L’ÉVANGILE SELON LE SPIRITISME

Allan Kardec

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On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu

10. Le serviteur qui aura su la volonté de son maître, et qui néanmoins ne se sera pas tenu prêt et n'aura pas fait ce qu'il désirait de lui, sera battu rudement ; - mais celui qui n'aura pas su sa volonté, et qui aura fait des choses dignes de châtiment, sera moins battu. On demandera beaucoup à celui à qui on aura beaucoup donné, et on fera rendre un plus grand compte à celui à qui on aura confié plus de choses. (Saint Luc, ch. XII, v. 47, 48.)

11. Je suis venu dans ce monde pour exercer un jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. - Quelques pharisiens qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : Sommes-nous donc aussi aveugles ? - Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché ; mais maintenant vous dites que vous voyez, et c'est pour cela que votre péché demeure en vous. (Saint Jean, ch. IX, v. 39, 40, 41.)

12. Ces maximes trouvent surtout leur application dans l'enseignement des Esprits. Quiconque connaît les préceptes du Christ est coupable assurément de ne pas les pratiquer ; mais outre que l'Evangile qui les contient n'est répandu que dans les sectes chrétiennes, parmi celles-ci, combien est-il de gens qui ne le lisent pas, et parmi ceux qui le lisent, combien en est-il qui ne le comprennent pas ! Il en résulte que les paroles même de Jésus sont perdues pour le plus grand nombre.

L'enseignement des Esprits qui reproduit ces maximes sous différentes formes, qui les développe et les commente pour les mettre à la portée de tous, a cela de particulier qu'il n'est point circonscrit, et que chacun, lettré ou illettré, croyant ou incrédule, chrétien ou non, peut le recevoir, puisque les Esprits se communiquent partout ; nul de ceux qui le reçoivent, directement ou par entremise, ne peut prétexter ignorance ; il ne peut s'excuser ni sur son défaut d'instruction, ni sur l'obscurité du sens allégorique. Celui donc qui ne les met pas à profit pour son amélioration, qui les admire comme choses intéressantes et curieuses sans que son coeur en soit touché, qui n'en est ni moins vain, ni moins orgueilleux, ni moins égoïste, ni moins attaché aux biens matériels, ni meilleur pour son prochain, est d'autant plus coupable qu'il a plus de moyens de connaître la vérité.

Les médiums qui obtiennent de bonnes communications sont encore plus répréhensibles de persister dans le mal, parce que souvent ils écrivent leur propre condamnation, et que, s'ils n'étaient aveuglés par l'orgueil, ils reconnaîtraient que c'est à eux que les Esprits s'adressent. Mais, au lieu de prendre pour eux les leçons qu'ils écrivent, ou qu'ils voient écrire, leur unique pensée est de les appliquer aux autres, réalisant ainsi cette parole de Jésus : «Vous voyez une paille dans l'oeil de votre voisin, et vous ne voyez pas la poutre qui est dans le vôtre.» (Ch. X, nº 9.)

Par cette autre parole : «Si vous étiez aveugles vous n'auriez point péché», Jésus entend que la culpabilité est en raison des lumières que l'on possède ; or, les Pharisiens, qui avaient la prétention d'être, et qui étaient, en effet, la partie la plus éclairée de la nation, étaient plus répréhensibles aux yeux de Dieu que le peuple ignorant. Il en est de même aujourd'hui.

Aux spirites, il sera donc beaucoup demandé, parce qu'ils ont beaucoup reçu, mais aussi à ceux qui auront profité il sera beaucoup donné.

La première pensée de tout spirite sincère doit être de chercher, dans les conseils donnés par les Esprits, s'il n'y a pas quelque chose qui puisse le concerner.

Le spiritisme vient multiplier le nombre des appelés ; par la foi qu'il donne, il multipliera aussi le nombre des élus.

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