres ; mais elle n'aspirait rien moins qu'à se substituer aux différents cultes chrétiens. Il ne lui manque encore, pour devenir une religion puissante, que la persécution.
Cette religion, c'est celle du Spiritisme, si éloquemment exposée par M. Allan Kardec, dans son remarquable ouvrage le Livre des Esprits. Un de ses adeptes les plus convaincus, c'était le comte de Boursonne.
Je n'ajouterai plus que quelques mots sur cette doctrine, pour faire comprendre aux incrédules que le pouvoir mystérieux du comte était tout à fait naturel.
Les Spirites reconnaissent Dieu et l'immortalité de l'âme. Ils croient que la terre est pour eux un lieu de transition et d'épreuves. Selon eux, l'âme est d'abord placée par Dieu dans une planète d'un ordre inférieur. Elle y reste enfermée dans un corps plus ou moins grossier, jusqu'au jour où elle est assez épurée pour émigrer dans un monde supérieur. C'est ainsi qu'après de longues migrations et de nombreuses épreuves, les âmes arrivent enfin à la perfection, et sont alors admises dans le sein de Dieu. Il dépend donc de l'homme d'abréger ses pérégrinations et d'arriver plus promptement auprès du Seigneur, en s'améliorant rapidement.
C'est une croyance du Spiritisme, croyance touchante, que les âmes les plus parfaites peuvent s'entretenir avec les Esprits. Aussi, selon les Spirites, nous pouvons causer avec les êtres que nous avons aimés et que nous avons perdus, si notre âme est assez perfectionnée pour les entendre et savoir s'en faire écouter.
Ce sont donc les âmes améliorées, les hommes les plus parfaits parmi nous, qui peuvent servir d'intermédiaires entre le vulgaire et les Esprits ; ces agents, tant raillés par le scepticisme, tant admirés et enviés par les croyants, s'appellent, en langage spirite, médiums.
Ceci expliqué, une fois pour toute, remarquons en passant que la doctrine spirite compte à cette heure ses adeptes par milliers, surtout dans les grandes villes, et que le comte de Boursonne était un des médiums les plus puissants. »
Ici est une première erreur grave ; s'il fallait être parfait pour communiquer avec les Esprits, bien peu jouiraient de ce privilège. Les Esprits se manifestent à ceux mêmes qui laissent le plus à désirer, précisément pour les amener, par leurs conseils, à s'améliorer, selon cette parole du Christ : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecine. » La médiumnité est une faculté qui tient à l'organisme plus ou moins développé selon les individus, mais qui peut être donné au plus indigne, comme au plus digne, sauf au premier à être puni s'il n'en profite pas ou s'il en abuse. La supériorité morale du médium lui assure la sympathie des bons Esprits, et le rend apte à recevoir des instructions d'un ordre plus élevé ; mais la facilité de communiquer avec les êtres du monde invisible, soit directement, soit par voie d'intermédiaires, est donnée à chacun en vue de son avancement. Voilà ce que l'auteur aurait su s'il avait fait une étude plus approfondie de la science spirite.
« La science moderne a prouvé que tout s'enchaîne. Ainsi, dans l'ordre matériel, entre l'infusoire, le dernier des animaux, et l'homme, qui en est l'expression la plus élevée, il existe une chaîne de créatures, améliorées successivement, comme le prouvent surabondamment les découvertes des géologues. Or, les Spirites se sont demandé pourquoi la même harmonie n'existerait pas dans le monde spirituel ; ils se sont demandé pourquoi une lacune entre Dieu et l'homme, comme M. Le Verrier s'est demandé comment il se faisait qu'une planète pût manquer à telle place du ciel, en vertu des lois harmonieuses qui régissent notre monde incompréhensible et encore inconnu.
C'est guidés par ce même raisonnement qui a conduit l'éminent directeur de l'observatoire de Paris à sa merveilleuse déduction, que les Spirites en sont venus à reconnaître des êtres immatériels entre l'homme et Dieu, avant d'en avoir eu la preuve palpable qu'ils ont acquise plus tard. »
Il y a également là une autre erreur capitale. Le Spiritisme a été conduit à ses théories par l'observation des faits, et non par un système préconçu. Le raisonnement dont parle l'auteur était rationnel, sans doute, mais ce n'est point ainsi que les choses se sont passées. Les Spirites ont conclu à l'existence des Esprits, parce que les Esprits se sont spontanément manifestés ; ils ont indiqué la loi qui régit les rapports du monde visible et du monde invisible, parce qu'ils ont observé ces rapports ; ils ont admis la hiérarchie progressive des Esprits, parce que les Esprits se sont montrés à eux à tous les degrés d'avancement ; ils ont adopté le principe de la pluralité des existences non seulement parce que les Esprits le leur ont enseigné, mais parce que ce principe résulte, comme loi de nature, de l'observation des faits que nous avons sous les yeux. En résumé, le Spiritisme n'a rien admis à titre d'hypothèse préalable ; tout dans sa doctrine est un résultat d'expérience. Voilà tout ce que nous avons maintes fois répété dans nos ouvrages.
Nous croyons utile de porter l'avis suivant à la connaissance des personnes qu'il peut concerner.
A la réception de toute lettre le premier soin est d'en voir la signature. En l'absence de signature et d'une désignation suffisante, la lettre est immédiatement jetée aux vieux papiers sans être lue, lors même qu'elle porterait la mention : Un de vos abonnés, un Spirite, etc. Ces derniers ayant moins de raisons que tous autres de garder l'incognito vis-à-vis de nous, rendent, par cela même, suspecte l'origine de leurs lettres, c'est pourquoi il n'en est même pas pris connaissance, la correspondance authentique étant trop nombreuse et suffisante pour absorber l'attention. La personne chargée d'en faire le dépouillement a pour instruction formelle de rejeter sans examen toute lettre de la nature de celles dont nous parlons.
Allan Kardec.