REVUE SPIRITE JOURNAL D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES - 1866

Allan Kardec

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Juin

Monomanie incendiaire précoce - Etude morale

On lit dans le Salut public de Lyon du 23 février 1866 :

« La question médico-légale de monomanie homicide et de monomanie incendiaire, dit le Moniteur judiciaire, a été et sera, selon toute probabilité, souvent encore agitée devant les tribunaux et les cours d'assises.

A propos de monomanie incendiaire, nous pouvons citer un jeune enfant de Lyon, aujourd'hui âgé de quatre ans et demi, fils d'honnêtes ouvriers en soie, domiciliés à la Guillotière, qui semble porter en lui, au dernier degré, l'instinct de l'incendie. A peine ses yeux s'ouvraient-ils à la lumière, que la vue des flammes semblait le réjouir. A dix-huit mois, il prenait plaisir à faire jaillir le feu d'une allumette chimique ; à deux ans, il mettait le feu aux quatre coins d'une paillasse, et anéantissait en partie le modeste mobilier de ses parents. Aujourd'hui, aux réprimandes qui lui sont faites, il ne répond que par des menaces d'incendie, et la semaine dernière encore, il essayait, à l'aide de quelques brins de paille et de divers morceaux de papier, de mettre le feu à l'alcôve où couchent son père et sa mère.

Nous laissons aux spécialistes le soin de rechercher les causes d'une telle monomanie. Si elle ne disparaissait avec l'âge, quel sort serait réservé au malheureux qui en est atteint ? »

L'auteur de l'article dit qu'il laisse aux spécialistes le soin de rechercher les causes d'une telle monomanie. De quels spécialistes veut-il parler ? Est-ce des médecins en général, des aliénistes, des savants, des phrénologistes, des philosophes ou des théologiens ? Chacun d'eux envisagera la question au point de vue de ses croyances matérialistes, spiritualistes ou religieuses. Les matérialistes, niant tout principe, intelligent distinct de la matière, sont incontestablement les moins propres à la résoudre d'une manière complète. En faisait de l'organisme l'unique source des facultés et des penchants, ils font de l'homme une machine mue fatalement par une force irrésistible, sans libre arbitre, et par conséquent sans responsabilité morale de ses actes. Avec un tel système, tout criminel peut s'excuser sur sa constitution, qu'il n'a pas dépendu de lui de faire meilleure. Dans une société où ce principe serait admis comme vérité absolue, il n'y aurait pas de coupables moralement parlant, et il serait aussi illogique de traduire en justice les hommes que les animaux.

Nous ne parlons ici que des conséquences sociales des doctrines matérialistes ; quant à leur impuissance à résoudre tous les problèmes moraux, elle est suffisamment démontrée. Dira-t-on, avec quelques-uns, que les penchants sont héréditaires comme les vices de constitution ? On leur opposerait les innombrables faits où les parents les plus vertueux ont des enfants instinctivement vicieux, et réciproquement. Dans celui qui nous occupe, il est notoire que l'enfant n'a hérité de sa monomanie incendiaire d'aucun membre de sa famille.

Les spiritualistes reconnaîtront sans doute que ce penchant tient à une imperfection de l'âme ou Esprit, mais ils n'en seront pas moins arrêtés par des difficultés insurmontables avec les seuls éléments que l'on a possédés jusqu'à ce jour ; et la preuve que les données actuelles de la science, de la philosophie et de la théologie ne fournissent aucun principe solide pour la solution des problèmes de cette nature, c'est qu'il y en a pas une seule qui soit assez évidente, assez rationnelle pour rallier la majorité, et que l'on en est réduit aux opinions individuelles, toutes divergentes les unes des autres.

Les théologiens qui admettent comme point de dogme la création de l'âme à la naissance de chaque corps sont peut-être les plus embarrassés pour concilier ces perversités natives avec la justice et la bonté de Dieu. Selon leur doctrine, voilà donc un enfant créé avec l'instinct incendiaire, voué, dès sa formation, au crime et à toutes ses conséquences pour la vie présente et la vie future ! Comme il y a des enfants instinctivement bons et d'autres mauvais, Dieu crée donc des âmes bonnes et d'autres mauvaises ? C'est la conséquence logique. Pourquoi cette impartialité ? Avec la doctrine matérialiste, le coupable s'excuse sur son organisation ; avec celle de l'Église, il peut s'en prendre à Dieu, en disant que ce n'est pas sa faute s'il l'a créé avec des défauts.

Faut-il s'étonner qu'il y ait des gens qui renient Dieu quand on le leur montre injuste et cruel dans ses actes, partial envers ses créatures ? C'est la manière dont la plupart des religions le représentent qui fait les incrédules et les athées. Si l'on en eût toujours fait un tableau de tous points conciliable avec la raison, il n'y aurait point d'incrédules ; c'est faute de pouvoir l'accepter tel qu'on le fait, avec les petitesses et les passions humaines qu'on lui prête, que tant de gens cherchent en dehors de lui l'explication des choses.

Toutes les fois que la théologie, pressée par l'inexorable logique des faits, se trouve dans une impasse, elle se retranche derrière ces mots : « Mystère incompréhensible ! » Eh bien ! chaque jour voit se lever un coin du voile de ce qui jadis était mystère, et la question qui nous occupe est de ce nombre.

Cette question est loin d'être puérile, et l'on aurait tort de n'y voir qu'un fait isolé, ou, si l'on veut, une anomalie, une bizarrerie de la nature sans conséquence. Elle touche à toutes les questions d'éducation et de moralisation de l'humanité, et, par cela même, aux plus graves problèmes d'économie sociale. C'est en recherchant la cause première des instincts et des penchants innés qu'on découvrira les moyens les plus efficaces de combattre les mauvais et de développer les bons. Quand cette cause sera connue, l'éducation possèdera le plus puissant levier moralisateur qu'elle ait jamais eu.

On ne peut nier l'influence du milieu et de l'exemple sur le développement des bons et des mauvais instincts, car, la contagion morale est aussi manifeste que la contagion physique. Cependant cette influence n'est pas exclusive, puisqu'on voit des êtres pervers dans les familles les plus honorables, tandis que d'autres sortent purs de la fange. Il y a donc incontestablement des dispositions natives, et si l'on en doutait, le fait qui nous occupe en serait une preuve irrécusable. Ainsi voilà un enfant qui, avant de savoir parler, se complaît à la vue de la destruction par le feu ; qui, à deux ans, incendie volontairement un mobilier, et qui, à quatre ans, comprend tellement ce qu'il fait, qu'il répond aux réprimandes par des menaces d'incendie.

O vous tous, médecins et savants qui recherchez avec tant d'avidité les moindres cas pathologiques insolites, pour en faire le sujet de vos méditations, que n'étudiez-vous avec le même soin ces phénomènes étranges qu'on peut, avec raison, qualifier de pathologie morale ! Que ne cherchez-vous à vous en rendre compte, à en découvrir la source ! L'humanité y gagnerait au moins autant qu'à la découverte d'un filet nerveux. Malheureusement, la plupart de ceux qui ne dédaignent pas de s'occuper de ces questions, le font en parlant d'une idée préconçue à laquelle ils veulent tout assujettir : le matérialiste aux lois exclusives de la matière, le spiritualiste à l'idée qu'il s'est faite de la nature de l'âme suivant ses croyances. Avant de conclure, le plus sage est d'étudier tous les systèmes, toutes les théories, avec impartialité, et de voir celui qui résout le mieux et le plus logiquement le plus grand nombre de difficultés.

La diversité des aptitudes intellectuelles et morales innées, indépendantes de l'éducation et de toute acquisition dans la vie présente, est un fait notoire : c'est le connu. Partant de ce fait pour arriver à l'inconnu, nous dirons que si l'âme est créée à la naissance du corps, il demeure évident que Dieu crée des âmes de toutes qualités. Or, cette doctrine étant inconciliable avec le principe de souveraine justice, doit forcément être écartée. Mais si l'âme n'est pas créée à la naissance de l'individu, c'est qu'elle existait avant. C'est en effet dans la préexistence de l'âme qu'on trouve la seule solution possible et rationnelle de la question et de toutes les anomalies apparentes des facultés humaines. Les enfants qui ont instinctivement des aptitudes transcendantes pour un art ou une science, qui possèdent certaines connaissances sans les avoir apprises, comme les calculateurs naturels, comme ceux auxquels la musique semble familière en naissant ; ces linguistes nés, comme une dame dont nous aurons plus tard occasion de parler, qui, à neuf ans, donnait des leçons de grec et de latin à ses frères, et à douze ans lisait et traduisait l'hébreu, ont dû apprendre ces choses quelque part ; puisque ce n'est pas dans cette existence, ce doit être dans une autre.

Oui, l'homme a déjà vécu, non pas une fois, mais peut-être mille fois ; à chaque existence ses idées se sont développées ; il a acquis des connaissances dont il apporte l'intuition dans l'existence suivante et qui l'aident à en acquérir de nouvelles. Il en est de même du progrès moral. Les vices dont il s'est défait ne reparaissent plus ; ceux qu'il a conservés se reproduisent jusqu'à ce qu'il s'en soit définitivement corrigé.

En un mot, l'homme naît ce qu'il s'est fait lui-même. Ceux qui ont le plus vécu, le plus acquis et le mieux profité, sont plus avancés que les autres ; telle est la cause de la diversité des instincts et des aptitudes que l'on remarque parmi eux ; telle est aussi celle pour laquelle nous voyons sur la terre des sauvages, des barbares et des hommes civilisés. La pluralité des existences est la clef d'une foule de problèmes moraux, et c'est faute d'avoir connu ce principe que tant de questions sont restées insolubles. Qu'on l'admette seulement à titre de simple hypothèse, si l'on veut, et l'on verra toutes ces difficultés s'aplanir.

