Enseignements et dissertations spiritesMadame de Girardin.
(Société spirite de Paris. Méd. Mme Costel.)
Nota. Quelques observations critiques ayant été faites sur la communication
dictée, dans une précédente séance, par madame de Girardin, celle-ci y répond
spontanément. Elle fait allusion aux circonstances qui ont accompagné cette
communication.
Je viens remercier le membre qui a bien voulu présenter ma défense et ma
réhabilitation morale devant vous. En effet, de mon vivant, j'aimais et je respectais
les lois du bon goût qui sont celles de la délicatesse, je dirai plus, du cœur, pour le
sexe auquel j'appartenais ; et après ma mort, Dieu a permis que je fusse assez
élevée pour pratiquer facilement et simplement les devoirs de charité qui nous
lient tous, Esprits et hommes. Cette explication donnée, je n'insisterai pas sur la
communication signée de mon nom, la critique et le blâme ne conviennent ni à
mon médium ni à moi-même ; croyez donc que je viendrai lorsque je serai
évoquée, mais que jamais je ne m'interposerai dans des incidents futiles. Je vous ai
parlé des enfants. Laissez-moi reprendre ce sujet qui a été la plaie douloureuse de
ma vie. Une femme a besoin de la double couronne de l'amour et de la maternité
pour remplir le mandat d'abnégation que Dieu lui a confié en la jetant sur la terre.
Hélas ! je n'ai jamais connu ce doux et tendre souci qu'impriment dans l'âme ces
frêles dépôts. Que de fois j'ai suivi d'un œil noyé de larmes amères les enfants qui
venaient, en se jouant, frôler ma robe ; et je sentais l'angoisse et l'humiliation de
ma déchéance. Je frémissais, j'attendais, j'écoutais, et ma vie remplie des succès du
monde, fruits remplis de cendres, ne m'a laissé qu'un goût amer et décevant.
Delphine DE GIRARDIN.
Remarque. Il y a dans ce morceau une leçon qui ne doit pas passer inaperçue.
Madame de Girardin, faisant allusion à certains passages de sa communication
précédente qui avaient soulevé quelques objections, dit que, de son vivant, elle
aimait et respectait les lois du bon goût qui sont celles de la délicatesse, et qu'elle a
conservé ce sentiment après sa mort ; elle répudie, par conséquent, tout ce qui,
dans des communications portant son nom s'écarterait du bon goût. L'âme, après la
mort, reflète les qualités et les défauts qu'elle avait pendant sa vie corporelle, sauf
les progrès qu'elle peut avoir faits en bien, car elle peut s'être améliorée, mais elle
ne se montre jamais inférieure à ce qu'elle était. Dans l'appréciation des
communications d'un Esprit, il y a donc souvent des nuances d'une extrême
délicatesse à observer, pour distinguer ce qui est vraiment de lui, ou ce qui
pourrait être le fait d'une substitution. Les Esprits vraiment élevés ne se contredisent jamais, et l'on peut hardiment rejeter tout ce qui démentirait leur caractère.
Cette appréciation est souvent d'autant plus difficile qu'à une communication
parfaitement authentique peut se mêler un reflet, soit de l'Esprit propre du médium
qui ne rend pas exactement la pensée, soit d'un Esprit étranger qui s'interpose en
insinuant sa propre pensée dans celle du médium. On doit donc considérer comme
apocryphes les communications qui, de tous points, et par le fond même des idées,
démentiraient le caractère de l'Esprit dont elles portent le nom ; mais il serait
injuste d'en condamner l'ensemble sur quelques taches partielles qui peuvent avoir
la cause que nous venons de signaler.
La peinture et la musique.
(Société spirite de Paris. Méd. M. Alfred Didier.)
L'art a été défini cent mille fois : c'est le beau, le vrai, le bien. La musique, qui
est une des branches de l'art, est entièrement dans le domaine de la sensation.