L'homme civilisé est arrivé à un point où il ne se contente plus de la foi aveugle ; il veut se rendre compte de tout, savoir le pourquoi et le comment de chaque chose ; il préférera donc une philosophie qui explique à celle qui n'explique pas. Au reste, l'idée de la pluralité des existences, comme toutes les grandes vérités, germe dans une foule de cerveaux, en dehors du Spiritisme, et comme elle satisfait la raison, le temps n'est pas loin où elle sera mise au rang des lois qui régissent l'humanité.

Que dirons-nous maintenant de l'enfant qui fait le sujet de cet article ? Ses instincts actuels s'expliquent par ses antécédents. Il est né incendiaire, comme d'autres sont nés poètes ou artistes, parce que, sans aucun doute, il a été incendiaire dans une autre existence, et qu'il en a conservé l'instinct.

Mais alors, dira-t-on, si chaque existence est un progrès, le progrès est nul pour lui dans celle-ci.

Ce n'est pas une raison. De ses instincts actuels, il ne faut pas conclure que le progrès soit nul. L'homme ne se dépouille pas subitement de toutes ses imperfections. Cet enfant en avait probablement d'autres qui le rendaient pire qu'il ne le serait aujourd'hui ; or, n'eût-il avancé que d'un pas, n'eût-il même que le repentir et le désir de s'améliorer, ce serait toujours un progrès. Si cet instinct se manifeste chez lui d'une manière si précoce, c'est pour appeler de bonne heure l'attention sur ses tendances, afin que ses parents et ceux qui seront chargés de son éducation s'attachent à les réprimer avant qu'elles ne se soient développées. Peut-être lui-même a-t-il demandé qu'il en fût ainsi, et de naître dans une famille honorable, par le désir de progresser.

C'est une grande tâche pour ses parents, car c'est une âme égarée qui leur est confiée pour la ramener dans le droit chemin, et leur responsabilité serait grande s'ils ne faisaient pas, dans ce but, tout ce qui est en leur pouvoir. Si leur enfant était malade, ils le soigneraient avec sollicitude ; ils doivent le regarder comme atteint d'une maladie morale grave qui requiert des soins non moins assidus.

D'après toutes ces considérations, nous croyons, sans vanité, que les Spirites sont les meilleurs spécialistes en pareille circonstance, précisément parce qu'ils s'attachent à l'étude des phénomènes moraux, et qu'ils les apprécient, non d'après des idées personnelles, mais d'après des lois naturelles.

Ce fait ayant été présenté à la Société de Paris comme sujet d'étude, la question suivante fut posée aux Esprits :

Quelle est l'origine de l'instinct incendiaire précoce chez cet enfant, et quels seraient les moyens de le combattre par l'éducation ?

Quatre réponses concordantes ont été faites ; nous ne citerons que les deux suivantes.


Société de Paris, 13 avril 1866. ‑ Médium, M. Br…

I

Vous demandez quelle a été l'existence de cet enfant qui montre un penchant si précoce pour la destruction, et particulièrement pour l'incendie. Hélas ! son passé est horrible et ses tendances actuelles vous disent assez ce qu'il a pu faire. Il est venu pour expier, et doit lutter contre ses instincts incendiaires. Il est une grande épreuve pour ses parents, qui sont constamment sous le coup de ses méfaits, et ne savent comment réprimer ce funeste penchant. La connaissance du spiritisme leur serait d'un puissant secours, et Dieu, dans sa miséricorde, leur accordera cette grâce, car c'est par cette connaissance seule que l'on peut espérer d'améliorer cet Esprit.

Cet enfant est une preuve évidente de l'antériorité de l'âme à l'incarnation présente. Vous le voyez : cet étrange état moral éveille l'attention et fait réfléchir. Dieu se sert de tous les moyens pour vous faire parvenir à la connaissance de la vérité touchant votre origine, votre progression et votre fin.

Un Esprit.


Médium, mademoiselle Lat…

II

Le Spiritisme a déjà joué un grand rôle dans votre monde, mais ce que vous avez vu n'est que le prélude de ce que vous êtes appelés à voir. Lorsque la science reste muette devant certains faits, et que la religion ne peut non plus les résoudre, le Spiritisme vient en donner la solution. Quand la science fait défaut à vos savants, ils laissent la cause de côté, faute de suffisantes explications. En maintes circonstances, les lumières du Spiritisme pourraient leur être d'un grand secours, notamment dans ce cas de monomanie incendiaire. Pour eux, c'est un genre de folie, car ils regardent toutes les monomanies comme des folies ; c'est là une grande erreur. Ici la médecine n'a rien à faire, c'est aux Spirites à agir.

Il n'est pas admissible pour vous que ce penchant à détruire par le feu ne date que de la présente existence ; il faut remonter plus haut, et voir dans les inclinations perverses de cet enfant un reflet de ses actes antérieurs.

Il est de plus poussé par ceux-là mêmes qui ont été ses victimes, car pour satisfaire son ambition, il n'a reculé ni devant l'incendie, ni devant le sacrifice de ceux qui pouvaient lui faire obstacle. En un mot, il est sous l'influence d'Esprits qui ne lui ont pas encore pardonné les tourments qu'il leur a fait subir. Ils attendent la vengeance.

Il a pour épreuve de sortir victorieux de la lutte ; mais Dieu, dans sa souveraine justice, a placé le remède à côté du mal ; en effet, ce remède est dans son jeune âge et dans la bonne influence du milieu où il est. Aujourd'hui l'enfant ne peut rien pour le moment : c'est aux parents de veiller ; plus tard il devra vaincre lui-même, et tant qu'il ne sera pas maître de la position, la lutte se perpétuera. Il faudrait qu'il fût élevé dans les principes du Spiritisme ; il y puiserait la force, et, comprenant son épreuve, il aurait plus de volonté pour en triompher.

Bons Esprits, chargés d'éclairer les incarnés, tournez vos regards vers ce pauvre petit être dont le châtiment est juste ; allez vers lui, aidez-le, dirigez ses pensées vers le Spiritisme, afin qu'il triomphe plus vite, et que la lutte se termine à son avantage.

Un Esprit.

Tentative d'assassinat sur l'empereur de Russie

Etude psychologique


L'Indépendance belge du 30 avril, sous le titre de : Nouvelles de Russie, correspondance de Saint-Pétersbourg, donne un récit détaillé des circonstances qui ont suivi l'attentat dont le czar a été l'objet. Il parle en outre de certains indices précurseurs du crime et contient à ce sujet le passage suivant :

« On raconte que le gouverneur de Saint-Pétersbourg, le prince Souwouroff, avait reçu une lettre anonyme signée N. N. N., dans laquelle on lui offrait, moyennant certaines indications, de dévoiler un mystère important, en lui demandant une réponse dans la Gazette de la police. Cette réponse a paru ; elle était conçue comme suit : « La chancellerie du général gouverneur invite N. N. N. à venir demain entre onze heures et deux heures pour donner certaines explications. » Mais l'anonyme n'a pas paru ; il envoya une seconde lettre annonçant qu'il était trop tard, qu'il n'était plus libre de venir.

« L'invitation fut réitérée deux jours après l'attentat, mais sans résultat.

Enfin, comme dernier indice, quelques personnes viennent de se rappeler que trois semaines avant l'attentat, le journal allemand Die Gartenlaube publiait un récit d'une séance spirite tenue à Heildelberg, et dans laquelle l'Esprit de Catherine II annonçait que l'empereur Alexandre était menacé d'un grand danger.

On s'explique difficilement, après tout cela, comment la police secrète russe n'a pu être instruite à temps du crime qui se préparait. Cette police, qui coûte fort cher, et qui inonde d'espions inutiles tous nos cercles et nos assemblées publiques, n'a pas su, non-seulement découvrir à temps le complot, mais même entourer le souverain de sa vigilance, ce qui est élémentaire et de toute nécessité, surtout avec un prince qui sort presque toujours seul, suivi de son grand chien ; qui fait des promenades pédestres à des heures matinales, sans être accompagné d'un aide de camp de service. Le jour même de l'attentat, j'ai rencontré l'empereur dans la rue Millonaïa, à neuf heures et demie du matin ; il était complètement seul, et saluait avec affabilité ceux qui le reconnaissaient. La rue était presque déserte, les sergents de ville fort rares. »

Ce qu'il y a surtout de remarquable dans cet article, c'est la mention, sans commentaire, de l'avertissement donné par l'Esprit de Catherine II dans une séance spirite. Aurait-on mis ce fait au nombre des indices précurseurs, si l'on eût considéré les communications spirites comme des jongleries ou des illusions ? Dans une question aussi grave, on se serait gardé de faire intervenir une croyance considérée comme ridicule. C'est une preuve nouvelle de la réaction qui s'opère dans l'opinion à l'endroit du Spiritisme.

Nous avons à examiner le fait de l'attentat à un autre point de vue. On sait que l'empereur a dû son salut à un jeune paysan nommé Joseph Kommissaroff, qui, se trouvant sur son passage, a désarmé le bras de l'assassin. On sait aussi les faveurs de toute nature dont ce dernier a été comblé ; il a été anobli, et les dons qu'il a reçus lui assurent une fortune considérable.

Ce jeune homme se rendait à une chapelle située de l'autre côté de la Newa, à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance ; à ce moment la débâcle des glaces avait lieu, et la circulation étant interrompue, il dut renoncer à son projet. Par suite de cette circonstance, il resta sur l'autre rive du fleuve, et se trouva sur le passage de l'empereur, qui sortait du jardin d'été. S'étant mêlé à la foule il aperçut un individu qui cherchait à s'approcher, et dont les allures lui parurent suspectes ; il le suivit, et l'ayant vu sortir de sa poche un pistolet qu'il dirigea vers l'empereur, il eut la présence d'esprit de lui frapper sous le bras, ce qui fit partir le coup en l'air.

Quel heureux hasard, diront certaines gens, que juste à point nommé la débâcle ait empêché Kommissaroff de traverser la Newa ! Pour nous, qui ne croyons pas au hasard, mais que tout est soumis à une direction intelligente, nous dirons qu'il était dans les épreuves du czar de courir ce danger (V. Évangile selon le spiritisme, chap. xxv, Prière dans un danger imminent), mais que son heure n'étant pas venue, Kommissaroff avait été choisi pour empêcher le crime de s'accomplir, et que les choses, qui semblent un effet du hasard, étaient combinées pour amener le résultat voulu.

Les hommes sont les instruments inconscients des desseins de la Providence ; c'est par eux qu'elle les accomplit, sans qu'il soit besoin d'avoir recours à des prodiges ; il suffit de la main invisible qui les dirige, et rien ne sort de l'ordre des choses naturelles.

S'il en est ainsi, dira-t-on, l'homme n'est qu'une machine, et ses actions sont fatales. ‑ Nullement, car s'il est sollicité de faire une chose, il n'y est pas contraint ; il n'en conserve pas moins son libre arbitre en vertu duquel il peut la faire ou ne la pas faire, et la main qui le conduit reste invisible, précisément pour lui laisser plus de liberté. Ainsi Kommissaroff pouvait très bien ne pas céder à l'impulsion occulte qui le dirigeait sur le passage de l'empereur ; il pouvait rester indifférent, comme tant d'autres, à la vue de l'homme aux allures suspectes ; enfin, il aurait pu regarder d'un autre côté au moment où ce dernier sortait le pistolet de sa poche. ‑ Mais alors, s'il avait résisté à cette impulsion, l'empereur aurait donc été tué ? ‑ Pas davantage ; les desseins de la Providence ne sont pas à la merci du caprice d'un homme. La vie de l'empereur devait être préservée ; à défaut de Kommissaroff, c'eût été par un autre moyen ; une mouche pouvait piquer la main de l'assassin et lui faire faire un mouvement involontaire ; un courant fluidique dirigé sur lui aurait pu lui donner un éblouissement ; seulement, si Kommissaroff n'eût pas écouté la voix intime qui le guidait à son insu, il aurait perdu le bénéfice de l'action qu'il était chargé d'accomplir : voilà tout ce qui en serait résulté. Mais si l'heure fatale avait sonné pour le czar, rien n'aurait pu le préserver ; or, les dangers imminents que nous courons ont précisément pour but de nous montrer que notre vie tient à un fil qui peut se rompre au moment où nous y pensons le moins, et, par là, de nous avertir d'être toujours prêts à partir.

Mais pourquoi ce jeune paysan plutôt qu'un autre ? Pour quiconque ne voit pas dans les évènements un simple jeu du hasard, toute chose a sa raison d'être. Il devait donc y avoir un motif dans le choix de ce jeune homme, et lors même que ce motif ne nous serait pas connu, la Providence nous donne assez de preuves de sa sagesse, pour ne pas douter que ce choix avait son utilité.

Cette question ayant été posée, comme sujet d'étude, dans une réunion spirite tenue chez une famille russe habitant Paris, un Esprit donna l'explication suivante :


Paris, 1er mai 1866. ‑ Médium, M. Desliens.

Même dans l'existence de l'être le plus infime, rien n'est laissé au hasard. Les principaux événements de sa vie sont déterminés par son épreuve : les détails sont influencés par son libre arbitre ; mais l'ensemble des situations a été prévu et combiné à l'avance par lui-même et par ceux que Dieu a préposés à sa garde.

Dans le cas qui nous occupe ici, les choses se sont passées selon le cours ordinaire. Ce jeune homme étant déjà avancé et intelligent, a choisi, comme épreuve, de naître dans une condition misérable après avoir occupé une haute position sociale ; son intelligence et sa moralité étant déjà très développées, il a demandé une condition humble et obscure pour éteindre les dernières semences d'orgueil que l'esprit de caste avait laissées en lui. Il a librement choisi, mais Dieu et les bons Esprits se sont réservé de le récompenser à la première manifestation de dévouement désintéressé, et vous voyez en quoi consiste sa récompense.

Il lui reste maintenant, au milieu des honneurs et de la fortune, à conserver intact le sentiment d'humilité qui a été la base de sa nouvelle incarnation ; aussi est-ce encore une épreuve et une double épreuve, en sa qualité d'homme, et en sa qualité de père. Comme homme, il doit résister à l'enivrement d'une haute et subite fortune ; comme père, il doit préserver ses enfants de la morgue des parvenus. Il peut leur créer une position admirable ; il peut profiter de sa position intermédiaire pour en faire des hommes utiles à leur pays. Plébéiens de naissance, nobles par le mérite de leur père, ils pourront, comme beaucoup de ceux qui s'incarnent présentement en Russie, travailler puissamment à la fusion de tous les éléments hétérogènes, à la disparition de l'élément serf, qui de longtemps cependant ne pourra être détruit d'une manière radicale.

Dans cette élévation, il y a une récompense, sans doute, mais il y a plus encore une épreuve. Je sais qu'en Russie le mérite récompensé trouve merci devant les grands, mais là, comme ailleurs, le parvenu orgueilleux et bouffi de sa valeur est en butte aux railleries ; il devient le jouet d'une société qu'il s'efforce en vain d'imiter. L'or et les grandeurs ne lui ont pas donné l'élégance et l'esprit du monde. Méprisé et envié de ceux parmi lesquels il est né, il est souvent isolé et malheureux au milieu de son faste.

Comme vous le voyez, tout n'est pas agréable dans ces élévations subites, et surtout quand elles atteignent de telles proportions. Pour ce jeune homme, nous espérons, en raison de ses excellentes qualités, qu'il saura jouir en paix des avantages que lui a procurés son action, et éviter les pierres d'achoppement qui pourraient retarder sa marche sur la route de la progression.

Moki.

Remarque. A défaut de preuves matérielles sur l'exactitude de cette explication, on ne peut disconvenir qu'elle soit éminemment rationnelle et instructive ; et comme l'Esprit qui l'a donnée s'est toujours distingué par la gravité et la haute portée de ses communications, nous regardons celle-ci comme ayant tous les caractères de la probabilité.

La nouvelle position de Kommissaroff est en effet très glissante pour lui, et son avenir dépend de la manière dont il subira cette épreuve, plus dangereuse cent fois que les malheurs matériels auxquels on se résigne par force, tandis qu'il est bien plus difficile de résister aux tentations de l'orgueil et de l'opulence. Quelle force ne puiserait-il pas dans la connaissance du Spiritisme et de toutes les vérités qu'il enseigne !

Mais, comme on a pu le remarquer, les vues de la Providence ne s'arrêtent pas à ce jeune homme ; tout en subissant son épreuve, et par le fait de son épreuve même, il peut, par l'enchaînement des circonstances, devenir un élément de progrès pour son pays, en aidant à la destruction des préjugés de caste. Ainsi tout se lie dans le monde par le concours des puissances intelligentes qui le dirigent ; rien n'est inutile, et les plus petites choses en apparence peuvent conduire aux plus grands résultats, et cela sans déroger aux lois de la nature. Si nous pouvions voir ce mécanisme que nous dérobent notre nature matérielle et notre infériorité, de quelle admiration ne serions-nous pas transportés ! mais si nous ne pouvons le voir, le spiritisme, en nous révélant ces lois, nous le fait comprendre par la pensée, et c'est par là qu'il nous élève, augmente notre foi et notre confiance en Dieu, et qu'il combat victorieusement l'incrédulité.


Un rêve instructif

Pendant la dernière maladie que nous avons faite dans le courant d'avril 1866, nous étions sous l'empire d'une somnolence et d'une absorption presque continuelles ; dans ces moments-là nous rêvions constamment de choses insignifiantes, et auxquelles nous ne prêtions aucune attention ; mais dans la nuit du 24 avril, la vision offrit un caractère si particulier que nous en fûmes vivement frappé.

Dans un lieu qui ne rappelait rien à notre souvenir et qui ressemblait à une rue, se trouvait une réunion d'individus qui causaient ensemble ; dans le nombre, quelques-uns seulement nous étaient connus en rêve, mais sans que nous pussions les désigner nominativement. Nous considérions cette foule et nous cherchions à saisir l'objet de la conversation, lorsque tout à coup parut dans l'angle d'une muraille une inscription en petits caractères, brillants comme du feu, et que nous nous efforcions de déchiffrer ; elle était ainsi conçue : « Nous avons découvert que le caoutchouc roulé sous la roue fait une lieue en dix minutes, pourvu que la route… » Pendant que nous cherchions la fin de la phrase, l'inscription s'effaça peu à peu, et nous nous réveillâmes. Dans la crainte d'oublier ces paroles singulières, nous nous hâtâmes de les transcrire.