Entendons-nous, et tâchons de n'être pas obscur. La sensation est produite chez
l'homme quand il comprend l'art de deux façons distinctes, mais qui se lient
étroitement ; la sensation de la pensée qui a pour conclusion la mélancolie ou la
philosophie, et puis la sensation qui appartient entièrement au cœur. La musique,
selon moi, est l'art qui va le plus droit au cœur. La sensation, vous me comprenez,
est toute dans le cœur ; la peinture, l'architecture, la sculpture, la peinture avant
tout, atteignent bien plus à la sensation cérébrale ; en un mot la musique va du
cœur à l'esprit, la peinture de la pensée au cœur. L'exaltation religieuse a créé
l'orgue ; quand la poésie, sur la terre, touche l'orgue, les anges du ciel lui
répondent ; ainsi la musique sérieuse, religieuse élève l'âme et les pensées ; la
musique légère fait vibrer les nerfs, rien de plus. Je voudrais bien faire quelques
personnalités, mais je n'en ai pas le droit : je ne suis plus sur la terre. Aimez le
Requiem de Mozart qui l'a tué. Je ne désire pas plus que les Esprits votre mort par
la musique, mais la mort vivante cependant, c'est là l'oubli de tout ce qui est
terrestre, par l'élévation morale.
LAMENNAIS.
Fête des bons Esprits
A l'arrivée d'un Frère parmi eux.
(Envoi de Mme Cazemajoux, médium de Bordeaux.)
Nous avons aussi nos fêtes, et cela nous arrive souvent, car les bons Esprits de
la terre, nos frères bien-aimés, en se dépouillant de leur enveloppe matérielle, nous
tendent les bras, et nous allons en troupe innombrable les recevoir à l'entrée du
séjour qu'ils vont désormais habiter avec nous ; et dans ces fêtes ne s'agitent pas,
comme dans les vôtres, les passions humaines qui, sous les visages gracieux, et les
fronts couronnés de fleurs, cachent l'envie, l'orgueil, la jalousie, la vanité, le désir
de plaire et de primer sur ses rivaux dans ces plaisirs factices qui n'en sont pas. Ici
règnent la joie, la paix, la concorde ; chacun est content du rang qui lui est assigné
et heureux du bonheur de ses frères. Eh bien ! mes amis, avec cet accord parfait qui règne entre nous, nos fêtes ont un charme indescriptible ; des
millions de musiciens chantent sur des lyres harmonieuses les merveilles de Dieu
et de la création, avec des accents plus ravissants que vos plus suaves mélodies ;
de longues processions aériennes d'Esprits voltigent comme des zéphyrs, en jetant
sur les nouveaux arrivés des nuages de fleurs dont vous ne pouvez comprendre le
parfum et les nuances variées ; puis le banquet fraternel où sont conviés ceux qui
ont terminé avec bonheur leur épreuve, et viennent recevoir la récompense de
leurs travaux. Oh ! mon ami, tu voudrais en savoir davantage, mais votre langue
est impuissante à décrire ces magnificences ; je vous en ai dit assez, à vous qui
êtes mes bien-aimés, pour vous donner le désir d'y aspirer, et alors, cher Emile,
libre de la mission que je remplis auprès de toi sur la terre, je la continuerai pour te
conduire à travers l'espace, et te faire jouir de toutes ces félicités.
FELICIA, Femme de l'évocateur Émile, et depuis un an son guide protecteur.
Venez à nous.
(Envoi de Mme Cazemajoux, médium de Bordeaux.)
Le Spiritisme est l'application de la morale évangélique prêchée par le Christ
dans toute sa pureté, et les hommes qui le condamnent sans le connaître sont peu
sages. En effet, pourquoi qualifier de superstition, de jongleries, de sortilèges, de
démonomanie des choses que le vulgaire bon sens ferait accepter s'il voulait les
étudier ? L'âme est immortelle : c'est l'Esprit. La matière inerte, c'est le corps
périssable se dépouillant de ses formes pour ne devenir, quand l'Esprit l'a quitté,
qu'un amas de pourriture sans nom. Et vous trouvez logique, vous qui ne croyez
pas au Spiritisme, que cette vie qui, pour la plupart d'entre vous, est une vie
d'amertume, de douleurs, de déceptions, un véritable purgatoire, n'ait d'autre but
que la tombe ! Détrompez-vous ; venez à nous, pauvres déshérités des biens, des
grandeurs et des jouissances terrestres, venez à nous et vous serez consolés en
voyant que vos douleurs, vos privations, vos souffrances, doivent vous ouvrir les
portes des mondes heureux, et que Dieu, juste et bon pour toutes ses créatures, ne
nous a éprouvés que pour notre bien, selon cette parole du Christ : Bienheureux
ceux qui pleurent parce qu'ils seront consolés. - Venez donc, incrédules et
matérialistes ; rangez-vous sous la bannière où sont écrites en lettres d'or ces
paroles : Amour et charité pour les hommes qui sont tous frères ; bonté, justice,
indulgence d'un père grand et généreux pour les Esprits qu'il a créés, et qu'il élève
vers lui par des voies sûres, quoiqu'elles vous soient inconnues ; la charité,
l'amélioration morale, le développement intellectuel, vous conduiront vers l'auteur
et le maître de toutes choses.