Quel pouvait être le sens de cette vision, que rien absolument dans nos pensées ni dans nos préoccupations ne pouvait avoir provoquée ? Ne nous occupant ni d'inventions ni de recherches industrielles, ce ne pouvait être un reflet de nos idées. Puis, que pouvait signifier ce caoutchouc qui, roulé sous une roue, fait une lieue en dix minutes ? Etait-ce la révélation de quelque nouvelle propriété de cette substance ? Serait-elle appelée à jouer un rôle dans la locomotion ? Voulait-on nous mettre sur la voie d'une découverte ? Mais alors pourquoi s'adresser à nous plutôt qu'à des hommes spéciaux, ayant les loisirs de faire les études et les expériences nécessaires ? Cependant ce rêve était trop caractéristique, trop spécial, pour être rangé parmi les rêves de fantaisie ; il devait avoir un but ; quel était-il ? C'est ce que nous cherchions inutilement.

Dans la journée, avant eu occasion de consulter le docteur Demeure sur notre santé, nous en profitâmes pour le prier de nous dire si ce rêve présentait quelque chose de sérieux. Voici ce qu'il répondit :

« Les rêves nombreux qui vous ont assiégé en ces derniers jours sont le résultat de la souffrance même que vous éprouvez. Toutes les fois qu'il y a affaiblissement du corps, il y a tendance au dégagement de l'Esprit ; mais lorsque le corps souffre, le dégagement ne s'opère pas d'une manière régulière et normale ; l'Esprit est incessamment rappelé à son poste ; de là une sorte de lutte, de conflit, entre les besoins matériels et les tendances spirituelles ; de là aussi des interruptions et des mélanges qui confondent les images et en font des ensembles bizarres et dépourvus de sens. Le caractère des rêves se lie, plus qu'on ne le croit, à la nature de la maladie ; c'est une étude à faire, et les médecins y trouveront souvent des diagnostics précieux, lorsqu'ils reconnaîtront l'action indépendante de l'Esprit et le rôle important qu'il joue dans l'économie. Si l'état du corps réagit sur l'Esprit, de son côté l'état de l'Esprit influe puissamment sur la santé, et, dans certains cas, il est aussi utile d'agir sur l'Esprit que sur le corps ; or, la nature des rêves peut souvent être un indice de l'état de l'Esprit. C'est, je le répète, une étude à faire, négligée jusqu'à ce jour par la science, qui ne voit partout que l'action de la matière et ne tient aucun compte de l'élément spirituel.

Le rêve que vous me signalez, celui dont vous avez gardé un souvenir si net, me semble appartenir à une autre catégorie ; il contient un fait remarquable et digne d'attention ; il a certainement été motivé, mais je ne saurais vous en donner présentement une explication satisfaisante ; je ne pourrais vous donner que mon opinion personnelle, dont je ne suis pas assez sûr. Je prendrai mes informations à bonne source, et demain je vous ferai part de ce que j'aurai appris. »

Le lendemain il nous donna l'explication suivante :

« Ce que vous avez vu dans le rêve que je me suis chargé de vous expliquer n'est point une de ces images fantastiques provoquées par la maladie ; c'est bien réellement une manifestation, non d'Esprits désincarnés, mais d'Esprits incarnés. Vous savez que, dans le sommeil, on peut se trouver avec des personnes connues ou inconnues, mortes ou vivantes ; c'est ce dernier cas qui a eu lieu en cette circonstance. Ceux que vous avez vus sont des incarnés qui s'occupent séparément, et sans se connaître pour la plupart, d'inventions tendant à perfectionner les moyens de locomotion, en annihilant, autant que possible, l'excès de dépense causée par l'usure des matériaux aujourd'hui en usage. Les uns ont pensé au caoutchouc, d'autres à d'autres matières ; mais ce qu'il y a de particulier, c'est qu'on a voulu appeler votre attention, comme sujet d'étude psychologique, sur la réunion, dans un même lieu, des Esprits de différents hommes poursuivant le même but. La découverte n'a pas de rapport avec le Spiritisme ; c'est seulement le conciliabule des inventeurs qu'on a voulu vous faire voir, et l'inscription n'avait d'antre but que de spécifier à vos yeux l'objet principal de leur préoccupation, car il en est qui cherchent d'autres applications du caoutchouc. Soyez persuadé qu'il en est souvent ainsi, et que lorsque plusieurs hommes découvrent en même temps, soit une nouvelle loi, soit un nouveau corps, sur différents ponts du globe, leur Esprit a étudié ensemble la question pendant le sommeil, et au réveil chacun travaille de son côté, en mettant à profit le fruit de ses observations.

Remarquez bien que ce sont là les idées d'incarnés, et qui ne préjugent rien sur le mérite de la découverte ; il se peut que de tous ces cerveaux en ébullition il sorte quelque chose d'utile, comme il est possible qu'il n'en sorte que des chimères. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il serait inutile d'interroger les Esprits à cet égard ; leur mission, comme vous l'avez dit dans vos ouvrages, n'est pas d'épargner à l'homme le travail des recherches en lui apportant des inventions toutes faites qui seraient autant de primes d'encouragement pour la paresse et l'ignorance. Dans ce grand tournoi de l'intelligence humaine chacun y est pour son propre compte, et la victoire est au plus habile, au plus persévérant, au plus courageux.

Demande. Que faut-il penser des découvertes attribuées au hasard ? N'y en a-t-il pas qui ne sont le fruit d'aucune recherche ?

Réponse. Le hasard, vous le savez bien, n'existe pas ; les choses qui vous semblent le plus fortuites ont leur raison d'être, car il faut compter avec les innombrables intelligences occultes qui président à toutes les parties de l'ensemble. Si le temps d'une découverte est venu, les éléments en sont mis au jour par ces mêmes intelligences ; vingt hommes, cent hommes passeront à côté sans la remarquer : un seul y portera son attention ; le fait insignifiant pour la foule est pour lui un trait de lumière ; ce n'était pas tout de le trouver, l'essentiel était de savoir le mettre en œuvre. Ce n'est pas le hasard qui le lui a mis sous les yeux, mais les bons Esprits qui lui ont dit : Regarde, observe et profite si tu le veux. Puis lui-même, dans les moments de liberté de son Esprit, pendant le sommeil de son corps, a pu être mis sur la voie, et à son réveil, instinctivement, il se dirige sur le lieu où il doit trouver la chose qu'il est appelé à faire fructifier par son intelligence.

Non, il n'y a point de hasard : tout est intelligent dans la nature. »

Vue rétrospective des diverses incarnations d'un Esprit

Sommeil des Esprits par le Docteur Cailleux
Société spirite de Paris, 11 mai 1866. - Médium, M. Morin.

Votre bon accueil et les bonnes prières que vous avez dites à mon intention me font un devoir de vous en remercier vivement et de vous assurer de mon éternel dévouement. Depuis mon entrée dans la vraie vie, j'ai été bien vite familiarisé avec toutes les nouvelles, mais bien douces exigences de ma situation actuelle. De tous côtés, aujourd'hui, on m'appelle, non plus comme autrefois, pour donner mes soins aux corps malades, mais pour apporter du soulagement aux maladies de l'âme. La tâche est douce à remplir, et avec tout autant de rapidité qu'autrefois je mettais à me transporter au chevet des malades, je me rends aujourd'hui à l'appel des âmes souffrantes ; je puis même, et cela n'a rien d'étonnant pour moi, me transporter presque instantanément d'un point à un autre, avec la même facilité qu'a ma pensée de passer d'un sujet à un autre. Ce qui m'étonne seulement, c'est que je puisse le faire, moi !…

J'ai, mes bons amis, à vous entretenir d'un fait spirituel qui m'arrive et que je viens soumettre à votre jugement pour que vous m'aidiez à reconnaître mon erreur, si je m'étais trompé dans mes appréciations à son sujet. Médecin, vous le savez, dans ma dernière incarnation, je m'étais adonné avec ardeur aux études de ma profession. Tout ce qui s'y rapportait était pour moi un sujet d'observations. Je dois le dire, sans orgueil, j'avais acquis quelques connaissances, peut-être en raison de ce que je ne suivais pas toujours à la lettre la route tracée par la routine. Je cherchais souvent dans le moral ce qui pouvait apporter une perturbation dans le physique ; c'est peut-être pour cela que je connaissais un peu mieux mon métier que certains de mes collègues. Enfin voici : Il y a quelques jours, je sentis une espèce de lourdeur s'emparer de mon Esprit, et tout en conservant la conscience de mon moi je me sentis transporté dans l'espace ; arrivé à un endroit qui n'a pas de nom pour vous, je me trouvai dans une réunion d'Esprits qui, de leur vivant, avaient acquis quelque célébrité par les découvertes qu'ils avaient faites.

Là, je ne fus pas peut surpris de reconnaître dans ces anciens de tous les âges, dans ces noms de toutes les époques, une ressemblance périspritale avec moi. Je me demandai ce que tout cela voulait dire ; je leur adressai les questions que me suggérait ma position, mais mon étonnement fut plus grand encore, en m'entendant me répondre moi-même. Je me tournai alors vers eux et je me trouvai seul.

Voici mes déductions…

Dr Cailleux.



Nota. ‑ L'Esprit, s'étant arrêté là, continua dans la séance suivante.

La question des fluides qui fait le fond de vos études a joué un bien grand rôle dans le fait que je vous signalais à la dernière séance. Je puis aujourd'hui vous expliquer mieux ce qui s'est passé, et, au lieu de vous dire quelles étaient mes conjectures, je puis vous dire ce que m'ont révélé les bons amis qui me guident dans le monde des Esprits.

Lorsque mon Esprit a subi une espèce d'engourdissement, j'étais pour ainsi dire magnétisé par le fluide de mes amis spirituels ; par une permission de Dieu, il devait en résulter une satisfaction morale qui, disent-ils, est ma récompense, et de plus un encouragement à marcher dans une voie que suit mon Esprit depuis déjà bon nombre d'existences.

J'étais donc endormi d'un sommeil magnético-spirituel ; j'ai vu le passé se former en un présent fictif ; j'ai reconnu des individualités disparues par la suite des temps, ou plutôt qui n'avaient été qu'un seul individu. J'ai vu un être commencer un ouvrage médical ; un autre, plus tard, continuer l'ouvrage laissé ébauché par le premier, et ainsi de suite. J'en suis arrivé à voir en moins de temps que je n'en mets à vous le dire, d'âge en âge, se former, grandir et devenir science, ce qui, dans le principe, n'était que les premiers essais d'un cerveau occupé d'études pour le soulagement de l'humanité souffrante. J'ai vu tout cela, et lorsque arrivé au dernier de ces êtres qui, successivement, avaient apporté un complément à l'ouvrage, alors je me suis reconnu. Là, tout s'évanouit, et je redevins l'Esprit encore en retard de votre pauvre docteur. Or, l'explication, la voici. Je ne vous la donne pas pour en tirer vanité, loin de là, mais bien plutôt pour vous fournir un sujet d'étude, en vous parlant du sommeil spirituel, qui, étant élucidé par vos guides, ne peut que m'être utile, puisque j'assiste à tous vos travaux.

J'ai vu, dans ce sommeil, les différents corps que mon Esprit a animés depuis un certain nombre d'incarnations, et tous ont travaillé la science médicale sans jamais s'écarter des principes que le premier avait élaborés. Cette dernière incarnation n'était pas pour augmenter le savoir, mais simplement pour pratiquer ce qu'enseignait ma théorie.

Avec tout cela je reste toujours votre débiteur ; mais si vous le permettez, je viendrai vous demander des leçons, et quelquefois vous donner mon opinion personnelle sur certaines questions.

Dr Cailleux.

Étude


Il y a ici un double enseignement : c'est d'abord le fait de la magnétisation d'un Esprit par d'autres Esprits, et du sommeil qui en est la suite ; et, en second lieu, de la vue rétrospective des différents corps qu'il a animés.

Il y a donc, pour les Esprits, une sorte de sommeil, ce qui est un point de contact de plus entre l'état corporel et l'état spirituel. Il s'agit ici, il est vrai, d'un sommeil magnétique, mais existerait-il pour eux un sommeil naturel semblable au nôtre ? Cela n'aurait rien de surprenant, quand on voit des Esprits encore tellement identifiés avec l'état corporel, qu'ils prennent leur corps fluidique pour un corps matériel, qu'ils croient travailler comme ils le faisaient sur la terre, et qu'ils en éprouvent de la fatigue. S'ils ressentent de la fatigue, ils doivent éprouver le besoin de repos, et peuvent croire se coucher et dormir, comme ils croient travailler, et aller en chemin de fer. Nous disons qu'ils le croient, pour parler à notre point de vue ; car, tout est relatif, et par rapport à leur nature fluidique, la chose est tout aussi réelle que les choses matérielles le sont pour nous.

Ce ne sont que des Esprits d'un ordre inférieur qui ont de semblables illusions ; moins ils sont avancés, plus leur état se rapproche de l'état corporel. Or, ce ne peut être le cas du docteur Cailleux, Esprit avancé qui se rend parfaitement compte de sa situation. Mais il n'en est pas moins vrai qu'il a eu la conscience d'un engourdissement analogue au sommeil pendant lequel il a vu ses diverses individualités.

Un membre de la société explique ce phénomène de cette manière : Dans le sommeil humain, le corps seul repose, mais l'Esprit ne dort pas. Il doit en être de même à l'état spirituel ; le sommeil magnétique ou autre ne doit affecter que le corps spirituel ou périsprit, et l'Esprit doit se trouver dans un état relativement analogue à celui de l'Esprit incarné perdant le sommeil du corps, c'est-à-dire conserver la conscience de son être. Les différentes incarnations de M. Cailleux, que ses guides spirituels voulaient lui faire voir pour son instruction, ont pu se présenter à lui, comme souvenir, de la même manière que les images s'offrent dans les rêves.

Cette explication est parfaitement logique ; elle a été confirmée par les Esprits qui, en provoquant le récit du docteur Cailleux, ont voulu nous faire connaître une nouvelle phase de la vie d'outre-tombe.


Questions et problèmes

C'est dans l'air

Paris, 13 mai 1866. ‑ Médium, M. Tail…

Demande. Lorsque quelque chose est pressenti par les masses, on dit ordinairement que c'est dans l'air. Quelle est l'origine de cette expression ?

Réponse. Son origine est, comme celle d'une foule de choses dont on ne se rend pas compte et que le Spiritisme vient expliquer, dans le sentiment intime et intuitif de la réalité ; cette expression est plus vraie qu'on ne le pense.

Ce pressentiment général à l'approche de quelque grave événement a deux causes : la première vient des masses innombrables d'Esprits qui parcourent incessamment l'espace, et qui ont connaissance de choses qui se préparent ; par suite de leur dématérialisation, ils sont plus à même d'en suivre la filière et d'en prévoir l'issue. Ces Esprits, qui frôlent sans cesse l'humanité, lui communiquent leurs pensées par les courants fluidiques qui relient le monde corporel au monde spirituel. Quoique vous ne les voyiez pas, leurs pensées vous arrivent comme l'arôme des fleurs cachées sous le feuillage, et vous vous les assimilez à votre insu. L'air est littéralement sillonné de ces courants fluidiques qui sèment partout l'idée, de telle sorte que l'expression : c'est dans l'air, n'est pas seulement une figure, mais positivement vraie. Certains Esprits sont plus spécialement chargés, par la Providence, de transmettre aux hommes le pressentiment des choses inévitables, en vue de leur donner un secret avertissement, et ils s'acquittent de cette mission en se répandant parmi eux. Cc sont comme des voix intimes qui retentissent dans leur for intérieur.

La seconde cause de ce phénomène est dans le dégagement de l'Esprit incarné pondant le repos du corps. Dans ces moments de liberté, il se mêle aux Esprits similaires, ceux avec lesquels il a le plus d'affinité ; il se pénètre de leurs pensées, il voit ce qu'il ne peut voir avec les yeux du corps, en rapporte l'intuition au réveil, comme d'une idée qui lui est toute personnelle. Ceci explique comment la même idée surgit en même temps en cent endroits différents et dans des milliers de cerveaux.

Certains individus, comme vous le savez, sont plus aptes que d'autres à recevoir l'influx spirituel, soit par la communication directe des Esprits étrangers, soit par le dégagement plus facile de leur propre Esprit. Beaucoup jouissent à des degrés différents de la seconde vue ou vue spirituelle, faculté bien plus commune que vous ne le pensez et qui se révèle de mille manières ; d'autres conservent un souvenir plus ou moins net de ce qu'ils ont vu dans les moments d'émancipation de l'âme. Par suite de cette aptitude, ils ont des notions plus précises des choses ; ce n'est pas chez eux un simple pressentiment vague, mais l'intuition, et chez quelques-uns la connaissance de la chose même dont ils prévoient l'accomplissement et qu'ils annoncent. Si on leur demande comment ils le savent, la plupart ne sauront pas l'expliquer : les uns diront qu'une voix intérieure leur a parlé, d'autres qu'ils ont eu une vision révélatrice ; d'autres enfin qu'ils le sentent sans savoir comment. Dans les temps d'ignorance, et aux yeux des gens superstitieux, ils passent pour des devins et des sorciers, tandis que ce sont tout simplement des personnes douées d'une médiumnité spontanée et inconsciente, faculté inhérente à la nature humaine, et qui n'a rien de surnaturel, mais que ne peuvent comprendre ceux qui n'admettent rien en dehors de la matière.

Cette faculté a existé dans tous les temps, mais il est à remarquer qu'elle se développe et se multiplie sous l'empire des circonstances qui donnent un surcroît d'activité à l'esprit, dans les moments de crise, et aux approches des grands événements. Les révolutions, les guerres, les persécutions de partis et de sectes ont toujours fait naître un grand nombre de voyants et d'inspirés qu'on a qualifiés d'illuminés.

Dr Demeure.



Remarque. Les rapports du monde corporel et du monde spirituel n'ont rien qui étonne, si l'on considère que ces deux mondes sont formés des mêmes éléments, c'est-à-dire des mêmes individus qui passent alternativement de l'un dans l'autre. Tel qui est aujourd'hui parmi les incarnés de la terre sera demain parmi les désincarnés de l'espace, et réciproquement. Le monde des Esprits n'est donc point un monde à part, c'est l'humanité elle-même dépouillée de son enveloppe matérielle, et qui continue son existence sous une nouvelle forme et avec plus de liberté.

Les rapports de ces deux mondes, sans cesse en contact, font donc partie des lois naturelles ; l'ignorance de la loi qui les régit a été la pierre d'achoppement de toutes les philosophies ; c'est faute de la connaître que tant de problèmes sont demeurés insolubles. Le Spiritisme, qui est la science de ces rapports, nous donne la seule clef qui puisse les résoudre. Que de choses, grâce à lui, ne sont déjà plus des mystères !



Poésies Spirites

A ton livre

Société de Paris, 11 mai 1866. ‑ Médium, M. V…


Bientôt, enfant, tu vas quitter

Cet humble toit qui t'a vu naître,

Pour courir le monde, affronter

Ses dangers, et mourir peut-être

Sans avoir pu toucher au port.