Nous ne vous instruisons que pour que vous travailliez à votre tour à
répandre cette instruction ; mais surtout faites-le sans aigreur ; soyez patients
et attendez. Jetez la semence ; la réflexion et l'aide de Dieu la feront
fructifier, d'abord pour un petit nombre qui fera comme vous, et peu à peu le nombre des ouvriers s'augmentant, vous fera espérer après les semailles une
bonne et abondante moisson.
FERDINAND,
Fils du médium.
Le progrès intellectuel et moral.
(Envoi de M. Sabo, de Bordeaux.)
Je viens vous dire que le progrès moral est le plus utile à acquérir, parce qu'il
nous corrige de nos mauvais penchants, et nous rend bons, charitables et dévoués
pour nos frères. Cependant, le progrès intellectuel est utile aussi pour notre
avancement, car il élève l'âme, nous fait juger plus sainement nos actions, et par là
facilite le progrès moral ; il nous initie aux enseignements que Dieu nous fait
donner depuis des siècles par tant d'hommes de mérites divers, qui sont venus sous
toutes les formes et dans toutes les langues pour nous faire connaître la vérité, et
qui n'étaient autres que des Esprits déjà avancés, envoyés par Dieu pour le
développement de l'entendement humain. Mais dans le temps où vous vivez la
lumière qui n'éclairait qu'un petit nombre va luire pour tous. Travaillez donc pour
comprendre la grandeur, la puissance, la majesté, la justice de Dieu ; pour
comprendre la sublime beauté, de ses œuvres ; pour comprendre les magnifiques
récompenses accordées aux bons, et les châtiments infligés aux méchants ; pour
comprendre enfin que le seul but auquel vous devez aspirer, c'est de vous
rapprocher de lui.
GEORGES,
Évêque de Périgueux et de Sarlat, qui est heureux d'être un des guides du médium.
L'Inondation.
(Envoi de M. Casimir H., d'Inspruck ; traduit de l'allemand.)
Dans une contrée jadis stérile, surgit un jour une source ; ce n'était d'abord qu'un
mince filet d'eau qui s'écoula dans la plaine, et l'on n'y donna que peu d'attention.
Peu à peu ce faible ruisseau grossit et devint rivière ; en s'élargissant, il empiéta
sur les terres voisines, mais celles qui restèrent à découvert furent fertilisées et
rapportèrent le centuple. Cependant un propriétaire riverain, mécontent de voir son
terrain reculé, entreprit d'en arrêter le cours pour reprendre la portion couverte par
les eaux, croyant ainsi accroître sa richesse ; or il arriva que la rivière refoulée
submergea tout, terrain et propriétaire.
Telle est l'image du progrès ; comme un fleuve impétueux il rompt les digues
qu'on lui oppose et entraîne avec lui les imprudents qui, au lieu d'en suivre le
cours, cherchent à l'entraver. Il en sera de même du Spiritisme ; Dieu l'envoie pour
fertiliser le terrain moral de l'humanité, bienheureux ceux qui sauront en profiter,
malheur à ceux qui tenteraient de s'opposer aux desseins de Dieu ! Ne le voyezvous
pas qui s'avance à pas de géant des quatre points cardinaux ? Déjà partout sa
voix se fait entendre, et bientôt elle couvrira tellement celle de ses ennemis, que
ceux-ci seront forcés au silence et contraints de se courber devant l'évidence.
Hommes ! ceux qui essaient d'enrayer la marche irrésistible du progrès vous
préparent de rudes épreuves ; Dieu permet qu'il en soit ainsi pour le châtiment des
uns et pour la glorification des autres ; mais il vous donne dans le Spiritisme le
pilote qui doit vous conduire au port, en portant dans ses mains le drapeau de
l'espérance.
WILHELM, Aïeul du médium.