Avant de fuir notre rivage,

Comme autrefois, écoute encor

La voix qui guida ton jeune âge.



Hélas ! mon fils, sur ton chemin,

Bien souvent la ronce orgueilleuse

Déchirera ta blanche main,

Et son épine vénéneuse

Fera boiter ton pied meurtri,

Plus d'une fois, dans la carrière.

N'importe ! Il faudra, loin d'ici,

Suivre l'étoile qui t'éclaire,

Et marcher toujours en avant ;

Ne point regretter ta patrie,

Ton hameau, ton foyer absent,

Et mourir sans pleurer ta vie,

Si tu devais la perdre un jour,

En prêchant à tous pour doctrine

La foi, la charité, l'amour,

Seuls devoirs de ta loi divine ;

En arrachant partout l'orgueil,

Le faux savoir et l'égoïsme

Qui s'étendent, comme un linceul,

Sur le berceau du Spiritisme ;

En répétant ce que la voix

De tous ces mondes invisibles

Semble te révéler parfois

Dans des murmures indicibles ;

En plaignant un siècle grossier,

Qui joindra l'insulte à l'injure

Quand il t'appellera sorcier,

Ou diseur de bonne aventure ;

En lui pardonnant son mépris ;

En essayant, par la prière,

De ranger ses nombreux amis

Sous ton humble et sainte bannière.



J'ai dit : Pars, mon enfant, adieu ;

Ta tâche est lourde et difficile,

Mais crois et espère en ton Dieu,

Il te la rendra plus facile.

Un Esprit Poète.



Dans la séance suivante, 18 mai, le même médium écrivit spontanément ce qui suit : Réponse à une critique de mes vers intitulés : A ton livre, faite un peu trop légèrement vendredi dernier par un inconnu que je ne vois pas ici ce soir.



Dans un mystérieux bocage,

Caché sous le naissant feuillage

De verts lilas, tous les ans

On entendait au printemps

Une gracieuse fauvette

Chanter sa fraîche chansonnette.

Les oiseaux du bois voisin

Accouraient chaque matin

Se placer près d'elle en silence,

Pour écouter mieux la cadence

Que sa voix pure égrenait,

Filait, perlait, modulait

Avec une grâce infinie.

La foule étonnée et ravie

Applaudissait la diva,

Quand, par hasard, arriva

Un jeune merle au noir plumage

Qui se mit à siffler de rage

La monotone chanson

Qu'on admirait sans raison.

La fauvette soudain s'arrête,

Sourit, et dit au trouble-fête :

Vous qui sifflez si bien, vous devez bien chanter.

Ne pourrait-on, beau merle, un jour vous écouter ?

Le merle, sans répondre, aussitôt prit la fuite.

Pourquoi ? Devinez-le… Bonsoir ; moi, je vous quitte.


Alfred de Musset.
La Chenille et le Papillon

Fable de l'Esprit frappeur de Carcassonne.


D'un bouquet de jasmin labourant les contours,

Tremblante, une chenille au déclin de ses jours

Se disait : « Je suis bien malade,

Je ne digère plus la feuille de salade ;

A peine si le chou tente mon appétit ;

Je me meurs petit à petit ;

C'est triste de mourir ! Mieux valait ne pas naître.

Sans murmurer il faut se soumettre ;

A d'autres après moi de tracer leur sillon.

‑ Mais tu ne mourras pas, lui dit un papillon ;

Si j'ai bon souvenir, sur la même charmille

Avec toi j'ai rampé, je suis de la famille ;

L'avenir te prépare un destin plus heureux ;

Peut-être un même amour nous unira tous deux.

Espère !… du sommeil le passage est rapide.

Tout comme je le fus, tu seras chrysalide ;

Comme moi tu pourras, brillante de couleurs,

Respirer le parfum des fleurs. »

La vieille répondit : « Imposture, imposture !

Rien ne saurait changer les lois de la nature ;

L'aubépine jamais ne deviendra jasmin.

A mes anneaux brisés, à mes ressorts si frêles

Quel habile ouvrier viendra fixer des ailes ?

Jeune fou, passe ton chemin.

‑ Chenille ! bien touché ; le possible a ses bornes,

Reprit un escargot, triomphant sous ses cornes. »

Un crapaud applaudit. De son dard, un frelon

Insulta le beau papillon.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Non, ce n'est pas toujours la vérité qui brille.

Ici-bas, que d'aveugles-nés

Niant l'âme des morts. Docteurs, vous raisonnez

A peu près comme la chenille.



Dissertations spirites

Occupations des Esprits

Société de Paris, 16 février 1866. ‑ Médium, M. Leymarie.


Vous avez été si bons à mon égard, messieurs, si obligeants pour un nouveau venu, que je viens encore vous demander quelques instants d'attention.

Depuis mon séjour dans le monde des Esprits, je suis à même de faire quelques remarques dont je fais mon profit, puisqu'elles me donnent la faculté toute-puissante de changer complètement mes idées acquises dans ma dernière incarnation. Je vais donc, si vous voulez bien le permettre, vous faire part de quelques-unes de ces réflexions suggérées par les fausses idées de certains détracteurs du Spiritisme.

Il n'est pas rare d'entendre dire à tous les détracteurs : Mais ceux qui ont fait la trouvaille spirite devraient bien nous renseigner sur le travail des Esprits, rentrés en possession de cette fameuse erraticité. Ont-ils un corps correspondant au nôtre ou un corps fluidique ? Ont-ils la science infuse ? Savent-ils plus que nous ? Alors, pourquoi tant de communications terre à terre, dans un français ordinaire à la portée de tout le monde ? Mais le premier venu peut en dire autant !…

Ils ajoutent encore : mais, ces farceurs d'Esprits, à quelle gymnastique se livrent-ils donc sur des balançoires éternelles ? De quoi vivent-ils ? De quoi s'amusent-ils ? Mais s'ils sont dans l'air ambiant, occupés à nous regarder faire, ils ne doivent pas trouver amusantes toutes nos vilaines actions, toutes nos ridicules pensées. Peut-être sont-ils dans la contemplation éternelle. Et s'ils voient Dieu, comment est faite la Divinité ? Quelle idée peuvent-ils nous donner de sa grandeur ? Hélas ! Dérision ! répètent-ils, et dire qu'il y a des gens soi-disant sensés, qui croient à toutes ces billevesées !

Ces idées-là, je les ai entendu répéter, et, riant comme d'autres, ou plaignant amèrement les adeptes d'une doctrine qui menait à la folie, selon nous, je me suis bien des fois demandé l'explication d'une telle aberration mentale au dix-neuvième siècle.

Un jour, je me suis trouvé libre comme tous mes frères terriens, et parvenu dans ce monde qui m'avait tant fait hausser les épaules, voici ce que j'ai vu :

Les Esprits, selon les facultés acquises sur terre, cherchent le milieu qui leur est propre, à moins que, ne pouvant être dégagés, ils soient dans la nuit, ne percevant et n'entendant rien, dans cette terrible attente qui est bien le véritable enfer de l'Esprit.

La faculté qu'a l'Esprit dégagé de se porter partout par un simple effet de sa volonté lui permet de trouver un milieu où ses facultés puissent se développer par les contrastes et la différence des idées. Lors de la séparation de l'Esprit et du corps, on est conduit par des âmes sympathiques auprès de ceux qui vous attendaient, prévoyant votre arrivée.

Naturellement, j'ai été accueilli par des amis aussi incrédules que moi ; mais comme dans ce monde tant conspué, toutes les vertus sont en évidence, tous les mérites se font jour, toutes les réflexions sont bien reçues, tous les contrastes deviennent la diffusion des lumières. Appelé, par la curiosité, à visiter des groupes nombreux qui préparent d'autres incarnations en étudiant tous les côtés que doit élucider l'Esprit appelé à revenir sur terre, je me suis fait une grande idée de la réincarnation.

Lorsqu'un Esprit se prépare à une nouvelle existence, il soumet ses idées aux décisions du groupe auquel il appartient. Celui-ci discute ; les Esprits qui le composent vont dans les groupes plus avancés ou bien sur terre ; ils cherchent chez vous les éléments d'application. L'Esprit conseillé, fortifié, éclairé sur tous les points pourra désormais, s'il le veut, suivre sa route sans broncher. Il aura dans son pèlerinage terrien une foule d'invisibles qui ne le perdront pas de vue ; ayant participé à ses travaux préparatoires, ils applaudissent à ses résultats, à ses efforts pour vaincre, à sa ferme volonté qui, maîtrisant la matière, lui a permis d'apporter aux autres incarnés un contingent d'acquits et d'amour, c'est-à-dire le bien, selon les grandes instructions, selon Dieu enfin, qui les dicte dans toutes les affirmations de la science, de la végétation, de tous les problèmes enfin, qui sont la lumière de l'Esprit quand il sait les résoudre dans un sens rationnel.

Appartenant au groupe de quelques savants qui s'occupent d'économie politique, j'ai appris à ne mépriser aucune des facultés dont j'ai tant ri jadis ; j'ai compris que l'homme, trop enclin à l'orgueil, se refuse à admettre, même sans étude, tout ce qui est nouveau et en dehors de son genre d'esprit. Je me suis dit aussi que beaucoup de mes anciens amis faisaient fausse route, prenant l'ombre pour la réalité. Néanmoins, j'ai suivi l'ensemble des travaux de l'humanité, où rien n'est inutile. J'ai même compris la grande loi d'égalité et d'équité que Dieu a versée dans tout l'élément humain, et je me suis dit que celui qui ne croit à rien, et qui malgré cela fait le bien et aime ses semblables, sans espoir de rémunération, est un noble Esprit, bien plus noble que beaucoup de ceux qui, prévoyant une autre vie et croyant à l'avancement de l'Esprit, espèrent une récompense. J'ai appris enfin à être tolérant, en voyant ces légions d'Esprits livrés à tant de travaux divers, fourmilière intelligente qui pressent Dieu et cherche à coordonner tous les éléments de l'avenir. Je me suis dit que l'homme, ce pygmée, est tellement orgueilleux qu'il s'aime et s'adore en méprisant les autres, au lieu de se livrer à ses grands instincts et surtout aux idées saines et consciencieuses qu'enseigne la vie future, développées par les idées spiritualistes et surtout par le spiritisme, cette loi magnifique qui fortifie chaque jour de plus en plus la solidarité du monde terrestre et de celui de l'erraticité ; c'est lui qui vous initie à nos pensées, à nos espérances, à tout ce que nous préparons pour votre avancement, pour la fin désirée de la génération qui doit bientôt émigrer dans les régions supérieures.

A une autre fois, merci.

Gui…


Remarque. Cet Esprit, dont nous avons donné une remarquable communication dans la Revue de décembre 1865, page 382, était, de son vivant, un économiste distingué, mais imbu des idées matérialistes, et l'un des railleurs du spiritisme. Cependant, comme c'était un homme avancé intellectuellement et moralement, et cherchant le progrès, il ne fut pas longtemps à reconnaître son erreur, et son plus grand désir eût été de ramener ses amis dans la voie de la vérité. C'est à leur intention qu'il a dicté plusieurs communications. Quelque profonde et logique que soit celle-ci, on voit que le monde des Esprits ne lui est pas encore parfaitement connu. Il est dans l'erreur quand il dit que la génération actuelle doit bientôt émigrer dans les régions supérieures. Sans doute, dans le grand mouvement régénérateur qui s'opère, une partie de cette génération quittera la terre pour des mondes plus avancés ; mais, comme la terre régénérée sera elle-même plus avancée qu'elle ne l'est, beaucoup trouveront une récompense en s'y réincarnant. Quant aux endurcis qui en sont la plaie, comme ils y seraient déplacés et seraient une entrave au progrès, en y perpétuant le mal, c'est dans des mondes plus arriérés qu'ils iront attendre que la lumière se fasse pour eux ; c'est ce qui résulte de la généralité des instructions données sur ce sujet par les Esprits.

Douai, 13 octobre 1865.


Dans un groupe modèle, comme tenue et mise en pratique des devoirs spirites, on remarquait avec surprise que certains Esprits d'élite habitués s'abstenaient depuis quelque temps d'y donner des instructions, ce qui motiva la question suivante :

Demande. D'où vient que les Esprits élevés qui nous assistent d'ordinaire se communiquent plus rarement à nous ?

Réponse. Chers amis, il y a deux causes à cet abandon dont vous vous plaignez. Mais d'abord, ce n'est point un abandon, ce n'est qu'un éloignement momentané et nécessaire. Vous êtes comme des écoliers qui, bien sermonnés et bien pourvus de répétitions préliminaires, sont obligés de faire leurs devoirs sans le concours des professeurs ; ils cherchent dans leur mémoire ; ils guettent un signe, ils épient un mot de secours : rien ne vient, rien ne doit venir.

Vous attendez nos encouragements, des conseils sur votre conduite, sur vos déterminations : rien ne vous satisfait, parce que rien ne doit vous satisfaire. Vous avez été pourvus d'enseignements sages, affectueux, d'encouragements fréquents, pleins d'aménité et de véritable sagesse ; vous avez eu quantité de preuves de notre présence, de l'efficacité de notre aide ; la foi vous a été donnée, communiquée ; vous l'avez saisie, raisonnée, adoptée ; en un mot, comme l'écolier, vous avez été pourvus pour le devoir : il faut le faire sans fautes, avec vos propres ressources, et non plus avec notre concours ; où serait votre mérite ? Nous ne pourrions que vous répéter sans cesse la même chose ; à vous maintenant d'appliquer ce que nous vous avons appris ; il faut voler de vos propres ailes et marcher sans lisières.

A chaque homme, Dieu, à un moment donné, fournit une arme et une force pour continuer à vaincre de nouveaux dangers. Le moment où une force nouvelle se révèle à lui est toujours pour l'homme une heure de joie, d'enthousiasme. La foi ardente accepte alors toute douleur sans l'analyser, car l'amour ne compte pas les peines ; mais après ces soudainetés qui sont la fête, il faut le travail, et le travail seul ; l'âme s'est calmée, le cœur se ralentit, et voilà que la lutte et l'épreuve arrivent ; voilà l'ennemi, il faut soutenir le choc ; c'est le moment décisif. Alors, que l'amour vous transporte et vous fasse dédaigner la terre ! Il faut que votre cœur reste victorieux des lâches instincts d'égoïsme et d'abattement : c'est l'épreuve.

Nous vous l'avons dit depuis longtemps, nous vous avons avertis que vous auriez besoin de vous resserrer, de vous unir, de vous fortifier pour la lutte. Le moment est venu, vous y êtes. Comment allez-vous la soutenir ? Nous ne pouvons plus rien faire, pas plus que le maître ne peut souffler à l'élève sa composition. Gagnera-t-il le prix ? Cela dépend du profit qu'il aura tiré des leçons qu'il a reçues. Ainsi en est-il de vous. Vous possédez un code d'instructions suffisant pour vous conduire jusqu'à un point déterminé. Relisez ces instructions, méditez-les et n'en demandez pas d'autres avant de les avoir sérieusement appliquées, ce dont nous seuls sommes juges, et quand vous serez arrivés au point où elles seront insuffisantes, eu égard à votre avancement moral, nous saurons bien vous en donner d'autres.

La seconde raison de cette sorte d'isolement dont vous vous plaignez est celle-ci : beaucoup de vos conseillers sympathiques ont, auprès d'autres hommes, des missions analogues à celles qu'ils ont voulu d'abord remplir près de vous, et ces multitudes d'évocations dont ils sont l'objet les détournent souvent d'être assidus à votre groupe. Votre amie, Madeleine, remplit au loin un mandat difficile, et ses sollicitudes, tout en étant près de vous, se portent aussi sur ceux qu'elle s'est dévouée à sauver. Mais tout votre monde vous reviendra ; vous retrouverez, dans un temps donné, vos amis réunis comme jadis, dans la même pensée de sympathique concours auprès de leurs protégés. Mettez ce temps à profit pour votre amélioration, afin que, lorsqu'ils reviendront, ils puissent vous dire : nous sommes contents de vous.

Pamphile, Esprit protecteur.


Remarque. Cette communication est une réponse à ceux qui se plaignent de l'uniformité de l'enseignement des Esprits. Si l'on réfléchit au nombre des vérités qu'ils nous ont apprises, on trouvera qu'elles offrent un assez vaste champ à la méditation, jusqu'à ce que nous nous les soyons assimilées, et que nous en ayons déduit toutes les applications. Que dirait-on d'un malade qui demanderait tous les jours un nouveau remède à son médecin, sans suivre ses prescriptions ? Si les Esprits ne nous apprennent pas tous les jours du nouveau, à l'aide de la clef qu'ils ont mise entre nos mains, et des lois qu'ils nous ont révélées, nous apprenons nous-mêmes chaque jour du nouveau, en expliquant ce qui, pour nous, était inexplicable.


Le Travail

Extrait du journal spirite italien : la Voce di Dio ; traduit de l'italien.


La mesure du travail imposé à chaque Esprit incarné ou désincarné est la certitude d'avoir accompli scrupuleusement la mission qui lui a été confiée. Or, chacun a une mission à remplir : celui-ci sur une grande échelle, celui-là sur une plus petite. Cependant, relativement, les obligations sont toutes égales et Dieu vous demandera compte de l'obole qu'il a remise entre vos mains. Si vous avez gagné un intérêt, si vous avez doublé la somme, vous avez certes accompli votre devoir, parce que vous avez obéi à l'ordre suprême. Si, au lieu d'avoir augmenté cette obole, vous l'avez perdue, il est certain que vous avez abusé de la confiance que votre Créateur avait mise en vous ; aussi, serez-vous traité comme un voleur, parce que vous avez pris et non restitué ; loin d'accroître, vous avez dissipé. Or, si, comme je viens de le dire, chaque créature est obligée de recevoir et de donner, combien plus, Spirites, êtes-vous tenus d'obéir à cette loi divine, combien devez-vous faire d'efforts pour remplir ce devoir devant le Seigneur, qui vous a choisis pour partager ses travaux, qui vous a invités à sa table. Songez, mes frères, que le don qui vous est fait est un des souverains biens de Dieu. N'en tirez pas vanité, mais faites tous vos efforts pour mériter cette haute faveur. Si les titres que vous pourriez recevoir d'un grand de la terre, si ses faveurs sont quelque chose de beau à vos yeux, combien plus vous devez vous estimer heureux des dons du maître des mondes ; dons incorruptibles et impérissables, qui vous élèvent au-dessus de vos frères, et seront pour vous la source de joies pures et saintes !

Mais voulez-vous en être les seuls possesseurs ? Voudriez-vous, comme des égoïstes, garder pour vous seuls tant de bonheur et de joie ? Oh ! non, vous avez été choisis comme dépositaires. Les richesses qui brillent à vos yeux ne sont point à vous, mais appartiennent à tous vos frères en général. Vous devez donc les accroître et les distribuer. Comme le bon jardinier qui conserve et multiplie ses fleurs, et vous présente au cœur de l'hiver les délices du printemps ; comme au triste mois de novembre, naissent les roses et les lis, ainsi vous êtes chargés de semer et de cultiver dans votre champ moral des fleurs de toutes les saisons, fleurs qui défieront le souffle de l'aquilon et le vent suffoquant du désert ; fleurs qui, une fois épanouies sur leurs tiges, ne passeront et ne se faneront jamais, mais brillantes et vivaces, seront l'emblème de la verdure et des couleurs éternelles. Le cœur humain est un sol fertile en affection et en doux sentiments, un champ plein de sublimes aspirations quand il est cultivé par les mains de la charité et de la religion.

Oh ! ne réservez pas pour vous seuls ces tiges sur lesquelles poussent toujours de si doux fruits ! Offrez-les à vos frères, invitez-les à venir goûter, sentir le parfum de vos fleurs, à apprendre à cultiver votre champ ; nous vous assisterons, nous trouverons de frais ruisseaux qui, coulant doucement, donneront de la force aux plantes exotiques qui sont les germes de la terre céleste ; venez, nous travaillons avec vous, nous partagerons votre fatigue, afin que vous aussi, vous puissiez amasser de ces biens et en faire part à d'autres frères dans le besoin. Dieu nous donne, et nous, reconnaissants de ses dons, nous les multiplions le plus possible. Dieu nous commande d'améliorer les autres et nous-mêmes, nous remplirons nos obligations et nous sanctifierons sa volonté sublime.

Spirites, c'est à vous que je m'adresse. Nous avons préparé votre champ ; maintenant agissez de manière que tous ceux qui en auront besoin, puissent en jouir largement. Rappelez-vous que toutes les haines, toutes les rancunes, toutes les inimitiés doivent disparaître devant vos devoirs : instruire les ignorants, assister les faibles, avoir compassion des affligés, soutenir les innocents, plaindre ceux qui sont dans l'erreur, pardonner aux ennemis. Toutes ces vertus doivent croître en abondance dans votre champ, et vous devez les implanter dans celui de vos frères. Vous recueillerez une ample moisson et vous serez bénis de notre Père qui est dans les cieux !

Mes chers enfants, j'ai voulu vous dire toutes ces choses afin de vous encourager à supporter avec patience tous ceux qui, ennemis de la nouvelle doctrine, cherchent à vous dénigrer et à vous affliger. Dieu est avec vous, n'en doutez pas. La parole de notre Père céleste est descendue sur votre globe, comme au jour de la création. Il vous envoie une nouvelle lumière, lumière pleine de splendeur et de vérité.

Approchez-vous, attachez-vous étroitement à lui, et suivez courageusement le chemin qui s'ouvre devant vous.

Saint Augustin.

Notices bibliographiques

Les Évangiles expliqués par M. Roustaing[1].


Cet ouvrage comprend l'explication et l'interprétation des Évangiles, article par article, à l'aide de communications dictées par les Esprits. C'est un travail considérable, et qui a, pour les Spirites, le mérite de n'être sur aucun point en contradiction avec la doctrine enseignée par le Livre des Esprits et celui des médiums. Les parties correspondantes à celles que nous avons traitées dans l'Evangile selon le Spiritisme le sont dans un sens analogue. Du reste, comme nous nous sommes bornés aux maximes morales qui, à peu d'exceptions près, sont généralement claires, elles ne sauraient être interprétées de diverses manières ; aussi n'ont-elles jamais fait le sujet des controverses religieuses. C'est pour cette raison que nous avons commencé par là, afin d'être accepté sans conteste, attendant pour le reste que l'opinion générale fût plus familiarisée avec l'idée spirite.

L'auteur de ce nouvel ouvrage a cru devoir suivre une autre marche ; au lieu de procéder par gradation, il a voulu atteindre le but tout d'un coup. Il a donc traité certaines questions que nous n'avons pas jugé opportun d'aborder encore, et dont, par conséquent, nous lui laissons la responsabilité, ainsi qu'aux Esprits qui les ont commentées. Conséquent avec notre principe, qui consiste à régler notre marche sur le développement de l'opinion, nous ne donnerons, jusqu'à nouvel ordre, à ses théories, ni approbation, ni désapprobation, laissant au temps le soin de les sanctionner ou de les contredire. Il convient donc de considérer ces explications comme des opinions personnelles aux Esprits qui les ont formulées, opinions qui peuvent être justes ou fausses, et qui, dans tous les cas, ont besoin de la sanction du contrôle universel, et jusqu'à plus ample confirmation ne sauraient être regardées comme parties intégrantes de la doctrine spirite.

Lorsque nous traiterons ces questions, nous le ferons carrément ; mais c'est qu'alors nous aurons recueilli des documents assez nombreux dans les enseignements donnés de tous côtés par les Esprits, pour pouvoir parler affirmativement et avoir la certitude d'être d'accord avec la majorité ; c'est ainsi que nous avons fait toutes les fois qu'il s'est agi de formuler un principe capital. Nous l'avons dit cent fois, pour nous l'opinion d'un Esprit, quel que soit le nom qu'il porte, n'a que la valeur d'une opinion individuelle ; notre critérium est dans la concordance universelle, corroborée par une rigoureuse logique, pour les choses que nous ne pouvons contrôler par nos propres yeux. A quoi nous servirait de donner prématurément une doctrine comme une vérité absolue, si, plus tard, elle devait être combattue par la généralité des Esprits ?

Nous avons dit que le livre de M. Roustaing ne s'écarte pas des principes du Livre des Esprits et de celui des médiums ; nos observations portent donc sur l'application de ces mêmes principes à l'interprétation de certains faits. C'est ainsi, par exemple, qu'il donne au Christ, au lieu d'un corps charnel, un corps fluidique concrétionné, ayant toutes les apparences de la matérialité, et en fait un agénère. Aux yeux des hommes qui n'auraient pu comprendre alors sa nature spirituelle, il a dû passer en apparence, ce mot est incessamment répété dans tout le cours de l'ouvrage, par toutes les vicissitudes de l'humanité. Ainsi s'expliquerait le mystère de sa naissance : Marie n'aurait eu que les apparences de la grossesse. Ce point, posé comme prémisse et pierre angulaire, est la base sur laquelle il s'appuie pour l'explication de tous les faits extraordinaires ou miraculeux de la vie de Jésus.

Il n'y a sans doute là rien de matériellement impossible pour quiconque connaît les propriétés de l'enveloppe périspritale ; sans nous prononcer pour ou contre cette théorie, nous dirons qu'elle est au moins hypothétique, et que si un jour elle était reconnue erronée, la base faisant défaut, l'édifice s'écroulerait. Nous attendrons donc les nombreux commentaires qu'elle ne manquera pas de provoquer de la part des Esprits, et qui contribueront à élucider la question. Sans la préjuger, nous dirons qu'il a déjà été fait des objections sérieuses à cette théorie, et que, selon nous, les faits peuvent parfaitement s'expliquer sans sortir des conditions de l'humanité corporelle.

Ces observations, subordonnées à la sanction de l'avenir, ne diminuent en rien l'importance de cet ouvrage qui, à côté de choses douteuses à notre point de vue, en renferme d'incontestablement bonnes et vraies, et sera consulté avec fruit par les Spirites sérieux.

Si le fond d'un livre est le principal, la forme n'est pas à dédaigner, et entre aussi pour quelque chose dans le succès. Nous trouvons que certaines parties sont développées trop longuement sans profit pour la clarté. A notre sens, si, en se bornant au strict nécessaire, on avait pu réduire l'ouvrage à deux, ou même à un seul volume, il aurait gagné en popularité.



[1] Les quatre Évangiles, suivis des commandements expliqués en esprit et en vérité par les évangélistes assistés des apôtres. Recueillis et mis en ordre par J. B. Roustaing, avocat à la cour impériale de Bordeaux, ancien bâtonnier. 3 vol. in-12. Prix : 10 fr. 50. Paris, Librairie centrale, 24, boulevard des Italiens. Bordeaux, tous les libraires.


La Voce di Dio

La Voix de Dieu, journal dicté par les Esprits, à la société de Scordia (Sicile) *

L'Italie compte une nouvelle publication spirite périodique. Celle-ci est exclusivement consacrée à l'enseignement des Esprits. Le premier numéro ne contient en effet que des productions médianimiques, y compris même la préface et le discours préliminaire. Voici la liste des sujets traités dans ce numéro :

Préface, conseils donnés à la Société pour la formation du journal. ‑ Discours préliminaire, signé saint Augustin. ‑ Allégorie sur le Spiritisme. ‑ Réverbération de l'âme. ‑ Prévisions. ‑ Résipiscence d'un Esprit souffrant, entretien. ‑ Le travail. ‑ La mort du Christ. ‑ La prière collective. Réponse à une question proposée.

Toutes ces communications portent un incontestable cachet de supériorité au point de vue de la morale et de l'élévation des pensées. On en peut juger par celle sur le Travail que nous publions ci-dessus.

Les Esprits auront donc leur journal, et certes les rédacteurs ne manqueront pas ; mais, de même que chez les incarnés, il y en a de tous les degrés de mérite ; nous comptons sur le jugement des éditeurs pour faire un choix rigoureux parmi ces productions d'outre-tombe, qui ne pourront que gagner en clarté et en intérêt, si, selon les circonstances, elles sont accompagnées de quelques commentaires.


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* Petit in-8°, une livraison par mois. Prix, pour l'Italie : 6 fr. par an ; 3 fr. pour six mois. Un numéro, 60 cent. Adresse : Al signor Dr Gioseppe Modica, in Scordia (Sicile).



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